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Évaluation des effets d'un programme de mentorat par les pairs sur la pratique d'activité physique et la condition physique de jeunes adultes au collégial

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Academic year: 2021

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© Leandre Lamy, 2021

Évaluation des effets d’un programme de mentorat par

les pairs sur la pratique d’activité physique et la

condition physique de jeunes adultes au collégial

Mémoire

Leandre Lamy

Maîtrise en psychopédagogie - avec mémoire

Maître ès arts (M.A.)

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Évaluation des effets d’un programme de mentorat par

les pairs sur la pratique d’activité physique et la

condition physique de jeunes adultes au collégial

Mémoire

Léandre Lamy

Sous la direction de :

Vicky Drapeau, directrice de recherche

Simon Larose, codirecteur de recherche

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iii

Résumé

Le portrait des comportements de santé des jeunes adultes révèle des données alarmantes quant à leur pratique d’activité physique (Colley, Garriguet, Janssen, Craig, Clarke et Tremblay, 2011). Pour les aider à l’augmenter, il semble indiqué de mettre en place des interventions qui mobilisent l’action de leurs pairs (Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie, 2014; 2015). En effet, ils semblent leur accorder une importante particulière lorsque vient le temps d’adhérer à certaines habitudes de vie (DuBois et Karcher, 2014). Conséquemment, le mentorat par les pairs semble une avenue prometteuse. Bien que les caractéristiques de ce type d’intervention aient été documentées dans la littérature, peu d’études ont évalué ses effets chez les mentorés (Sallis, Calfas, Nichols, Sarkin, Johnson, Caparosa, Thomson et Alcaraz, 1999; Boyle, Mattern, Lassister et Ritzler, 2011), et encore moins l’ont fait auprès des mentors (Lubans, Morgan, Aguiar et Callister, 2011). Dans cette perspective, la présente étude visait deux objectifs :1) évaluer les effets d’un programme de mentorat par les pairs en milieu collégial sur la pratique d’activité physique, la condition physique, les comportements alimentaires, la consommation de fruits et légumes et le sentiment d’efficacité personnelle des mentorés et mentors; 2) explorer le rôle modérateur du sexe et du niveau initial de pratique d’activité physique des participants sur les effets du programme. Ces objectifs ont été investigués à l’aide d’une étude au devis quasi expérimental prétest/posttest à l’aide de 104 jeunes adultes (mentors n=38, non-mentors n= 33, mentorés n= 21 et non-mentorés n= 12). Des questionnaires ainsi que des tests physiques ont permis de colliger les données. Des analyses de covariance (ANCOVAS) montrent que les mentorés rapportent moins de comportements visant à gagner du poids que les non-mentorés, alors que les mentors rapportent moins de comportements visant à en perdre que les non-mentors. De plus, les analyses de modération révèlent des différences chez les hommes, indépendamment de leur niveau de pratique d’activité physique initial, mais pas chez les femmes. En effet, 1) les hommes mentorés présentent un volume de consommation maximale d’oxygène estimé (VO₂ max) plus élevé que les hommes non-mentorés, 2) les hommes mentors montrent un plus petit indice de masse corporelle (IMC) que les hommes non-mentors et 3) les hommes mentors rapportent plus de comportements visant le gain de poids que les hommes non-mentors. Toutefois, bien que nos résultats nous suggèrent ces effets, il nous apparaît essentiel de les interpréter avec prudence due à quelques limites méthodologiques, notamment le petit échantillonnage. Ainsi, nous les voyons plutôt comme des tendances à considérer dans les recherches futures. Somme toute, nos résultats suggèrent de prendre en compte le sexe des participants dans le développement, l’implantation et l’évaluation de programme de mentorat, particulièrement chez les mentors.

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iv

Abstract

The actual portrait of the health behaviours of young adults reveals alarming data about the physical activity level (Colley, Garriguet, Janssen, Craig, Clarke & Tremblay, 2011).. To help them adopt increase their physical activity level, it seems appropriate to set up interventions that mobilize the action of their peers (Canadian Institute for Research on Fitness and Lifestyle, 2014; 2015). They seem to give them special importance when the time comes to adopt healthy lifestyle habits (DuBois & Karcher, 2014). Therefore, peer mentoring seems a promising avenue. Although the characteristics of this type of intervention have been documented in the literature, few studies have evaluated its effects in mentees (Sallis, Calfas, Nichols, Sarkin, Johnson, Caparosa, Thomson & Alcaraz, 1999; Boyle, Mattern, Lassister & Ritzler, 2011) and even fewer have done so with mentors (Lubans, Morgan, Aguiar & Callister, 2011). From this perspective, the present study had two objectives: 1) to evaluate the effects of a peer mentoring program in college settings on the practice of physical activity, physical condition, eating behaviours, consumption of fruits and vegetables. and the sense of personal effectiveness of mentees and mentors; 2) explore the moderating role of gender and participants' initial level of physical activity on the effects of the program. These objectives were investigated using a study with a quasi-experimental design using 104 young adults (mentors n = 38, non-mentors n = 33, mentees n = 21 and non-mentees n = 12). Questionnaires as well as physical tests made it possible to measure the main variables. The covariance analyzes show that at the end of the intervention, mentees adopted fewer behaviours aimed at gaining weight than non-mentees, while mentors adopted fewer behaviours aimed at losing weight than non-mentors. In addition, moderation analyzes reveal effects in men regardless of their initial level of physical activity but not in women. In fact, 1) mentee men exhibit better estimated maximal volume of oxygen consumption (VO₂ max) than non-mentee men, 2) male mentors show a lower body mass index (BMI) than non-mentor men and 3) male mentors report more behaviours aimed at gaining weight than non-mentor men. However, although our results suggest these effects, it seems essential to us to interpret them with caution due to some methodological limitations, in particular the small sampling. We often see them as tendencies to take in count for future research. However, our results suggest that we must consider sex of participants when time comes to orient, implement, and operationalize mentoring programs, particularly for the mentors.

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v

Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ...iv

Table des matières ... v

Liste des tableaux de la problématique et de la revue de la littérature ... viii

Liste des tableaux de l'article ... viii

Liste des figures de l’article ...ix

Liste des abréviations ... x

Remerciements ...xi

Avant-propos ... xii

Introduction ... 1

1. Chapitre 1 : Problématique ... 3

1.1. La pratique d’activité physique... 3

1.2. La condition physique ... 7

1.3. La consommation de fruits et légumes ... 9

1.4. Les problèmes reliés au poids ... 12

1.5. Le sentiment d’efficacité personnelle ... 15

2. Chapitre 2 : Revue de la littérature ... 17

2.1. Le mentorat par les pairs visant la pratique d’activité physique et d’autres saines habitudes de vie : portrait dans la population générale ... 17

2.2. Le mentorat par les pairs visant la pratique d’activité physique et d’autres saines habitudes de vie : portrait à l’enseignement primaire et secondaire ... 20

2.3 Le mentorat par les pairs visant la pratique d’activité physique et d’autres saines habitudes de vie: portrait à l’enseignement post-secondaire ... 28

3. Chapitre 3 : Mise en contexte de l’étude ... 34

4. Chapitre 4 : Objectifs et hypothèses de l’étude... 37

4.1. Problème de recherche ... 37

4.2. Objectifs de l’étude ... 38

4.3. Hypothèses de l’étude ... 38

5. Chapitre 5 : Article de maîtrise ... 39

Résumé ... 40 Introduction ... 41 Méthodologie ... 42 Devis et participants ... 42 Admissibilité et recrutement ... 42 Le programme d’intervention ... 43

Le cours « Accompagnement par les pairs » ... 43

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vi

Le formation et le suivi des dyades... 44

Les collectes de données et les instruments de mesure ... 44

La pratique d’activité physique ... 44

Mesures anthropométriques ... 45

Le volume maximal de consommation d’oxygène estimé (VO2 max) ... 45

Le sentiment d’efficacité personnelle à l’égard de la pratique d’activité physique ... 45

La consommation de fruits et légumes ... 45

Les comportements visant la perte ou le gain de poids ... 46

Les analyses statistiques ... 46

Résultats ... 47

La comparaison des groupes au prétest ... 47

Mentorés et non-mentorés ... 47

Mentors et non-mentors... 47

Les analyses principales ... 47

Mentorés et non-mentorés ... 47

Mentors et non-mentors... 48

Les analyses secondaires ... 48

Mentorés et non-mentorés en fonction du sexe et du niveau initial de pratique d’activité physique 48 Mentors et non-mentors en fonction du sexe et du niveau initial de pratique d’activité physique ... 48

Discussion ... 48

Les effets du programme chez les mentorés ... 49

Les effets du programme chez les mentors ... 49

Les effets différentiés selon le sexe des participants ... 50

Les effets différentiés selon le niveau initial de pratique d’activité physique des participants ... 51

Forces et limites de l’étude ... 51

Conclusion ... 52 Conflit d’intérêts ... 53 Remerciements... 53 Approbation éthique ... 53 Références de l’article ... 54 Conclusion ... 63

Les effets chez les mentorés ... 64

Les effets chez les mentors ... 64

Les effets différentiés selon le sexe des participants ... 64

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vii

Forces et limites de l’étude ... 65

Les avenues futures de recherche... 65

Bibliographie du mémoire ... 67

Annexe 1. Formulaire de consentement mentorés ... 76

Annexe 2. Formulaire de consentement non-mentorés ... 78

Annexe 3. Formulaire de consentement mentors ... 80

Annexe 4. Formulaire de consentement non-mentors ... 82

Annexe 5. Questionnaire pré-test et post-test ... 84

Annexe 6. Guide de formation des mentors ... 99

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viii

Liste des tableaux de la problématique et de la revue de

la littérature

Tableau 1. Lignes directrices en matière de mouvement sur 24 heures chez les adultes de 18 à 64 ans

...5

Tableau 2. Recommandations en matière de consommation de fruits et légumes en nombre de portions quotidiennes chez les jeunes adultes âgés entre 18 et 24 ans ... 10

Tableau 3. Étapes de l’implantation du programme de mentorat visant la pratique d’activité physique et d’autres saines habitudes de vie... 26

Tableau 4. Études portant sur le mentorat par les pairs utilisant l’approche par cours dans le but d’augmenter la pratique d’activité physique chez des universitaires ... 29

Liste des tableaux de l'article

Tableau 1. Comparaison initiale entre les mentorés et les non-mentorés au prétest ... 56

Tableau 2. Comparaison initiale entre les mentors et les non-mentors au prétest ... 57

Tableau 3. Différences entre les mentorés et les non-mentorés au post-test ... 58

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Liste des figures de l’article

Figure 1. Différences entre les mentorés et non-mentorés selon le sexe quant au VO2 max estimé au

post-test ... 60

Figure 2. Différences entre les mentors les non-mentors selon le sexe quant à l’IMC au post-test ... 61 Figure 3. Différences entre les mentors et les non-mentors selon le sexe quant aux comportements visant

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Liste des abréviations

ASPQ : Association pour la santé publique du Québec

CLW : Test physique Chiasson, Lasnier et Wittom

ECMS : Enquête canadienne sur les mesures de santé

EQSP : Enquête québécoise sur la santé des populations

ENSP : Enquête nationale sur la santé des populations

EPS : Éducation physique et à la santé

ESCC : Enquête sur la santé des collectivités canadiennes

EQSJS : Enquête québécoise sur la santé des jeunes au secondaire

FC : Fréquence cardiaque

IMC : Indice de masse corporelle

INSPQ : Institut national de santé publique du Québec

KG/M² : Kilos de poids divisé par la taille en mètres au carré

ML/KG/MIN : Millilitres par kilos de poids par minutes OMS : Organisation mondiale de la santé

PAM : Puissance Aérobie Maximale

SAPEP : Service d’accompagnement par les pairs en éducation physique

SEP : Sentiment d’efficacité personnelle

U.A. : Unité arbitraire

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xi

Remerciements

En premier lieu, je tiens à remercier ma directrice de maîtrise Vicky Drapeau ainsi que mon codirecteur Simon Larose pour leur accompagnement tout au long de ce projet de recherche. D’abord, merci à Vicky de toujours avoir eu les bons mots et la patience pour me guider dans cette démarche qui fut remplie de défis. Sa bienveillance et son positivisme ont grandement contribué à l’achèvement de ce mémoire. Également, merci à Simon d’avoir accepté d’embarquer dans le projet, même si ce dernier était déjà en cours. Sa rigueur et sa capacité à bien vulgariser des contenus complexes m’ont permis de mieux comprendre plusieurs aspects du processus de recherche. Enfin, j’ai grandement apprécié que Vicky et Simon fassent preuve d’ouverture vis-à-vis mon parcours de maîtrise. En effet, ils ont toujours valorisé mes implications en dehors de la réalisation de mon mémoire (ex. : les charges de cours, l’enseignement au collégial, la collaboration sur différents projets de recherche et de développement professionnel). Aujourd’hui, je constate toute la richesse de mon parcours atypique. Il fut certes plus long que ce que je m’étais imaginé, mais il fut très formateur. Je sais qu’il me sera utile pour la suite de mon cheminement professionnel et personnel. Merci.

En second lieu, je tiens à remercier Maryse Lévesque (enseignante de l’intervention à l’étude) pour avoir collaboré avec moi pendant près de deux ans. Elle a fait preuve d’une grande ouverture d’esprit en acceptant la tenue du projet de recherche. Sans elle, ce projet aurait difficilement pu avoir lieu. Merci à tous les participants de l’étude, Sophie-Emmanuelle Genest, Gilles Drouin, Francis Lalime, Gabriel Gagnon-Goyette, toute l’équipe du département d’éducation physique du Cégep Sainte-Foy, mes collègues du Département d’éducation physique de l’Université Laval, mes amis, ma famille : Brioche, Brindille, Camille ainsi qu’à ma belle Marguerite qui est parmi nous depuis janvier. Elle a été le moteur de mon assiduité dans les derniers mois.

En définitive, merci à Luc Nadeau et Sylvain Turcotte, membres de mon jury d’évaluation, d’avoir consacré du temps à l’évaluation et la bonification de mon mémoire.

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xii

Avant-propos

Ce mémoire avec insertion d’un article scientifique a été mené entre les années 2015 et 2020. La collecte de données a été menée aux sessions d’études de l’automne 2016, l’hiver 2017 et l’automne 2017, alors que l’analyse des données et la rédaction du mémoire ont été complétées entre les années 2018 et 2021. Pour ce qui est de mon implication dans ce projet de recherche, j’ai recruté les participants (suivi avec le cégep et l’équipe d’enseignants, explication du projet, formulaire de consentement), administré les questionnaires (en plus du suivi par courriel et par téléphone des participants), conçu et offert la formation de base aux mentors, compilé les données et le dictionnaire de variables, conduit les analyses statistiques et rédigé, comme premier auteur, l’article scientifique. Évidemment, tout ce travail n’aurait pas pu être accompli sans la contribution de Gabriel Gagnon-Goyette (étudiant à la maîtrise) qui m’a aidé pour la saisie des données, la conception du dictionnaire de variables, la passation des questionnaires et la formation des mentors à l’automne 2017.

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1

Introduction

L’adoption et le maintien de saines habitudes de vie, comme la pratique régulière d’activité physique et la consommation abondante de fruits et légumes, sont contributoires à la santé. En plus de procurer de nombreux bienfaits, ces comportements ont le potentiel de réduire les risques de développer des maladies chroniques telles que l’obésité et le diabète de type II (Organisation mondiale de la Santé, 2006). D’ailleurs, les données colligées par l’Enquête québécoise sur la santé des populations menée en 2014-2015 montrent que plus de 56 % des Québécois âgés de 15 ans et plus présentaient de l’embonpoint ou de l’obésité (Camirand, Traoré, Baulne et Courtemanche, 2016). Les conséquences de ce statut pondéral élevé sur la santé sont considérables, passant par une hausse du risque de mortalité précoce à différents problèmes physiques, psychologiques et psychosociaux (Ells, Lang, Shield, Wilkinson, Lindstone, Coulton et Summerbell 2006; Lau, Douketis, Morrison, Hramiak, Sharma et Ur, 2007). Ces conséquences sont également perceptibles sur le plan économique. Les coûts absolus de l’obésité au Canada étaient évalués à plus 6 milliards de dollars en 2006 (Anis, Zhang, Bansback, Guh, Amarsi et Bimingham, 2010).

Par ailleurs, il semble que la transition entre la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte représente une période critique pour l’adoption des saines habitudes de vie (Traoré, Street, Camirand, Joubert et Berthelot, 2018). En effet, avec une nouvelle réalité personnelle, académique et professionnelle, les jeunes adultes sont confrontés à des responsabilités qui bousculent, et parfois même, agissent comme obstacles à l’adoption de plusieurs comportements sains (Fédération des cégeps, 2010). D’ailleurs, un grand nombre d’enquêtes brossent un portrait inquiétant de leur faible taux de pratique d’activité physique, de leur alimentation pauvre en fibres et en fruits et légumes, ainsi que de leur préoccupation excessive à l’égard du poids (Camirand et al., 2016; Colapinto, Graham et St-Pierre, 2018; Colley et al., 2011; Joubert et Baraldi, 2016; Plante, Blanchet et Rochette, 2019; Statistique Canada, 2012; Traoré et al., 2018).

Pour pallier cette situation, de nombreuses initiatives visant la promotion des saines habitudes de vie ont vu le jour depuis plus 30 ans (Société canadienne de physiologie de l’exercice, 2011). Cependant, les données colligées par les enquêtes précédemment mentionnées montrent que peu de progrès est observable au fil des années et donc que le défi est toujours d’actualité, notamment chez les jeunes adultes. Néanmoins, de récentes études permettent de mieux comprendre les facteurs spécifiques influençant l’adoption de ces

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comportements pour chaque tranche d’âge. Par exemple, chez les adolescents et les jeunes adultes, on remarque qu’ils accordent une importance notable aux pairs comparativement à d’autres tranches d’âges (ICRCP, 2014; 015). En fait, leurs pairs semblent particulièrement importants et crédibles à leurs yeux à l’égard des attitudes, des normes et des comportements auxquels adhérer (DuBois et Karcher, 2014; Smith et Petosa, 2016). Ainsi, en s’appuyant sur les fondements des théories sociales cognitives, notamment sur le concept du sentiment d’efficacité personnelle, des études ont été conduites en utilisant le mentorat par les pairs comme stratégie pour faciliter l’adoption de saines habitudes de vie. En outre, quelques revues de littérature suggèrent que le mentorat par les pairs améliore les saines habitudes de vie (Jenkinson, Naughton et Benson, 2014; Mellanby, Rees et Tripp, 2000; Petosa et Smith, 2014; Plotnikoff, Costigan, Williams, Hutchesson, Kennedy, Robards, Allen, Collins, Callisater et Germov, 2015; Smith et Petosa, 2016; Yip, Gates, Gates et Hanning, 2016).

En somme, ce mémoire de maîtrise présente une étude menée au collégial utilisant l’approche du mentorat par les pairs dans le but d’augmenter la pratique d’activité physique et d’améliorer la condition physique de jeunes adultes. Le présent document se divise en cinq chapitres. Le premier chapitre aborde la problématique de ce mémoire, c’est-à-dire qu’il contient un portrait des cibles de l’intervention, à savoir : la pratique d’activité physique, la condition physique, la consommation de fruits et légumes, les comportements visant la perte ou le gain de poids et le sentiment d’efficacité personnelle. Le second chapitre inclut une revue de la littérature portant sur le mentorat par les pairs visant la pratique d’activité physique et d’autres saines habitudes) la population générale et en contexte scolaire du primaire, du secondaire, puis postsecondaire. Le troisième chapitre présente une contextualisation de l’intervention qui fera l’objet de l’évaluation dans le présent mémoire. Le quatrième chapitre expose un résumé du problème de recherche, des objectifs, ainsi que des hypothèses. Le cinquième chapitre inclut un article scientifique. Enfin, le dernier chapitre est la conclusion de ce mémoire.

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1. Chapitre 1 : Problématique

Le premier chapitre vise à contextualiser les cibles de l’intervention qui font l’objet d’évaluation dans ce mémoire, à savoir : a) la pratique d’activité physique, b) la condition physique, c) la consommation de fruits et légumes, d) les comportements visant la perte ou le gain de poids et e) le sentiment d’efficacité personnelle. D’abord, puisque notre programme de mentorat par les pairs vise spécifiquement à augmenter la pratique d’activité et la condition physique des jeunes adultes, nous en présenterons un portrait pour mieux saisir les raisons sociales et scientifiques qui nous ont menées à les choisir comme cibles principales d’intervention. Ensuite, nous présenterons un portrait de la consommation de fruits et légumes et les comportements visant la perte ou le gain de poids des jeunes adultes puisque ce sont des habitudes de vie intimement liées à la pratique d’activité et la condition physique. Ces habitudes de vie ont aussi été abordées dans le cadre des cours d’éducation physique suivis par tous les participants de l’étude. Enfin, nous présenterons le sentiment d’efficacité personnelle vis-à-vis la pratique d’activité physique de notre population à l’étude, car ce construit est scientifiquement au cœur des programmes de mentorat par pairs visant la pratique d’activité physique menés par les chercheurs de ce domaine de recherche.

1.1. La pratique d’activité physique

Cette première section de la problématique présente a) la définition de la pratique d’activité physique, b) ses bienfaits documentés scientifiquement, c) les recommandations nationales en cette matière et d) le portrait présentant le décalage de la pratique d’activité physique des jeunes adultes par rapport aux recommandations nationales.

L’activité physique peut se définir comme « tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques

qui entraine une augmentation de la dépense énergétique et qui augmente la fréquence cardiaque et le rythme respiratoire. » (Caspersen, Powell et Christenson, 1985). Dans ce mémoire, le concept d’activité

physique fera référence au concept de pratique d’activité physique qui pour sa part, désigne tout mouvement réalisé dans le cadre de loisirs, de transport ou autres, comme courir, se balader à vélo, s’entraîner à la natation, entre autres (OMS, 2021). Les bienfaits physiques, psychologiques et sociaux rattachés à la pratique d’activité physique sont largement documentés dans la littérature scientifique (Bouchard, Blair et Haskell, 2012). D’une part, l’activité physique a le potentiel de favoriser, entre autres, l’atteinte et le maintien

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du poids corporel souhaitable, la santé musculaire et osseuse, l’endurance aérobie, la qualité du sommeil, la détente et l’humeur, l’estime de soi, ainsi que la perception positive de son image corporelle. D’autre part, elle peut également réduire l’incidence de maladies cardiovasculaires, du diabète de type II, de certains cancers, notamment ceux du sein et du côlon, de l’hypertension artérielle, de l’Alzheimer, de l’anxiété et des symptômes de dépression, ainsi que de plusieurs dépendances comme celles liées à l’alcool, aux drogues, au tabagisme ou à la cyberdépendance.

Au cours des dernières décennies, de nombreux travaux de recherche ont montré une diminution inquiétante du niveau d’activité physique et de la condition physique des Canadiens (ICRCP, 2011). En réponse à ce portait préoccupant, de nouvelles recommandations canadiennes en matière d’activité physique et de santé ont été adoptées (Société canadienne de physiologie de l’exercice, 2020; Tremblay, Shephard, Brawley, Cameron, Craig, Duggan, Esliger, Hearst, Hicks, Janssen, Katzmaryks, Latimer, Martin Ginis, McGuire, Paterson, Sharatt, Spence, Timmons, Warburton, Young et Zher, 2011). Ces dernières ont été diffusées et récemment actualisées par l’entremise d’un consortium formé de la Société canadienne de physiologie de l’exercice (SCPE), de ParticipACTION, de l’Agence de la santé publique du Canada ainsi que Jeunes en forme du Canada. Voici les lignes directrices actuelles en matière de pratique activité physique pour les Canadiens âgés entre 18 et 64 ans (Tableau 1).

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Tableau 1

Lignes directrices en matière de mouvement sur 24 heures chez les adultes de 18 à 64 ans (SCPE, 2020)

Activité physique

Pratiquer une variété de types et d’intensités d’activité physique, ce qui inclut :

- Des activités physiques aérobies d’intensité moyenne à élevée d’une durée cumulative d’au moins 150 minutes par semaine;

- Des activités pour renforcer les muscles et faisant appel aux groupes musculaires importants au moins deux fois par semaine;

- Plusieurs heures d’activités physiques d’intensité légère, incluant des périodes en position debout. Comportement sédentaire

Un maximum de 8 heures de sédentarité, ce qui inclut :

- Un maximum de 3 heures de temps de loisir devant un écran;

- Une interruption aussi fréquente que possible de longues périodes en position assise Sommeil

De 7 à 9 heures de sommeil de bonne qualité de façon régulière avec des heures de coucher et de lever régulières.

Malgré des avancées scientifiques importantes dans le domaine de l’activité physique, l’augmentation du niveau de pratique d’activité au sein de la population canadienne, dont font partie les jeunes adultes, demeure un défi actuel et considérable. C’est ce que suggère, entre autres, certaines analyses de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) (Nolin, 2015; Nolin, Hamel et Fahmy 2008), l’Enquête québécoise sur la santé des populations (EQSP) 2014-2015 (Camirand et al., 2016) ainsi que l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) 2007-2009 (Colley et al., 2011)

D’abord, Nolin et al. (2008) ont produit un rapport dans lequel ils tracent l’évolution de la pratique d’activité physique des Québécois durant leurs temps de loisirs et de transport entre 1995 et 2005. Les données utilisées pour brosser ce portrait sont autorapportées et proviennent de l’Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) (Statistique Canada, 2011), ainsi que de l’Enquête sur la santé des collectivités canadiennes (ESCC) (Statistique Canada, 2012). Parmi les nombreux faits saillants, on remarque chez les 18-24 ans une augmentation considérable du pourcentage d’hommes et de femmes atteignant le niveau «

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atteignant le niveau de pratique d’activité physique hebdomadaire recommandé passent respectivement de 41,9 % et de 30,1 % en 1994-1995, à un taux de 58,2 % et 48.7 % en 2005. Bien que cette augmentation soit notable, près du tiers des hommes (41,8 %) et plus de la moitié des femmes (51,3 %) âgés entre 18 et 24 ans ne sont pas encore suffisamment actifs durant leur temps de loisirs et de transport, c’est-à-dire qu’ils ne pratiquent pas 150 minutes d’activité physique aérobie d’intensité modérée à élevée chaque semaine. Quelques années plus tard, d’autres travaux ont été menés afin de suivre la trajectoire de ces tendances. D’une part, Nolin (2015) a mené une compilation spéciale des données issues de l’ESCC pour l’année 2011-2012 (Statistique Canada, 2011-2012). D’autre part, les auteurs de l’Enquête québécoise sur la santé des populations en 2014-2015 ont mené des analyses similaires à celles de Nolin (2015), mais cette fois-ci à partir des données provenant exclusivement du Québec (Camirand et al., 2016). Les analyses respectives menées dans le cadre de ces deux travaux de recherche abondent dans le même sens : il y a une stagnation du taux de jeunes adultes québécois atteignant le niveau « actif » entre 2005 et 2015. Autrement dit, le taux de jeunes adultes québécois atteignant le niveau de pratique d’activité physique hebdomadaire recommandé n’a pas évolué depuis 2005.

De manière générale, les données autorapportées dans des enquêtes, telles que celles présentées dans les paragraphes précédents, ont tendance à surestimer les comportements désirables, particulièrement lorsqu’on les compare aux données mesurées. Pour preuve, les données recueillies à l’aide d’accéléromètres dans le cadre de l’ECMS (2007-2009) montrent, entre autres, que ce serait plutôt 16 % des jeunes adultes âgés de 18 à 34 ans qui rencontreraient les recommandations canadiennes en matière d’activité physique (Colley et al., 2011) comparativement aux données populationnelles autorapportées de Nolin (2015), à savoir 58,2 % chez les hommes et 48.7 % chez les femmes. En d’autres termes, les mesures objectives collectées auprès des jeunes adultes canadiens (18-34 ans) montrent qu’environ 84 % d’entre eux ne semblent pas les recommandations de la SCPE.

Par ailleurs, d’autres données indiquent une diminution de la pratique d’activité physique avec l’âge (ICRCP, 2013) . Par exemple, les données issues de l’ESCC indiquent que 79 % des tranches d’âges plus jeunes sont « actifs » ou « moyennement actifs » comparativement à 48 % chez les 75 ans et plus (Joubert et al., 2016; Statistique Canada, 2012). D’ailleurs, une étude longitudinale suggère que cette baisse serait particulièrement prononcée durant la transition de la fin de l’adolescence au début de l’âge adulte (Kwan,

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Cairney, Faulkner et Pullenayegum, 2012). En fait, les données colligées entre 1994 et 2007 auprès de 640 jeunes Américains âgés entre 12 et 15 ans révèlent une diminution moyenne de 24 % de la pratique d’activité sur une période de 12 ans (30 % chez les hommes, contre 17 % chez les femmes).

En somme, une proportion encore trop élevée des jeunes adultes québécois peine à atteindre les recommandations nationales en cette matière. De plus, il semble que la transition de la fin de l’adolescence au début de l’âge adulte soit associée à une baisse significative de la pratique d’activité physique, ce qui risque d’avoir des effets collatéraux sur la condition physique des jeunes adultes.

1.2. La condition physique

Cette deuxième section de la problématique aborde a) la définition de la condition physique et de ses déterminants associés à la santé, b) les bienfaits associés à une bonne condition physique et c) le portrait de la condition physique des adultes au niveau national et local.

La condition physique fait référence à la capacité des différents systèmes corporels à travailler efficacement ensemble afin d’être en santé et permettre d’effectuer les activités de la vie quotidienne (Caspersen et al., 1985). Généralement, elle est composée de six composantes, aussi appelées déterminants, chacune étant associée à la santé, à savoir : la composition corporelle, l’endurance cardiovasculaire, la flexibilité, la force musculaire, la puissance musculaire et l’endurance musculaire (Corbin et Le Masurier, 2014). Les bienfaits associés à une bonne condition physique sont similaires à ceux de la pratique d’activité physique (Bouchard et al., 2012). Cependant, malgré leur similarité, particulièrement par rapport à la réduction des risques de comorbidités et de mortalité, la condition physique semble plus fortement prédictive de retombés positives sur la santé que la pratique d’activité physique, notamment sur la santé métabolique, musculaire, osseuse et cardiorespiratoire (Warburton, 2006).

Malgré les effets positifs connus d’une bonne condition physique, encore trop peu de jeunes adultes canadiens présentent un niveau de condition physique optimal. C’est ce que conclue les auteurs de l’ECMS (Shield et al., 2010; Tremblay et al., 2010) qui révèlent un portrait inquiétant du niveau de condition physique de la population canadienne. À partir des trois niveaux de condition physique identifiés dans cet enquête

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nationale, soit 1) « d’excellente à très bonne », 2) « bonne » et 3) « de passable à amélioration nécessaire », voici quelques faits saillants chez la population des 15-19 ans (Tremblay et al., 2010):

- Plus de 32 % des garçons et plus 20 % des filles ont obtenu le niveau « passable à amélioration

nécessaire » par rapport à leur capacité aérobique;

- Plus de 68 % des garçons et plus 59 % des filles ont obtenu le niveau « passable à amélioration

nécessaire » par rapport à leur souplesse, plus particulièrement la flexion du tronc;

- Plus de 59 % des garçons et plus 47 % des filles ont obtenu le niveau « passable à amélioration

nécessaire » par rapport à leur force musculaire, plus particulièrement la force de préhension

- Entre 1981 et 2007, le pourcentage de garçon au niveau « passable à amélioration nécessaire » par rapport à la souplesse est passé de 41 % à 68 %, alors qu’il est passé de 42 % à 59 % chez les filles. Ces différences sont significatives;

- Entre 1981 et 2007, le pourcentage de garçons au niveau « passable à amélioration nécessaire » par rapport à la force musculaire est passé de 35 % à 59 %, alors qu’il est passé de 19 % à 47 % chez les filles. Ces différences sont significatives.

Maintenant, voici d’autres faits saillants chez la population des 20-39 ans (Shields, 2010). L’observation de cette tranche de la population nous permet de constater qu’avec le temps, le niveau de condition physique tendance à diminuer. Ainsi, les participants dans la catégorie « passable/amélioration nécessaire » ont tendance à être plus en plus nombreux à l’égard de certains déterminants de la condition physique :

- Plus de 46 % des hommes et plus 37 % des femmes ont obtenu le niveau « passable à amélioration

nécessaire » par rapport à leur capacité aérobique;

- Plus de 61 % des hommes et plus 55 % des femmes ont obtenu le niveau « passable à amélioration

nécessaire » par rapport à leur souplesse, plus particulièrement la flexion du tronc;

- Plus de 42 % des hommes et plus 56 % des femmes ont obtenu le niveau « passable à amélioration

nécessaire » par rapport à leur force musculaire, plus particulièrement la force de préhension

- Entre 1981 et 2007, le pourcentage d’homme au niveau « passable à amélioration nécessaire » par rapport à la souplesse est passé de 43 % à 61 %, alors qu’il est passé de 44 % à 54 % chez les femmes. Ces différences sont significatives;

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- Entre 1981 et 2007, le pourcentage d’homme au niveau « passable à amélioration nécessaire » par rapport à la force musculaire est passé de 20 % à 43 %, alors qu’il est passé de 34 % à 54 % chez les femmes. Ces différences sont significatives.

Au Québec, Luc Chiasson (2004b, 2004c) a mené des travaux de recherche pour brosser un portrait du niveau de condition physique des jeunes adultes âgés entre 17 et 20 ans inscrits dans un collège du Québec à deux reprises, soit en 1999 puis en 2004. Afin de tracer l’évolution de ce groupe d’âge sur plus d’une décennie, il a utilisé les données issues de l’Enquête de Condition physique Canada de 1981 chez les 15-19 ans. Voici quelques faits saillants :

- Entre 1981 et 2004, il y a une diminution moyenne de la puissance aérobie maximale (PAM); - Chez les femmes, peu importe le rang centile;

- Chez les hommes, dans les catégories supérieures, c’est-à-dire les 50e, 75e et 85e rangs

centiles;

- Entre 1981 et 2004, il y a une diminution moyenne de la force musculaire et de la souplesse, plus particulièrement aux tests de préhension combinée des mains et de flexion du tronc, tant chez les femmes que les hommes, indépendamment du rang centile.

En somme, une proportion encore trop faible de jeunes adultes présente une bonne condition physique. De plus, les données colligées au cours des 40 dernières années indiquent une trajectoire négative de l’évolution de la condition physique de cette tranche de la population (Chiasson, 2004b, 2004c; Shield et al., 2010; Tremblay et al., 2010). Cette régression de la condition physique a non seulement des effets sur la santé, mais peut également influencer d’autres habitudes de vie notamment la consommation de fruits et légumes.

1.3. La consommation de fruits et légumes

Cette troisième section de la problématique présente : a) une définition de la saine alimentation, b) les bienfaits associés à la consommation de fruits et légumes, c) les recommandations canadiennes en cette matière et d) un portrait présentant un décalage entre cette consommation et les normes canadiennes. La saine alimentation peut se définir par : des habitudes et comportements alimentaires contribuant à l’amélioration ou au maintien de la santé (Taylor, Evers et Mckenna, 2005). Parmi les habitudes et

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comportements alimentaires sains, on retrouve, entre autres, cuisiner davantage ses propres repas, réduire la consommation d’aliments transformés, prioriser la consommation de produits céréaliers à grains entiers (Santé Canada, 2019). Pour leur part, les fruits et légumes occupent une place de premier plan parmi les aliments à intégrer dans un régime alimentaire sain (Katamay, Johnston, Sirois, Jones-McLean, Kennedy, Bush et Brulé, 2007). En général, leur consommation semble être un bon indicateur de la qualité de l’alimentation d’un individu (Garriguet, 2009). L’adoption et le maintien d’un régime alimentaire sain, incluant entre autres des sources importantes de fruits et légumes, diminuent les risques de développer certaines maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète de type II et le cancer colorectal, ainsi que certaines maladies buccodentaires, comme la carie dentaire (Académie canadienne des sciences de la santé, 2014; OMS, 2006). En revanche, un régime alimentaire peu équilibré, comportant entre autres une faible consommation de fruits et légumes, est associé à une hausse des risques de développer ces maladies et un IMC plus élevé (Colapinto et al., 2018). Plus particulièrement, il existe une relation inverse entre l’IMC et la consommation de fruits et légumes (Heo, Kim, Wylie-Rosett, Allison, Heymsfield et Faith, 2011).

Bien que Santé Canada ait publié son nouveau guide alimentaire en janvier 2019 (Santé Canada, 2019), il est à noter que les données scientifiques actuellement disponibles pour établir un portrait de la consommation de fruits et légumes des Canadiens s’appuient sur la précédente version (Katamay et al., 2007; Santé Canada, 2007). Voici les recommandations en matière de consommation de fruits et légumes pour les jeunes adultes canadiens (Tableau 2).

Tableau 2

Recommandations en matière de consommation de fruits et légumes en nombre de portions quotidiennes chez les jeunes adultes âgés entre 18 et 24 ans (Santé Canada, 2007)

Adolescents 14-18 ans Adulte de 19 ans et plus

Filles Garçons Femmes Hommes

7 8 7-8 8-10

Malgré les bienfaits connus d’une saine alimentation, la consommation de fruits et légumes est faible au sein des populations canadienne et québécoise, notamment chez les jeunes adultes. Ce constat s’appuie essentiellement sur les données de l’Enquête sur la santé des collectivités canadiennes – Nutrition

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Nutrition) 2004 et 2015 (Colapinto et al., 2018; Plante et al., 2019) ainsi que sur l’Enquête sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS) 2016-2017 (Traoré et al., 2018). Ces dernières ont permis de colliger de nombreuses données quant à la consommation de fruits et légumes, entre autres, chez les jeunes adultes. D’abord, plusieurs données de l’ESCC-Nutrition (2004) concernant l’évolution de la proportion de personnes ayant consommés des fruits et légumes au moins cinq fois par jour en moyenne permettent de soulever deux observations majeures auprès des jeunes adultes québécois (Colapinto et al., 2018). D’une part, on observe une diminution significative de la proportion des 18-24 ans ayant consommé des fruits et légumes au moins cinq fois par jour en moyenne, passant de 55 %, en 2007-2008 à 49 %, en 2013-2014. D’autre part, la diminution la plus importante de la proportion de personnes ayant consommé des fruits et légumes au moins cinq fois par jour en moyenne s’observe entre les tranches d’âges 12-17 ans et les 18-24. Autrement dit, selon ces données, ce serait lors de la transition de la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte que le nombre moyen de portions de fruits et légumes consommées par jour semble plus faible. En fait, la différence entre les adolescents et les jeunes adultes était de 8,1 % en 2013-2014 : 57,1 % chez les adolescents comparativement à 49 % chez les jeunes adultes de 18-24 ans (Colapinto et al., 2018; Joubert et al., 2016). D’ailleurs, l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes au secondaire (EQSJS) a recueilli des données qui corroborent cette diminution progressive au cours de l’adolescence et pendant l’émergence de l’âge adulte. Par exemple, le pourcentage d’adolescents qui consommaient au moins 8 portions de fruits et légumes par jour (7 pour les adolescentes) en 2016-2017 en première, 2e, 3e, 4e et et 5e secondaire était respectivement

de 35 %, 27,5 %, 23,3 %, 19,6 % et 20,9 %. On observe également que la proportion d’élèves de secondaire 5 ayant rencontré ces recommandations est passée de 26 %, en 2010-2011 à 20,9 %, en 2016-2017 (Traoré et al., 2018).

Les plus récentes données disponibles quant à la consommation de fruits et légumes chez les adultes québécois montrent un portait similaire (Plante et al., 2019). En fait, les adultes québécois de plus de 19 ans ont rapporté, en 2015, avoir consommé des fruits et légumes 5,2 fois par jour, en moyenne, comparativement à 4,7 fois par jour en 2013-2014 et 5,0 en 2007-2008 pour l’ensemble des adultes canadiens. Lorsqu’on prend en compte les recommandations officielles du Guide alimentaire canadien (Santé Canada, 2007), c’est plutôt 83,3 % des adultes québécois âgés de 19 et plus qui ne semblent pas les rencontrer, comparativement à 90 % des adolescents. D’ailleurs, lorsqu’on retire les jus du calcul, le nombre de portions de fruits et

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légumes consommés des adolescents et des adultes chute considérablement. En fait, le jus représente 46 % de la consommation de fruits et légumes des adolescents, comparativement à 36 % chez les adultes. Par ailleurs, selon l’EQSJS, les habitudes alimentaires des jeunes s’orientent généralement a) autour d’une consommation accrue d’aliments déjà préparés, riches en calories (haute densité énergétique), en matières grasses en sucres libres et en sodium; b) autour d’une augmentation de la fréquence des repas pris à l’extérieur du foyer et c) d’une augmentation de la taille des portions des repas (Traoré et al., 2018). En conséquence, ces habitudes alimentaires diminuent la place accordée aux fibres alimentaires, aux fruits et aux légumes. Néanmoins, il faut préciser les jeunes adultes ont une réalité particulière. En effet, la plupart en sont à leurs premières expériences en appartement et doivent s’organiser de manière plus autonome (ex. gérer un horaire scolaire différent, faire leur épicerie, prévoir du temps pour les loisirs, l’emploi, leurs relations sociales), ce qui les expose à un défi considérable dans l’adoption et le maintien d’une saine alimentation (FDC, 2010). D’ailleurs, une étude a montré que les jeunes qui quittaient leur maison familiale pour continuer leurs études postsecondaires avaient tendance à avoir une moins bonne alimentation, notamment une alimentation moins riche en fruits et légumes (Conklin, Cranage et Lambert, 2005).

Enfin, les plus récentes données disponibles montrent que les jeunes adultes québécois présentent une faible consommation de fruits et légumes. D’ailleurs, il semble prioriser des aliments transformés et riches en calories plutôt que des fruits et légumes. Compte tenu de leur nouvelle réalité académique et personnelle, les jeunes adultes, notamment les étudiants des collèges, vivent de nombreux défis dans l’adoption et le maintien d’une saine alimentation, ce qui peut influencer leurs comportements alimentaires.

1.4. Les problèmes reliés au poids

Cette quatrième section de la problématique aborde : a) une définition de la préoccupation excessive à l’égard du poids, c) l’inefficacité et le potentiel de dangerosité des certains comportements alimentaires et d) un portrait des comportements visant le contrôle du poids chez les adolescents et les jeunes adultes. Dans le cadre de la Consultation sur la Politique québécoise de la jeunesse : Ensemble pour les générations

futures qui eut lieu en octobre 2015, l’organisme Équilibre a produit un document présentant quelques

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saisir plusieurs aspects de la question du poids dans notre société, dont le suivant : si le problème de surpoids et d’obésité est réel et préoccupant pour les autorités sanitaires, « …les pressions sont (en

revanche) très fortes dans notre société pour se conformer à des idéaux de minceur. Les standards de beauté irréalistes véhiculés dans les médias ou les publicités de produits amaigrissants sont des exemples de facteurs qui contribuent à entretenir l’insatisfaction corporelle chez les jeunes. » (Équilibre, 2015, p.4).

Ainsi, le discours collectif autour de l’excès de poids fait surgir un autre problème d’intérêt public, particulièrement présent chez les jeunes de 15 à 29 ans, soit la préoccupation excessive à l’égard du poids. Celle-ci « ...s’applique aux personnes qui, ayant ou non un surplus de poids, sont à ce point préoccupées

par leur poids que cela porte atteinte à leur santé physique et mentale » (Schaefer et Mongeau, 2000).

Il faut savoir que cette préoccupation excessive à l’égard du poids est non seulement un obstacle à l’adoption de saines habitudes de vie, mais peut également amener les individus à utiliser une variété de méthodes nocives pour la santé dans le but de maigrir, maintenir ou de gagner du poids corporel. Parmi ces méthodes, les plus populaires sont les régimes, les programmes d’amaigrissement, les cliniques, les substituts de repas et les produits naturels (Association pour la Santé Publique du Québec, 2015). De manière générale, ces produits, services et moyens amaigrissants sont inefficaces et parfois même dangereux.

Pour ce qui est de l’inefficacité des produits, services et moyens amaigrissants, on observe généralement que les adeptes de ces régimes subissent une reprise de poids égale ou supérieure au poids initial qu’ils ou elles ont perdu. Communément appelée « l’effet yo-yo», cette situation de perte et de reprise de poids incite la majorité des personnes à entamer un nouveau régime (ASPQ, 2015). Cette boucle durant laquelle une personne enchaîne les régimes est généralement appelée « le cercle vicieux des diètes » ou « la spirale des

diètes ». Voici ce qui se passe : 1) la personne adopte un régime sévère bas en calories, 2) il y a une baisse

du métabolisme de repos (la perte de masse musculaire engendrée par la perte de poids diminue le nombre de calories brûlées au repos), 3) la frustration s’installe, c’est l’abandon du régime (la nourriture absorbée est utilisée de manière plus efficiente pour défendre la zone de poids naturelle), 4) c’est le retour des anciennes habitudes alimentaires en réponse à la frustration (les calories augmentent) et au poids initial (parfois même davantage) (ASPQ, 2004). D’ailleurs, plusieurs études démontrent que les adolescentes et les femmes adultes qui utilisent fréquemment des moyens pour perdre du poids présentent un poids moyen plus élevé que celles qui n’en utilisent pas (Korkeila, Rissanen, Kaprio, Sorensen et Koskenvuo, 1999; Kroke,

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Liese, Schulz, Bergmann, Klipstein-Grobusch, Hoffmann et Boeing, 2002; Stice, Cameron, Killen, Hayward et Taylor, 1999).

En ce qui concerne la dangerosité et les risques associés aux produits, services et moyens amaigrissants, ceux-ci dépendent de la durée, de la nature, de la méthode et de l’ampleur des restrictions caloriques (ASPQ, 2015). Néanmoins, de manière générale, on peut observer des conséquences physiques (ex. risques de carences nutritionnelles, risques de maladies comme l’anémie, arythmie cardiaque, fatigue intense), psychologiques (ex. diminution de l’estime de soi, sentiment d’échec et de culpabilité, vivre de la discrimination, etc.) et comportementales (ex. développement de troubles alimentaires comme l’anorexie, la boulimie, l’hyperphagie) (Bonfrate, 2014; Extenso - Le Centre de référence sur la nutrition de l’Université de Montréal, 2015; Yen et Ewald, 2012).

Malgré le fait que les conséquences des actions à l’égard du poids soient connues, on remarque qu’une proportion notable de jeunes adultes québécois en utilise. En effet, les données recueillies dans l’EQSP (Camirand et al., 2016) et dans l’EQSJS (Traoré et al., 2018) révèlent un portrait inquiétant de ces pratiques qui traduisent, entre autres, une préoccupation excessive à l’égard du poids chez les jeunes adultes. D’une part, selon les données rapportées par l’EQSP, plus d’un jeune sur trois âgés entre 15 et 24 ans (35,1 %) adoptait des comportements pour contrôler son poids en 2008, alors qu’entre 2014 et 2015, c’était plutôt un jeune sur deux (51,9 %). Ces comportements adoptés par les jeunes sont classés en deux catégories : 1) les méthodes saines (ex. cuisiner davantage ses repas, réduire le grignotage entre les repas, réduire la consommation d’alcool) et 2) les méthodes dangereuses (ex. sauter des repas, recommencer à fumer, se faire vomir). La tranche d’âge utilisant le plus fréquemment des méthodes dangereuses dans le but de perdre ou de maintenir son poids est celle des 15-24 ans (10,2 %) (Camirand et al., 2016).

D’une autre part, selon les données colligées par l’EQSJS, environ deux adolescents sur trois ont posé des actions afin de perdre, de maintenir ou de gagner du poids corporel entre 2016-2017. D’ailleurs, cette proportion a semblé augmenter durant le secondaire passant de 63,2 % en première secondaire à 65,3 %, 65,7 %, 68,1 % et 69,7 % pour les adolescents de la deuxième, troisième, quatrième et cinquième secondaire. Ces derniers adoptent une variété de comportements, dont certains peuvent être considérés dangereux pour la santé tels que sauter des repas, recommencer à fumer et se faire vomir. À noter que la

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pratique excessive d’activité physique est aussi un des moyens considérés dangereux les plus utilisés chez les adolescents pour contrôler leur poids. En effet, plus d’un adolescent sur cinq l’utilise pour perdre ou maintenir son poids (22,2 %), alors que près d’un adolescent sur trois l’utilise pour gagner du poids (35 %) (Traoré et al., 2018).

En somme, les données les plus récentes montrent que les jeunes adultes québécois sont encore trop nombreux à faire l’usage de moyens pour contrôler leur poids. Ces actions révèlent une préoccupation à l’égard du poids. Ainsi, les jeunes adultes québécois sont généralement peu actifs, consomment peu de fruits et légumes et adoptent parfois même des comportements risqués pour leur santé dans le but de contrôler leur poids. Parmi les construits susceptibles d’amener un individu en prendre en main certaines habitudes de vie, il semble que le sentiment d’efficacité personnelle en représente un bien documenté dans la littérature scientifique.

1.5. Le sentiment d’efficacité personnelle

Cette cinquième section de la problématique décrit : a) le concept de sentiment d’efficacité personnelle (SEP) et ses composantes, b) ses champs d’application, c) un outil questionnaire développer dans un cégep québécois, d) le portrait du sentiment d’efficacité personnelle chez les jeunes adultes au collège et e) les liens entre le SEP, la pratique d’activité physique et la condition physique.

Le sentiment d’efficacité personnelle (SEP) est un concept provenant de la théorie de l’auto-efficacité d’Albert Bandura (Gaudreau, 2013). Il se définit par «… les croyances des individus quant à leurs capacités de

réaliser des performances particulières » (Bandura, 2003). Les croyances de l’efficacité personnelle sont

construites à partir de quatre principales sources d’information, à savoir : 1) la maîtrise personnelle, 2) l’apprentissage social, le modelage social ou expériences vicariantes 3) la persuasion par autrui ou la persuasion verbale et 4) l’état physiologique et émotionnel (Gaudreau, 2013; Lecomte, 2004). Le SEP a démontré, et ce, dans une variété de domaines tels que les milieux du travail, de l’éducation, de la santé, et bien d’autres, l’impact majeur qu’il peut avoir sur la construction et le maintien d’une compétence (Chiasson Leblanc et Lapointe, 2005). En lien avec les saines habitudes de vie, une étude américaine menée par Bray (2007) montre que le sentiment d’efficacité personnelle vis-à-vis la pratique d’activité physique de jeunes adultes durant leur transition vers l’université, plus particulièrement leur capacité à gérer les barrières menant

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à ce comportement, a permis de prédire leur pratique d’activité physique dans leur première année d’université (R²ajusté= 0.18, p < 0.05). Elle montre également que le sentiment d’efficacité personnelle agit comme médiateur de la progression de la pratique d’activité physique entre la dernière année du secondaire et la première année d’université. En effet, 34 % de la variance de la pratique d’activité physique entre ces deux temps de mesure étaient dues au sentiment d’efficacité personnelle par rapport à la gestion des barrières menant à la pratique d’activité physique.

Au Québec, Luc Chiasson a construit et validé des questionnaires mesurant le sentiment d’efficacité personnelle spécifique à certaines habitudes de vie (ex. : pratique d’activité physique, alimentation, consommation d’alcool, tabagisme) auprès de 659 étudiants et étudiantes âgés entre 17 et 20 ans et inscrits à un cours d’éducation physique à l’hiver 2004 (Chiasson, 2004a). Les données colligées dans cette étude indiquent que près d’une jeune femme sur cinq (23 %) et près deux jeunes hommes sur cinq (44 %) avaient un sentiment d’efficacité personnelle élevé par rapport à la pratique d’activité physique (Chiasson, 2004d). Cette étude a également permis de démontrer que le sentiment d’efficacité personnelle lié à la pratique d’activité et à celui de l’alimentation influençait des variables de la condition physique et de nature anthropométrique comme l’indice de masse corporelle (Chiasson, 2004b, 2004c). De plus, les étudiants qui se sentaient peu efficaces en matière d’activité physique étaient ceux qui rapportaient les moins bonnes données quant à la durée, la fréquence et l’intensité des activités physiques qu’ils pratiquaient (Chiasson, 2004d, 2006).

Enfin, les jeunes adultes inscrits en éducation physique au collège semblent être trop peu nombreux à se percevoir comme étant capables d’outrepasser les barrières menant à une pratique d’activité physique régulière. Le sentiment d’efficacité personnelle représente une avenue prometteuse pour favoriser une augmentation de la pratique d’activité. Parmi les interventions utilisant ce construit théorique au cœur de ses fondations, on retrouve le mentorat par les pairs.

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2. Chapitre 2 : Revue de la littérature

Ce deuxième chapitre permet de situer le développement, la mise en place et l’évaluation du programme de mentorat par les pairs présenté dans ce mémoire par rapport à la littérature scientifique. Il permet de saisir la pertinence sociale et scientifique de ce projet de recherche.

2.1. Le mentorat par les pairs visant la pratique d’activité physique et d’autres saines

habitudes de vie : portrait dans la population générale

Cette première section de la revue de la littérature présente : a) une description du mentorat par les pairs et de ses différentes formes, b) les mécanismes explicatifs de son efficacité potentielle chez les jeunes, mais également pour plusieurs portions de la population, notamment les populations marginalisées, c) Les principales limites des premiers travaux sur ce thème de recherche et d) la présentation de la revue systématique importante pour comprendre les effets du mentorat par les pairs visant les saines habitudes, notamment par rapport à la pratique d’activité physique.

Au plan théorique, le mentorat par les pairs est une intervention psychosociale pouvant prendre la forme d’une dyade ou d’une triade, par laquelle un individu (adulte ou pair) avec plus d’expérience ou de connaissances, est amené à vivre une étroite relation avec un individu moins connaissant, dans le but de lui offrir du soutien et de le guider (Karcher, Nakkula et Harris, 2005). Cette relation peut avoir des fonctions sociales et développementales (ex. : mentorat centré sur l’adaptation et la compétence), scolaires (ex. : mentorat centré sur la préparation et réussite scolaires) et professionnelles (ex. : mentorat centré sur l’intégration professionnelle). (Budge, 2006). Selon Mellanby et al. (2000), le mentorat par les pairs, ou l’éducation par les pairs, a été implanté dans une variété de domaines, tant chez les jeunes que chez les adultes, et notamment dans le domaine de la santé.

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les chercheurs considèrent le mentorat par les pairs (ex. un jeune adulte qui en accompagne un autre dans l’adoption d’une pratique plus régulière d’activité physique) comme une intervention particulièrement efficace, entre autres, auprès des adolescentes et des jeunes adultes. À ces âges, les jeunes semblent passer plus de temps avec leurs amis (ex. leurs pairs) qu’avec leur famille. D’ailleurs, il semble que leurs pairs soient, à leurs yeux, plus crédibles, les comprennent davantage, soient

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plus en mesure d’influencer les comportements et d’en faire la démonstration que les adultes (DuBois et Karcher, 2014). Également, leur proximité contribue à la formation de liens de qualité, ce qui a pour effet de leur procurer un sentiment de sécurité facilitant l’adhésion à un changement de comportement (Smith et Petosa, 2016).

Au début des années 2000, Mellanby et ses collègues ont mené une revue critique de la littérature sur l’utilisation des pairs dans le but d’éduquer les jeunes à la santé. Cette dernière s’appuyait sur 13 études comparatives menées entre 1975 et 1995. Cette revue suggère que l’approche d’éducation par les pairs améliore l’éducation à la santé, particulièrement lorsque des jeunes enseignent à d’autres jeunes. Cependant, les auteurs concluent que davantage de données probantes sont nécessaires. Enfin, ils soulèvent, entre autres, deux problèmes. D’abord, le mentorat par les pairs dans le but d’éduquer à la santé ne semble pas clairement fondé sur une base scientifique solide. Également, ils considèrent que de former de jeunes experts suffisamment connaissant quant à l’éducation à la santé pour accompagner d’autres jeunes est un processus complexe qui implique un investissement important de temps que les étudiants n’ont pas toujours à leur disposition. Ainsi, ils suggèrent de mener d’autres études pour mieux comprendre les mécanismes d’action de cette approche dans le domaine de l’éducation à la santé.

Petosa et Smith (2014) ont conduit une revue systématique de la littérature scientifique portant sur les effets du mentorat par les pairs sur les comportements liés à la santé au sein de la population générale. Cette revue inclut 31 études randomisées avec groupe contrôle conduites entre 1990 et 2014. D’abord, voici les principales observations concernant l’efficacité d’une approche de mentorat par les pairs en dyade chez les adultes visant l’adoption de comportements favorables à la santé. D’ailleurs, aucune de ces études ne rapporte les tailles d’effets observés :

- Augmente le nombre de saines décisions prises chez des adultes de populations à risque (ex. : utilisateurs de drogues à injection, personnes sans domicile, personne ayant testé positif au VIH, entre autres) pour des comportements comme l’utilisation de condoms et la prise de médicaments (Basu, Jana, Rotheram-Borus, Swendeman, Lee, Newman et Weiss, 2004; Chaisson, Barnes, Hackman, Watkinson, Lucree, Metha, Cavalcante et Moore 2001; Kelly, Amirkhanian, Kabakchieva, Vassileva, McAuliffe, DiFranceisco, Antonova, Petrova, Vassilev, Khoursine et Dimitrov, 2006; Simoni, Pantalone, Plummer et Huang, 2007; Tulsky, Pilote, Hahn, Zolopa, Burke, Chesney et Moss, 2000);

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- Augmente l’utilisation de mesures de dépistage pour certains cancers (ex. sein, utérus, etc.) chez les femmes de milieux socioéconomiques faibles (Allen, Stoddard, Mays et Sorensen, 2001; Hunter, de Zapien, Papenfuss, Fernandez, Meister et Giuliano, 2004; Janz, Schottenfeld, Doerr, Selig, Dunn, Straderman et Levine, 1997);

- Augmente l’utilisation de l’allaitement chez les nouvelles mères issues de situations socio-économiques précaires (Anderson, Damio, Young, Chapman et Pérez-Escamilla, 2005; Chapman Damio, Young, et Pérez-Escamilla, 2004; Haider, Asworth, Kabir et Huttly, 2000; Madeiro Leite, Fiorini Puccini, Atalah, Alves Da Cunha et Tavares Macha, 2005; Muirhead, Butcher, Rankin et Munley, 2006);

- Augmente le nombre d’individus cessant de fumer comparativement à des méthodes de groupe plus traditionnelles (Emmons, Puelo, Park, Gritz, Butterfield, Weeks, Mertens et Li, 2005; Malchodi, Oncken, Dornelas, Caramanica, Gregonis et Curry, 2003);

- Augmente le taux de pratique d’activité physique chez plusieurs groupes de personnes (ex. : différentes communautés, personnes en réhabilitation d’une crise cardiaque, personnes avec une maladie chronique, etc.) (Carroll et Rankin, 2006; Kramish Campbell, James, Hudson, Carr, Jackson, Oakes, Demissie, Farrell et Tessaro, 2004; Lamb, Bartlett, Ashley et Bird, 2002).

Également, dans quelques discussions, notamment celle de Simoni et al. (2007), les auteurs précisent que bien que certains effets soient observés, ces derniers semblent modestes et pourraient être dus à un taux de participation aux rencontres parfois faible, une attrition durant le processus, entre autres. Cette revue systématique de la littérature présente d’autres études ayant évalué l’efficacité du mentorat plus spécifiquement chez les adolescents. Ces dernières ont montré des effets positifs tels qu’une diminution de la fréquence de consommation de jeunes fumeurs ou une meilleure utilisation de tests de dépistages de certains cancers, particulièrement lorsque l’approche de mentorat utilisée était structurée. Un bon exemple de mentorat structuré est l’étude de Campbell, Starkey, Holliday, Audrey, Bloor, Parry-Langdon, Hughes et Moore (2008). Dans cette dernière, les chercheurs forment les mentors durant deux jours. Puis, durant dix semaines, ces mentors accompagnent d’autres jeunes dans la modification d’un comportement précis (ex. : réduire la consommation de cigarettes). Tout au long de cette démarche, les mentors sont supervisés par un coordonnateur.

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20

Voici maintenant les principales observations concernant l’efficacité d’une approche de mentorat par les pairs structurée en dyade chez les adolescents visant l’adoption de comportements favorables à la santé (Petosa et Smith, 2014). Une fois de plus, les tailles d’effets observés ne sont pas rapportées dans les études ci-dessous :

- Diminue le nombre de cigarettes consommées par de jeunes fumeurs âgés de 12 à 13 ans (Campbell et al., 2008);

- Diminue la consommation de produits illicites (ex. : tabac, alcool) chez de jeunes adolescents dont l’un des parents a été testé positif à une mesure de dépistage du VIH (Rosenblum, Magura, Fong, Curry, Norwood et Casella, 2006);

- Augmente le nombre d’adolescents référant un autre jeune ayant des tendances suicidaires vers un adulte (4 fois plus que le groupe contrôle) (Wyman, Brown, LoMurray, Schmeelk-Cone, Petrova, Yu, Walsh, Tu et Wang, 2010).

Les études de cette revue systématique montrent que le mentorat par les pairs est une approche éducative pouvant contribuer positivement à l’adoption de certains comportements favorables à la santé, tant chez les adultes que les adolescents. Le mentorat par les pairs est efficace et plus particulièrement étudié chez les populations marginalisées. Il sera maintenant question de cette approche dans le milieu éducatif.

2.2. Le mentorat par les pairs visant la pratique d’activité physique et d’autres saines

habitudes de vie : portrait à l’enseignement primaire et secondaire

Cette deuxième section de la revue de la littérature présente : a) des nuances nécessaires concernant les différences entre le mentorat communautaire au sein de la population et le mentorat scolaire avec les élèves, b) la forme de mentorat par les pairs privilégiée dans les études en contexte scolaire, c) certains faits saillants de trois revues systématiques sur le mentorat visant les saines habitudes de vie, dont la dernière est spécifique à la pratique d’activité physique et ses effets collatéraux sur d’autres habitudes de vie et d) les principales étapes d’implantation d’un programme de mentorat visant les saines habitudes de vie en contexte scolaire.

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Dans la continuité de cette idée d’utiliser le mentorat comme moyen d’éduquer à la santé, cette fois-ci en milieu scolaire, les revues systématiques de Jenkinson et al. (2014) et de Yip et al. (2016) ainsi que la revue de la littérature de Smith et Petosa (2016) présentent des résultats quant aux effets du mentorat par les pairs en contexte scolaire, plus particulièrement au primaire et au secondaire. Ces études ciblent spécifiquement la pratique d’activité physique, la saine alimentation et, parfois, elles mesurent les effets collatéraux sur l’image corporelle et la condition physique. À noter que les mentors œuvrant dans ces études ont un mandat de « pair-éducateur ». Selon, Mellanby et al. (2000), la définition de ce terme réfère à « un élève qui transmet

un programme éducatif à un autre élève, de même âge ou un peu plus jeune que lui » (p.534). Il faut préciser

que cette relation de dyade ou de triade est également structurée grâce à l’accompagnement d’un coordonnateur. Ce dernier assure la formation du mentor pour qu’il puisse offrir les contenus programmés tels que les devoirs, les jeux, les rencontres et les activités. Également, le coordonnateur assure un suivi et un accompagnement tout au long du processus de mentorat (ex. : il rencontre le mentor pour ajuster ses interventions, l’atteinte des objectifs du programme). Autrement dit, le mentorat utilisé au primaire et au secondaire en milieu scolaire présenté dans ces études est structuré, formel, et les jeunes font plus que soutenir et accompagner le mentoré, ils transmettent des savoirs par le biais d’un programme conçu par les chercheurs.

D’abord, la revue systématique de la littérature de Jenkinson et al. (2014) présente des études portant sur l’utilisation du mentorat par les pairs en contexte d’éducation physique ou des activités menées en dehors des heures de classe régulières. Parmi les 19 études sélectionnées dans cette revue, quatre d’entre elles mesuraient des indicateurs liés à la santé dont les principaux sont la pratique d’activité physique, la saine alimentation et l’image corporelle (Lubans et al., 2011; Peralta, Jones et Okely, 2009; Smith, 2011; Stock, Miranda, Evans, Plessis, Ridley, Yeh et Chanoine, 2007). Voici un résumé des principaux constats :

- Trois des quatre études présentent des améliorations de plusieurs des variables étudiées (Lubans et al., 2011; Smith, 2011; Stock et al., 2007). Parmi ces résultats, on retrouve une augmentation significative des connaissances sur la santé (Smith, 2011; Stock et al., 2007), une augmentation de l’intention de manger sainement (Smith, 2011), une augmentation de la pratique d’activité physique (Stock et al., 2007), une attitude positive vis-à-vis un mode de vie sain (Stock et al., 2007), une diminution de l’IMC (Lubans et al., 2011; Smith, 2011; Stock et al., 2007) et une diminution de la consommation de boissons sucrées chez les mentors (Lubans et al., 2011);

Figure

Tableau 1. Comparaison initiale entre les mentorés et les non-mentorés au prétest
Tableau 2. Comparaison initiale entre les mentors et les non-mentors au prétest
Tableau 3. Différences entre les mentorés et les non-mentorés au post-test
Tableau 4. Différences entre les mentors et les non-mentors au post-test
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