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GRAMMAIRE COMPARÉE DU FRANÇAIS ET DU JAPONAIS PARLÉS:
PHRASE ET SUJET
par
Suzy E. Fukuda
Mémoire de maîtrise soumis
à
laFaculté des études supérieures et de la recherche en vue de l'obtention du diplôme de
Maîtrise ès Lettres
Département de langue et littérature françaises Université McGiII
Montréal, Québec Février 1996
1+1
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0-612-12027-9
•
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RÉSUMÉ
Le but de ce mémoire est de présenter une analyse, aussi complète que possible, de la structure de la phrase et des propriétés du sujet en français et en japonais parlés.
À
partir de leur histoire, de leur grammaire, et de corpus d'extraits de langue parlée, un examen comparé des codes oraux des deux langues est conduit qui souligne non seulement les divergences significatives entre les deux langues, mais aussi les convergences. Ces divergences ne tiennent pas tant aux différences structurales entre les deux langues, mais' relèvent davantage des classifications distinctes de nos expériences. En faisant ressortir les particularités des codes oraux des deux langues, cette étude tente de nous amenerà
la foisà
une compréhension plus juste de ces deux langues et des cultures dont elles sont inséparables.•
•
•
ABSTRACT
The object of this thesis is to present a comprehensive analysis of the phrase structure and the properties of the subject in spoken French and Japanese. Consulting histories, grammars, and a corpus of transcribed speech from each language, a comparative examination of the oral codes of both languages is conducted, which highlights not only the significant distinctions between the two but also the similarities. These distinctions are not just the result of structural differences between the two languages, but are more that of il distinct
classification of our experiences. By pointinr out the distinguishing characteristics of the oral codes of the two languages, this study allempts to bring us to a beller understanding of the Iwo languages and equally of the cultures from which they are inseparable.
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REMERCIEMENTS
Je veux remercier tout particulièrement les professeurs Chantal Bouchard et Sumi Hasegawa pour avoir accepté la direction de ce mémoire et avoir passé des heures innombrables en m'aidantàl'améliorer; Stelio Zyglidopoulos pour l'avoir imprimé mille fois, et Jenny Dalalakis pour toute l'aide qu'elle m'a apportée en mon absence et qui m'a permis de mener ce mémoire à son terme; ainsi que Shinji Fukuda pour son appui tout au long de sa rédaction. L'achèvement de ce mémoire n'aurait pas été possible sans le soutien continuel et l'encouragement de toutes ces personnes auxquelles je tiens àexprimer ma gratitude.
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v
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Résumé AbstractRemerciements Dédicace
Table des matières
TABLE DES MATIÈRES
Il
III IV V VI•
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Tableau des abréviations et symboles VIII
Introduction 1
Chapitre 1: Survol historique et grammatical du français et du japonais 6
1.1 les origines divergentes des deux langues 6
1.1.1 la famille indo-européenne 6
1.1.2 la famille altaïque 7
1.2 l'évolution des de'Jx langues 10
1.2.1 l'évolution de la langue française: la langue parlée et la langue écrite 10 1.2.2 l'évolution de la langue japonaise: la langue parlée et la langue écrite 14 1.3 les différences de la grammaire "normative" française et japonaise 17
1.3.1 le plan morphologique 18
1.3.2 le plan syntaxique 19
1.3.3 le plan phonologique 20
1.4 les fonctions grammaticales 21
1.4.1 les actants-sujets, les objets et le prédicat 21
1.4.2 la classification de nos expériences 22
Chapitre 2: Le français et le japonais parlés 24
2.1 leur rupture avec leur langue écrite 24
2.1.1 le système de signes sonores opposé au système de signes visuels 24
2.1.2 leurs fonctions diverses 25
2.1.2.1 les langues françaises parlée et écrite 26
2.1.2.2 les langues japonaises parlée et écrite 28
•
2.1.3 leurs positions dans leur propre société
2.1.3.1 les langues françaises parlée et écrite
2.1.3.2 les langues japonaises parlée et écrite
29
30
31
•
•
2.2 leur importance considérable de nos jours
32
2.2.1 l'influence du cinéma, de la radio, et de la télévision
32
2.2.2 l'existence d'une langue parlée "standard"
35
2.2.2.1 le français parlé "standard"
35
2.2.2.2 le japonais parlé "standard"
37
Chapitre 3: La structure de la phrase et les propriétés du sujet en français
et en japonais
39
3.1 la structure de la phrase
39
3.1.1. la structure de la phrase française
40
3.1.1.1 la phrase française de base
40
3.1.1.2 les types de phrases françaises
43
3.1.1.3 les formes facultatives de phrases françaises
46
3.1.1.4 les phrases françaises complexes
48
3.1.1.5 le rôle du contexte et de la situation dans la phrase française
48
3.1.1.6 le sujet de la phrase française
49
3.1.2 la structure de la phrase japonaise
50
3.1.2.1 la phrase japonaise de base
50
3.1.2.1.1 les postpositions japonaises
54
3.1.2.2 les types de phrases japonaises
61
3.1.2.3 les formes facultatives de phrases japonaises
69
3.1.2.4 les phrases japonaises complexes
71
3.1.2.5 le rôle du contexte et de la situation dans la phrase japonaise
72
3.1.2.6 le sujet de la phrase japonaise
75
3.2 les propiétés du sujet en français et en japonais
77
3.2.1 les modes d'expression propres au japonais
78
3.2.2 le sujet
84
3.2.2.1 le sujet français dans les phrases actives, passives et polies
86
3.2.2.2 le sujet japonais dans les phrases actives, passives et polies
95
3.2.3 le sujet elliptique
108
3.2.3.1 le sujet français elliptique
109
3.2.3.2 le sujet japonais elliptique
113
Conclusion
125
Bibliographie
130
Appendice
137
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TABLEAU DES ABRÉVIATIONS ET SYMBOLES Abréviations
NOM marqueur du cas Nominatif (sujet grammatical) TOP marqueur du Topique (thème de la phrase) ACC marqueur du cas Accusatif (objet direct) GEN marqueur du cas Génitif (possesseur) p postposition ou particule
S sujet
V verbe
00
objet direct01
objet indirectSN syntagme nominal sujet SV syntagme verbal prédicat SP syntagme prépositionnel SA syntagme adjectival D déterminant N nom Adj adjectif P phrase Symboles
•
[ 1
•
( )prononciation en écriture phonétique. la phrase est inacceptable•
élément facu Itatif, dans une phrase japonaise; - élément additionnel, dans la traduction française d'une phrase japonaise.
•
•
•
INTRODUCTION
Description du sujet
L'enseignement des langues secondes est presque toujours basé sur l'apprentissage du code écrit, sur les règles syntaxiques de ce code. Désormais, on sait que dans toutes les langues qui possèdent une écriture, la langue parlée s'écarte sensiblement de la langue écrite, en particulier en ce qui a trait à la syntaxe: phrases incomplètes, élisions etc. Il apparaît dès lors utile d'étudier ces écarts entre les codes oraux et écrits et de faire une description précise des tendances propres au code oral. C'est "un domaine encore mal exploré;" cependant, la langue parlée est une "réalité vivante et première du langage" (Allaire 1973, p.11
J.
De nos jours la langue parlée prend une importance considérable grâce aux "appareils parlants" comme la radio, la télévision ct le cinéma.À
partir de grammaires et d'un corpus d'extraits déjà transcrits de la langue parlée, j'examinerai d'une façon comparée les codes oraux des langues française et japonaise. Ces deux langues ont un code oral beaucoup plus ancien et plus usuel que leur codE' écrit. Le code écrit, en France de même qu'au Japon, a changé plus ou moins rapidement selon les circonstances historiques, enregistrant les transformations du code oral avec plus ou moins de retard.En commençant avec une courte histoire de ces deux langues dans le premier chapitre, j'établirai que la langue française provient d'une transformation du latin, langue importante de la famille indo-européenne alors que pour sa part, la langue japonaise appartient, croit-on,
à
la famille altaïque. Ensuite, l'évolution•
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•
de chacune de ces deux langues au cours des siècles est examinée brièvement.
Par la suite, une comparaison de la grammaire "normative" de ces deux langues
fait ressortir les principales différences syntaxiques, morphologiques et
phonologiques qu'on peut attribuer, jusqu'à un certain point, à leurs origines
divergentes. Ces différences structurales ne tiennent pas tant à des questions de
formes diverses ou de suffixes personnels attachés aux verbes, ce qui est souvent
le cas entre le français et l'anglais ou l'allemand ou l'espagnol ou le russe, mais
relèvent davantage des classifications distinctes de nos expériences.
Dans le deuxième chapitre, j'analyserai le français parlé en le comparant
au japonais parlé. Leur rupture avec leur langue écrite sera traitée du point de
vue
linguistique
et
fonctionnel.
J'examinerai
les
grandes
différences
sociolinguistiques entre les deux langues. Ensuite, l'influence des mass media sur
les deux langues parlées sera étudiée et enfin les caractéristiques des formes
"standard".
Dans le troisième chapitre, après avoir examiné ces deux langues d'un
point de vue historique et linguistique, j'aboutirai à ma comparaison
grammaticale des deux langues pariées. Je vise à présenter une description,
c'est-à-dire une grammaire, la plus détaillée possible, de l'organisation de la phrase et
des propriétés du sujet en français et en japonais parlés, basée sur mes
observations des faits des deux langues avec l'aide d'un corpus. J'ai choisi la
structure de la phrase et le suiet comme point de départ parce que la phrase est
l'élément minimal de signification de la langue parlée, ainsi que le souligne
•
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Jakobson: "pour procéderàl'analys'~ linguistique et découper la chaine parlée en unités plus petites nous commençons au niveau de l'énoncé. L'énoncé minimal est une phrase" Oakobson 1963, p.163). Je vais donc commencer par une définition de la phrase selon les règles syntaxiques des deux langues pour arriver
à établir une comparaison entre leurs structures propres.
À
l'égard de ces structures propres, une analyse brève sera présentée des types de phrases ainsi que des formes facultatives et complexes des phrases des deux langues. j'examinerai aussi leur degré de dépendance au contexte ou à la situation. Puis, l'attention sera dirigée sur le sujet de la phrase. Plus particulièrement j'évalueraià quel point les deux langues se distinguent en ce qui concerne leur emploi du sujet, ou même lors de leur omission. Parce que plusieurs de ces distinctions ne peuvent pas tenir aux différences structurales entre les deux langues, mais semblent être le résultat des modes d'expression propres au japonais, une partie de ce chapitre sera consacré à les présenter.
Ce qui importe ici, c'est d'abord de faire ressortir les particularités grammaticales et extra-grammaticales qui caractérisent le code oral. En comparant celui du français àcelui du japonais, nous pouvons non seulement mettre en lumière les divergences et les convergences structurales entre les deux langues, mais nous pouvons aussi arriver
à
une compréhension plus juste de ce que ces codes peuvent nous révéler de leurs relations au monde et de leurs représentations de celui<i. Par conséquent, j'espère que cette étude permettra d'améliorer et d'enrichir l'enseignement du japonais aux Francophones.•
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•
Description de
la
méthodePour procéder à une analyse linguistique, on doit avoir une méthode. Celle qui est employée dans ce mémoire est décrite succintement ci-dessous.
En ce qui concerne le premier chapitre, le survol historique et grammatical qui sert en même temps d'introduction, j'ai consulté les ouvrages relatifs à ce domaine. J'ai fait des recherr.hes traditionnelles afin de dégager les évolutions convergentes et divergentes des deux langues.
Au deuxième chapitre qui se concentre sur la rupture de la langue parlée avec la langue écrite, je fais la comparaison de ces deux codes dans chacune des deux langues. les résultats d'une étude empirique que j'expliquerai par la suite appuient aussi mes observations' .
Pui~que la langue parlée est un élément particulièrement difficileà saisir, j'ai analysé des données d'enquêtes publiées pour prélever un échantillon précis. J'ai donc eu recours aux données recueillies d'une part, auprès de locuteurs français, d'autre part auprès de locuteurs japonais. les données françaises proviennent des travaux des linguistes et des chercheurs du G.A.R.S., Groupe
Aixois de Recherches en Syntaxe, et ont été publiées en 1990 dans un ouvrage de Claire Blanche-Benveniste, intitulé Le français parlé. les données japonaises sont celles des linguistes et des chercheurs du Centre national de la recherche sur le langage national japonais, publiées en 1980 dans la revue du Centre en quatre
1 Un résumé des résultats quantitatifs de l'étude empirique est donné dans
l'appendice.
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volumes, intitulés
Nihonjin no chishiki kaisou ni okeru hanashi·ko!oba no jillai
(On Spoken Japanese in Educated People).
Le corpus français, qui est composé d'environ 525 phrases, comporte des
extraits de conversations qui font intervenir des locuteurs méridionaux, de Paris,
du Nord et de Marseille. Il ya aussi des récits de vie et de souvenirs ainsi qu'un
entretien radiophonique entre Jacques Chancel et Roland Barthes. De la même
manière, le corpus japonais, qui est composé d'environ 875 phrases, comprend
des échanges entre les assistants de recherches dans un laboratoire universitaire,
ainsi que de dialogues de tonalité familière
à
la maison et des conversations
d'étudiants dans la rue, au téléphone et dans le train. Ces dialogues ont été
choisis parce que, comme les chercheurs du G.A.R.S. l'indiquent,
il
est important
de fournir "diverses caractéristiques de locuteurs, de situations et de sujets
abordés" (Blanche·Benveniste, p.227).
Après avoir rassemblé ces données, j'ai dégagé tous les éléments
caractéristiques de la langue parlée. J'ai eu
àma disposition des prélèvements
précis de la langue parlée, des dictionnaires ainsi que des grammaires dans les
deux langues. Les faits seront présentés, examinés, comparés, et distingués les uns
des autres, sans souci de théorie particulière. Cela ne veut pas dire que l'analyse
et l'interprétation n'ont pas été fondées sur des principes linguistiques généraux.
Ces principes ont été élaborés au cours de nombreuses années de recherches par
des spécialistes de la langue française et de la langue japonaise. Enfin, je
compléterai cette étude en soulignant les résultats les plus significatifs.
•
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•
Chapitre 1: Survol historique et grammatical du français et du japonais
1.1 les origines divergentes des deux langues
Une étude de l'origine d'une langue permet d'examiner plusieurs familles
de langues dans leur ensemble. Les linguistes diachroniques (Cohen 1947;
Bruneau 1962; Brunot 1966; Coyaud 1971; Ono 1970; Miller 1980) indiquent
qu'un tel travail rend possible des classifications hypothétiques fondées sur des
rapports bien documentés entre les langues. Ces classifications restent toutefois
hypothétiques puisqu'il n'existe pas souvent de preuves concrètes de ces rapports,
les états anciens des langues étant reconstruits. C'est une tâche difficile
à
cause
des changements nombreux dans les langues.
1.1.1 la famille indo-européenne
Le français est une langue, contrairement
àbeaucoup d'autres, dont on a
étudié assez bien les origines. le français provient d'une transformation du latin,
une langue fondamentale de la fami Ile indo-européenne, qui elle aussi provient
de la transformation d'une langue d'une période plus ancienne.
Un des groupes des langues indo-européenes est le groupe italo-celtique,
qui est bien évidemment composé des langues celtiques: le gaulois, le breton et
les langues des îles britanniques (le gaélique, le gallois et l'irlandais) qui étaient
des langues importantes du groupe celtique. Quant au latin, dont descend le
français, c'était l'une des principales langues du group'e italique.
les langues issues du latin, comme le français, s'appellent les langues
6
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romanes car elles se sont formées dans l'empire romain, un empire d'une civilisation supérieure. Le latin a été parlé par les peuples de tout cet empire, dans les villes aussi bien que par les gens des campagnes, pendant une période de cinq cents ans environ.
Cependant, les invasions germaniques ont provoqué de grandes transformations sous l'empire romain. Ces bouleversements ont altéré profondement le latin, marqué par la langue des Germains, dans la Gaule du nord (désormais la France). La langue des Germains a remplacé le latin dans le nord, et ailleurs dans l'empire, le latin s'est transformé à son contact.
Pour la première fois en France, en 842, un texte a été écrit dans une langue autre que le latin. Ce texte intitulé
les Serments de Strasbourg,
a été rédigé dans la langue romane populaire, la langue du roi qui résidait dans la région parisienne.À
partir du XIe siècle, le français est devenu peu à peu la seule langue de la bourgeoisie riche de la région parisienne. En conséquence, le français s'est répandu comme langue administrative, commerciale et culturelle. Les marchands des grandes villes l'utilisaient, et les poètes commencèrent à s'en servir aussi.1.1.2
la
famille altaïqueLa plupart des linguistes diachroniques de l'Est estiment que le japonais appartientàla famille altaïque (Ono 1970; Coyaud 1971; Miller 1980; 5hibatani 1990). Celle-ci s'étend à travers toute l'Asie centrale et comprend également
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d'autres langues comme le mandchou, le mongol, et les langues turques. En réalité, dans son état actuel, le japonais est une langue très complexe en ce qui concerne ses sources directes. Comme pour beaucoup d'autres langues du monde, il n'existe pas de preuve concrète de l'affiliation génétique du japonais; cependant, depuis le milieu du XIXe siècle un grand nombre d'hypothèses ont été proposées. Les trois hypothèses suivantes sont les plus communes: le japonais appartiendrait aux langues d'Asie du Nord (c'est une langue altaïque qui a des liens avec le coréen). Pour d'autres auteurs, le japonais aurait comme origine l'Asie du Sud (du groupe malayo-polynésien). Enfin, certains chercheurs pensent que le japonais est composé d'un substrat austronésien et d'un superstrat altaïque et serait une langue mêlée (c'est un hybride austronésien-altaïque) (Shibatani 1990).
L'hypothèse la plus convaincante, comme je l'ai déja indiqué, est celle qui soutient que le japonais est un des langues de la famille altaïque et qu'il appartient au même groupe que le coréen. Certains chercheurs croient qu'il s'est produit une transformation qui a modifié la nature linguistique en même temps que la structure sociale de la communauté altaïque (Miller 1980). On n'est pas sûr exactement quand ou pourquoi cette transformation a commencé, mais tout le monde sait qu'elle a eu lieu.
On sait aussi que cette transformation a prfJduit les premières subdivisions des langues de la famille altaïque: le groupe turc qui contient des langues turques et le chuvash et le groupe mongol qui se subdivise lui-même en trois
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groupes: le groupe mongol qui contient la langue mongole, le groupe longouse qui contient les langues tongouse, manchoue, goldi, evnke et lamut, et enfin le groupe coréen-japonais qui contient les langues coréenne, japonaise et ryukyu. Ces sous-groupes ont produit les langues altaïques des premiers documents écrits, premières traces des langues dont descendent desquelles les langues de cette famille que nous connaissons aujourd/hui en tant que langues vivantes.
La langue altaïque originelle n'a sans doute jamais été tout
à
fait uniforme. Pendant la période où des locuteurs altaïques habitaient leur première patrie, la steppe transcaspienne, près de la Turquie, de même que lorsqu'ils ont rejoint la côte pacifique, des variétés un peu différentes les unes des autres ont coexisté, variétés qui restaient toutefois intercompréhensibles. Néanmoins, lorsque les peuples altaïques se sont établis en Asie centrale, de plus en plus de différences linguistiques ont éloigné les variétés les unes des autres, ce qui a abouti à une incapacité de communiquer.C'est le processus critique qui a transformé la langue altaïque originelle en la famille des langues altaïques. Ceci est aussi l'époque et le lieu de la naissance de la langue japonaise: le moment historique a été la période pendant laquelle les différences internes de la communauté altaïque ont cessé d'être des différences internes et ont produit des groupes linguistiques distincts. Ce phénomène s'est produit dans le second territoire occupé par les peuples altaïques: l'Asie centrale.
Les caractéristiques des langues altaïques de cette deuxième patrie étaient
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•
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très proches de celles de l'ancien japonais. Les plus typiques sonts les suivantes: (i) l'harmonie vocalique; (ii) l'absence des articles; (iii) l'absence de la distinction grammaticale du genre; (iv) l'usage des postpositions au lieu de prépositions; (v) l'usage des suffixes pour la flexion verbale; (vi) l'existence de plusieurs terminaisons verbales; (vii) le placement des modificatifs avant les noms; (viii) l'usage des particules; (ix) l'absence de groupes consonnantiques en position initiale des mots; et (x) l'absence de conjonctions (Fujioka 1908, cité dans Shibatani 1990).
Toutes ces caractéristiques communes illustrent clairement que l'ancien japonais est parent de la langue altaïque.
1.2 l'évolution des deux langues
1.2.1 l'évolution de la langue française: la langue parlée et la langue écrite Historiquement, la langue française parlée est apparue bien avant la langue écrite. Certes, celle apparition ne s'est pas faite d/un coup. C'était à partir des invasions germaniques que le latin vulgaire parlé en Gaule a commencé d'évoluer, comme on l'a vu dans la section 1.1.1. Aux environs du début du IXe siècle on assiste à l'émergence de l'ancien français.
Tous les gens de la région parisienne dans la Gaule ont choisi d/utiliser l'ancien français comme langue principale de communication. Cependant, ce n'est qu'en 813, vingt années après la réforme de Charlemagne, qu'on constate que la langue parlée française est "née". Celle année-Ià, le concile de Tours
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prescrit aux ecclésiastiques de conduire les services religieux dans la langue populaire et non plus dans la langue du régime ancien: le latin (Grevisse 1988). Par conséquent, à partir de cette proclamation, le francais s'est répandu comme langue parlée, d'abord, dans les villes, dans les marchés, el dans les châteaux. Par ailleurs, comme on s'y attendrait, ce n'est qu'en 842 au plus tôt, qu'apparaissent les premiers documents écrits dans une langue qui deviendrait la langue française écrite. La langue écrite n'est, à l'origine, qu'un simple enregistrement de la langue parlée.
Au cours de la période suivante, qui va de 842 jusqu'à 1150, s'opère la formation de l'ancien français. Une nouvelle civilisation, fondée sur la religion chrétienne, a créé une langue française transformée. Le français subit alors plusieurs changements grammaticaux qui aboutissent à une langue bien différente du latin. Vers l'an 1100, la langue connaît des changements phonétiques (l'[h] aspiré réapparaît sous l'influence germanique), morphologiques (les cinq cas de la déclinaison nominale latine ont été réduits à deux cas: le cas sujet et le cas régime) et syntaxiques (la conjugaison des verbes comprend beaucoup plus de radicaux variables) (Bruneau 1966).
Aux XIIe et XIIIe siècles, la langue française est devenue la seconde langue internationale, la première langue étant le latin. Quelques étrangers ont utilisé le français dans leurs ouvrages: Brunetto Latini dansLi
Livres
douTresor,
Dante dans la Divine Comédie, et Marco Polo a raconté un de ses voyages à Rusticien de Pise (1296) qui les transcrit enfrançais.
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Au cours de l'époque de la Renaissance, au XVe et au XVIe siècles, la royauté en France est devenue de plus en plus puissante. Une administration centralisée a été créée qui a déclaré que la langue française devait être la langue de la justice, et ce qui est plus important encore, la langue principale de communication. Par conséquent, les nobles et les juristes ont l'utilisée afin d'écrire les lois; les religieux ont commencé à l'utiliser comme langue de la religion, et la bourgeoisie s'en sert comme seule langue de l'administration.
Le français écrit est très proche de la langue parlée par les gens instruits au début du XVIIe siècle. Par suite de ce développement et de la puissance de la royauté française, la langue française est devenue une langue d'une grande importance, équivalant au latin ou au grec. Elle est donc stabilisée par l'enseignement et alteintl'état qu'on appelle le français moderne. En 1647, dans
les Remarques,
Claude Favre de Vaugelas a publié le premier code d'unBon
Usage
qui a fixé les règles du français. Il a voulu épurer la langue française. Ensuite, vers 1671, le père Bouhours a publiéles Entretiens d'Ariste
etd'Eugène
dans lequel il distingue enfin la langue parlée et la langue écrite. C'est la première fois dans l'histoire de la langue française qu'une telle tâche est accomplie.
Codifié, le français s'est répandu
à
travers tout le pays: dans la capitale Paris, dans les grandes villes et aussi de pl us en pl us dans les campagnes. Et enfin,à
la fin de celte époque,à
la veille de la Révolution, les sciences de la nature et de l'homme en France connaissent de remarquables développements.•
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Par conséquent, non seulement la langue écrite mais aussi la langue parlée ont gagné un prestige incontesté. Le français était devenu une vraie langue internationale.
La Révolution française a provoqué des changements majeurs dans la langue parlée. La bourgeoisie s'installe au pouvoir et par conséquent, une nouvelle langue administrative ainsi qu'une nouvelle langue politique sont "nées". Celle classe puissante souhaite faire du français la langue parlée par tous les citoyens de la France. Elle cherche à imposer le français parlé afin de rejoindre même ceux qui ne pouvaient pas lire.
Ainsi, les gouvernants essayent de codifier la langue parlée. Pour la première fois, les grammariens l'analysent logiquement. On a codifié aussi la prononciation: plusieurs traits devenus archaïques sont retirés: la prononciation en [we) dans les mots comme "moi" et "roi", par exemple. La Révolution a produit aussi de grands changements dans le vocabulaire. En 1798, une nouvelle édition du Dictionnaire de l'Académie est publié, la 5e édition. L'orthographe de la langue écrite a été aussi normalisée: des modifications au système de transcription sont apportées.
Sur le plan linguistique, la période allant de 1815 jusqu'à 1852, l'époque romantique, a été d'une grande importance. Le vocabulaire, la syntaxe et le système de formes en sont à la fois transformés et enrichis. La nouvp.lle édition du
Dictionnaire de l'Académie
de 1835 apporte encore quelques modifications. L'orthographe a été encore ajustée: elle se rapproche un peu de la prononciation.•
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Après la révolution romantique et jusqu'au XXe siècle, la langue parlée ne subit pas de transformations majeures. le seul changement qu'on observe au XXe siècle est un nouveau rapprochement de la langue écrite et la langue parlée. les auteurs contemporains (Gide, Mauriac, Malraux), ont commencéàécrire dans un style plus proche de la langue orale. la fréquente apparition du "monologue intérieur" leur permet souvent d'adapter les formes de la langue parlée à la langue écrite. la codification achevée pendant celte période est toujours en vigueur aujourd'hui.
1.2.2 l'évolution des deux langues japonaises: la langue parlée et la langue écrite
la langue japonaise parlée, comme sa contrepartie française, est beaucoup plus ancienne que la langue japonaise écrite. En ce qui concerne son origine, le problème, comme d'habitude, est un manque de récits écrits. Comme le document écrit le plus ancien sur la langue japonaise est
Gishiwajinden,
qu'onsuppose avoir été écrit aux environs du milieu du Ille siècle, il est clair que la langue parlée est antérieure
à
cette date, mais on ne sait pas très bien jusqu'où on peut remonter (Ono 1970; Matsumura 1972).Au début, les japonais n'avaient pas de système propre d'écriture. le bouddhisme a été introduit au japon en 538 après j.e. et, par conséquent, vers celte époque les japonais ont commencé
à
utiliser les caractères chinois pour représenter leur langue. On appelle ce style écrit la traditionkanbun.
la langueparlée et la langue écrite ont donc pris des chemins distincts de développement.
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Néanmoins, les Japonais ne pouvaient transcrire leur langue comme l'écriture chinoise l'aurait exigé: la syntaxe chinoise est radicalement différente. L'ordre des mots est SVO par opposition à SOV on japonais et de plus, il n'existe pas en chinois de système de désinences ou de postpositions semblable à celui du japonais.
Par suite de ces divergences structurales, les Japonais ont créé un système propre d'écriture avec les caractères chinois, pris pour leur valeur phonétique, qui s'appelle manyoogana parce que son emploi le plus raffiné est apparu dans une collection de poèmes intitulée Manyooshuu, écrite entre 645 et 670. Cependant, les caractères chinois du manyoogana ne sont pas employés de la même manière en japonais qu'en chinois, comme des idéogrammes. Dans plusieurs cas, ils ont été adoptés, indépendamment de leur sens, pour représenter des phonèmes japonais dont la prononciation chinoise était semblable. En reconstruisant la prononciation des caractères chinois des Vile et du Ville siècles, nous pouvons donc commencer à concevoir celle de la langue japonaise parlée de cette période.
On assiste ensuite au développement des syllabaires, comme simplification des manyoogana, qu'on appelle
kana.
Il y a eu deux espèces dekana:
leskatakana,
écrits de manière carrée, qui viennent de parties de caractères chinois et leshiragana,
écrits de manière cursive, qui sont des simplifications des caractères entiers.Aux environs de 901, dar,s la période d'Heian (qui va de 794 jusqu'à
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1192), ces deux espèces de
kana
sont devenus d'usage général par les gens de la haute société. le système d'écriture d'aujourd'hui réflète encore ce mélange de caractères chinois et de leur simplification.le japonais a acquis de la Chine non seulement un système d'écriture, mais aussi une grand quantité de mots. Comme ces faits historiques nous le montrent, la langue japonaise a un système structural qui tient compte de beaucoup d'emprunts lexicaux. Même aujourd'hui, on peut observer que le japonais moderne a emprunté beaucoup de mots non seulement du chinois, mais aussi de langues occidentales comme le portugais, le hollandais, et l'anglais. Ces emprunts lexicaux ont eu un effet important sur la langue parlée; ils l'ont beaucoup enrichie.
Enfin, à partir de 1868, au cours de la période de Meiji (de 1868 jusqu'à 1912), le japonais subit de grands changements qui ont produit la langue utilisée au XXe siècle, par suite d'un mouvement qui s'appelle la restauration Meiji. Jusqu'à cette époque, le japonais était resté une langue relativement isolée; pendant la période précèdente, par exemple, la période d'Edo (qui va de 1603 jusqu'à 1867), le Japon s'était fermé aux influences du monde à l'exception de la Chine et de la Hollande. Cependant, au cours de la restauration Meiji le Japon s'est à nouveau ouvert au monde. Par conséquent, il y a eu un déluge d'influences et de cultures étrangères qui ont eu un impact considérable non seulement sur la langue parlée mais aussi sur la langue écrite. Plus particulièrement, les traductions japonaises de la littérature d'Occident ont
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beaucoup augmenté ce qui, croit-on, a abouti à de profondes transformations comme l'emploi des sujets inanimés dans les phrases passives qui ne pouvaient auparavant être construites qu'avec des sujets animés.
De la fin du XIXe siècle, après la restauration Meiji, jusqu'aux périodes de Taisho (de 1912 jusqu'à 1925) et de 5howa (de 1926 jusqu'à 1988), le ministère de l'Education nationale du gouvernement japonais a pour la première fois pris une part active dans la codification de la langue écrite. Peu après la Deuxième Guerre mondiale, il a établi des règles strictes quant au nombre de kanji, les caractères chinois, permis dans les publications officielles: 1850, et quant à la façon dont on doit les écrire et les apprendre.
Aujourd'hui la langue japonaise parlée el la langue écrite sont plus proches qu'elles ne l'ont été autrefois, mais comme le français écrit et le français oral, le japonais écrit et le japonais parlé présentent encore des caractéristiques distinctes.
1.3 les différences de la grammaire "normative" française et japonaise
Puisque cette étude est une comparaison de la langue parlée, la grammaire "normative" des deux langues dont l'objectif est d'exposer l'usage correct, nous servira de base de comparaison.
La grammaire "normative" d'une langue est fon::l~e en principe sur son usage: comment les gens utilisent
:a
langue (Grevisse 1988). Une comparaison de la grammaire "normative" de ces deux langues fera ressortir les principales•
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différences morphologiques, syntaxiques et phonologiques qu'on peut attribuer
à leurs origines divergentes.
1.3.1 le plan morphologique
La morphologie est l'étude de la formation des mots et des variations de forme. La formation des mots en français nécessite des préfixes et des suffixes qui marquent le genre et le nombre sur les mots variables (déterminant, nom, adjectif:
les livres bleus)
ainsi que le mode, le temps, la personne, et le nombre sur les verbes(aiment).
Le japonais a beaucoup moins d'affixes que le français. Le nombre et le genre ne sont pas formulés par des marques formelles. C'est le contexte qui permet de les déterminer. De la même manière, la personne n'est pas marquée non plus sur le verbe en japonais; une seule forme est utilisée pour toutes les personnes (les pronoms personnels:watashi
"je",anata
"tu",kare
"il",kanojo
"elle",watashi-tachi
"nous"anata-tachi
"vous", etkarera
"ils" prennent la même forme du verbe:yom-u
"lire", au présent ou au futur). Par contre, comme les verbes français, les verbes japonais portent des marques de temps et de mode(nom-u
"boire", à l'indicatif et au présent ou au futur); les adjectifs japonais en portent aussi(kawai-katta
"a été belle", à l'indicatif et au passé).On peut conclure, par conséquent, que sur le plan morphologique, le français est très distinct du japonais. Plusieurs traits morphologiques du français comme le nombre, le genre et la personne grammaticale n'ont aucune manifestation en japonais.
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1.3.2 le plan syntaxique
La syntaxe est l'étude des rapports entre les groupes de termes constituant la phrase. Une phrase française doit avoir un syntagme nominal sujet et un syntagme verbal prédicat. Par contre, un syntagme nominal sujet n'est nullement obligatoire dans une phrase japonaise; cependant, elle doit contenir l'une des trois unités suivantes: un syntagme verbal prédicat, un syntagme nominal et une copule ou un syntagme adjectival
(kuru:
SV prédicat "je/tu/etc. viens";enpitsu
desu:
SN+
copule "c'est un crayon";samui:
SA "il fait froid").Plusieurs linguistes japonais constatent que le sujet dans la phrase japonaise n'est qu'un des divers compléments possibles du prédicat (Saint-Jacques 1966; Coyaud 1971; Mikami 1975). En outre, il est souvent sous-entendu. On peut donc dire que "le japonais est une langue àsujet facultatif" (Kuwae 1979,
p.38).
Par conséquent, sur le plan syntaxique aussi le japonais ne ressemble pas au français.
À
cause de la disette de syntagmes dans la phrase japonaise, on a souvent décrit la syntaxe de la langue japonaise comme étant moins fortement structurée que celle de la plupart des langues indo-européennes. Comme nous allons le voir, un bon nombre de règles obligatoires en français sont absentes dela grammaire japonaise.
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1.3.3 le plan phonologique
La phonologie est l'étude des phonèmes non en eux-mêmes, mais quant
à leur fonction dans la langue. En français, on distingue généralement 34 phonèmes: 18 consonnes et 16 voyelles. On trouve un système plus simple en japonais; on distingue seulement 19 phonèmes: 17 consonnes et 5 voyelles.
La syllabe joue aussi un rôle important dans la phonologie des deux langues. En français, elle peut être composée d'un seul son: une voyelle (e.g.,amant [a.ma] ou étroit [é.trwa)) ou d'une combinaison d/une voyelle et d/une ou plusieurs consonnes (e.g., argent [ar.ïa], crier [krj.eJ, et structure [stryk.tyr)). Cependant, en japonais la structure syllabique est essentiellement CV, mais il existe aussi des syllabes qui sont composées d'une seule voyelle, comme en français le.g.,
aka
"rouge" [a.ka)) ainsi que des syllabes de la forme CV(N) où ce "N" représente une consonne nasale le.g.,hon
"livre" [hon]).Enfin, en ce qui concerne l'accent tonique, en français sa place est fixée; on le met sur la dernière syllabe des mots isolés, ou sur la dernière syllabe d/une phrase. En japonais, par contre, il n'y a pas d'accent tonique
à
proprement parler. Au lieu de l'accent tonique, le japonais marque une différence de hauteur entre les syllabes d\m mot. Néanmoins, celte différence est faible et ne représente qu'une tendance générale.On peut donc voir que comme la morphologie et la syntaxe, la phonologie du français se distingue aussi fortement de celle du japonais. La phonologie du français apparaît nettement plus complexe que celle du japonais:
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pour résumer, il existe en francais un accent tonique et beaucoup plus de phonèmes et de structures syllabiques qu'en japonais.
1.4 les fonctions grammaticales
1.4.1 les actants-sujets, les objets et le prédicat
Une des fonctions les plus importantes d'une grammaire est de mettre en relation les actants-sujets, les objets et le prédicat en faisant usage des règles de la syntaxe. La description des relations et des rèRles est facile à accomplir pour le français, c/est une tâche beaucoup plus difficile pour le japonais.
En français, la grammaire décrit le sujet comme ''l'élément qui désigne l'être ou l'objet dont on dit ce qu/il fait, ou subit l'action du prédicat ou ce qu/il est" (Grevisse 1990, p.29). Elle décrit l'objet comme l'être ou l'objet "auxquels aboutit, comme en ligne droite, l'action du sujet" (Grevisse 1990/ p.34). Et enfin, le prédicat est décrit comme ''l'élément fondamental, auquel se rattachent directement ou indirectement les divers mots constituant l'ensemble de la phrase" (Grevisse 1990, p.29).
La liaison entre les actants-sujets en japonais est plus compliquée qu'en français. Comme je l'ai déjà indiqué, le sujet en japonais n'est qu'''un complément optionnel parmi d'autres du prédicat" (Coyaud 1971, p.17). Donc la grammaire japonaise ne peut pas toujours le décrire comme un être ou un objet concret formulé dans la phrase. Ce n'est pas le cas dans la plupart des langues européennes, mais c'est normal de ne pas pouvoir lier mutuellement les
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actants et les sujets en japonais. En ce qui concerne l'objet et le prédicat, la grammaire japonaise les décrit comme la grammaire française: la personne ou la chose à laquelle aboutit l'action de la phrase, et l'action que le sujet, réalisé ou non, accomplit ou subit, respectivement.
1.4.2
la
classification de nos expériencesLes différences structurales entre les deux langues, que nous avons déjà discutées, ne peuvent pas être expliquées exclusivement par les divergences morphologiques, syntaxiques ou phonologiques, parce que plusieurs d'entre elles semblent être plus souvent la conséquence d'une manière propre au japonais de classifier nos expériences. La langue japonaise, plus que le français ou les autres langues européennes "est liée intimement à la structure sociale, hiérarchique s'entend, dont elle est difficilement séparable" (Mori 1972, p.160).
Une illustration de ce rapport étroit est son langage respectueux qui touche tous les niveaux de la langue: les substantifs (des noms qui en eux-mêmes contiennent une nuance respectueuse: sensei "professeur", et aussi des préfixes et des suffixes honorifiques qui ajoutent un degré de respect au nom: gQ-hon "livre" de quelqu'un
à
qui on doit du respect; g;hashi "baguette"; Tanaka-san "Monsieur Tanaka"), les verbes de déférence (des verbes de respect: nasaru "faire"; des verbes de modestie: sashiageru "donner"; et des verbes de politesse -utilisés exclusivement à la forme polie: ori·~ "se trouver"), et les suffixes fonctionnels de politesse (iki-masu "aller" à la forme polie) (Mori 1972; Kuwae•
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1980; Makino et Tsutsui 1986).
L'ellipse du syntagme nominal sujet est une autre illustration de ce rapport "intime" entre le japonais et sa structure sociale (Mori 1972). En dfet, le sujet est identifié dans la phrase par une construction grammaticale, comme un verbe de respect, par exemple, (Doozo meshiagatte kudasai. "Mangez-en (ou Buvez-en), s'il vous plaît." où le sujet est identifié comme quelqu'un digne du respect à
cause de la présence du verbe respectueux meshiagaru "manger ou boire") ou même est déduit du contexte (Keeki-ga suki desu. "Ul'aime bien le gâteau."), rendant la formulation explicite du sujet inutile.
La sensibilité aussi joue un rôle plus important en japonais qu'en français. La sensibilité, en effet, joue un rôle syntaxique et maintient la cohésion de la phrase (Mori 1972; Kuno 1973; Shibatani 1990). Le japonais utilise plusieurs suffixes fonctionnels qui se rattachent au syntagme verbal pour exprimer les sentiments du sujet parlant (·tai exprime l'état psychologique de nul autre que le locuteur: Ringo-ga tabe-tai. "Ue) veux manger une pomme.").
La langue japonaise, comme la langue française, a une grammaire "normative", comme on l'a vu, mais il apparaît que les différences structurales entre les deux langues ne tiennent pas uniquement aux structures grammatici1les. Ces contrastes relèvent fréquemment d'une classification très distincte de nos expériences.
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Chapitre 2: Le français et le japonais parlés
2.1 leur rupture avec leur langue écrite
2.1.1 le système de signes sonores opposé au système de signes visuels
La langue parlée peut être définie comme un système de signes sonores, "une longue suite sonore dotée d'une signification complète et facile à saisir" (Richer 1964, pp.20-21). Au contraire, la langue écrite représente un système de signes visuels, "des groupements de lettres (en principe, noir sur blanc) qui doivent se lire de gauche à droite et qui sont accompagnées de divers signes symboliques à identifier, appartenant à des niveaux différents" (Ri cher 1964, p.4S).
Ce système de signes sonores qui composent la langue parlée en français et aussi en japonais est ce qu'on saisit en écoutant les paroles des autres, "C'est une chaîne sonore plus ou moins prolongée, à l'intérieur de laquelle certains groupes de souffle, certains phénomènes comme intonations, arrêts, insistances etc., indiquent des frontières révélatrices de certaines entités aux dimensions plutôt larges" (Richer 1964, p.44). C'est simple, quand on parle en français ou en japonais
il
faut utiliser les plus petites unités qu'on appelle des sons fondamentaux ou phonèmes de la langue. Sans l'appui de ces sonorités organisées, on n'ira pas loin dans son effort pour s'exprimer soi-même.Néanmoins, quand on écrit,
il
faut représenter conventionellement ces signes sonores par les signes graphiques: avec des lettres comme en français ou avec des caractères comme en japonais. Cette langue écrite, ce système de signes•
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visuels, présente d'avantage de contraintes syntaxiques. En particulier, ces signes graphiques doivent traduire les relations plus ou moins proches entre les éléments de la phrase comme les relations d'accord, de genre ou de nombre en français ou même de formalité en japonais.
2.1.2 leurs fonctions diverses
La langue parlée a été décrite comme "la source de la vie du langage" (Dauzat 1954, p.72). C'est un instrument de communication. Néanmoins, une langue est aussi un instrument d'expression artistique et esthétique. C'est la langue écrite, principalement, qui joue ces rôles-là.
La langue parlée joue un rôle d'une importance capitale, tant au point de vue historique qu'au point de vue synchronique. D'abord, au point de vue historique, il paraît indiscutable de supposer qu'au commencement le langage a été uniquement parlé. C'est à dire que la langue parlée est née bien avant la langue écrite.
La langue écrite, au point de vue historique, n'a qu'une apparition accidentelle. Il apparaît qu'elle a émergé comme une espèce de transcription de la langue parlée. les gens ont eu recours à la langue écrite seulement après que la langue parlée leur a fait défaut; ils ont utilisé la langue écrite comme un substitut ou comme une confirmation de ce qu'ils ont voulu exprimer. De même aujourd'hui, quand
il
est impossible d'utiliser la parole pour quelque raison (distance, temps etc.) nous avons recours à la langue écrite; nous envoyons une•
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lettre ou un fax, par exemple.
La transformation de la langue écrite en un instrument d'expression artistique et esthétique a suivi son utilisation à titre de transcription de la langue parlée. C'est à partir d'une préoccupation croissante pour les choses intellectuelles et culturelles que la langue écrite est devenue aussi importante que la langue parlée.
2.1.2.1 les langues françaises parlée et écrite
Au point de vue synchronique, dans son état actuel au XXe siècle, la langue française parlée joue un rôle d'une importance capitale. Étant "une réalité vivante", elle remplit une fonction "première du langage. La langue parlée en contact immédiat avec la vie courante, exprime plus complètement l'homme grâce à l'intonation aux inflections ainsi qu'à la mimique et au geste qui l'accompagnent." (Allaire 1973. p.12). Néanmoins, afin de dépeindre précisement la fonction de la langue française parlée, il faut faire des nuances parce qu'il en existe au moins deux types: une langue parlée "tenue" ou "distinguée" ainsi qu'une langue parlée "familière" ou "de la conversation" (Sauvageot 1972).
La forme "tenue" ou "distinguée", elle, coïncide à peu près avec la langue écrite. Cette forme joue le rôle d'instrument de l'enseignement. C'est la langue des discours, des explications et discussions et des annonces. Comme dans la langue écrite, on utilise des phrases brèves pour relayer des messages simples et des phrases longues pour ceux qui sont plus compliqués. On choisit du
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vocabulaire propre pour produire des émotions particulières ou pour éviter les répétitions trop fréquentes des mêmes mots afin d'être plus efficace.
Par ailleurs, la langue parlée "familière" a une fonction communicative plus affective. Cette forme consiste surtout en des échanges entre les interlocuteurs. On l'utilise pour exprimer des sentiments et de plus pour appeller l'attention sur certains choses. Ce langage comprend aussi des bruits variés comme des clics et des soupirs. Sa syntaxe peut être moins régulière parce qu'on a moins besoin de précision dans le discours. Comme on traite de sujets familiers avec cette forme, son vocabulaire est plus pauvre aussi.
Il y aussi une fonction créative de la langue parlée "familière" parce qu'on crée des vocabulaires particuliers entre les interlocuteurs habituels d'un même groupe, particulièrement entre les membres d'une famille. On recherche des mots expressifs et vifs qu'on évite dans la langue "tenue". On emploie la langue familière pour exprimer des interjections.
la langue française écrite, actuellement, au point de vue synchronique, joue aussi un rôle important: elle communique un message. C'est une langue aussi vivante que la langue parlée. Aujourd'hui la langue écrite est la langue littéraire: celle de la prose, de la poésie et des romans, ainsi que la langue de l'essai et des journaux. C'est "un moyen d'information de masse dont l'impact est bien ressenti par tout le monde" (Caput1975, p.230l. C'est la forme de la langue qui est responsable de la diffusion de l'information. la langue écrite peut jouer avec les émotions et l'affectivité de ceux qu'elle met en contact plus que la
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langue parlée.
2.1.2.2 les langues japonaises parlée et écrite
Au point de vue synchronique, au XXe siècle, comme les langues françaises parlée el écrite, les langues japonaises parlée et écrite ont des fonctions significatives mais diverses. La langue japonaise parlée sert principalement de moyen de communication et la langue écrite de moyen d'expression. Même s'il y a souvent des critiques en ce qui concerne toutes les fautes faites dans le langage respectueux, la langue parlée sert parfaitement bien les besoins de communication d'environs cent vingt-et-un million de personnes.
Les japonais utilisent la langue parlée afin de ne pas entrer en collision entre eux. Les gens emploient les mots comme une espèce de système discret d'avertissement. La forme préférée du discours est la transmission indirecte du sens intensionnel (Shibatani 1990).
Traditionellement, les japonais ont été encouragés à éviter la communication verbale autant que possible. Beaucoup de gens estiment encore que le fait d'être laconique est la marque de l'âge adulte. Dans les écoles japonaises on enseigne que la persuasion à l'aide du langage, comme la confrontation directe doivent être évités coûte que coûte. Leur langage est plein de proverbes qui traduisent l'influence de Confucius, comme le suivant: "Les mots sont un des grands fléaux de notre temps; ils sont
à
l'origine de toutes sortes de maux". Les japonais préfèrent communiquer avec ce qu'ils appellentharagei:
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la communication viscérale. C'estàdire la communication non-verbale ou intime,
à coeur ouvert, par les signes subtils des expressions du visage et du comportement de quelqu'un (Mizutani 1981
J.
À
cause de l'homogénéité raciale des japonais, ils ont cru qu'il était possible de se comprendre l'un l'autre simplement par l'observation, qu'il n'est pas nécéssaire de dire quelque chose. Cependant, comme nous le verrons dans la section suivante, aujourd'hui l'influence du confucianisme n'est pas aussi forte qu'elle l'était auparavant. les japonais deviennent plus en plusàl'aise en communiquant avec la langue parlée. Néanmoins, cela ne signifie pas que la langue parlée joue un rôle négatif en japonais, bien au contraire. Comme l'indique "existence d'un langage spécial du respect,il
ya une forte attitude de considération envers les autres et d'intérêt pour leurs pensées.la langue écrite est la langue qui occupe le "devant de la scène" pour les Japonais. C'est la langue
à
laquelle les japonais se fient pour toute sorte d'expression. C'est la seule forme qu'ils utilisent pour transmettre l'information: pour exprimer les rapports basés sur les faits ou pour exprimer les choses d'une façon rigoureuse. Elle joue un rôle fondamental dans la société japonaise.2.1.3 leurs positions dans leur propre société
Comme je l'ai souligné dans la section précédente, la langue parlée occupe une position haute dans les deux sociétés. Néanmoins, c'est une position secondaire en comparaison de celle de la langue écrite, la forme de prestige•
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2.1.3.1 les langues françaises parlée et écrite
En France, le romantisme et surtout le réalisme naturaliste, en favorisant les échanges a fait de la réclame pour la langue parlée. Le romantisme a donné la priorité à l'imagination, aussi bien à l'inspiration qu'à l'écriture. Cela marque la fin d'une langue fixée, d'une période où la seule langue de valeur est à l'image de la langue des nobles et des auteurs classiques. Les romantiques (Hugo et Balzac) ont inauguré un âge véritablement moderne, ils ont rompu la barrière entre la langue écritr~, une langue stoïque, et la langue parlée, une langue de la sensibilité.
Le naturalisme, comme le romantisme, a accordé aussi de l'attention à la langue parlée. Zola, dans ses romans a utilisé "la lang'Je du peuple". Tous les personnages parlent leur propre langue. Il a reproduit autant que possible le langage parlé pour le populariser. Ses sujets, des petites gens de toutes sortes: ouvriers de l'industrie, paysans pauvres et feimiers, utilisent tous une variété de la langue populaire.
Les réalistes ont fait de même. Les romans "réalistes", ceux de Champfleury, par exemple, ont été écrits dans lin style souvent proche du ton d'une conversation vive. Le romancier décrit ce qu'il a vu dans une langue claire et facile, sans prétention artistique.
Dès lors, on peut observer un nouveau rapprochement de la langue parlée et de la langue écrite. Au XXe siècle on remarque l'i!'lportance r;>trou\lée de la forme parlée par rapport
à
la forme écrite. "Retrouvée" parce qu'au moyen âge,•
•
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la forme parlée était une forme significative sans pourtant les moyens de diffusion des oeuvres écrites. Aujourd'hui, on écrit plus ou moins comme on parle (à l'exception de l'emploi du passé simple); il semble qu'il n'y a plus une limite lixe entie les deux formes de langue.. Et enfin, grâce aux "appareils parlants" comme la radio, la télévision et le cinéma, aujourd'hui la langue parlée a pris une importance considérable que je vais examiner dans la section suivante.
2.1.3.2 les langues japonaises parlée et écrite
la langue japonaise parlée, pour 5a part, occupe un€' position élevée dans la société japonaise, mais elle reste secondaire à la langue écrite. Il est plus facile, d'ailleurs, pour les japonais de communiquer par la langue écrite même si c'est plus exigeant à cause des nombreuses règles strictes.
Il est vrai que la lanGue écrite fait l'admiration des japonais mais, de nos jours, ils ont commencé à regarder la langue parlée de plus en plus comme une langue d'un calibre équivalent. la tradition de Confucius, qui décourage l'éloquence, en insistant sur les actes et pas sur les mots, comme je l'ai déjà décrit, n'a p..s l'influence qu'elle a eue auparavant. le système d'éducation, réformé après la deuxième guerre mondiale, a créé un climat social qui respecte davantage l'expression de l'individualité. Ces changements associés à des contacts de plus en plus fréquents avec les Occidentaux ont~)(igédes japonais de mieux communiquer avec la langue parlée.
Un certain déclin dans la maîtrise de l'écriture par les Japonais est une
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autre raison pour laquelle la langue parlée a commencé d'occuper une position
plus importante.
À
cause de l'introduction des ordinateurs, les Japonais n'écrivent
souvent pas eux-mêmfls les caractères chinois et par conséquent, ils les ont
oubliés.
Néanmoins, c'est la diffusion de l'information par la radio, par la télévision
et par le téléphone qui a eu l'impact le plus grand sur la langue parlée. Grâce à
ces appareils, le dialecte "standard" de Tokyo a été plus largement diffusé. Il ya
eu une transformation profonde d'une vie autrefois orientée vers l'écriture
àune
vie orientée vers la parole.
2.2 leur importance considérable de nos jours
2.2.1 l'influence du cinéma, de Iii radio et de la télévision
De nos jours, (.omme je l'ai indiqué dans la section précédente, la langue
parlée dans les deux cultures atteint une importance considérable grâce aux mass
media, par rapport
àla langue écrite. Elle est la forme "d'avant-garde" de la
communication. Le besoin d'avoir un échange direct ou une expression
personnelle est devenu de plus en plus essentiel dans le cadre de la vie
professionnelle et aussi dans celui de la vie sociale.
Malgré les différences entre les types de communication, nous regroupons
le cinéma, la radio et la télévision parce que la forme et le style de la langue
parlée qu'ils emploient sont semblables. En outre, tous les trois touchent un grand
public. À la radio, la parole tient le rôle essentiel, mais au cinéma et
à
la
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télévision, même si c'est l'image qui tient le rôle essentiel, la parole a une fonction communicative déterminante. Les types d'émissions sont aussi divers; leurs sujets parlent dans les registres de langue qui peuvent le mieux communiquer avec leur public (Caput 19751.
Le cinéma parlant, né quelques années après la première guerre mondiale, la radio
à
partir de 1920 et la télévisionà
partir de 1950, ont accordé une prioritéà
la langue parlée jamais vue auparavant. "La publicité a joué un rôle de premier plan pour rendre familliers non seulement des vocabulaires, mais des modes d'association, de construction et de formation de l'oral" (Chaurand 1972, p.1 111. Néanmoins, cet ordre de priorité n'a pas toujours été à l'avantage de la langue parlée, comme nous le verrons.D'une manière générale, la forme de la langue francaise parlée au cinéma,
à la radio et à la télévision est "très lâche". Le niveau de langue utilisé par les présentateurs n'est souvent pas tenu. On trouve plusieurs "redondances et des traits familiers": "faire" est souvent utilisé en plusieurs situations diverses: "faire des morts"; "faire le bilan"; "on" y est employé pour "nous"de façon très générale; il y a nombreux tours présentatifs: "Ces!...", "ce qui..." et "il y a" (Caput 1975, p.2291.
Au lieu d'être "très lâche" la forme de la langue japonaise parlée au cinéma