HAL Id: hal-02185161
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rapport final
Arnoldo Bagnasco, Jean Claude Bontron, André Brun, Philippe Cadene, Jean
Cavailhes, Bertrand Hervieu, Bernard Kayser, Christine Kovacshazy,
Jean-Paul Laborie, Philippe Lacombe, et al.
To cite this version:
Arnoldo Bagnasco, Jean Claude Bontron, André Brun, Philippe Cadene, Jean Cavailhes, et al.. Groupe de prospective sur l’avenir des espaces ruraux : rapport final. [Rapport de recherche] Centre national de l’entrepreneuriat(CNE); Délégation Interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale (DATAR). 1992, 93 p., illustrations. �hal-02185161�
LISTE DES MEMBRES DU GROUPE
' PREMIERS RESULTATS : "LE MONDE RURAL" FEVRIER 1992
REUNIONS ET SEMINAIRE .
- Prospective des espaces ruraux européens
- l'agriculture et la forêt dans les espaces ruraux
- questions foncières, utilisation des terres ,
- séminaire de Montpellier 22/23 juin 1992
LISTE DES MEMBRES DU GROUPE DE PROSPECTIVE N° 9 L'AVENIR DES ESPACES RURAUX
Monsieur Arnoldo BAGNASCO - Sociologue - Université de Turin
Monsieur Jean Claude BONTRON - Directeur SEGESA
Monsieur André BRUN - Economiste - INRA - ARDON
Monsieur Philippe CADENE - Géographe - CNRS
Monsieur Jean CAVAILHES - Economiste - INRA Dijon
Monsieur Bertrand HERVIEU - Directeur de la recherche au CNRS - CEVIPOF
Monsieur Bernard KAYSER - Géographe - Université Toulouse-le Mirail, responsable du groupe'de prospective sur l'Avenir des Espaces Ruraux
Madame Marie Christine KOVACSHAZY - Commissariat Général au Plan
Monsieur Jean Paul LABORIE - Géographe - Université Toulouse-le Mirail
Monsieur Philippe LACOMBE - Economiste - ENSA Montpellier
Monsieur Jacques LECACHEUX - Economiste - OFCE
Monsieur François MARTIN - Administrateur AGROPOLIS Montpellier
Monsieur Henri MENDRAS - Sociologue - CNRS - OFCE
Monsieur Pierre Louis OSTY - Economiste - INRA-SAD Toulouse
1 __
1
DATAR - Prospective et Territoire -
Groupe n° 9
0""
PROSPECTIVE
DES ESPACES RURAUX
Premiers résultats, février 1992
Quatre idées-clés
1. La prolongation des tendances actuelles implique une véritable transformation
qualitative de l'espace rural français. La différenciation
..
rapidement
accentuée des territoires est le résultat de la rétraction agricole, du boisement, du
retournement
du marché foncier, de l'étalement
de l'urbanisation,
du développement
des
besoins de loisir.
2. L'espace rural est une ressource, rare en Europe du "Nord", pour l'ensemble de la
or'
r
_
société. La mise en valeur de cette ressource nécessite une croissance du potentiel
humain, c'est-à-dire
l'installation
de nouveaux
habitants
et de nouvelles
activités.
3. La faiblesse et la dépendance du monde rural appellent l'intervention énergique
des moyens publics pour son développement. Mais les décisions politiques
nécessaires procèdent d'abord de la prise de conscience de la société.
4. La renaissance
rurale est nécessairement
liée à la croissance
économique
globale et
régionale : pas de campagnes dynamiques sans villes dynamiques.
L'intégration
ville-campagne
est l'ardente
obligation
de l'aménagement
du territoire.
SOMMAIRE
". Introduction
I - La prolongation des tendances lourdes 1. La différenciation des territoires
2. La rétraction agricole
3. La mobilité des activités et des personnes
II - Questions posées par les évolutions aléatoires
1. Un retournement du marché foncier ' 2. L'agriculture à un tournant
3. Un environnement à gérer
4. Le développement des activités non-agricoles 5. Le rapport à 1 avilit
6. Villages ou petites villes ? 7. La politique et la société III - Les risques de ruptures
, ' IV - Les scénarios
1. Le scénario tendanciel libéral
2. Le scénario patrimonial . 3. Le scénario d'aménagement
t
1
3 3
1
Introduction
1
Il va de soi que l'avenir des espaces ruraux en France est conditionné par un
ensemble de facteurs externes ou indirects considérés ici comme implicites. Il s'agit d'un
- -
environnement de tendances lourdes affectant sans aucun doute le monde rural mais guère
affecté par l'évolution de celui-ci. Citons à titre de références la mondialisation des
régulations économiques et écologiques, la pression démographique mondiale,
l'accentuation du poids des Tiers-Mondes dans leur évolution différenciée (paupérisation
/ industrialisation), la crise multiforme des villes, la rétraction du système de l'Etat-
Providence.
D'un autre côté, il est évident aussi que la prégnance de cet environnement tout
autant que le jeu des facteurs internes d'évolution seront arbitrés par des temps relatifs et
.
inégaux. Suivant l'état de maturation des processus, les différents facteurs interviendront
spécifiquement à un moment donné et pour une période limitée. Ces décalages rendent
délicate l'expression de la prospective.
.
Enfin, on ne saurait, s'agissant du milieu fragile et dépendant qu'est le monde
rural, mettre trop l'accent sur le rôle des comportements et stratégies des acteurs. Qu'il
s'agisse des décideurs locaux et territoriaux aux pouvoirs accrus par la décentralisation,
des grands opérateurs publics et privés ou de l'Etat, leurs décisions relèvent et relèveront
d'une certaine autonomie. D'où l'inévitable dimension politique de la prospective, mettant
en jeu les volontés collectives.
I - La
prolongation
des tendances lourdes
La différenciation accentuée des territoires ruraux dans un processus
généralisé de rétraction agricole et d'intégration par la;mobilité des rapports
ville-campagne.
1. La différenciation
des territoires. A l'échelle d'ensembles régionaux comme à
celle de "bassins de vie" ou d'unités locales, les espaces ruraux accentueront leur
tendance à se différencier les uns des autres (dans un contexte évident de banalisation et
d'homogénéisation des modes de vie et des valeurs). Les uns, par exemple, tireront leur
prospérité d'une exploitation adéquate de leurs ressources ou d'une situation
géographique favorable ; d'autres s'enfonceront dans un cycle de paupérisation faute
d'hommes et d'initiatives. Tous seront conditionnés dans leur évolution différenciée par
leur position dans le contexte des moyens de communication, des activités économiques
et du semis urbain irrégulièrement répartis dans l'hexagone.
· On ne voit guère de raison pour que les processus de périurbanisation
aujourd'hui à l'oeuvre ne continuent pas à étaler dans la campagne l'emprise urbaine.
L'espace rural périurbain continue à croître par incorporation ; il poursuivra sa croissance
démographique au point de rassembler, dans un avenir peu lointain, les trois quarts au
moins des ruraux. S'il s'agit, certes, d'une catégorie de ruraux particulière, elle est
cependant suffisamment typée pour que son appartenance à la ruralité ne puisse être niée.
.
· L'évolution la plus spectaculaire -quoique de loin pas la plus importante- sera
celle des territoires. dépeuplés. Des fractions notables de l'espace rural -peut-être un
cinquième à un quart de celui-ci- vont être frappés par un dépeuplement absolu. Des
centaines de villages, dont la population actuelle se limite à quelques vieillards, seront
abandonnés : les résidents secondaires ne pouvant s'y maintenir sans un minimum de
présence permanente.
- Il reste que les espaces intermédiaires qui sont les campagnes vivantes
occupent la plus grande partie du territoire. C'est là que les phénomènes de
différenciation dans l'évolution seront les plus caractérisés. Mais c'est là que se situe le
principal gisement de ressources. Le destin de ces campagnes vivantes, aujourd'hui plus
ou moins dynamiques, plus ou moins attractives, scellera le destin de l'espace rural tout
entier.
,
_
.
5
-
2. La rétraction agricole. Les références habituelles de la politique agricole sont
mises en cause : le modèle productiviste est contesté et le système des garanties indéfinies
est récusé à la fois pour des raisons de coût et d'efficacité (PAC) et pour des raisons de
concurrence internationale (GATT). D'autre part, l'expansion en volume de la demande
solvable est à peu près terminée tandis que les gains de productivité se poursuivent.
'.
Il en résulte une série de conséquences dont la première est celle d'une baisse des
effectifs d'agriculteurs et d'exploitations, l'évolution démographique ne pouvant être
contrariée du fait de la rareté des successeurs ou repreneurs. La taille des exploitations
tend à croître, mais sans que soit mis en cause le caractère familial des unités de
production. Cependant les agriculteurs font l'expérience d'une réelle marginalisation
économique (poids de la production agricole dans le PIB), sociale (vers les 5 % de la
population active) et par conséquent politique.
Enfin, et peut-être surtout, ces évolutions modifieront la répartition géographique
des productions au point de compromettre l'avenir agricole de certaines régions : celles
des montagnes sèches, de la moyenne montagne, des zones humides et peut-être celles de
la périphérie du Bassin Parisien et du Sud-Ouest. Là, l'arbitrage entre abandon et friches,
d'une part, et boisement, d'autre part, dépendra évidemment des conditions locales.
.'
3. La mobilité des activités et des personnes. Les moyens de circulation et les
systèmes de communication et télécommunication favorisent la mobilité sur l'ensemble du
territoire : l'espace rural en bénéficie, tant pour sa capacité d'accueil des installations que
dans la croissance, en nombre et en distances, des déplacements. La réduction relative
des coûts de transport, le différentiel des prix du terrain à bâtir et l'évolution des
mentalités, entre autres, induisent la multiplication des parcours entre résidence et lieu de
travail ainsi que"le développement de la multi-résidence et du tourisme rural. Entre villes
et campagnes, le choix des résidences successives varie aussi en.fonction des cycles de
vie des familles.
Cette mobilité accentue l'homogénéisation des modes de vie entre citadins et
ruraux, qui ne se différencient plus guère les uns des autres. L'égalité dans l'accessibilité
des services s'établit définitivement. Mais les spécificités du cadre de vie et de la
sociabilité dans les villages conservent au milieu rural une certaine originalité. Selon les
âges, les groupes sociaux et les individus, les facteurs attractifs et répulsifs sont
diversement appréciés : certains redoutent l'isolement, d'autres le recherchent.
II - Questions posées par les évolutions conjecturales
La dépendance généralisée du monde rural à l'égard des stratégies
européennes de politique économique et des grandes options nationales
d'aménagement du territoire.
1. Un retournement
du marché foncier. En dix ans, le prix moyen des terres
labourables et prairies naturelles a baissé de moitié. Il est possible qu'il se stabilise au
niveau actuel, mais il pourrait continuer à baisser. Conséquence ou coïncidence, les
années 1989 et 1990 sont marquées par une brutale accélération de la part des non-
agriculteurs sur le marché foncier potentiellement agricole (30 % des surfaces et 55 % des
valeurs). Diverses raisons complexes expliquent, selon les régions, cette inversion de
tendance. Dans l'avenir, elle pourrait être confirmée du fait des processus de
déconcentration urbaine, d'achats de résidences secondaires dotées de propriété foncière,
et de l'accélération du mouvement des personnes et des capitaux en Europe.
Actuellement, le rythme annuel de régression des sols agricoles est plus que
contrebalancé par l'emprise nouvelle d'autres usages de l'espace et la forêt poursuit sa
progression séculaire : ce qui fait que le territoire national n'a jamais autant été mis en
valeur. Mais la libération importante de terres agricoles engendrée par le régime de
cessation laitière et bientôt par les pré-retraites, va se trouver faire face à une demande peu
élastique. Celle-ci risque de ne pouvoir suivre l'accroissement de l'offre.
'
D'où une incertitude majeure sur l'évolution de l'utilisation des sols, résultat
d'une déprise agricole certaine et d'une demande imprévisible de la clientèle non-agricole,
la réponse hypothétique ne pouvant être convenablement formulée qu'au niveau régional :
la différenciation évidente des prix du foncier entraînant celle de la masse et des types
d'acheteurs.
2. L'agriculture à un tournant. Parmi les facteurs potentiels de transformation de
l'agriculture, deux facteurs internes ont des probabilités inégales d'intervention efficace
dans l'avenir. La différenciation et la segmentation de la demande alimentaire sous
l' "effet qualité" sont déjà amorcées et devraient s'accentuer, bien que, mis à part dans
les AOC viticoles, les mentalités n'y soient guère préparées, la législation restant en retard
et la structure des prix n'honorant pas toujours la hiérarchie qualitative. Par contre, le
développement des usages industriels non-alimentaires des céréales et oléagineux est
encore du domaine de la conjecture. Son impact pourrait bien ne pas être négligeable, si
des mesures énergiques d'incitation (détaxations notamment) sont mises en oeuvre.
7
Quant au facteur externe dominant que représente la nouvelle Politique Agricole
Commune, il est encore difficile aujourd'hui d'évaluer convenablement son impact. Le
résultat final du bras de fer entre les Etats-Unis et l'Europe dans les négociations du
GATT sera, dans une large mesure, déterminant. Mais, de toute façon, la réduction
¡
progressive du soutien des prix conduira à la révision drastique de l'économie des
.
exploitations. On connaît les principales composantes de la nouvelle PAC -compen-
sations au revenu, gel des terres, quotas, politique des structures-, mais leur
combinaison n'est pas fixée. Leur application à la situation de l'agriculture française reste
donc pleine d'aléas. On peut estimer cependant que les solutions extrêmes brandies
comme des épouvantails seront exclues et qu'un nouveau compromis pourra s'établir
entre la société et l'agriculture, réorganisant les montants et les formes de l'aide
indispensable aux exploitants.
Des deux scénarios d'évolution que la réflexion prospective permet alors
d'envisager, l'un est celui de la montée en puissance d'une agriculture sélective
modernisée, bien armée commercialement, tandis que s'efface rapidement l'agriculture
"traditionnelle" (modernisée type 1960) bénéficiaire ou victime selon les cas d'une
gestion sociale ou d'une élimination... naturelle. L'autre scénario, qu'on peut considérer
à certains égards comme une variante du premier, maintient une agriculture moyenne et
un nombre non négligeable d'exploitants. Elle est partie prenante du développement rural,
bénéficie directement des mesures favorisant celui-ci et, malgré son faible poids
économique, continue à jouer un rôle essentiel dans la gestion de l'espace, la société et la
culture du monde rural. L' "agriculture de services" qui vise la transformation et la
commercialisation directe des produits, l'accueil à la fermes, l'entretien du patrimoine,
,
concerne une proportion notable et croissante d'exploitants.
3. Un environnement
à gérer. La montée en puissance, au moins idéologique et
-
médiatique, des notions d'environnement et de paysage implique que la gestion habituelle
ou volontaire de l'espace rural les intègre de plus en plus. Cela suppose qu'une prise de
conscience effective des problèmes entraîne des règlementations restrictives et des actions
coûteuses, dont on ignore quelle sera la capacité de la société à les assumer. L'avenir est à
cet égard particulièrement incertain, alors même que la nature des problèmes futurs est
déjà inscrite dans la réalité d'aujourd'hui. Ceux posés par les rapports de l'agriculture et
de l'environnement sont maîtrisables et seront le plus probablement maîtrisés : les effets
désastreux de la pollution diffuse des sols et des nappes phréatiques par les engrais et
produits phytosanitaires seront limités. Même si la volonté d'extensification, le gel des
terres et un calcul économique faisant diminuer les apports d'intrants ne donnent pas lieu
à un véritable changement qualitatif des modes de production, la dégradation dénoncée du
milieu par les pratiques agricoles ne devrait pas s'aggraver. Il n'en restera pas moins que
l'espace rural continuera à se trouver directement concerné par la propreté des eaux de
baignade -une des conditions du développement touristique-, victimes de toutes les
sources de pollution.
;
La gestion des espaces dits naturels pose des questions d'avenir autrement plus
inquiétantes. C'est de l'action à mener dans toute une chaîne de situations, depuis
l'entretien des exploitations abandonnées jusqu'à la protection des espaces remarquables
et la création des parcs qu'il s'agit.
'
L'abandon probable, faute d'exploitants, des terres marginales de moyenne
montagne imposera, si on veut éviter la broussaille et son cortège de nuisances, des
travaux permanents d'intérêt collectif que seuls pourront exécuter à cette échelle des
professionnels salariés, la pratique des contrats personnels d'entretien, expérimentés
aujourd'hui, ne pouvant se développer que là où des agriculteurs restent en place.
La protection des espaces remarquables implique une définition de ceux-ci, dont il
y a fort à craindre qu'elle laisse à l'écart les simples régions paysannes au profit d'arrière-
pays déjà à la mode. Quant à la nécessaire multiplication des parcs nationaux et
régionaux, elle se heurtera plus probablement à la rareté des moyens financiers qu'à la
réalisation d'un pourtant difficile consensus local.
4. Le rapport à la ville. L'urbanisation rampante, le mitage, l'emprise des grands
équipements d'infrastructure, constituent sans aucun doute les menaces les plus
inquiétantes pesant sur l'environnement dans le monde rural. Si on ajoute à cela le fait
que la vacuité de la campagne française incite à y entreposer les déchets industriels'et
urbains -la fonction de poubelle européenne étant pour celle-ci un sort peu enviable-, la
dégradation du cadre de vie risque de contrarier gravement l'attractivité de ce milieu.
Mais ceci ne représente qu'un des aspects du rapport à la grande ville sur son
versant négatif. Il faut y ajouter d'abord la question du sort de l'agriculture périurbaine.
Souvent productive et bien organisée, bénéficiant d'une situation favorable des sols, elle
voit son espace se réduire comme une peau de chagrin ; est-elle irrémédiablement
condamnée ?
En second lieu, l'extension progressive des aires de migrations
quotidiennes d'actifs perturbe les bassins d'emploi touchés par ce mouvement et peut y
compromettre le développement économique. En troisième, lieu, la tendance des
S.D.A.U. (Schéma Directeur d' Aménagement et d'Urbanisme) à intégrer un très large
espace périurbain au service des citadins, fût-ce en y ménageant des zones naturelles de
loisir, condamne à l'avance des efforts de développement endogène.
A ce versant négatif répond cependant un versant positif. Il n'est pas utile
d'insister sur les opportunités et les avantages évidents qu'offre la grande ville à une très
9
large portion de l'espace rural de sa région : emploi, commerce, éducation, santé, culture, etc. On doit y ajouter, dans une vue prospective, qu'une partie de ces fonctions urbaines sont extemalisables et pourraient, dans le cadre d'une politique volontariste, bénéficier à
l'espace rural. il
5. Le développement des activités non-agricoles et la fonction d'accueil. Il n'y a pas lieu de penser qu'un développement industriel moderne puisse concerner à l'avenir l'espace rural, du moins l'espace rural profond. La mode des usines vertes paraît déjà passée, les nouvelles techniques d'information et de communication ne comblent pas vraiment les espoirs suscités par les perspectives du télé-travail et la main-d'oeuvre, trop rare presque partout, décourage les implantations lourdes. Mais la plupart des entreprises créées ou qui se créeront relèvent du secteur tertiaire. Ce sont elles qui font que le solde création-suppression d'entreprises et d'emplois dans les communes rurales est nettement positif.
En fait, l'avenir des activités non-agricoles dépend du jeu de forces endogènes et exogènes : volonté et capacité des entrepreneurs locaux, croissance des établissements artisanaux, progression des débouchés offerts par les marchés régionaux des produits de
.*
consommation et d'équipement, notamment ceux liés à la construction, délocalisation d'entreprises citadines étouffées par les encombrements. Ce qui implique aussi que se développe la fonction résidentielle des villages.
L'amplification de celle-ci est incontestablement inductrice d'emplois. Que ces emplois résultent de la croissance des besoins locaux et en particulier de ceux des actifs ; _ travaillant dans des villes plus ou moins lointaines ou qu'ils correspondent à des installations, leur multiplication dépend d'un mouvement dont il est difficile d'évaluer les chances et de situer les lieux de réalisation. Mais l'examen des conditions du développement de cette fonction résidentielle permet de se faire une idée des probabilités locales de son évolution. A cet égard, on ne peut pas prétendre, comme on le fait généralement, que la déficience des moyens de communication et des services de proximité dressent l'obstacle principal à cette évolution. Au contraire, un examen objectif montre que jamais les ruraux n'ont été aussi bien desservis et servis qu'aujourd'hui. En conséquence le prétendu désenclavement et le maintien de services publics locaux, certes nécessaires encore dans quelques zones, représentent plutôt des palliatifs complaisants que les fondements d'une politique véritablement incitative.
C'est d'abord de la capacité d'accueil du milieu rural -concrètement, des villages et des bourgs- que dépend le renforcement de la fonction résidentielle et de la dynamique économique et sociale en général. La volonté collective de se donner les moyens d'accueillir des installations s'applique aux questions-clés que sont celles du logement, de
l'éducation, de la santé, de la culture. La recherche de paysages bâtis ou végétaux qui, eux, ne changent guère, varie en fonction de mentalités façonnées en partie par les modes. Le cadre et les conditions de vie, qui sont toujours diversement appréciés, constituent l'interrogation majeure des éventuels arrivants. ;:
L'absence d'un marché du logement locatif dans l'espace rural est un obstacle évident au repeuplement de celui-ci. Pourrait-il être levé ? Quand une offre existe, elle est parcellisée et peu adaptée à la demande, par ailleurs peu connue, des différentes catégories de citoyens et plus particulièrement des jeunes couples ou des jeunes retraités : s'il s'agit de petits appartements, ils sont difficiles -mais pas impossibles- à produire dans les villages par la transformation de grandes bâtisses paysannes. Des opérateurs comme les organismes HLM sont d'autant moins enclins à intervenir, malgré la charge foncière modérée, que les coûts de gestion d'un parc de logements dispersés sont sans doute supérieurs à ceux d'une "cité", sauf à prendre en compte les coûts sociaux et politiques. L'évolution, dans ces conditions, dépend de décisions volontaristes, par définition très aléatoires.
L'école, pour sa part, n'assume pas seulement un rôle de service. Elle est dans le village, le plus souvent, un centre de socialisation -des parents par les enfants- et de sociabilité, et un foyer â'activités culturelles. Mais l'avenir, dans ce secteur, n'est pas vraiment déterminé par les décisions de maintien ou de fermeture de l'école villageoise, malgré l'impression que peuvent en donner de multiples petits drames locaux. Que ce soit dans la classe unique ou dans les diverses formules de regroupement et ramassage, le niveau de l'éducation primaire en milieu rural est assuré. Il l'est d'ailleurs aussi dans les collèges dont les effectifs limités sont plutôt un atout.
' En fait, il apparaît que les obstacles scolaires ou périscolaires à l'installation résidentielle des parents se situent d'une part dans la nécessité prévisible de se séparer des jeunes au moment de leur entrée au lycée, d'autre part dans les contraintes occasionnées par les déplacements d'enfants non autonomes pour leurs activités sportives ou culturelles. Des solutions pour compenser ces handicaps inévitables existent. On peut douter de leur mise en oeuvre rapide, puisqu'il s'agirait notamment de créer dans les villes moyennes des internats modernisés sur les plans matériel et pédagogique, d'assurer la supériorité de l'éducation rurale sur l'éducation urbaine en attirant à la campagne les meilleurs enseignants, d'installer des lycées verts susceptibles d'accueillir les citadins comme les ruraux... et un jour d'être capables, comme on le fait dans d'autres pays, de situer des Universités à vocation d'excellence hors de métropoles. '
6. Villages ou petites villes ? L'illusion technocratique conduit à imaginer dans l'espace rural un regroupement progressif des populations et des activités dans les bourgs
'
11 i
et petites villes dont la fonction centrale serait une vocation. Certains considèrent cette
évolution comme une prolongation naturelle de tendances, bénéfique à l'aménagement du
territoire. Mais l'analyse de la situation contredit cette présomption. En fait, non
seulement les petites villes ne bénéficient pas du dépeuplement des villages, mais encore
il est prouvé que dans les zones de dépression démographique c'est l'ensemble des
communes, nonobstant leur taille, qui se trouvent en crise. D'autre part, le rôle central
des bourgs ruraux -les chefs-lieux de canton en particulier- est de plus en plus limité, la
population rurale, très mobile, ayant recours à la gamme ouverte des services offerts par
les villes moyennes et grandes.
La dynamique dépend donc non pas d'un schéma général ni de décisions
systématiques d'aménageurs, mais finalement de la santé économique de territoires
entiers. Dans des conditions favorables, chaque commune, grande ou petite, peut saisir
sa chance.
7. La politique et la société. D'après le plus récent sondage de l'Observatoire
Interrégional du Politique (été 1991), 37 % des Français souhaiteraient vivre "tout le
temps" à la campagne "s'ils en avaient la possibilité" et 26 % des Parisiens en feraient
.'
autant "volontiers"... L'interprétation de cette information est hasardeuse, mais il est clair
qu'on ne peut en inférer l'engouement généralisé pour la "vie naturelle" célébrée par les
publicitaires. Ce sondage, d'autre part, ne donne pas d'autre renseignement sur l'attitude
de l'opinion à l'égard du monde rural que celui-ci : les 64 % des sondés estiment que la
campagne française "s'est dégradée" au cours de la dernière décennie. Cependant,, la
"
,
_
multiplication, surtout depuis 1988, des colloques, assises, manifestes et même
manifestations sur le thème de l'avenir du monde rural montre sans doute la prise de
conscience, au moins à un certain niveau de responsabilité, de l'importance de la
"question rurale". Encore faut-il bien préciser que cette prise de conscience a surtout
entraîné des positions défensives -aller au secours d'une campagne en perdition, en voie
de "désertification"- sans pousser l'analyse dans un sens positif : le monde rural est une
ressource qu'il faut se décider à mieux mettre en valeur.
L'intérêt de la société pour cette mise en valeur, et la pression qu'elle peut exercer
en conséquence sur les décisions politiques, est un des principaux aléas dont dépend
l'évolution de l'espace rural. Si l'agitation autour du thème constatée en 1991 et qui se
poursuit en 1992 parvient à déclencher un véritable mouvement social -qui ne peut être
mené par les seuls responsables agricoles-, alors verra-t-on sans doute évoluer
favorablement les politiques nationale et territoriale.
L'affaire concerne en effet la société tout entière et implique de toute évidence,
avec une réorientation du dessein, une redistribution des moyens publics. A un bout de la
chaîne, les ruraux peuvent s'organiser, coordonner leurs projets, offrir par des structures
spatiales modernisées des garanties d'efficacité aux indispensables interventions de l'Etat.
A l'autre bout de la chaîne, les responsables politiques doivent se convaincre que le
monde rural est un atout maître à jouer dans le réaménagement du:territoire national au
sein d'une Europe en mouvement. C'est dans ce cadre qu'il faudra évaluer la propension
des capitaux privés à s'investir dans la campagne française.
III - Les risques de rupture
Les risques de catastrophes mis à part, de brusques mutations du contexte
économique mondial, du contexte démographique régional, et des politiques
économiques.
Les tendances lourdes, dont la prolongation a le maximum de probabilités, et les
tendances moins rigides comportant des alternatives plus ou moins vraisemblables, qui
ont été décrites ci-dessus, ne peuvent trouver leur place que dans le cadre d'un
environnement relativement stable. Mais énumérer les risques de ruptures venant
contrarier l'analyse actuelle ne relève pas seulement de précautions intellectuelles. La
seule considération des menaces affecte directement la réflexion prospective.
Il paraît difficile d'accepter l'idée de véritables ruptures positives, celles-ci devant
être pour l'essentiel liées à des mutations d'origine technologique dont on sait déjà
qu'elles ne se produiront pas ou qu'elles ne produiront pas d'effets dans le moyen terme
de notre prospective.
On doit, d'autre part, écarter a priori les ruptures-catastrophes, pourtant non
improbables, comme les accidents naturels ou industriels majeurs et les guerres (qui
peuvent dépeupler ou repeupler les campagnes).
Il reste alors quatre grands ensembles de risques de rupture :
- la reprise d'un type de croissance économique rapide. Elle aboutit à une accélération des
effets pervers de l'expansion : hyper-concentration urbaine, pollution et encombrement...
- le déclenchement d'une crise économique véritable et généralisée. Elle est engendrée par
la rupture du quasi-équilibre actuel du monde développé sous l'effet de la dislocation du
système financier international ou de l'échec définitif de la grande négociation
13
commerciale du GATT. Elle aboutit au repli sur soi, à la fermeture des frontières, au
démantèlement de la construction européenne, à la paupérisation de l'économie nationale ;
- une immigration incontrôlable. En provenance de l'Europe centrale et orientale, ou des
rives sud de la Méditerranée, l'émigration massive "de type albanais" provoquée par le
chômage, la faim et l'attrait des richesses, la dictature, engendre en Europe occidentale
une redistribution géographique des populations et une réaffectation des moyens publics ;
- l'instauration d'une politique ultra-libérale. Par volonté délibérée du pouvoir exécutif ou
en réponse à des problèmes prioritaires (chômage, protection sociale, immigration...),
l'Etat abandonne toute intervention budgétaire dans l'aménagement et privatise le service
public.
IV - Les scénarios
On esquisse ici les trois scénarios divergeant à partir de la situation actuelle, dans
la perspective des dix à' vingt prochaines années. Ils résultent d'une réflexion portant
essentiellement sur la différenciation du jeu des acteurs et en premier lieu des pouvoirs
publics -Etat et collectivités- dont on a souligné le rôle déterminant dans l'évolution du
monde rural.
rr
1. Le scénario tendanciel libéral. Les espaces ruraux continuent à rester hors des
'
préoccupations de la société et l'Etat se borne à poursuivre sa politique d'assistance au
coup par coup;"Les zones périurbaines, assez larges, sont gérées en fonction des besoins
des citadins, une certaine agriculture, stimulée par le marché, pouvant s'y maintenir et les
espaces d'emprise et de loisir s'y développant. Ailleurs, sauf en certaines localisations de
spécialisations productives quasi-industrielles, l'Etat gère l'effacement progressif de
l'agriculture et une fraction importante du territoire glisse vers l'abandon.
2. Le scénario patrimonial. L'espace rural français tend vers la constitution d'une
vaste réserve écologique. Les politiques consistent à mettre à la disposition des citoyens
français et européens des parcours, des paysages et des hébergements valorisant le
patrimoine. L'occupation rentière prend peu à peu la place de l'occupation productive et
ce qui reste des agriculteurs est transformé en gardiens ou jardiniers.
3. Le scénario
d'aménagement.
La CEE, l'Etat français et les collectivités
territoriales optent pour une politique d'aménagement du territoire impliquant
l'amplification des interventions et des crédits publics. La déconcentration urbaine et la
mise en valeur des ressources du monde rural constituent le double objectif de cette
politique d'intégration de l'espace. Des mesures énergiques et coûteuses répondent donc
à la multiplication des projets visant à l'installation des personnes et des entreprises dans
les villages et petites villes. La restructuration de l'agriculture et les aides maintiennent
une population agricole confortée par la modernisation des techniques et de l'organisation
commerciale. La décentralisation et la coopération intercommunale créent les conditions
d'une offre de territoires diversifiés prêts à un développement intégré.
r
REUNIONS 1 z
REUNIONS
e
ET
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'
1
SEMINAIRE
V
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Prospective des espaces ruraux européens
PERSONNES INVITEES
J. Aitchison, Depannwnt of Geography, Institute of Earth Studks, University College of
Wales, Grande Bretagne
E. Bolsius, Ministerie van V.R.O.M.,
Rijksplanologische
Dienst, Den Haag, Pays-Bas
B. Brnggemann, Institutfur Internationale Sozialforschung,
Berlin, Alleimgne
'
'
M.P. Cuddy, Center for Development Studies, University College, Galway, Irlande
F. Greif, Bundesaustalt für Agrarwirtschaf4 Vienne, Autriche
R. Riehle, Institut jür Internationale Sozialforschung,
Berlin, Allemagne
E. Saraceno, C.R.E.S., Udine, Italie
..
B. Kayser INTRODUCTION
Les potentialités des espaces ruraux offrent des alternatives. Qu'est ce que la société
française veut faire de ses espaces ? Il s'agit là d'un choix culturel.
Les espaces ruraux (villages mais aussi bourgs et petites villes) sont divers. Les
problèmes se posent pour deux types d'espaces :
- les espaces en déclin, qui continuent à perdre leurs populations et leurs activités, et qui
"
'
représentent une fraction importante du rural français, principalement la moyenne
montagne. Le déclin des plus pauvres de ces espaces est irréductible. La prospective
repose sur les choix futurs de la puissance publique.
- les espaces périurbains et les espaces productifs agricoles. Leur avenir dépend du choix
des individus, particulièrement des choix résidentiels. La prospective repose sur les
tendances futures de redistribution des hommes et des activités. La tendance à la
concentration urbaine est-elle irrésistible ? Les espaces peuplés vont-ils se dépeupler ?
Une forte demande de logement en milieu rural ne signifie pas une forte demande à
40
L'avenir des espaces ruraux
l'échelle globale de la société. Les sentiments en faveur de la protection de
l'environnement vont-ils amener les gens à vouloir résider à la campagne ?
Pour l'ensemble de l'espace rural, l'avenir de certains services proposés aux
populations rurales est la question fondamentale.
Si l'absence de beaucoup de services ne
posent pas problèmes grâce à la généralisation des moyens de communication rapide,
l'avenir de l'école rurale est un facteur essentiel. Aujourd'hui, il y a dans le rural de
bonnes écoles primaires, de bons collèges, mais les lycées sont en ville.
L'avenir de l'agriculture est aussi essentiel pour celui du monde rural. Il ne faut pas
s'attacher à la crise actuelle de l'agriculture. Il y a une tendance lourde : sur un million
d'exploitations, 400.000 vont disparaîtra dans les 10 ou 12 prochaines années. Il s'agit
pour la plupart de petites exploitations dont l'essentiel
des terres seront incluses dans les
exploitations restantes. L'augmentation des friches dans la décennie quatre-vingt n'a pas
été plus importante que dans la décennie soixante-dix. Mais l'utilisation des terres est
liées à la situation globale de l'économie. Que seront dans l'avenir les modifications dans
l'utilisation des terres ?
Quelle sera la place du territoire rural dans les politique d'aménagement ? En France,
une politique publique pour l'espace rural est déjà ancienne : assistance aux zones en
difficulté, attribution des crédits en fonction de la pauvreté et non des potientialités (avec
marchandage politique pour la définition des zones). Aujourd'hui, ces crédits sont pour la
plupart aux mains des politiciens.
La France a la chance d'avoir un espace disponible. Elle souffre d'un excès de
concentration (le mouvement de concentration en région parisienne a repris d'après de
dernier recensement). Saura-t-on utiliser les espaces ruraux français ?
Afin de nous aider à répondre à ces questions, nous allons commencer par interroger
les experts étrangers invités sur les deux thèmes suivants :
- La place des espaces ruraux dans la redistribution des activités et des résidences : les
tendances et leurs interprétations.
- Les termes du débat social sur l'espace rural ; la place de l'espace rural dans les
politiques d'aménagement
du territoire.
E. Bolsius (Pays-Bas) :
L'environnement semble être envisagé dans une perspective
sociale et pas naturelle. En Hollande, l'environnement est plutôt considéré dans sa
dimension physique.
M.C. Kovacschazy :
Les évolutions physiques ont des effets en terme sociétal. Il y
affrontement pour les usages (exploitation ou urbanisation). On distingue 3 types de
conflits correspondant à 3 types d'espaces :
1) des zones en cours d'artificialisation (périurbain, zones touristiques du littoral, de
montagne oü dans certaines régions)
2) des zones en déclin
3) des zones à protéger.
'
M.P. Cuddy (Irlande) :
La France n'est pas le seul pays à connaitre une centralisation
excessive autour de sa capitale. En Irlande, Dublin concentre de plus en plus d'activités.
Il y a Dublin, quelques concentrations urbaines, puis des résidus ruraux.
B. Kayser : Les problèmes dûs à la reprise de la croissance parisienne ne sont pas liés aux problèmes des espaces ruraux, il s'agit du coût de la concentration. Cela ne doit pas faire oublier la distribution des activités dans les régions. Mais les problèmes ruraux nécessitent également la mise en place une politique régionale, car une politique purement rurale est absurde. Le rôle des villes petites et moyennes dans l'animation du monde rural
est important .
B. Hervieu : Penser à la récente étude du GERI montrant que, per capita, le coût d'un équipement en région parisienne est le même que dans le Limousin. Certes, la concentration dans la capitale est bien plus forte.
J.C. Bontron : Le problème de la concentration parisienne est celui de l'échec de la politique française d'aménagement depuis 30 ans. Mais on ne doit pas oublier le très fort développement de la région sud-est et des petites villes, le problème des espaces industriels en déclin, la redistribution des activités sur le territoire. La France n'est pas engagée dans une logique de croissance mais dans une logique de redistribution, et c'est là fimportant
B. Bruggemann (Allemagne) : La logique de redistribution est présente en Allemagne avec les entreprises high-tech qui quittent Dusseldorf ou Berlin pour Munich, à la recherche d'un environnement plus agréable pour leurs cadres. Mais ces derniers s'intégrent-ils vraiment dans les régions ?
J.C. Boolron : Même phénomène en France, avec Grenoble ou le sud-est L'attirance est même plus forte que les potentialités économiques. Ces régions ont un taux de chômage important
E. Saraceno LA DYNAMIQUE DES ESPACES RURAUX ET LES POLITIQUES RURALES EN ITALIE
En Italie, le développement est récent Les zones rurales ne se sont jamais vidées. Même aujourd'hui, les problèmes liés à l'urbanisation sont limités. La majorité de la population vit à la campagne. Dans les années 70, cela était perçu comme un indicateur de retard. Aujourd'hui, cela est perçu comme la source de la modemité.
Le développement s'effectue sans redistribution de population. C'est un développement dispersé. Il est analysé, soit en terme "d`industrialisation diffuse", soit en, terme de "campagnes urbanisées". Je préfère ce dernier terme car le concept - d'urbanisation n'est pas opératoire pour l'analyse de l'évolution des campagnes
italiennes.
Il y a une progressive diversification des zones rurales. Il faut inventer de nouvelles catégories d'analyse qui ne reposent ni sur l'opposition urbain/rural, ni sur l'opposition campagnes périurbaines/campagnes en déclin. Cette diversification en Italie correspond d'une part à une diversification interne, entre zones vidées d'activités non agricoles et zones où existent des combinaises d'activités diverses. Elle correspond d'autre part à une intégration avec l'extérieur : échange de biens et de main oeuvre, échange de services et de temps libre, etc. De nombreux espaces jugés en déclin il y a 10 ans sont aujourd'hui
42
L'aveidr des espaces ruraux
parfaitement intégrés. L'intégration est différente en fonction de l'éloignement des pôles
de développement. Cette nouvelle situation bouleverse les échanges entre les régions,
particulièrement entre régions en développement et celles qui restent hors de la
dynamique.
Pour analyser cette intégration, plusieurs indicateurs, comme par exemple l'origine, la
création, la disparition de la main d'oeuvre, les échanges de temps libre. Il s'agit de
combinaisons d'indicateurs.
Le processus de développement est spontané. Pas de rôle de l'Etat en Italie, jamais de
politique de développement des espaces ruraux, seulement une politique agricole. De
plus, la compétence dans le domaine de l'aménagement territorial et de l'agriculture est
passée de l'Etat aux régions en 1970. Il y a donc autant de centres de décisions que de
régions en Italie (20).
L'industrialisation des campagnes s'explique par des nombreux facteurs. Il faut
prendre en compte l'histoire. L'Italie a connu une politique conservatrice,
opposée à toute
révolution agraire sous le fachisme et après la guerre. Cette politique a favorisé
l'éclatement des propriétés et a fixé les populations au territoire. Même les flux
d'émigration industrielle s'accompagnent
de flux de retour. Au Frioul, toute la population
perdue a été regagnée dans les années 70. Dans le sud, les migrants ne retournent pas
dans leur village mais dans les villes. Par contre, l'organisation des communautés de
montagne (il y en a 382) n'a pas eu le succès attendu. La population montagnarde était
insuffisante, elle avait déjà migré. Il y a des retours, des installations, mais c'est très
difficile.
L'industrialisation en milieu rural est le fait d'entreprises petites ou moyennes. Les
créations et les fermetures sont nombreuses. Il y a une grande diversité dans les
technologies utilisées. Il ne s'agit plus d'entreprises créées à partir d'ateliers artisanaux.
L'innovation est plus facile dans les petites entreprises que dans les grandes. Souvent, le
chef d'entreprise était dépendant d'une autre entreprise. Il pense qu'il peut redevenir
dépendant. Ces entreprises étaient dans les années 60 et 70 d'origine locale. Aujourd`hui,
il y a d'avantage de mobilité.
Les multinationales ne jouent pas un grand rôle. Sans doute se méfient-elles. Le
modèle endogène est dominant et les initiatives étrangères se calquent sur ce modèle.
Il Moodras :
La capacité de coopération et de gestion collective de ces petites entreprises
parait décisive. Est-ce la traditon des guildes ? En France, les banques ne sont pas
capables de comprendre les petites entreprises. Or la banque serait en France la seule
institution capable de soutenir des systèmes de petites et moyennes entreprises.
E. Saraceno
(Italie) :
L'Etat distribue les terres mais organise la coopération en aval et en
amont. Egalement, les patrons sont de même origine sociale que leurs ouvriers. Cela a un
effet d'émulation. Le cycle de production est cassé en de multiples tâches. Ce sont les
économies d'échelle et la grande souplesse qui permettent la compétitivité face aux
entreprises japonaises.
.
H. Mendras :
Dans ce système, c'est l'entreprise qui vend qui fait le profit et devient
intégratrice.
A. Bagnasco : Il y a 10 ans, l'élément intégrateur était le marché. Aujourd'hui, c'est plus complexe. Le niveau d'organisation augmente. La banque joue un rôle important Il y a souvent des participations croisées entre les entrepreneurs.
Ce système a des façons générales de se développer dans l'ensemble du monde. Il y a des méthodes spécifiques avec des éléments intégrateurs différents dans chaque pays.
F. Martin : Il existe aussi une intelligence en amont. C'est une intégration par l'intelligence créatrice. Pensez au stylisme italien. Il y a une intelligence d'être citoyen du monde tout en étant quelque part
E. Saraceno (Italie) : Le pourcentage de ceux qui sont sortis de leur région pour aller travailler ailleurs est impressionnant L'Italie avait des petites entreprises artisanales et la capacité de connaitre les marchés par l'émigration. Elle a ainsi pu répondre à la segmentation de la demande mondiale (pour le marché de la consommation). Elle a d'abord répondu à la demande extérieure, puis ensuite elle a travaillé aussi pour les marchés intérieurs. Il faut en effet saisir la situation de l'Italie dans le développement de l'industrie à l'échelle mondiale. En Italie, le développement a commencé dans les campagnes, où se trouvaient déjà les petites entreprises. Désormais, les petites entreprises se développent plutôt dans les villes. Les entreprises de services étaient, elles, situées dans les petites villes, elles étaient aussi d'origine locale. Maintenant, ce sont des entreprises des grandes villes qui créent des filiales dans les petites villes et même dans les villages. L'ensemble du processus n'est pas reproductif dans le temps.
Quant aux impôts, il est vrai qu'au début ces petites entreprises ne payaient pas d'impôt, mais la situation est en train de changer.
V. Wright : Mais il n'y a pas de modèle italien pour l'étranger, ni d'ailleurs pour toutes les régions de 1`Italie.
A. Bagnasco : Il y a une question d'époque. On ne peut pas développer aujourd'hui une industrie comme hier.'De plus, il y a des facteurs dûs aux différentes situations des pays. La France est caractérisée par sa faible densité. Elle tend pour cette raison à la concentration. En Italie, la surcharge de population est partout, cela ne tend pas à créer la concentration.
E Saraceno (Italie) : Toutes les grandes villes de 1`Italie du nord et du centre perdent de la population. En dépit des inégalités de développement, en Italie, la question de 1`industrialisation rurale se pose pour tout le territoire.
z M.P. Cuddy LA DYNAMIQUE DES ESPACES RURAUX ET LES POLITIQUES RURALES EN IRLANDE
En Irlande, le déclin des régions rurales est très évident. Le processus répond à la thèse de Mirdal sur le déclin cumulatif des zones rurales. La croissance ne concerne que Dublin, quelques centres urbains et leurs zones rurales périurbaines. La production agricole est également en baisse et la taille des exploitations augmente. Elle produit peu de valeur ajoutée et bénéficie d'un soutien massif de la P.A.C.. La réforme de la P.A.C. et les négociations du G.A.T.T. vont avoir un effet très négatif sur l'agriculture irlandaise.
44
L'avenir des espaces ruraux
L'avenir : tentative de diversification des productions agricoles, mais peu d'espoir ;
développement de l'agro-tourisme,
mais potientialités
limitées ; développement
industriel,
peut-être réalisable. Mais les villes continueront à attirer les investissements et les
populations rurales.
Le développement rural doit être resitué dans le contexte économique global. Les
problèmes sont trop importants pour penser seulement en terme de développement
rural.
La dépendance de l'extérieur est très forte, tant pour le secteur agricole que pour
l'industrie. Cela fragilise le pays et le rend sensible à la conjoncture économique
mondiale. De plus, l'émigration qui se poursuit représente une perte régulière en capital
humain. Elle a été forte vers les U.S.A. dans les années 50, puis il y a eu une baisse,
enfin un regain dans les années 80.
L'objectif de la politique étatique : augmenter la croissance générale sans s'inquiéter
des équilibres régionaux et du développement rural..Le ministre de l'agriculture a la
charge de l'aménagement rural. Ensuite chaque ministre s'occupe de l'espace rural dans
le cadre de ses compétences. Il y a eu dans les années 70 une politique de décentralisation
de l'industrie, mais dès que la crise est arrivée, cette politique ne fonctionna plus.
L'espoir pour le pays est placé dans l'aide C.EE
F. Marcin :
Il y a 3,6 millions d'Irlandais, dont 1/3 à Dublin. Une émigration sans
retour. La production agricole est exédentaire par rapport marché de la P.A.C..
Exportation de 80% des produits agricoles mais sans valeur ajoutée et hors C.EE du fait
du soutien de la P.A.C.. La production diversifiée, c'est les champignons, les escargots,
etc. Que dit la profession agricole ? Quelle est la place des multinationales ?
M. P. Cuddy
(Mande) :
Les représentants de la profession sont les riches agriculteurs qui
ont profité de la P.A.C.. Ils demandent en ce moment à l'Etat de renégocier la P.A.C..
Pour la première fois, deux tendances dans le monde agricole. Les petits s'aperçoivent
que leur intérêt est différent de celui des riches. Les gros sont contre la P.A.C.. Les petits
sont pour. C'est la stratégie de la C.E.E. : diviser la paysannerie en deux groupes. Quant
aux multinationales, elles sont présentes depuis 20 ans, ce qui rend le pays fragile à toute
crise mondiale. Donc tentative du gouvernement
d'aider un développement indigène. Cela
est difficile car les initiatives endogènes sont peu nombreuses et peu capables d'entrer
dans l'économie mondiale. De plus, beaucoup d'entreprises du monde rural sont liées
aux multinationales et fabriquent des produits intégrés à des produits dont la fabrication
est achevée ailleurs.
Il
A. Brun :
Entre l'Italie et l'Irlande, il y a une forte différence de densité de population
qui peut expliquer les dynamismes. La France, elle, a les deux types de territoires,
fortement et faiblement peuplés.
E. Saraceno
(Italie) :
Une autre différence réside dans la propriété de la terre : dans le sud
de Italie, les agriculteurs sont propriétaires, pas en Irlande. Mais aussi, en Irlande,
l'efficacité de la P.A.C. a empêché la diversification
des campagnes ; en Italie, la P.A.C.
est peu avantageuse, donc il y a eu diversification
des activités.
B. Kayser :
Dans le cas de l'Irlande, la crise mondiale et l'émigration jouent des rôles
importants.
M.P. Cuddy (Irlande) : Les déséquilibres s'accentuent en Europe. Il faudrait une vrai politique régionale dans le cadre de la C.EE.
R. Riehle LA DYNAMIQUE DES ESPACES RURAUX ET LES POLITIQUES
RURALES EN ALLEMAGNE .
En Allemagne. Il y a plutôt un mélange entre villes et campagnes qu'une séparation. Le rural n'est jamais fermé sur lui-même. L'histoire de l'industrialisation commence très tôt, vers 1850. L'exode rural a eu lieu très tôt, s'est achevé très tôt. Pas de retour des migrants. Puis, le grand abandon des villages s'est produit dans les années 1950. Ensuite, la population rurale a longtemps été stable. Aujourd'hui, elle est en train d'augmenter.
'
Derrière cette stabilité, il y a pourtant une bouleversement social : la découverte des milieux ruraux, le développement des P.M.E., la mise en place des nouvelles technologies de communication. Il y a un développement régional indigène. Il s'accompagne d'une reprise du pouvoir local dans les villages où l'on observe un grande participation des populations à la vie locale. Il y a une revalorisation des villages, un romantisme rural. Les verts participent à cela. Ils constituent en fait une force réactionnaire. Même les villes moyennes ont une couronne de faubourg. Les gens acceptent de faire de grands trajets. Il n'y a pas d'intégration entre les différents types d'habitants. Des changements interviennent cependant
Il n'y a pas de débat sur le rural à l'échelle fédérale. Le débat se déroule au niveau des Landers ou même des communes. Le débat est le plus actif dans l'Essen et dans le Baden-Württemberg. Il y a là des petits paysans et des P.M.E. Dans le nord, il y a que la grande agriculture. "'
Comme dans le cas de l'Italie III, l'Italie de l'industrialisation rurale, dans le Baden- Württemberg, les paysans étaient pluriactifs. Ils bricolaient, des horloges par exemple, qu'ils partaient vendre à l'étranger. Il y a une compréhension ancienne de la nécessité de partir ailleurs si l'on veut rester au pays. Mais il ne faut pas surestimer le développement endogène. Il y a aussi Mercedes qui dessémine son électronique, à la recherche de la paix sociale et de bas salaires.
B. B (Allemagne) : Actuellement, il y a..600.000 exploitants dont la moitié pluri-' actifs, soit 3,5% de la population active. Il y a eu une diminution de moitié en 30 ans, qui s'est effectuée de façon silencieuse.
R Riehie (Allemagne) : Il n'est pas sûr qu'il reste des petits paysans dans le futur. Il est intéressant de savoir qu'il n'y a qu'un seul syndicat paysan partout en Allemagne, sauf dans le Baden-Württemberg où il y a un syndicat d'opposition.
B. Bruggemann (Allemagne) : Actuellement, les paysans riches de l'ouest achètent de grandes exploitations de plus de 1000 ha. dans l'ex-RD.A.. Il y a 3800 coopératives à vendre, soit 90% de la S.A.U. de l'ex-R.D.A., ce qui correspond à 1/3 de la S.A.U. de la R.F.A.. Il n'est pas sûr que les petits paysans de l'ouest résistenL
46 L'avenir des espaces ruraux
F. Greif LA DYNAMIQUE DES ESPACES RURAUX ET LES POLITIQUES RURALES EN AUTRICHE
Il y a différents types d'espaces ruraux en Autriche.
Type I : Nord du pays. Accroissement des fermes, revitalisation du rural par les
résidences secondaires. j
Type II : Centre. Pas de politique de développement rural, dépeuplement des campagnes.
Type III : Tyrol. Tourisme florissant, hébergement à la ferme, forte résistance de
l'agriculture. -
Type IV : Autour de Vienne et de Graz. Grande immigration venant de l'est, urbanisation excessive.
L'Etat paye de 7000 à 15000 FF par an par agriculteur. Il y a 120.000 familles agricoles. Ces gens ont peur du projet d'adhésion à l'Europe.
Il y a eu un échec de la politique d'industrialisation dans les villages. Les entreprises qui avaient été créés dans les villages ont disparu lorsque les aides de l'Etat ont cessé.
La politique consiste désormais à baser le développement sur les potentialités naturelles. Le développement est très guidé. Les politiques s'élaborent au niveau des Landers. Elles sont donc différentes d'un Lander à un autre. L'aménagement de l'espace se gère au niveau de la commune.
J. Aitchison LA DYNAMIQUE DES ESPACES RURAUX ET LES POLITIQUES RURALES EN GRANDE BRETAGNE
En Grande Bretagne, l'idéologie, les politiques sont différentes selon les régions. L'environnement est leAdébat essentiel. On assiste au retour des populations urbaines vers les campagnes, particulièrement dans le sud et sur les côtes. Cela provoque un mélange social, et apporte un esprit d'entreprise dans les campagnes, chez les nouveaux venus. Pourtant, en dépit des succès de l'industrialisation, les jeunes continuent de partir. Cela provoque aussi une hausse des prix des logements. Le modèle mis en place dans le sud se déplace vers le nord. Mais il y a une population rurale très dense, peu de campagnes ouvertes. La question de l'accès à la nature est très important Il y a une pression énorme. Les partis se doivent de parler de l'environnement et des campagnes. Il y a en effet un puissant lobby pro-rural, rencontre de deux lobbies qui se renforcent : le "conservation J" lobby" (écologie) et 1"'amenities lobby" (les utilisateurs de la nature : associations de promeneurs, de sportifs, etc). Il y a une tentative d'impliquer les agriculteurs à la politique de "conservation" et d"'amenities". Beaucoup de paysans sont heureux d'être les gardiens de la nature. Le ministère de l'agriculture a accru son importance.
Il y a un grand nombre de politiques de protection de la nature, sans doute une particularité de la Grande Bretagne. Chaque district a le droit de contrôler toutes les implantations. Certains y sont opposés, disant que cela empêche le développement. Pourtant, il est question de renforcer ces règles.
B. Kayser: Quel a été le rôle de Thatcher. Le système de protection est strict. Il y a eu pourtant le libéralisme, la vente des "community houses" qui fut très importante.
J. Aitchison (Grande Bretagne) : Thatcher a changé. Elle a essayé d'ouvrir les espaces ruraux aux entrepreneurs et aux constructeurs, mais elle n'a pas réussi.
V. Wright : Le sud de l'Angleterre est conservateur et favorable à la protection de l'environnement.
J. Aitchison (Grande Bretagne) : Dans l'Est, les grands producteurs connaissent des difficultés, et créent des golfs. La mise en friche ne progresse pas. En Ecosse, la terre appartient aux Lords et il y a autonomie de décision. Le lobby protectionniste est moins puissant Il y a un compromis entre protectionnisme et développement : politiques pour l'installation de nouveaux ruraux et l'implantation de zones industrielles dans les petites villes. La situation est proche au Pays de Galle, mais une des difficultés pour l'installation de nouveaux ruraux est l'obligation du gallois à l'école.
H. Saraceno (Italie) : L'alliance entre la noblesse qui a fait les lois de protection, les nouveaux urbains, avec l'accord des paysans, rend la situation en Grande-Bretagne très spécifique.
J. Aitchison (Grande Bretagne) : Les agriculteurs s'expriment par leur syndicat. Il y a 5 ans, ils refusaient la politique de protection, aujourd'hui, ils l'acceptent.
M.C. Kovacschazy : En Angleterre, comme en Allemagne, l'apport complémentaire de 1`Etat à la subvention C.EE est très importante.
V Wright : Mais aussi la concentration du pouvoir : la puissance du syndicat paysan et du ministère de l'agriculture. Il suffit que peu de gens changent d'avis pour que la
politique change. '
J. Aitchison (Grande Bretagne) : Les terres communales, appartenant aux Lords, qui ont été protégées très tôt, ont joué un grand rôle pour la généralisation de cette politique.
Par contre, il ne semble pas que la protection de la nature deviennent un moyen de profit dans le système du marché. Il s'agit seulement de fortes incitations financières dans le cadre d'accords contractuels avec les paysans. Il y a bien une commercialisation de l'accès à la nature, mais elle est impossible pour les sentiers, qui sont ouverts au peuple depuis le XIII° siècle (usage conforté par la loi de 1947).
E. Bolsius LA DYNAMIQUE DES ESPACES RURAUX ET LES POLITIQUES
RURALES AUX PAYS-BAS ,', '
Pas de problème d'espaces ruraux aux Pays-Bas. Il y a peu de zones rurales ; 13 sont reconnues telles, dont peu connaissent des problèmes. Il y a souvent perte des jeunes et apport de gens âgés. Pas de désertification. Le chomage ne caractérise pas l'espace rural, mais un faible nombre de création d'emploi et une baisse du niveau de l'équipement public.
Peu de de'bat sur le rural. Le lobby récréationiste n'est pas très puissant. Par contre, on craint une forte augmentation du prix des maisons après 1993, car les prix sont actuellement bas comparativement aux pays voisins.