Auteurs : Philippe Meirieu et Marc Guiraud
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Ouvrage édité chez PLONpar M. LETOURNEAU
Un titre, un livre qui ne doivent pas laisser indifférents.Dès l'avant propos, en page 9, la cible est parfaitement identifiée: l'école. L'école, peut-on y lire, est un " engin " dont " le modèle est dépassé, usé. On a beau l'entretenir avec infiniment de soin, en conserver quelques exemplaires rutilants dans de somptueux musées, il peine à rester dans la course. ". Et, vlan !
Ce livre propose un ensemble de réflexions sur la nécessité affirmée de la" refondation de l'école". Quant au titre, il m'apparaît d'un autre âge, maladroit et provocateur. D'autre part il laisse
à
penser, qu'une catastrophe se profile et qu'il faut pour éviter" d'aller dans le mur" une manoeuvre ultra rapide et brutale. On sait ce qu'il est advenu du Titanic! Un grand paquebot dont le timonier, trop sûr de lui,a
com-mandé simultanément aux machinistes une inversion (toute ! ) des machines pour obtenir un freinage maxi-mum et un virage (toute!) pour éviter l'iceberg: Privé énergie motrice, ce fut l'accident.Pourquoi cette précipitation
?
La réflexion, impose du temps. Attention de ne pas jouer les apprentis sorciers en étant trop affirmatif, et trop pressé voire présomptueux et précipité !lume.
-le
livre·
Ce livre est en deux parties, très inégales en
vo-o
La première partie est constituée d'un ensemble de chapitres et de sous-chapitres développant une foule d'arguments que l'on accepte ou pas, afin de démontrer 1 'impériosité de la nécessaire " refondation de 1' école ". (Les titres sont visibles sur le fac-similé du sommaire dans les pages suivantes)
Quant à la seconde partie, bien que très courte, intitulée " ANNEXE " elle est très instructive (et mé-rite d'être lue avec beaucoup d'attention). En effet le sous-titre est clair dans ses intentions" RESUME DES PRINCIPALES PROPOSITIONS POUR L'ECOLE OBLIGATOIRE ". Les chapitres : " Fonctionnement des classes " ; " Les programmes " ; " Les ensei-gnants " ; " La vie des établissements " évoquent chaque wagon du train de l'Education Nationale.
Pour que vous puissiez vous faire une idée de ce qui est proposé, au long des pages 197 à 201, voici quelques idées signifiées dans cette annexe, avant que le ministère de 1 'éducation nationale ne les mette en application !
- " Scolarité obligatoire pour tous les enfants de trois à seize ans ... "
- " Apprendre aux enfants à comprendre le monde et
à
se comporter en démocrates."Fonctionnement des classes
-"Des classes délibérément hétérogènes[ ... ] se-lon le principe de l'hétérogénéité maximale."
- '' Suppression du redoublement ct de la sélec-tion pendant toute la durée de le scolarité obligatoire " - ·· Systématisation de la pédagogie différenciée avec une nouvelle gestion des emplois du temps pour rendre possible la diversification maximale des activités et des méthodes. "
Les programmes
- " Un principe : resituer les savoirs [ ... ]. Deux principes : former les enseignants
à
l'histoire età
l'épistémologie de leurs disciplines ; refondre les ma-nuels scolaires dans cette perspective."
- " Quatre grands objectifs structurent les pro-grammes:
1) objectifs linguistiques [ ... ] 2) objectifs culturels[ ... ]
3) objectifs technologiques (connaissance de
aptep-info
N°75-
Fév. 1998
l'environnement technique et économique,
informa-tique, gestion, connaissance des éléments fondateurs de
la médecine ... )."
4) objectifs de socialisation [ ... ]"
- " Réorganisation des programmes autour
d'objectifs-noyaux : de trois
àsix objectifs-noyaux par
discipline ct par année."
- '' Développement réel et massif des
enseigne-ments artistiques et sportifs."
·
- " Suppression du brevet des collèges et du
bac-calauréat. Création d'un " certificat d'école
obliga-toire." comportant des épreuves théoriques et des
·tra-vaux préparés tout au long de 1 'année. [ ... ] Ces épreuves
doivent permettre de juger les capacités d'organisation,
de planification et l'autonomie intellectuelle des
élèves."
- " Mise en place d'une concertation nationale
pour élaborer les programmes ... "
Les enseignants
- " Maintien de la gestion nationale de la
carrière des enseignants. Mais modification
radi-cale de l'organisation de cette carrière :
suppres-sion de l'inspection sous sa forme actuelle ... "
-"Le service enseignant n'est plus
seule-ment défini en termes d'heures de cours mais en
termes de cahier des charges ... "
- " Les enseignants ne sont pas
respon-sable de" faire cours", ils doivent aussi
mobili-ser toutes les ressources de 1' environnement. .. "
-"Le cours magistral n'est plus la forme
unique ou préférentielle d'enseignement ... "
- " Mise en commun des ressources ... "
hu-maines.
- " Les lycées professionnels deviennent des
".conservatoires " [ ... ]. Impossible d'y entrer avant
seize ans. Apprentissage d'un métier mais aussi de sa
culture, de son histoire et de son avenir."
- " ... mise en place d'un " conseil "
hebdoma-daire pour chaque classe en présence de tous les
ensei-gnants de la classe ... "
- " Création, dans chaque établissement, d'une
commission d'évaluation [ ... ] permettant de juger de
1 'évolution de l'établissement ... "
- " Création d'une instance permanente de
médiation-jugement au sein de l'établissement avec des
représentants des élèves, des parents, des professeurs :
elle juge des conflits et prononce éventuellemnt des
sanctions, allant de peines d'intérêt général à
l'exclu-sion."
- " Création d'une instance de médiation
dépar-Philippe Meirieu
Marc Guiraud
- " Aucun exercice, aucun devoir, aucune
composition, aucun contrôle n'est donné aux
élèves sans faire l'objet d'une préparation
métho-dologique en classe."
-"Aucune copie n'est corrigée et rendue
sans faire l'objet d'une reprise ... "
Lécole
ou
la guerre
civile
- " Les enseignants s'engagent
àfournir
"une ordonnance" en plus du diagnostic ... "
- " Crétion d'une vraie fonction de
profes-seur principal ... "
- " Création d'une fonction de doyen de
discipline ... "
La vie des établissements
- " Rattachement des écoles au collège de
tementale en appel hors de 1 'établissement, sur le mode
du tribunal des prud'hommes,
àlaquelle les élèves,
pa-rents, enseignants, administrations et collectivités
terri-toriales peuvent s'adresser."
-lnfo complémentaires •
Parait-il "Les enseignements dispensés aux
ly-céens ne correspondent plus aux attentes des
universi-tés, des grandes écoles ou des structures d'insertion
professionnelle. Ils ne permettent pas non plus
d'accé-der à une citoyenneté lucide
à18 ans ni d'acquérir
ulté-rieurement une formation ou de s'insérer
professionnel-lement dans les meilleures conditions."
Ainsi " Au vu de ce constat, le ministre de
l'Education Nationale a souhaité la tenue d'un colloque
national sur les savoirs qu'il convient aujourd'hui
d'en-seigner dans les lycées."
Ces conclusions du ministre sont rapportées
pl50 du Bulletin Officiel N°3 de Janv. 98.
Par ailleurs il est annoncé qu'officiellement ce
colloque sera lancé le 8 Janv. 98. Il sera piloté parE.
Morin, président du conseil scientifique et P. Meirieu,
président
ducomité d'organisation de la consultation
"Quels savoirs enseigner dans les lycées ? ".
Il est ensuite rapporté, dans ce B.O. des
ques-tions (et réponses)
àmonsieur P. Meirieu.
"B. O. :Quelle est la philosophie de ce colloque
national?
TABLE
Avant-propos... 9
lntrodudion : one éœle à réinventer... 11
Le grand gâchis ... 11
Une école pour la démocratie ... -... 14
Le politique et rexpert sont dans un. bateau... 15
Déficit 6conomique, déficit démocratique et déficit d'éducation... 17
Vive l'école obligatoire ! ... 19
L Ce qu'il ne faut pas oubller
avant
de réformer Fécole ... 21V école démocratique, le pire de tous les systèmes ... à l'exception de tous les autres... 22
Le renouvellement des connaissances : une accélération historique... 24
Chacun dans sa niche : aboyer plutôt que parler ... 26
Sous-développement. sur-développement : le grand écart mental... 28
n.
La situation es1 grave et presque désespérée". ou pourquoi et comment on en est arrivélà...
31Le mythe de l'école de Jules Ferry... 31
Le patriotisme plutôt que l'égalité des chances... 33
Jamais contents 1 : bonnes et mauvaises raisons de la colère contre l'école... 35
Le malaise légitime des enseignants ... 38
Une identité professionnelle menacée... 39
Toujours plus de moyens
!...
41Toujours moins d'élèves dans les classes ! ... 42
Quantité ou qualité
?...
44Des ministres sous influence ... 46
lJne étrange continuité... 48
209
P. M. : Je crois qu'il faut en revenir à ce qu'a dit
le ministre.
Lelycée a subi un nombre considérable
d'aménagements qui ont fini par se superposer et par
rendre illisibles les objectifs réels, la formation qu'il
es-saie de dispenser, et en particulier la nature de la
cul-ture générale commune qu'il convient de donner à
l'en-semble des bacheliers.
La philosophie de ce colloque est de commencer
à poser d'abord la question des savoirs avant celle des
structures, des finalités avant celle des réformes
institu-tutionnelle, des contenus avant celle des modalités
d'évaluation.
Après,
ilreviendra
àla fois aux responsables de
tirer les conséquences de cette réflexion sur les savoirs
en termes de structure, d'institution, de modification
éventuelle des procédures d'évaluation. Mais ce qui me
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ... 49
Le règne des « paroles verbales » ... 52
La mythologie scolaire au-devant de la scène... 54
La politique de (( la poire en deux » ... 55
Affaires publiques, affaires privées :l'école n'est pas un service mais une institution ! ... 57
Promouvoir tout le monde ou satisfaire chacun 1 ... 58
Retrouver une perspective fondatrice ... 60
IlL Deux choix impossibles : le retour au passé et le
libéralisme scolaire...
63
Les sirènes de la nostalgie républicaine...
63
L'instruction ne nous délivre pas de la barbarie ... ~ 65
On n'arrache pas les convictions pour installer la raison • 66 Les nostalgiques, complices de l'exclusion... 69
Danger : tentation libérale !
···m··· .. ···...
72Le mythe de l'apprentissage... 74
Des enfants-guerriers pour la jungle libérale ... 78
Inscrire de nouvelles valeurs au fronton des écoles... 81
La culture n'est pas une marchandise... 85
Dérive des continents scolaires et babélisation de la société... 88
L'école ne peut pas être une entreprise... 89
Obligation de résultats et obligation de moyens ... "... 92
IV. Pour tm aouveau contrat entre Ja société et son école : « Vive l'école obligatoire ! • ... -... 95
L Uae éœle obligatoire : pour qui cf avec qui ? ... 95
Redéfinir l'école obligatoire... 95
Le droit à la: différence: un nouveau défi pour l'école... 99
Un «enseignant-entraîneur,. dans une classe résolument hétérogène ... "···-···-··· .. ·""" 102 Faire classe sans faire cours
!...
105Les limites du droit à la différence ... _ 107 Droit à la différence et droit à la ressemblance : deux exigences complémentaires... 110
Pour une véritable frontière entre la société civile et la cité scolaire ...
m...
112La séparation des pouvoirs entre l'école et la famille... 114
Des parents professeurs d'intelligence!... 116
Des partenaires respectueux les uns des autres... 119
Des enseignants impliqués dans le fonctionnement de la cité scolaiie ... 120
Vers une séparation des pouvoirs et la mise en place d'une instance officielle d'arbitrage... 122
parait important dans l'initiative du ministre, c'est
qu'elle ne met pas la charrue avant les boeufs, ne
com-mence pas par lancer des débats techniques,
bureaucra-tiques pour savoir s'il faut une heure de plus de ceci,
une heure de plus de cela s'il faut supprimer ou pas telle
option. Elle pose d'abord la question des savoirs
com-muns que doivent acquérir tous les lycéens et des
sa-voirs spécifiques à chacune des filières qui mènent au
baccalauréat. A partir de là, si des aménagements sont
nécessaires, ils seront envisagés. Jusqu'à présent on a
trop souvent priviligié les structures au détriment de la
réflexion sur les finalités. "
La consultation sera organisée jusqu'au mois de
mars. Seront donc consultés les enseignants, les élèves,
les personnels, les établissements et leurs partenaires
ainsi que les experts scientifiques.
(Etles syndicats ?)
Après quoi, à partir des propositions émanant du
ter-rain, d'une part et du conseil scientifique d'autre part,
le colloque (de synthèse?) se tiendra fin avriL
Les propositions seront remises à 1 'occasion de
ce colloque ou dans la quinzaine suivante. La décision
finale appartiendra au ministre.
Des chiffres
-3
100 000questionnaires-élèves,
400 000ques-tionnaires-professeurs,
4 000questionnaires-établis-sements ont été expédiés. Combien d'entre-eux seront
dépouillés? Et comment? Avec quelle équité?.
Certes, on nous certifie la mise en synergie de
toutes les ressources de l'éducation nationale : CNDP,
CRDP, CDDP, IUFM, Internet, ...
2. Une école obligatoire, pour quoi faire'?... 124
Les deux objectifs indissociables de l'école obligatoire : l'acquisition d'une culture commune et la construction de la Loi ... 124
En finir avec l'apartheid scolaire : aux uns les savoirs utilitaires, aux autres la culture abstraite... 128
La motivation : une fausse question ? ... 133 ~·'
"Aide-moi à faire tout seul » ... 135
Des interdits qui autorisent... 137
La classe comme espace de sécurité... 139 ~
La construction de la Loi... 141 ~
Le sursis à la violence... 143
L'apprentissage de la démocratie... 145
Retrouver la parole... 147
On ne forme pas à la démocratie par la tyrannie... 151
Une école de la citoyenneté... 154 ~
3. Une éwle obligatoire, comment ? ... 157 ~
Une école de base unifiée... 157 fi Pas de spécialisation professionnelle sans une formation générale préalable à l'école obligatoire... 161 , i Logique de sélection et logique de formation à l'école obligatoire... 164
Les nouveaux programmes : des objectifs-noyaux... 167
Vers une pédagogie différenciée... 171
Tout a été expérimenté ... et tout reste à faire! ... 173
De la maison-fantôme à la cité scolaire... 178
Piloter le changement par le système d'évaluation ... 184
"Messieurs les Anglais, tirez les premiers J » ... 189
La chance de la démocratie et Je devoir de l'école... 192
Conclusion : Éduquer pour exister ... 195
ANNEXE : résumé des principales propositions pour << l'école obligatoire » ... 197
Bibliographie ... :... 203
Remerciements...
207• Précipitation ..•
-Face à cette précipitation, de vouloir des ré-ponses hâtives à des questions qui ont été, semble-t-il élaborées sans précipitation et avec la ferme intention d'induire la réponse attendue, on ne peut qu'être per-plexe. En effet, pêle-mêle, on y trouvait un questionne-ment organisant la confusion entre : études, citoyen-neté, culture, disciplines ...
De plus on nous fait savoir, haut ct fort, que les moyens de dépouillement sont colossaux : C'est à dire aux dimensions de notre Education Nationale. Cela, fait-il avancer le problème !
Par contre, il serait des plus intèressant, d'être informé avec précision sur " le comment " et sur la fia-bilité des analyses des réponses.
Quelles en seront les " conclusions " ? Quel ave-nir est réservé aux S. T.I. ? Ou plus simplement com-bien de temps nous reste-t-il à enseigner?
Le thème d'approche était" Quels savoirs ensei-gner en Lycées ? ". Belle ambition.
Mais alors pourquoi, tous les médias {presse, ra-dio, ... ), quasi unanimement, affiliées aux enseignants ont déversé de tels flots de points de vue pour la plupart comparables dans leurs préoccupations.
En vrac, et non exhaustif, voilà ce qu'on pouvait y trouver:
- ? Suppression du Brevet des Collèges. - ? Suppression des Baccalauréats.
- ? Généralisation de 1' accés aux diplômes par contrôles continus sans copie anonymée.
- ? Généralisation de 1' accés aux diplômes par contrôles continus et " sujets maison ".
- ? Suppression des notions de discipline au profit d'in-terdisciplinarité.
- ? Suppression des options.
- ? Transformation du professeur en un animateur.
- ?
Pluridisciplinarité des " enseignements ". - ? Annualisation du service.- ? 5 semaines de congés.
- ? Travaux divers imposés : surveillance, administra-tion, animaadministra-tion, atelier, remplacement. ..
- ? Extinction du mode de recrutement actuel des pro-fesseurs.
- ? Régionalisation de la gestion des professeurs. - ? Pouvoir (très) accru des proviseurs. A la fois : recru-teur, employeur, tuteur pédagogique ...
- ? Création de diverses commissions " de discipline " mixtes, composées d'élèves, de parents, d'administra-tifs, d'élus, et peut-être de professeurs !
- ? Destruction des filières des enseignements technolo-giques et professionnels pour les remplacer par des ".formations à la vie professionnelle ".
- ? Les formations " valorisantes ", post -bac, seront par-tagées entre l'entreprise et l'enseignement supérieur. -?Les formations de niveaux IV et V n'auraient plus de raison d'être dispensées par l'E. N.
-? ...
Et tout cela, à cause d'une question aussi banale et fondamentale que le " Quoi enseigner en Lycées ? ".
Je vous vois venir. Pourquoi ? Comment
?
Vaste problème ... Cela mérite réflexion, temps et énergie.
Conclusion
-" ••• Pas plus qu'on ne naît adulte, on n'est pas
vraiment homme avant de s'être affronté
àl'exi-gence éducative. C'est parce qu'on éduque que l'on
a quelque chance de devenir un véritable adulte ... "
Deux phrases extraites de la dernière page de la
conclusion de ce livre.
Mais au fait :
Qu'est-ce un adulte ? QUI ? QUOI
?Qu'est-ce éduquer
? POURQUOI
?COM-MENT? 0 M.L.
Je m'appelle Fraiseuse. J'ai 30 ans et j'ai été maltraitée, puis abandonnée par la Produc-tique. J'ai subi un" relookage" et un" lifting" râtés. Je désire rencontrer un bon vieux mécani-cien barbu et courageux pour refaire ma vie et vivre une nouvelle passion dans la production