CONCLUSIONS AUX JOURNEES
LES DEFIS DE L'ENVIRONNEMENT:
PROPOS D'ETAPE
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Jean-Louis MARTINAND LIREST, Université Paris-Sud
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Je souhaite d'abord exprimer nos motifs de satisfactionàl'issue de ces XIIème Journées sur l'éducation scientifique. Au nom du noyau«franco-romand »de Chamonix il faut remercier tout particulièrement les apports nombreux et stimulants des participants du Québec, d'Espagne, d'Italie, de Belgique.00on en oublie toujours. J'espère qu'ils ont pu profiter autant que nous des échanges.
Sur le thème de l'environnement, nous avons ouvert les soirées de lundi et mercredi expériences et réflexions locales. A l'autre extrême, nous disons notre reconnaissance aux institutions qui nous ont aidés: UNESCO, Communauté Européenne, ministères de France et d'Italie.
Mais il ne s'agit pas de verser dans la congratulation réciproque ou l'effusion sentimentale. Je me permets de regretter des absences - celles représentant des milieux politiques, avec des spécialistes de l'aménagement. Ils auraient pu nous exposer comment et sur quoi se négocient les décisions, qui sont les partenaires, leurs sensibilités, leurs visions, leurs moyens, comment sont évoluées - ou non - les actions. Je regrette aussi la discrétion de la géographie - qu'est tout de même une discipline majeure pour l'environnement et de la technologie.
Il y a donc motifàcontinuer. Sans doute pasàChamonix dans le cadre des Journées sur l'Education Scientifique, puisque nous avons déjà pris rendez-vous sur les prochains thèmes: - année 2 000 - enjeux et ressourcesdela culture scientifique pour 1992
- sciences en spectacle, spectacle de la science pour 1993.
Mais nous avons entendu parler de revue francophone sur l'E.E. et j'imagine que des projets de nouvelles rencontres sur l'environnement a l'école et dans les médias, doivent trotter dans quelques têtes.
Peut-on retenir aujourd'hui quelques idées à l'issue des débats? Exprimant ici des sentiments personnels, j'aimerais dire que le thème de l'environnement est inévitable: sa montée en puissance dans les médias et les écoles est indéniable; et il ne me parait pas plus maltraité que beaucoup d'autres (santé, économie.00)'Aussi vont-ils mieux se concentrer sur les points stratégiques: Qui peut faire quoi? Que peut-on exiger de qui? Quelles sont les ressources? Où faut-il faire partir les efforts principaux ?
Le débat sur les médias a bien montré qu'on doit leur demander d'ouvrir les débats et de maintenir des débats ouverts en les alimentant, en les enrichissant; promouvoir des solutions ne leur appartient pas. Il faut d'ailleurs utiliser toute la pallette des différents médias. Mais il y a toujours avec eux un aspect«consommation », prise de position par délégation. Les associations ont un rôle essentiel. les médias suivent plutôt qu'ils ne devancent.
Et l'école? A-t-elle à se préoccuper de l'environnement? Si oui toute l'école doit être soumise à la question: rôle, structures, fonctionnement, disciplines. Le risque majeur est aujourd'hui la banalisation idéologique et administrative du thème de J'environnement. Ce n'est pas un aspect en plus; il ne s'agit pas forcément de tout changer, mais il faut apprécier dans toutes leurs implications ce qu'il faut vivement changer: formation des attitudes, place de l'instruction. II ne s'agit pas non plus de dire que tout en environnement: l'astrophysique n'a pas besoin de cet argument pour faire valoir ses titres éducatifs.
Du point de vue dialectique, et tout particulièrement pour les disciplines scientifiques,ilest intéressant de noter combien «penser environnement» oblige à revisiter nos conceptions sur
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l'objectivité. Il faut en effet entrer dans une dialectique de la décentration - qui nous est coutumière depuis Copernic - mais aussi d'un«nouvel anthropocentrisme»,d'un retouràun«monde clos».Il faut penser l'humanité comme une espèce dans un biotope limité et peut être déstabilisé. Il faut penser écosystèmes, tout en maintenant le pont de vue de l'avenir de l'homme comme préoccupation centrale.
Comment préparer l'appropriation des postures, des démarches et des outils qui permettent ces mises au pont variables, ces rotations de points de vue? Ces passages des objets et de leurs propriétés,à la compréhension des interdictions des solidarités, des systèmes dont nous sommes une part? Voilà un défi pour l'éducation scientifique scolaire.
Cela impose de se mettre au clair avec les pouvoirs et les limites des disciplines d'enseignement. Telle question spontanée, immédiate, relève à l'évidence des préoccupations relativesà l'environnement, n'appartient pas au départàl'écologie ouà l'éthique. Il faut couper avec ces « naïvetés d'adultes »qui croient immédiatement reconnaître dans un champ de solutions formalisées la réponse àune question qui doit être d'abord travaillée, avant d'être«sous traitée» dans le mode des disciplines - fussent-elles«nouvelles». Nul besoin non plus de convoquer la systémique lorsque objets et milieux associés suffisent; mais donnonsàtous les outils systémiques lorsqu'ils sont nécessaires pour se représenter, expliquer ou prédire ce qui ne peut pas se penser avec des objets ou des relations causales familières.
Je suis personnellement frappé de constater la communauté des difficultés rencontrées pour faire entrer àl'école l'éducation relativeàl'environnement et l'éducation technologique. Refus d'admettre des activités qui ont leur sens en elles-même: vivre une expérience collective, participerà un projet de réalisation ou d'intervention. Face aux«disciplines de compétences» -où il s'agit de gérer au mieux des apprentissages pour atteindre des objectifs fixés àl'avance, les«disciplines d'expériences » -ont du mal àtrouver leur place. Apparemment. Puissent ces Journées donner quelques arguments pour que ces disciplines d'expérience apparaissent plus légitimes aux enseignants, aux parents, aux enfants...
