;!~l?!n~ Cajolet
Cette jtude a pour objet la forme narrative des six ro~ans de j~ris
Vian qui présentent un caract~re non-réaliste.
~
sont: "L' œUJ'Ie des Jours", h I:.hutomne~
?ékin", "L' Arrache-Goeur", "L'Herbe-nouge, "Vercoquin et le Plancton" et ''Trouble dans les Andains".
Une analys.; linguistique et stylistique de ces oeuvres nous a. m:te-nét ~ centrer notre étude sur le lexique utilisé par Vian pour cré::r un uni-vers utopique.
'loici, tr~s shémati'1uement, le plan de cette recherche.
Dans ~~e pre~~re partie, Utopie et Langage, nous avons voulu étudier les différents procéd~s d'invention et d'altération lexicale mis en oeuvre par
l~auteur pour libérer les mots et les alliances entre les ~ts.
Dans un~ seconde partie, Utopie et Société, certaines formes propres ~ la satire et ~ l'hQ~ur, pour mettre en question le rael donné •
.!:.'lfin, une recherche des diverses rn-at:lodes ernploYi;(!!; PO'.lI' ùisloqucr le r:5'el
et élaborer un univers nouveau ~ fait l'objet d'une troi:::H:mc p .. rtie, Utopi,~ et Imaginaire.
Zn conclusion, nous avons voulu caractériser l 'utopie pr·~sente da'1s ces ro:nans de "IL:.", en !:'\Qntra'1t COW-lent celle-ci se transforme en ~'1e force de r.1ouve-ment co~rvatrice, destructrice e1, cr~tf.rice, de ilâ::1c que souligner l' :'ar;r.o-nie qui eY~5te entre le l~nhaf.e et l'univ~rs cr~~ p~r ce langaee.
ETUDE STYLISTIQUE
DE LI OEUVRE ROl~NE~UE DE BCRIS VIAU IEXIQUE BT
un:rvms
UTOPJQUEDE L'OEUVRE ROHANESQUE DE Bœrs VIA.U: Lexique et Uni vers utopique
By:
Hél~ne Caj olet
A thesis submitted to:
The Faculty of Graduate Studies and Research ~~Gill University
in partial fullfibent of the requ:lrenents far the degree of
Kas
ter
of A.rtsDepartment
ofFrench Language
and Literature
l
@
IiG.Ilne Cajoletlm
i~
ï,\.BIES DES l~.TISRES
INTRODUCTION:
1. Une définition de I~L' utopiel1< •••••••••••••••••••••••••••••••• 1
2. L'oeuvre étudiée •••.•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 2
3.
Le
plan et l'orientation de l'étude •••••••••••••••••••••••••3
! UTOPIE ET IANGAGE
Invention et altèration lexicale ••••••••••••••
4
1. - Procédés de formation de ~ots nouveauX:La
àérivation •••••••••••••••••••••••••5
par suffixation ••••••••••••••••••••••• 8 par contamination sémantique •••••••••• 11 par déformation et onomatopée ••••••••• 12 2. - A.utre mécanisme d'altération lexicale: Les jp.ux phoniques ••• 15 les jeux phoniaues; calembour ••••••••• 15
l'~-peu-pr~s •••••• l~
paronomase. ••••• •.• 16 contrepèterie ••••• l~
les jeux de la discordance: ••••••••••• 17 (Prise des mots au pied de la lettre)
fausse logique •••• 17
j eux centrés sur le verbe, l'adjectif, l'adverbe ••••••••• 18 métaphores •••••••• 19
3. -
Autres traits spécifiques au style de Vian: ••••••••••••••••• 20 énucération cahotique ••••••••••••••••• 20 altération de syntagmes figés ••••••••• 20 paroàie de dirrére~ts styles •••••••••• 20 répétition / gradation / hyperbole •••• 21étranger ••••••••••••••••••••••• 27
II - UTOPIE ET SOCIETE
Rupture avec l'ordre social traditionnel ••••••••
32
1. - Procédés de mise en question du réel:
ladéformation ••••••••
32
-par
lasatire des valeurs adniscs
par la société ••••••••••••••••••••••••••••
33
travail •••••••••••••••
34
religion ••••••••••••••
35-36
-par
lasatire des institutions sociales:. 37
mariage ••••••••••••••• 35
loi
1
police •••••••••• 38
2. - Valorisation de certains thèmes: •••••••••••••••••••••••••••• 41
sensualité ••••••••••••
43
sexualité ••••••••••••• 45
3. - Topologie: isolement et retranchement ••••••
o.o • • • • • • • • • • • • • •48
4. -
Chronologie: situation imprécise dans le temps ••••••••••••• 49
III - UTOPIE ET ]l-!AGn~_lRE
élaboration d'un nouvel univers ••••••••••••••••• 53
1. - Procédés de dislocation du réel •••••••••••••••••••••••••••••• 53
par
l'invasion du merveiLleux
poétique ••••••••••••••••••••••••••••••••••• 54
de l'insolite •••••••••• 55
du fantastique ••••••••• 57
2. - Présence de l'auteur, conscience structurante de ce nouvel
","'" -~ "'
CONCLUSION
Synth~se
sur le caractae utopique des romans de Vian
1. -
Utopie:
2. -
Utopie:
3. -
Utopie:
•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 72
Force conservatrice de
laréalité
quoti-dienne •••••••••••••••••••••••••••••••••••••
73
et du lexique usuel •••••••••••••••••••••••• 74
Force destructrice de l'ordre social ••••••• 75
de, l'ordre de. l'emploi
usuel du langage ••••••••
76Force créatrice pOUl' l'élaboration d'un
autre ordre dl univers ••••••••••••••• , •••••••
76pour libérer les mots •••••• 77
4. -
Harmonie entre le langage et l'univers créé
parce langage ••• 77
BIBLIOGRAPBlE
Le
bat; de II utopie peut 3tre défini comme une tentative de nier le mon-de, de briser les structuresde
i'-ordre
érls'tarlt 'etdè suPprimerPar .,
l'imaginaire cette sitll8.tion conflictuelle.te
processuS général ~d.e for-mation de ll11topie implique une observation lucide de la soci,ét~" suivie d'une indignation et d'une révoite individuelle devant le dés~~e so-cial. Pessimiste quant aux possibilités d'une intervention efficace, l'utopiste fllit vers l'irréel et l'imaginaire" et proj~tel'_é,t,a~lisse ment d'une dcité idéalèl.Le voyage et le rave ayant pour connotation la rupture a-vec le passé, la transformation et la mort sont les moyens qui
ar'd1nai-rement permettent d'accéder Al' utopie. Parmi les principaux thèmes qui caractérisent un univers utopique il faut s~ullgner le rejet des valeurs bourgeoises, lié A un refus du dOMé histariq1le, économique et social qui forme la condition hlllllB.ine de cette société. Après une rupture de l'ordre social traditionnel, 1 '\1topiste propose un nouveau mode de vie et procè-de
A
l'élaboration de sa ·cité idéale", celle-ci le plus souvent imaginée dansune
situation géographique isolée et dans une quasi saspension dutemps.
On ne peut nier chez Boris Vian un attrait certain pour le
mode de vie et les aspirations propres au courant utopique.
n
r este tou-tefois A préciser ce qu'il en a conservé de même que la mani~e dont il nous l'a présenté. (1)(1) Cette premim-e définition de al' utopie- a été tiré des livres de Jean Semer: Histoire de l'utopie, de Roger Maccbielli: Le IIvtbe de la cité
Idéale, et d~ Thomas Kore: Utopia.
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· Par une analyse linguistiq,ue et stylistique des six romans de Boris Vian qui présentent un caractère \tnon r éalls tell , (2) nous avons centré notre étude sur le lexique utilisé par l'auteur pour créer cet
Il-nivers différent, voire '''utopique", dans lequel ont pris place les six fictions.
Dans le but de cerner ce caractère spécifique du style de Vian, nous avons tenté un~ exploration des principales ressources qu'il a su tirer du langage. Nous nous proposonS de montrer qu'au système
lin-guiatique établi par Vian dans ces romans, est intimement liée la critique satirique de la société qu'il nous présente, de m~m~ que son évasion dans l'irréel, la fantaisie et le fantastique.
Notre but est donc de pénétrer et de décrire la façon bien pers onnelle
à
Baris' V 18n de s'exprimer en montrant d'une part comment lelexique qU'il utilise se veut être différent du langage usuel et d'autre part comment ce langage libéré répond ou sert le dessein du ro::r.ancier.
lious avons intérêt
à
souligner cette idée d'André Martinet ott "un effet de style est repérable par la surprise qu'il provoque chez l'auditeur ou le lecteur ••• "(:3)
Une recherche systématique de la densité de Ilsurprise" provoo.uée par
l'écrivain, grâce
A
l'utilisation de mots, d'expressions, de faits,(2) les sL"'< !"'CmaOS étudiés sont par ordre de parrution: Verçoguin et le
Plancton, 1946, L'Ecume des jours, 1947, L'Automne
à
Pékin, 1947, ~be Rouge,
1950,
LiArrache-Coeur. 1953, et Trouble dans les Andains, 1%6(3) Hartinet André, dans Linguistique et Enseignement-du Français, par Jean Peytard et Emile Genouvier, Iarc!l3se, 1970, p. lf.O
8"l
~
et de situations impréVisibles et inattendues peut être la source d'une
manière possible d'étudier le style de cet auteur.
C'est dans cet ordre d'idée que nous poursuivons notre
étu-de, en développant certains aspects du style de Soris Vian en ce qui
àon-cerne les différents procédés d'invention et d'altération lexicale qu'il
a employés pour libérer les mots et les associations crées entre eux.
Cela fera l'objet d'une première partie en rapport avec
l!utopie et le langage.
Dans une seconde partie intitulée Utopie et Société nous
avons voulu illustrer comment,
!
l'aide de la satire, de l'humour de
pro-vocation et de
l'humour noir, notre auteur s'attaque
à l'ordre social
tra-ditionnel.
Enfin, dans une dernière partie, nous nous proposons de
suivre dans des différents romans l'élaboration d'un nouvel univers joint
!
ladislocation du monde réel, par une invasion du merveilleux
poétiqt1.~,OHA.PITRE l
LI étude du langage dans les romans de Boris Vian révèle chez cet autear une volonté de modeler et de personnaliser le langage. LI utilisation que celui-ci fait de la langue nous ram~ne
a
certaines i-dées émises par Ferdinand de Sauss ure. la langue ni est pas une Ilnomen-clatl11"e", c' est-i-dire "une liste de termes correspondant
A autant de
chosesd • A.u contraire, IlJa langue repose sur des IIrapp orts", et lalIva-leur
d'un
mot est déterminée par son context~ et par la possibilité qu'il a de représ enter une idée".(4)
Nous allons tenter de décrire l'état de la langue telle qu'elle est utilisée par Boris Vian. De mSme, nous nollS proposons de dé-crire comment notre auteur a transformé cet objet complexe et systémati-que qu'est la langue, en un moyen d'expression personnel.
Si la langue de cet auteur repose essentiellement sur des rapports, i l importe pour cette anal.yBe de voir comment fonctionnent ces rapports, ou encore de préciser le mécanisme en vertu duquel un terme quelconque se pr3te
A
l'expression d'une idée.Vian veut taire
en
sorte que le langage fonctionne tOllt seul. AllSsi il prétend libérer les mots de lell1' sens dogmatiqlle et rompre avec 11 usage modéré et social du langage. En permettant aUX mots lesal-liances les plus inusitées, i l projette de dég~er du mot toutes les
vir-tualités.
Noas allons tout d'abord tenter de décrire comment s'y est pris notre auteur pOIl1' créer un mode dl expression pers oo.nel
1
partir
dl une transformation du l.exf.que ustlel.
:'.'.J,' !' .•• ~.' ... .
Nous constatons dans le vocabulaire utilisé par Vian la présence de différentes formes lexicales. Nous nous proposons de les
ré-unir et de montrer comment celles-ci convergent
à
traduire cette manière bien personnelle ! Boris Vian, de voir le monde et les choses.Parmi les différents procédés dl invention et dl altération lexicale qul i1 a utilisés, citons tout dlabord celui de la création de mots nouveaux.
~ DERIVATION:
Dans le but dlaccro!tre son matériel lexical, la dérivation a, sans aucun doute, été le principal mode de formation de ses néologis-mes.
n
a fait porter celle-cià
la fois sur les verbes et les adverbes, s ur les adj ectifs et les substantifs·.Nous nous référons aux théories de Dubois pour affirmer que "cette dérivation repose Slll" la différenciation
à
11 intérieur dulex-ique des morphèmes radicaux irréductibles, et des termes dérivés, issus de la combinaison de plusieurs marphèmes.q
(5)
I.e but de 1'auteur est d 1 accorder une importance particu-11ère au mot comme unité constitutive de 1 l énoncé. Toujours selon le mê-me linguistl!, nous prenons pour base que 11!s r~gles morphosyntaxiques impliquées dans ce procédé de dérivation "se définissent fondamentale-ment par 11 addition A un morphèœ de base dl un ou de plusieurs morphè-mes qui peuvent entrer ou non cO!nI:le unité autonane da.'lS la constitution d l un syntagme minimal."
A partir de la nature de 11é1ément ajouté, nous pouvons
déceler deux types de dérivation. Si le morph~n:e introduit est une uni-té autonome, les termes dérivés sont dit co:nposés.
.. 1.
6
Cependant, si le morphè.ïle ajouté n'est pas intégré COI!Ulle tel
à
une clas-se grammaticale, les termes dérivés sont dits cette fois arfixés. On dé-nomme ce morphème un affixe indépendamment qu'il joue le rÔle de préfixe antéposé ou de suffixe postposé.Ainsi considéré, nous pouvons croire que ce procédé de la dérivation relève d'une combinatoire stable, élaborée
à
partir de procé-dés morphosyntaxiques pouvant être définis comme des procédures gramma-ticales.Cependant, si l'on se réfère au nombre quasi illill".ité de combinaisons possibles, soit en déformant ces règles fixes ou encore en créant de nouveaux àérivâs
à
partir de mots déjà dJrivés, on opte cette fois pour donnerà
ce procédé un caractère ouvert.L'utilisation qu'en a fait Boris Vian illustre assez bien les multiples possibilités qu'offre ce procédé de la dérivation.
Chez notre auteur, la morphologie de l'affixation ne se ramène pas
à
l'union pure et simple de deux morphèmes, mais elle c empor-te différenempor-tes modifications.Des mots tels:
Il Pianocktail" .1 bais odr omell
ou: "miropharu
••••••••••••••
...•.
••••••••••••••
Pia'no / cocktail
baiser / ârome, associé
à
un lieu,
à
un endroit. miroir / phareco!ncident difficilement avec l'appellation traditionnelle de mot cam-posé.
(6) Vian Boris, L'Ecume des jours, 10 / 18 J.J. Pauvert, 19~3, page l2
(7) Vian Boris, Vercoauin et le Plancton, ilIa plume au vent" Gallimard,
1947, page 42
"
"
()
On a plut8t tendance A lelIt" créer un vocable spécial, celui de IImot valisell, oh comme chez Lewis Carroll Il on enferme comme dans une
va-lise deux significations dans un m~e motll
.(9)
C'est
lA
un des moyens qu'utilise Vian pour s'inventer des mots nouveaux. Son procédé est quelque. peu complexe: i l s'agit de greffer ensemble deux mots bien distincts qui cependant se réfm-ent A un mSme ordre d'idée. Et de la jonction de ces deux termes, du croise-ment de ces deux formes surgit une troisi~e notion dont le sens se veutStre vague. c' est-A-dire plus ouvert et selon le but de l' autelIt", d'une portée d'autant plus grande.
Ainsi des mots comme:
"cylindroplutonique'* (10) ••••••••• plut&t cylindrique? •• et: Dcommissaire multiplicationnaire", (11) or.. l'auteur
sub-stitue par antith~se l'expression colIt"ante en France en matike de police judiciaire de (Camnissaire-Divisionnaire)
Ce genre de mots dérivés sont difficiles
A
décomposer. De mSme le véri-table sens, celui que l'autellr a voulu lellr donner est presque insai.~sissable. Seul le contexte nous permet de saisir, jusqu'A ah. certain point, ce que l'auteur a voulu nous traduire.
Une substitution consonantique pourrait &tre la source d' un autre genre de modifica ti on.
Ainsi:
·Une crise de gondoléance" (12) •••••• condoléance.
(9) Parisot Henri, Iewis Carr0th Poètes d'aujourd'hui, Seghers 1952 (10) Vian Boris, L'A.utomne
1
PeJci.n, 10/18 Edition de minuit,1956
p.122 (11) Vian Boris, Trouble dans les Andains, éd. cit ••• p.46
l''~,
~~
8.
DEaIVATION PARSuFFmTION:
La dérivation nous apparaît avoir été utilisée par notre auteur, davantage comme un processus de transformation plnt&t qu'un moyen de créer des unités lexicales tout! fait nouvelles. Pour nollS en rendre compte, il importe d'étudier les procédés de suffixation et de
préfixation exploités par Boris Vian dans le but d'altérer le lexique llSusl.
Certains mots dérivés! l'aide d'nn suffixe, tels Itper_ snasible",
(1.3)
I&débottaison" (14) et IIpeuplages", (15) auraient dû, conformément aux lois morphophonologiques de la suffixation, dériver en • pers nadable", Il débottement", et"peuplades". I1Ablell, liment" et \1 age"étant selon M. Dllbois,(16) les. règles usuelles qui président!
l'ad
-jectivation et
A
la nominalisation. Ainsi:persua - able •••••••••• persuadable. débott - e - ment •••••• déboîtement. et: peupl - &de •••••••••••• peuplade.
~Tous constatons que Boris Vian se plût
A enfreindre les règles
de lagrammaire traditionnelle. A nne dérivation prévisible, il préf~re lais-ser aller son imagination fantaisiste. C'est probablement
A
celle-ci que ce terme llpeoplagell doit sa formation: l'auteur ayant voulu associerdpeaPlell et "sauvage", s'est libéré ou enèore a volontairement déè.aigné·
le suffixe habituel "&den et a créé llpeoplage'l, leqnel devait sans doute
mieux correspondre! l'idée exacte qu'il voulait exprimer.
(13)
Vian Boris; L'·Alltaane lPéJd.n, op. cit ... page154
(14)
Vian Boris, L'Automne1
P';ld.n, op. cit .. .; page41 .
(1-5) Vian Baris,L'AutOlllle
1
P';Jd.g. op. cit ... page154
(16) Dubois, GTannna1re stractarale du fran!jais op. cit ...
1"' .
.
c'est consciemment qU'il en a vicié le suffixe. Vian s'est servi de ce même procédé pour créer les termes suivants:
"pompeurs" (17) au lieu de "pompier' "amadisouer
l'
(18) au lieu "d'amadiser"Nous rejoignons ici un des principaux procédés de création lexicale propre
à
l'auteur de VEcume des jours.ra
méthode consiste à prendre le contre-pied des règles de la dérivation traditionnelle, c'est-à-direà
substituer un autre suffixeà
celui que normalement nous nous atten-drionsà
rencontrer. De même, il prend la liberté de créer des verbesà
partir du substantif, simplement en ajoutant à celui-là une particule verbale:Itdu substantif "psychiâtre" dérive le verbe "psychiâ-trertl (19)
de IIdocteur"., dérive "doctoriser". (20)
Il lui arrive aussi de s'inventer de nouveaux suœtantifs, et cette fois, en se servant du suffixe approprié.
Ainsi, du terme familier "marmot" dérive "marmotaison". (21)
De même, au substantif '·cinémato~aphell i l ajoute le suffixe "istell ,
d'où le dérivé "cinématographiste". (22)
Egalement, notre auteur utilise certains suffixes sur les-quels il fait porter une valeur connotative et le plus souvent péjorative. Ainsi le vocable "prioir", (23) formé, tel que nous le suggère le contexte
dans lequel il prend place d'une analogie
à
quatre termes: vivre / vivoir, prier / prioir, signifiant un endroit où l'on s'agenouille pour prier.(17) Vian Boria, (18) Vian Boris, (19) Vian Boris, (20) Vian Boris, (21) Vian Boris, (22) Vian Boris, (23) Vian Boris,
L'Ecume des jours, op. cit ••• p. 162 L'Automne
à
pékin, op. cit ... p. 1.10L'Arrache-Coeur,-op. cit ••• p. 33, livre de poche, de J.J. Pauvert, 19~2
L'Ecuae des jours, op, cit ... p.
89
Vercoouin et le Plancton, op. cit ••• p.
140
LtEcame des jOurs, op. cit ... p.
57
10.
I.e. fantaisie de Vian nous amème
à
associer "prioir"à
boudoir, vivoir, dortoir ••• , c'est-à-dire
à
quelque chose d'ancien et de périmé. Par conséquent, le suffixe "oir" vient impliquer l'idée "'d'outil artisanal"; et la notion exprimée par le dérivé "prioir" ac-quiert par conséquent une note péjorative et satirique à l'él;ard de la religion. Et celle-ci est d'autant plus forte que l'auteur dans ses romans le met en parallèle avec des outils beaucoup plus techniques et scientifi.ques, tels le "pianocktai1" ou le lIm.iJrophar'l.Dans ces mêmes rapports de Ilconnotatio~l, Vian utilisera certains autres suffixes: ainsi la particule Il ette" pour suggérer au lecteur "une idée de petitesse, "une comprenette", (24) Il une trompinette" t
(25) "des crabettes". (26)
Ou encore, dans le but d'ajouter au terme plus de familia-rité et d'expressivité: ainsi les verbes "touchotter', l"bigeotter", "lichotter". (27)
Enfin, la particule "ar~', pour écettre une idée péjo.ra-tive: tiré du vocabulaire argotique, les adjectifs U'dégonflard" et IIpré-tentiard". (28)
D'autre part, outre certains termes composés avec la
pré-position \t,de", tel ndésaccroupitll, (29) on rencontre peu d'exemples
in-téressants de "préfixation" dans le lexique utilisé
par
Vian.!
24
l
Vian Boris, Trouble dans les Andains, op. cit ... p. 822"5
Vian Boris, L'Automneà
Péid.'î op. cit ••• p. 4026
Vian Boris, Trouble dans les ndains, op. ci t. •• p. 130(27) Vian Boris, L'Herbe Rouge, op. cit ••• p. 95 (~vre de ~oche, J.J. Pauvert, 1~2
(28) Vian Boris, L'Automne
t
Péld.n, op. cit ... p. '58 et 21 .. 7. ~. .
DERIVATION PAR CONT ... l·!n·/ATION SEM.\UTIQUE:
Un autre procédé de création lexicale dont se sert notre auteur est celui du sens nouveau donné
à
un terme par contamination sé-mantique. liollS avons souligné que la valeur d'un mot, pour Vian est es-sentiellement déterminée par ses possibilités de relation avec ce qui l'entoure. Aussi, il s'amuseà
prêter ~ son vocabulaire différents em-plois et associations. Souvent même, i l viole le sens propre du mot pour ..
~
ne tenir compte que du sens que celui-ci acquiert ~ partir de la place qU'il occupe dans la phrase. i l s'agit donc U du phénomène d'étymologie populaire fondé sur ~~e fausse motivation étymologique.
Ainsi, "un camion, long de vingt piédo11Chesl\: (30) grâce au contexte,
IIpiédouche" se confond aisément avec l'idée émise d'une mesure de lon-gueur, bien que le sens propre de ce terme soit celui "'d'un petit pié-destal supportant un buste".
Ce même procédé est utilis é dans l'expression Il un sentier
bordé de calamines en fleursu • (31) Ce sjTOtap,me donne
à
"calamines1t lesens d'une plante quelconque alors que le dictionnaire indique qu'il s'agit d'un minerai de zinc •
Cette fOI'1ne rejoint celle de la fausse impropriété ou du solicisme: ainsi,
Il être canonné par le pape", (32) dans le sens de "canoniser"
et non celui de IIcanonner', c'est-à-dire udonner des coups de canonl ' .
Parallèlement, l'auteur se sert de ce procédé d'altération du lexique usuel pour réinventer la f'aune et la 1'lo::-e peintes dans ses romans, de même que pour i'llBionner les dif'férents ordres, 7égétal, animal et minéral.
(30) Vian Boris, L'Autol!lIle
à
Pékin, op~ cit ••• p. 113(31) Vian Bo!'is, L'Arrache-Coeur, op. cit ... p. 9
~p" ,.~l ... "·"·~
--12.
Ainsi, nous venons de voir Vian substituer une plante quelconque à un minerai, le zinc (Ilcaiamine I~), (33) ou encore un oiseau spécifique
à
untreillis ("caillebotislt
) . (34)
Cette 1icenc~ que s'accorde notre auteur g l'égard du lexi-que rejoint l'idée du caractère arbitraire du mot. 'LLe mot nous dit
Haurice Sch'ône dans Vie et Hort des }.fots, renferme plusieurs possibilités latentes. C'est le contexte qui lui donne s on sens du moment et le spé-cialise pour l'usage qu'en veut faire celui qui parle."
Et c'est là également la tentative de Boris Vian: celle de faire en sorte que les mots ne possèdent pas un sens unique, qu'ils ne soient pas contraints
à
ne correspondre qu'à un seul objet bien d~-terminé.Au contraire, i l lui faut libérer les mots et négliger leur sens propre pour ne s'intéresser qu'à leur emploi et leur utilisa-tion possible.
DERIVATION PAR DF.Fœ.l.IATIOU ET ONOMATOPEE
Chez l'auteur de L'A.utomne
à
Pékin,la déformation devient une autre sourc.e de création lexicale. A. partir d'une forme nouvelle, il prétend suggérer, parallèlement une idée nouvelle. De plus, l'auteur re-vendique sur le terme déformé une appropriation, une p03aession inti~e et personnelle.Vian est sans cesse porté
à
rendre la langue différente,à
se libérer des règles du dictionnaire et de la gra::m!8.ire afin de se li-vrer le plus loin possible dans sa fa~taisie verbale.
(33) ~~n Boris, L'Automne À-Pékin, op. cit ••• p. 94
Il arrive assez souvent dans les romans que nous étudions qlle la graphie soit faussée intentionnellement:
"villigen Ile' est Wl
nt
ll nprogrlt"(35)
"peu deuraste"(36)
aVersovien(37)
"Britiche Muséommen (38)Il s'agit d'un peu d'ironie portée
A
la notion qlle le terme renterme:!
chacune de ces e>..-pressions correspond un sarcasme adéquat. Ainsi dans le vocable "peu deurastell, i l imite la prononciation affectée attribuéeaûx homosexœls, et" dans celui de "pro~t", i l opÙe une confusion des valeurs. Parfois, cette ironie devient plus mordante du fait m&e qu.e la déformation devient plus importante: i l s'agit de véritablœ dérivations.
On élimine certaines particules:
"bénictionll
(39)
au lieu de "bénédictionU ,ou. ail contraire on introduit des particules parasitaires: "chev&quell •••••••••••• év8que .'
"sacristoch~ (40) ••••• sacristain. Parfois i l s'agit de métat~e:
"ompo1ates" (41)' pour omoplates,
"Jean Sol Partre"
(L.2)
pour Jean-Paul. Sartre ou encore d' Wle déformation fantaisiste et grata!te:
qui peut aussi se référer
A
l'écriture au son: Ille jeu de p1gne-pon.guen. (44)(35)
Vian. Boris, L'Arrache-Coear, op. cit ••• p.155
(36)
Vian Boris,Vercogain
et le Plancton, op. cit ••• p. 182(37)
Vian. Baris, L'Alltomn.ei
P';tin, op. cit ••• p. lfO(38) Vian. Boris, L'Alltomn.e
i
P';ld.n. op. cit ••• p. ll4(39)
Vian Boris, !!'Ecmae des jours, op. cit ... p.50
(40)
Vian. Boris, L'!'.cmae des jOars, op. cit ••• p.50
(41) Vian Boris, L'AutOlRne
i
pétin, op. cit ... p.71-~
.42) Vian. Boris, LiEcUl:le des jour., op. cit ... p.156
43)
Vian Baris, VercoaDin et le Plancton, op. cit ... p.140
44)
Vian Boris, VercoglÜn et le P1anctog., op. cit ... p.40
",,;-, •• ;10" ','0',., "~ ... ,,-'- '
Inspiré d'Alfred Jarry, Vian proc~de
!
la déformation systématique de tous les mois de l'année:"Juinet, jainout, marillet, octembre" •••
14.
L'onomatopée, de mSme, pOlllTait 'tre mentionnée comme un autre procédé de création. Vian Si en est servi
l
1& fois dans le but de se dégager de toutes les contraintes 1exLcales et d'apporter!
sa langue un maximum d l expressi vité et d l originalité.A. partir d'une sorte de"correspondance" qu'il voyait ou qui i l sentait entre la forme du mot et le sens joint
à
celai-ci, il a su créer plusieurs vocables.Ainsi le verbe Itzonsonner",
-Quelques bestioles zonzonnaient au soleil ••• œ (46) 011 le jeu de plouk:
- jouer au p10~ ••• dans .. un terrai!!.
!
ploukirll• • • (47)
Cette analyse ·nous a permis de constater que clest surtout de la dérivation que se sert notre auteur pour créer les différents - néolOgismes" qui
agrémentent son lexique.
Vian a voulu donner W1e forme nouvelle
à
qaantité de mot.dont il a, parall~1ement1 doté dl un sens nouveau.
Aussi, il est aisé de déduire qlle cet attrait que semble avoir sur notre auteur 11 établissement de mots transformés et nouveaux est d'avantage lié
l
la fantaisie de son lexique qu'! une remotivation de la langue trançai-se. Car bien que ses innovations morphologiques soient conscientes et partois mbe recherchées, celles-ci sont, poar la grande majorité, le truit de son imaginatlon de. moment en rapport direct avec le besoinimmé-diat qU'exigeait son discoarsJ de la m~e manièoe, an autre discours en exigera d'autres.
.
.'(45) Vian Boris, L'Arrache-Coeur, op. cit ••• p. 127, l44, 24l, 193 (46) Vian Boris, L'Ecœe des jours, op. cit .... p. 70
lES
JEux.
PHONIQUES:Indépendamment de ces variations morphologiques, un autre genre d'innovation semble avoir, elle aussi passionné notre auteur: celle
des jeax phoniques et des jeux sur le signifiant.
Dans ces fantaisies sur la matiM-e phonique des mots, Boris
Vian rejoint jusqu'A un certain point l'importance accordée par les sur-réalistes aux jeme de mots, q!le ce soit le calembour, la contrep~terie,
l'A-peu.-pr~, le galimatias ou la paronomase.
Dans les lignes qui suivent, nous donnerons qaelques exem-ples de ces différents procédés afin de nous rendre compte de l'aisance avec laquelle notre auteur sait créer de l'htmlOur A partir d'1lIle équivo-que phonétiqae.
~ious verrons que le but recherché est avant tout l'ironie;
cependant, de m3me que chez les surréalistes, celle-ci est parfois tota-lement absente et l'on assiste alors!
une
pure fantaisie verbale. (Calembour) :Dans le cas du calembour, l' équivCY.lae sera produite par un groupe de phonSnes auxquels, SaJlS modification, le lecteur poarra
attri-buer deux sens différents:
-Dans ces pays oh règne le maître, il serait bon que le m~tre
prlt
pie<fS; (48)un rapprochement d'homonymes constitue l'origine du procédé. En jouant avec les sonorités, l'auteur créera un autre genre de calembour:
-la pluie tombait A Sceaux, mais pas A Bayonne.- (49) Parfois, l'auteur fait
en
sorte que la figure devienne porteuse de deme charges sémantiques: ce sont des jeux sur la po~émie,-ligoter au moyen de cordes 1 pian'" (SC)
-des gants de peau rouge".
(48)
Vian Barie,L'Aatomae
lPé!dn, ..op~cit
•••p~
65
(49)
Vian Barie, !rouble dans les AudaiDS: op .. cit ••• p.98
(SC) Vian Boris,
1iôGb1ë
dâDâ
1ëS
Ande1 na op. cit ... p. 148 et 98._----._-( :"'l.
"p.
16.
n
:J.ui
arrive aussi de s'amusera
rapprocher des mots commeSi ils appartenaient à une même famille, alors que de fait, ceux-ci ne font
que présenter une similitude fortaite de s onoritéso
"Un mince cahier de papier hygiénique d'excellente qualité"
"lA! retour
à
la m~e"; (51)cette petite satire de la philosophie freudienne est un exemple de la por-tée de ces jeux par fausse étymologie.
(L' à-peu-pr~):
Egalement, par le léger déplacement d'un ou de deux phonè-mes d'un groupe de mots, l' aut eur parVient
à
doter un mot dlun
double sens.Tel est le cas dans l'expression:
IIVa-t-en sappSt de Satid'. (52)
Dans l'exemple·cité, ce procédé de l'à-peu-pl"~s permet d'ironiser Bm' la
7 formule biblique.
De plus, en faisant reposer le jeu phOnique sur le son et l'orthographe, notre auteur obtient
un
arrangement de mots nouveaux:aDes tirageë sur tire-mol1ches ou Vergé Saintor1x'l
"ra
sentinelle se mit au quant à soi-.(53)
Enfin, par la transformation de certaines phrases ou groupe de mots, Vian s' Bml18e
1
rendre celles-ci difficiles à déchiffrer.1& lE financi er Pompas oultll • • • • • • • • • • •• pompe
à
S 011llla nonce du Pape ... l'annonce
"c'était Inca exceptionnel· •••••••••• un cas
IIc'était la monnaie légale en Inde depuis que le Ghandi
Raton •••••••••••••••••••••••••••••••• qu'en dira-t-on. (54) Ce procédé de la paronomase est le pll1S souvent teinté d'ironie: souli-gnons le fait de donner à un financier le naa de Pompe à sou •••
(51) Vian Boris, Trouble dans les Andains, op. cit •• 1. p. 98 et 127 (52) Vian Boris, t'Eëume des jours. op. cit ... p. 123
(53)
Vian Boria, L'Ecume desjours,
op. d..t ... p.56
et 150(54) 'Vian Boris, Trouble dans les Andains, op. cit ••• p. 53, 71., et 105
"-"/i.
o
JEUX DE lA nrsCœDAla:
Outre ces jeux sur le signifiant, Vian s'est livré au jeu de la discordance. Pour l'auteur, ce jeu consiste
l
provoquer un effet de surprise chez le lecte~, faisant en sorte que celai-ci pressente un écart par rapportl
la norme sémantique, celle acquise par les habitudes ou l'ex-périence quotidienne de la langue. Pour provoquer cette discontinuité, l'auteur s'est servi de différents procédés ob. tout en respectant les rè-gles de la gramma1re traditionnelle, il s'amusel
perturber certaines combinaisons sémantiques.Aiœi le fait de prendre les mots au pied de la lettre:
uPoussez le feu et sur l'espace ainsi gagnée •••
,{5')
ou de fausser la logique:ale marchand parlait espagnol: aussi, le major qui parlait belge le comprit parfaitement ••• 11 (,6)
Ces dirférents traits de décalage ou d'anomalies sémantiques sont toute-fois de nature assez diverses; ils peuvent être provoqués par le verbe:
ales pneus dentelés chantaient sur 1erevStement~,(57)
par l'épith~te:
"la grande ourse, avachie ••• • (58)
par le complément:
"de la soupe au biscait 'de mer intérieure,· (59)
par l'adverbe:
.. na
se sont arrêtés ,.~ heures exactement pour se restau-rer unpeu,.
(60)(551
Vian Boris, (56 Vian Boris, (57 Vian Boris, (,8) Vian Boris, (,9) Vian Boris, (60) Vian Boris,L'Ecume des jours, op. cit ... p.
94
Trollble dans kLCnd81OS, op. cit •••L'latœme
t
P;
op. cit... p. 18 L'Automne Pekin. op. cit ••• p. 121 L'Automnei
p~kin. op. cit ... p.92
Trouble dans les Andains, op. cit ...o
18.
ou par une association antithétique de mots:
(61)
"n y
avait une pleine bouteille de reginglotà
moitié vide ••• 11Un autre procédé de discordance consiste en l'alliance paradoxa.le de deux idées contradictoires, il B ' agit du procédé de l'oxymoron: ainsi,
l'C'est avec une joie hargneuse ••• " (~)
Nous étudierons au COIn'S de l'énoncé l'emploi et la portée de ces
diffé-rents procédés de discordance, utilis.és par notre auteur dans le but de créer l'irréalité et la fantaisie, de même que celui"de mettre en action un monde de représentations nouvelles. Pour créer cet univers "différent" il aura recours
à
l'invention constante de "tlétaphores discordantielles.'~ Héprisant la comparaison explicite, i l préfère les écarts linguistiques qui reposent sur une analogie plus ou moins obscure entre deux idées ou deux images.n
a pour but d'établir un rapport réel/irréel, / mi-concr.t / mi-imaginaire entre deux réalités aussi différentes ~ue possible l'unede l'autre.
Cette tentative rejoint le projet initial de l'auteur, de libérer les mots: non plus cette fois uniquement dans lem.- emploi indi-viàuel, mais également dans leurs rapprochements entre eux.
Ce caract~re arbitraire donné aux associations des mots entre
eux est un des procédés essentiels utilisé par Vian pour créer l',nigme et la merveille et défier toate réduction rationnelle
A
une analogie simple. AinsiLilIa mer nuit et jour fdt la barbe au cap déchiré ••• 1l (63)
Certaines, parmi ces métaphores ont pOIn' objet de matérialiser, de concré-tiser des notions abstraites:
laIes rires et les grasses plaisanteries se heurtaient aux
parois ••• 1l (64) (61) Vian Boris, (62) Vian Boris, (63) Via!1 Boris, (64) Vian B~.-S, op. cit ••• p.
91
op. cit ••• p.fO
op.
cit ••• p.143
~~~~i!ai.~ . . . a...ià.W: .... ;;loi ... ;, op. ci t. •• p. 100
'}
",'
i
.'
·c<
,orIl arrive que ce procédé donne lieu
à
une métaphore continuée, gonflée d'un luxe de détails:"Des idées longues et minces et 'complètement aplaties sous une couche d'événements plus récents, si aplaties que vues de profil comme en ce moment il ne pourrait ni les diffé-rencier ni distinguer leur forme et leur couleur: i l les sentait seulement se déplacer en-dessous, sinueuses et
reptiliennes. Il se secoua la tête et le mouvement s'ar- (~5) réta: effrayées, elles s'immobilisaient et se rétractaient ••• De même, pour transférer notre réalité sur un autre plan, l'auteur se
plaU
à
fusionner nos différents ordres de sensation. Ainsi, ce procédé de la pseudo-synesthésie:ou encore:
.. une rumeur ovale ••• "
'·l'air devient jaune clair et bleu turquoise lavé," (?,~)
-:'à personnifier les éléments: "la rue crevait d'ennui.o:l1 (67)
"le vide qui sien soucid.t peu ••• " (68)
Ill'autobus s'en alla en se courbant, car il se sentait un peu honteux ••• " (119)
(65) Vian Boris, L'Automne
à
Pékin, op. cit ••• p. 117(66) Vian Boris, L'~utomne
l
Pékin, op. cit ••• p. 99(~7) Vian Boris, L'Herbe Rouge, op. cit ... p.
41
(68) Vian Boris, Trouble dans les Andains, op. cit ••• p. 95
(69) Vian Boris, L'Automne
l
pJkin, op. cit ... p. 10•
•
... " ... ", ...
20. AUTRES TRAITS SPECIFlû.UES AU STYIE DE VrAN:
Afin de voir en quoi le langage de Vian est intéressant et se prête
à
l'effet recherché, c'est-à-dire à l'élaboration d'un univers différent, essentiellement créé par un langage libéré de toutes contrain-tes, 11 importe de souligner quelques autres traits qui caractérisent son style et sa pensée. Il y a dans l'oeuvre de cet écrivain une abondance d'énumérations cahotiques:Pour décrire une église, voici quels sont les termes dont se sert l'auteur de L'Arzache-Coeur:
,.tUne église construite de façon artificieuse, en forme d'oeuf, sans colonnes de pierre, sans arcs, sans doubleaux, sans croisées d'Ogives, sans tambour ni trompette ~t sana souci du lendemain ••• ", (70)
d'altérations de syntammes figés ou de renversements de formules toutes faites:
(71) 'lJacouemort reoonta, cogitant. Donc il était. }I;3is que lui ••• 11
'·êtr~ monté sur des dragons volants." (72)
Sur le plan lexical. une abondance de déformations des formes savant~s de l'orthographe:
"des arcs-en-terrell (73)
"en pile indienne," (74)
et de satires de différents styles:
:ine satire du style littéraire portant sur le langage amOll-reax
IlJe suis votre chose ••• u , '~ma splendeur grégorienne ••• 11, (75)
ou métaphorique:
lales voiles de Horphée s'entrouvrirent au-1essllS d!l crâne
du professeur Hangemanche, et gorphée lui-r.Jême lâcha un caillou juste sur sa fontanelle.
n
se réveilla toutà
fait ••• 1& (76) (70) Vian Boris, (71) Vian Boris, (72) Vian Boris, (73) Vian BorLo;, (74) Vian 3oris, (75) V!..an 3oris, (76) Vian Boris,
L'Arrache-Coeur, op. oit ... p.
57
L'Arrache-Coeur. op. cit ••• p.
114-L'Scuce des jours, op. cit ••• p.56
Lt"\utOi:!ne
A
Pékin, op. cit ... p. 217Vercocuin et le P1-ancton, op. cit ••• p. ~ Vercocllin et le Plancton, op. cit . . . p. 54 L'Automne! Pékig, op. cit ... p. f2
o
-Une satire du style narratif:
Uotant avait de fois Jacquemort prit le chemin du village qu'il lui était dev~nu aussi plat q.u'tin couloir d'asile et aussi nu qu'un barbu rasé ••• U, l77}
- une satire du roman p o l i c i e r : ,
l'il savait - grâce
à.
quelle ruse~ - l'adresse de Zizanie ••• "tant et si bien rencontra-t-il (Vautravers) que ••• IL, (78)
- une satire de la conversation entretenue durant un repas: "passe-Jnoi le pain
j'ai pas de coutea.u,
prête-moi" ta plume, où sont les billes, j'aï une bougie qui ne donne pas,
qui a gagné Waterloo, soit qui mal
Y
pense et les vaches seront ourlées au mètre ••• ", (79)- une satire du langage Ilmaitrell
à
Il servi tetll'" :l'
je dois avouerà
monsieurl~ je remercie monsieurje conseille
à
monsieur ••• 11, (80)une satire du discours moralisateur:
"soyons des frères au lieu d'être des rivaux ••• " Il avait trouvé ça dans l'almanach Vermot ••• Il, (81)
une satire du style emphatique-1yrique:
"Hallett
es ,
maliettes, que n'approfondit-on pas vos moeurs ••• mais las qui jamais en prit une, maliettes, couleur de suie, au poitrail rouge,à
l' o'ei1 de 1une ••• ", (82)- une
satire du discours administratif:"Eh bien messieurs, je vais n'est-ce pas ••• eUb ••• pour ••• afin que ••• en sOImle ••• " etc ••• etc ••• Ainsi s'explique, de nous préciser l'auteur, le directeur en chef d'une gran-de' compagnie de publicité.
Egalement, il faut mentionner un emploi tr~ fréquent par notre auteur du procédé de répétition:
\1 un felltre orné d 'llne plume de p1umeall rOllsei' Il une face
à
mainà
la main ••• 1."Donnez ordonna le Major ••• Il(!4)
(77) Vian Boris, L'Arrache-Coeur: op. cit ••• p. 128
(78) Vian Boris, Vercoguin et le Plancton. op. cit ... p. 128 et 131
(79) Vian Boris, L'Herbe Rouge, op. cit ... p. 16 (80) Vian Boria, L'Ecume des jours. op. cit ••• p. 37 (81) Vian Boris, Ver coquin et le Planctoa. op. cit ... 152 (82) Vian Boris, L'Arrache-Coeur. op. cit ... p. 220
(8,3) Vian Boris, VercOouin et le Plancton, op. cit ... p.
"141
o
_°"0- :
22.
de celui de la-gradation et de l'acc1lD1u1ation:
DVOUS fB.tes énorme, parfait, sensationnel, subline, épique ... (85)
nA.u lieu de m.t.
f
plier, de me surmonter, de m'abuser, de m'user ... (86)aL'orsque.le comte eut achevé son récit le
major
expectoraun mot, un seul, un commentaire, un résumé, le mot-clé, enfin il dit Bon ••• n, (87)
celui de descriptions surchargées
d'une
exubéra"nce de détails:DUn cri de douleur relevé d'étonnement, dont la"résultante est assez voisine de la COlère, avec une nuance passive qui
ne
lui échappa point ••• n, (88) celui enfin de l'hYperbole:"Quant au moral, nous oserons dire que la lave du feu central paraissai t froide
!
côté du brasier bouillant de ses pensées géniales ••• a (89)IIUne barbe, une barbe argentée qui faisait cinq ~ six fois le tour du corps de l'homme ••• " (90)
Ces différents procédés stylistiques que nous venons d' énllIilérer, carac-térisent la mani~re de s'exprimer-de notre auteur. Ils sont les traits spécifiques de sa façon de se servir et de jouer avec les différents
lan-gages rhétoriques, soit par contestation et ironie, soit dans le but d'une remotivation de leur fonctionnalité. Plus loin, dans la suite de cet exposé,
nous nous proposons d'étendre cette analyse en montrant quelle utilité Vian a su en tirer pour l'élaboration d'un nouvel univers.
(85)
Vian Boris, L'Arrache-Coeur. op. cit ... p.69
(86) Vian Boris, L' Herbe Rouge, op. cit ... p. 188
(87) Vian Boris, Trouble d9.ns les Andains. op. cit ••• p. ;0 (88) Vian Boris, L'Arrache-Coeur. op. cit ... p. 93
(89) Vian Boris, Trouble dans les Aadai!lS, op. cit ... p.
47
Nous avons souligné la volonté manifeste de notre alIlieur de se libérer des contraintes lexicales, grammaticales et littéraires, de mSme que son refus de se soumettre aux r~gles prescrites par le langage scolaire et académique,. A cela il faut ajouter son aspiration! donner un caracdre ouvert! son langage. Il Un langage, tel que nous le tléfinit
P. Guir8Q.d dans "l'argot" dans lequel le sens des mots reste vaguement défini, toujours mouvant: un langage' libre, imagé, expressif ••• " (9l)
Ces qualités delllangage libre et sans contrainte" qui ca-ractérisent le vocabulaire argotique ont attiré l'intérêt de l'auteur de "Trouble dans les Andains.11 Ainsi Vian puisera dans l'arg~ avec le
désir de découvrir des mots qui ne sont pas communs avec notre langage usuel, et d'y trouver parall~lement des Qtoursll et des expressions
pit-toresques, des formes fantaisistes, ironiques et choquantes aussi parfois. Ainsi, la présence d'un vocabulaire populaire et argotique
dans les romans de Vian devient une autre source d'exubérance qU'il tend
l
donnerl
son langage. Son imag1Jl8.tion est attirée par la forme des motsargotiques: elle en savoure la sl1bstance et s'en inspire pour se créer un lexique fantaisiste et ironique par son caracth-e de provocation.
L'intrusion d'un vocabulaire argotique dans le lexiqUe de no-tre auteur rév~le chez ce dernier une intention d'obtenir des effets
pro-voqués par la discordance 011 par un, niveau dirrérent de langue.
Cependant, ce langage spécial se réduit d'une part ail voca-bulaire, c'est-l-dire au choix de certains termes pittoreeql1es correspon-dant au ton du discours et dl autre part
l
certainsprocédés
de syntaxe bienspécifiques au langage popalaire et argotique.
Car il nous faut sol1ligner qu'en général le temps des verbes, de même que la construction des phrases et les différents procédés de grammaire
diff~rent peu de la langue d'œage. le. provocation de l'auteur ne va pas
si loin: celui-ci se contente d'emprunter certa ins termes propres au jargon ouvrier:
IIconll
Il enfoiréll , (92)
au jargon des rues:
"Flique"
IIFoutaise" ·asticote~ (93) au langage familier: IISerrer la pince" ~fric""Stre;vannéll , "viré", lIentourloupén (94)
Il geule'l et Il dégel1l.er" ,
et au vocabulaire
amoureux
de l'argot:"Qu'est-ce qU'il lui fiiait comme patin ••• " IIsa poule ••• n
,(95)
,.'
Parall~ùment, il utilise certains procédés, certains caracthes propres
A
la syntaxe de l'argot ou du français populaire.Ainsi:
- l'élimination de la particule
"ne •••
pas"': ", "voyant que l'autre l'écoutaitplœ ••• ·, (96) - l'éllmiMtion du pronom personnel:"l'était tout petit", "croyais qU'il était mort ••• (97), - l'élimination du verbe:
"la vio dare les rhizostomus·, (98) - l'utilisation du mot passe-partout Il çall :
lI~a gaze'l •••
,(99)
192)"Vian
Boris, (93) Vian Baria,(9J.,)
v, ian Baris,1
95) Vian Borl,s,
96) Vian Boris, 97) Vian Boris, (98) Vian Boris, (99) Vian Boris,l'Automne
A
Pékin. op. cit ... p. 28L'Automne
1
Pt§Jct.n, op. cit ... p. 28, 33, 90 LiAutœmel Pékin. op. cit ... p. 90, 207,JU1
L'Automne1
pékin, .op. cit ••• p. 85, 58 Trouble dans les ADdà1D8" op.' cit ... p. 43 Troabh ,dans lesinda'
na.
op. cit... p. 123Trouble dans les
Andains.
op. cit... p. 123llEcœaedëâ
lours.
op. cit ... p.34, 35
, .. ',' " " " :~
'~
C''''
, f·~,i ... ;,:;.",,·,I~" •. -.~ ..•.• ,~"-""
les liaisons:
I~dans le petit nanon de mon pauvre noncle ••• Il, (100)
les tournures spéciales du pronom: "Je vous en fous •••
11,
(101) les développements parasitaires:"VOllS me faites rigoler tiens ••• ", (102)
l'utilisation du pronom passe-partout I~od':
"On va VOllS casser la gueule •••
1',
(103) une mauvaise utilisation de la particule conjonctive:I~J'ai les pattes qui tremblent que c'en est une horreur",Cl04)
certains procédés d'apocopes ou d'aphérèses: "Enlève ton imper ••• " (105)
-Ilc'est très sympa, chez-vous ••• ", (106)
l'utilisation du préfixe dépréciatif: " redégringoler ••• IL
, (107)
ou de la métaphore de .. nature'l:
lin
a beaucoup dt" galette"(n
a beaucoup d'argent) (l08)IIIn
a une vilaine bobiné' (il a une vilaine figtn"e) ••• Nous avons conscience de la difficulté d'étudier ces Illots en dehors del~ur contexte,mais notre but était surtout de sou1ign~r leur présence dans
chacun de ces six romans. Uaanmoins, afin de montrer quelle discordance dans le ton du discours apporte l'utilisation de ce vocllbulaire argotique,
nous reprendrons un exemple déjà cité mais replacé cette fois dans son con-texte. (100) Vian Boris, (101) Vian Boris, (102) Vian Boris, (103) Vian Boris, (104) Vian Boris, (105) Vian Boris, (106) Vian Baris, (107) Vian 3oris, (108) Vian Boris,
Trouble dans les Andains, op. cit ... p. 123 L'Autanne
X
Pékin, op. cit ... p.104
L'Automne
A
Plikin, op. cit ... p. 104 L'AutomneA
Pékin. op. cit ... p.2.42
L'Herbe Rouge, op. cit ••• p. 34
L'Ecume des jours, op. cit ... p. 11
Vercoaoin et le Plancton, op. cit ... 22 L'Automn8
A
Pékin. op. cit ... p. l~ LiAutoaneA
ièk1.n, op. cit ... p.11.4
',"
'1:-",,,J.,.,"' ... ,"' ... , ... ~ ..•• '.A.· .
26.
UReprenez votre travail, dit Amadis
A Carlo, vous n'êtes
pas payé pour fiemmarder.- Je ne flemmarde pas, l.fonsieur, je reprends le s oufi'1e. • •• On ne peut travailler comme des brutes sans jamais respirer.
- Si,dit Amadis. Les contre-maitres sont
lA
pour taire respecter cetter~gle irrefragable.- Cette quoi? dit l.farin. '" ••• Vous nous faites suer.
- Je vous prie'-d'être polis, dit
Amadis.
- Pour une fois que ce salalld d '.Arland nous tout la paix, foutez-nous
lA
allSsi.- Je compte bien rappeler Arland
A
l'ordre, dit Amadis. - Nous taisons notre bol1l.ot •••On va vous cassez la gueule ••• On n'a jamais dllle taire. Vous puez le parfum. Vous êtes une sale tante et un em- '
merdeur •
••• I l me casse avec ses phrases. Si je l'écoute ••• il va m'entourlouper •••
••• Si on vous laisse aller c'est sOr qu'on sera refait •••
(94)
Cette étude de l'utilisation par Vian du vocabulaire poplllaire et argo-tique rév~le que celui-ci ne s'est pas ,proposé d'en tirer une langue spé-cifique et personnelle. On a plat8t l'impression que son désir était d'en puiser les traits dominants, que ce soit dans le vocabulaire ou dans les pro-cédés de syntaxe, en exigeant d'eux qu'un peu de leur couleur.
Le caract~re-pittoresque de l'argot est un moyen de plus pour dépayser le lecteur et le soustraire au quotidien. De mSme, la forme et la portée du vocablllaire argotique lui sont apparues propres
A
provo-quer, du tait même qu'elles s'écartent de la norme.
Le langage de l'argotier convient
A
notre auteur en ce sens qu'il lui permet"d'oser contredire en ses points sensibles une société que l'homme ordinaire ne sait, ne peut ou n'ose juger ••• "
(94)
Vian BoriS, L'A.atomne1
Pékin. op. cit ... p.90,
207, lJJ7o
UTILISa.TION D'UN VOCABÙIAIRE ETRANGm:
Outre la présence d'un vocabulaire familier ou argotique,., dans les romans de Vian, on remarque également que ceux-ci sont parsemés d'emprunts
l.
différentes langues étrang~es. ~out au long de s on oeuvre, notre alltellr s'amusel.
agrémenter son lexique d'idiomes ou de syntagmes plus ou moins figés, tirés de vocabulaires étrangers. Des emprunts qu'il faitA la langue anglaise i l faut préciser l' Iltilisation d'un lexique
introduit sans charge arfective, ironique ou satirique particllli~re.Ainsi les vocables:
"pick up" (109) "liVing room" (llD) "nurse" (111) IIscootertt Il surprise party" (ll2) IIblues" •••
Ces termes, d'une part s'apparentent
A un vocablllaire communément
em-ployé dans le cadre d'un français américanisé. D'autre part, la présence de certaines expressions traduisant cette fois-ci une note satirique, une ironie de la formule, est étroitement liée A une satire du caract~re et du comportement arfectif, exubéran~, insouciant, propre au continent améri-cain."un morceall trop
hot"
(113) "un home douillet" (114) IIloveless love"(U5)
IIcomme tll es smart ••• u~ll6)
(109) Vian Boris, L'Ecume des jours, op. cit ... p. 25
(no) Vian Boris, L'Arrache-Coeur, op. cit ... p. 13 (lU) Vian Boris, L'Herbe Rouge, op. cit ... p. 17
(112) Vian Boris, Vercogai.n et le Plaooton, op. cit ... p. 18 fit lJ?fl
(113) Vian Boris, L'Ecttne des jours. op. cit ... p.
13
(ll4) Vian Boris, Vercognin et le Plancton, op. cit ••• p. 179 (115) Vian Boris, L'Ecume des Jours, op. cit ... p. 13
I l arrive que cette ironie s'attaque
à
la grammaire anglaise IIAde1phin's Dunoeud" (117)"troizoc1oquesll (118)
"un Monkey's Gland au poivre" (119)
laune genlline'robell (120)
28.
L'utilisation quelque peu "ironique" de quelques autres syntagmes, figés sont également
à
souligner;en italien:
lIi1 fallait donc attaquer, et presto ••• ", (121) en espagnol:
IIIls entr~ent dans le baen retiro ••• II, (122)'
en latin:
IIZizanie se dirigea vers le hangar ad hoc ••• 11 (123)
Iœ piré des vocables étrangers, notTe auteur va parfois jusqu'à s'in-venter un terme conforme au lexique de ce pays.
Ainsi i l crée "vomitariumn•
(l.24)
Ce sLmple mot, désormais considéré par Vian comme étant un emprunt au vocabulaire latin, se rév~le pour le lecteur &tre riche en "connotation". Spontanément, il rappelle les moeurs et les festins passés du peuple
ro-main. Le bllt de l'allteur en ayant recours à ces emprunts rejoint celui qui lui faisait Iltiliser un vocablllaire familier et argotique: les
em-prunts sont pour ,Vian un autre moyen d'agrémenter son vocabulaire, et do-larer sa langue ,et de ce fait, dépayser et surprendre son lecteur.
(U7) Vian Borie,_ Trouble dans
leS
Andains.' op. cit ••• p.62
(U8) Vian Baris, L"Ari'âcl];:ëoeur, op. cit... p.84-(U9) Vian Beria, Vercognin et le Plancton.,
op.
cit ... p. 1'/2 (120) Vian Baris, LiArrache-Coear, op. cit ... p.62
(121) Vian Baris, Vercogu:f.n et le Plancton, op. cit ... p. 130 (122) Vian Boris, Vercoguin et le Plancton, op. cit ... p. 52 (123) Vian Beria, Vercoguin et le Placcton, op. cit ... p. 1:2
()
UTILISATION D' UN VOOA.BUIA.lRE TECHNr~ UE:
Le vocabulaire technique dans les romans de Vian mérite également d'être sOllligné.
A l'opposé du refus obstiné d'utiliser les mots dotés d'un caractère et d'un sens bien spécifique, et parall~lement de son désir d'employer des termes vagues et de possibilités multiples, les
romans
de Vian présentent simultanément une série de vocables dont la termine-logie est directement issue du vocabulaire spécialisé.
Ainsi, dans "L'Automne
à
Pékinl', l'archéologue Athan.e.gore utilise des termes aussi techniques que Ilastrolabeu , (125) un instrument d'archéOlogie bien défini; ou que ltphotophoreU, (125) c'est-à-dire, "tout porteur d'une source llllllineuse ••• 'lDe mg me le professalr Hangemanche dans ce même roman, se sert pour construire ses mod~les réduits d'avion d'une l'turbine" ou d'un "émulse~. (125)
Et enfin dans Il L'A.rrache-CoeurlA, le cl;lat que tente de
psychanalyser Jacquemort, personnage central de ce ro:nan, subit effecti-vement l'effet causé par la "Valériane't, (m) cette herbe qui provoque t::hez les chats une certaine ivresse.
L'auteur nous met alors en présence d'u.'l vocabulaire
pré-cis et tirant essentiellement son sens de ce qui est décrit.
Certains parmi ces tertles nous paraissent même "recherchéalt :
ainsi ces
Upetits bouts de balsa et d' hickori', (127)
identifiés COO!Ile étant une qus.lité de bois spécial importé d'A:nérique du Sud et très recQT!!8ndé dans la construction des avions.
(12;) Vian 3oris, L'Automne
à
Pékin, op. cit ... p. 121(l26) Vian !3ori-B, tlA----re.che-Coeur, op. cit ... p. JJ:I1
.~.
.30.
Or nous savons quel intérêt le professeur Mangemanche dans tl;L'Automne
A
Pékin" apporteA
sa création de mod~le6 réduits d'avion.Ces variantes du lexique utilisé par Vian, bien qu'elles
n'ap~aissent plus sous un caracthe flou et vague, n'en concerventpas moins leur pittoresque et leur attrait. Une fois de plus l'auteur par-vient
A
surprendre en créant une certaine ambiguité entre luiet
son lec-teur. Immédiatement, l'auteur· profite de ce dépaysement que volonta:1rement i l vient de provoquer pour s'inventer de nouveaUX mots.A travers plusieurs termes techniques et spécialisés peu familiers au lecteur, Vian en profite pour insérer des mots, dont i l
ma-difie soit la farme, soit le sens. Ainsi cette énumération d'oiseaux:
"la pie, la rranfremouche, le c~llebotis ••• ", (128)
or .un caillebotis n'est absolument pas un oiseau mais une herbe ••• l-lSme procédé utilisé dans l'expression
~un vent frais dichneumon et d'iode ••• ", (129) on nous constat ons que la défini ti on Il d' ichneumon 11 s oilligne q Il' i l s'agit de
11 larves quis ort ent d'une chenille ••• "
Une grande partie de ces termes techniqlles et spécialisés sont l'objet pour notre auteur de créations d'images discordantielles;
Il Une bouche en shincter de galline •••
",(130)
Oll d'associations de mots tout
à
fait aberrants tel:(131) afaire Ilne ligature ail catgut
A
la mécanique d'une auto ••• "Comme nous le verrons dallS la suite de cette analyse, ce genre de vocabu-laire devient pour notre aateur un moyen de créer dll fantastique, dll iiler-veillerœ
et
de la fantaisie.(128) Vian Boris, ~~œme A PéJd.n, op. cit ... p. 95