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Comptes rendus 1995

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CHRONIQUES ET COMPTES RENDUS

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Outre la parution, en 1994, d'un nouveau fascicule du Mittellateinisches Wörterbuch (vol . II, 10 : coniugium-consolor), il faut signaler, cette fois pour la lexicographie du médio-latin et du néo-latin, la parution de plu-sieurs volumes intéressants, et tout d'abord celle du Firmini Verris Dic-tionarius / Dictionnaire latin-français de Firmin Le Ver. — éd. Brian

MERRILEES et William EDWARDS . Turnhout, Brepols, 1994, XXXV-543 p . (Corpus Christianorum).

Le considérable instrument lexicographique dont B . Merrilees et W . Edwards nous donnent aujourd'hui l'édition est à la fois le résultat du travail d'un seul homme, qui l'a seul conçu, réalisé et achevé en 1440, et le produit des efforts de toute une lignée de lexicographes, évoqués par l'auteur dans l'énumération de ses sources . Firmin Le Ver, ancien prieur du couvent cartusien de Saint-Honoré à Thuison près d'Abbeville, recon-naît en effet sa dette envers tous ses grands prédécesseurs : Isidore de Séville, Papias, Hugutio, Guillaume Brito, Jean de Gênes, même si l'auteur le plus mis à contribution, en l'occurrence Jean de Gênes dont le monu-mental Catholicon a fourni la base de l'ouvrage, n'est cité que 62 fois et semble à première vue éclipsé par les 1189 références explicites à Papias.

La formulation de cette énumération de sources, qui se conclut par eciam in pluribus aliislibrisgranunaticalibus repperire potui, mérite peut-être d'ailleurs qu'on s'y attarde, les lexiques étant explicitement rangés ici parmi les librigrammaticales . Le contexte grammatical se retrouve d'ail-leurs dans la composition du manuscrit (Paris BNF n .a .fr . 1120), qui con-tient outre le Dictionnaire de Firmin Le Ver de nombreux petits traités ou extraits à caractère grammatical : Donat, Ars minor (fragment non réperto-rié par Bursill-Hall dans son Census), les conjugaisons des verbes amo,

doceo, lego, audio, sum et volo, l'Art mineur, adaptation française de Donat, avec en annexe les déclinaisons du nom et du pronom, une adapta-tionfrançaise du traité Quot modis incipitur latinum (Bursill-Hall ne donne qu'un ms . pour l'original latin, celui de Paris, Mazarine lat. 3794 [578], ff. 52-69), enfin des notes grammaticales.

Le DLV constitue un maillon important dans l'histoire de la lexicogra-phie médiévale : il est le premier dictionnaire de cette ampleur à être bilin-gue, ce qui marque le glissement vers les futurs dictionnaires unilingues français, et il inaugure d'autre part un système de classement des lemmes inédit, équilibré entre l'alphabétisation pure et la dérivation étymologique, un classement en lemmes et en sous-lemmes qui permet à l'auteur de res-tructurer totalement, et dans un cadre clair, la matière puisée dans les Deri-vationes d'Hugutio et dans le Catholicon de Jean de Gênes, avec beaucoup de simplification et de tri dans les définitions et les exemples de ce der-nier . Il faut cependant rappeler que ce merveilleux instrument de travail

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est aujourd'hui dans un état de conservation parfaite, signe qu'il n'a prati-quement jamais servi . Il semble avoir toutefois permis l'élaboration du glossaire français-latin Paris BNF lat . 7684 (qui sera publié prochainement, avec le glossaire contenu dans le ms . Montpellier École de médecine H236, dans la même collection).

Le DLVbénéficie d'une présentation en colonnes extrêmement claire, les lemmes principaux étant signalés par des majuscules en couleur, et le reste de l'article se trouvant distingué par un deuxième alinéa . Les lemmes principaux suivent l'ordre alphabétique, les sous-lemmes se classent selon leur différent degré de dérivation. Le dictionnaire de Le Ver se signale en outre par une métalangue lexicographique riche et précise : marques rela-tionnelles pour introduire définitions et étymologies, marques attribution-nelles pour les informations grammaticales, sans oublier les marques de renvoi, à un autre passage du dictionnaire ou à une référence externe, et les marques d'usage qui fournissent énormément d'informations sur l'état de la langue et sur les différents niveaux de langage.

Du point de vue de la langue française et des traductions, le Diction-naire de Le Ver fait apparaître de nombreux néologismes et hapax, la lan-gue vulgaire acquérant ici le statut de lanlan-gue complémentaire du latin : les lemmes sont glosés en latin, et reçoivent en plus une interprétation et un équivalent en français.

Concernant la lexicographie du néo-latin, est à noter la parution du Lexique de la prose latine de la Renaissance, par René HOVEN (Leiden,

Brill, 1994 ; XXXII-427 p .).

Volontairement limité dans ses sources à la prose de la Renaissance, ce nouvel instrument de travail, bienvenu vu le manque de lexiques concer-nant cette période de la latinité, se présente comme un complément aux dictionnaires qui traitent le vocabulaire de la latinité antique, et plus préci-sément au plus répandu d'entre eux en domaine francophone, celui de Gaf-fot . Celui-ci constitue donc la base première sur laquelle le tri, entre ter-mes attestés et terter-mes nouveaux, acceptions anciennes et acceptions tardi-ves a été opéré, avec recours ensuite au ThLL, au Lexicon de Forcellini, et à d'autres lexiques (les 20 cas d'omissions relevés chez Gaffiot ont ainsi été corrigés par recours au ThLL et au Lexicon de Forcellini) . Le travail a d'autre part été fait à partir du dépouillement des oeuvres de 150 auteurs, de Pétrarque à Juste Lipse, ce qui permet au dictionnaire de couvrir des champs très étendus, aussi bien géographiques (toute l'Europe occidentale est représentée pour le XVI" s .), que sémantiques (le choix des textes englobe, outre les oeuvres strictement littéraires, beaucoup de traités scien-tifiques, philosophiques, théologiques, mais aussi des recueils de corres-pondance, des ouvrages scolaires, et des traductions latines de textes grecs de l'Antiquité), et de fournir 8 550 notices . Parmi celles-ci 7 100 sont des

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mots «nouveaux », c'est-à-dire non signalés par Gaffiot, et 1 400 environ apportent le témoignage de sens nouveaux.

Les notices, si elles sont faites de façon habituelle (le mot, ses variantes graphiques, ses sens, les références aux textes où il figure, son origine), apportent en outre, le cas échéant, d'autres éléments de valeur, comme les réserves des utilisateurs eux-mêmes quant à la correction du terme qu'ils emploient, les critiques émises par des spécialistes contemporains de la langue, des notes bibliographiques enfin renvoyant à des parutions récentes concernant le mot en question . Des signes conventionnels permettent aussi de repérer les cas où le mot a déjà été employé dans un sens donné, soit en latin « classique » (avant 200), « tardif » (entre 200 et 600) ou médié-val . Le lexique est complété par trois ensembles de récapitulatifs, pour les mots d'origine non-latine, les diminutifs, les mots classés selon leur tenni-naison.

Un des premiers enseignements du Lexique porte sur la survivance du latin médiéval à l'époque étudiée : R. HOVEN signale ainsi près de

1 600 mots provenant directement de la latinité médiévale, en général ter-mes de la vie courante, terter-mes techniques, juridiques, ou issus du latin chrétien ; ce sont d'ailleurs ces mots qui font l'objet des critiques mention-nées plus haut.

À l'heure où paraissait le Lexique, certains fascicules récents du Novum

Glossariurn mediae latinitatis étaient encore sous presse ou en préparation, c'est pourquoi nous croyons devoir apporter ces quelques remarques com-plémentaires :

— parsimonizo, utilisé par Pétrarque est déjà présent à la fin du Xi e s ., dans la Vie de saint Bernard de Menton (NGML fasc . Pars-passerulus, 450, 7).

— parthenius n'apparaît pas sous cette forme au Moyen Âge ; on trouve en revanche le substantif parthenia, -e rn . et f. chez Vincent Kadlubek (NGML fasc . Passibilis-pazzu, 450, 38).

— parvificentia et parvificus, sous la plume de Pétrarque, s'écartent du sens proposé par Hugutio (faire peu de cas de, mépriser) (ibid. 501, 49). — pascuarius apparaît dans une charte de 1020 avec le sens peut-être plus

juridique de «lié au droit de pâture » (ibid. 544, 21).

— passula (raisin sec) et passulus (séché au soleil) se rapprochent de l'adj . passulus (séché au soleil, en parlant précisément du raisin), employé en 1182 dans les Documents commerciaux de Venise (ibid.

589, 43).

— pastoratus, au sens de ministère pastoral, est bien attesté avant 1200 (ibid. 620, 21).

— pastoreulus est déjà proposé par Hugutio comme diminutif de pastor, mais sans précision de l'emploi (ibid. 620, 47) .

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pastoreus, au sens de pastoral (sens chrétien) est attesté vers 1050 dans la Vie de sainte Hiltrude (ibid. 620, 50).

patiens, au sens philosophique, opposé à agens, est attesté dès Jean Scot, sans qu'on en relève toutefois d'emploi au neutre (ibid. 701, 33). — patriarcha est signalé parR . HOVEN comme désignant un supérieur de

couvent ; dans le même registre, le Cartulaire de l'évêché de Bâle l'ap-plique en 1105 à l'abbé de Cluny, et le titre est aussi donné à de sim-ples évêques (ibid. 714, 13 sq.).

— patricialis est attesté au Moyen Âge, mais au sens de « de patrice des Romains », donc dans un sens différent de celui signalé par R . l:-IovEN

(ibid. 719, 29).

— patrocinatio (protection, d'un peuple) est relevé dans la traduction de Hilduin des oeuvres de Denys (ibid. 740, 6).

— peccabilis, au sens de «porté au péché» est attesté dans des Séquences de la mi XI' s . (NGML fasc . sous-presse Pea-pepticus).

— pedum, désignant la crosse, est de même attesté avant 1200 (ibid.) — peierator, subst . m . signifiant un parjure, apparaît sous la plume

d'An-dré de Fleury et de Raoul Tortaire (ibid.)

— pelargus n'apparaît pas sous une forme aussi latinisée au Moyen Âge, du moins avant 1200 ; le Novum Glossarium enregistre seulement la forme pelargos, -i (ibid.)

— pensiculatio n'est pas attesté avant 1200 ; en revanche, le Novum Glos-sarium signale la reprise, dans la Vie de Thomas Becket due à Guil-laume (BHL 8176), du verbe pensiculare, attesté clans la langue anti-que (ibid.).

— pensionarius, que R . HOVENrelève avec le sens de pensionnaire,

n'ap-paraît au Moyen Age qu'avec le sens de censitaire (ibid.). penuriosus enfin apparaît dès avant 1200 (ibid.).

Toujours en rapport avec la lexicographie de ce néo-latin, il faut signa-1er la publication de Reijo PTTKÄRANTA,Neulateinische Wörter und Neolo-gismen in den Dissertationen Finnlands des 17 . Jahrhunderts . Personenbe-zeichnungen und Sachabstrakta auf Helsinki, 1992 (213 p .) Cette recherche concerne un domaine encore peu exploré de la lexicographie latine, les quelque 1500 « dissertations » enregistrées comme examens à l'Université de Turku (Abo)en Finlande au XVII' s . Fondée en 1640, cette université est à l'origine de 4433 dissertations à caractère scientifique pour la période comprise entre 1642 et 1828, la majorité de ces textes étant en latin . Le matériau étudié ici représente 1474 textes latins pour le XVII s ., et couvre des domaines variés, allant de la théologie aux sciences, en pas-sant par la philosophie, le droit, la politique (particulièrement représentée dans l'effort terminologique de description des différents types de

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243 voir), et la linguistique . Un travail comparable avait été mené par G . VAN-PAEMEL (Echo's van een wetenschappelijke revolutie . De mechanistische

natuurwetenschap aan de Leuvense Artesfaculteit [1650-1797], Brussel, 1986), qui mettait également au jour, à partir de l'étude de cinquante et une thèses présentées à Louvain en 1732, quantité de néologismes scienti-fiques.

Les deux champs de recherche choisis concernent les substantifs, et parmi ceux-ci d'une part les désignations de personnes (noms en -toi•, -trix, -io et -o, -ista, -ta et-tes, -archa, -issa, -ides, -gena, -cola, -cida) traitées dans la première partie, d'autre part les termes désignant des abstractions (noms en -antia, -entia, -itia, -archia, -cratia, -doxia, -graphia, -latrie, -logia) traités dans la seconde . Ces secteurs sont sans doute parmi les plus productifs en néologismes, mais les résultats obtenus sur ces champs inci-teront probablement à chercher aussi du côté des verbes (cf . les formations en -izare, très représentées chez R. HovEN) ou des adverbes.

Cette recherche livre au total deux cents mots néo-latins pour les deux secteurs d'étude choisis . Parmi ces termes il faut distinguer :

— les « hapax » ou créations n'ayant pas survécu : 57 au total, comme Abrahamitides en 1678, antisyncretista en 1674, inculcatrix en 1682, etc.

— les premières attestations : 32 au total, panni lesquelles exegeta en 1697 (mais Budé donnait déjà la forme exegetes, cf. R. HOVEN 132), lexicographie en 1646, monocratia en 1645, noctambulus en 1681 (qui fait penser à 1'ambulonocturnus de Milton, cf. E. HAAN, «Milton's In quintum Novembrisand the Anglo-latin Gunpower Epic »,[lumenistica Lovaniensia 41, 1992, p . 266, v . 204),polycratia en 1645, ou encore zoologia en 1645.

les emplois de mots préexistants depuis peu de temps, en tous cas tou-jours postérieurs à 1500 : ce sont et les plus nombreux, et ceux qui ont le mieux résisté, comme dialectologie (1650 pour sa première attesta-tion, 1694 dans le corpus étudié par R. PITKÄRANTA), hydrographia (1579/1688), ornithologia (1599/1697), anthropologia (1506/1655), ichtyologia (1540/1646), methodologia (1643/1671), mineralogia (1636/1673), molecula (1675/1698), ontologie (1613/1668), phraseolo-gia (1558/1662),psychologia (1520/1646), etc.

les latinisations de termes préexistants dans les langues vernaculaires, que ce soit en italien (meteorologia, moralista, papizare, etc .), en fran-çais(Calvinista,déjà signalé sous cette forme par R . Hoven, chez Th . de Bèze, deista, également relevé chez le même auteur,gymnasta, etc .), en anglais(atomiste, Calvinismus, prosopographie, attesté chez Calvin, par Hoven, avec le sens de personnification, regicida, separatista, etc .), ou en

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R. PITKÄRANTAnote également que la moitié de ces nouveautés vien-nent du grec, mais que dans les trois-quarts de ces exemples, en général des compositions, il est impossible de trouver un vocable grec qui serait réellement à l'origine de cette filiation (deux sections du chapitre traitant des termes ayant pour suffixe -logis sont d'ailleurs spécialement consa-crées à distinguer les cas où il existe un antécédent grec, et les cas où il n'en existe pas [pp . 76-98]) . De la vingtaine de mots subsistants, c'est-à-dire dérivant d'un terme grec identifié, il faudrait d'ailleurs à la limite soustraire, ou au moins distinguer, les cas où le mot grec n'existe que dans les glossaires, et où, après avoir existé si longtemps à l'état de virtualité, le mot est enfin employé et ceci en retrouvant son sens, et non le sens approximatif que lui donnaient les compilateurs de lexiques . L'évolution en domaine latin de pathologia est particulièrement éclairante à ce titre : le ThLL le signale (t . X, 1, col. 704, 71-74), et on le retrouve, repris par Papias et Hugutio, avec la « définition » immuable et étymologique de rr passionis ratio » (cf. NGML fasc. Passibilis-pazzu 679, 38). II apparaît vraiment pour la première fois en français en 1550, avant de passer en 1554 en latin, pour désigner, aux côtés de physiologia et therapeutica une partie de la médecine.

L'étude est complétée de quatre index, dont un consacré au vocabu-laire, et subdivisé en trois sections (mots latins, mots grecs, termes d'autres langues) .

Anne GRONDEUX

Petrus de Ebulo, Liber ad honorem Augusti sive de rebus Siculis (codex 120 IIder Burgerbibliothek Bern) . Eine Bilderchronik der Stauferzeit, éd. comm. Theo KÖLZER et Marlis STÄHLT, rev . trad. Gereon BECHT-7ÖRDENS, Sigmaringen, 1994, 304 p.

Le ms, 120 II de la bibliothèque de Berne, issu de la collection Bon-gars, contient l'épopée d'Henri VI . Ce poème, en trois livres, cinquante deux chapitres et 1670 distiques, prend pour base chronologique le couron-nement de celui-ci comme roi de Sicile en 1194, évécouron-nement qui marque le sommet de la puissance des Hohenstaufen . Les deux premiers livres relatent l'histoire de la construction de cette puissance — le premier, en 36 chapitres couvre la période 1120-1194, le second traite en huit chapitres les années 1194-1195 —, le troisième, composé plus tard, se présente comme un panégyrique de Henri VI, dont il raconte le couronnement. L'ensemble est dû à Petrus de Ebulo, Pietro d'Eboli, fidèle de l'empereur,

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245 clerc, poète et médecin, et a vraisemblablement été écrit entre 1195 et

1197.

Un des intérêts du manuscrit tient à son illustration, puisque le texte est enrichi de 52 dessins à pleine page, faits à la plume et en couleurs, soit un par chapitre, qui sont d'ailleurs magnifiquement rendus par l'édition que nous avons aujourd'hui . L'illustration du f. 1, qui n'est pas la mieux conservée, présente ainsi les trois grands prédécesseurs de Petrus de Ebulo, à savoir Virgile, Lucain et Ovide, chacun déroulant un rouleau contenant le début de leur oeuvre la plus célèbre (Arma virumque cano . . ., Bella per Emathios. . ., In nova fert animus . . .) ; ces trois débuts symboliques ont été suppléés par des mains plus tardives qui ont ajouté sur chaque rouleau le début d'une autre oeuvre du même auteur.

L'autre intérêt du texte réside dans le vocabulaire extrêmement choisi et diversifié qu'emploie l'auteur, fait de mots rares ou de néologismes . On notera en particulier (l'astérisque signale les mots qui ne se trouvent dans aucun dictionnaire usuel) :

— apodixa* (49, 1565 ; 41, 1322), désignant une preuve de paiement, sans doute dérivé d'apodixis, preuve dans le vocabulaire de la rhétori-que

— archilevita (11, 304 ; 17, 472), «archidiacre », rare mais attesté aussi chez Nigel Wireker, Gérard de Csanad et Rudolf de Liebegg — archoticon* (15, 396), qui désigne ici un messager

— celestio, -ire* (1, 29), au sens d'apparaître dans le ciel

— cinesco, -ere*(3, 81), avec le même sens que cinerescere, devenir cen-dre

— enso, -are* (30, 904), armer d'une épée, refait sur galeare (non opus est armare viros . . ./ non ensare manus, non galeare caput)

— grypheus (49, 1566), adj ., dans la locutiongiyphea avis,équivalente de gryps, pour désigner un griffon

— gutta (32, 996), au sens médical de goutte et dans l'expression gutta

pedum

— hastifer (27, 788 : in nos astiferas cernitis esse mantis), porteur de lance, dont le ThLL ne donne qu'un exemple d'emploi comme adjectif — myrrhistica*, -e (10, 264), pour désigner la myrrhe

— natifrco* (43, 1368 : senior ad fructus tanto constantior arbor/ natifi-cat tandem sicut oliva parens) en parlant d'un arbre, porter des fruits — neuter (41, 1321), substantif, au sens d'eunuque

— nubesco (14, 352 : nubescit ut aer), attesté chez Jean d'Altavilla, cf. Novum Glossarium N 1473, 41

— olivesco* (48, 1519 : omnis olivescit Phebeis frondibus arbor) porter des olives

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— preredirnio et son participepreredimitus (10, 263 ; 8, 205) couronné — putifar (41, 1317 : putifares omnes claves et scrinia portant) par

anto-nomase, pour désigner ici un trésorier — vicepastor* (38, 1203) .

Anne GRONDEUX

Irène ROSIER, La parole comme acte. Sur la grammaire et la sémantique

au XIIlr siècle, Paris, Vrin, 1994 ; 369 p . (Sic et Non).

La parole com pte acteprésente une dimension peu connue de la gram-maire médiévale, l'exploration, par des grammairiens du XIII e s ., de tout ce qui est acte de langage, de tout ce qui fait la communication . Le corpus de cette étude, qui fournit plusieurs textes traduits en annexe, est constitué par une partie de la production universitaire du XIIPP s ., production majori-tairement anonyme, hormis les deux grands auteurs anglais que sont Roger Bacon et Robert Kilwardby.

L'auteur caractérise ce courant doctrinal par plusieurs critères, impor-tants à avoir en mémoire pour identifier par la suite d'autres auteurs influencés par ce courant de pensée, le premier critère étant la prise en compte du locuteur et de l'auditeur . Le langage est vécu comme un code, avec la notion d'imposition, et il peut être modifié par les figures : La parole comme acte souligne le lien profond entre les transferts de sens et les figures (chap . IV : Imposition et profération, et texte 6 : Robert Kif-wardby,Sophismata gramrnaticalia : Figure de construction et transfert de sens).

Un second critère est fourni par l'importance accordée à la notion d'in-tention, c'est-à-dire à ce que le locuteur a pour intention d'énoncer : la cor-rection de l'énoncé ne se mesure plus seulement à la simple corcor-rection grammaticale, il faut aussi prendre en compte la réalisation du projet de l'interlocuteur (chap . I : Complétude et acceptabilité) . A ceci se rattache aussi l'analyse des énoncés elliptiques comme ceux qui sont composés d'une interjection (chap . II).

Ce qui permet aussi de repérer ce courant, c'est l'intégration des énon-cés déviants dans un nouveau modèle à côté des énonénon-cés canoniques, et l'enregistrement, parmi les énoncés déviants, d'un nouveau type : les énon-cés qui ne sont pas là pour signifier, mais qui permettent d'effectuer des actes (chap . V : Actes signifiés et actes exercés, et texte 8 : Roger Bacon, Summa grammatica :Acta signifié et acte exercé. La construction de l'ad-verbe de vocation), qu'il s'agisse de décliner un mot, comme dans l'exem-ple Nominativo hic magister, de compter (exemple Unus, duo, tres), ou de

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247 conférer un sacrement . Ces types d'énoncés sont rapprochés des formules magiques, étudiées au chapitre VI (Le pouvoir magique des mots) et dans un extrait de Roger Bacon (texte 9).

La Parole comme acte fait enfin apparaître de façon marquante les con-nexions qui existent entre différentes disciplines, en particulier avec la tra-dition logique, les ponts entre ces modes d'analyse du langage et la réflexion des théologiens sur les sacrements .

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