Le meilleur de la presse vétérinaire internationale pour le praticien
Prévalence de la bactériémie chez des vaches laitières souffrant de métrite
puerpérale
Credille BC, Woolums AR, Giguère S et coll. Prevalence of bacteremia in dairy cattle with acute puerperal metritis. J Vet Intern Med. 2014;28(5):1606-1612.
La métrite puerpérale (MP) affecte environ 30 % des vaches laitières en post-partum. La prévalence de la bactériémie chez ces vaches est en revanche inconnue.
Objectif de l'étude
Déterminer la prévalence de la bactériémie lors de MP chez des vaches laitières.
Matériel et méthode
Étude prospective, incluant 17 vaches avec une MP et 17 vaches saines (groupe Contrôle). Des cultures bactériennes (sang et écoulements vaginaux) ont été réalisées lors du diagnostic de MP. La bactériologie sanguine a aussi été réalisée pour les vaches saines.
Résultats
Une bactériémie a été constatée chez 53 % des vaches des 2 groupes et Bacillus spp. a été l'organisme le plus souvent isolé. Une diminution significative des basophiles dans la circulation périphérique et une augmentation de la globulinémie ont été constatées chez les vaches avec une bactériémie.
Conclusion
la bactériémie est fréquente lors du post-partum chez les vaches laitières. Des études complémentaires sont nécessaires pour déterminer les mécanismes de pénétration des bactéries dans le sang et les répercussions de la bactériémie sur la santé et la productivité.
Photo (© Adobe stock) : dans cette étude, la proportion de vaches laitières présentant une bactériémie en post-partum était identique chez des vaches souffrant de métrite puerpérale et des vaches saines.
Avis de l'expert
Pr Christian Hanzen
Service de Thériogénologie des animaux de production Université de Liège, Faculté de Médecine Vétérinaire Liège (Belgique)
Que sait-on des germes présents dans le sang lors de métrite puerpérale (MP) chez la vache ? Par bactériémie, on entend la
présence de bactéries dans le sang. Elle est présente chez 32 % des animaux atteints de mammite coliforme. Mais qu'en est-il lors de MP, c'est-à-dire lors d'infection utérine identifiée au cours des 3 premières semaines du post-partum et s'accompagnant de signes généraux et/ou locaux ? Comment ont-ils fait ? L'étude concerne 34 vaches Holstein (35 à 40 litres par jour), 17 atteintes et 17 non atteintes. La MP a été diagnostiquée sur la base des signes suivants : < 10 jours en post-partum, écoulements vaginaux nauséabonds, T° > 39,4°C, état de toxémie (fréquences cardiaques et/ou respiratoires > à 86 et 36), sans signes de mammite, ni déplacement de caillette, ni pathologie respiratoire, ni diarrhée. Un échantillon de sang et d'écoulement vaginal a été prélevé sur chaque vache, en vue de leur mise en culture en milieu aérobie et anaérobie. Le sang a fait l'objet d'analyses
hématologiques et biochimiques. Quelques unes de leurs observations E. Coli et T. pyogenes sont significativement plus souvent identifiés dans l'utérus des vaches présentant une MP que chez les vaches saines. Il n'y a pas de différence de bactériémie entre les vaches atteintes et témoins. Dans les deux groupes, Bacillus spp a été le plus souvent isolé. La présence d'une bactériémie s'accompagne d'une augmentation significative de la globulinémie (réponse antigénique possible), d'une diminution de l'albuminémie (reflet d'une perte de protéines dans la lumière utérine) et d'une réduction des basophiles (source d'histamine, activateur de la réponse inflammatoire), ces deux facteurs constituant deux bons paramètres pour prédire une MP. Que nous apprend cette publication ? La bactériémie post-partum serait physiologique chez la vache et résulterait de la mise à nu de l'épithélium utérin, compte-tenu de son involution histologique. Elle pourrait également être d'origine ruminale en cas d'acidose subclinique, connue pour fragiliser la paroi du rumen. Cette bactériémie serait nécessaire pour induire les mécanismes de défense de l'utérus. La diminution du nombre de neutrophiles, macrophages et lymphocytes augmente le risque de bactériémie. Celui des basophiles serait susceptible de réduire la production d'immunoglobulines.
Date de l'article : 26/7/2016