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Iconologia web : une iconologie humaniste pour le web

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Academic year: 2021

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JEANNE LANDRY-BELLEAU

ICONOLOGIA WEB

UNE ICONOLOGIE HUMANISTE POUR LE WEB

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en arts visuels

pour l'obtention du grade de Maître es arts (M.A.)

FACULTE D'AMENAGEMENTS, D'ARCHITECTURE ET DES ARTS VISUELS UNIVERSITÉ LAVAL

QUÉBEC

2010

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TABLE DES MATIERES

RÉSUMÉ 1

REMERCIEMENTS 2

INTRODUCTION 3

De la Chrysalide Humaine à ITconologia Web 4

CHAPITRE I : Réseau Vivant 7

Des figures à l'image du Réseau Vivant 7

Nouvelles perspectives dans l'environnement de communication 13 Le Web 2.0 (Web participatif) : un réseau appartenant aux internautes 18

CHAPITRE II : L'humanisme 22 L'humanisme et le Web du savoir 24

Cesare Ripa : un savant moderne de l'image antique et le projet Iconologia 29

CHAPITRE III : Iconologia Web 37

Rapport d'atelier : Québec, Corée, Japon, Québec 37

Iconologie humaniste pour le Web : hybridation entre le Web participatif et l'humanisme de la Renaissance 47

Présentation et description des icônes 49

CONCLUSION 56

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RESUME

En explorant les valeurs et les éléments de culture associés à l'humanisme dans la culture du Web 2.0, le projet de maîtrise Iconologia Web présente une comparaison entre ces valeurs et une sélection idéaliste de celles associées à la Renaissance. Ce mémoire présente le contexte culturel et artistique à l'origine de Y Iconologia Web. Le concept de Réseau Vivant est introduit et précisé à travers une série d'images commentées suivie d'une mise en perspective de l'environnement de communication le concernant. En instaurant l'interrelation entre les internautes et le Web, le Web 2.0 (Web participatif) est présenté comme la manifestation du Réseau Vivant. À partir de cette idée, j'aborde la question de l'humanisme en faisant l'hypothèse que ce mouvement se poursuit dans la culture du Web 2.0. Enfin, le dernier chapitre concerne les étapes de création liées à {'Iconologia Web, un projet qui constitue une hybridation entre le Web participatif et l'humanisme de la Renaissance, (www.iconologia.net)

ABSTRACT

By exploring values and cultural elements linked with humanism in the Web 2.0 culture, the master's project Iconologia Web provides a comparison of these values with a selection of idealistic values of the Renaissance. The cultural and artistic context pertaining to Iconologia Web will be presented first. Then, a concept of living network (Réseau Vivant) will be introduced and detailed through commented images, followed by the perspective vision of the communication environment related to this concept. The Web 2.0, which is defined by the active participation of the users of the Internet will be presented as a living network (Réseau Vivant) manifestation. From this idea, the question of humanism will be approached by presenting the hypothesis that this movement finds a prolongation in the Web 2.0 culture. Finally, the last chapter will expose the creation steps related to the formation of Iconologia Web. a project which is a synthesis of the participative Web and humanism from the Renaissance, (www.iconologia.net)

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REMERCIEMENTS

Ce travail de réflexion n'aurait jamais pris racine si je n'étais pas entourée de personnes au coeur idéaliste agissant avec foi, cohérence et espoir. Sans cela, non seulement je n'aurais pas eu la force, ni le courage d'entreprendre ce travail de recherche-création1, mais en plus,

je n'y aurais pas cru. Je tiens tout particulièrement à souligner ma gratitude envers vous, orienteurs et contributeurs du sens de l'idéal : Suzanne Leblanc (directrice de recherche, Université Laval), les membres de Haslla art World International (Symposium et résidence), Mamoru Okuno et les membres de ift project room qui ont participé au Workshop Sound and icons, l'équipe de la Chambre Blanche, mes amis et ma famille.

Merci à vous, du fond du coeur.

Merci Thank you

£5l9>V1fit5 °

1 Ce projet a été rendu possible grâce au programme de bourses d'études supérieures du Canada Joseph-Armand-Bombardier (bourse de maîtrise). Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH).

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INTRODUCTION

Mon travail de recherche-création répond à une quête d'idéal qui valorise, cultive, défend et représente une forme d'utopie : l'humanisme. Ma pratique peut se comprendre comme une forme de critique du capitalisme exacerbé, de la propagande raciste, de la pornographie, de la violence, de l'ignorance et de tout autre vice de l'humanité qui favorise l'éclosion des catastrophes de l'histoire humaine (les guerres, les génocides, etc.). Je ne suis pas sans savoir que l'inhumanité bourgeonne en permanence et que les environnements de communication comme le Web logent et diffusent cette activité à grande échelle. Cependant, je persiste à maintenir une position qui tend vers un idéal humaniste et ce, au profit de la Paix et de la Liberté.

Jusqu'ici, mon entreprise a été d'intégrer certains espaces de communication pour soulever et cultiver la question des valeurs humaines idéales. Cette intention idéaliste se trouve au coeur de ma pratique artistique.

Ma façon d'investir le Web 2.0 s'accorde avec une dimension humaniste qui est mise de l'avant dans ce mémoire. Mon propos tend à isoler cette dimension sans énoncer les obstacles et les difficultés dont il constitue implicitement une critique. Cette position concerne autant mon travail d'écriture que la réalisation de l'oeuvre Iconologia Web. Ce choix n'est pas le fruit de l'insouciance, mais exprime plutôt la nécessité de concentrer les efforts pour faire exister et mettre en valeur un état fragile : la dimension humaniste de la réalité humaine.

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Le Web participatif (2.0) et les réseaux vivants, étude de T interrelation (culture participative) et mise en relief des valeurs humaines

D'un point de vue humaniste, ma démarche vise une forme de mise en relief des valeurs humaines. C'est pourquoi je suis très attentive à certains aspects de l'émergence culturelle de notre époque (la mondialisation, la cyber-culture, l'hypertexte, la consommation de masse, les jeux vidéos, la décentralisation de l'information, les médias de masse, le réseau actuel et " le bordel organique ", l'art en réseau, l'oeuvre logiciel, Creative Commons, la course aux droits d'auteurs, la copie, la reproduction, la création en "connectivité", etc.). Comme artiste, je m'intéresse aux croisements disciplinaires et à la démocratisation de l'art. J'entends par là, la valorisation de l'accès à la création artistique. Cela explique notamment le fait que le réseau soit un concept et une matière de base dans mon travail. Cette approche conceptuelle constitue le fondement de mes recherches. À l'heure actuelle, les réseaux humains et les réseaux de communication sont en totale prolifération. Comment traduire cette émergence culturelle et comment l'humain développe-t-il son réseau de collaboration? Ce type de questions me pousse à étudier les valeurs humaines qui traversent une époque transformée par la croissance du Web participatif (Web 2.0). Dans un même ordre d'idées, je compte explorer des outils qui appartiennent aux nouvelles technologies de l'information (les blogues et des plateformes comme Flickr, YouTube, Delicious, Wikipedia, Freebase, Lively, etc.). De cette façon, je participe à l'observation de ce qui est peut-être la naissance d'une nouvelle forme d'humanisme.2

De la Chrysalide Humaine à Y Iconologia Web

Dans mon approche artistique, j'utilise l'expression Réseau Vivant pour évoquer la dimension active du Web. Ce qui détermine le caractère vivant de ce réseau, c'est l'activité des internautes qui, en y participant, en orchestrent et en génèrent le contenu.

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Figure I. Chrysalide Humaine, copie d'écran 2010. accueil et nuage de valeurs.

Dans un projet intitulé Chrysalide Humaine3 (figures 1 et 2), réalisé en 2008, j'ai introduit

cette idée de réseau vivant. Dans ce projet, j'ai voulu intégrer la participation des internautes à la production d'une œuvre Web. L'analogie de la chrysalide exprime l'idée d'un réseau vivant : « [ . . . ] la chrysalide est un organisme vivant enveloppé par une structure (coquille/cocon) fixée dans l'environnement naturel. L'organisme vivant peut alors traverser une période de nymphose où chaque organe se fond aux autres pour générer l'état suivant. Cette liquidité organique constitue l'être vivant dans sa forme la plus abstraite et la plus pure. Cette image de la chrysalide reflète ma vision du " devenir humain " : un processus. »4

Figure 2. Chrysalide Humaine, copie d'écran 2010, Macroscope.

3 Chrysalide Humaine a été réalisée en 2008 dans le cadre d'une résidence à la Chambre Blanche. Programmeur : Stephan Paquet. http://www.chambreblanche.qc.ca/documents/chrysalide/.

4 LANDRY­BELLEAU Jeanne. « La Chrysalide Humanine ». Personnages virtuels : créations artistiques et archives personnelles dans le Web 2.0., DPI no.15. juin 2009. [En ligne]. http://dpi.studioxx.org/demo/?q=fr/no/15/chr>salide­humaine­par­jeanne­landrv­belleau+.

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Les conditions de réalisation de cette œuvre ont permis d'assurer un processus évolutif dans le temps. Aujourd'hui, Chrysalide Humaine est toujours en ligne et les participants peuvent s'inscrirent au site Web à l'aide d'un formulaire et d'une base de données dynamique. Ils sont invités à indiquer leur nom. prénom, année de naissance, code postal et un maximum de dix valeurs qui sont importantes à leur yeux. Dans le cadre du projet Chrysalide Humaine, les valeurs sont définies comme les fibres conceptuelles avec lesquelles nous tissons l'existence humaine. Au final, il s'agit de collectionner les valeurs humaines inscrites par les participants. L'œuvre prend son sens et s'enrichit grâce à la contribution de ceux qui y inscrivent leurs valeurs.

En explorant les valeurs et les éléments de culture associés à l'humanisme dans la culture du Web 2.0, le projet de maîtrise Iconologia Web prolonge cette réflexion au sujet des valeurs humaines.

Le chapitre qui suit présente le contexte culturel et artistique à l'origine de XIconologia Web. D'abord, le concept de Réseau Vivant sera précisé à travers une série d'images commentées, suivie d'une mise en perspective de l'environnement de communication le concernant. En instaurant l'interrelation entre les internautes et le Web, le Web 2.0 (Web participatif) sera présenté comme la manifestation du Réseau Vivant. À partir de cette idée, j'aborderai la question de l'humanisme en faisant l'hypothèse que ce mouvement se poursuit

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CHAPITRE I : Le Réseau Vivant

Des figures à l'image du Réseau Vivant

La question du chaos et de la complexité sous-tend l'idée du Réseau Vivant. À ce propos, Fritjof Capra5, un physicien et théoricien des systèmes, traite des caractéristiques de la vie

essentielles aux systèmes6 dans son ouvrage The Web of Life, A New Scientific

Understanding of Living Systems . Ce livre s'adresse à un lectorat profane et constitue une synthèse des systèmes vivants complexes :

La théorie des systèmes vivants abordée dans ce livre fournit un cadre conceptuel assurant le lien entre les communautés écologiques et humaines. Ce sont, d'un côté comme de l'autre, des systèmes vivants qui montrent les mêmes principes fondamentaux d'organisation. Ils s'agit de réseaux qui sont organisationnellement fermés mais ouverts aux flux d'énergie et de ressources ; leurs structures sont déterminées par l'historique de leurs changements structurels ; et ils sont intelligents à cause des dimensions cognitives inhérentes aux processus de la vie.8

À partir de ses recherches, Capra conclut à l'importance de développer notre aptitude à être «écocultivé» pour faire de la société humaine une société durable.9

Ces idées gravitent autour du concept de réseau vivant. Le réseau vivant est constitué par des réseaux de circulation d'information qui assurent le mouvement, l'interrelation et l'échange entre des entités vivantes. La forêt, l'arbre, le corps, la cellule, la culture bactérienne, l'organisme et la société en sont des exemples. Dans le contexte du présent mémoire l'expression «Réseau Vivant» réfère à une chose bien précise : l'organisation perpétuelle des nœuds et des liens qui composent le Web. Ce qui détermine le caractère

5 « Fritjof Capra. Ph. D.. physicist and systems theorist, is a founding director of the Center for Ecoliteracy in Berkeley. California, which promotes ecology and systems thinking in primary and secondary education. He is on the faculty of Shumacher College, an international center for ecological studies in England, and frequently gives management seminars for lop executives. » CAPRA Fritjof. [En ligne], http://www.fritjofcapra.net/index.html.

6 Voir The Systems (lew of Life, conférence publiée sur Youtube où Fritjof Capra résume ce qu'il entend par « Living systems ». CAPRA Fritjof. « The Systems l'iew of Life » . YouTube - Fritjof Capra. The Systems View of Life. [En ligne], http://www.youtube.com/watch? v=o_MDRI-Q76o.

7 «The Web of Life starts from the conceptual framework presented in The Turning Point, summarizes the mathematics of complexity, and offers a synthesis of recent nonlinear theories of living systems that have dramatically increased our understanding of the key

characteristics of life. The book has been published in 14 editions in 10 languages. » http://www.fritjofcapra.net/bibliography.html 8 CAPRA. Fritjof, « Épilogue : culture écologique », La toile de la vie : Une nouvelle interprétation scientifique des systèmes vivants. Éditions du Rocher, 2003. p.325.

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vivant de ce réseau, c'est l'activité des internautes qui organisent, transforment et cultivent le contenu et la forme de celui-ci. Cela se traduit par un tissu de relations formé au fil de cette participation humaine. L'ensemble, le système, la réunion et « l'être ensemble » sont au cœur de ce Réseau Vivant. En prolongeant le réseau de télécommunication électronique, Internet constitue l'une des formes de réseau vivant. Je procéderai ici en présentant une série d'images commentées qui donnent un sens progressif du Réseau Vivant tel qu'entendu ici.

Figure 3

La première image (figure 3) a été composée à partir de données relatives au déplacement des avions dans le réseau aérien aux États-Unis'". Le projet s'intitule Flight pattern. Cette œuvre a été réalisée en 2005 par l'artiste Aaron Koblin". Essentiellement, il s'agit d'une animation vidéo montrant le parcours tracé par les vols d'avions. Flight pattern exprime bien le mouvement dans un réseau. Cette image permet de saisir l'idée de l'activité qui anime un réseau. Comme la circulation des avions, le Réseau Vivant est constitué par un flux d'information.

10 Image: KOBLIN Aaron, Aaron Koblin - Flight Patterns, [En ligne), http://www.aaronkoblin.com/work/flightpatterns/.

11 Artiste spécialisé en visualisation de donnée. Aaron Koblin a présenté son travail dans plusieurs événements majeurs dans le domaine de l'art des nouveaux médias. Aaron Koblin. [En ligne), www.aaronkoblin.com.

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^ * ^ ^ ^ ^ B * * . Figure 4

La deuxième image (figure 4) présente la topologie d'Internet. Il s'agit d'une copie d'écran d'un graphe 3D. Celui­ci a été produit au moyen de Walrus12, un outil informatique de

visualisation interactive. Réalisé par Young Hyun, un chercheur en gestion de réseau13, le

projet illustre la topologie d'Internet à partir de données fournies par Cooperative Association for Internet Data Analysis (CAIDA), soit 535 000 noeuds et 600 000 liens. Les nœuds représentés par les points jaunes constituent un vaste échantillon d'ordinateurs saisi à travers l'étendue des adresses de l'Internet14. Internet Topology représente un extrait de la

structure qui supporte le Réseau Vivant.

12 CAIDA : tools : visualization : walrus. [En ligne], http://www.caida.org/tools/visualization/walrus/. 13 HYUN Young, CAIDA : ­youngh, [En ligne], http://www.caida.org/~youngh/.

14 « The image above is a screengrab of a Walrus visualization of a huge graph. The graph data m this particular example depicts Internet topology, as measured by CAIDA's skitter monitor based in London, showing 535.000­odd Internet nodes and over 600.000 links. The nodes, represented by the yellow dots, are a large sample of computers from across the whole range of Internet addresses.» DODGE Martin. « What Does the Internet Look Like. Jellyfish Perhaps? ». Mappa Mundi Magazine. [En ligne].

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Figure 5

L'image suivante (figure 5)15 a aussi été créée à partir de données extraites en 2005 depuis

l'Internet. Chaque point est relié à un autre par une ligne de couleur. Les points correspondent à des ordinateurs (adresse IP) et les couleurs représentent différents types de noms de domaine (net, ca, us, com, org, mil, etc.). La longueur des lignes dépend du délai de connexion entre les ordinateurs. Cette image a été publiée par Matt Britt16 à l'article qui

définit Internet dans Wikipedia. Il est à noter que l'origine de cette image découle du projet Opte1' réalisé en 2003 par Barrett Lyon18. Initialement, Opte était un projet qui visait à

développer un outil de visualisation permettant de créer des graphiques d'Internet à partir des données IP, et ce, depuis un seul ordinateur. Suite à la réalisation de Opte, Lyon proposa la réflexion suivante :

This project started as a bet, but after I warmed up to the idea I found a lot of value in the project itselj : Mapping the Internet weekly will allow us to see major disasters in different parts of the world. The Internet is a huge disasters sensor [...] The project can show the Internet growth. The project is art. '9

15 Plusieurs cartes sont décritent sur le site officiel du projet Opte qui est à l'origine de cette image. Cependant, cette image (figure 5) est liée à l'article qui concerne Internet dans l'encyclopédie Wikipedia : Fichier : Internet map I024.jpj - Wikipedia. [En ligne].

http://fr.wikipedia.Org/wiki/Fichier:Internet_map_1024.jpg#file 16 http://commons.wikimedia.org/wiki/File.lnternet_map_1024.jpg. 17 LYON Barrett, The Opte project [En ligne), http://www.opte.org/maps/.

18 Barrett Lyon est impliqué dans la création de plusieurs entreprises informatique et consultant en réseau sécurisé. LYON Barret. Barrett Lyon | About. [En ligne]. http://blyon com/about.php.

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Lyon considère ainsi la cartographie d'Internet comme possédant une valeur artistique. Ainsi, dans Opte as an Aesthetic Experience10, il poursuit : « Opte is a perfect example of

art, an abstract of pure energy, conveying the Internet as a free form imitating life, and the image is presenting energy as it imitates life »2'. Estimant ainsi le projet Opte, nous

pouvons également considérer le Réseau Vivant comme une forme d'art puisqu'il manifeste cette même énergie : l'activité des internautes. Aujourd'hui, ces images font partie de la collection permanente du MOMA à New York et du Boston Museum of Science.22

Ces images produites par Matt Britt et Barrett Lyon nous donnent une vue du réseau de connexions cultivé dans un monde en mouvement : le Web. Nous assistons d'ailleurs, depuis peu, à l'expansion massive des ordinateurs de poche23. Ce phénomène de la

mobilité24 prolonge celui des téléphones portables et contribue à l'extension du Web. Le

lancement, en 2009, du Ipodtouch produit par la compagnie Apple représente un fait incontournable qui joue sur la mise à jour de la carte du réseau Internet. Ces nouvelles possibilités de mobilité animent le Réseau Vivant.

Figure 6

20 LYON Barrett. « Opte as an Aesthetic Experience ». Opte : www.opte.org/downloads/OpteIsArt pdf -. 21 Id.5.

22 https://www.moma.org/collection/browse_results.php7object_idH 10263 On peut voir les images sur le site Web du projet Opte : www.opte.org.

23 «The smart phone revolution has moved the Web from our desks to our pockets. Collective intelligence applications are no longer being driven solely by humans typing on Keyboards but. increasingly, by sensors. Our phones and cameras are being turned into eyes and ears for applications: motion and location sensors tell where we are. what we 're looking at. and how fast we 're moving. Data is being collected, presented, and acted upon in real time. The scale of participation has increased by orders of magnitude. »

O'REILLY Tim et BATTELLE John. « Web Squared : Web 2.0 Five Years On », Web 2.0 summit. O'Reilly Media. 2009.

24 Le livre Moving Cultures traite en profondeur de l'influence du téléphone portable sur le quotidien. H.CARON andré et CARONIA letizia. Moving cultures : Mobile communication in everyday life. McGill-Queen's University Press. Montréal, 2007. 264 pages.

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La figure 6 illustre la densité des interactions Web sur la carte du monde en 2010. Il s'agit de quatres copies d'écran prélevées sur le site Web de Akamai25, une entreprise basée à

Cambridge œuvrant avec le réseau Internet en manipulant quotidiennement des billions d'interactions Web. Akamai présente une interface Web qui permet de suivre le rythme du traffic à travers le réseau Internet, et ce, en temps réel26. Cette image présente les variations

du trafic Web comprises dans un espace temps d'environ 12 heures27. Les zones rouges

représentent là où le traffic est élevé au moment de la saisie d'image. Le Réseau Vivant est à la base de ce mouvement : il en est le pouls.

Figure 7

Une dernière image (figure 7) concerne Facebook2*. Il s'agit d'une vidéo réalisée en

continuité avec le projet Facebook Hackathon2''. Elle porte le titre Palantir (une boule dans

laquelle on peut voir et communiquer au-delà du temps et de l'espace et qui fait référence à un objet de clairvoyance inspiré de l'univers Tolkien)3". La vidéo est en ligne sur Facebook

25 «Akamai has created a digital operating environment for the Web. Our global platform of thousands of specially-equipped servers helps the Internet withstand the crush of daily requests for rich, dynamic, and interactive content, transactions, and applications. When delivering on these requests. Akamai detects and avoids Internet problem spots and vulnerabilities, to ensure Websites perform optimally, media and software download flawlessly, and applications perform reliably», AKAMAI. About Akamai. [En ligne].

http://www.akamai.com/html/about/index html.

26«Akamai monitors global Internet conditions around the clock. With this real-time data we identify the global regions with the greatest attack traffic, cities with the slowest Web connections (latency), and geographic areas with the most Web traffic (traffic density)». AKAMAI. Akamai : The Leader in Web Application Acceleration and Performance Management. Streaming Media Services and Content Delivery. [En ligne], http://www.akamai.com/html/technology/datavizl.html.

27 Copies d'écran (figure 6) prélevées par Jeanne Landry-Belleau à partir du site VJebAkamai le 22 avril 2010 entre 10h26 et 23h05. 28 Facebook est l'un des réseaux sociaux les plus importants de la décennie. Facebook regroupe plus de quatre cent millions d'utilisateurs. Facebook Statistiques. [En ligne]. http://www.facebook.com/press/info.php'statistics.

29 De façon générale, un hackathon est une réunion de programmeurs qui se regroupent autour d'un problème en se donnant un court délai pour le résoudre. Dans le cas suivant il s'agissait d'un hackethon sur Facebook. http://en.wikipedia.org/wiki/Hackathon. 30 «Dans l'univers de la Terre du Milieu de J J R Tolkien, un palantir (également appelée pierre de vision ou clairvoyante) est un objet ayant l'apparence d'un globe sombre de matière transparente permettant à son utilisateur d'observer des lieux distants dans le temps et dans l'espace ou de dialoguer avec une autre personne utilisant un palantir». Palantir-Wikipédia. [En ligne).

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depuis 2008 et elle est commentée par Jack Lindamood, l'un des trois ingénieurs qui ont développé ce projet31. L'objectif initial était de visualiser toutes les données que Facebook

obtient par seconde. On y voit une représentation du globe terrestre et du soleil. Les points et les tracés correspondent aux données et aux interactions produites par les participants au réseau Facebook. Cette vidéo donne une bonne image du mouvement d'échange qui suit le rythme des interrelations produites en ligne par les internautes sur le Web.

Ces illustrations de réseaux et de cartes témoignent de l'activité qui les habite. Dans la majorité des cas, les points qui auraient été séparés par le temps et l'espace se trouvent reliés par des activités de connexion (représentés par des arcs ou des lignes). Pour mettre en lumière le concept de Réseau Vivant, il faut aussi rester dans le domaine de l'Internet et porter attention au tissu de liaisons actives qui s'y développent. À lui seul, le Web forme un environnement de communication qui joue un rôle de plus en plus important dans la société humaine. C'est ce que nous constaterons en poursuivant la caractérisation du Réseau Vivant. Pour cela, nous verrons que certains auteurs abordent le phénomène de la communication en soulevant des concepts sous-tendant celui de Réseau Vivant : le Living

Web, la mémoire collective, le Web 2.0, le superorganisme humain et l'intelligence collective.

Nouvelles perspectives dans l'environnement de communication

En 2006, Stephen Levy et Brad Stone ont écrit « The New Wisdom of the Web » pour la revue Newsweek32. Cet article présente une forme culturelle émergente sur le Web.

L'expression « Living Web »33 y est utilisée pour faire référence à des communautés Web

telles que Flickr, Myspace, Craigslist, YouTube, Del.icio.us, Facebook, etc. Ces auteurs expliquent que ces plateformes Web ont été pensées pour que les communautés d'internautes puissent organiser et générer le contenu Web dans une dynamique de

31 Projet réalisé par Jack Lindamood. Kevin Dean et Dan Weatherford. ingénieurs chez Facebook. ARRINGTON Michael. Facebook's Project Palantir: Beautiful Visualization Of People Connecting. [En ligne), http://techcrunch.com/2008/! l/22/facebooks-project-palantir-beautiful-visualization-of-people-connecting/.

Vidéo en ligne sur Facebook : http://www.facebook.com/video/video.php?v=37403547074. 32 LEVY Steven. STONE Brad, «The New Wisdom of the Web». Newsweek, 3 avril 2006. [En ligne] http://www.msnbc.msn.com/id/12015774/site/newsweek/print/1 /displaymode/1098/.

33 « A more fitting description comes from Mao Hodder, the CEO of a social-vidoe-sharing start-up called Dabble. (Since Dabble has not yet launched. I can't explain exactly what that means.) "This is the live Web", she says. » Id. I.

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collaboration et de partage. Le caractère vivant du Web existe grâce aux activités générées sur le Web par les utilisateurs, telles que : la correspondance écrite, la participation aux forums de discussion en ligne, le partage de photos, etc.

En 2001, Frederico Casalegno34 présentait l'idée d'une vision écologique de la mémoire.

L'article s'intitule « Mémoire collective et "existencepoétique" en réseau (Elémentspour la compréhension des rapports entre nouvelles technologies, communautés et mémoire) »i;>.

Les réseaux sociaux y sont définis comme des environnements de vie dans lesquels l'humain se développe : « C'est dans ce sens que nous proposons une approche écologique de la mémoire, tout en nous inspirant de la définition classique du terme écologie : l'étude des relations entre les êtres vivants et l'environnement dans lequel ils vivent (oikos, du grec, "maison", dans le sens holistique, comme environnement géophysique et social : et logos, discours, raisonnement)36 ». Même s'il ne traite pas directement du Web, le texte de

Casalegno constitue une belle image du Réseau Vivant. En adoptant l'approche écologique de la mémoire, il s'oppose à une méthode structurale et il souligne la valeur d'un contexte habité par des êtres vivants, en l'occurrence des humains37. Le système de communication

qui encadre la mémoire collective apparaît comme un réseau vivant : « [...] c'est la structure du groupe qui fournit les cadres de la mémoire collective, définie non plus comme conscience collective, mais comme système d'interrelations des mémoires individuelles»38.

En terminant, Casalegno constate l'ampleur du travail à faire pour découvrir ce qui permettrait à l'humain de développer son existence poétique en réseau : « Ainsi "les nouvelles technologies" sont des vieilles créations qui existent depuis que l'homme existe. Ce sont toujours les usages et les expériences qui leur donnent la valeur en constituant le sens ; aux humains donc de les utiliser pour réaliser cette vision poétique »39.

Le travail de Michael Wesch40, coordinateur du projet Digital Ethnography" à l'Université

du Kansas, concerne aussi le Réseau Vivant. Comme enseignant et anthropologue, il

34 Federico Casalegno est directeur du MIT Mobile Experience Lab et directeur associé du laboratoire de design au MIT.

35 CASALEGNO Federico. « Mémoire collective et "existence poétique" en réseaux. Éléments pour la compréhension des rapports entre nouvelles technologies, communautés et mémoire », MEI Médiation et information, numéro 15. p. 153-207. 2002. [En ligne].

www.mit.edu/~fca/papers/mpoetique.pdf. 36 ld. 154-155.

37 ld. 154. 38 ld 163 39 ld. 167.

40 WESCH Michael, Wesch - Anthropology Program at Kansas State University. [En ligne], http://ksuanth.weebly.com/wesch.html. 41 WESCH Michael. Digital Ethnography. [En ligne), http://mediatedcultures.net/ksudigg/.

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contribue de manière significative à l'étude de la culture participative du Web. Dans le cadre de ses recherches, il réfléchit à travers différents médias (vidéos, conférences, publications) à la transformation de l'environnement médiatique et au rôle qu'y joue l'enseignement42. Le caractère actuel de ses recherches peut être constaté principalement sur

le blogue Digital Ethnology ainsi que sur le site Web de l'Université du Kansas. En 2007, Wesch a publié, sous forme de vidéo, The machine is us/ing us43. Cette vidéo est

intéressante car, en plus d'être diffusée sur YouTube, un portail majeur pour la diffusion vidéo dans la culture du Web 2.044, elle constitue une initiation à la manifestation du Réseau

Vivant. Dans cette vidéo, Wesch propose en effet de reviser certaines valeurs humaines et certains modes de vie en prenant compte d'avantage de la réalité numérique : « We'll need to rethink a few things [...] copyright, authorship, identity, ethics, aesthetics, rhetorics, gouvernance, privacy, commerce, love, family, ourselves »45. Le rapport humain-machine

que nous entretenons avec le Web génère une réalité qui doit être considérée comme un moteur de changement crucial.

En 2003, Malcolm Gladwell, ancien journaliste au New York Time, publie The Tipping pointAb. Dans ce livre, il établit un parallèle entre le cheminement d'une idée dans un réseau

social et celui d'un virus, abordant notamment l'efficacité du « bouche à oreille »47. En fait,

il analyse la nature épidémique de certains phénomène sociaux comme la mode, les vagues de suicide, la baisse du taux de criminalité dans une ville, etc. En se basant sur le concept de contamination, il propose de voir les réseaux sociaux comme des organismes sensibles. Selon lui, les grands changements sont d'abord le fruit de petits phénomènes absorbés par l'environnement social. L'expression « tipping point » se traduit par « point de bascule ». Gladwell l'utilise pour cibler la source dynamique d'une épidémie sociale : « The Tipping Point is the moment of critical mass, the threshold, the boiling point »48. En étudiant le

parcours des idées49 dans différents types d'ensembles relationnels, Gladwell dévoile

42 WESCH Micheal, « From Knowledgable to Knowledge-able: Learning in Sew Media Environments ». Kansas University, janvier 2009. From Knowledgable to Knowledge-able: Learning in New Media Environments Academic Commons. [En ligne).

http://www.academiccommons.org/commons/essay/knowledgable-knowledge-able.

43 WESCH Micheal. The Machine is Us ing Us. YouTube - Web 2.0... The Machine is Us ing Us. [En ligne). http://www.youtube.com/watch?v=6gmP4nkOEOE.

44 Le Web 2.0 sera expliqué dans la section intitulée : « Le Web participatif: un réseau appartenant aux internautes ».

45 Cette citation tirée du texte dans la vidéo intitulée The machine is us sing us : http://www.youtube.com/watch?v=6gmP4nkOEOE. 46 « The Tipping Point is an examination of the social epidemics that surround us. » GLADWELL Malcolm. Gladwell dot com — the tipping point. «What is the Tipping Point''». [En ligne), www.gladwell.com/tippingpoint/index.html.

47 GLADWELL Malcolm, « Afterword ». The tipping point : How Little Things Can Make a Big Difference. Little. Brown and Company. NY, 2002, page 280.

48 Id. 12.

49 « The Tipping point is the biography of an idea, and the idea is very simple. It is that the best way to understand the emergence of fashion trends, the ebb and flow of crime waves, or. for the matter, the transformation of unknown books into bestsellers, or the rise of

(18)

l'importance de comprendre ce qui compose les réseaux sociaux. En ce sens, un changement culturel se produit seulement si l'environnement social est propice à l'intégration de certaines idées. Ce ne serait donc pas l'idée qui ferait le changement, mais plutôt la constitution de l'environnement social qui favoriserait l'éclosion de certaines idées. Au sens de Gladwell, le Web doit être entendu comme un environnement social produisant une interconnexion à l'échelle de la planète.

L'interconnexion50 est le sujet d'un livre publié en 2009 intitulé Connected" par deux

chercheurs américains : Nicolas A. Christakis et James H.Fowler. Tout en abordant « les règles de vie dans le réseau », cette étude détermine les deux aspects fondamentaux des réseaux sociaux, la connexion (ce qui détermine les liens entre les individus) et la contagion (ce qui circule à travers les liens) : « They are two fundamental aspects of social networks, whether they are as simple as a bucket brigade or as complex as a large multigenerational family, a college dormitory, an entire community, or the worldwide network that links us all »52. En ce qui nous concerne, le plus important, c'est leur idée que l'ensemble des

connexions humaines formerait un être pensant, un « superorganisme humain » : « As we studied social networks more deeply, we began to think of them as a kind of human superorganism. They grow and evolve. All sorts of things flow and move within them. This superorganism has its own structure and function [...] »53. Dans la mesure où elle s'articule

avec le Web, cette idée de superorganisme humain permet d'étayer celle du Réseau Vivant. Comme eux, je pense que cet état de fait permettra un jour de réaliser certains objectifs innachevés : « The great project of the twenty-first century — understanding how the whole of humanity comes to be greater than the sum of its parts — is just beginning. Like a awakening child, the human superorganism is becoming self-aware, and this will surely help us to achieve our goals »w. Mais il faut d'abord comprendre comment et pourquoi

nous sommes tous connectés.

teenage smoking, or the phenomena of word of mouth, or any number of the other mysterious changes that mark everyday life is to think of them as epidemics. Ideas and products and messages and behaviors spreads just like viruses do » Id.7.

50 « In this book, we argue that our interconnection is not only a natural and necessary part of our lives but also a force for good. Just as brains can do things that no single neuron can do. so can social networks do things that no single person can do. » CHRISTAKIS Nicholas A., FOWLER James H.. Connected : The Surprising Power of Our Social Networks and How They Shapes Our Lives. Little. Brown and Company. Hachette Book Group, New York. 2009, page xii.

51 CHRISTAKIS Nicholas A., FOWLER James H.. Connected : The Surprising Power of Our Social Networks and How They Shapes Our Lives, Little, Brown and Company. Hachette Book Group, New York, 2009. Connected : The Surprising Power of Our Social Networks, [En ligne), http://www.connectedthebook.com/.

52 Id. 16. 53 Id. Préface, iix. 54 Id. page 305.

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L'article « Harnessing Crowds: Mapping the genome of collective Intelligence »", concerne une étude qui vise à comprendre les rapports, les motifs et les valeurs qui forment le centre moteur de l'intelligence collective56. Associés au MIT Sloan School of Management, les

auteurs Thomas W. Malone37, Robert Laubacher58 et Chrysanthos Dellarocas59 traitent de

projets et de communautés informatiques tel que Linux, Wikipedia, Google et Threadless, où s'exerce l'intelligence collective. On y apprend qu'à l'inverse des organisations où

l'argent représente une force majeure dans l'entreprise, l'amour et la gloire seraient au cœur des récents projets liés à l'exploitation de l'intelligence collective60. Cela rappelle la

meritocratic61 des hackers décrite par Eric Steven Raymond62 dans un ouvrage intitulé How

To Become A Hacker63. Celle-ci se fonde sur des principes de liberté, une culture du don et

l'entretien de l'idée que « l'argent n'est pas un gros mot — et ce n'est pas là le moindre signe de maturité dans une société qui reste, pour quelque temps encore ;-) empreinte des valeurs du capitalisme — aucune concession n'est faite sur les questions de partage et d'ouverture »64. Le succès de projets comme Linux résulte d'une culture alternative qu'Eric

Raymond nomme le Bazar :

Linux is subversive. Who would have thought even five years ago (1991) that a world-class operating system could coalesce as if by magic out of part-time hacking by several thousand developers scattered all over the planet, connected only by the tenuous strands of the Internet? [...] the Linux community seemed to resemble a great babbling bazaar of differing agendas and approaches (aptly symbolized by the Linux archive sites, who'd take submissions from anyone) out of which a coherent and stable system could seemingly emerge only by a succession of miracles.65

55 MALONE Thomas W„ LAUBACHER Robert, DELLAROCAS Chrysanthos, « Harnessing Crowds : Mapping the Genome of Collective Intelligence ». MIT Sloan School Working Paper 4732-09, 3 février 2009. SSRN-Harnessing Crowds: Mapping the Genome of Collective Intelligence by Thomas Malone. Robert Laubacher. Chrysanthos Dellarocas. [Pdf en ligne].

http://ssrn.com/abstracF 1381502.

56 « [...] collective intelligence, defined very broadly as groups of individuals doing things collectively that seem intelligent». Id.2 57 Thomas W. Malone, professeur au MIT Sloan School of management et directeur au MIT center for Collective intelligence. MALONE Thomas W., Thomas W Malone Home Page. [En ligne), http://cci.mit.edu/malone/index.html.

58 Robert Laubacher, chercheur au Center for Collective Intelligence . MIT Sloan School of Management, http://ccs.mit.edu/rob.htm 59 Chrysanthos Dellarocas, University of Maryland. Directeur de R. H. Smith School's Center for Complexity in Business et chercheur assosié au MIT's Center for Collective Intelligence. Prof. Chrysanthos (Chris) Dellarocas.[En ligne]

http://www.rhsmith.umd.edu/faculty/cdell/.

60 « What is novel about many of collective intelligence systems that have emerged in recent years is theit reliance on the Love and Glory genes, in contrast to traditional organizations, which have relied more heavily on Money as motivating force ». MALONE Thomas W., LAUBACHER Robert, DELLAROCAS Chrysanthos, « Harnessing Crowds : Mapping the Genome of Collective Intelligence », MIT Sloan School Working Paper 4732-09. 3 février, 2009, p.5. http://ssrn.com/abstractH38l 502.

61 « n.f. Hiérarchie sociale fondée sur le mérite individuel » Petit Robert Electronique. 2010.

62 Hacker américain, à l'origine du terme « Open Source » (avec Richard Stallman) et auteur du texte The Cathedral and the Bazaar : http://www.catb.org/~esr/writings/cathedral-bazaar/cathedral-bazaar/.

63 http://www.catb.Org/~esr/faqs/hacker-howto.html#believel.

64 BLONDEAU Olivier, « État du "Libre" » dans BLONDEAU Olivier et LATRI VE Florent, Libres enfants du savoir numérique : Anthologie du «Libre», L'éclat, Quercy. 2000. p. 219.

65 RAYMOND. Eric Steven. The Cathedral and the bazaard. version 3.0. 2000. [En ligne], http://www.catb.org/-esr/writings/cathedral-bazaar/cathedral-bazaar/index.html.

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L'activité de la collectivité humaine se prolonge ainsi dans un environnement social contenu par une infrastructure de communication avec ou sans fil. L'intelligence collective, les réseaux sociaux, le Living Web, la mémoire vivante, le superorganisme humain sont quelques idées qui gravitent autour de celle du Réseau Vivant comme culture spécifique au Web 2.0 (Web participatif).

Le Web 2.0 (Web participatif) : Un réseau appartenant aux internautes

Les principes qui fondent le Web 2.0 sont énoncés dans un article publié en 2005 par Tim O'Reilly « What is Web 2.0? Design Pattern and Business Models for the Next Generation of Software »66. Cet article, traduit en huit langues, représente une référence importante

dans l'introduction des principes du Web 2.0. Aussi, dans un rapport plus récent (2009) intitulé « Web Squared : Web 2.0 five years on »6~, Tim O'Reilly revise l'état du Web 2.0.

C'est dans cette culture que s'inscrit la production de {'Iconologia Web : le système d'images avec lequel j'exprime actuellement l'hybridation entre l'humanisme et la culture du Web 2.0 (Web participatif). La présente section vise à comprendre le Web participatif ainsi qu'à explorer certaines valeurs comprises dans Y Iconologia Web.

Dans un numéro spécial, publié en 2007 par le Courrier International au sujet du Web 2.0, Claude Leblanc68 introduit la révolution 2.0 en rappelant que Tim Burners Lee, l'inventeur

du Web, voulait d'abord que le World Wide Web soit « accessible au plus grand nombre» et que cela « devienne un puissant moyen de collaboration »69. 1989 a marqué l'année de cette

invention. Aujourd'hui, on constate que la place consacrée à la collaboration est ce qu'il y a de plus signifiant dans le mouvement « Web 2.0 ». La participation des usagers détermine le sens de cette plateforme Web. L'expression « Web 2.0 » est associée à la seconde génération de logiciels apparue une dizaine d'années après la création du Web 1.070. Mais ce

66 O'REILLY Tim. « What is Web 2.0? Design Pattern and Business Models for the Next Generation of Software », 2005, What Is Web 2.0 - O'Reilly Media. [En ligne), http://www.oreillynet.eom/pub/a/oreilly/tim/news/2005/09/30/what-is-web-20.html.

67 O'REILLY Tim et BATTELLE John. « Web Squared : Web 2.0 Five Years On », Web 2.0 summit, O'Reilly Media. 2009. Web Squared: Web 2.0 Five Years On - by Tim O'Reilly and John Battetle. [En ligne].

http://www.web2summitcom/web2009/public/schedule/de tail/10194 68 Rédacteur en chef chez Courrier International.

69 LEBLANC Claude, « editorial : Nouveaux Mondes ». Révolution 2.0, Courrier International (Hors série). Octobre novembre décembre 2007, Paris, page 3-4.

70 « Web 1.0 began with the release of the WWW to the public in 1991. and is the general term that has been created to describe the Web before the "bursting of the Dot-com bubble" in 2001. which is seen by many as a turning point for the internet » Web 1.0 - Wikipedia. the free encyclopedia. [En ligne] http://enwikipedia.Org/wiki/Web_l.0#cite_note-web2.socialcomputingmagazine.com-3.

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que nous devons surtout y voir, c'est un projet dirigé par des principes de développement culturels introduits par Tim O'Reilly71.

Tim O'Reilly est un auteur et un éditeur majeur en ce qui concerne le Web et l'informatique. Dans son article intitulé « What is Web 2.0? Design Patterns and Business Models for the Next Generation of Software », il présente les lignes fondatrices du Web 2.0. On y apprend que l'expression « Web 2.0 » est issue d'une conférence72 dont la tenue a été provoquée par

un point tournant dans l'histoire du Web : l'effondrement du dot-com13 dans le secteur

boursier. Cependant, parce que l'expression était devenue porteuse d'ambiguïté74, O'Reilly

publia l'article qui explique en quoi consiste véritablement le Web 2.0. Les sept principes au coeur du concept de Web 2.0 se résument de la façon suivante :

Considérer le Web en tant que plate-forme. Exploiter l'intelligence collective sur le Web. Accorder le pouvoir aux données, au contenu. Viser la fin des cycles de mise à jour des logiciels. Produire des modèles légers de programmation. Libérer le logiciel de l'ordinateur personnel.

Enrichir l'expérience et les interfaces des utilisateurs.7'

Ensemble, ces principes forment une approche qui favorise la participation de la collectivité, l'accessibilité à l'information, l'ouverture, la démocratisation et la collaboration. Cela marque une similitude avec le mouvement Open Source qui cultive un système de connaissance associé au même type de valeurs : « "Ouvert jusqu'à la promiscuité", tel est le slogan du monde de l'Opensource qui puise ses racines dans la conception humaniste de la

71 Tim O'Reilly : http://tim.oreilly.com/

72 « The concept of "Web 2.0" began with a conference brainstorming session between O'Reilly and MediaLive International. Dale Dougherty. Web pioneer and O'Reilly I P. noted that far from having "crashed", the web was more important than ever, with exciting new applications and sites popping up with surprising regularity. What's more, the companies that had survived the collapse seemed to have some things in common. Could it be that the dot-com collapse marked some kind of turning point for the web. such that a call to action such as "Web 2.0" might make sense'7 We agreed that it did. and so the the Web 2.0 conference was born. »

O'REILLY Tim, « What is Web 2.07 Design Pattern and Business Models for the Next Generation of Software », 2005, page 1.

http://oreilly.com/web2/archive/what-is-web-20.html.

73 «The bursting of the dot-com bubble in the fall of 2001 marked a turning point for the web. » Idem.

74 Par exemple le Web 2.0 est une expression galvaudée par les promoteurs dans le domaines du Web et en même temps elle signifie une nouvelle convention de sagesse dans ce même domaine.

75 Principes reformulés à partir d'une version française sur le site WebEutech (http://www.eutech-ssii.eom/ressources/l) et à partir de l'article original «What is Web 2.0r> Design Pattern and Business Models for the Next Generation of Software ». Voici les principes

originaux : « The Web as a plateform. Harnessing Collective Intelligence. Data is the Next Intel Inside. End of Software Release Cycle. Lightweight Programming Models. Software Above the Level of a Single Device. Rich User Experiences. » O'REILLY Tim. « What is Web 2.09 Design Pattern and Business Mode Is for the Next Generation of Software ». 2005.

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République des Lettres et dans les usages de la Recherche»76. Sur le site Open Source

Initiative on explique qu'une licence OSI77 s'inscrit dans la promesse suivante : « Open

source is a development method for software that harnesses the power of distributed peer review and transparency of process. The promise of open source is better quality, higher reliability, more flexibility, lower cost, and an end to predatory vendor lock-in [...] »78.

Cette forme de combat pour une création plus libre justifie l'intérêt que l'éditeur O'Reilly porte aux principes de Y Open Source : « If open source pioneers are to benefit from the revolution we've unleashed, we must look through the foreground elements of the free and open source movements, and understand more deeply both the causes and consequences of the revolution »79. À partir du fait que les principes du Web 2.0 et ceux de YOpen Source

sont de nature apparentée, il n'est pas surprenant que Tim O'Reilly soit engagé à supporter ces deux projets80.

Tim O'Reilly a révisé le concept de Web 2.0 dans un rapport intitulé « Web Squared : Web 2.0 five years on ». Écrit en collaboration avec John Battelle81, l'article défend toujours les

mêmes principes, mais cette fois, les auteurs soulignent l'importance de la rencontre entre le Web et le reste du monde :

But 2009 marks a pivot point in the history of the Web. It's time to leverage the true power of the platform we 've built. The Web is no longer an industry unto itselj — the Web is now the world. And the world needs our help. If we are going to solve the world's most pressing problems, we must put the power of the

Web to work — its technologies, its business models, and perhaps most importantly, its philosophies of openness, collective intelligence, and transparency. And to do that, we must take the Web to another level. We can't afford incremental evolution anymore. It's time for the Web to engage the real world. Web meets World — that s Web Squared.82

76 BLONDEAU Olivier. « État du "Libre" » dans BLONDEAU Olivier et LATRI VE Florent. Libres enfants du savoir numérique : Anthologie du «Libre». L'éclat. Quercy. 2000. p.217

77 http://www.opensource.org/docs/osd. 78 http://www.opensource.org/.

79 O'REILLY, Tim. « Open Source Paradigm Shift ». 2004. http://tim.oreilly.com/articles/paradigmshift 0504.html

80 « Tim is an activist for open source, open standards, and sensible intellectual property laws. » http://oreilly.com/oreilly/tim_bio.html. Voir ses articles au sujet de ['Open Source : http://tim.oreilly.com/opensource/index.csp.

81 « Battelle is an entrepreneur, journalist, professor, and author who has founded or co-founded scores of online, confer- ence. magazine, and other media businesses. » O'REILLY tim et BATTELLE John. « Web Squared: Web 2.0 Five Years On ». 2009, http://www.web2summit.com/web2009/public/schedule/detail/10194

82 O'REILLY tim et BATTELLE John. « Web Squared: Web 2.0 Five Years On ». 2009, p.13, http://www.web2summit.com/web2009/public/schedule/detail/10194.

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Tout en désignant la réciprocité entre le Web et le monde, le Web Squared représente les possibilités exponentielles associées au Web :

The Web is no longer a collection of static pages of HTML that describe something in the world. Increasingly, the Web is the world — everything and everyone in the world casts an "information shadow, " an aura of data which, when captured and processed intelligently, offer extraordinary opportunity and mind-bending implications. Web Squared is our way of exploring this phenomenon and giving it a name.H3

Les sept principes sous-tendant le Web 2.0 et le Web Squared représentent donc un projet en cours de réalisation. Cela produit une nouvelle dynamique qui change le monde : l'interconnectivité. Ce type de réseau existe par une série de pratiques et d'outils84 qui

encouragent l'échange et qui sollicitent l'implication des internautes. Ainsi, les idées circulent par delà les frontières territoriales, linguistiques et culturelles. Cela rejoint l'idée que YOpen Source reprend celle de la République des Lettres issue de la Renaissance.

Le Web participatif se rattache en effet à l'humanisme de la République des Lettres dans la mesure où il concerne les réseaux de correspondances impliqués dans le partage du savoir et des idées du monde qui lui est contemporain. Afin d'approfondir cette avenue, le chapitre suivant introduit le concept d'humanisme : une utopie85 que je propose de revoir sous l'angle

du Réseau Vivant comme culture du Web 2.0.

83 Id.2.

84 Exemple d'outils et de pratiques : le blogue. le micro-blogue. le Wiki. le groupe de discussion, les outils de correspondance écrites, l'espace au commentaire ouvert, les données communes, l'espace public, etc.

85 Stefan Zweig, dans un livre qu'il consacra à Érasme, parlait ainsi d'une utopie : « La pensée érasmienne n'a jamais joué aucun rôle dans l'histoire ni exercé aucune influence sensible sur le destin de l'Europe : le grand rêve des humanistes, l'applanissement des conflits dans un esprit d'équité, cette union désirée des nations sous le signe de la culture générale, est demeuré une utopie, n'a jamais été réalisé et n'est peut-être pas réalisable dans le domaine des faits. » ZWEIG Stefan. Érasme Grandeur et décadence d'une idée. Grasset. (Traduit de l'allemand par Alzir Hella). Paris, 2008. page 183.

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CHAPITRE II : L'humanisme

Pour amorcer ce sujet, je m'inspire de la préface à Y Anthologie des humanistes de la Renaissance de Jean-Claude Margolin, un spécialiste d'Érasme et de l'Europe de la Renaissance ainsi que de l'histoire de la pensée au XVIe siècle. Ce livre constitue une vaste étude de l'humanisme européen de la Renaissance et propose un concept d'humanisme qui présente certaines idées permettant de relier l'humanisme à la culture du Web participatif.

L'anthologie en question a été publiée en 2007. Elle réunit des textes d'une grande diversité sous la catégorie des humaniores litterae — le genre littéraire associé à l'humanisme qui « explore et exalte toutes les richesses de la nature humaine, et d'abord ces valeurs de liberté et de dignité »86. Ce recueil révèle la pluralité des genres littéraires propre à

l'humanisme européen de la Renaissance :

En multipliant les « genres littéraires » et les circonstances de leur écriture (lettres, récits, dialogues, sermons, recommandations, introduction de remarques ou de règles grammaticales pour renforcer ou amoindrir telle argumentation, utilisation d'une logique à plusieurs niveaux, surtout dans les débats théologiques, recours à des facéties variées pour gagner la sympathie ou la complicité du lecteur, ou aux figures rhétoriques de la prosopopée ou de la métaphore, ou encore à des jeux de mots et de sens où l'on n'hésite pas à mêler deux langues), on a voulu faire apparaître cette diversité des hommes et de leur outillage langagier, adapté à la diversité de leurs projets.87

En ciblant un mouvement qui habite certaines des « couches les plus instruites de la société européenne »88, Margolin présente cette définition de l'humanisme européen de la

Renaissance :

[...]un mouvement intellectuel irrésistible qui a ouvert la voie à une transformation de la vision du monde, à un renouvellement des modes et des types de connaissances, à un élargissement des sources d'inspiration littéraire et artistique, à une refonte du système pédagogique des classes élémentaires à l'enseignement supérieur, à une critique libératrice des traditions et des

86 MARGOLIN Jean-Claude. Anthologie des humanistes européens de la Renaissance. Collection Folio Classique. Gallimard. Saint-Amand (cher), France. 2007. page 46.

87 ld.47. 88 ld. 20.

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institutions — qui s'oppose néanmoins à toute rupture de caractère violemment révolutionnaire — . et enfin, à une image nouvelle de l'homme.89

Selon Margolin, l'humanisme « vise moins à l'élaboration conceptuelle d'un système du monde qu'à un accomplissement intellectuel et éthique de l'homme »90. Un tel projet

d'accomplissement n'est certainement pas disparu aujourd'hui.

La revue des œuvres des humanistes européens de la Renaissance que Margolin propose regroupe des textes de penseurs et de chercheurs qui ont participé à l'explosion du savoir en Europe. Il s'agit de « textes de natures fort diverses : les uns, d'inspiration purement théologique ou ecclésiale, les autres relevants de la diversité encyclopédique des sciences "profanes" : comédie, philosophie, histoire »". Ces écrits et ces extraits de correspondances écrites sont constitutifs de la République des Lettres : un « espace intellectuel, qui réunit une communauté d'hommes de lettres autour de valeurs communes humanistes, et un réseau de correspondance constitué en Europe de la Renaissance »92. Noël Blandin est l'auteur de

cette définition. Soulignons qu'il est fondateur, éditeur et directeur de La République Internationale des Lettres, un journal âgé d'une quinzaine d'années dont les parutions mensuelles se font sur le Web depuis 199693. Blandin poursuit sa définition de la

République des Lettres en soulevant qu'aujourd'hui « l'esprit et la sociabilité d'origine ont été remplacés par de nouvelles formes de communication médiatique, mais la notion de "République des Lettres" désigne toujours communément le monde des Livres, des Lettres, de la Culture et de la Politique »94. Cette façon de revoir la République des Lettres à la

lumière du XXIe siècle explique comment je conçois une dimension humaniste dans la culture du Web participatif conjointe à l'élaboration d'un savoir libre et commun.

89Id.l9et20. 90 ld.22. 91 Id.26.

92 BLANDIN, Noël, « Brève histoire de la République des Lettres », La République des Lettres. Septembre 2009, http://ww,w.republique-des-lettres.fr/l0867-republique-des-lettres.php.

93 « La République Internationale des Lettres (communément appelé La République des Lettres) est un journal de débat, de critique et d'information culturelle et politique. Il a été fondé en mars 1994 à Paris par l'éditeur Noël Blandin. L'édition mensuelle sur papier — aujourd'hui abandonnée — était tirée à 20.000 exemplaires et diffusée en kiosques jusqu'en 1998. Le site web "republique-des-lettres" (corn puis .fr) est ouvert depuis juin 1996. Avec plus de 6.000 articles accessibles gratuitement en ligne c'est l'une des plus importantes sources d'information et de documentation en français sur l'actualité culturelle et politique. Il est fréquenté chaque jour par 15.000 visiteurs uniques, soit en moyenne 50.000 pages vues quotidiennement. » http://www.republique-des-lettres.fr/1628-republique-des-lettres.php

94 BLANDIN. Noël, « Brève histoire de la République des Lettres ». La République des Lettres. Septembre 2009. http://wvvw.republique-des-lettres.fr/10867-republique-des-lettres.php.

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L'humanisme et le Web du savoir

En ciblant le Web participatif, il faut penser au-delà du simple fait que les internautes peuvent émettre leurs opinions sur le Web. Il faut voir les possibilités de contribution dans la sphère commune de la connaissance. Cette contribution est perceptible dans certains Wikis95, certains blogues96, certains forums de discussion en ligne, certains sites, etc. Par

« participatif », j'entends donc un acte libre qui tend à construire le « réseau complexe de savoir et de références »97 associé à la République des Lettres et au Web.

Pour montrer comment le Web participatif s'intègre dans la tradition de la République des lettres, Wikipédia9S constitue un exemple majeur. Il s'agit d'un système d'édition

collaborative créé en 2001 par Jimmy Wales, entrepreneur Internet, et Larry Sanger99,

docteur en philosophie à l'Université d'Ohio. Ce dernier est maintenant propriétaire de deux autres projets relatifs à la dimension humaniste que je mets de l'avant : l'encyclopédie Citizendium : the citizen compendium^ et WatchKnow"", un portail Web de vidéos éducatives. Le projet Citizendium correspond à une encyclopédie qui finira peut-être par faire compétition à sa rivale, Wikipedia :

The Citizendium, a «citizens' compendium of everything », is an open wiki project dedicated to creating a free, comprehensive, and reliable repository of structured knowledge. Our community is built on the principles of trust and respect; contributors, or « citizens» , work under their own real names, and all are expected to behave professionally and responsibly. Additionally, experts are invited to play a gentle role in overseeing the structuring of knowledge. ">2

95 « Un wiki est un site web dont les pages sont modifiables par tout ou partie des visiteurs du site. Il permet ainsi l'écriture collaborative de documents. Le premier wiki est créé en 1995 par Ward Cunningham pour réaliser la section d'un site sur la programmation, qu'il a appelé WikiWikiWeb. En 2010, le plus consulté de tous les wikis est l'encyclopédie libre Wikipedia ». http://fr.wikipedia.org/wiki/Wiki. 96 « Site Internet animé par un individu ou une communauté qui s'exprime régulièrement dans un journal, des billets. » Le Petit Robert électronique 2010.

97 BLONDEAU Olivier, « État du "Libre" » dans BLONDEAU Olivier et LATRI VE Florent, Libres enfants du savoir numérique : Anthologie du «Libre». L'éclat. Quercy. 2000. pages p.220.

98 http://www.wikipedia.org/.

99 « Though best known as a founder of Wikipedia. for the last three years I have been Editor-in-Chief of the Citizendium. the Citizens' Compendium : a wiki encyclopedia project that is expert-guided, public participatory, and real-names-only. The project has garnered around 13.000 articles (and in its first year added more words than Wikipedia had in its first year) and is growing at a solid rate. I am also now organizing a brand-new educational video directory. WatchKnow. org, which launched October 19. 2009. We 've gathered over

15,000 videos in over 3.000 categories with a brand new sort of wiki software [...] ». SANGER Larry, http://www.larrysanger.org/. http://en.citizendium.Org/wiki/User:Larry_Sanger.

100 http://en.citizendium.org/wiki/Welcome_to_Citizendium. 101 http://www.watchknow.org/

(27)

De son côté, Jimmy Wales introduit la radicalité du projet Wikipedia en faisant la projection suivante : « Imagine a world in which every single person on the planet is given free access to the sum of all human knowledge. That's what we're doing »103. Ce projet de Wiki entre

dans la catégorie du Web participatif. Il s'agit d'une encyclopédie libre s'élaborant grâce aux internautes qui travaillent volontairement à enrichir, cultiver et renouveler son contenu. Alimentée par des auteurs de tous les continents, Wikipedia constitue une source de savoir libre, publique et consultable en 270 langues104. Comme les humanistes de la Renaissance

échangeaient leurs savoirs et leurs visions du monde à travers un réseau de correspondance écrite en Europe, les contributeurs et les auteurs de Wikipedia participent au déploiement et au partage du savoir dans le monde.

Dans un même ordre d'idées, Wikipedia sous-tend une politique de neutralité105 favorisant

le dialogue entre les collaborateurs. Wales décrit le modèle qui gouverne Wikipedia en soulignant qu'un concenssus décisionnel unit les internautes et les membres élus à la tête du projet. Tous sont engagés à maintenir la coopération, l'ouverture et le savoir librem. Ces

valeurs sont préservées par des principes directeurs se résumant en quatre termes : encyclopédique, neutralité, richesse commune et civilité.107

On peut ainsi suggérer que si l'humanisme européen de la Renaissance est « [...] une attention extrême [portée] à la réalité contemporaine, dans les domaines les plus diversifiés »108, cette attention caractérise aussi le monde du XXIe siècle, surtout en

observant le fait que la culture du Web hérite d'internautes à l'attitude humaniste. À ce propos, Margolin rappelle le caractère actuel des humaniores litterae : « C'est surtout une leçon d'humanité, dans le sens le plus riche et le plus constant — celui que l'on oppose à la barbarie — , que les humaniores litterae ont proposée et proposent encore au monde tragique dans lequel nous vivons. »109

103 Jimmy Wales on the birth of Wikipedia. conférence vidéo publiée sur Ted.com. http://www.ted.com/talks/jimmy_wales_on_the_birth_of_wikipedia.html.

104 Voir les statistiques publiées le 28 février 2010 par Erik Zachte (Analyste de données pour la fondation Wikipedia) : http://stats.wikimedia.org/EN/Sitemap.htm.

105 « Neutral point of view », Jimmy Wales on the birth of Wikipedia. conférence vidéo publiée sur Ted.com. http://www.ted.com/talks/jimmv_wales_on_the_birth_of_wikipedia.html

106 Idem.

107 Les principes fondateurs de Wikipedia : « Wikipedia est une encyclopédie, Wikipedia vise la neutralité de point de vue. Wikipedia est publiée sous licence libre et ouverte à tous. Wikipedia suit des règles de savoir vivre. Wikipedia n'a pas d'autres règles fixes. »

http://fr.wikipedia.Org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Principes_fondateurs.

108 MARGOLIN Jean-Claude. Anthologie des humanistes européens de la Renaissance. Collection Folio Classique, Gallimard, Saint-Amand (cher), France. 2007. page 51.

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L'une des figures majeures de l'humanisme à la Renaissance est Érasme de Rotterdam110, un

philosophe qui consacra sa vie entière et tout son œuvre à «accorder harmonieusement les contrastes de l'esprit humain »'". Il « était plus qu'un savant pour son siècle, c'était l'expression symbolique des aspirations spirituelles les plus secrètes de ce siècle »112. Lui,

comme tant d'autres"3, ont travaillé au développement de cette République des Lettres qui

se prolonge maintenant sur le Web participatif lié au savoir commun.

Dans Libres enfants du savoir du savoir numérique : Anthologie du « Libre », le sociologue Olivier Blondeau nomme cet espace de savoir commun « la galaxie du Libre ». En associant le « Libre » au mouvement Open Source on remarque une attitude qui s'étend à la culture du Web participatif :

Le « Libre » est en effet avant tout une posture qui, dans son évidence, se suffit à elle-même au-delà de toute tentative de conceptualisation : si je veux enrichir mon champ de réflexion, je dois le partager avec d'autres. La propriété, prise au sens étroit du terme, la concurence ou le secret, pratiques contre-productives dans l'espace du savoir [...] sont subverties par celles de coopération, d'ouverture et de partage. « Ouvert jusqu'à la promiscuité », tel est le slogan du monde de l'Opensource qui puise ses racines dans la conception humaniste de la République des Lettres et dans les usages de la Recherche.114

À partir du fait que la République des Lettres se poursuit dans le Web par des projets similaires à Wikipedia, au mouvement Open Source, à WatchKnow, à Citizendium et au journal La République Internationale des Lettres, on peut considérer que l'humanisme

s'étend à d'autres périodes de l'histoire ainsi qu'à d'autres régions du monde. En restant sensible au fait que l'occident constitue une clé dans la compréhension et la définition de l'humanisme, je soulève ici l'idée que grâce à la globalisation culturelle qui s'articule à travers le Web, il est logique d'étendre cette idée d'humanisme à l'international. À cet effet, la définition d'humanisme que Margolin associe au contexte de la Renaissance en Europe pourrait se prêter à d'autres dimensions de la culture humaine. C'est ce dont je m'inspire pour ouvrir cette idée de l'humanisme à la lumière du Web participatif.

110 Id.20.

111 ZWEIG Stefan, Érasme Grandeur et décadence d'une idée. Grasset, (Traduit de l'allemand par Alzir Hella). Paris. 2008. page 15. 112 Id.82.

113 L'Anthologie des humanistes de la Renaissance de Margolin en regroupe cent soixante-neuf incluant Érasme.

114 BLONDEAU Olivier. « État du "Libre" » dans BLONDEAU Olivier et LATRIVE Florent. Libres enfants du savoir numérique : Anthologie du «Libre». L'éclat. Quercy. 2000. p.217.

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En somme, si l'humanisme révèle l'humanité, c'est grâce à cet ensemble partagé de critiques, de connaissances, de découvertes et de visions du monde. L'humanisme provoque l'ouverture sur la diversité parce qu'il résulte d'un échange rigoureux et engagé entre des réalités d'individus qui se confrontent. L'humanisme découle d'une curiosité profonde, d'une rigueur intellectuelle, d'une recherche d'éthique et d'un acte de liberté. Les humanistes sont les adversaires de l'illusion et du fanatisme. Érasme est ici une figure exemplaire. Dans une biographie historienne intitulée Erasme : Grandeur et décadence d'une idée"', Stefan Zweig, un écrivain autrichien à l'attitude humaniste qui a dû fuir le régime nazi116, évoque

les centres d'intérêts de cet homme d'exeption :

Érasme a aimé beaucoup de choses qui nous sont chères : La poésie et la philosophie, les livres et les oeuvres d'art, les langues et les peuples, et, sans faire de différence entre les hommes, l'humanité tout entière, qu'il s'était donné pour mission d'élever moralement. Il n'a vraiment haï qu'une chose sur terre, parce qu'elle lui semblait la négation de la raison : le fanatisme. Il était lui-même le moins fanatique des hommes ; son esprit n'était pas d'une puissance extraordinaire, mais sa science était immence ; on ne peut dire que son cœur débordât de bonté, mais il était loyal et bienveillant. Érasme voyait dans l'intolérance le mal héréditaire de notre société.117

Animés d'une telle conscience idéaliste, perceptible autant chez Érasme que chez Zweig"8,

les humanistes, armés de leurs idées, combattent pour les idéaux de la société humaine. La culture du Web 2.0 et la nature de l'humanisme convergent par leur système d'échange et de diffusion produisant un savoir commun et libre. Je considère ainsi que les éléments culturels suivants servent aux humanistes du XXIe siècle : la correspondance écrite, le blogue, le microblogue, le commentaire public, le forum, le texto, le Wiki, la publication d'images, de vidéos, de musiques, de sons, etc. La dimension Web à laquelle je me rapporte constitue l'environnement de correspondance écrite et variée qui rappelle ce qu'anciennement on appelait les humaniores litterae.

115 ZWEIG Stefan, Erasme Grandeur et décadence d'une idée. Grasset, (Traduit de l'allemand par Alzir Hella). Paris. 2008. 116 En raison de la diversité de ses implications littéraires (journaliste, écrivain, romancier, biographe), de ses voyages et de son pacifisme engagé, on peut conclure que Stefan Zweig est humaniste. « Comme il est dégagé de tout souci matériel par son origine social, sa formation intellectuelle, guidée par une inlassable curiosité, est essentiellement orientée par son goût pour la philosophie, les belles-lettres, l'histoire et les voyages. » Id.7

117ld.l4.

118 « Achevant son livre , Zweig, voulant une dernière fois croire en la raison et la justice, écrivait : " Ils seront toujours nécessaires ceux qui indiquent aux peuples ce qui les rapproche par-delà ce qui les divise et qui renouvellent dans le coeur des hommes la croyance en une plus haute humanité." Une exemplaire leçon d'humanisme, celui d'Érasme, et celui de Stefan Zweig. » Id.p9.

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