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Compte rendu de lecture - Carnino Guillaume, L'Invention de la science : la nouvelle religion de l'âge industriel, Paris, Éd. du Seuil, 2015, 336 p. pour Vingtième Siècle. Revue d'histoire 2016/2

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Submitted on 7 May 2021

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Carnino Guillaume, L’Invention de la science : la

nouvelle religion de l’âge industriel, Paris, Éd. du Seuil,

2015, 336 p.

Michel Letté

To cite this version:

Michel Letté. Carnino Guillaume, L’Invention de la science : la nouvelle religion de l’âge industriel, Paris, Éd. du Seuil, 2015, 336 p.. 2016, �10.3917/ving.130.0209�. �halshs-03220993�

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Compte rendu de lecture - Carnino Guillaume, L’Invention de la science : la nouvelle religion de l’âge industriel, Paris, Éd. du Seuil, 2015, 336 p. pour Vingtième Siècle. Revue d'histoire2016/2 (N° 130)

La science est au 20e siècle une évidence que nul ne songerait à

contester. Synonyme de progrès, on en oublierait presque les soubassements politiques et culturels de son triomphe. Le livre de Guillaume Carnino vient bien à propos resituer l’avènement de cette Science dans le long processus des luttes entre corps de doctrines rivales pour la détermination du réel. Si le mot renvoie encore au 19e siècle à un savoir en général sur toute chose, ce

n’est qu’au tournant du suivant qu’il consacre la connaissance vraie et rationnelle parce qu’expérimentale et objective. La rationalisation du monde comme le culte de la performance et de l’efficacité technique qui s’imposent au 20e siècle en sont les

preuves irréfutables. Rien n’est pourtant moins évident que ce basculement, à ce moment-là, de savoirs plus ordinaires et pluriels vers une science au singulier et universelle. La science triomphante au 20e siècle s’invente dans la seconde moitié du précédent, non parce qu’elle serait inscrite de toute éternité à l’inventaire des évidences déjà là, mais parce qu’elle est la conséquence d’un long travail de maturation, notamment du consentement à l’industrialisation, à l’organisation d’un monde désormais fait de certitudes expertes et savantes.

Dans ce livre issue d’une thèse de doctorat soutenue en 2011 à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Guillaume Carnino entreprend de reconsidérer l’écheveau des voies d’édification de la modernité de la science plutôt que celles de la science moderne. À rebours d’une histoire téléologique, il arpente les méandres de ces affrontements, notamment entre catholiques et anticléricaux, pour le contrôle culturel et politique de la société française, affrontements dans lesquels la place de ladite science n’est jamais acquise mais toujours à négocier, pour la renforcer. Mobilisant l’approche épistémologique au regard de l’histoire, il retrace la lente émergence d’une science garante de la cohérence culturelle d’un nouvel ordre rationnel. Tout en nuance, l’auteur opère la subtile et difficile synthèse de l’histoire des cultures matérielles, économiques et des idées, empruntant un spectre large d’approches et de méthodes, d’objets et de sources, tout en maintenant une solide cohérence du propos. Car l’auteur multiplie les terrains et les grilles d’interprétation, mais sans jamais perdre de vue les fondements de sa démonstration. Il entreprend par exemple d’analyser comment Galilée devient cette figure religieuse de la méthode expérimentale, l’objet

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d’enjeux socio-politiques pour la reconnaissance d’une vision du monde et d’une autre épistémologie. Divinité nouvelle, l’idéalisme scientifique est incarné par des saints auxquels est confiée la mission de baliser la voie positiviste du progrès et de l’avenir. Parmi ses champs d’investigation, l’auteur explore la diversité d’expression d’une science populaire qui finit par tracer le sillon de la vulgarisation des savoirs produits par une communauté exclusive de chercheurs. Le corollaire est une professionnalisation du métier de savant et la formation d’une science pure, toutes deux supposées constituer un socle pour l’industrialisation et consolider la République. Plusieurs études de cas présentées au cœur du livre consacrent l’industrie et l’entreprise parmi les principaux acteurs de cette alliance des pouvoirs politiques, de la science et des intérêts économiques. L’examen de ces intrications socio-culturelles et politiques convergent dans la dernière partie vers les origines de la technoscience contemporaine, résultat de ce complexe compromis historique entre forces antagonistes autour de l’idéologie du progrès par la science. On comprend dès lors mieux non seulement la part de mythologie contenue dans cette construction de la science au sein du social, mais aussi la nature des oppositions que les technosciences génèrent depuis, y compris et peut être surtout jusqu’à nos jours.

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