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Analyse spatio-temporelle de la diffusion d'innovations dans les systèmes de cultures bananiers aux Antilles Françaises de 1960 à 2008

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Analyse spatio-temporelle de la diffusion d’innovations

dans les systèmes de cultures bananiers aux Antilles

Françaises de 1960 à 2008

Murielle Mantran

To cite this version:

Murielle Mantran. Analyse spatio-temporelle de la diffusion d’innovations dans les systèmes de cultures bananiers aux Antilles Françaises de 1960 à 2008. [Rapport Technique] auto-saisine. 2011, 36 p. �hal-01602052�

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Analyse spatio-temporelle de la diffusion d’innovations

dans les systèmes de cultures bananiers aux Antilles

Françaises de 1960 à 2008

Projet AGROECOTROP

Compte-rendu de CDD du 1 avril 2010 au 31 mars 2011

Murielle Mantran

murielle.mantran@wanadoo.fr

Responsable d’équipe : Harry Ozier-Lafontaine Responsable scientifique : Jean-Marc Blazy

Membre de l’équipe : Jean-Louis Diman

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SOMMAIRE

INTRODUCTION... 4 Contexte et enjeux ... 4 Hypothèses de travail... 5 Objectifs de l’étude... 5 MATERIEL ET METHODES ... 6 Filière banane ... 6

Présentation des innovations ... 6

Données sur l’adoption ... 8

Enquête auprès des exploitants... 8

Données géographiques... 8

Définition des zones géographiques ... 9

Zone montagne... 9

Zone agricole ... 10

Découpage communal... 11

Zone hydrologique ... 11

Construction d’une frise contextuelle... 12

Analyses... 12 Cartographie de l’adoption ... 12 Typologie de Rogers ... 12 Effet de distance... 13 Effet de conjoncture ... 14 RESULTATS ... 15 Taux d’adoption en 2008 ... 15 Situation de l’adoption... 15 Package d’innovations... 15

Cartographie des adoptions / non-adoptants... 15

Analyse des taux d’adoption par zone géographique ... 18

Zones défavorisées ... 18

Zones agricoles ... 18

Zones communales ... 18

Zones hydrologiques ... 19

Analyse de la dynamique d’adoption ... 21

Dynamiques spatiales... 21

Effet de mimétisme ... 21

Effet de distance à l’innovateur... 22

Dynamiques temporelles... 22 Dynamiques spatio-temporelles... 27 Dynamiques globales ... 28 Dynamiques locales ... 28 CONCLUSION ET DISCUSSION... 30 Principaux résultats... 30 Limites de l’étude ... 31

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TABLE DES FIGURES

Figure 1 : Pratique du marquage Figure 2: Pratique de l’engainage ... 7

Figure 3 : Replantation à l’aide de vitro-plants Figure 4 : Pratique de la rotation de culture... 8

Figure 5 : Cartographie des centroïdes des exploitations bananières en Guadeloupe et en Martinique. ... 9

Figure 6 : Découpage par zones défavorisées en Guadeloupe et en Martinique... 10

Figure 7 : Zonage agricole de la Guadeloupe modifié en 2000 (source : Recensement Agricole 2000)... 11

Figure 8 : Découpage communal en Guadeloupe et en Martinique ... 11

Figure 9 : Découpage par bassin-versant du Sud Basse-Terre en Guadeloupe et sur l’ensemble de la Martinique ... 12

Figure 10 : Modèle en cloche et fonction logistique décrivant la typologie d’adoptants. ... 13

Figure 11 : Taux d’adoption (nombre d’adoptants) des quatre innovations aux Antilles en 2008. ... 15

Figure 12 : Taux d’adoption (nombre d’adoptants) de l’engainage par rapport aux adoptants du marquage. ... 15

Figure 13 : Taux d’adoption (nombre d’adoptants) des rotations par rapport aux adoptants des vitro-plants. ... 15

Figure 14 : Cartographies des adoptions / non-adoptions des 4 innovations en Guadeloupe .. 16

Figure 15 : Cartographies des adoptions / non-adoptions des 4 innovations en Martinique ... 17

Figure 16 : Taux d’adoption (nombre d’adoptants) par entités géographiques ... 20

Figure 17 : Date de début des adoptions des quatre innovations aux Antilles Françaises. ... 21

Figure 18 : Corrélation entre distance à l’innovateur et date d’adoption des agriculteurs... 22

Figure 19 : Frise chronologique des évènements survenus en Guadeloupe et en Martinique entre 1960 et 2008. ... 24

Figure 20 : Nombre d’adoption des quatre innovations par année entre 1960 et 2008... 25

Figure 21 : Nombre d’adoption des quatre innovations par année entre 1960 et 2008... 26

Figure 22 : Années propices à l’adoption d’innovations... 27

Figure 23 : Années défavorables à l’adoption d’innovations... 27

Figure 24 : Facteurs moteur et frein de l’adoption d’innovations... 27

Figure 25 : Courbes cumulées des adoptions d’innovations entre 1960 et 2008 aux Antilles Françaises ... 28

Figure 26 : Adoption de l’innovation Vitro-plants entre 1960 et 2008 par zones défavorisées en Martinique ... 28

Figure 27 : Adoption de l’innovation Rotations entre 1960 et 2008 par zones défavorisées en Martinique. ... 29

Figure 28 : Graphique du nombre de planteurs de banane en Guadeloupe entre 1960 et 2008 (source : bulletin de statistique agricole, agreste et recensement agricole) ... 31

Figure 29 : Graphique du nombre de planteurs de banane en Martinique entre 1960 et 2008 (source : bulletin de statistique agricole, agreste et recensement agricole) ... 31

Figure 30 : Typologie des exploitations bananières aux Antilles Françaises. ... 32

Figure 31 : Typologie des exploitations bananières en Guadeloupe et en Martinique en 2008. ... 33

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INTRODUCTION

Contexte et enjeux

Les agriculteurs sont soumis à de nombreuses contraintes et pour y faire face, innover est une véritable nécessité. Il y a bien évidemment les exigences du respect de l’environnement et ce dans un contexte de raréfaction des ressources naturelles, les changements globaux avec le changement climatique, la libéralisation économique et la volatilité des prix des marchés. L’agriculteur étant le décideur final de ses pratiques, comprendre le processus de décision d’adoption est une étape clé pour mettre au point des innovations qui seront en conformité avec ce processus de décision. Alors que de nombreux travaux existent sur la conception de solutions techniques, force est de constater qu’il y a peu de recherche sur l’étude anticipée des conditions d’adoption des innovations avant leur application sur le terrain. Le but serait de développer de nouvelles méthodes permettant de maximiser les chances d’adoption des innovations proposées pour qu’elles soient adoptées par le plus grand nombre d’agriculteurs. A partir d’une analyse ex-post des conditions d’adoption d’innovation, nous avons essayé de mettre en œuvre une telle démarche dans le cas de la filière banane aux Antilles Françaises, en Guadeloupe et en Martinique. Cette filière a un rôle très important dans l’économie de ces deux îles. On compte environ 700 exploitations bananières qui occupent 20% des surfaces agricoles utiles. Cette production représente entre 200 000 et 300 000 tonnes de banane, soit un peu plus de 5% du marché européen. C’est aussi une source de revenus importante pour les économies d’outre-mer puisque elle pourvoie 160 millions d’Euros de chiffre d’affaire. Dans un contexte où le taux de chômage est relativement élevé entre 25 et 30% de la population active, la filière banane regroupe 6 000 emplois.

Cette filière doit faire face à de nombreux défis la libéralisation économique et la pression parasitaire. Cette dernière est perceptible avec la présence de nématodes (Radopholus similis), principaux pathogènes du système racinaire du bananier, de charançons (Cosmopolites

sordidus), à l’origine de la crise de la pollution des sols à la chlordécone - pesticide

organo-chloré utilisé jusqu’en 1993 aux Antilles et qui a contaminé massivement les sols - et des cercosporioses, maladies foliaires dues à des champignons (Mycosphaerella fijiensis), qui arrivent aux Antilles et qui menacent la production de banane. Pour faire face à ces parasites, il ne s’agit pas d’utiliser des régulations chimiques, comme auparavant, mais de mobiliser des régulations biologiques. Face à ces difficultés où la production bananière diminue fortement depuis les années 1980, tant en surface qu’en nombre de planteurs, le défi est de maintenir l’emploi et l’apport économique de cette filière et pour cela développer des pratiques innovantes plus durables. La filière banane a toujours innové. Par exemple, en ce qui concerne la réduction de l’usage des nématicides pour la gestion de la population de nématodes, des innovations ont été proposées par le CIRAD dans les années 90 : la jachère assainissante pour briser les dynamiques de reproduction des nématodes et l’utilisation de plants sains, les vitro-plants. La diminution de l’usage des pesticides est effective même si, force est de constater que tous les planteurs n’ont pas adopté ces innovations en particulier dans les petites exploitations. De nouvelles approches ont été entreprises pour s’efforcer d’anticiper les freins à l’adoption ou les motivations liés à l’adoption des innovations par les agriculteurs. Pour favoriser l’adoption, il faut donc étudier en amont le processus d’adoption des innovations par les agriculteurs. Des déterminants vont la freiner ou au contraire vont la motiver. Eliciter ces

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Hypothèses de travail

Il y a de nombreux facteurs déterminants qui influent sur la décision d’adoption d’une innovation :

- les caractéristiques intrinsèques de l’innovation en termes de performances (niveau de rendement) et en termes de travail, d’équipement, de connaissance et de technicité à acquérir.

- les conditions biophysiques des exploitations (sols, climat et pression parasitaire).

- les ressources propres de l’agriculteur (ressources économiques, marges de manœuvre financières, les objectifs personnels).

- l’environnement macro-économique des exploitations.

L’adoption est un processus complexe avec des interactions entre ces différents déterminants. De plus, il faut prendre en compte la diversité de ces exploitations. La diversité des exploitations bananières aux Antilles montrent une typologie en six types selon l’enquête sur les choix et les préférences face à des innovations touchant au système de culture du planteur de banane (Blazy, 2009). Dans une approche ex-post de l’adoption et de la diffusion d’innovations, la diversité socio-économique doit être un élément à prendre en compte avec la localisation d’une exploitation, la localisation spatiale sur un territoire et/ou la localisation dans un contexte évènementiel particulier. La diffusion d’une innovation peut être analysée tout d’abord temporellement (Rogers, 1983) en estimant qu’il n’existe pas de différenciation spatiale dans le phénomène. Dans un deuxième temps, la considération de la dimension spatiale (Hägerstrand, 1967) dans l’étude de la diffusion de l’innovation devient primordiale pour l’étude de diffusion d’une innovation dans des territoires diversifiés même si a priori l’intervention de la dimension spatiale dans le phénomène de diffusion ne semblerait que minime dans des territoires insulaires contigus. Les processus de diffusion spatiale sont perceptibles à différentes échelles spatiales (Aber et al., 1972) mais il s’agit de déterminer une ou plusieurs échelles d’études pour clarifier le phénomène : de l’échelle régionale (Nilsson, 1974) à l’échelle locale (Morrill, 1968). La difficulté est de sélectionner la meilleure échelle pour établir un modèle de diffusion spatio-temporelle (Morrill, 1968 ; Morrill, 1970). L’adoption d’innovations dans les systèmes de cultures bananiers aux Antilles Françaises a été précédemment étudiée sous un angle socio-économique (Blazy, 2009). Il s’agira, dans la présente étude, d’opter pour une analyse en « time-geography » (Sanders, 2001) à savoir une analyse des réactions des individus dans le temps et l’espace : le comportement des planteurs de banane face à l’innovation tout au long de la période 1960-2008 et la diffusion spatio-temporelle de ces innovations sur le territoire. Les questions d’échelle spatiale dans le processus de diffusion des innovations seront au cœur de cette analyse pour une mise en lumière et une clarification des processus d’adoption d’innovations dans la filière banane. Objectifs de l’étude

Les deux objectifs principaux relatifs à l’étude des déterminants de l’adoption d’innovations sont (i) le repérage d’un effet spatial et (ii) l’identification d’un effet temporel. (i) L’adoption d’innovations est-t-elle déterminée par la localisation de d’exploitation dans une entité géographique particulière au sein du territoire ? L’adoption d’innovations est-il déterminée par un effet de mimétisme (Girard, 1961) entre émetteurs d’innovations au sein des entités géographiques ? (ii) L’adoption d’innovations est-elle déterminée plus par des facteurs temporels exogènes à l’agriculteur que par la localisation spatiale de son exploitation ? Les objectifs de la présente étude sont de répondre à ces questions.

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MATERIEL ET METHODES

Filière banane

La zone d'étude comprend les deux zones bananières des Antilles Françaises, sur les deux îles situées sur l’arc antillais, entre la mer des Caraïbe et l’océan Atlantique. En Guadeloupe, la sole bananière s’étend uniquement sur l’île de la Basse-Terre, dans la zone appelée « croissant bananier » (Lasserre, 1961) de la commune de Petit-Bourg à la commune de Vieux-Habitants. En Martinique, la zone bananière se situe sur la façade Atlantique, de la commune de Macouba au François. Avec la canne à sucre, la banane est la principale culture d’exportation avec 2 100 ha en Guadeloupe (6% des terres cultivées et 2% de la surface totale) et 5 500 ha en Martinique (21% des terres cultivées et 5% de la surface totale) en 2008. Il s’agit des deux principales zones productrices de banane françaises pour l’exportation. Le marché européen de la banane est approvisionné par des provenances antillaises mais surtout africaines. En tonnes de banane par mois en 2008, la Martinique avec 11 000 est en troisième position derrière les Canaries avec 25 000 et le Cameroun avec 17 000 ; la Guadeloupe est au cinquième rang avec une exportation équivalente à celle du Ghana, 4 000 et se situe derrière la Côte d’Ivoire avec 8000. Pour essayer de rester compétitif face à ce marché mondialisé de la banane, les agriculteurs doivent sans cesse innover dans leur pratique. Les innovations techniques dans le milieu bananier sont nombreuses : pour la présente étude, quatre seulement ont été sélectionnées.

Présentation des innovations

Le marquage (fig. 1) de la hampe du bananier consiste à attacher un ruban de couleur autour du pseudo-tronc ou à dessiner une marque de peinture de couleur sur le pseudo-tronc après avoir repéré des plants ayant un même stade visible de développement, dès la sortie de l’inflorescence. Cette opération est effectuée de façon échelonnée du fait de l’hétérogénéité des dates de floraison des plants au sein d’une même parcelle. Chaque semaine de floraison est identifiée par une couleur spécifique et ainsi les fleurs de bananier de même âge physiologiques sont identifiées par une même couleur. Il permet de faire des prévisions sur la quantité de régimes récoltés par semaine (grâce à un comptage des fleurs de couleur identique) et surtout d’estimer le moment où la maturité du régime sera optimale pour la coupe. Lors de la récolte, date à laquelle la somme des températures perçues par le fruit doit être de 950°C, plusieurs méthodes sont pratiquées mais en général (i) un disque est fourni par le groupement pour proposer au planteur un suivi de sa coupe par un code couleur par semaine de récolte où chaque semaine de l’année correspond à une couleur différente (ii) un avertissement du groupement par fax est également fait pour indiquer la couleur à récolter pour la semaine en cours.

L’engainage (fig. 2) consiste à emballer le régime dans un film en plastique. La gaine utilisée est un sac en polyéthylène de couleur bleue, présentant plusieurs petites perforations qui permettent l'aération des fruits. La gaine est glissée autour du régime de banane et est attachée à la crosse au niveau des cicatrices de bractées. L’intérêt est de permettre un meilleur allongement des fruits et de réduire l’intervalle fleur/coupe d’environ 10 jours et ce, par augmentation de la température sous la gaine. Elle protège aussi le régime de l’attaque de thrips. Ce sont de petits insectes qui pondent sous la peau de la banane, entrainant une

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Figure 1 : Pratique du marquage Figure 2: Pratique de l’engainage

La multiplication traditionnelle du bananier se fait par bouturage en prélevant certains rejets autour du pied porteur. Cette pratique est associée à une replantation fréquente des parcelles. La bananeraie préexistante est détruite et la parcelle replantée immédiatement. Dans un tel schéma, le matériel végétal planté, souvent infesté de nématodes, est placé sur une parcelle elle-même déjà contaminée. L'usage du vitro-plant permet une meilleure maîtrise du parasitisme tellurique puisqu’un tel matériel végétal - issu de la culture in-vitro - est indemne de parasites (fig. 3), et va donc permettre d’éviter la recontamination de la parcelle assainie grâce à la rotation culturale ou jachère (fig. 4). Ainsi, le nombre de cycles réalisés entre deux replantations peut être augmenté, et le niveau d’usage de pesticides requis est bien moindre. De nombreux essais ont démontré que la productivité des vitro-plants est généralement supérieure à celle du matériel végétal classique. Leur développement est caractérisé par une précocité et une floraison uniforme entre les plants. A cela s'ajoute la caractéristique essentielle des vitro-plants qui est l'homogénéité variétale puisqu'il s'agit de clones. Même si le vitro-plant demeure sensible aux mêmes parasites que le matériel végétal traditionnel, son utilisation sur sol assaini favorise une plus grande longévité des bananeraies et un meilleur rendement. L'usage du vitro-plant, associé à une jachère, fait diminuer la population de ravageurs dans le sol ce qui permet de réduire l’épandage nématicides durant une période de douze à dix-huit mois après la plantation mais coûte tout de même 2,15€/plant à raison de 1850 pieds par hectare en moyenne. La rotation (fig. 4) est une succession de cultures sur une parcelle, utilisée pour maintenir et améliorer la fertilité et l’assainissement du sol. Ces cultures de rotation en bananeraie peuvent être la canne à sucre, l’ananas voire une prairie ou une jachère. La rotation a plusieurs avantages. Elle (i) limite les maladies (ii) laisse un apport d'azote (iii) contribue à rompre le cycle vital des organismes nuisibles aux cultures : ravageurs, maladies, adventices, etc... (iv) améliore les caractéristiques physiques du sol en limitant le compactage et la dégradation du sol et (v) augmente le taux de matière organique dans le sol.

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Figure 3 : Replantation à l’aide de vitro-plants Figure 4 : Pratique de la rotation de culture

Données sur l’adoption

Enquête auprès des exploitants

A partir des données sur les dates d’adoption des quatre innovations par les producteurs de banane (marquage, engainage, vitro-plants et rotations), des dynamiques spatiales peuvent être mise en avant en vue d’établir un modèle de diffusion spatio-temporelle des innovations dans les systèmes de cultures bananiers aux Antilles Françaises. Il s’agit d’analyser et de modéliser les réponses aux questions de l’enquête sur la conduite technique de la banane effectuée en 2008 auprès des exploitants soient 168 planteurs en Guadeloupe et 439 planteurs en Martinique. Pour chaque innovation, il a été demandé à l’exploitant quelle est sa pratique de l’innovation et la date d’adoption de cette pratique sur son exploitation. A l’aide des données disponibles sur la pratique de l’innovation, il s’agit d’établir deux types d’agriculteurs : les adoptants et les non-adoptants en 2008. De plus, il est possible de retracer historiquement l’adoption annuelle par innovation et ceci pour chaque exploitant.

Données géographiques

Les données de déclarations de surfaces en 2008 des exploitations agricoles en Guadeloupe et en Martinique par les agriculteurs à la Direction de l’Agriculture et de la Forêt (DAF) sont géoréférencées respectivement par l’Association Guadeloupéenne de Recueil d’Informations Géographiques à Utilité Agricole (AGRIGUA) et par la DAF. Elles ont permis une spatialisation de la base de données issue de l’enquête concernant exclusivement les 607 exploitations bananières. Après jointure entre ces deux données attributaires et spatiales, un référentiel spatial a été établi en géolocalisant un point fictif situé à l’intérieur d’un polygone (parcelles des exploitations) qui correspond au barycentre du polygone (fig. 5). Les coordonnées de ce point sont déterminées en degré décimal.

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Figure 5 : Cartographie des centroïdes des exploitations bananières en Guadeloupe et en Martinique.

Définition des zones géographiques

Le premier élément à prendre en compte dans l’étude des processus d’adoption d’innovation est le territoire dans lequel se diffuse l’innovation. Le choix de l’échelle est primordial pour une meilleure compréhension des dynamiques de diffusion spatiale de l’innovation. Ces effets spatiaux dans le processus de diffusion ont été étudiés selon quatre échelles territoriales : le découpage en zone défavorisées, en zone agricole, en commune et plus finement en zones hydrologiques. L’objectif est de distinguer les grandes dynamiques territoriales et de sélectionner des zones à plus grande échelle où un focus sera fait afin de déterminer des dynamiques locales et micro-locales. En fait, on cherche à savoir s’il y a une différenciation spatiale des taux d’adoption dans des entités géographiques spécifiques. Le zonage de départ est le territoire, Guadeloupe et Martinique. Pour distinguer des différenciations spatiales de l’adoption au sein des deux îles, des sous-zones sont dessinées. Dans un premier temps, le territoire a été délimité par zones défavorisées : zone montagne et piémont. Ces dernières seront étudiées de manière à visualiser les différenciations spatiales des taux d’adoption des quatre innovations. Une fois les différenciations spatiales constatées dans le premier zonage, il s’agit d’augmenter l’échelle d’étude dans un deuxième temps. Pour la Guadeloupe, on aboutit au zonage agricole et communal et pour la Martinique directement au zonage communal car la donnée sur les zones agricoles n’a pu être récupérée. Dans un troisième temps, les communes de Capesterre-Belle-Eau en Guadeloupe du Lorrain en Martinique sont découpés en bassins-versants (zones hydrologiques) pour distinguer des dynamiques spatiales micro-locales.

Zone montagne

La différenciation spatiale est-elle visible à l’échelle montagne et piémont ? (i) Il s’agit du zonage relatif à l'arrêté de 2010 pour la Guadeloupe (fig. 5) et de 2006 concernant le classement des communes en zones défavorisées. Il a été établi à partir des courbes de niveau

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de la Base de Données Altimétrique de l’IGN (BD Alti) et le zonage issus d’un arrêté préfectoral pour la Guadeloupe et la Martinique respectivement. Cet arrêté fixe la délimitation de zones à handicaps naturels.

Figure 6 : Découpage par zones défavorisées en Guadeloupe et en Martinique

Zone agricole

La différenciation spatiale est-elle visible au sein des zones agricoles ? (ii) La délimitation des zones agricoles en Guadeloupe a été établie dans les années 80 par le Service Central des enquêtes et Etudes Statistiques du Ministère de l’Agriculture. Chacune des zones doit regrouper des lieux-dits avec une homogénéité entre eux du point de vue agricole dont la liste exhaustive est dans le bulletin N°3 de l’Agreste en 2003. Le zonage a été réalisé à partir des inventaires des différents découpages déjà réalisés sur le département avant 1978 : la carte pédologie de l’ORSTOM, le découpage pour la fixation des bénéfices forfaitaires agricoles, les zones culturales de la SICA ASSOBAG, la carte des cultures de l’ORSTOM, la délimitation des zones de montagne et de piémonts, l’inventaire partiel des terres incultes, le zonage à l’occasion de l’étude du parc national et l’inventaire des sections et des lieux-dits. Le croisement de toutes ces informations aboutit à la réalisation d’un zonage agricole de l’ensemble du territoire guadeloupéen (fig. 6).

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Figure 7 : Zonage agricole de la Guadeloupe modifié en 2000 (source : Recensement Agricole 2000)

Découpage communal

La différenciation spatiale est-elle visible par commune ou regroupement de communes ? (iii) Le découpage communal (fig. 5) est issu de la Base de Données topographique de l’Institut Géographique National (BD topo de l’IGN).

Figure 8 : Découpage communal en Guadeloupe et en Martinique

Zone hydrologique

La différenciation spatiale visible par zones agricoles ou par commune est-elle visible à une plus grande échelle : les zones hydrologiques ? La délimitation provient de la Base de Données Carthage de l’IGN (fig. 9). La toponymie est pour une partie celle de l’IGN. Pour les bassin-versants n’ayant pas de dénomination, un nom a été donné pour chacun d’entre eux.

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Figure 9 : Découpage par bassin-versant du Sud Basse-Terre en Guadeloupe et sur l’ensemble de la Martinique

Construction d’une frise contextuelle

Pour inclure l’aspect temporel à l’analyse, il a fallu déterminer les évènements pouvant impacter sur l’adoption d’innovation. Ils sont d’ordre (i) naturel (milieu physique et climats), (ii) socio-économique, (iii) structurel et (iv) phytosanitaire. Une frise chronologique annuelle de tous ces évènements a été construite pour la Guadeloupe et la Martinique de 1960 à 2008. (i) Cela peut être des cyclones, des coups de vent, des excès d’eau, des sécheresses et des crises volcaniques. (ii) Cela regroupe les conflits locaux (Guadeloupe et Martinique), nationaux (France métropolitaine) et les campagnes de subventions successives. (iii) Cela concerne les législations relatives aux Départements d’Outre-Mer et à la filière banane, les différents groupements de la filière banane et son organisation au sein du territoire. (iv) Cela résume les différentes périodes relatives à l’utilisation d’organochlorés et des crises relatives. Analyses

Cartographie de l’adoption

Les résultats présentés seront plusieurs cartes typologiques des adoptants et des non-adoptants pour chacune des quatre innovations en Guadeloupe et en Martinique. Il s’agit d’une représentation spatiale de la situation de l’adoption en 2008. Les données annuelles sur l’adoption d’innovation entre 1960 et 2008 permettent la création de cartographies sur la situation de l’adoption par année. Ces différentes cartographies diachrononiques sont

4 3 2 1 5 1 2 4 5 6 3

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l'innovation de Rogers (Rogers, 2003) est un modèle qui classifie les adoptants en cinq types :

Innovators : les innovateurs, Early adopters : les premiers adoptants, Early majority : la

majorité précoce, Late majority : la majorité tardive et Laggards : les retardataires. L’idée est basée sur le fait que certains individus, sont plus enclins à adopter des innovations. Il s’agit de la théorie de diffusion des innovations. D’après les théories relatives à l’innovation, une innovation se diffuse dans la société en suivant un processus qui touche différentes catégorie de personnes, des plus innovateurs jusqu’aux plus retardataires face à la technologie. E.M. Rogers a modélisé ce processus par une courbe de diffusion (dite courbe en S ou courbe en cloche) en y associant les différents profils d’adoptants correspondant aux différentes phases du processus d’adoption (fig. 10). La courbe en cloche ou courbe d’adoption de Rogers représente les différents profils d’adoptants potentiels qu’une l’innovation doit convaincre pour se diffuser dans la société. Les différences de profils les plus marquantes se trouvent entre les deux premières catégories : innovateurs et premiers adoptants d’un côté ; et majorité précoce, tardive puis les retardataires d’un autre côté. L’intérêt de cette typologie est la classe « innovateurs » qui va permettre d’identifier des centres de diffusion d’innovations. Ces potentiels centre émetteurs vont permettre l’appréhension d’un effet distance.

Figure 10 : Modèle en cloche et fonction logistique décrivant la typologie d’adoptants.

Effet de distance

La notion de distance est une des propriétés fondamentales de l’espace géographique : elle permet de définir la situation des objets géographiques, les uns par rapport aux autres. On distingue une position relative, le centroïde de chaque exploitation (fig. 5). La distance en géographie introduit la notion d’écart entre les lieux. Elle est mesurée par rapport à un repère et caractérise des couples de lieux. En géographie, les lieux sont localisés par coordonnées géographiques, la plupart du temps en latitude et longitude. L’espacement entre points géoréférencés est calculé dans une matrice des distances entre les centroïdes des exploitations. Elle est évaluée en mètres. Ces calculs de distance vont permettre de tester l’effet de voisinage ou effet de mimétisme (Girard, 1961) entre adoptants d’une même innovation. La typologie de Rogers va permettre d’identifier clairement un type « Innovateur », qui correspondra aux potentiels centres de diffusion des innovations. L’intérêt sera de voir s’il y a un lien entre la date d’adoption d’une innovation par un exploitant isolé et la distance à l’innovateur. D’autres centres d’innovations peuvent être déterminés et susceptibles d’être un

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potentiel foyer émetteur d’innovations (ex : les centres de recherche comme le CIRAD). Il pourra donc être mis en évidence un effet de mimétisme entre innovateurs issus de la classification de Rogers et potentiels adoptants.

Effet de conjoncture

Toutefois, la décision par l’exploitant d’adopter ou non une innovation est aussi certainement affectée par des considérations non géographiques. Les potentiels adoptants d’innovations prennent forcément en compte les nombreux évènements climatiques, sociaux, économiques et environnementaux jouant sur leur système productif durant la période considérée. En effet, les taux d’adoption annuels corrélés à une frise chronologique des évènements survenus durant la période d’adoption d’innovations permettront de distinguer une corrélation entre un taux d’adoption et une année à évènements caractéristiques ou non.

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RESULTATS

Taux d’adoption en 2008

Situation de l’adoption

Il s’agit dans un premier temps de regarder la situation du niveau d’adoption de chaque innovation en 2008, pour les deux îles.

Marquage Engainage Vitro-plants Rotations

Guadeloupe (n=168) 79% (132) 99% (167) 60% (101) 68% (115)

Martinique (n=439) 96% (421) 99% (437) 24% (106) 28% (125)

Figure 11 : Taux d’adoption (nombre d’adoptants) des quatre innovations aux Antilles en 2008.

Le premier constat est qu’en 2008, tous les exploitants n’ont pas adopté toutes les innovations. La situation de l’adoption en 2008 n’est pas la même pour les quatre innovations. De plus, chaque territoire a ses spécificités. Il n’y a pas de différenciation spatiale pour l’innovation engainage : pratiquement tout le monde a adopté (99%). La différenciation spatiale est visible pour les autres innovations. Même si presque tout le monde a adopté le marquage en Martinique (96%), on ne compte que les trois quarts en Guadeloupe (79%). Les vitro-plants et les rotations sont adoptés par respectivement le quart et le tiers des exploitants en Martinique contre les deux tiers en Guadeloupe.

Package d’innovations

Selon Schumpeter, les innovations sont adoptées par package. Intuitivement, il semblerait que le marquage et l’engainage aillent de pair et que les vitro-plants soient utilisés après une rotation. Effectivement, pour les innovations marquage et engainage, la notion de package est totalement vraie et vérifiées puisque 100% ou presque des exploitants pratiquant l’engainage, utilisent le marquage (fig. 12). La notion de package est un peu plus contestée pour le deuxième package en Guadeloupe et en Martinique puisque cela se vérifie respectivement pour les neuf dixième et les trois quarts des agriculteurs (fig. 13).

Adoptants Marquage

Guadeloupe (n=132) Martinique (n=421)

Adoptants Engainage 100% (132) 99% (419)

Non adoptants Engainage 0% 1% (2)

Figure 12 : Taux d’adoption (nombre d’adoptants) de l’engainage par rapport aux adoptants du marquage.

Adoptants Vitro-plants

Guadeloupe (n=101) Martinique (n=106)

Adoptants Rotations 86% (87) 72% (77)

Non adoptants Rotations 14% (14) 28% (29)

Figure 13 : Taux d’adoption (nombre d’adoptants) des rotations par rapport aux adoptants des vitro-plants.

Cartographie des adoptions / non adoptant

La situation des adoptions / non-adoption en Guadeloupe en 2008 (fig. 12) semble montrer une distribution spatiale aléatoire de l’adoption pour les quatre innovations (Saint-Julien, 1985). Toutefois, en Martinique, la situation est différente et ce, selon l'innovation étudiée. Pour le marquage, on distingue deux foyers de non-adoption (fig. 13) : un dans le Nord Atlantique et un au Sud de l’île. Pour l'engainage, seul un exploitant n'a pas adopté à l'extrême Sud de l'île. Les vitro-plants et les rotations ont les mêmes foyers d'adoption et de non-adoption : deux principaux foyers de non-non-adoption (fig. 13) et un foyer d’non-adoption est visible à l’extrême Nord de l’île. Partout ailleurs, la distribution spatiale paraît aléatoire.

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(18)
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Analyse des taux d’adoption par zone géographique

L’objectif, en agrandissant l’échelle d’étude, est de distinguer des zones plus ou moins propices à l’adoption. Tout d’abord, on ne peut distinguer de différenciation spatiale pour l’innovation engainage puisqu’en 2008 toute la population a adopté cette innovation tant en Guadeloupe qu’en Martinique (fig. 11). Il en est de même pour l’innovation marquage en Martinique. Pour les innovations vitro-plants et rotations, on distingue des différenciations spatiales sur les deux territoires, ainsi que pour l’innovation marquage en Guadeloupe.

Zones défavorisées

Il semble y avoir une préférence à l’adoption selon la zone défavorisée.

Il n’y a pas de différenciation entre montagne et piémont en Guadeloupe pour les innovations marquage (75%) et Rotations (65%). Le piémont est plus propice à l'adoption d'innovations avec 80%, 64% et 70% respectivement pour le marquage, les vitro-plants et les rotations. Rappelons que l'engainage est adopté partout donc indistinctement de la zone défavorisée. La zone montagne est peu propice à l'adoption des vitro-plants puisque moins de la moitié des exploitants ont adopté cette innovation en altitude.

En Martinique, on ne voit pas de différenciation spatiale pour le marquage et l'engainage car plus de 90% des agriculteurs ont adopté ces innovations. La zone intermédiaire entre montagne et piémont est plus propice à l’adoption des vitro-plants avec 27% d’adoption contre moins de 10% en zone montagne. Pour les rotations, la préférence est à la zone piémont (41%) contre moins de 20% pour la zone montagne. La zone piémont serait donc plus propice à l’adoption du package (vitro-plants et rotations) en Martinique.

Zones agricoles

L'étude des zones agricoles propices à l'adoption d'innovations concerne uniquement les zones à effectifs supérieurs à 15 exploitations. Ces zones sont donc le Sud Basse-Terre (zone 4), la Côte Sous-le-vent (zone 5) et la Côte-au-vent Est (zone 7). Il est à noter que les taux d'adoption entre zones agricoles demeurent entre 79 et 88% pour le marquage, entre 47 et 65 pour les vitro-plants et entre 63 et 71 pour les rotations. La zone 4 est la plus propice au marquage à hauteur de 88%, aux vitro-plants à hauteur de 65% et aux rotations avec 71% d'adoptants. La zone 5 (la Côte Sous-le-Vent) est, quant à elle, la moins propice à l'adoption des vitro-plants avec moins de 50% d'adoptions. La zone agricole la plus propice à l’adoption du package marquage/engainage et du package vitro-plants/rotations est la zone 4.

Zones communales

Les communes concernées par l'étude sont les communes à effectifs supérieurs à 20 exploitations.

En Guadeloupe, il s'agit des communes de Goyave, de Capesterre-Belle-Eau et de Trois-Rivières. Le marquage est adopté plus largement à Trois-Rivières (88%) contre moins de 80% pour les communes de Capesterre-Belle-Eau et de Goyave. Les vitro-plants et les rotations sont plus largement adoptés à Goyave avec respectivement plus de 70% d'adoptants contre 50 et 60% pour Capesterre-Belle-Eau et Goyave.

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systématiques dans les communes de Ducos et du Lamentin (environ 40%) que dans les autres communes (20% et moins). La commune de Saint-Esprit est très peu propice à l’adoption des vitro-plants puisque on dénombre seulement 1 adoptant sur 52 planteurs. La notion de package est vraie dans les communes du Lorrain et du François toutefois pour les autres communes les rotations sont plus adoptées que les vitro-plants. Le cas extrême est Ducos, qui compte 2% d'adoptants des vitro-plants contre 41% d'adoptants des rotations.

Zones hydrologiques

Les zones hydrologiques ont été déterminées pour les 2 communes à effectif le plus important, soit Capesterre-Belle-Eau en Guadeloupe et Le Lorrain en Martinique.

En Martinique, on ne distingue pas d'importantes différenciations spatiales à cette échelle alors qu'en Guadeloupe si. Les bassins versants les plus propices à l'adoption diffèrent selon les innovations. Le marquage est plus fortement adopté dans le BV4 de la rivière de Capesterre (93%) et plus faiblement dans le BV5 de la rivière du Pérou. Les différenciations spatiales sont beaucoup moins évidentes pour les innovations vitro-plants et Rotations puisque les taux d'adoption sont compris respectivement entre 60 et 70% et entre 69 et 75%.

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971 (n=168) 972 (n=439)

Marquage Engainage Vitro-plants Rotations Marquage Engainage Vitro-plants Rotations Montagne (46) 72 (33) 96 (45) 46 (21) 61 (28) Montagne (64) 91 (58) 98 (63) 9 (6) 16 (10) Piémont (116) 80 (93) 99 (116) 64 (74) 70 (81) Piémont (22) 100 (22) 100 (22) 9 (2) 41 (9) Zones défavorisées Montagne/Piémont (353) 94 (341) 97 (352) 27 (98) 30 (106) Z3 (3) 33 (1) 100 0 33 (1) Z4 (17) 88 (15) 94 (16) 65 (11) 71 (12) Z5 (19) 74 (14) 100 47 (9) 63 (12) Z6 (2) 50 (1) 100 50 (1) 50 (1) Z7 (117) 79 (92) 100 61 (71) 68 (79) Zones agricoles Z8 (5) 100 100 80 (4) 100 Macouba (5) 100 100 100 80 (4) Basse-Pointe (11) 100 100 100 100 Ajoupa-Bouillon (3) 100 100 100 67(2) Morne-Rouge (4) 100 100 100 75 (3) Petit-Bourg (4) 100 100 75 (3) 100 Le Lorrain (103) 94 (97) 100 12 (12) 17 (18) Goyave (21) 74 (15) 96 (21) 70 (13) 78 (15) Marigot (15) 100 100 20 (3) 27 (4) Capesterre-Belle-Eau (95) 81(79) 100 62 (61) 66 (64) Sainte-Marie (25) 100 100 24 (6) 20 (5) Trois-Rivières (23) 88 (20) 100 54 (12) 65 (14) Gros-Morne (6) 100 100 33 (2) 33 (2) Gourbeyre (8) 67 (6) 83 (7) 50 (4) 67 (6) Trinité (9) 100 100 44 (4) 11 (1) Saint-Claude (8) 50 (4) 100 13 (1) 50 (4) Saint-Joseph (11) 100 100 82 (9) 73 (8) Baillif (7) 43 (3) 100 57 (4) 57 (4) Le Lamentin (45) 98 (44) 100 29 (32) 38 (17) Ducos (22) 100 100 9 (2) 41 (9) Le François (62) 98 (61) 98 (61) 27 (18) 24 (16) Le Robert (39) 100 100 15 (6) 31 (12) Rivière Pilote (7) 71 (5) 100 0 14 (1) Saint-Esprit (52) 92 (48) 98 (51) 2 (1) 12 (6) Communes Le Vauclin (17) 76 (13) 100 35 (6) 41 (7) BV1 (13) 85 (11) 100 69 (9) 69 (9) BV1 (10) 100 100 BV2 (10) 70 (7) 100 70 (7) 70 (7) BV2 (9) 100 100 BV3 (14) 79 (11) 100 64 (9) 71 (10) BV3 (18) 100 100 Zones

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Analyse de la dynamique d’adoption

Dynamiques spatiales

- Effet de mimétisme :

La diffusion spatiale connaît plusieurs processus (Dauphiné, 1984 et Saint-Julien, 1985) : l’innovation est adoptée sur le territoire de proche en proche selon un effet de voisinage (par contagion), l’innovation se diffuse au hasard sans logique de diffusion spatiale (aléatoirement).

D’après le film sur l’adoption des quatre innovations (marquage, engainage, vitro-plants et rotations) en Guadeloupe entre 1960 et 2008, l’adoption semble effectuée de manière aléatoire sur le territoire.

En Martinique, une diffusion par contagion est perceptible pour les différentes innovations. Le marquage apparaît en 1968 (fig. 17) dans la plaine de Ducos. En 1975, l’adoption du marquage s’effectue aux alentours de l’innovateur, sur la commune du François. En 1978, trois foyers d’adoption apparaissent sur la commune de Macouba, du Lorrain et de Trinité/Gros Morne. En 1980, Les trois foyers, Macouba, Le Lorrain et Le François, se voient pourvus de nouveaux adoptants. La décennie 80 est caractérisée par des nouveaux adoptants répartis sur tout le territoire. En 1991, un nouveau foyer apparaît sur la commune de Basse-Pointe entre les foyers de Macouba et du Lorrain. En 1993, la commune de Saint-Pierre et de Morne Rouge voit apparaître un foyer d’adoption qui s’étoffera les années suivantes. Par la suite, c’est surtout au Lorrain que de nouveaux adoptants seront localisés.

L’engainage est adopté en 1964 (fig. 17) au François. En 1969, un nouveau foyer apparaît sur la commune du Lorrain et verra de nouveaux adoptants l’année suivante. En 1975, deux nouveaux foyers apparaissent à Macouba et à Trinité/Gros Morne. Jusqu’en 1990, les foyers présents verront leur taux d’adoption augmenter petit à petit. En 1991, un nouveau foyer voit le jour à Basse-Pointe avec une augmentation du taux d’adoption les années suivantes. En 1993 et quelques années suivantes, c’est le tour de Saint-Pierre et du Morne-Rouge de connaître l’adoption des gaines. Puis, petit à petit et ce jusqu’en 2008, chacun des foyers d’adoption verra son nombre d’adoptants augmenter.

Les vitro-plants apparaissent en 1990 (fig. 17) à Macouba et à Trinité/Gros Morne puis à Saint-Joseph en 1992, à proximité du deuxième foyer et en 1993, à proximité du premier foyer à Basse-Pointe. En 1994, de nombreux adoptants sont visibles sur la commune du Lorrain/Morne-Rouge et un nouveau foyer au François. De nouveaux foyers sont visibles au Vauclin aux Sud de l’île, au Carbet, sur la côte Caraïbe et à Sainte-Marie sur la côte atlantique en 1995. On distingue une augmentation du nombre d’adoptants dans le foyer Basse-Pointe entre 1996 à 2000. En 2000, le centre de l’île voit une densification des localisations de l’adoption.

Les rotations sont déjà présentes en 1960 (fig. 17) dans la commune de Macouba. C’est seulement vingt ans plus tard qu’apparaît un deuxième foyer d’adoption à Trinité/Gros-Morne puis en 1982 entre Le Vauclin et Le François. Dix ans plus tard, c’est à Basse-Pointe que des agriculteurs adoptent les rotations, en 1993, à Saint-Pierre/Le Morne-Rouge, en 1997 au Lorrain. Entre 1997 et 2000, on distingue une dynamique d’adoption à Basse-Pointe puis jusqu’en 2004 au Lorrain.

Marquage Engainage Vitro-plants Rotations

Guadeloupe 1970 1960 1989 1976

Martinique 1968 1964 1990 1960

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- Effet de distance à l’innovateur :

Les centres de recherche (le CIRAD de Neuf-Château en Guadeloupe et le PRAM en Martinique) ne sont pas rayonnant spatialement par un effet de distance aux parcelles expérimentales. Il en est de même pour les « innovateurs » (Rogers, 1983). On ne peut donc non plus pas dire que l’effet de distance à un précurseur joue un rôle dans la diffusion des quatre innovations. Il est présenté un exemple de cette analyse pour identifier une relation entre les distances aux deux innovateurs et les autres agriculteurs en Guadeloupe pour l’innovation marquage sur la commune de Capesterre-Belle-Eau, commune de localisation du CIRAD (fig. 18). Il est clairement visible qu’il n’y a aucune relation entre la distance à l’innovateur et la date de l’adoption des autres agriculteurs.

Distances aux innovateurs selon la date d'adoption de l'innovation Marquage dans la commune de Capesterre-Belle-Eau en Guadeloupe entre 1970 et 2008

y = -3E-05x + 2002 R2 = 0,0006 y = -7E-05x + 2002,2 R2 = 0,003 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 0 2000 4000 6000 8000 10000 12000 14000 16000 18000 20000 Distance en mètres D ate d'a d option

Distance à l'innovateur 1 Distance à l'innovateur 2 Linéaire (Distance à l'innovateur 1) Linéaire (Distance à l'innovateur 2)

Figure 18 : Corrélation entre distance à l’innovateur et date d’adoption des agriculteurs.

Dynamiques temporelles

Après avoir repéré des dynamiques spatiales au sein du territoire, il s’agit de s’intéresser aux dynamiques temporelles annuelles : à savoir, si une année est propice ou défavorable à l’adoption d’innovations. Cette dynamique pourra être expliquée par les différents facteurs (moteurs ou freins). Les freins sont d’ordre naturel, social et environnemental. Les moteurs sont d’ordre économique et politique.

- Frise chronologique :

La frise indique les années à événements marquants. Toutefois, pour des raisons de présentations les évènements ne sont pas précisés. Il s’agit donc de résumer les différents faits marquants et ce notamment pour les conflits, les campagnes de subventions et les législations.

Les facteurs influençant l’adoption d’innovations en milieu bananier sont d’ordre naturel. On distingue les cyclones ayant eu des impacts en Guadeloupe, en Martinique voire

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en Guadeloupe) et les excès d’eau. Il est à rappeler que le bananier est une plante très sensible aux facteurs climatiques. Le bananier est une plante exigeante en eau, sensible aux basses températures et aux vents. Les besoins du bananier sont de l'ordre de 125 mm par mois dans les zones à atmosphère humide. Un excès d'eau est préjudiciable au bananier et inversement la sécheresse peut avoir des conséquences graves, les gaines n'atteignent pas leur longueur normale, les pétioles sont très rapprochés les uns des autres. Les bananiers se défendent contre des déficits momentanés en repliant les demi-limbes des feuilles, mais résistent mal aux sécheresses prolongées de plus d’un mois. Le pseudo- tronc peut alors se casser. La température optimale à l'intérieur du pseudo-tronc vers sa base est de 28°C. Dans les zones où la température varie de 25 à 30°C, la vitesse de croissance est optimale. Un déficit important de lumière agit sur la longueur des organes qui est augmentée (feuilles,…). La luminosité joue très peu sur la croissance du bananier. Cependant, une insolation brutale avec déficit hydrique provoque des palissements des limbes puis des nécroses, les jeunes bananes sont également sensibles. La racine du bananier manque de puissance, elle est fragile. Il importe donc que les racines et le bulbe puissent se développer dans les meilleures conditions : Sol meuble, bien aéré. Le manque de structure, le mauvais drainage, la compacité sont des défauts graves. La racine ne supporte pas l'eau stagnante. Le vent est facteur climatique de grande importance, son moindre effet est de provoquer une transpiration anormale par réouverture des stomates. Le dommage le plus généralisé est la lacération des limbes. Les vents violents amènent toujours des accidents directs considérables, soit en brisant les feuilles aux pétioles, soit en cassant les faux troncs. Ces contraintes climatiques ont une influence négative sur la production mais peuvent avoir un effet moteur ou frein à l’adoption d’innovations.

Il a pu être indiqué des facteurs socio-économiques comme les conflits et les campagnes de subventions. La filière banane a connu, notamment en Guadeloupe, de nombreux conflits sociaux, des années 80 à nos jours. Il est a noté les nombreuses grèves des ouvriers du secteurs bananier en 1982, 1991, 1992, 1997, 1998 et 2004 et de nombreux blocages du port autonome de Pointe-à-Pitre en 1994, 1998, 1999, 2003 et 2004. Les grèves sur les plantations affectent directement la production de banane alors que les blocages du port affectent les exportations du fruit sur le marché européen et les importations de vitro-plants en provenance surtout d’Israël. Ces évènements sociaux ont pu avoir un effet moteur ou frein à l’adoption d’innovations. La filière banane a été ponctuellement aidée par le gouvernement français pour faire face à un état de crise en 1972 et 1975 grâce à la mise en place de plan de relance du secteur. L’état a été également sollicité dans le cadre de la reconstruction après le cyclone Hugo avec les aides post-Hugo lancées en 1990. Depuis De Gaulle, la filière banane antillaise bénéficiait d’un protectionnisme. C’est à partir du traité de Maastricht en 1992 que la banane antillaise se voit concurrencée par les autres provenances sur le marché français (Afrique noire et Amérique centrale). C’est d’ailleurs à partir de cette date que la banane est annuellement aidée par l’état français avec la mise en place en 1993 de l’OCM banane jusqu’en 2006, suivie de l’OCM B, du POSEI, des mesures agro-environnementales (MAE) et des Contrat Territorial d'Exploitation (CTE) puis les Contrats d'Agriculture Durable (CAD) à partir de 2007. Ces subventions, attribuées au départ à la tonne de production, sont redirigées actuellement vers des pratiques spécifiques (ex : MAE).

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1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Cyclone 971 Cyclone 972 Coup de vent Excès d'eau Sécheresse Facteurs naturels Volcanisme 971 Conflits 971 Conflits 972 Conflits nationaux Facteurs socio-économiques Subventions Législation Groupements 971 Groupements 972 Facteurs structurels Organisation 971 Facteurs phyto-sanitaires

Figure 19 : Frise chronologique des évènements survenus en Guadeloupe et en Martinique entre 1960 et 2008.

- Adoptions d’innovations par année

Les histogrammes (fig. 20 et 21) représentent le nombre d’adoptants par année et pour chacune des innovations. L’engainage est adopté régulièrement sur toute la période 1960 à 2008 avec des années à important nombre d’adoptants et d’autres à plus faibles. Le marquage, en Guadeloupe, est adopté plus tardivement surtout entre 1994 et 2008 avec des pics à 20 adoptants par an mais plus régulièrement en Martinique avec des pics à plus de 30 adoptants entre 1975 et 2008. L’adoption des vitro-plants a presque le même profil sur les deux îles si ce n’est que certaines années en Martinique, le nombre d’adoptants est supérieur à celui en Guadeloupe. Les rotations sont adoptées relativement régulièrement depuis les années 70 sur les deux îles.

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Nombre d'adoptants par an de l'innovation "Marquage" entre 1960 et 2008 en Guadeloupe 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 196 0 196 2 196 4 1966 1968 197 0 1972 197 4 197 6 197 8 198 0 1982 1984 1986 198 8 199 0 199 2 199 4 199 6 1998 200 0 2002 200 4 2006 200 8 Années N b d'a dop ta nt s

Nombre d'adoptants par an de l'innovation "Engainage" entre 1960 et 2008 en Guadeloupe

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 196 0 196 2 196 4 196 6 1968 197 0 197 2 197 4 1976 197 8 198 0 1982 198 4 198 6 1988 1990 199 2 1994 1996 1998 2000 2002 2004 200 6 2008 Années N b d'a dopt a n ts

Nombre d'adoptants par an de l'innovation vitro-plants de 1960 à 2008 en Guadeloupe

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 196 0 196 2 196 4 196 6 196 8 197 0 197 2 197 4 197 6 197 8 198 0 198 2 1984 198 6 198 8 199 0 1992 1994 199 6 199 8 2000 2002 200 4 200 6 2008 Années N b d'a dopt a n ts

Nombre d'adoptants par an de l'innovation "Rotations" entre 1960 et 2008 en Guadeloupe

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 196 0 196 2 196 4 196 6 1968 197 0 197 2 197 4 1976 197 8 198 0 1982 198 4 198 6 1988 1990 199 2 1994 1996 1998 2000 2002 2004 200 6 2008 Années N b d'a dopt a n ts

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Nombre d'adoptants par an de l'innovation "Marquage" de 1960 à 2008 en Martinique 0 5 10 15 20 25 30 35 40 1960 196 2 196 4 196 6 1968 1970 197 2 197 4 197 6 1978 1980 198 2 198 4 198 6 198 8 199 0 1992 1994 199 6 199 8 200 0 2002 2004 200 6 200 8 Années N b d'a dopt a n ts

Nombre d'adoptants par an de l'innovation "Engaiange" entre 1960 et 2008 en Martinique

0 5 10 15 20 25 30 35 40 196 0 196 2 196 4 196 6 1968 197 0 197 2 197 4 1976 197 8 198 0 1982 198 4 198 6 1988 1990 199 2 1994 1996 1998 2000 2002 2004 200 6 2008 Années N b d'a dopt a n ts

Nombre d'adoptants par an de l'innovation "Vitro-plants" entre 1960 et 2008 en Martinique

10 15 20 25 30 35 40 N b d'a dop ta nt s

Nombre d'adoptants de l'innovation "Rotations" entre 1960 et 2008 en Martinique

10 15 20 25 30 35 40 N b d'a dopt a n ts

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A partir des histogrammes d’adoptions (fig. 20 et fig. 21), il est possible de déterminer des années propices à l’adoption dans des périodes de statisme et des années défavorables à l’adoption dans des périodes de dynamisme à partir des pics et des creux visibles et de distinguer, ainsi, des différenciations temporelles. On aboutit à détermination de dates propices et de dates défavorables à l’adoption d’innovations (fig. 22 et fig. 23)

Marquage Engainage Vitro-plants Rotations

971 1970 1998 2000 2004 2005 1970 1975 1985 1989 1999 2005 1993 1998 2000 2000 2004 2005 972 1980 1990 1995 1998 1980 1990 1995 1998 2000 2000 Figure 22 : Années propices à l’adoption d’innovations

Marquage Engainage Vitro-plants Rotations

971 1999 2001 1994 1999 2001 2001 2008

972 1997 2008 1992 1997 1996 1997 1999 2001 2002 1999 2001 2002

Figure 23 : Années défavorables à l’adoption d’innovations.

Après la définition d’années clés, il est possible d’émettre des hypothèses quant aux facteurs explicatifs.

- Corrélation entre adoptions et évènements contextuels :

Pour chaque année clé, on visionne sur la frise chronologique les évènements survenus cette année-là et on peut en répertorier les facteurs explicatifs. La corrélation entre années propices (fig. 22) ou défavorables (fig. 23) à l'adoption et un évènement répertorié sur la frise chronologique (fig. 19) aboutit à la définition des principales motivations et freins à l’adoption pour chaque innovation technique. L’adoption du marquage et de l’engainage semble être motivée par les évènements cycloniques et les périodes de sécheresse. Paradoxalement, l’adoption du marquage est, à la fois, motivé et freiné par les cyclones. L’adoption des vitro-plants est motivée par les subventions et freinés par les cyclones, les sécheresses et les blocages du port (fig. 24). L’adoption de rotation est, quant à elle, freinée par les périodes de sécheresse. Aucun facteur de motivations pour les rotations et de freins pour l’engainage n’a pu être mis en évidence.

Marquage Engainage Vitro-plants Rotations

+ Cyclones Sécheresses Cyclones Sécheresses Subventions - Cyclones Cyclones Blocage du port Sécheresses Sécheresses

Figure 24 : Facteurs moteur et frein de l’adoption d’innovations.

Dynamiques spatio-temporelles

Après avoir étudié les dynamiques spatiales et les dynamiques temporelles, il s’agit s’intégrer les deux analyses pour aboutir à une analyse des dynamiques spatio-temporelles.

(29)

ADOPTION D'INNOVATIONS AUX ANTILLES FRANCAISES 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 % d'a dop ta nts

Marquage 971 Marquage 972 Engaînage 971 Engaînage 972 Vitro-plants 971 Vitro-plants 972 Rotation 971 Rotation 972

Figure 25 : Courbes cumulées des adoptions d’innovations entre 1960 et 2008 aux Antilles Françaises

Dynamiques globales

On ne distingue pas de dynamique spatio-temporelle de la diffusion de l’innovation engainage. Cependant, les dynamiques globales montrent une différenciation spatio-temporelle de l’adoption des innovations marquage, vitro-plants et rotations. En Martinique, le marquage est adopté de façon plus dynamique (courbe linéaire) qu’en Guadeloupe (courbe logistique). En Guadeloupe comme en Martinique, le package Vitro-plants / Rotation a une même dynamique spatio-temporelle.

Dynamiques locales

A plus grande échelle, les différenciations spatio-temporelles (fig. 16) sont visibles à l’échelle montagne, piémont et zones intermédiaires en Martinique uniquement. Elles sont plus faibles en zone montagne et piémont qu’en zone intermédiaire pour la diffusion de l’innovation vitro-plants (fig. 26).

Adoption de l'innovation Vitro-plants entre 1960 et 2008 selon le découpage des zones défavorisées de 2005 en Martinique 30 40 50 60 70 80 90 100 % d'a dopta n ts

(30)

En Martinique, les dynamiques spatio-temporelles sont plus faibles en zone montagne qu’en zone piémont et intermédiaire pour la diffusion de l’innovation Rotations (fig. 27).

Adoption de l'innovation Rotations entre 1960 et 2008 selon le découpage des zones défavorisées de 2005 en Martinique 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 % d'a dopta n ts

Montagne Piémont Montagne / piémont

(31)

CONCLUSION ET DISCUSSION

La filière banane aux Antilles est extrêmement bien structurée avec des groupements de producteurs présents sur le territoire depuis les années 1960 (SICA ASSOBAG). Leur rôle a toujours été de prodiguer une assistance et une aide technique aux planteurs pour répondre au mieux aux problèmes liés à la production de banane dessert dédiée à l’exportation. On aurait pu penser que par ce message technique, normé fourni à l’ensemble des exploitants, engendrerait un comportement normatif face à l’adoption. Ce n’est pas le cas puisque pour certaine innovation (même ancienne), le taux d’adoption demeure encore faible aujourd’hui. D’autres facteurs influencent donc le comportement de l’agriculteur face à l’adoption d’innovation technique. Ils peuvent être un moteur ou un frein à l’adoption.

Principaux résultats

Les principaux résultats sont :

- Tous les exploitants antillais ont adopté l'engainage en 2008. Les exploitants martiniquais ont tous adoptés les innovations marquage et engainage. La Guadeloupe est, quant à elle, plus propice à d'adoption des vitro-plants et des rotations. Toutefois, ces innovations n'ont pas séduit toute la population.

- Il ne semble pas y avoir de différenciation spatiale de l'adoption à l'échelle territoriale en Guadeloupe. Sur le territoire martiniquais, on peut localiser des foyers d'adoption et de non-adoption. Ce sont les mêmes pour les innovations Vitro-plants et Rotations avec un foyer d'adoption à l'extrême Nord du territoire et deux foyers de non-adoption au Lorrain et à l'extrême Sud de la zone bananière. On constate les mêmes foyers de non-adoption pour l'innovation marquage. L'engainage n'a plus de foyers visibles car toute la population a adopté.

- La notion de package d'innovations est totalement vérifiée pour le couple marquage/engainage en Guadeloupe comme en Martinique. Toutefois, cette notion est plus nuancée pour le package vitro-plants/rotations. Elle l’est presque totalement en Guadeloupe et aux trois-quarts en Martinique.

- Il semble y avoir une préférence à l’adoption selon la zone défavorisée. En Guadeloupe, le piémont est plus propice à l'adoption d'innovations. La zone montagne est peu propice à l'adoption des vitro-plants. En Martinique, la zone intermédiaire entre montagne et piémont est plus propice à l’adoption des vitro-plants. Le piémont est propice à l'adoption de rotations.

- En Guadeloupe, le Sud Basse-Terre est la zone la plus propice à l'adoption d'innovations. La zone la moins propice est la Côte Sous-le-vent.

- En Guadeloupe, la commune de Trois-Rivières est la plus propice à l'adoption du marquage alors que c'est la commune de Goyave qui est la plus propice à l'adoption du

package vitro-plants/rotations. En Martinique, presque tout le monde a adopté le package

marquage/engainage. Le Lamentin est plus propice à l'adoption des vitro-plants et Ducos pour les rotations. La commune la moins propice à l'adoption d'innovations est Saint-Esprit.

- En Martinique, on ne distingue pas d'importantes différenciations spatiales à l'échelle des zones hydrologiques. En Guadeloupe, le bassin-versant de la rivière de Capesterre est propice à l'adoption du marquage alors que celui de la rivière du Pérou.

(32)

o L’adoption des vitro-plants est motivé par les subventions et freinée par les cyclones, les périodes de sécheresse et les blocages du port par des évènements sociaux.

o L’adoption de rotations est freinée par les périodes de sécheresse. Limites de l’étude

Il est à noter que cette analyse spatio-temporelle de l’adoption d’innovation en milieu bananier peut-être biaisée par la forte diminution du nombre de planteurs en Guadeloupe et en Martinique. Ce nombre a été divisé par 20 pour la Guadeloupe de 4000 exploitants en 1960 à moins de 200 aujourd’hui (fig. 28). Il a été divisé par 5 en Martinique de 2500 à moins de 500 en 35 ans (fig. 29).

Nombre de planteurs de banane en Guadeloupe entre 1960 et 2008

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 197 4 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 No mbre d' e x pl oita nts

Figure 28 : Graphique du nombre de planteurs de banane en Guadeloupe entre 1960 et 2008 (source : bulletin de statistique agricole, agreste et recensement agricole)

Nombre de planteurs de banane en Martinique entre 1960 et 2008

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 N o m b re d' e x pl oi ta nt s  

Figure 29 : Graphique du nombre de planteurs de banane en Martinique entre 1960 et 2008 (source : bulletin de statistique agricole, agreste et recensement agricole)

(33)

L’enquête ne s’est intéressée qu’aux exploitants en activité en 2008. Tous les adoptants des quatre innovations au cours du temps de 1960 à 2008 et n’étant plus actif dans le milieu bananier ne sont donc pas représentés. Ils sont plus sous-représentés en Guadeloupe qu’en Martinique. C’est certainement pour cette raison que l’on distingue peu de dynamiques spatiales. Le nombre d’exploitants étant actuellement plus important en Martinique qu’en Guadeloupe, des dynamiques spatiales sont plus visibles. Il est également à ajouter que dans le questionnaire d’enquête auprès de planteurs de banane sur leur adoption des quatre innovations, il ne leur avait pas demandé leur date d’installation, leur connaissance de la filière et les raisons de leur installation (nouvel arrivant, technicien dans la recherche, héritage…). Il aurait été intéressant aussi d’étudier avec précision leurs sources d’informations pour chaque innovation afin de déterminer des canaux de diffusion spatiale. Discussion et perspectives

Depuis la mise en place de la SICA Assobag dans les années 1960, la technique de l’engainage est pratiquée. Sa pratique ancienne et son usage sont nécessaires pour une meilleure qualité du fruit nécessaire à l’exportation vers le marché européen. Cette technique ne paraît pas difficile à mettre en œuvre ce qui expliquerait les 99% d’adoptants en 2008. La technique du marquage a également été proposée mais paraît être une technique un peu plus contraignante avec une gestion hebdomadaire à respecter. Ceci pourrait expliquer un plus faible taux d’adoption. Les vitro-plants et les rotations semblent moins séduire la population. De fait, ces innovations demandent des investissements aux planteurs et ne peuvent être appliquées qu’aux exploitants ayant suffisamment de surface et suffisamment d’argent pour investir dans ces innovations. La différenciation spatiale de l’adoption à l’échelle de la Guadeloupe n’est pas visible à cause de la réduction drastique du nombre de planteurs de banane entre 1960 et 2008 et surtout en surface exploitée. Le paysage martiniquais est beaucoup plus marqué par la présence de champs de banane encore actuellement.

Une typologie a été établie pour les exploitations bananières en six types selon la situation topographique mais aussi la taille de l’exploitation (Mantran et al., 2010).

Figure 30 : Typologie des exploitations bananières aux Antilles Françaises.

Cela pourrait apporter quelques éléments d’explications à propos des zones plus ou moins propices des quatre innovations selon le type d’exploitation.

(34)

Figure 31 : Typologie des exploitations bananières en Guadeloupe et en Martinique en 2008.

La corrélation entre les foyers d’adoptions et la localisation des types d’exploitations permettraient de savoir si le type d’exploitations doit être pris en compte pour les adoptions d’innovations ou s’il s’agit d’une décision plus individuelle de l’exploitant en particulier en Martinique. On y distingue plusieurs foyers d’adoption et ce, visibles à l’extrême Nord du territoire. Il s’agit d’une zone à grande exploitation de plaine. On note aussi deux foyers de non-adoption au Lorrain où se situent de nombreuses petites exploitations de plaine et à l’extrême Sud de la zone bananière où cohabitent les petites et moyennes exploitations de plaine. Aux Antilles, la zone montagne est peu propice à l’adoption notamment concernant l’adoption des vitro-plants. La zone piémont est propice aux adoptions. Il s’agit très certainement d’une cause topographique. Les reliefs de la zone bananière aux Antilles sont constitués de petits bassins-versant très enclavés en zone montagne, d’une part et de grandes plaines agricoles d’autre part. En Guadeloupe, le Sud Basse-Terre et la Côte Sous-le-vent est la zone la moins propice à l'adoption d'innovations avec les petites exploitations de montagne. La zone la plus propice est la Côte-au-vent où se situent des exploitations de plus grandes tailles. En Martinique, la zone intermédiaire entre montagne et piémont est plus propice à l’adoption des vitro-plants, également pour une cause topographique. Le piémont est propice à l'adoption de rotations. En Guadeloupe, la commune de Trois-Rivières est la plus propice à l'adoption du marquage alors que c'est la commune de Goyave qui est la plus propice à l'adoption du package vitro-plants/rotations. Trois-Rivières regroupent un ensemble de petites exploitations alors qu’à Goyave, on distingue plus des exploitations de taille moyenne. On pourrait émettre l’hypothèse que la taille de l’exploitation joue sur l’adoption d’innovations. En Martinique, la commune du Lamentin est plus propice à l'adoption des vitro-plants et Ducos pour les rotations. Il s’agit d’une commune en plaine, facilement accessible comprenant des exploitations de grande taille permettant une gestion plus facile de surfaces en rotation et replantées en vitro-plants. La commune la moins propice à l'adoption d'innovations est Saint-Esprit. Cette commune est en zone de mornes et est moins accessibles, les

Figure

Figure 5 : Cartographie des centroïdes des exploitations bananières en Guadeloupe et en Martinique.
Figure 6 : Découpage par zones défavorisées en Guadeloupe et en Martinique
Figure 7 : Zonage agricole de la Guadeloupe modifié en 2000 (source : Recensement Agricole 2000)
Figure 9 : Découpage par bassin-versant du Sud Basse-Terre en Guadeloupe et sur l’ensemble de la Martinique
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