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L'"SQLIIVDI
PAlI5 ,,1otAru ..
MAIIILAIRQ
by
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DemmOD
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A theaiJ submitted ta tbe
P.:ulty d Gndua1e Studin and Rete.ch in partial
rwrw.em
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CCX' tbe
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M ... dAtUDepartment d PreDdl LaDauqe and Literature
Mâilll University. MontteaJ
, September 1985
,
•
i
•
Depuil 19.c5. le tb6ltte ~ a suivi de très pris l'évoluÛOIl
IOCio-hiItorique du Qutbec. Récemment. dl1lJ let ~ 80, œtu tbématique
• éVolüt en IOUlevInt dei que.tionJ plus Ulumistes Ce.t
dan.
ce contelte queMarie Laberae
constrUit IOnoeuvre
qUlest
blU sur lecœrut
entreles .etes
Son tbé.tre a pour pivot l~mouon dont chaque ~tre buml1Jl est habité
Ce mémoare étudie 1'ItUtude peftonneUe de l'Iuteure race à l'émotion et met en perspect.ive le lenti ment de aolitude qui marque le. principauJ
per~S.l'· .~
UtW'
I~
1~
.. n )11__
Uhl\NuctJon, 00 IOU~ es wu~/ pefSOQJleIK" ... ,
IOCioloJ.iques qui caract.ériletlt l'6aiture de Marie Laberp.
On enc:halne ensuite avec une anaJyte, par ordre cbronoAàaique
~
'taiture, ' de. p*," de "auteure Dans chaquetem.
nous PNV~. la IOÜtude des perllOODaps qui devtenne11t vletunes de leurs émotionl.Ba cooduStOft. nous résumons Je! d.tfT~te. 1Orle. de IOlitude que .ubuletlt les béroines de Laberp, car Clé IOOt.1e plu. lOUVent les femmes QUi
toPt représentées dans ce théttre.
En appendice. on trouve une entrevue avec Marie
LaberJe.
qui édaare I ldémarcbe.
't.
r
o
,
ü
ABSTRACT
Sioce 19"5. the Quebec tbeater bas c:toeety retlected the lOCiaJ-bittorica1
•
evolutioo "ithin Quebec ReœnUy durma the 1980 's. major tbeau-ica1 tbemn
have evotved twards ISsues ci a more inumate nature It 11 precitely vithin th.is contelt that Marle Llberae drlws the material for t.be aeatJOD ci ber
dramatic ver ks , butU upon lbe ever-prelent batlle betveen the tele. Her
the.ter focu!tes on the concept cl Emotion, a oommon cbaractenslJC ci eacb
hum&n
beina
This theSlI elamines tbe .utba"s penonaJ standpoinl conœrnma
emouon, and ci iU roJe \OWards ae.tiq the Nm.luon d IOlitude wtucb • ÏDbabiu each d the main dramatie cbauctM"s repretented bere
ln the introdUCllon, ve blablllbt and ana1y!e the pertonal and
lOdolOilCaJ .influenœs wh.ic.b undenoore Mane
LaberJe's vritma,
Eadl wortwill be studJed in its
chronololicaJ
order ci WfitiDa Our ana!y.il IltempU ta unc:over therNhn&
d IOÜtude wh.icb befaIJ ber cbarlcten due to tbeiremotions
ln cxmclu.ion. il Il reveaJed tha' vomen are !DOIt <iten repretented in
the LaberJian drama Here, elCb ci lbear dirferent typel ci IOÜtude lite
ca1eloru.ed by the re'pec1JVe l/ort
The concIudma appendu CXlOtainJ a
penouJ
interview vith Marie !.,!
Laberte
wtùcb darifJeI the IOCW and phiJotophica1 poIitiaDI brouabt forth vitbin ber the.ter~
\
TABLE DES
mATIERESKtsume ... _ ... _... i
AblU'lCl .... ... Ü Table des œillères.. . ... . ... .... ... ... ... .. ... ill Introduction ... . .. ... 1
Chapitre 1
Sv,
et nvélyne. . ... .., ... 9Chapitre 2
OU ,
ben(.11',
s'comorendre . .. ... . 13Chapitre 3 T'sais yeUI
stire .'"
...
15Chapitre -4 Pntess1OO.. le l'lime. . ... .. ... .... 17
Olapitre 5 Us ~:tl1ent venus pour .. , ... _ ... 2 1 Chapitre 6 ÂYKillJ.y~r. aUI fen yu:nt... .. ... 27
Chapitre ... 36
Chapitre 8 ~M IDidelle LfouYk morte da.n,
seS
larmes ... .. 2Chapitre 9
C'ewt
&Yantli
auerre à l'Ans à Gilles ... _ ...53
Chapnre 10 Le DIJle ChapItre 1 1 De UI laQg~ DOur toute une Yie ... .... 62
... ... 70
Chapitre 1 2 L. ho m me ins ... ... 79
ChapItre 1 3 A u bord de la AU.11... . . .. ... 85
CondUSlon .... . ... .. ... la 1 " Appendice .. . ... '
...
... ras
1
Biblioaraphle ... _ .... -.... _ ... -... 116)
ili---
-~----[, \IIITIODUCTION .,
.' \t
, , Le lbéitre qué~is
nJ
cesse d'évoluer. Depuis Pnq IDS, tJ est devenumoins politique. plus Ultutî'iste Les dramaturges"québécols ne sentent plUS le
besoin de combattre pour la cause natIonale qU'lb ont abandonnée au profit de l'expositIon et de la défense des drOit! indiVIduels Ce changement a été
souligné par Lawrence Sabbath
( ) There IS a healthy veertng away from the aspect! cl polillcaJ strt/e, (rom a narrowly natlOnalistlc and
invard preoccupauon of self towards a more searching, outward look at the role of self ID relauon
10 love, 10 ramtly, fnends and nelghbors ( ) Between the réllJlti politique of ramtly-type play! and poüticalJy-oriented ones, the Ime of demarcatlOn is olten thm and vague 1
Ce "nouveau" théâtre cherche à dévoiler les difficultés inhérentes aUI
relations amoureuses Il est donc très marqué par l'émotlon. C'est r€motlQn qui nournt le plus souvent la thématIque d'un nouveau dramaturge el en particulier celle de Mane Laberge On pètlt sou!cnre à la formule de Gl/bert David qUI déCrit 1 untvers de Laberge comme' un nouveau theatre eplque qUI
passe par 1 émotlon .. 2
1. Sabbath, Lawrence, "Que bec comllla throuah the storm", ÇanadJaD Tbeatre
)Wvlew, W 10ter 1980, p 76
2. DaVId, Gûbert et LavOle, Pierre,
"Mane
Laberge", leu,caillees
de tbéatre ~-1 ère sér , no 21 (981), p. 5 1
2
Or. Jelon
Laberae
eUe-m'me. l'6motioll elt 'lesaoa
M3 qui itTÎlue tout IOn ,U.ltre. Clltl"Bmoùoo
qui est •l'oria.ifte
de. Mtentiments qui DOUS lOulèventet qui. DOUS éa'uent; qui nous mobillJent et qui DOUS permettent de continuer ou d'~ter.N" L'auteure ajoute m'me en JriQsant'a nature ~ sa démarcbe crtattioe:
je veu:z que J'émoti6D ne meurt pu; qu'on n'arrive pu • nier J'émotion dans la vie.
LJ
je sais que l'6motion est la IeWe chOIe qui me tient à coeur. L)Si on enlève ca, on va mourlJ"
5
La
philosopbJe personneUe de l'Iuteure est donc prdondément marquéepar J'émotion qU1 est une valeur absolue pour
Laberae.
Pour elle, J'émotionprend m«!me une valeur m<raJe pUIsqu'eUe est oonfondue avec Je 8Je1l. Cette émotJon a une valeur POS1tive, car eUe perlllet • la per~ de s'épanouir et '
d'accéder à II connWUDœ d'eUe-méme A J'op poté , nous troUVons le pôle négatif du monde de Laberae qUI cxrrespond
*
J'enJembJe des valeurs de 1130Ciétë Dans la mesure où 11 !lini(ie l'absenœ d'émouon, Je oonf<rausme
IOda! Ipparllt donc oomme J'e:tpresslon du Mal cbez Laberge Pour eUe, la 1OCiét!, la vie en BI'oupe, m~me dans IOn e:zprmlOll bana.Je, emp«!cbe
~
l'émotion de Je marufester HUe
atrume
3.
Proposrecueilli. par
laUUeenDemmoo
Jortd'une entrevue avec Marie
I;aberae le Il jl1lv.ier 1985.a.
Appendice. p 114f. Ce telle tera.
<kr6-nevant dtë SOUS Je titre. ''BDtreVUe''
... "Entrevue", p. Il ...
;,
(...) La quotidienneté est l'endroit où l'on est le plus
auel et Je plus violent envers nous-mêmes ( .. ) La
quolldJennete contient le confor misme li l'état pur .. 6
3
Dans cette per~pectlve. on comprend l'Importance de l'isolement pour Laberge. pUisque c'est Ja solitude qUI donne naissance à l'émotion. elle-même source de connaIssance ult! me
( . ~ On a une personne avec qUI l'on est dans la vie el
c'est 501-même Il y a une personne avec qUl on metirt et c'est SOI-même Tout l"amour du monde ne fera lam8Js que l'autre va mourtr au même m!tant que tOI. Et même SI tu te tues ensemble. tu es quand-même tout seul pour reœVotr ta balle 7
L'être humaln dOit donc se protéger des rôl~s que la société cherche 2 lui imposer Car ces rôles SOC1IUI sont lutant de masques qUI empêchent le.s
émotions d'éclore AInSI, pour Laberge, l'épanOUissement personnel suppose
nécesslU'ement une lutte contre le conformisme SOCIal Cette lutte est néceSSItremenl dtfflclle el quelquefoIs amblgue dans la mesure ou nous
'.
pouvons être portes 2 chOISIr nous-mèmes de nous conformer :tUI rôles que la société nous propose Laberge afftc me
("-l Par mes plèces: Je cherche à IItnétiorer la vie qu'on chOl!ll On peut chOIsir la conformJté SI c'est
6-.
Dianne. André, "Mane Laberge. entrevue",l&tU'es auébéœ&H' printemps1983, p 65
7. l!ij.<l
t
r
" .J'
1
/'
notre meille.ute vie, mais-en avoir conscience, SavOIr que cela nous garantit contre II peur el que c'est ça,
notre priorIté dans la vie C'est déjà un chail 8
<Atte pb.ilosophJe, qUI caractérise toutes le! pièces de l'auteure, a sans
doute son origine dans une enfance 50htau-e unQulème enfant d'une famüle \ de huit, Mane Laberge est née le 29 novembre 1950 à l'Ancienne-Lorette ~ Québec Lorsqu'un de ses freres, Andre, est mort dans un aCCident ~ l'àge de
DUit ans, la famllle a ete plongee dans une profonde solitude dans le sens, nous t dit Laberge, ou les parents ne sont JamaIs parvenus ~ artIculer leurs emotlOns
f
face à la mort d'André Attristée par œ sllenœ, Mane Laberge S est de plus en
plu! Isolée avant de !Je refugler dans le monde sohtalre de la I1tlerature Elle a
commencé 2 écrire ses premières plèces:l l'îge de dit ans Toutes .ses oeuvres
de cette pértode onl une fin 'lflste', selon l'au te ure 9
ProgreSSivement, Marte Laberge a conlmué 2 développer son ecnlure
" ,
Après !eS études aù Collège des jéSUites ~I 970 ). elle s est mscr lte 2 l 'U nlverslte Laval (1970-72), ou elle a étudié pnndpalement le Journahsme et 1
mfor-"malJon C'est à cette époque qu elle fSlt partie du groupe thé:ltral "la Troupe
des TreiZe" Cette lrutlattOn au monde du tM1tre lUI a permis d'elprlmer ses
émotIon! refoulées EUe eIphQue
8. ~
(. ) La passion du théltre m'est venue Quand
fat
vu'que dans les thè~tres, on pouvllt mcarner la VIe,
Tout ~ Que Je cherche dans la VIe, c'est l'intenSité
•
..
(-J
Ddt le tbéltre, il Y a quelque cbo8e de Cart. 1te violent et d'lblOlu IUai. Tu peUl COOItruire unmODde ab JOlu , Cela rtpood à ce dont j'ai envie. 1 0
Sa pauion pour le théltre .'est encore ~eloppêe lors de IOD pUllle lU Couervatoire d'Art dramatique (1 972 à 197~) où eUe a perCectionné sa
~
tecbnique de comédienne, BIle 1 éa"lt SI première p~, Prdession. te l'ume en 1977 Cette p~ a été présentée au Tbéttre du VieuI Québec en 1978 et lU Théitre du Quaruer Latm en 1979 Ce telte, composé de anq oourts
tableaux, représente d'une maruère réaltste la sq.lJtude dans le couple
\
moderne. Il \
.~
P.n.une,
Marie Laberie tout en c:ontmuant d'éa"lfe et de Jouer. est .uni..
,06'
devenue metteure en scène Laberge a ensuite éa'it lb étaient Venus DOur ... lans le cadre du murs de "Production 1" à rUruversité du Québec à Chicoutimi en 1978 Cette p1ëœ a été repnse lU Theatre du Bois de CouJonie de Québec en 1981, à Il Vieille Pulperie (Chicouuau) en 1982, pua dan! une tournée
européenne pat le Centre d'Bnal des Auteurs drlmatJques la m~me lDDée
Q:tte pièœ raamte la coJonisation de Val·ja1bert lU Québec de 1902 à 1927 hite IUSS! en 1978. Ayec l'hiver QUI s'cm v&eJlt a d'abord été préwntée à la radio en 1977, lVant d'~tre aéée et mile en.œne à II Commune à Marie à
10 David et Lavoie, op, ci\.. p 57
Il, Cette oeuvre formlJt à l'oraame un ensemble de cinq pièces dont une,
1.1.
fille fuc:k.euB
des
Iln.n'enlte pu dans sa forme éaite et Imll ne 1er.pu traité iCl-
Pelle
ment, une autre pièce de cette oeuvre, Sva et 8vt1yne . • été Jouée au Pa1ai! des Conarés à Québec en 1982, RUe 1 égalementobtenu le deut.ième prix de court métrage de la
Communauté
tadjopboruque des PfOlf'ammes delanaue
CrlftÇlÏJe e1l 1981,.,
• ,
6
Québec: en 1980, II s'agit de 'la tolitude de deux !tres, un couple à la retraite, littéralement emmurés dans leurs uruvers respectifs," 12
-La pièce SUIvante Le Bourreau (1979), n'a piS encore été montée sur scène. Elle déalt dune maruère fortement personneUe et phJ.1osophJque le problème de la peme de mort La m~me année, Laberge a écrit hUit courts teltes regroupés sous le LJtre. On s est tromPé de telte, dans le cadre d'un
cers
qu'eUe a donné a l'Uruverslte du Québec à ChJcoutlmlJocelyne Irudelle trouy~ morte dam! ses larmes a ète ecnte en 1980 Cette pièce déalt la tragédie d'une Jeune fille qUI se sUIcide On y trouve les réactions de SI famule et de son amie
La pièce SUIvante. C'ét.IJt ayant 11 &uerre à l'Anse à Gilles, est une chronique des années trente dans laqueUe les personnages s'mterrogent sur leurs émotions race à l'amour et à la societe Balte en 1980, cette pièce a été
montée à la Salle Fred-Barry ( 1980) et reprtse par la Compqrue jean Duceppe
en 1982,13 Cette ptèœ a AUSSI obtenue le prit du Gouverneur général du
Canada en 1981
Ensuite, la pIèce mtJtulée Le
Banc
parle "de la soUtude des ~tres et du besoin qu'ils éprouvent, dtfféremment, de commuruquer ou m~me tout simplement de s'exprimer' 1-4 Elle a été eaJt.e en 1981 et montée par Llberge*
la Commune à Marte en 198312, Gruslin. Adrten. "Le grand mal d'amour",
LIvre
d'ICI,. 26 mil 1982. p.213. L'auteure a loué le rôle de Martlnna dans la premIère repre8etltatlon de œtte pièoe à la Salle Pred -Barry
H. Corrivault-Rousseau, Martme, "Les mots d'images de Marte Llberae",
1&
DevOlfe 2 mars J 983, p C-9 .
1
DeU! lfnsos DOUr toute UDe vie. écrit en 1982. a aussi été préJen~ à 11 Commune à Marie en novembre 198-f L'auteure a joué le r6le de SUlaIHle
dans cette pj~ qUJ traite "de la brève et lDut1Je relatJOn qUI constJtue le <:neur
de l'bJstotre d'amour dont 11 est questJon ·,l~
L'homme Iri~ égaJement eall en 1982, • été présenté à 11 SaUe Fred-Barry en octobre 198-f Cette PI~ raconte Je manque de COOl mUIlÎCltion entre un père et une fille qUI essayent Vlmement de récupérer Jeur passé perdu
La derruère pleee de Marle Labet"ie, Au bord de 1. nUll, est médJte et n'.
pas encore été montée Elle raconte le drame généré par la "folte' dans une famille québécoise
Notre travail porter. sur l'enJemble de J'oeuvre dramatique de Marle
Laberge Nous analyserons la fÏBure de Ja vIctime dans cette oeuvre Le plus
souvent, cbel Laberge, la VlctJme se caractbf'18e par le fllt Qu'eUe est dommée
par ses émolJOnS Ces émotions sont une source de "faiblesse" pour celUI ou celle QUI en est habIte dans la mesure Justement où ses mterlocuteurs en sotU
dèpourvus, restant amsi mcapable de réq.ar ~ toute manifestation de
sensibJlJ~
lA première partie de chaque analyse portera sur la vlCltme d'un point de vue sociologIque, psychana1ytJque et philosopruque 16
Dans II deullème parue, on déaaaera l'OPPOSltJOD dommante chet
Laberge.entre Je Bien et te Mal- c'est-à-dire entre l'émotion et l'abtence
15 Rousseau, Corrrviult, Martme, "BeIU spec1.lcle d'émotions que ce! deUI
Jongs tanjos", Le Soleil. 8 novembre 1981, p E-2
,
16 INous ttl1terons les plèœ! successIVement. dan! l'ordre où eUes ont é~ écrites.J
,
.
î
•
,
.
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.
8d'émotion. Nous verrons que ce qui caractérise le personnage "~motü' chez
l'aUleure, c'est Justement la sohtude. Soulignons que cet univers tnterleur, ce conClit entre l'émotIon et l'absence d'émollon, est le plus souvent exprime sur . un ton rp.ahste Les personnages de Laberge correspondent en effet aut
arche-•
types soctaux, du Québec actuel-œ, qUJ per~et aUI spectateurs de S'Identifier à eUI Marle Laberge peut amsi mieul espérer que se prodUISe une catharsis entre eUe et le publtc
, ,
..
...
l' 1-év
A ET éVjLYNE..
; !r
\/
9
"deux demoite1let restée. fille,', qui Partaaent l'elpérience de ne pu avoir oorulU l'amour avec un bom me, Ces deul rem mes,
ev.
et evétyne. ont passé toute leur vie à prendre JOin de leurpère, et ce faisant, ont raté le'lIr Vie selueUe
Ce refoulement de la seluallté entraine un manque de connaissance de soi
selon l'auteure AmSl, il ne reste. à eva et Bvélyne, qua regretter l'imour qu'eUes aurlJent voulu connaltre
"'-ev.
et evélyne elprlment surtout le cl1t dene pas aVOlf vécu leurs vrlll déSlfS, flule d'en prendre les moyens, EUes
restent donc munt.enant i se bercer oont.mueU~ment sur leur chllse sur 1. aalerae de la ml1SOO pendant Qu'eUes rloont.ent leur solitude
BïA-
Te rends-tu compte qu on • pas bougé de c'te place-là depUiS QU'on est nées? Quand fppnsecomment c'que 1 monde est grand piS nous .utr~orr---~ ...
• pu été plus lom QU cher M Sansterre pour acheter du beurre Quand on VI mourlf Evélyne. y pourront
mettre 'us. pIerre 'N A PAS BOUGE DE SON JARDIN. N'A RIEN VU D'AUTIŒ OUE LE BOUT DE SON tŒl"J
A force ,de ne Pli avotr vécu.
eva
finit par r~ver avec .1 lOeur • te,d~ljrs non-réalilés. EUe annonœ • Bvétyne un mocours dans le journal qui (lCCIOrderl un pra i II meilleure histoire d'amour racontée, C'est i
œ
momentque les deUI soeurs découvrent 1. triste réalité de leurs vies IOÜtaire,.
qu'eUe!-m~me! ont créée
Tout cel. soulIgne leur regret. sinon leur culpabilité de ne pu lVoU' ricu
leurs déSirS Elles se sentent coupables de leur amdiliOD dansl. mesure où la société attache de 1 Importance 2 1 amour
---
-- ---~-1. Laberge, Mane
EY,
et EvClyne ( 1 9n), telle medJt disponible lU,
,
d' ,.
. ' ,..
-
-.- ,1
l cBIA -
LJ
y avait l'air de dire que tout l'monde a deshiatoires d'amour dan. leu vie, pis que tout J'monde .. dee artaires à COftter: s'pu racüe à conter des atraires de
coeur, pu s'pu
dOMt.tout
l'm9Dde d'en 1VOf.r."avm.INE- Ben non. qaais c'est la t.v. qui rait ça. C'est toujours des histoires d'amour, ça rait qu'oo (init par penser qu'ça arrive à tout l'monde
tout
jours.210 \
En plus, ces deuI (emmes de 30iIante ans sont habitées par la peur. Pour e11et, l'Ide d'l1mer est "épeurant" et eUes commencent à s'en rendre oompte:
T
a pu
d'voyons eval Des fou, quand J'pense QU'y a du monde qUI parle à un homme daru leu 11t l'soir, avant d's'endormir, quand (useye d'lmq.mer c'queça m rralt. là, ben chus pas cap ab le de trouver ça
ausSI épeurant ptS aussI déplatsant Que c que maman nous en diSal t f ) 3
Ce qulva IOUllgne ICl en parlant à .a soeur, c' •• l ton regret d'avOÙ' eu peur:
(..J Rvélyne, (aurl1s eu env le d'toucb« quequ'un Pl!
d'avoir des p lits bébés toutes rond. qUI aurlJent
MOtis bon, qu (Iural' berces piS ~rés dans mes bras, les mIens, Evélyne pas lUS~ œUI des VOISln'
Pl' d noe (}Jé()8!
J
aurais lIme ça aVOIr un hommepour mOl 1
2.
l1ùd..
p 5,
1 1
, Ba Cln de
compte.
!v.
reconnaJtque
tOQabsence
de vie sexuelle est due àla peur qu'elle ressent. Bft r6allté, eUe se sent d6çue par ses actions, mais se
COIltOIe nfltlmoins en pensant que sa soeur est aun! vlctJme de ce m6me
/
Ilaaque ('
Et !va elptlm.e davantage sa déœpuon en racontant sa prem.i~re
elpetience sexuelle (ratée) avec un 'vendeur Full"
L.)
j'me souviens qu y avatt ml' ses mllM sumOL .. en premier ,u~ me~ ~elm, pUlS, sur mon ventre,
puis doucement, doucement y a LOuché mes cuisses, c'tait la preml~re fOl! d ma vIe qu~ j'avais
l1Qlpres!lon d aVOir de~ CU1SseS Pl! ,.avau m.me pas honte, C e~t ·tu drôle, hem S
Ce rantume seluel a provoqué une émotlOn forte chez evélyne. presque
un vrai moment de pla.1!1f En fm de compte, Bvétyne reconnait Que 30Il pll1'lf
• été épbémère, ce QU eUe rat1onnah~e amsl
(..J Pi! fmalement le~ peddlen, y sont presqu'obligés d'rellet" garçons, sans ça, C pas une Vie, touJours part! .. d'm'me
1
al pensé que p léle qu v s est rlJte chang.d'run parce qu y voulaIt pa, que J ~urrre, hem. Bva.
,
/
•
p'tft.e qu'y voulait rester aarçoa parce que c't'un
mtùer qui d'mande ÇI.. .. 6
12
En
somme,Sv.
el ~lyne reœnnalslelll toute. le. deUI leur IOlitude teluel1e et atTecuve. mais ne peuvent rien y cbanaer La pièce se terminedonc en nous montrant ces deUI femmes résianées et plus ou moins résolue.
*
ne pas attraper leur mort "sus c'te gaJèrie-là ··7 EUes nous ont cependant1'"' .. elposé la perpétuelle solitude du oorps et du coeur qUI, marqué leur vIe
6.
l1Wl..
p. 9\
:
".'
\
. ) )'...
r
11- ON A Bill PAILLI 'S'COIIPRBNDIJ
..
13On.' ben 'ailli ,'çgmorendre trajte d'une solitude qui dérive du manque de commUDJCltJon Au début de cette piéce, on voit "un gars et une f,lIe" 1 assis à une table dans une café~fla Le gars parle de son déSIr d aller vOIr un 'bon film d espIonnage 2 La sltuatlOn devIent drôle lorsque "le gars essaye ,d'interpréter les pensées de la ftlle à partir de ses propres déSirs Il décrète que la ftIle, qUI fappelle Dorts, n aIme pas les fIlms d'espIonnage, bIen qu elle
dise le contraIre Or, DOfls de son roté, affIrme ne pas voulOIr aller vOIr ce fIlm d'espionnage parce qu eUe veut rendre vlsile à sa mère à 1 hôpItal, ce que son ami ne veut pl5 admettre BIen que la Situation SOIt comIque et plutôt superflclelle, elle revele néanmOinS la solItude du couple
La deUIlème partie de ct sketch a lIeu dans la chambre d'hôpital de la mère On assIste a une conversatiOn entre une mère un peu manIaque el sa
rille qUI essaye de la comprendre (om me le gars précédemment, la mère essaye d Interpreter les de~m~ <1(' ~a f Ille en fonctIOn de ses préJugés EUe
méconnaît donc les vral5 de~lln de sa fdle qu elle flnlt par Insulter
( ) SI c est d venlf me vOIr que t rend bête de mèlDe,
tu lal!Sera~ falre la prochame fOI~ Ah faIS pa3
he
face-la, va~ v \ a~ f trouver ton tchum, la, ta B A est
faIte chu'l !1en contente qu tu ~oyes venue m'YOlf un sa rnedt 'lOir 3
..
-1. Laberge, Mane, On
a ben
(aillA,comDrendre
(t 977), telte inédit disporuble au Centre d'Essi1 des Auteurs dramatIques (,Montréal), PDans le troISIème tableau, on trouve le "SIN" qUI analyse avec un am!
le\Jrs sèntimenu dans leurs rapports Intimes avec les filles On VOit que ces
deuJ Jeunes hommes sont affectés par le mouvement féministe au poant de se sentir ImpUissants La répl1que SUivante résume bien leurs sentiments
( .) malS t'UIS comment c'est y faut ostlner une
demi-heure nen Qu'pour les convamae qu'on est pas en tram dies dommer ( .) Ouais, sont dures à comprendre ( ) ..
CeUe nouvelle femme Issue de la culture féministe Jette souvent
les
hommes dans la solltude et dans le malaIseA la fin de la pièce, le couple du début. le "gars" et Doris, se retrouvent au même endrOIt Leur conversatIon est de nouveau marquée par la banahté et
le manque de commUnlcaUon Entre eux, l'mcompréhenslon est totale On
arrive donc à une sohtude qUI est créée à partrr d'une maUVilge oerœoUoD
mutuelle Ces jeunes gens ont des sentIments, mais LI n'arnvent pas à les transmettre
"or .J
,
/
'.111- T'SAIS VIOl DIU
\
, .
....
/
-.-..
4
•
15 '
T'sais
yeu, dire déait d'une manièr~ très réalistela
communIcatIon 5eJuelle entre les jeunes gens de la société actuelle L'actJOn a lieu dans un~ar où deux Jeunes fem mes, Moruque et Llne, et deux Jeunes hom mes, Bernard et
Jean.
parlent de leurs frustrations sexuelles avec les membres du sexeopposé 1
Dans la premJere sequence, Moruque et Lme racontent leurs aventures
qUI les condUisent toujours à "poigner un down après" 1 Ni l'une nJ l'autre n'est contente de l'amour que leur offrent ces deux Jeunes hommes Lme explique:
(...) nous autres on est Îà rien qu'pour el
cul.
piS quand ç2!mL
tente, pis "restant du temps çàs'appelle faIS dTair .2 '$
Line et Moruque condamnent l'mcapacité de leur amant à leur faire l'amour d'une mamère pillsante Ce qu'eUes ignorent, et qui apparaît dans la deuxième scéne, c'est que Bernard et Jean leur adressent le méme reproche. jean affir me
... J'ai
couché avec eUe deux fOlS, pis J'te jure que c'paselle qui va m'Caire une réputation d'baiseur .. (,..) en tu cas, la Carette, a d'vllt vouloir en hostie c'te
soir-l~. parce Que mOl, là. j'tlls pus l~ pantoute .
3
1. Laberge. MaCle, T'sais yeu, dire (1977), teIte médit disponible au Centre d'Essai des Auteurs dramatiques (Montréal), p 1
2.
~f3
3.
.llUd..
p. ~"
,
\
.1
16
Bernard.
de sonroté.
voit elfMonique
lacause de ses
insuffisancesseluelles. Il
elplique.Ah. &Jen écoute, là, hein, si
Wlt.
est partie en peur, piS qU'à s'est mis dans tête qu'à tripperait av~ moi. s'pas d'ma faute .aye ci rait trois soirs que (y parle pas pis a l'a pas encore compns .. qué cé qu'tu veul que j"te dise, mOl. ci ben l'a.tr qu est restée accrochée ..Dans la troiSième séquence. on VOlt les quatres personnages ensemble, qui tentent de communiquer les uns avec les autres On VOit alor!l Je caractère
éphémère qu'us accordent tous au rapport seluel jean, qUI en prmCJpe est
amoureul de Lme, tente de séduJre Monique, malS celle-ct, 'fIdèle" 2 Bernard, le rejette. Ce qUJ caractértse les relauons amoureuses lCJ, o'e9t leur caractère superficiel et J'absence de tout vérttable déttr chez les personnes en cause
".
• 1 of.lJWL
p. 7. .-.
( ".
' ...
---~- ---.-~-~
IV- PROFBSSION:
JI
L &AIMIi \. ,
. \
,
\
t 1
---
---
--
-17
La dernière pièce de t'ensemble, intitulée Prci'ssion, je rai~, nous otrre
le portrait satirique d'un mariage moderne vu à travers trois jeunes femmes de notre temps Il ,'agJt de Moruque et Fran(X)lse. deuI rem mes mariees qUi ont deux attttudes opposées face au martage, et de aue, leur amte commune.
qui désire se marter
Pour Monique, la "solttude" conJugale reste quelque chose Que la femme doit accepter C'est une obligation soetale Moruque est l'archétype de la femme traditionnelle qui prend plaisir à repasser les cbemues de son marl.
BUe ne se perçoit nullement comme une victime; eUe est m~me contente de s.
situation:
(...) Ben j'te dis qu'moL tu m'payerais cher pour
r'tourner travailler, ("J
J'ai
usez travai11é dlll! mavie, Quand j'travaillais. j'pensais rien qu'au jour où j'me r'trouverais cher nous. dans ma maison. C'pas
asteure que chus correque Que j'vu r'tourner
travli11er, A part de t'çà, c'en dTouvraae de t'nie
maiJon.
pis si jamaisfm
'ennuie, Oaude trouv'ra ben t'tour de m'Caire un bébé, pis là. j'te dis que j'aurai m'me pu l'temps d'peuer J---.
JU8eant en fonction d'eUe-même, Monique n~mprend PI! que son amie Françoise soit accablée par les tJcbes ménagères Pour elle, si Franço1se a des
dilfïcultés, c'est "parce qu'est pas capable de s'orgaruser, p~ c'est toute.,,2 Monique constrUit son manage sur 1. soumIssion totale à son man Elle
1. Laberge, Mane, PrŒession: je l'lime (19n), texte inédit dtSporubJe
au Centre d'EsSai des Aûteurs dramatiques (Montréal), p 3-<f.
18
consIdere cette obeissance de la femme à l'homme com me la "recette' pour la réusSIte du manage, elle ne peut que conseiller a Claire de se marier
Cependant, dans la deUlleme sequence, Claire est confrontee a une
eJpresslon beaucoup plus negatlve du manage Son amie Françoise lUI rac6nte
e~ effet le carcan conjugal Pour Françoise, remplIr ses oblIgatIons conjugales est synonyme d "'ennuI"
( ) Pis Que ce qu'tu veUI qu J y fasse, mol. SI
(passer, ça .. .offan pas v'nir "ni faIre la vaIsselle, ni épousseter, n1 faire la CUISine, nI rien en toute, piS
quand même que J s raIS la seule au monde, y aura personne pour m'faire dire que 1 aIme ça, les
",ctlvltes ménagéres ,.} )
Cette ImpUissance que ressent FrancaIse est liée a son manage "stérile", dépourvu de plaiSir Sa sohtude conJugale est aussI eIpnmee dans l'aveu suivant "quand le pense a ca, J partlrals a brailler 4
ICI. il est eVldent que FrançOIse est une rem me lUCIde parce qu eUe
reconnait que son etat present ne dûrere pas de son passe EUe veut
améliorer sa conditIOn, maiS elle se rend corn pte de la dûflculte Elle precise qu'elle va 'rester ICltte a attendre piS. l'aimer piS a y prouver jusqu a temps
que Ichusl pas capable de vivre de mème.',5 ....
3,
lIllil.
p 74 &.d....P8
5
JJlliL
P Ilc, ,
19
Clatre trouve celte attItude de FranÇQise "féministe." EUe la pousse donc a affirmer ses désIrs et à ne pas se considérer comme la Victime dune depresslon
Dans la lrmsleme séquence, les trOIS rem mes sont reunJes Francolse et
Monique chantent leurs altitudes respectIves face au man devant Calte, ce
qUI nous mène a la séquence SUIvante ou Oa1re apparaît. devenue mdécise
face à son dé!!Îr de se maner
.. çà t'fait pas peur tOI, din fois. l'Idée qu'on va être mariés Î P'tête qu'on devrl1t attendre encore un peu, j'saJS pas mOl, voir Sion est vr8.1ment f8Jte pour aller ensemble , ( ) .voudrats tell'ment pas qu'on
manque not coup. p tête que c'est mIeux de Jusse
vivre ensemble sans s'maner, le 1 sais pas mOl. ou
ben d'attendre Il l'année prochaine. comme on avaIt
pense'
Heftt,
Bernard 76Enfin. Datre décide de maner par peur de rester seule Mais 11 apparail
dans la dernIère scène chantée par les trois fem mes, que Caire ne connaitra pas elle non plus, un mariage heureuI Elles nous chantent.
A force d'attendre queque chose De vouloir que tu m'a1mes
j'me demande méme pus Jama!s
Si mOl. Je t'alme encore
6,
lb.ùL.
p. 16. ,
\
'\1
~.
J'me Ièas tU-leule à soir
Avec mes chats.
J'me IellS tU-leule à soir
Comme
si
j'tais .vec toi(Comme
si
t'étaiJ là).720
BD résumé, dans ces quatre courts skeldles qui constituent l'ensemble de
Prûulon: ie
J'aime,
on remarque que
la IOlitude elt le raitdeI
jeunes etdei
vieul. Des célibataires et des perlOllDes mariées ~1eDtune
vie af'tecf.ivelamentable et très fréquente à notre époque
, r \' ...
..
7. WsL p. 18. wC • ,".
l'
{
.'
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~
ILS~
A IBNT VOUS POU •....
,
l'
•
21
Us étaient yenu~ PQurw prtVllégle plusieurs vlctJmes d'une
raçon
réahst.eCes "vict.Jme!l forment 1 en5emble dune communluU vll1ageolse de
VaJ-jalbert, autour d(" la r~glOn du Saguenay Lac Samt Jean pendant le~ année~ 1902
a
!qn ...
1 ~poqu~ ce~ CIloven~ M' ~ont heurte~ aUI f()(l~!I qUIcontr6lalt"nt leur dt"!ltm Val lalbt"rt li en efft"t
eu
ù't-f' Daf de~ t"ntrt"preneur~capltah!ltt"'1 qUI voulaIent dt'velop~r le!l rJche!~!I economIQu(,,~ (1t" la reglon et
construIre unf' d!ltnt" "a populatIon (je Val lalh~ri .8 dont j~~n,ju de la
réUSSite 'Hl dr ! ~cht"( dt' .-:ettf' f"Dtlf"prl5t"
~ de!ltm Indl\'ldut': df'~ r"f"r,onna~f"~ lIe :8 tllt"c't" "'''' don '1(Hlm:~ au !lort
de la oolle-ctlvllt" ~ t'tlt' 8Vt'nturt" :JOU'I f''t' prt"!lf"ntl't'ef' 'Ill lat :raUJ ll!f("rt"ot!
dans le!lqlH'I~ i sUt'llrt> 'f:'ro(hJt' '·Ifi~l ~i\)I'I ~r!lonna~e<: "11 <: a::alhar.' tant6t
dramath •. e-mmf'[·l Hl' ~ dl prO!l~rlt~ dt" ,{"ur l''otreprl!lf''
Le ;Hf'mlf"f tahleau q.J "fi pa~!lt' pc 19{]~
tradJtlonnelle~ aUlquelle'l le" ~r~()nnage~ l1enOt"Ol ! ("~t nolam mt"nl 1.
re il~l()n par 58 t açon de dom mer 1 esprtt et la pen~e de i mdlvldu (lU. m<>del("
ie dt"~tln dt" (~!' vdlageü1~ Car toU!! les Clloyen~ de Val j.lbert !lont penuade!'
Cjd !I~ d~v("loppenll(,,!1 rf'~50urCt"!I ~conomlque~ de (~tt(' r~lon pour le henelln"
l1 f" Iltr u
(("!Il J(" per!lonnage du Mon!elgneur Laorecque qUJ '1vmoo1J!W' ,. ~raœ
dlVlnt accofdee a ce~ !llmple~ vlll.geois qUI onl leul peur 1
r,ce a
1 m~ClJfllt' de It'ur avenIr \on dl,cour~ !loultgne la grandt' d~pendanCt' que 'lJhl!l~n! {'t'fi ~Wn:'l face a leur employeurNou~ j('V()n~ nou~ reloulf ch, courant Indu!ltrlel qUl
\
,
•
se porte ver~ notre régIOn, car nOU5 en avon5 be!oJn {".l En venant elplolfti!lPllnos pouvOlr~ d'eau et nos forét5, IlOdu~!;-,pl vou'" apporte le travail et 1 argent dont vnlJ~ a'.'Cl 1/1',\()Jn \! 'u' lUI (jrvez donc
beaucouç' <lI' rt","lnndl,\"d.n, l' ~'~()n' ( :(' 1 industrIel
dott se m()nt!'er lo!fnfr"'H a : i"io:dl" ,k ql'o, f'mployé!
IJ dOIt le'l hw!' ';-allt'! ." it'~rp( te: 1'''1, ~ dlolt~ 2
22
On verra plu5 tard qUdnd
t()U~
ua mdl (,om!')!'!, Ilfldustrfel attachera peu d'importance .il 'l('<; PlTl;)lo\. f"i et comhlen r)~Jlt'ml'nt 1 ('vèque ne sera plus tapour aider c;ec:: pM (lt';~1I'n<; (/·~t Ji)fH en ~dfli l, dl' oll!", tlvlte au travail que
cette pGpulatl()!l , H ' ~I'l,.' mq'f, "('t' l'd' (" .1. ",II Pt ahandonnee par ses
élites
Dans le 1<I/1!",1
la populatl"ll ;,1 "', ;'1'1< , ;',I~r< Il' (e~t le personnage de
encadrp J ,'iIt.·' k {' ·":.illt' IHHelé
" /'Ii
: <I~r:~ Pl' I·~~'d.Kn\l1t' ~f< l'Ill< ."")[ :r,)t' , d ' ",11t-:~
el LlpUI novf>:nhrt> "'lJl dt'" !110[\<; plG ,;(l~;' I1lJ
rndl~on \ d', al! pU' : lt'll ,~,H' 1 t,< "I! d!à "fUit'
comme dUloU; 1 rWl .In âppe')t' I.J J:)t' .,jl.!<;1: 'j>l)('
pour fllU(' \,.d '" d tOlJ:('U~.t ~:dqlJf' "11\ \JI. ,il<' l'i'
'11 l'\, . •
3 101\J , . 1 < <,
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J
23
Pour Rose-Almée. le poUVOit de la mort sur les membres de sa famJ1Je
renforce également la pUIssance dlvme
cette même Idée est encore répétée dans le tr01slème tableau Mals le Mal prend JO la forme du chômage, que Laberge elprime d une façon Iyrtque
En mil neuf cent VIngt troIS En haut, aUI deuI harrages,
L'eau ne veut pJu~ monter
En bas, y a PU!! d ouvrage ( ) 4.
La douleur que chantent les hommes ici exprime l'espOir déçu qu'Ils aardaient de construire un bon avemr pour leurs enfants Au desarrol créé
par le chômage s'aJQute, chez certainS, le sentiment d être prive de leurs
enfants Cette separation est elprlmee par MonSieur Ménard quand Il raconte'
MalS eCltte d\('( !ouvrage Sil ~ollr<; pal ~emalOe
dans 1 mnln'i l ".1,'1 pa~ ,:ommeo; ('lUt' rn ()qo\anl~als pour par 1(>[ dUI ~ Ws P()Uf t)t'n • ,!Hf' f'''[ d'\theure, dre 1 .. ,l" tl'rfj f'<' lU !ln' t:nnlt' '~ , \ : ,1\. lr dit q Ut' mt'
deClde \1<11' ;J, rH'Il"!' ht'llt, ~J"t".," ;\'1'1" heu
qu 1 dl rd' l.I fi. d rll/'II' ; trIc q , l ' 1 ! J ! ph)~'( dise
SUd tl'I 1 Pt!·:!, qlw _,\ :T1JI(!W ~ ';\ ,1 mcme astht"lH t
<.,
Cette rel)t'I1Pf) .Je M"r.swur \1endfll s()ulJ~ne
a
la [OIS son ImpUissancePar allle'.r' ,1<1;)<; le tdt',:t'dU <;01vdnt et en réaction au fleau du chômage.
,
•
2~
les femmes expriment leur malheur. Par ezemplel Bertha dit • son lDat~
Albert LavcHe:
LJ
j'me sus r'trouvée • calculer pis' gratter tomme • l'époque d'Ivant Val-Jalbert C'tait pas facile. Albert, pis SI j'aI pu dullé. pIS si ,'t'ai piS étrivé,c'est ben nen QU 'pour pas rllouter à tes malbeurs." 6
Il n'est pa! uns tnlérét de noter que c est une femme qui exprime avec
acuitb les inooovémenu du chOmage de II coUectJvité
Le cmqulème tablelu olTre un portrait différent et plus mtlme de •
l'impuissance et du malheur Il S'agit d'un Jeune oouple mané dont l1lJstolfe
nous est présentée du POlOt de vue de la femme, juill, qUI. qUtttê son mari
rlute de lUI donner des enfants Et cela donne une
connolauon
fémtnlste à cetableau qUI nous montre une femme qUI découvre que SI valeur personnelle se mesure a partIr de sa caplClté de faln~ oea euf~flU AIOSI Juill est llOlée de la roUectlvllè PUI5QU elle est stérIle Elle afftrme avec luadité à son mari Elzéard
( ) Ça m rait d 11 peme, E.lzéard, ml.1s des femmes
oomme mOè CI sert 1 rIen à une plaœ comme ecitte à part que t entrl.iner dans 1 maJ Pl! t enlever tes
forces pour rélli~ l'bien corn me 1 dit monsieur
l'curé Ailleurs, l'V&! servlf 4l QueQue cbose. (.) 7
6.
1b..ùL..
p 897,
llW1...
p 113•
25
Face au départ de sa femme, BLœard subit
*
son tour u. IOlitude que lui-m6me..reconnaJt avoir aéée'j'aurais voulu t'dite,
Julia.
j'auraU aimê ça t'direavant qu'tu partes, en plein jour, en te r'iardant en face,
sans
m'I~ner,san,
trembler, j'aurais aimê ça avoir eu l'courqe, rien qu'une fois de t'dire en plein jour, que j't'aime, JuJia, .. PU j'terai
J.mais dil ..Jte
rai. .1.
d' 8Jamag Il. ..
Le
malhL
dece
couple, qui aurait pu etre beureuI, c'est d'avoir dO dUIune sociëté trldiûoneUe le soumettre l de, normes rigides,
Enfin dans le siIième tableau, nous retrouvons le personnqe de la collectivité, L'mtnaue de 11 pièce redevient histaique saru ~rdre de Sa valeur émouve L'usine est fermée, les villageoiS doivent qumef Val· jalbert,
où ils s'étaient pourtant enracinés .• ClUse de l'échec de II Compagnie, LI solitude de cette ville morte est stylisée dans cette derni6re cblDlOIl:
Le soleil CUit le bardeau d'cèdre
Le vent. II plUie les ont terrus Partout poU Sie 11 mluvalse herbe Dans le vlllage, plu~ lucun al Qui de nou~ lous saura pourquoI
Tous nos erroru rurent en vlm
On 1 beau crOire lUI lendemlUlS
Ici ne sen ,Im&ls deul fois
Ne sera
,amlls deul fOlS8. lIWL.p.-l1 •.
t
.
'Seule
la chute contulueA
Caite son bruit à bttdasserEt
le
~ilenœ duvillage
Lui dit qu'eUe seule a gagné Qu'eUe seule a gagnépu
'eUe seule a gagne ( ..) 926
Dans cette pièce. la solitude emprunte donc
aussi
bien le visage de
-l'histoire que
celuide
lavie amoureuse,
1 " 9.
lIUda.
p. 138, ".
\.'
,r
'11- AVEC LOBIVEIl QUI SU VIENT
•
.
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' " " "".
27
1Cette pièce est la seule de toute la dramaturgIe de Laberge qUI privilégie la mère corn me vIctIme de ses emollons La mère, Cecile Gmgras, est le personnage central de ce drame, autour duquel toule Imtrtgue se deroule Ce personnage Incarne J'archétype de la fem me Vlctl me du rôle maternel CectJe Gingras, qUI a SOllante-cmq ans, appartIent â cette generalJOn de femmes qUI n'a pas bénéfICIe du fémInIsme
Éevée dans un etat d'obeissance et de servlhte, CeCile garde, le reflexe du frottage .. 1 Même!H Céctle n'a pas de famll1e a eiever, !'lOn monde con:usle a prendre som de son mart malade Cependant, CeCile est conSCiente de la banahte de sa vie Elle est conSCiente de la serVitude de son rôle, mais elle ne sait cependant pas corn ment echapper a sa condition
Comme CeCIle eIplique a sa vOIsme Gslberte, eUe se sent en dehors du mouvement femInlste, quolqu elle all
a
certaInS egards le déSIr de se ItbererCom me elle explique a Gilberte
(".l piS tOI, com ment ca va dans l'grand menage? Je
te dIS qu t es folle en pas pour nre de falt'e ça encore c't'automne, toe, ca s'fait pus depUIS des années,
2
ça ..
Cécile cherche un appuI pour la sorte de V1e qu'elle voudrait avoir, maiS,
~11e ne sait pas comment l'obtemr Elle est donc condulte a prendre une attitude de martyr dans 1 espoir d'être soutenue dans ce role de menagere qu'elle deteste C'est surtout lorsqu'elle est habltée par une émotion trop rorte, que Céclle se lIvre à ce rôle de martyre
1 Laberge. Mane, Avec l'hiver aUi s'en vient. Montréal. Éd VLB 19~2. p.ll.
2,
llWl
p, 16.•
...
..
- , 28 ~.lD'ailleurs, Cécile est œrtamemf:nt justifiée à le plaindre, car eUe est
OOoSUmment provoquée D'une certaine manière, son goOt du martyr apparaIt
justifié Par exemple, son mari Maurice. par son silence continuel et agressif.
ne peut qu'irriter Céc11e Il essaye d'abauser SI femme en elercant
son
autorité mascullne sur eUe Plus conaètement
Maurice enlève ostensIblement ses pantoufles et les
tire par terre ( ) Elle le voit tirer s., dernière
pantoune (..) EUe
raccroche etsè
retourne vers
Maurice Elle va t1irectement ramasser les pantoufleset les lut
r~mettre
Aucune réaction de Maurice}Dans un lutre épasode semblable:
Maurice sort un paquet de bilcuiulOclu de .. pocbe de robe de chambre et le met l let mIDI«. (...)
Maurice wsse tomber
lebiscuit
à terre etne
bouae
plus. Cécile le ramasse en silence.humiliée.
"aurice
la regarde (me .of
La rtac1Jon de Cécile elt
imm'diatement
boItiIe: "(...) tu fail toute ~,.Ipr".
han .," 5
La motivauon
de ce. geltel qre •• ifl deMaurice
envers C4tcile 1 pour oriaine son lmpUllsanœ lexuelle Dans IllOhtude, Maurice n'8.t pu capablelllùd..
p 165.
llWL.
p. 30 .,.
/
_-~
..
29
de "bander une fois par mOls .. 6 ,Il reste également Incapable de faIre l'amour
pJus que trOIS fOIS par année? Pour Maurtce, l'acte ,eluel méme prend un sens Corte ment negatlf c est une espece d"ecoeurantene 8
Cette ImpUissance de Mdunce souligne une peur, et cette peur est
psychologlquement altachee à son enfance Essentiellement, Maurice ne peut pas aJmer sa femme, car Il n'a pas eté aImé comme enfant MaUrice a surtout
manque de l'amour qu 11 esperait receVOIr de sa tante FélICie à qUI Il s adresse en ces ter mes pathétiques
( .) Vous aUriez lamals dû mounr, vous l'savez ben.
j'avais beSOin d'vous, moé, j'avais encore beSOin d'vous, }'tals trop p'tlt, l'commençais ben lusse à être ben ( ) 9
Maunce
se sent même responsable d'afOir "tué" sa tante(,J vous m avez laisse tu-seul avec du monde qui ne
comprend même pas, qUI trouve el tour de m'dire que vous êtes morte par ma Caute ( JI 0
6,
1.1lliL
p 90 1.lJlliL
p 9) 8lllliL
p 89 9 lllliLP41..
lO,l.tlliL "...
'"'
"-\
30
Face à cet abandon par la Tante FéJJcJe et par le monde en genéral. Maurice est Incapable de s'aJmer IUJ-même Sa culpablhte engendre une honte
qUI le rend ImpUIssant à agIr pour lUI-même MI~ à la retraJte, Il cherche a
mourIr
L.) j'al passé ma Vle à m'étouffer. à m'cacher . ...à'"
\
m'sauver d'moé. (veul pas m'entendre, J'veul pas entendre c't'homme-Ià en d'dans qUI finIt pu~ par
mourir II \ ~
L'échec de Maurice au travall se transforme. dans ia bouche du per-sonnage du medecm, en accusation contre Cécile Ce personnage est un homme (roid, dépourvu ~motlons, parce q u Il reproche à Cecde de ne pas aVOIr
"compris" son man Il dit à Cecile
L,l Essayez d'Imagmer c'que represePtte pour lUI le
rait d'arrêter de travaIller depuis qÛlrante-cmq ans. eet homme-la a une Uche à accomplir tous les jours.,
il a un but dans la Vle ( ) Que, voulez-vous, Ils ne se sont lamaltl net'YpermJs et c est mamtenant qU'lI (aut qu'ils apprennent a penser il eUI-mêmes C'est pas
taclle! ( ) Essayez d vous mettre a sa place toute sa
Vie, Il a eu des choses a fall"e qUI comptaaent malOtenant, on lut parle de Jardmer, de papoter, de faire un p 'tlt brtdge pour lUI, c est desespérant, c'est un peu "J'antIchambre de la mort." ( ) C'est à vous de raIder dans sa nouvelle adaptation ( ) 12
o
11
l.IlliL
p 7 ~12,
lliliL
p 81"
31
En somme, le œtdecin renforce la frustration que ressent CbciIe envers
Maurice en lui disant de le "alter," 13 et d'''essayer"l4f de faire plus d'efforu
race
àson mari.
Il est du que. pour le médecin, la femme n'eIlste que dans le prolonaement de son man En ce tetlS, ce Jeune docteur exprime parflltement J'idéol08Je mascultne tradiuonneUe qUI tgOore les déslJ's et les émotions propres aUI femmes Il est oertlln que ce médecm veut que Ci:a1e IOit soumise à son man, et qu'eUe l'Ilde à surmonter tes problèmes au poUlt
d'oublier sa propre elJstence
L'idéologIe masculine que défend Je médecin e.Jt AUSSI expJoJt.ée par un
,.. personnqe du teU fémtrun, Gilbm-te, 1. VOlsme de cecile Gtlbert.e apparttent à cette aénérauoo de femmes QUI valorlJe l'obélSltnœ • autru1, eUe VOlt dans
II femme "J'esclave consentante de son marI pUIS de ses enfants" 15
1
Gilberte, étant eItr~memenl naIVe, soultgne 1. fatblesJe de la condItion Ceminine dans toule la premlere parlle de l'oeuvre
car
G1.lbert.e ne partagepas les ld~s fémln1stes de Cécile qUI veut sorur de son trou sotitaJre.
D'ailleurs, CéCile s efforœ a locCUion de resLSter à la soumission de Gilberte. EUe lui suggére
(. ) T as ,amlls eu envIe d 'vOlf ton man prendre el
bord dTb6PltLl ~,( J T'u lamlls eu enVIe d'vOl!
tes enfants Saa"ef Jeu camp, ( ) T'u ,amlls eu enVIe
13.
JlWl..
p. 79 14f·DWL15.
Wd..
p. 1. ; ; > ),\
--~--\
-\
d'partir. de toute ~~cber. d'aller t'acheter une robe neuve ben au-d'sus d'tes moyens? T'ts jamais eu envie de t'ça. toé? 16
32
:!
On VOit donc que Cécile a le désir de se libérer, et c'est sans doute l'échec de cette entreprise Q{\JJ la rattache un peu à son état de serVilité Dans sa Vie,
Cèctle a cherche le soutien de son man, celuI de son rnédeclO, celuI de Gtlberte et personne n a répondu à son appel En ce sens, sa véritable solitude, c est la
solitude de son combat
Voyons mamtenant les rapports qu a Cecile avec sa fille, Helene Helene est à l'opposé de sa mere LolO d être victime de la servitude, Helene est une femme tndependante qUI Vit seule Helene est l'archelype de la Jeunesse actuelle qUl a su se hberer de ses parents
Hélène parle surtout pour elle me me et non pour les autres
Ben. ça m fall rten a mue maman, C que tout l'monde pense 1 al rlcn a faire avec ca, moé 17
Habillée en blue Jeans, les cheveux lon).(s el mal peignes, cest une fille qUI rait peur a sa mere CeCile la dècr Il corn me une fille brusque 18 qUI
re,semb1e ~ son père Hèlène est Ilma~e (je cette nouvelle ~èneralJOn de femmes qUI ne vit pas pour 1 apparence eltèrleure Quelle est 1 attitude de cette Jeune femme libérée VIS-a-VIS sa mere7
16. lh.uL p 96
17
l1lliL
p 47..
33
.
\
Dans l'Int.rlgue. Hélène reVient à la maison pour, rechercher l'amour de ses parents Hélène a mantfestement de l'amertume pour ~a mère ( ) ça
ra
touJours ete vous, on a tou/ours entendu rien qu vous dans maIson Papa. lUI.y dlSlllt pas un mot 1 CI
Cette attaque contre sa mere est davanta~e dluslree par la revelatlon que le père a Inlerrompu 'Ion silence en 1\11 rarlant d abord a elk~, Helene, et
non pas à sa mere 1\jon, non maman ,J 50Jr papa m a parlé .. ' $'olr ,20
Cette dernière ne se méprend pas sur le sens de cel incident, p Jlsqu'eUe
conclut
(.) Faut-y qu-y m'halsse laut-y qu'y m'naiSse .. raut-y qu'tu m'halsses pour me dIre çal21
Dans cet episode Ceule prend conSCH'ncc de 1 echec je son manage avec
Maunce AInSI St' <""'1 t'lit' de lilus en I)lu~ frus!ree seluellemt'rtt et en
lOJuste llln:!(' /'( lit' : J ' . t 1 ; • • 1.: ~ a pOUVd.:
..
je\, !!H' • --~~ 19 l1lliL.'
4') 20 H21~ "1(
21 ll>Ht ')2 22llw,L
p ~9•
3i
encore dans 51 culotte pour écoeurer sa femme .. Z3 De pJus, dans une autre tentatlVf pour rl1r~ !OUffrlr ~. femme ft aln!!l refouler SI propre lmpulssanœ,
Ar~en8LJI:
li fm de la d("Ull('mF partIt" (tt' i ot"UVrf"
1 Il. • 8.~ par It'" tL -11.'1 • dlrf" que ae; Î\, "r: li a!\
pa~ "_ m la!~ ... t"r l~ ra'! comm!" .JI 'an'l flf"n
m tIrl, ~ut"r -:-" \.'8" ! jonnt"r 8. r>t>tnt" :jr aï dlrf' une
fOlS r" ,lH tou!t' ~ut" a~ Hl" ; cot"'U~ "! L -nI ·uf' I~
pa~ 'T. ""nlt"ntl· '" u dt'fr-n1e; r>r; i mt' 'f""" :al
( 'f' lt"'fpr~~ fPO"f" If,a"" j( 'y.1i" ;,)ur
"
QUOI"
mlJ aeçuetJJJ< pal \.1aulltR f:1k l~: hurif'
cornrnenc~' ~ mourrr \()lJ~ son mfluenc~ elle ',::Atnl d~ur tomt\~ dans ia
~ ("st amllt~ fe-llJ~t" Elit' est fmalement um"ne-t' 4l appeler !Ion ~ Il'" IeIL p(lur
26
illliL
pIaO\
--\ \
35
une note tragique Nous aperçevons Maurice et Cécue, rendus vlctlmes.de ~eur foHe respective Et CécJle s'écrie "Viens m'c.harcher .. sors-moé dïciue.
viens .. 27
;
..
\
..
"
36
Le Bourreau s'in.-:rjt danJ un cadre arréel. dans "un monde dilTérent du nOtre. C )"} Mlu bien que I~ décor de II pIèce 80It fantlJSlste. le sujet reste
clair 11 S Iglt d un dêbat sur Ja petne de mort
Laberg~ pn"nd partIe contre la peme de mort, elle défend la Vie oomme
étant 1 eIpre~~Ir)f1 ia plu~ Importante de la nature humame Pour elle, le fllt que la peInt· 1e 'Tl'If' !'(l!! un Instrument ~OCJ.l et non pas une 101 de la nature,
la rend enl' îlHT. "a~ If"
c~ M~ a .. ,' pIr,o'lf par deUI r)f"r~()nnage~ le bourreau et la Soaétt D'un
nombre L ] " " t' (' Il • ,j t'~f if' ;'IU<: {fluch(' pif la peme de
mort arr ... • f 5; ; lque[
li \ If" (' li
pour w 'a:~ f'
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Lat>erl(~ "'a'l~ .. ~ f>v\,lrr~11.t '4 "< !~It(' :n~d:'. Jl!lçxrnltJle au Centre d h~sal .1t'~ .. Jlet.:~" lramatlQlJe~ Montré., ri ,
.'
37
dossier, Cependant. la sooété pousse à relécution et gdouard, le bourreau, à cause justement de l'absence de cette ulume signature, ne peut s'empècher, cette fOIS, de réfléchIr sur le faIt d'elécuter un homme II ne't plus un sImple
eJècutant pUlsqu 11 dOIt assumer la responslbltté de son acte Il eIphque cela à
l'aum6ruer dans le dialogue SUivant
)\
AUMONIER- MalS, pour les autres que vous
avez-exécuté. vous n vous sentIez pu responsable?
SooUARD- Jama1!l d'la Viel Pensez-vous que (pour-rais faire c te métier-là SI J me ,entaJS responsable à chaque fOlSI 2
Dans sa conversation avec l'aum6ruer, le bourreau nous laisse savOIr la Soudaine conscience qu Il a de pendre quelqu'un. Il découvre qU'Il doit déCider lui-même de la vie ou de la mort
( ) maIs la vous m demandez de prendre une déclSlon sur la Vif de quequ un qUI a pas été traité
selon les usage'i pl'l a cause de t Ça V faudrall que
mOi, le bOUrrCdlJ i prrnnt' <;u<; m(lI de 1 pende 1 al
,amals fallf' • .1 m(li m()n<;wlJ: ! d. IdmalS tué un
homme corn me \.1 f'n ,Je( Idant W,Ql, qu son tour est
venu, pl~ qu v a eu t{jute,; '1e:s chance" pl~ qu y reste
pus rien 'lU l mOurir 3
Édouard doit donc se demander S'Il doit ou nc,)Q céder à la pression collective QUI pousse à 1 elécUllon Et l'aum()mer ne lUI donne aucun secours
•
,
"
38
puisqu'il se contente de lui 'ua~r de s'en remettre
*
Dieu qui lui "ènvoie le fardeau de l'épreuve, ....Pour l'aumônier, au rond. la vie du oondamné n'a guère d'Importance Il s'agit avant tout de sauver son Ame Il aoit m~me que la peme de mort peut
contribuer à sauver l1me du apunel Pour lUI, J'aumônier, l'exécution est
en
quelque sorte l'étape ullJme du repenlJr du condamné(..J j'ai fait tout c'que !,ai pu .. pour cet bomMe. je m 'suis battu pendant des Jours et des ,ours ooiltre le
diabJe lui-m6me Bt IDamtenant que DIeu babite cette lme. mauU,enant qu'il est repentant et prft •
s'eu remettre à DIeu, vous parle! de différer le
chaUment, (,,) Vous 6tes en trl11l de tlJn le Jeu du
démon pour lui, vous vou1e1 lUJ redonner goOt • l, vie. faire reoom menœr Ja longue lutte entre la
réVolte et II résignllJon Dans votre décision.
Bdouard, n'oubl1el Jima!! que vous tene! entre vos mains Je sort d'une lme chréuenne. une brebis éprée qUI • déJà ooOtè à DIeu bleD des e1TorU. OOTérell'etéculJon, el vous mettel en p6riJ le travail de trois longs mOIs S
/
Cela n'aide guère Sdouard. qui a plUS kt lOUCi de la "justice bumaÙlff' que
celui du salut éternel du rondamné
Après raumôruer, le bourreau rencontre un prdeSleur qUI ne IUJ est pas non plus d'un grand secours Sdouard lui pote un calembour, afin d'ettraire de lUI la réponse qu'il veut entendre, à savoir une opposition à la peine de
mort Cependant, le prdesseur lUI répond pJut6t le contrlJfe en lui
con-of. ~ p 19
•
39
teillant de remplir .a tlc:be sociale (c'est-à-dire d'exécuter) Il lui pose la que.tion suivante:
• (.J Pensez-vous qu '00 peut cbanaer le cours des choses en expliquant seulement qu'on pente qu'elles
ne
IOOtpu
bonne.~
Bdouard est alors amené à réOéchir seul sur IOn ut; oe qu'U trouve pénible, mais amtribue à le transformer:
(..,) j'ai trop penlé à soir pour 6tre jamais c'que j'tais .vant. j'me sens vieU!, i lOir, mon gars, pis j'm'aperçois que, c'que j'reproche aUl lutres, je rai
faite moj-mt!me j'sail ben qu'trop qu'j'aurais pu t'nu rompte de ton opinion lVant à soir, comme partonne veut t 'nit compte de mon opinion • soir .. .sais-tu c'qui m'choque? C'est d'avoir faite
comme tout l'monde, d'avoir faite le gars qui a dTautorité. piS qui écoute pus parsonne L ) 7
Le mêtier d'Bdouard renforce S. solitude, et le rend plus Iltentif l
, l'opposJtion, jusque-~ disaéte, de son fils, oontre la peine de mort:
... j'peUI toujours ben essayer d'te dire que tu t'trompais pu en v'nant 'Jamais voir les elëcutiODs pIs que. si c'tait ta manière de m'aimer. bea .. oublie , les fois où j't"ai enaueulé dTaire Ci. 8
6 . .lJWL, p, 33
7 .
.lIW1..
p. 41.8.
lbi4..
p. "2 .r----
, ~ ,, .. 0
Mais il reste que la pression lOCiale POU" Bdouard à e_écuter le condamné', C'est alors qu'il renamtre la mère de ce dernier. f.eUe-ci accuse
immédiatement Bdouard d'6tre un "assassin. -9 EUe s'en prend lussi à l'idée
d'obéissance aUI élites'
.,.Mais moi J'sais qu'on est tellement élevé pour obéir, pour flJre c'qu'on nous dit, on 1 tellement jamais rien eu à nous autres, m~me pas une idée, qu'on finit Jlmais par dopter des ordres qu'on nous donne, On sll1sse oouler dans soumission oom me
une chienne fait pour un chien. On est comme des
enfants qUI ont jamlJs dit non à leurs parents, qui
ont jamlJs dit que là, vraiment, y elagéraient 10
La
mèrea
une 1DI1uence sur Edouard pUisque ce der ruer refuse de pendre le criminel. Il hurle à la Soc1étè qu'eUe-même est porteuse de l'Ullustiœ enversl~tre humam auquel eUe ne s't.nléresse pas. En somme, Edouard brise le
',-sile~ que dICte 11 TradltJon dans œUe derruère scène et exprime le dégoOt
que lui inspire la pelDe de mort"
, L.)
C'est vous autres LA SOCIBn. c'est pour vou.lutte. qu'on est supposé tuer: fabriquer de. armes, qui lel'Viront à vous protéaer, pil
*
tuer, à tnrturer pis détrwre Vous êtes responsables 1 Vou, êtes relpoQ.tablesl Vous savez qu'on tue pour vousautres, pis vous dites rIenl
C*
veut d.tre que vous l'acceptez Vous êtes du monde responsable, vou. lurez )lml1S l'droit d'penter que vous J'SIV.teZ pIS9.
lIWL
p 48 lO.J.1WL p, "9. , \ ,'\
)
~
1. ,
....
,.
•
,
L.)'On. une vie, pis on peut faire plusse que c'qu'on rait IVec. On peut s'poser dei questions, c'pas dtCetldu. Pis si on s'aperçoit qu'on est amtre, on peut l'dU'e, piS Y Caut l'dire Il
.. 1
Mais œtu rondamnallon d'Edouard de 11 société est tragiquement et
radicalement nus en que!tlOD par la mère. lonqu'eÙe tue son fils (le Jeune oondamné) en l'étranglant Amsl, la tentatIve de sauver une vIe a enoore une'~ fois écbouée
Le message de rauteure, dans cette pièce ptuJosophique, c'est de marquer l'importance d'un drOIt à nos émotions, de les expnmer librement Il s'agit. pour Laberge. que la personne vive son plem épanowssement, en toute liberté.
/
(
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,"
Il.l1WL
p. 62-63, o " '•
,YIIl-
jOCBLYNB
,TRUDBLLB TROUV~MOITI
DANSSIS LAIIIES _
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1 ,
- -~-~ --~~---.~----,.---~
-~~---~--'. .,
Comme on l'a vu dans les ptèce's precédentes. Laberge dénonce le .. Mal"
(c'est-à-dIre le manque d'émotIOn) au sein de la famIlle Dans \Qçelyne
Trudelle
trQUveemorte
dall~ ,e~larme:,
elle appronfondll !a ref/eIlOnen
montrant q ueUe~ conséQuences cette absence d é motion peuL avoir sur ledéveloppement psychique de l'être humam
Le personnagr de Jocelyne Trudelle est precIsement VIctime de son deslr
d'être lJmee Plus !'Ipeculquemment, elle e!'lt la Victime d un sUlClde-le SUICide étant lUI-même l'abandon de SOI QQU[ SOI Jocelyne est la VIctime d un echec
famJ1Jal Son SUICide Slgnûle le saenflee de son corps afIn de prèserver son
1me. 1'1me étant eUe même le réservOir de 1 amour pour 1 être humam
Cet univers mtIme de 1 amour que Jocelyne a cree pour elle méme
apparaît sous la forme d un coma Le drame IUI-mê me est centre autour du hl
d'hôpItal, ou repose joèelyne dans son état comatlque L Dppo~ullÛn de ces
deux mondes (celUI de la vIe matertelle et celUI de la vie spIrituelle) a heu a
cet endrOit
Jocelyne est celte enfant frag1le qUI incarne :!on e~prlt, enfm, la part
d'elle-même qUI VOlt, sent, reaglt et déCIde ( ) elle reçott le~ 1 mpacts des
scenes à sa faÇOn et cette façon déter mme son attItude fonda mentale devant la vle" 1 Elle cherche à se séparer SplrtLUellement du monde ellerleur,. symbohsé par les vo~ très sèches et très tendues de' médeCinS qUJ entourent
son hl 2 .
i
Laberge, Marte. 1<9lyne Irudelle trouvée mQ(te dans ses (armet
Montreal. Éd VLB 1983. p. 1 S.
-...
, ,.
"
/
La prete •• ion médicaJe est êlalement repré_ntée par l'infirmière de jour . Luae Pect.eau, et l'infirmière de nuit Ce. deUJ inlirmière'lOftt en fait un leul
penonnqe, puisqu'eUes ton1 unies moralement par leur manque d'émotion
vi.-à-vi. joœlyne
Luae Fecteau est cette :eune mf'trmJére de vmgt et un ans qUI apparllent
l ,
à la m!me générauon que Jocelyne, mils elle ne Plltale piS Je m~me esprIt. Ce perlOllDqe est déa"tt oomme étant "télée, eUe commence • applJquer la théorie qu'eUe a apprite ,,3 Pat là, l'auteure veut dire que J'amour que porte
Luae • sa paL1ente, jocetyne, s'elprime dans son travail d'mCirmière Elle
e.saye d'aIder J9œJyne à iuérir, avec l'aIde de son amIe, Carole Mail 11 est
/
clair Que ~ 1.Otér~1 pour jooelyne n'e11ste que d'un poUlt de vue
proCessionnel Cela apparalt dans Je cüaJoaue .wvant'
CAROLE
Pourquoi? Pourquoi qu'tu fais ça?
LUCIB
Je
l'sai. pu .. Je l'sais pu pantoute, p't4tte parce quec'eJt mon premier cat Kt'lve, pi. j'voudrai. pu Il, .. bon. Caut que j'y
ai1.le."
3,