Rédactriceenchef:CatherineTAUVERON
Secrétaire derédaction:GilbertDUCANCEL
Directeurdepublication:Anne-MariePERRIN-NAFFAKH, directricedel'INRP
COMITÉ
DE
RÉDACTION
JacquesCOLOMB, Département Didactiquesdesdisciplines, INRP Michel DABENE, UniversitéStendhal,Grenoble
IsabelleDELCAMBRE,UniversitéCharles deGaulle,Lille GilbertDUCANCEL,IUFMdePicardie,Centred'Amiens ClaudineGARCIA-DEBANC,IUFMdeToulouse
Marie-MadeleinedeGAULMYN,Université Louis Lumière, LyonII
FrancisGROSSMANN,Université Stendhal, Grenoble Danièle MANESSE,UniversitéParisV
Maryvonne MASSELOT, UniversitédeFranche-Comté
AlainNICAISE, Inspection départementaledel'E.N.d'AmiensI
SylviePLANE, INRP, Didactiquedu français Yves REUTER,UniversitéCharles deGaulle,Lille HélèneROMIAN(rédactriceenchefde1971 à1993)
CatherineTAUVERON, INRP, ÉquipesFrançais École
JacquesTREIGNIER,Inspection départementaledel'E.N.deBarentin,76
GilbertTURCO,IUFMde Rennes
COMITÉ
DE
LECTURE
SuzanneALLAIRE, Universitéde Rennes
AlainBOUCHEZ, Inspectiongénérale de laFormationdesMaitres Jean-PaulBRONCKART,UniversitédeGenève
MichelBROSSARD,UniversitédeBordeaux
II
Jean-Louis CHISS, ENS deFontenay-Saint-Cloud
JacquesDAVID,IUFMdeVersailles,CentredeCergy-Pontoise RégineDELAMOTTE-LEGRAND,UniversitédeHauteNormandie FrancetteDELAGE, Inspection départementaledel'E.N.deRezé
SimoneDELESALLE,UniversitéParisVIII ClaudineFABRE,IUFMdeGrenoble
JacquesFIJALKOW,UniversitédeToulouse-LeMirail
Michel FRANCARD,Faculté dePhilosophieetLettres,Louvain-la-Neuve Frédéric FRANCOIS,UniversitéParisV
GuislaineHAAS, UniversitédeDijon
Jean-Pierre JAFFRÉ, CNRS
DominiqueLAFONTAINE,UniversitédeLiège RosineLARTIGUE,IUFMdeCréteil, CentredeMelun BernadetteMOUVET,UniversitédeLiège
ElizabethNONNON,UniversitédeLille
Marie-Claude PENLOUP,UniversitédeHaute-Normandie Micheline PROUILHAC,IUFMdeLimoges
BernardSCHNEUWLY,UniversitédeGenève Françoise SUBLET,UniversitédeToulouseLe
Mirail
JacquesWEISS,IRDP deNeuchâtel
Rédaction INRP-DépartementDidactiquesdesdisciplines Rédactriceenchef:CatherineTAUVERON
Secrétaire derédaction:GilbertDUCANCEL
Directeurdepublication:Anne-MariePERRIN-NAFFAKH, directricedel'INRP
COMITÉ
DE
RÉDACTION
JacquesCOLOMB, Département Didactiquesdesdisciplines, INRP Michel DABENE, UniversitéStendhal,Grenoble
IsabelleDELCAMBRE,UniversitéCharles deGaulle,Lille GilbertDUCANCEL,IUFMdePicardie,Centred'Amiens ClaudineGARCIA-DEBANC,IUFMdeToulouse
Marie-MadeleinedeGAULMYN,Université Louis Lumière, LyonII
FrancisGROSSMANN,Université Stendhal, Grenoble Danièle MANESSE,UniversitéParisV
Maryvonne MASSELOT, UniversitédeFranche-Comté
AlainNICAISE, Inspection départementaledel'E.N.d'AmiensI
SylviePLANE, INRP, Didactiquedu français Yves REUTER,UniversitéCharles deGaulle,Lille HélèneROMIAN(rédactriceenchefde1971 à1993)
CatherineTAUVERON, INRP, ÉquipesFrançais École
JacquesTREIGNIER,Inspection départementaledel'E.N.deBarentin,76
GilbertTURCO,IUFMde Rennes
COMITÉ
DE
LECTURE
SuzanneALLAIRE, Universitéde Rennes
AlainBOUCHEZ, Inspectiongénérale de laFormationdesMaitres Jean-PaulBRONCKART,UniversitédeGenève
MichelBROSSARD,UniversitédeBordeaux
II
Jean-Louis CHISS, ENS deFontenay-Saint-Cloud
JacquesDAVID,IUFMdeVersailles,CentredeCergy-Pontoise RégineDELAMOTTE-LEGRAND,UniversitédeHauteNormandie FrancetteDELAGE, Inspection départementaledel'E.N.deRezé
SimoneDELESALLE,UniversitéParisVIII ClaudineFABRE,IUFMdeGrenoble
JacquesFIJALKOW,UniversitédeToulouse-LeMirail
Michel FRANCARD,Faculté dePhilosophieetLettres,Louvain-la-Neuve Frédéric FRANCOIS,UniversitéParisV
GuislaineHAAS, UniversitédeDijon
Jean-Pierre JAFFRÉ, CNRS
DominiqueLAFONTAINE,UniversitédeLiège RosineLARTIGUE,IUFMdeCréteil, CentredeMelun BernadetteMOUVET,UniversitédeLiège
ElizabethNONNON,UniversitédeLille
Marie-Claude PENLOUP,UniversitédeHaute-Normandie Micheline PROUILHAC,IUFMdeLimoges
BernardSCHNEUWLY,UniversitédeGenève Françoise SUBLET,UniversitédeToulouseLe
Mirail
JacquesWEISS,IRDP deNeuchâtel
LES
PRATIQUES
EXTRASCOLAIRES
DE
LECTURE
ET
D'ÉCRITURE
DES
ÉLÈVES
Sommaire
Présentation
Yves REUTER, UniversitédeLille3etMarie-ClaudePENLOUP,
UniversitédeRouen 3
La«priseencompte»des pratiques extrascolairesdelecture et
d'écriture
:problèmes et enjeux
Yves REUTER, UniversitédeLille3 9
Pratiquesd'écriture
Écriture etréécriture extrascolaires:aspectslinguistiqueset
cognitifs
JacquesDAVID, IUFMde Versailles etUniversitéParis5 : 33 Lejournal intime:unmatériaupouraccéderàl'élève-sujet
Marie-FrançoiseCHANFRAULT-DUCHET,IUFMd'Orléans-Tours
etUniversitédeTours 55
Dequelquespropriétésd'unepratique delectureextrascolaire:
lecourrier des lecteurs du journal Astrapi
Marie-ClaudePENLOUP,Universitéde Rouen 75
Del'écoleaulycée:liensou rupturesentrelespratiquesextrascolaires
etlespratiques scolairesd'écriture?
ChristineBARRE-DEMINIAC, IUFMdeGrenobleetUniversité de Grenoble3 93
Pratiquesdelecture
Desbrouillons delecture ;«J'efface tout et je recommence»
RégineDELAMOTTE-LEGRAND, UniversitédeRouen 111
Pratiquesnarratives:quelleplacepour l'extrascolaire?
FrancisGROSSMANN,UniversitédeGrenoble3 131
Unearticulation entre scolaire et extrascolaire?
Idéologieethistoired'une pratique scolaire Letexte libre danslapédagogieFreinet
Alain VERGNIOUX, Université deCaen 151
Notesdelecture
DanièleMANESSE 169
Summaries
Marie-ChristineBLACHEREandGilbertDUCANCEL 175
LES
PRATIQUES
EXTRASCOLAIRES
DE
LECTURE
ET
D'ÉCRITURE
DES
ÉLÈVES
Sommaire
Présentation
Yves REUTER, UniversitédeLille3etMarie-ClaudePENLOUP,
UniversitédeRouen 3
La«priseencompte»des pratiques extrascolairesdelecture et
d'écriture
:problèmes et enjeux
Yves REUTER, UniversitédeLille3 9
Pratiquesd'écriture
Écriture etréécriture extrascolaires:aspectslinguistiqueset
cognitifs
JacquesDAVID, IUFMde Versailles etUniversitéParis5 : 33 Lejournal intime:unmatériaupouraccéderàl'élève-sujet
Marie-FrançoiseCHANFRAULT-DUCHET,IUFMd'Orléans-Tours
etUniversitédeTours 55
Dequelquespropriétésd'unepratique delectureextrascolaire:
lecourrier des lecteurs du journal Astrapi
Marie-ClaudePENLOUP,Universitéde Rouen 75
Del'écoleaulycée:liensou rupturesentrelespratiquesextrascolaires
etlespratiques scolairesd'écriture?
ChristineBARRE-DEMINIAC, IUFMdeGrenobleetUniversité de Grenoble3 93
Pratiquesdelecture
Desbrouillons delecture ;«J'efface tout et je recommence»
RégineDELAMOTTE-LEGRAND, UniversitédeRouen 111
Pratiquesnarratives:quelleplacepour l'extrascolaire?
FrancisGROSSMANN,UniversitédeGrenoble3 131
Unearticulation entre scolaire et extrascolaire?
Idéologieethistoired'une pratique scolaire Letexte libre danslapédagogieFreinet
Alain VERGNIOUX, Université deCaen 151
Notesdelecture
DanièleMANESSE 169
Summaries
Utilisation
del'orthographe rectifiée
Après plusieurs dizaines d'autres revues francophones, REPÈRES
applique dorénavant les «Rectifications de l'orthographe» proposées en 1990 par le Conseil supérieur de la langue française, enregistrées et recommandées par l'Académie française dans sa dernière édition. Les nouvelles graphiessont d'ores etdéjà, pour plusde la moitiéd'entre elles,
prises en compte dans les dictionnaires courants. Parmi celles qui apparaissent le plus fréquemment dans les articles de notre revue: maitre, accroître, connaître,entraîner,événement,...
Utilisation
del'orthographe rectifiée
Après plusieurs dizaines d'autres revues francophones, REPÈRES
applique dorénavant les «Rectifications de l'orthographe» proposées en 1990 par le Conseil supérieur de la langue française, enregistrées et recommandées par l'Académie française dans sa dernière édition. Les nouvelles graphiessont d'ores etdéjà, pour plusde la moitiéd'entre elles,
prises en compte dans les dictionnaires courants. Parmi celles qui apparaissent le plus fréquemment dans les articles de notre revue: maitre, accroître, connaître,entraîner,événement,...
Yves REUTER,Universitéde Lille3
Marie-Claude
PENLOUP, Universitéde RouenDepuis quelques années, les études se multiplient autour des pratiques langagièresextrascolairesdesélèvesetdelanécessité deleur priseencompte didactique. Elless'inscrivent, commecelaapparait dansplusieursarticles dece numéro, à lacroiséedestravaux menésdepuis les années90 sur l'écriture au sens de processus de production, mais aussi surles usages «ordinaires» de l'écriture et dela lecture(Lidiln°3, 1990, Desécrits (extraordinaires), ainsique sur les modes d'appropriation du savoir. Elles se présentent, par ailleurs, commeuneforme de réponsepossibleà lanécessitéd'ajusterles interventions didactiquesàl'hétérogénéité desapprenants.
Dans le numéro fondateur, à ce titre, que constituait leRepères n" 15
(1997, Pratiques langagièresetenseignementdu françaisà l'école), coordonné parMichel DabèneetGilbertDucancel,ontrouveainsi revendiquéelanécessité d'élargir la réflexion didactique à laquestion des pratiques langagières des apprenants: «[...]la constructiondes savoirs nécessairesà lapriseencompte despratiques langagièresrelève,àpartentière,delarechercheendidactique. À condition d'élargir son champ au-delà de
l'étroit
triangle didactique hérité d'autresdisciplines etd'yinclurel'analysedes pratiques et desreprésentations individuelleset sociales».Dans le présent numéro, quis'inscrit pleinement dans le champ ainsi ouvert, nous avons cherché àcollecter des analyses de pratiques de lecture-écritureextrascolairesetplusencoreàinterrogerleseffets d'évidence de ce qui ne gagnerait pas àtourner au slogan, en problématisant la notion elle-même ainsiquecelle de sonstatut danslechampdidactique. Lesdifférentes contribu¬ tions fontsurgir, onvalevoir,desmodesd'approche très diversifiés dela ques¬ tion etcontribuent à un débat nécessairesur les modalités et l'intérêt d'une prise en compte de pratiques langagières extrascolaires. Nous présenterons d'abord brièvement lathématiquegénéraledechacuned'entre ellespour nous intéresserensuiteàlamanièredontyestappréhendéelaproblématique de l'ex-trascolaire, afin d'y repérer des effets d'écho ou au contraire des dissonances construisantlanécessitéderecherchesetdedébats complémentaires.
1. PRÉSENTATION DESCONTRIBUTIONS
1.1.
Article de cadrage
Le numéro s'ouvre sur l'articledecadrage que proposeYves Reuter, tout entierconsacréà uneproblématisation des notions. Onytrouvemis enexergue lesdiverséléments d'undébat sur l'intérêtou non d'une priseen compte (dont les modalités possibles sont ici spécifiées) des pratiques extrascolaires. La
Yves REUTER,Universitéde Lille3
Marie-Claude
PENLOUP, Universitéde RouenDepuis quelques années, les études se multiplient autour des pratiques langagièresextrascolairesdesélèvesetdelanécessité deleur priseencompte didactique. Elless'inscrivent, commecelaapparait dansplusieursarticles dece numéro, à lacroiséedestravaux menésdepuis les années90 sur l'écriture au sens de processus de production, mais aussi surles usages «ordinaires» de l'écriture et dela lecture(Lidiln°3, 1990, Desécrits (extraordinaires), ainsique sur les modes d'appropriation du savoir. Elles se présentent, par ailleurs, commeuneforme de réponsepossibleà lanécessitéd'ajusterles interventions didactiquesàl'hétérogénéité desapprenants.
Dans le numéro fondateur, à ce titre, que constituait leRepères n" 15
(1997, Pratiques langagièresetenseignementdu françaisà l'école), coordonné parMichel DabèneetGilbertDucancel,ontrouveainsi revendiquéelanécessité d'élargir la réflexion didactique à laquestion des pratiques langagières des apprenants: «[...]la constructiondes savoirs nécessairesà lapriseencompte despratiques langagièresrelève,àpartentière,delarechercheendidactique. À condition d'élargir son champ au-delà de
l'étroit
triangle didactique hérité d'autresdisciplines etd'yinclurel'analysedes pratiques et desreprésentations individuelleset sociales».Dans le présent numéro, quis'inscrit pleinement dans le champ ainsi ouvert, nous avons cherché àcollecter des analyses de pratiques de lecture-écritureextrascolairesetplusencoreàinterrogerleseffets d'évidence de ce qui ne gagnerait pas àtourner au slogan, en problématisant la notion elle-même ainsiquecelle de sonstatut danslechampdidactique. Lesdifférentes contribu¬ tions fontsurgir, onvalevoir,desmodesd'approche très diversifiés dela ques¬ tion etcontribuent à un débat nécessairesur les modalités et l'intérêt d'une prise en compte de pratiques langagières extrascolaires. Nous présenterons d'abord brièvement lathématiquegénéraledechacuned'entre ellespour nous intéresserensuiteàlamanièredontyestappréhendéelaproblématique de l'ex-trascolaire, afin d'y repérer des effets d'écho ou au contraire des dissonances construisantlanécessitéderecherchesetdedébats complémentaires.
1. PRÉSENTATION DESCONTRIBUTIONS
1.1.
Article de cadrage
Le numéro s'ouvre sur l'articledecadrage que proposeYves Reuter, tout entierconsacréà uneproblématisation des notions. Onytrouvemis enexergue lesdiverséléments d'undébat sur l'intérêtou non d'une priseen compte (dont les modalités possibles sont ici spécifiées) des pratiques extrascolaires. La
notion mêmede «pratiques»y est interrogée, puisuneproposition de définition enestfaite quien soulignel'intérêtetlecaractère potentiellement heuristiquesi
on l'applique au champ scolaire. Elle peut, en effet, contribuer à éclairerd'un jour différent la réflexion sur la sélection des contenus, des objectifs et des moyensd'action.
1.2.
Pratiques d'écriture
Si l'intitulé«pratiques d'écriture-lecture» s'inscrit bien dans laperspective d'une interaction écriture-lecture qu'on trouve parfois développée ou affirmée dans les contributions, on peut cependantclasser cesdernières selon qu'elles s'intéressent prioritairementàl'écritureou àla lecture.C'estsur ce critèrequ'on trouvera rassemblées, après l'articledecadrage, quatre contributions sur des pratiquesd'écriture.
Jacques David s'intéresse à unecentaine detextes d'élèvesd'une classe «unique» decycle3 d'écoleprimaire, surlesquels il mènel'étude conjointedes
variantes de réécriture et des explications métagraphiques fournies par leur auteur. L'analyse montre uneconvergencecertaine entre lesécrits scolaires et extrascolairessur lesplans observés(orthographe, procédures de réécriture et de miseen texte) et vient bousculerlareprésentation de pratiques langagières extrascolaires moins «surveillées»que lespratiques scolaires.
C'est sur lejournal intime que porte la contribution de Marie-Françoise Chanfrault-Duchet. À partir del'analysedequatrejournauxd'adolescents initiés parfois dans l'enfance, elle contribue à rectifier les idées reçues sur ce genre textuel marqué - aussi bien dans ses formes que dans ses contenus- de manièretrès prégnante, ces dernières années, par lemonde scolaire. IIconsti¬
tue, àcetitre, unmatériauprécieuxetoriginal pouraccéderàceluiquiest défini comme «élève-sujet» et pour dégagerles éléments d'un rapport aux savoirs scolairesquelejournal exhibe etconfiguretout ensemble.
Dans sacontribution, Marie-claude Penloup fait portersaréflexion surles règles qui régissent une pratique d'écriture extrascolaire, en l'occurrence le courrierqu'entretiennent avecleur journal lesjeuneslecteurs del'hebdomadaire Astrapi. Hors cadre scolaire, hors normes scolaireset hors incitationparentale, cet espaced'écriture, qu'on auraitpu imaginer, parcontraste, libreetspontané, se révèle au contraire fortement induitet encadré par des normes aussi pré-gnantes quelesnormes scolaires. L'analysede ce courrier donne donc matière à réflexion sur les modes d'apprentissage de l'écriture et l'existence d'une «pédagogie» extrascolaireenmêmetempsqu'elle inviteàprendrelamesurede l'effervescenced'unepratiqueetdes savoirsqu'ellerévèle.
Christine Barré de Miniac centreson propos sur la question de la rupture ou dela continuité entre l'écriturescolaireet l'écriture non scolaire. Àpartirde discours tenus, àtrois niveauxscolairesdifférents, surdes pratiques extrasco¬ laires et, encontrepoint, surlespratiquesscolairesetleurexigence,ellemontre,
toutd'abord, que ce problème n'estpasamené detoutes pièces parlesdidacti¬ ciens maisestconstruit parlesélèveseux-mêmestoutaulongdeleurscolarité. notion mêmede «pratiques»y est interrogée, puisuneproposition de définition enestfaite quien soulignel'intérêtetlecaractère potentiellement heuristiquesi
on l'applique au champ scolaire. Elle peut, en effet, contribuer à éclairerd'un jour différent la réflexion sur la sélection des contenus, des objectifs et des moyensd'action.
1.2.
Pratiques d'écriture
Si l'intitulé«pratiques d'écriture-lecture» s'inscrit bien dans laperspective d'une interaction écriture-lecture qu'on trouve parfois développée ou affirmée dans les contributions, on peut cependantclasser cesdernières selon qu'elles s'intéressent prioritairementàl'écritureou àla lecture.C'estsur ce critèrequ'on trouvera rassemblées, après l'articledecadrage, quatre contributions sur des pratiquesd'écriture.
Jacques David s'intéresse à unecentaine detextes d'élèvesd'une classe «unique» decycle3 d'écoleprimaire, surlesquels il mènel'étude conjointedes
variantes de réécriture et des explications métagraphiques fournies par leur auteur. L'analyse montre uneconvergencecertaine entre lesécrits scolaires et extrascolairessur lesplans observés(orthographe, procédures de réécriture et de miseen texte) et vient bousculerlareprésentation de pratiques langagières extrascolaires moins «surveillées»que lespratiques scolaires.
C'est sur lejournal intime que porte la contribution de Marie-Françoise Chanfrault-Duchet. À partir del'analysedequatrejournauxd'adolescents initiés parfois dans l'enfance, elle contribue à rectifier les idées reçues sur ce genre textuel marqué - aussi bien dans ses formes que dans ses contenus- de manièretrès prégnante, ces dernières années, par lemonde scolaire. IIconsti¬
tue, àcetitre, unmatériauprécieuxetoriginal pouraccéderàceluiquiest défini comme «élève-sujet» et pour dégagerles éléments d'un rapport aux savoirs scolairesquelejournal exhibe etconfiguretout ensemble.
Dans sacontribution, Marie-claude Penloup fait portersaréflexion surles règles qui régissent une pratique d'écriture extrascolaire, en l'occurrence le courrierqu'entretiennent avecleur journal lesjeuneslecteurs del'hebdomadaire Astrapi. Hors cadre scolaire, hors normes scolaireset hors incitationparentale, cet espaced'écriture, qu'on auraitpu imaginer, parcontraste, libreetspontané, se révèle au contraire fortement induitet encadré par des normes aussi pré-gnantes quelesnormes scolaires. L'analysede ce courrier donne donc matière à réflexion sur les modes d'apprentissage de l'écriture et l'existence d'une «pédagogie» extrascolaireenmêmetempsqu'elle inviteàprendrelamesurede l'effervescenced'unepratiqueetdes savoirsqu'ellerévèle.
Christine Barré de Miniac centreson propos sur la question de la rupture ou dela continuité entre l'écriturescolaireet l'écriture non scolaire. Àpartirde discours tenus, àtrois niveauxscolairesdifférents, surdes pratiques extrasco¬ laires et, encontrepoint, surlespratiquesscolairesetleurexigence,ellemontre,
toutd'abord, que ce problème n'estpasamené detoutes pièces parlesdidacti¬ ciens maisestconstruit parlesélèveseux-mêmestoutaulongdeleurscolarité.
D'où la pertinenceàexplorer cette piste. Par ailleurs, si cette question estfort bien résoluepar certainsélèves, elleestsource, pour d'autres, de malentendus et de conflits qui pèsent sur le sensdonné aux apprentissages. II appartient
doncà l'écolede «travailler», le cas échéant, ces malentendus en permettant aux élèvesd'établirdesformesdecompromisacceptables.
1.3.
Pratiques
delecture
Deuxcontributions viennentensuitequitraitent de pratiques delecture. Régine Delamotte-Legrand s'intéresseà un aspect spécifique de l'activité de lecturequ'elle désigne parletermede«brouillons de lecture»et qui désigne la manièredontunlecteur(ici de jeuneslecteurs),danslasphèreprivée,bricole, ruse, invente, pour rencontrerun livreetsel'approprier, àsa manière. Sonana¬
lyse montre, enparticulier, quelaculturedel'écrit seconstruiten mêmetemps que latechnique de l'écrit et non àsasuite. Son propos, sociolinguistique, est d'abord descriptif mais l'article traite aussi de la manière dont les données mises àjourconcernent,ou non, laréflexiondidactique.
FrancisGrossman, poursa part, montreque la compétence narrative d'un jeune enfantseconstruitàl'école,certes, maisaussi endehorsdel'école, aussi biendans lafamillequedansd'autresespaces desocialisation.II préconiseune
démarchedidactiqueconstruite sur unedynamiqued'échanges interculturelset visant à la création d'une communauté narrative intégrant les différents parte¬ naires. Danscette optique, les allers-retours entrelasphère scolaireet lasphère extrascolaire s'effectuentdansles deuxsens, ce qui n'est pasintégralement le cas de l'expérience de collaboration école-famille qu'il cite en exemple mais dontilmontreaussi leslimites.
Lenuméroseclôt surun article, celui d'Alain Vergnioux,austatut sensible¬ mentdifférent. II neporte pas, en effet, précisément, sur unepratiqueextrasco¬
lairemaissurunepratiquescolaire, l'écriture libre,tellequel'apeu àpeumise
en place Célestin Freinet au lendemain de la première guerre mondiale. Cette contribution nousa paru souhaitabledans lamesureoù l'écriture librepeut être considéréecommerelevantde l'extrascolaire parlescontenus abordésetparle mode de production qui la caractérise. Constitue-t-elle effectivement une réponseàlaquestiond'une articulationentrescolaireetextrascolaire? Permet-elle, comme l'a vouluson promoteur, defaireéclaterlesclivages entrelesdeux sphères enfaisantentrer la vie dansl'école et l'école dans lavie? L'auteurne répond pas directement à ces questions mais la présentation rigoureusement informéequ'il propose permet au lecteurde précisersa réflexion sur ce point, tout en replaçant les questionstraitées dansce numéro dans une histoire des pratiques scolaires.
2. LECTURE CROISÉE
Sans revenir sur les élémentsdeproblématique mis en exergue parYves Reuter et sur lesquelsles diversescontributions réuniesapportent un éclairage D'où la pertinenceàexplorer cette piste. Par ailleurs, si cette question estfort bien résoluepar certainsélèves, elleestsource, pour d'autres, de malentendus et de conflits qui pèsent sur le sensdonné aux apprentissages. II appartient
doncà l'écolede «travailler», le cas échéant, ces malentendus en permettant aux élèvesd'établirdesformesdecompromisacceptables.
1.3.
Pratiques
delecture
Deuxcontributions viennentensuitequitraitent de pratiques delecture. Régine Delamotte-Legrand s'intéresseà un aspect spécifique de l'activité de lecturequ'elle désigne parletermede«brouillons de lecture»et qui désigne la manièredontunlecteur(ici de jeuneslecteurs),danslasphèreprivée,bricole, ruse, invente, pour rencontrerun livreetsel'approprier, àsa manière. Sonana¬
lyse montre, enparticulier, quelaculturedel'écrit seconstruiten mêmetemps que latechnique de l'écrit et non àsasuite. Son propos, sociolinguistique, est d'abord descriptif mais l'article traite aussi de la manière dont les données mises àjourconcernent,ou non, laréflexiondidactique.
FrancisGrossman, poursa part, montreque la compétence narrative d'un jeune enfantseconstruitàl'école,certes, maisaussi endehorsdel'école, aussi biendans lafamillequedansd'autresespaces desocialisation.II préconiseune
démarchedidactiqueconstruite sur unedynamiqued'échanges interculturelset visant à la création d'une communauté narrative intégrant les différents parte¬ naires. Danscette optique, les allers-retours entrelasphère scolaireet lasphère extrascolaire s'effectuentdansles deuxsens, ce qui n'est pasintégralement le cas de l'expérience de collaboration école-famille qu'il cite en exemple mais dontilmontreaussi leslimites.
Lenuméroseclôt surun article, celui d'Alain Vergnioux,austatut sensible¬ mentdifférent. II neporte pas, en effet, précisément, sur unepratiqueextrasco¬
lairemaissurunepratiquescolaire, l'écriture libre,tellequel'apeu àpeumise
en place Célestin Freinet au lendemain de la première guerre mondiale. Cette contribution nousa paru souhaitabledans lamesureoù l'écriture librepeut être considéréecommerelevantde l'extrascolaire parlescontenus abordésetparle mode de production qui la caractérise. Constitue-t-elle effectivement une réponseàlaquestiond'une articulationentrescolaireetextrascolaire? Permet-elle, comme l'a vouluson promoteur, defaireéclaterlesclivages entrelesdeux sphères enfaisantentrer la vie dansl'école et l'école dans lavie? L'auteurne répond pas directement à ces questions mais la présentation rigoureusement informéequ'il propose permet au lecteurde précisersa réflexion sur ce point, tout en replaçant les questionstraitées dansce numéro dans une histoire des pratiques scolaires.
2. LECTURE CROISÉE
Sans revenir sur les élémentsdeproblématique mis en exergue parYves Reuter et sur lesquelsles diversescontributions réuniesapportent un éclairage
spécifique, nousobserverons soustroisangles lamanièredontelles ontappré¬ hendélaquestion despratiques de lecture-écriture extrascolairesdes élèves.
2.1. La
construction de
I'extrascolaire
Si l'on considère, tout d'abord, que ce que l'ondésigne par extrascolaire n'est nullement uniforme ou naturel, il semble pertinent, pour avancer dans sa construction, d'observer la manière dont celle-ci est effectuée dans les diffé¬ rentes contributions. On notera, dans ce numéro, trois modes de structuration de ce champ:
L'extrascolaire peut renvoyer àdes pratiques effectivement réalisées par des élèves endehors de l'école,etlechoixse porte alors sur l'observation desproduits quiensontlatraceoudesdiscours qu'elles suscitent.IIpeutaussi
être constitué de pratiques auxquelles
l'enfant
setrouve confronté dansle cadrede ce queChristine Barré deMiniacappelleune«expérience extrascolaire de l'écriture». Cespratiques «rencontrées» se subdivisent elles-mêmesendeux groupes : les pratiques observées auprès de différents acteurs du monde socialetaveclesquellesl'on se trouveencontact;les pratiquesdontonentendparleretsur lesquellesonseforgeunavis.
L'intitulé du numéro comportebien le terme d'élèves et lesouci didac¬ tique n'est jamais absent des contributions collectées. Mais on peut noter que l'observation est plus ou moinsrapprochéede l'école dans laquelle vit cetélève, en fonction des ancrages disciplinaires et de la pregnance de la perspective didactique. Ces variations de focalisation sont sans doute nécessaires pour couvrirau mieux lechamp de l'extrascolaire. Autrement dit, sans doute faut-il parfois s'intéresser à
l'enfant
pour ne revenir à l'élève que dans un second temps,ou,du moins, pourleconstruiresans nier l'enfant, cequi impliquetoutàlafoisuneouverturedesquestionstraitéesparladidactique etlasollicitationde différentschampsdisciplinaires(telslasociologie,l'ethnologie...).
L'observation des pratiques extrascolaires peut porter, enfin, tantôt sur desproduits(lesjournaux intimes,lecourrierdes lecteurs, les récits),tantôt sur desprocessus(réécriture, brouillonsdelecture).
2.2.
Quatre
grands
modes
deprise
en
compte
de
l'extrascolaire
Différentes modalités de prise en compte de l'extrascolaire au sein de l'école apparaissent dans ce numéro.Onpeutainsi endistinguer quatre:
La prise en comptede l'extrascolaire peut être sollicitée dans la seule mesureoù elle permetd'éclaireret decaractériser,parcontraste, lesformeset lesenjeuxdespratiques scolaires.Tantqueladistinction entrelesdeuxchamps restedansl'implicite,on risque des malentendus, que ChristineBarréde Miniac abien analysés,et qui nuisent essentiellementà certainsélèves.
Lespratiques extrascolaires peuvent,de façon très différente, être reliées auxpratiques scolairesetleur priseencompte êtresuggéréeàtitre de support aux apprentissages. L'extrascolaire n'est plus alors un réfèrent pour l'analyse maisestintégrédansl'espacescolaire.
spécifique, nousobserverons soustroisangles lamanièredontelles ontappré¬ hendélaquestion despratiques de lecture-écriture extrascolairesdes élèves.
2.1. La
construction de
I'extrascolaire
Si l'on considère, tout d'abord, que ce que l'ondésigne par extrascolaire n'est nullement uniforme ou naturel, il semble pertinent, pour avancer dans sa construction, d'observer la manière dont celle-ci est effectuée dans les diffé¬ rentes contributions. On notera, dans ce numéro, trois modes de structuration de ce champ:
L'extrascolaire peut renvoyer àdes pratiques effectivement réalisées par des élèves endehors de l'école,etlechoixse porte alors sur l'observation desproduits quiensontlatraceoudesdiscours qu'elles suscitent.IIpeutaussi
être constitué de pratiques auxquelles
l'enfant
setrouve confronté dansle cadrede ce queChristine Barré deMiniacappelleune«expérience extrascolaire de l'écriture». Cespratiques «rencontrées» se subdivisent elles-mêmesendeux groupes : les pratiques observées auprès de différents acteurs du monde socialetaveclesquellesl'on se trouveencontact;les pratiquesdontonentendparleretsur lesquellesonseforgeunavis.
L'intitulé du numéro comportebien le terme d'élèves et lesouci didac¬ tique n'est jamais absent des contributions collectées. Mais on peut noter que l'observation est plus ou moinsrapprochéede l'école dans laquelle vit cetélève, en fonction des ancrages disciplinaires et de la pregnance de la perspective didactique. Ces variations de focalisation sont sans doute nécessaires pour couvrirau mieux lechamp de l'extrascolaire. Autrement dit, sans doute faut-il parfois s'intéresser à
l'enfant
pour ne revenir à l'élève que dans un second temps,ou,du moins, pourleconstruiresans nier l'enfant, cequi impliquetoutàlafoisuneouverturedesquestionstraitéesparladidactique etlasollicitationde différentschampsdisciplinaires(telslasociologie,l'ethnologie...).
L'observation des pratiques extrascolaires peut porter, enfin, tantôt sur desproduits(lesjournaux intimes,lecourrierdes lecteurs, les récits),tantôt sur desprocessus(réécriture, brouillonsdelecture).
2.2.
Quatre
grands
modes
deprise
en
compte
de
l'extrascolaire
Différentes modalités de prise en compte de l'extrascolaire au sein de l'école apparaissent dans ce numéro.Onpeutainsi endistinguer quatre:
La prise en comptede l'extrascolaire peut être sollicitée dans la seule mesureoù elle permetd'éclaireret decaractériser,parcontraste, lesformeset lesenjeuxdespratiques scolaires.Tantqueladistinction entrelesdeuxchamps restedansl'implicite,on risque des malentendus, que ChristineBarréde Miniac abien analysés,et qui nuisent essentiellementà certainsélèves.
Lespratiques extrascolaires peuvent,de façon très différente, être reliées auxpratiques scolairesetleur priseencompte êtresuggéréeàtitre de support aux apprentissages. L'extrascolaire n'est plus alors un réfèrent pour l'analyse maisestintégrédansl'espacescolaire.
Si l'onadmet que l'école n'apas lemonopole de l'acculturation àl'écrit, celle-ci s'effectuant, pour partie, hors deson contrôle, il peut aussi être consi¬ déré comme relevant de sa responsabilité d'élargirson intérêt pour l'extrasco¬
laire
enimpulsant
non seulement desexercices
directement reliés
àl'apprentissage, mais, plus largement, des pratiques dont elle estime qu'elles participentàcette acculturation. Danscetteperspective,c'estl'école quisort de sesmurspour générer l'extrascolaire...
La dernièreconfiguration résulte del'association des deux points de vue précédents. On latrouve assez fortement affirmée dans les contributions de Jacques David et FrancisGrossman. IIs'agit, cette fois-ci, de penser la solida¬
rité entre les ordres scolaire et extrascolaire en tentant de «dialectiser» leurs relations,deconstruireleursinteractions...
2.3. Une
réflexion traversée par des
soucis éthiques
L'éthiqueoccupeuneplacede toutepremièreimportance dansles réflexions conduites dans ce numéro, et ce quel que soit le mode de prise en compte recommandé.
Le refusd'une scolarisation brutale de l'extrascolaire se
fait
ainsi aunom
d'une éthique
qui interdit la«confiscation»
de ce qui relève de laconstruction identitaire et qui doit rester «inaliénable», non «exploitable» (on noteraladimension idéologique dela réflexion). Le danger d'une«exploitation directe» despratiquesdesélèvesestsouligné de manière unanime, toutcomme estfortement miseencause l'idée d'une «récupération» de pratiques tradition¬ nellementexclues de l'école, commelaproductiond'un journal intime.
C'est guidés par cette réflexion d'ordre éthique que les différents auteurs s'accordent sur une attitude prudente qui vise moins à utiliser l'extrascolaire sansmédiationqu'àsouligner l'intérêt qu'il peutyavoirà portersonexistence à laconnaissance des différentspartenaires.
Leplaidoyer pourla priseen comptede l'extrascolaire intègrecepen¬ dant, lui-aussi, des arguments d'ordreéthique : souci éthiqued'une«recon¬ naissance» des élèves, d'une «réhabilitation» de pratiques ou de genres ordinairesmasqués par un imaginairescolairementconstruit»(J.David), affirma¬ tiondevaleursfortes commeledialogueenseignants-apprenantsou l'intercultu¬
relenpédagogie.
La réflexion sur l'extrascolaire invitedonc, manifestement, àdes position¬ nementsd'ordreéthiquequ'elle contribueàaffiner.
2.4. Une
invitation
àinterroger les
pratiques scolaires
Leparcours descontributionsmontreencore quelaquestion de l'extrasco¬ laire offre lemérite d'inciteren retour àquestionner la notion de pratiques sco¬ laires, soit parce qu'elles sont mises en cause dans les écrits ou les discours extrascolaires des élèves, soit parcequeleur prétention à l'universalitéou à la
Si l'onadmet que l'école n'apas lemonopole de l'acculturation àl'écrit, celle-ci s'effectuant, pour partie, hors deson contrôle, il peut aussi être consi¬ déré comme relevant de sa responsabilité d'élargirson intérêt pour l'extrasco¬
laire
enimpulsant
non seulement desexercices
directement reliés
àl'apprentissage, mais, plus largement, des pratiques dont elle estime qu'elles participentàcette acculturation. Danscetteperspective,c'estl'école quisort de sesmurspour générer l'extrascolaire...
La dernièreconfiguration résulte del'association des deux points de vue précédents. On latrouve assez fortement affirmée dans les contributions de Jacques David et FrancisGrossman. IIs'agit, cette fois-ci, de penser la solida¬
rité entre les ordres scolaire et extrascolaire en tentant de «dialectiser» leurs relations,deconstruireleursinteractions...
2.3. Une
réflexion traversée par des
soucis éthiques
L'éthiqueoccupeuneplacede toutepremièreimportance dansles réflexions conduites dans ce numéro, et ce quel que soit le mode de prise en compte recommandé.
Le refusd'une scolarisation brutale de l'extrascolaire se
fait
ainsi aunom
d'une éthique
qui interdit la«confiscation»
de ce qui relève de laconstruction identitaire et qui doit rester «inaliénable», non «exploitable» (on noteraladimension idéologique dela réflexion). Le danger d'une«exploitation directe» despratiquesdesélèvesestsouligné de manière unanime, toutcomme estfortement miseencause l'idée d'une «récupération» de pratiques tradition¬ nellementexclues de l'école, commelaproductiond'un journal intime.
C'est guidés par cette réflexion d'ordre éthique que les différents auteurs s'accordent sur une attitude prudente qui vise moins à utiliser l'extrascolaire sansmédiationqu'àsouligner l'intérêt qu'il peutyavoirà portersonexistence à laconnaissance des différentspartenaires.
Leplaidoyer pourla priseen comptede l'extrascolaire intègrecepen¬ dant, lui-aussi, des arguments d'ordreéthique : souci éthiqued'une«recon¬ naissance» des élèves, d'une «réhabilitation» de pratiques ou de genres ordinairesmasqués par un imaginairescolairementconstruit»(J.David), affirma¬ tiondevaleursfortes commeledialogueenseignants-apprenantsou l'intercultu¬
relenpédagogie.
La réflexion sur l'extrascolaire invitedonc, manifestement, àdes position¬ nementsd'ordreéthiquequ'elle contribueàaffiner.
2.4. Une
invitation
àinterroger les
pratiques scolaires
Leparcours descontributionsmontreencore quelaquestion de l'extrasco¬ laire offre lemérite d'inciteren retour àquestionner la notion de pratiques sco¬ laires, soit parce qu'elles sont mises en cause dans les écrits ou les discours extrascolaires des élèves, soit parcequeleur prétention à l'universalitéou à la
neutralité se trouve, par comparaison, interrogée, soit, enfin, parce que les formes de la «rupture» entre l'écoleet lemondequi l'entoure s'avèrent moins simplesque nombre dediscoursnelelaissent supposer.
Cenuméro ne constitue donc pas, le lecteur l'aura compris, une mise au point sur la question des relations entre pratiques extrascolaires et pratiques scolaires en matière de lecture-écriture. II prétend simplementcontribuer à la construction d'une problématique età une meilleureobjectivation de positions en présence, en n'oubliant pas non plus que l'évaluation des interventions didactiques danslesclasses demeureunchantier très largementenfriche.
neutralité se trouve, par comparaison, interrogée, soit, enfin, parce que les formes de la «rupture» entre l'écoleet lemondequi l'entoure s'avèrent moins simplesque nombre dediscoursnelelaissent supposer.
Cenuméro ne constitue donc pas, le lecteur l'aura compris, une mise au point sur la question des relations entre pratiques extrascolaires et pratiques scolaires en matière de lecture-écriture. II prétend simplementcontribuer à la construction d'une problématique età une meilleureobjectivation de positions en présence, en n'oubliant pas non plus que l'évaluation des interventions didactiques danslesclasses demeureunchantier très largementenfriche.
EXTRASCOLAIRES
DE
LECTURE
ET
D'ÉCRITURE
:PROBLÈMES ET
ENJEUX
YvesREUTER
-
UniversitéCharles-de-Gaulle
-
LilleIIIÉquipe Théodile(E.A. 1764)
Résumé :La priseencomptedespratiquesexlrascolairesde lectureeld'écriture des apprenants est dans
l'air
du temps. Nous nous proposons tout d'abord de comprendreles raisonsd'unetelleactualité en faisantappelàtrois facteurs: les mutations du public scolaire, l'évolution des conceptions de l'enseignement-apprentissage et le développementde nouveaux domaines de recherches en scienceshumaines. Dans un second temps, nous analysons les problèmes soule¬ vés par cette perspective de travail : connaissance des pratiques, principes de sélection, risques d'effets pervers... Puis nous tentons de construire ses béné¬
fices potentiels :effetsdeconnaissance etdereconnaissance,effet«passerelle» enlre cultures des élèves et culture scolaire, consUlution
d'un
espace de recherche au sein de la classe, spécification des objectifs eldes démarches... Nous concluons cetarticle en soulignant la valeur heuristique de la notion de pratiquesàpartirdestensionsenlrececoncepl ellesautres modes deformalisa¬ tiondesenseignables.La«priseencompte» despratiques extrascolaires de lectureetd'écriture
des apprenants estindéniablement dans l'air du temps. Plusieurs publications récentes dans notre domaineentémoignent(1), notamment l'ouvrage de
Marie-Claude Penloup(1999),consacréàl'écrituredescollégiens hors del'école et de sesprescriptions,qui estvenu comblerunmanque patent.
il ne convient sans doute pas d'exagérer un effet de nouveauté. Cette questiona eneffetunehistoire,attestéeaussi bien parlesdébats continuels sur l'école, accentués lors des périodes ressenties comme particulièrement cri¬ tiques, que par les Instructions officielles sur l'écriture (Chervel 1985 a et b ;
Fournier, éd.,2000...) ou lalecture(Chartieret Hebrard 1989), ou par les posi¬ tions et pratiques des mouvements pédagogiques voulant rénover l'enseigne¬ ment(voir,ici même, l'article d'AlainVergnioux).
À l'inverse, ilseraitsimplificateurdenier lesformes actuellesd'un débat qui suscite toujours autant de réactions passionnées, par exemple la
reconnais-(1) Voir, parexemple, lenuméro 15delarevue Repères(Dabène et Ducancel, éds.,
1997) et lenuméro 27deLa lettre de laDLFM (Barré de Miniac et Reuter, éds., 2000).
EXTRASCOLAIRES
DE
LECTURE
ET
D'ÉCRITURE
:PROBLÈMES ET
ENJEUX
YvesREUTER
-
UniversitéCharles-de-Gaulle
-
LilleIIIÉquipe Théodile(E.A. 1764)
Résumé :La priseencomptedespratiquesexlrascolairesde lectureeld'écriture des apprenants est dans
l'air
du temps. Nous nous proposons tout d'abord de comprendreles raisonsd'unetelleactualité en faisantappelàtrois facteurs: les mutations du public scolaire, l'évolution des conceptions de l'enseignement-apprentissage et le développementde nouveaux domaines de recherches en scienceshumaines. Dans un second temps, nous analysons les problèmes soule¬ vés par cette perspective de travail : connaissance des pratiques, principes de sélection, risques d'effets pervers... Puis nous tentons de construire ses béné¬
fices potentiels :effetsdeconnaissance etdereconnaissance,effet«passerelle» enlre cultures des élèves et culture scolaire, consUlution
d'un
espace de recherche au sein de la classe, spécification des objectifs eldes démarches... Nous concluons cetarticle en soulignant la valeur heuristique de la notion de pratiquesàpartirdestensionsenlrececoncepl ellesautres modes deformalisa¬ tiondesenseignables.La«priseencompte» despratiques extrascolaires de lectureetd'écriture
des apprenants estindéniablement dans l'air du temps. Plusieurs publications récentes dans notre domaineentémoignent(1), notamment l'ouvrage de
Marie-Claude Penloup(1999),consacréàl'écrituredescollégiens hors del'école et de sesprescriptions,qui estvenu comblerunmanque patent.
il ne convient sans doute pas d'exagérer un effet de nouveauté. Cette questiona eneffetunehistoire,attestéeaussi bien parlesdébats continuels sur l'école, accentués lors des périodes ressenties comme particulièrement cri¬ tiques, que par les Instructions officielles sur l'écriture (Chervel 1985 a et b ;
Fournier, éd.,2000...) ou lalecture(Chartieret Hebrard 1989), ou par les posi¬ tions et pratiques des mouvements pédagogiques voulant rénover l'enseigne¬ ment(voir,ici même, l'article d'AlainVergnioux).
À l'inverse, ilseraitsimplificateurdenier lesformes actuellesd'un débat qui suscite toujours autant de réactions passionnées, par exemple la
reconnais-(1) Voir, parexemple, lenuméro 15delarevue Repères(Dabène et Ducancel, éds.,
1997) et lenuméro 27deLa lettre de laDLFM (Barré de Miniac et Reuter, éds., 2000).
sance mêmede pratiques de lectureet d'écriture,trop longtemps ettrop sou¬
vent encore ignorées(2).
J'essaieraien conséquence, danscet article, decomprendre certaines des raisonsdecette actualité(cf. 1).J'interrogerai ensuiteleslimites de cesproposi¬ tions(cf. 2)avantd'en explorerlesintérêtspotentiels(cf. 3)etdeconclure(cf. 4)
surlesdébatsque cela ouvrequantauxrecherchesendidactique.
1.
COMPRENDRE
L'ACTUALITÉ D'UN
DÉBATTrois raisons principales concourent peut-être à l'actualité évoquée : les mutationsdupublic scolaire, certaines évolutionsdans lesconceptions del'en¬
seignement
-
apprentissage, le développement de nouveaux domaines de rechercheauseindesscienceshumaines.1. 1.
Les
mutations du public scolaire
Le développement de la population scolaire (massification, diversifica¬ tion...), dans tous les ordres d'enseignement lors de ces dernières décennies, s'estaccompagné comme cela futtrèsfréquemmentlecasausein del'école du sentiment d'une crise qui se traduirait notamment par des rapports de plus en plus difficiles entre l'école (finalités, objectifs, savoirs...) et toute une frange des apprenants. Ces problèmes font l'objet d'une littérature théorique abondante, que ce soit sur le plan des analyses globales (voir par exemple Dubet et Duru-Bellat 2000) ou surcelui d'analyses centrées sur telle ou telle dimensionspécifique(voir, parexemple,plus proches denotre domaine, lestra¬
vaux del'équipe Escolcentrés surlerapportau savoir(3)). Mais,pour simplifier à l'extrême,faceàcette situation,deuxattitudes opposées s'affrontent.La pre¬
mière, laplusmédiatique, consisteàselamentersurl'état présentenévoquant unpasséidylliquedont de multiples recherches historiques ont pourtant montré le caractère illusoire. Elles'accompagne bien souvent, hors de touteinvestiga¬
tion digne de ce nom, d'une négation des savoirs et des compétences des élèves, commelerappelle Marie-Claude Penloup(1999: 14)à propos del'écri¬ ture.
«Cequifrappe,quand on commenceàs'intéresseràcette question,c'est
le silence opaque qui l'entoure, l'ignorance déterminée dans laquelle se tientl'Institution scolaire d'éventuelles pratiques extrascolaires. [...]
Lepremier[postulat] rejoint lesreprésentationsdominantes évoquées plus hautet veut,toutsimplement,que lesélèves, dansleurglobalité,n'écrivent pas. II s'articule immédiatementau second qui vient en même temps le modaliseretlerenforcer danssonorientation générale: etmêmes'ilsécri¬
vent,qu'importe, puisqu'ilnes'agiraitque d'une écriture«ordinaire »,
radi-(2) Pourlediretrès nettement, même dans laperspectived'uneprise encomptede la cultureextrascolaire desapprenants, onn'avait que très peu envisagéjusqu'à pré¬
sent quecelle-cipuisseincluredes pratiquesdelectureetd'écriture.
(3) NotammentChariot, Bautier, Rochex 1992 ; Rochex 1995 ; Bautier, Rochex 1998 ;
Bautier etFrançois,éds., 1999;Chariot 2001...
sance mêmede pratiques de lectureet d'écriture,trop longtemps ettrop sou¬
vent encore ignorées(2).
J'essaieraien conséquence, danscet article, decomprendre certaines des raisonsdecette actualité(cf. 1).J'interrogerai ensuiteleslimites de cesproposi¬ tions(cf. 2)avantd'en explorerlesintérêtspotentiels(cf. 3)etdeconclure(cf. 4)
surlesdébatsque cela ouvrequantauxrecherchesendidactique.
1.
COMPRENDRE
L'ACTUALITÉ D'UN
DÉBATTrois raisons principales concourent peut-être à l'actualité évoquée : les mutationsdupublic scolaire, certaines évolutionsdans lesconceptions del'en¬
seignement
-
apprentissage, le développement de nouveaux domaines de rechercheauseindesscienceshumaines.1. 1.
Les
mutations du public scolaire
Le développement de la population scolaire (massification, diversifica¬ tion...), dans tous les ordres d'enseignement lors de ces dernières décennies, s'estaccompagné comme cela futtrèsfréquemmentlecasausein del'école du sentiment d'une crise qui se traduirait notamment par des rapports de plus en plus difficiles entre l'école (finalités, objectifs, savoirs...) et toute une frange des apprenants. Ces problèmes font l'objet d'une littérature théorique abondante, que ce soit sur le plan des analyses globales (voir par exemple Dubet et Duru-Bellat 2000) ou surcelui d'analyses centrées sur telle ou telle dimensionspécifique(voir, parexemple,plus proches denotre domaine, lestra¬
vaux del'équipe Escolcentrés surlerapportau savoir(3)). Mais,pour simplifier à l'extrême,faceàcette situation,deuxattitudes opposées s'affrontent.La pre¬
mière, laplusmédiatique, consisteàselamentersurl'état présentenévoquant unpasséidylliquedont de multiples recherches historiques ont pourtant montré le caractère illusoire. Elles'accompagne bien souvent, hors de touteinvestiga¬
tion digne de ce nom, d'une négation des savoirs et des compétences des élèves, commelerappelle Marie-Claude Penloup(1999: 14)à propos del'écri¬ ture.
«Cequifrappe,quand on commenceàs'intéresseràcette question,c'est
le silence opaque qui l'entoure, l'ignorance déterminée dans laquelle se tientl'Institution scolaire d'éventuelles pratiques extrascolaires. [...]
Lepremier[postulat] rejoint lesreprésentationsdominantes évoquées plus hautet veut,toutsimplement,que lesélèves, dansleurglobalité,n'écrivent pas. II s'articule immédiatementau second qui vient en même temps le modaliseretlerenforcer danssonorientation générale: etmêmes'ilsécri¬
vent,qu'importe, puisqu'ilnes'agiraitque d'une écriture«ordinaire »,
radi-(2) Pourlediretrès nettement, même dans laperspectived'uneprise encomptede la cultureextrascolaire desapprenants, onn'avait que très peu envisagéjusqu'à pré¬
sent quecelle-cipuisseincluredes pratiquesdelectureetd'écriture.
(3) NotammentChariot, Bautier, Rochex 1992 ; Rochex 1995 ; Bautier, Rochex 1998 ;
calement éloignée du « littéraire », de l'écriture d'«imagination » qu'on
enseigneàl'école.»
À l'inverse, les partisans de l'autre attitude soutiennent que, si l'on ne se résignenià lastigmatisationdesélèves, nià l'échec scolaire,etsil'onsou¬ haiteobtenir de meilleurs résultatsdansl'apprentissage, onsetrouve dans l'obligationd'accepterlesapprenantstelsqu'ils arriventà l'école, depréci¬ ser les dysfonctionnements évoqués et de construire des formes d'inter¬ ventionsusceptiblesd'y remédier. Unedesvoiespossiblesconsiste alorsà mieuxconnaitrelesélèves, étranges étrangersauseindes mursdel'école.
1.2.
L'évolution
desconceptions
de
l'enseignement-apprentissage
Cette voiede recherche se trouveconfortée par des déplacements impor¬ tants dans les conceptions de l'enseignement
-
apprentissage. Celles qui ten¬ dent às'imposer,au moinssymboliquement, dansleschamps del'éducation et de ladidactique, reposent au risquedelessimplifieràl'extrême surcinq postulats complémentaires:l'élève estau
cur
de l'école et au centrede la relation pédagogico-didactique;-
iln'estni unsujet «vide»(tabularasa sansreprésentations, savoirs oucompétences...) ni un sujet purement «négatif» (sommed'erreurs et
depratiques désastreuses...) ;
-
l'apprentissage est fondamental (i.e. il est l'enjeu des activités sco¬ laireset, àcetitre, l'enseignement estàsonservice);ils'effectueenarticulantdespratiquesetdessavoirsnouveauxàceux desapprenants(i.e. l'apprentissages'effectue toujoursenrelationàce quiconstitue etstructurelessujets);
-
l'enseignementdoit donc prendre en compte les élèves (leurs repré¬ sentations, leurssavoirs, leurspratiques...) pourtenterd'optimiserles apprentissages.Conséquemment, danscette perspective, il nes'agit plus de nierou d'éra¬ diquer ce qui constitue les sujets
-
apprenants mais de le(re)connaitre pour s'appuyer dessus. C'est d'ailleurs l'idée fondatrice de l'ouvrage de Marie-Claude Penloupqui seconclutainsi (1999: 198):«Reste, et c'est là ledernier point à souligner, que lapriseen compte de l'écriture extrascolairene saurait se mettreen placesans un retournement de la perspective la plus courante sur l'apprenant. II s'agit, en effet, de prendreappui surceque fait etsait un élèvepour construireunesituation d'apprentissage,d'utilisersonexpertised'enseignant pourpointerles réus¬ sites ou lesébauchesde réussited'un apprenant,et non sesseulséchecs.
II s'agit, tout bonnement, de prendre au sérieux la formuletrop souvent réduiteà un sloganvolontaristequi veutqu'on mette l'élèveau centre du processus d'apprentissage. Cetteposture seule peut garantir, selon nous, une prise en compte efficientede l'écritureextrascolaire et la garder de dérives.»
calement éloignée du « littéraire », de l'écriture d'«imagination » qu'on
enseigneàl'école.»
À l'inverse, les partisans de l'autre attitude soutiennent que, si l'on ne se résignenià lastigmatisationdesélèves, nià l'échec scolaire,etsil'onsou¬ haiteobtenir de meilleurs résultatsdansl'apprentissage, onsetrouve dans l'obligationd'accepterlesapprenantstelsqu'ils arriventà l'école, depréci¬ ser les dysfonctionnements évoqués et de construire des formes d'inter¬ ventionsusceptiblesd'y remédier. Unedesvoiespossiblesconsiste alorsà mieuxconnaitrelesélèves, étranges étrangersauseindes mursdel'école.
1.2.
L'évolution
desconceptions
de
l'enseignement-apprentissage
Cette voiede recherche se trouveconfortée par des déplacements impor¬ tants dans les conceptions de l'enseignement
-
apprentissage. Celles qui ten¬ dent às'imposer,au moinssymboliquement, dansleschamps del'éducation et de ladidactique, reposent au risquedelessimplifieràl'extrême surcinq postulats complémentaires:l'élève estau
cur
de l'école et au centrede la relation pédagogico-didactique;-
iln'estni unsujet «vide»(tabularasa sansreprésentations, savoirs oucompétences...) ni un sujet purement «négatif» (sommed'erreurs et
depratiques désastreuses...) ;
-
l'apprentissage est fondamental (i.e. il est l'enjeu des activités sco¬ laireset, àcetitre, l'enseignement estàsonservice);ils'effectueenarticulantdespratiquesetdessavoirsnouveauxàceux desapprenants(i.e. l'apprentissages'effectue toujoursenrelationàce quiconstitue etstructurelessujets);
-
l'enseignementdoit donc prendre en compte les élèves (leurs repré¬ sentations, leurssavoirs, leurspratiques...) pourtenterd'optimiserles apprentissages.Conséquemment, danscette perspective, il nes'agit plus de nierou d'éra¬ diquer ce qui constitue les sujets
-
apprenants mais de le(re)connaitre pour s'appuyer dessus. C'est d'ailleurs l'idée fondatrice de l'ouvrage de Marie-Claude Penloupqui seconclutainsi (1999: 198):«Reste, et c'est là ledernier point à souligner, que lapriseen compte de l'écriture extrascolairene saurait se mettreen placesans un retournement de la perspective la plus courante sur l'apprenant. II s'agit, en effet, de prendreappui surceque fait etsait un élèvepour construireunesituation d'apprentissage,d'utilisersonexpertised'enseignant pourpointerles réus¬ sites ou lesébauchesde réussited'un apprenant,et non sesseulséchecs.
II s'agit, tout bonnement, de prendre au sérieux la formuletrop souvent réduiteà un sloganvolontaristequi veutqu'on mette l'élèveau centre du processus d'apprentissage. Cetteposture seule peut garantir, selon nous, une prise en compte efficientede l'écritureextrascolaire et la garder de dérives.»
1.3. Le
développement
de
nouveaux
domaines
derecherche
Maiscette voie de recherche n'aurait pas connu untelessorsans le déve¬
loppement complémentaire de nouveaux domaines de connaissance en
sciences humaines, développementgénéré par l'émergence de questions nou¬
velles, par la légitimation de certains objets, par des modifications dans les cadres de penséeeux-mêmes...
Ainsi, etpourneprendrequequelquesexemples parmi demultiples autres possibles, il a fallu que la didactique construise des questions précises en fonction de problèmes rencontréssur le terrain scolaire quant aux pratiques extrascolaires des apprenants et àleurs relations de congruence ou non avec les pratiques enseignéesàl'école(ouenformation) etavec leurmode d'ensei¬ gnement (Bourgain 1988, 1990 ; Dabène 1987, 1990, 1991...). II a aussi été
nécessaire,enethnologie(Fabre, éd., 1993, 1997...)ou ensociologie (Chaudron et deSingly,éds., 1993; Lahire 1993b, 1995...), quelespratiquesde lectureet
d'écriture « ordinaires» deviennent des objets d'investigation légitimes, ce qui
étaitloind'êtrelecasauparavant. IIaencorefalluque, dans bien desdisciplines linguistique, histoire (voir, par exemple, Artières 1998 ou 2000 et Métayer 2000),... on franchisse un pas méthodologique important pour envisager d'analyserlalectureoul'écritureenrelationaveclecontexte devie oud'activité.
II aenfin été nécessaireque,dans l'ensembledes scienceshumaines, les inves¬
tigations concernant ces pratiques se défassent de l'ethnocentrisme lettré (GrignonetPasseron 1989), pourenvisager la lectureetl'écriture autrement que sous laforme d'une unité abstraiteet valorisée en référence à la littératureet pourles appréhender sur le modede ladiversité et du quotidien, en référence aux pratiques concrètes(4).
2. QUELQUES
PROBLÈMES
SOULEVÉS PARLA PRISE ENCOMPTE
DESPRATIQUESEXTRASCOLAIRESII n'en demeure pas moinsvrai que laproposition de prise encompte des pratiques extrascolaires des apprenants nesaurait, pasplus qu'uneautre, faire l'économie d'une réflexion surles problèmesqu'ellesoulève.Jemeconsacrerai doncàl'analyse detroisd'entreeux quimeparaissent essentiels, bien quesou¬
ventsous-estimés:laconnaissancedespratiques,leursélectionetleurintégra¬ tion danslesdémarchespédagogico-didactiques.
2.1
Comment connaître les pratiques extrascolaires
des apprenants
?Defait, dans l'espace delarecherche,cette question est loind'être simple. Comment recueillir ettraiter desdonnéesconcernantlespratiques sachantque,
(4) J'aurais pu ajouterun quatrième facteur généralementocculté pourrendre
comptedel'actualitéd'unteldébat:lascripturalisation- lecturisation del'ensemble
de lasociétéqui impose, en quelque sorte, à l'écoleet à la recherche, un change¬ ment de regard sur les apprenants et laprise en comptede nombredepratiques socialesintégrantl'écritsous de multiplesformes.
1.3. Le
développement
de
nouveaux
domaines
derecherche
Maiscette voie de recherche n'aurait pas connu untelessorsans le déve¬
loppement complémentaire de nouveaux domaines de connaissance en
sciences humaines, développementgénéré par l'émergence de questions nou¬
velles, par la légitimation de certains objets, par des modifications dans les cadres de penséeeux-mêmes...
Ainsi, etpourneprendrequequelquesexemples parmi demultiples autres possibles, il a fallu que la didactique construise des questions précises en fonction de problèmes rencontréssur le terrain scolaire quant aux pratiques extrascolaires des apprenants et àleurs relations de congruence ou non avec les pratiques enseignéesàl'école(ouenformation) etavec leurmode d'ensei¬ gnement (Bourgain 1988, 1990 ; Dabène 1987, 1990, 1991...). II a aussi été
nécessaire,enethnologie(Fabre, éd., 1993, 1997...)ou ensociologie (Chaudron et deSingly,éds., 1993; Lahire 1993b, 1995...), quelespratiquesde lectureet
d'écriture « ordinaires» deviennent des objets d'investigation légitimes, ce qui
étaitloind'êtrelecasauparavant. IIaencorefalluque, dans bien desdisciplines linguistique, histoire (voir, par exemple, Artières 1998 ou 2000 et Métayer 2000),... on franchisse un pas méthodologique important pour envisager d'analyserlalectureoul'écritureenrelationaveclecontexte devie oud'activité.
II aenfin été nécessaireque,dans l'ensembledes scienceshumaines, les inves¬
tigations concernant ces pratiques se défassent de l'ethnocentrisme lettré (GrignonetPasseron 1989), pourenvisager la lectureetl'écriture autrement que sous laforme d'une unité abstraiteet valorisée en référence à la littératureet pourles appréhender sur le modede ladiversité et du quotidien, en référence aux pratiques concrètes(4).
2. QUELQUES
PROBLÈMES
SOULEVÉS PARLA PRISE ENCOMPTE
DESPRATIQUESEXTRASCOLAIRESII n'en demeure pas moinsvrai que laproposition de prise encompte des pratiques extrascolaires des apprenants nesaurait, pasplus qu'uneautre, faire l'économie d'une réflexion surles problèmesqu'ellesoulève.Jemeconsacrerai doncàl'analyse detroisd'entreeux quimeparaissent essentiels, bien quesou¬
ventsous-estimés:laconnaissancedespratiques,leursélectionetleurintégra¬ tion danslesdémarchespédagogico-didactiques.
2.1
Comment connaître les pratiques extrascolaires
des apprenants
?Defait, dans l'espace delarecherche,cette question est loind'être simple. Comment recueillir ettraiter desdonnéesconcernantlespratiques sachantque,
(4) J'aurais pu ajouterun quatrième facteur généralementocculté pourrendre
comptedel'actualitéd'unteldébat:lascripturalisation- lecturisation del'ensemble
de lasociétéqui impose, en quelque sorte, à l'écoleet à la recherche, un change¬ ment de regard sur les apprenants et laprise en comptede nombredepratiques socialesintégrantl'écritsous de multiplesformes.
généralement, l'observationestexclue aussibien pourdesraisonsde déontolo¬ giequedefaisabilitéetquel'onen estréduit àsolliciteret àanalyserdesdécla¬ rationsavectous lesbiaisque celapeutinduire?Comment gérerlefait que ce type d'investigationsestsouventressenticommeunetentatived'intrusion (voire d'ingérence)dans lavieprivéedes enfants et desfamilles ?Comment éviter de pré-construire lesformes d'uneactivitéparlejeudu questionnement quisélec¬ tionne et met l'accent sur un aspectdu faire humain isolé de ses contextes d'exercice(5)?
Plutôt qued'allonger encore laliste des problèmesàsurmonter, jepréfère soulignerqueleurtraitementestencoreplusardu, sansdoute,pourl'enseignant confronté outresonabsencedeformation auxméthodes de recherche au manquede temps, à la multiplicitédes classes, des matières, desobjets d'en¬ seignement... Parvoiede conséquence, nombre d'expériences, même menées avec une bonne volonté et un investissement indéniables, risquentd'êtrefon¬ dées sur des bases discutables, en raison d'un recueil dedonnées peu rigou¬ reux, entaché d'une maitrise fort relative des modes de questionnement nécessaires et des effets tributaires d'une investigation au sein de sa propre classepar lemaitrelui-même.
2.2.
Comment
sélectionner
lespratiques extrascolaires
des
apprenants
?Lasélection comme laconnaissance des pratiques esttributaire de deux élémentsau moins: ladéfinition dece quel'onmetsous leterme depra¬ tiqueset lesprincipesqui fondent l'intervention didactique. En ce qui concerne la définition, unpremierconstat, assez surprenant, s'impose: lanotion depra¬
tique's)faitrarementl'objetd'unedéfinitionexplicite,ycompris chezlespromo¬ teursde lapriseencompte des pratiques extrascolaires de lectureetd'écriture.
Ni définie, ni interrogée, elletend à fonctionner sur le mode de l'évidence : ce
quelesélèveslisentouécrivent, horsdel'écoleetdesoncontrôle.
Trois principesmeparaissentorganiser lasélectiondespratiquesextrasco¬ lairesdelectureetd'écritureauseind'un vastecontinent soumis aux investiga¬ tions :lesprincipesdedominante,d'éthiqueet deprécaution.
Leprincipe de dominante, rarement soumis à l'examen critique dans l'es¬ pace pédagogico-didactique, consisteàne solliciteret à neretenir que les pra¬
tiquesauseindesquelleslalectureoul'écriture sontvécues etdésignéescomme centrales, visibles,explicites,pourlesujet: lire un livre,écrireun poème, un jour¬
nal intime... Parvoiede conséquence, sil'on n'y prendgarde, nombred'autres pratiquesrisquentd'êtreexclues : lireunenotice quandon effectueunmontage,
lireouécrirequandonjoue, quandonfaitlacuisineetc. Lechoix est certes
diffi-(5) Ainsi, unquestionnairesurle lireousurl'écrire entraine bien souvent des réponses
neportantque surlespratiquesoùcesactivitéssont ressentiescommecentrales ou dominantes(lire un roman...)audétrimentd'autres oùelles ne sont pasforcément
perçues en raison de leurmoded'intégration dans un ensembled'actions indexé autrementparlesujet(lireune recette enfaisantlacuisine...).
généralement, l'observationestexclue aussibien pourdesraisonsde déontolo¬ giequedefaisabilitéetquel'onen estréduit àsolliciteret àanalyserdesdécla¬ rationsavectous lesbiaisque celapeutinduire?Comment gérerlefait que ce type d'investigationsestsouventressenticommeunetentatived'intrusion (voire d'ingérence)dans lavieprivéedes enfants et desfamilles ?Comment éviter de pré-construire lesformes d'uneactivitéparlejeudu questionnement quisélec¬ tionne et met l'accent sur un aspectdu faire humain isolé de ses contextes d'exercice(5)?
Plutôt qued'allonger encore laliste des problèmesàsurmonter, jepréfère soulignerqueleurtraitementestencoreplusardu, sansdoute,pourl'enseignant confronté outresonabsencedeformation auxméthodes de recherche au manquede temps, à la multiplicitédes classes, des matières, desobjets d'en¬ seignement... Parvoiede conséquence, nombre d'expériences, même menées avec une bonne volonté et un investissement indéniables, risquentd'êtrefon¬ dées sur des bases discutables, en raison d'un recueil dedonnées peu rigou¬ reux, entaché d'une maitrise fort relative des modes de questionnement nécessaires et des effets tributaires d'une investigation au sein de sa propre classepar lemaitrelui-même.
2.2.
Comment
sélectionner
lespratiques extrascolaires
des
apprenants
?Lasélection comme laconnaissance des pratiques esttributaire de deux élémentsau moins: ladéfinition dece quel'onmetsous leterme depra¬ tiqueset lesprincipesqui fondent l'intervention didactique. En ce qui concerne la définition, unpremierconstat, assez surprenant, s'impose: lanotion depra¬
tique's)faitrarementl'objetd'unedéfinitionexplicite,ycompris chezlespromo¬ teursde lapriseencompte des pratiques extrascolaires de lectureetd'écriture.
Ni définie, ni interrogée, elletend à fonctionner sur le mode de l'évidence : ce
quelesélèveslisentouécrivent, horsdel'écoleetdesoncontrôle.
Trois principesmeparaissentorganiser lasélectiondespratiquesextrasco¬ lairesdelectureetd'écritureauseind'un vastecontinent soumis aux investiga¬ tions :lesprincipesdedominante,d'éthiqueet deprécaution.
Leprincipe de dominante, rarement soumis à l'examen critique dans l'es¬ pace pédagogico-didactique, consisteàne solliciteret à neretenir que les pra¬
tiquesauseindesquelleslalectureoul'écriture sontvécues etdésignéescomme centrales, visibles,explicites,pourlesujet: lire un livre,écrireun poème, un jour¬
nal intime... Parvoiede conséquence, sil'on n'y prendgarde, nombred'autres pratiquesrisquentd'êtreexclues : lireunenotice quandon effectueunmontage,
lireouécrirequandonjoue, quandonfaitlacuisineetc. Lechoix est certes
diffi-(5) Ainsi, unquestionnairesurle lireousurl'écrire entraine bien souvent des réponses
neportantque surlespratiquesoùcesactivitéssont ressentiescommecentrales ou dominantes(lire un roman...)audétrimentd'autres oùelles ne sont pasforcément
perçues en raison de leurmoded'intégration dans un ensembled'actions indexé autrementparlesujet(lireune recette enfaisantlacuisine...).