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Des villes en quête de capacité politique : Permanences
et recompositions du gouvernement municipal du
thermalisme : Une analyse comparée Dax
(Nouvelle-Aquitaine) - Bagnoles de l’Orne (Normandie)
Adrien Sonnet
To cite this version:
Adrien Sonnet. Des villes en quête de capacité politique : Permanences et recompositions du gou-vernement municipal du thermalisme : Une analyse comparée Dax (Nouvelle-Aquitaine) - Bagnoles de l’Orne (Normandie). Education. Université de Bordeaux, 2020. Français. �NNT : 2020BORD0237�. �tel-03219005�
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
École doctorale « SOCIÉTÉS, POLITIQUE, SANTÉ PUBLIQUE » EDSP2 – LACES EA 4140
Spécialité « Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) »
Date de soutenance : mardi 08 décembre 2020
DES VILLES EN QUÊTE DE CAPACITÉ POLITIQUE
PERMANENCES ET RECOMPOSITIONS DU GOUVERNEMENT
MUNICIPAL DU THERMALISME
Une analyse comparée Dax (Nouvelle-Aquitaine) - Bag le de l O e
(Normandie)
Thèse présentée par : Adrien SONNET
Pour obtenir le grade de : Doc e r de l Université de Bordeaux
PREMIER VOLUME
Sous la direction de Marina HONTA et Ludovic LESTRELIN
Composition du jury :
LE NOÉ Olivier Professeur des Universités, Université Paris Nanterre Rapporteur PASQUIER Romain Directeur de recherches au CNRS, Sciences Po Rennes Rapporteur VIGOUR Cécile Directrice de recherches au CNRS, Sciences Po Bordeaux Examinatrice KOEBEL Michel Professeur des Universités, Université de Strasbourg Président HONTA Marina Professeure des Universités, Université de Bordeaux Directrice LESTRELIN Ludovic Maître de Conférences, Université de Caen Normandie Co-encadrant
Résumé
Des villes en quête de capacité politique
Permanences et recompositions du gouvernement municipal du thermalisme
Une analyse comparée Dax (Nouvelle-Aquitaine) - Bagnole de l Orne (Normandie)
Tour à tour identifiées comme des « territoires sanitaires et touristiques » accueillant la haute société dans une logique de distinction, puis comme des « territoires de santé » associés à une clientèle âgée et souffrante en quête de soins, les villes thermales sont exposées à de nombreuses transformations depuis le XIXe siècle. Leur histoire est faite d ne s ccession de longues phases de croissance sanctionn es par d importantes crises. Ces p riodes d incertit des et d instabilit s accompagnent d ne red finition de l offre et de l image de ces villes. Elles s inscri ent par ailleurs dans l ol tion des rapports de force entre gro pe d acte rs engag s dans le r gouvernement.
Cette th se s inscrit donc dans le prolongement des travaux qui étudient les enjeux complexes de coordination entre État et acteurs locaux dans la gestion des villes (Worms, 1966 ; Crozier, Thoenig, 1975 ; Lorrain, 1989, 1991, 1993 ; Duran, Thoenig, 1996 ; Borraz, 1998, 2000 ; Epstein, 2005, 2015). Elle prolonge aussi ceux portant sur les régimes urbains en ce q ils sont attentifs a probl matiq es de l conomie politiq e et questionnent la capacit d action collecti e des acte rs loca (Stone, 1989, 1993 ; Dormois, 2006, 2008 ; Pinson, 2010 ; Pasquier, 2017).
L anal se compar e et socio-historique des formes prises par le gouvernement municipal du thermalisme à Dax (Nouvelle-Aq itaine) et Bagnoles de l Orne (Normandie) permet de saisir ces processus. La construction et l approfondissement des relations tablies entre gro pes d acteurs (politiques, institutionnels et économiques) investis dans la gestion et le développement de l'activité thermale sont placés au centre du questionnement. Interrogeant l mergence et la str ct ration de capacit s politiq es territoriales n cessaires la relance de l conomie, l anal se se porte alors s r la cr ation de coalitions d acte rs, les m canismes d int gration cens s les stabiliser, ainsi que sur les luttes, alliances et rapports de pouvoir issus de la co-construction du bien commun territorial en matière de thermalisme.
Mots clés : Villes thermales – Gouvernement municipal – Gouvernement à distance – Capacité politique – Coalitions d’acteurs – Bien commun territorial – Marketing territorial
Abstract
Cities in search of political capacity
Permanences and recompositions of the municipal government of the thermal baths
A comparative analysis Dax (New Aquitaine) - Bagnoles de l'Orne (Normandy)
In turn identified as "health and tourist territories" welcoming high society in a logic of distinction, then as "health territories" associated with an elderly and suffering clientele in search of care, thermal towns have been exposed to numerous transformations since the 19th century. Their history is made of a succession of long phases of growth sanctioned by important crises. These periods of uncertainty and instability are accompanied by a redefinition of the offer and the image of these towns. They are also part of the evolution of the balance of power between groups of actors involved in their government.
This thesis is therefore an extension of work which studies the complex issues of coordination between the state and local actors in the management of cities (Worms, 1966; Crozier, Thoenig, 1975; Lorrain, 1989, 1991, 1993; Duran, Thoenig, 1996; Borraz, 1998, 2000; Epstein, 2005, 2015). It also extends those on urban regimes in that they are attentive to the problems of political economy and question the capacity for collective action of local actors (Stone, 1989, 1993; Dormois, 2006, 2008; Pinson, 2010; Pasquier, 2017).
The comparative and socio-historical analysis of the forms taken by the municipal government of the thermal baths in Dax (New-Aquitaine) and Bagnoles de l'Orne (Normandy) enables us to grasp these processes. The construction and the deepening of the relations established between groups of actors (political, institutional and economic) involved in the management and the development of the thermal activity are placed at the centre of the questioning. Questioning the emergence and the structuring of territorial political capacities necessary to the revival of the economy, the analysis is then focused on the creation of coalitions of actors, on the integration mechanisms supposed to stabilize them, as well as on the struggles, alliances and power relations resulting from the co-construction of the territorial common good as regards thermalism.
Keywords : Thermal towns - Municipal government - Remote government - Political capacity - Coalitions of actors - Territorial common good - Territorial marketing
Remerciements…
À Ludovic Lestrelin et Marina Honta. Merci Ludovic de m’avoir donné le goût de la recherche dès la licence. Merci pour votre investissement dans mon épanouissement intellectuel, pour votre confiance et votre soutien sans faille pendant ces huit dernières années. Marina, merci d’avoir cru en notre projet en juin 2015 et d’avoir participé, par votre bienveillance, votre humour et votre rigueur intellectuelle, à lui donner une autre dimension. Si l’écriture d’une thèse consiste à peser et choisir des mots, je peine aujourd’hui à trouver ceux appropriés pour vous exprimer, à tous les deux, l’étendue de ma gratitude. Bénéficier d’un encadrement de cette qualité est un privilège. J’espère en avoir été à la hauteur.
Aux membres du jury, Cécile Vigour, Romain Pasquier, Michel Koebel et Olivier Le Noé, de me faire l’honneur d’examiner mon travail.
Au LACES, de m'avoir accompagné et offert des conditions très favorables pour la bonne réalisation de ce doctorat.
À toutes les personnes qui ont, d’une manière ou d’une autre, facilité mon enquête de terrain et notamment à celles et ceux qui ont pris de leur temps pour répondre à mes questions.
Aux équipes pédagogiques des UFR STAPS de Reims et Caen avec lesquelles j’ai eu le plaisir de travailler ces dernières années. Emmanuelle, Marc, Samuel, Thierry, Fanny, Claude, Boris, Frédéric, Jean-Marc, je vous remercie d’avoir façonné chez moi l’autre facette de l’enseignant-chercheur. Les débats, discussions, moments de travail et de détente que nous avons partagés m’ont marqué et c’est essentiellement grâce à vous que je me suis senti comme chez moi dans ces deux facultés.
À Mickaël, Sylvain et Muriel, d’avoir rendu mon expérience bordelaise aussi agréable et de m’avoir hébergé avant ou après mon passage dans la cité girondine.
À mes collègues doctorant(e)s de l’Université de Caen. Un merci particulier à Antoine, compagnon de recherche de la première heure, avec lequel je suis fier d’avoir partagé cette expérience.
À Nicolas, les deux Florian, Kévin, Mathias, Julien, Benoît et les autres d’avoir su me sortir la tête de la thèse. Les moments passés en votre compagnie ont été autant de respirations qui m’ont permis d’appréhender le plus sereinement possible l’aventure de la thèse.
À Augustin, pour ton amitié, les discussions toujours stimulantes que nous avons pu partager ces dernières années et pour ton aide lors des dernières relectures. Merci à François également, de nous avoir, par son érudition, encouragé à suivre ce chemin.
À mes parents, Christine et Hubert, à ma sœur, Marion, ainsi qu’à Thomas et Lila de m’avoir soutenu, encouragé (et parfois supporté) dans les moments heureux comme dans ceux plus difficiles qui jalonnent les années de doctorat.
À Anne-Sophie, enfin, d’avoir donné du sens à toute cette aventure. Ta présence au quotidien est assurément ce qui m’a donné la force de mener au terme ce travail. Je t’en suis extrêmement reconnaissant.
1
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE ... 7
PREMIERE PARTIE LA CONSTRUCTION (DISCONTINUE) DE « TERRITOIRES DE SANTE » ... 55
CHAPITRE I L INVENTION DU « THERMALISME SOCIAL » OU LA DEPENDANCE DES STATIONS THERMALES VIS-A-VIS DE L ÉTAT ... 58
DES STATIONS THERMALES TRANSFORMEES PAR LA CROISSANCE DU THERMALISME SOCIAL (1947-1990) 59 Une économie stimulée par la croissance du thermalisme social ... 60
Di e ifica ion de l h be gemen e mi e en conc ence de l h elle ie ... 63
L inad a ion de l off e de loi i h i e d pa ... 66
QUAND L TAT ENTEND CHANGER LES « REGLES DU JEU » ... 68
CHAPITRE II LA « FIEVRE THERMALE » DU XIXE SIECLE OU L AUTONOMISATION FLUCTUANTE DES VILLES... 73
L TAT COMME CATALYSEUR DU DEVELOPPEMENT DES STATIONS THERMALES ... 74
Le con le admini a if d d eloppemen d n he mali me m dical ... 74
Q and l a ( )in e i di ec emen dan le d eloppemen de a ion ... 77
LEXPERIENCE THERMALE TRANSFORMEE PAR L ECONOMIE TOURISTIQUE : MODIFICATION DE LA CLIENTELE ET OPPORTUNITES CAPITALISTIQUES... 80
L me gence d o i me o l acc oi emen de l h og n i ociale de i i e ... 80
L off e de loi i , condi ion ine a non d cc d ne a ion ... 85
Un en ce ain de l ini ia i e. L ac ion conjoin e de l loca e de in e i e p i .... 89
LE STATUT DE LA MEDECINE THERMALE. ENTRE REMISE EN CAUSE ET FAIBLE RECONNAISSANCE MEDICALE ... 98
La médecine thermale en quête de légitimité ... 99
L in i ionnali a ion de la m decine he male. L h d ologie m dicale a cen e de d ba . 102 l chelle de a ion , le co p m dical face a di ac ion po i e ... 104
CHAPITRE III L ECHELLE NATIONALE COMME ESPACE DE RESOLUTION DES PROBLEMES ... 110
2
Q and le p obl me de je d a gen in e i l a ne pa lemen ai e ... 112
D ne pl ali d o gani me ep en a if la c a ion d n lobby thermal » ... 115
LOPPOSITION ENTRE « TOURISTES » ET « THERMALIENS », UN CLIVAGE STRUCTURANT ... 119
Les effets mitigés de la loi du 13 avril 1910... 121
Une politique « touristique et sanitaire duale » : la c i alli a ion d n cli age c an .... 124
(RE)LEGITIMER LA VOCATION MEDICALE DU THERMALISME ... 127
La Première Guerre mondiale comme opportunité ... 128
La p ciali a ion de a ion po ( )affi me l e pe i e de la h ape i e he male ... 130
La médecine thermale comme « spécialité » universitaire ... 134
L infl ence acc e de m decin he ma dan le a ion ... 137
VERS UNE REQUALIFICATION MEDICALE DU THERMALISME ? ... 141
L in de ac e he ma po le A ance ociale ... 142
Une démocratisation relative ... 145
DEUXIEME PARTIE LE GOUVERNEMENT « A DISTANCE » DU THERMALISME DU « PROBLEME THERMAL COMME ULTIMATUM, A L ALIGNEMENT DES CONDUITES DES ACTEURS DU MONDE THERMAL ... 151
CHAPITRE IV GOUVERNER LES CONDUITES PAR LA MENACE OU LES CONDITIONS POSEES PAR L ÉTAT AUX EXPLOITANTS THERMAUX ... 154
LA CONSTRUCTION D UN « PROBLEME THERMAL » COMME JUSTIFICATION DU DEREMBOURSEMENT 156 Les fondements économiques et médicaux du problème du thermalisme social ... 157
U e h a e i e i a a d efficaci ... 158
Une thérapeutique potentiellement dangereuse ... 160
Une thérapeutique qui coûte (trop) cher ... 164
La efon e d cad e con en ionnel, o l e p e ion d e ploi an he ma d po de « capacité négociatrice » ... 169
UN DURCISSEMENT DES CONDITIONS DE MAINTIEN DU REMBOURSEMENT : ENTRE MODIFICATIONS DU CADRE REGLEMENTAIRE ET PRESCRIPTION DE « NORMES UNILATERALES » ... 173
La pe pec i e d n d embo emen d he mali me... 174
Un maintien du remboursement sous conditions ... 178
Un durcissement réglementaire ... 179
De nouvelles normes à respecter ... 181
3
CHAPITRE V
DU LOBBYING A « L AUTO-REGULATION » : LA DOUBLE REACTION DE LA FILIERE
THERMALE FACE A LA « CRISE » ... 187
LA CREATION D UNE FILIERE UNIFIEE ... 188
L ANCMT po fai e p e ion le go e nemen ... 188
De la « confédération » au « conseil » national des établissements thermaux (CNETh) : la c a ion d ne o gani a ion nifi e a e ice de in de la fili e ... 191
Le CNETh a cen e de l ac ion collec i e ... 197
La c a ion de l AFRETh, l a d ne capaci d ac ion collec i e ... 201
SE MONTRER DIGNES DE CONFIANCE, ENTRE « DISPOSITIFS DE PROMESSE ET DE JUGEMENT » ... 206
Un « guide des bonnes pratiques » comme « promesse d ne am lio a ion de la ali ... 206
La c a ion d n f en iel ce ifi comme dispositif de jugement » ... 210
PENSER LA DIVERSIFICATION DU THERMALISME ... 212
« Se rendre indispensable o l in c ip ion d he mali me a c d enje de an p bli e 213 Identifier, sélectionner et diffuser les bonnes pratiques touristiques ... 218
TROISIEME PARTIE GERER COLLECTIVEMENT LA CRISE DU THERMALISME A L ECHELLE LOCALE : LES INSTITUTIONS MUNICIPALES EN PREMIERE LIGNE ... 228
CHAPITRE VI DES GOUVERNEMENTS MUNICIPAUX PRIVES DE CAPACITE POLITIQUE ... 231
« MUNICIPALISATION » OU « LAISSER-FAIRE » : UNE GESTION DIFFERENCIEE DE LA CROISSANCE PAR LES AUTORITES MUNICIPALES DACQUOISES ET BAGNOLAISES ... 232
Impulser, réguler, contrôler : la municipalisation du « thermalisme social » dacquois ... 233
Une hégémonie municipale contestée ... 234
Yves Goussebaire-Dupin, « maire entrepreneur » du thermalisme dacquois ... 238
« Laisser faire » l abli emen he mal : volonté politique ou fatalisme municipal ? ... 244
Une activité thermale localement « politisée »... 245
Des velléités de développement touristique inabouties ... 252
DES GOUVERNEMENTS MUNICIPAUX « FRAGILISES » ? RENOUVELLEMENT DE « COALITIONS » D ACTEURS POLITIQUES ET ECONOMIQUES ET EFFETS TERRITORIALISES DE LA CRISE ... 257
À Dax, des autorités municipales « esseulées » ... 258
La dégradation des rapports entre municipalité et société locale : 1995-2010... 258
Des relations intergouvernementales conflictuelles ... 269
En e ol ion in i ionnelle e eno ellemen d ac e : des relations à (re)construire à Bagnole de l O ne ... 273
Une ambition notabiliaire (temporairement) contrariée ... 274
4
CHAPITRE VII
MOBILISER PAR LE PROJET POUR REGLER LE PROBLEME THERMAL ... 290
(SE) REUNIR POUR AUGMENTER SON « AVANTAGE CONCURRENTIEL » ... 290
La con c ion d ne l gi imi d in e en ion d poli i e. La c i e comme p i me de l ac ion collective 291 Chute de fréquentation, défiance des exploitants thermaux : e i a i d g ad e che e ici a e 291 Le « consensus intercommunal » : convaincre par le projet ... 297
Une prise de conscience « collective » face à une situation objectivement dégradée à Bagnoles de l O ne 306 L c a e e d e c a i i diffici e e abi i e ... 306
Une crise « objectivée i d a i e e e a i ... 310
UNE CAPACITE POLITIQUE RECOUVREE PAR LES INSTITUTIONS MUNICIPALES ... 316
De la « centralité » à la « nodalité , le eplacemen de l in i ion m nicipale dac oi e la faveur du cluster Aqui O Thermes ... 317
La genèse du cluster : convaincre les « relais » pour mobiliser les exploitants ... 318
« L a e i age c g i if a f de e de a i a i de a ... 323
L EPIC Bagnole de l O ne To i me a e ice de la m nicipali bagnolai e ... 333
U e d a i e a e a ia e i i ia i e de ca ... 334
L h g ie ici a e ... 339
QUATRIEME PARTIE STABILISER LA CAPACITE POLITIQUE TERRITORIALE ... 346
CHAPITRE VIII DES INSTITUTIONNALISATIONS SOUS DEPENDANCE OU L INFLUENCE DES REFORMES TERRITORIALES SUR LES CONFIGURATIONS DACQUOISES ET BAGNOLAISES... 350
BAGNOLES DE LORNE : MAINTENIR LES CONTOURS D UNE ACTION COLLECTIVE « COMMUNALE » . 353 (Se) mettre à distance le (du) jeu intercommunal ... 355
Une al e na i e l in e comm nali : la comm ne no elle Bagnole de l O ne No mandie comme opportunité ... 372
DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE A LA COMPETENCE TOURISTIQUE, L INTERCOMMUNALISATION ACHEVEE DU THERMALISME GRAND DACQUOIS ... 378
Une action collective en quête de stabilité ... 379
Le cluster Aqui O Thermes comme outil de légitimation du thermalisme Aquitain ... 379
La dépendance du cluster au « sentier » grand dacquois... 390
U e ga i a i c ec i e fa ab e I i d The a i e ... 393
La e e R gi , a e d d aj e e ... 397
5
La i NOTRe i d ache e i e c a i a i d i e e d he a i e ... 406
« Faire entendre sa voix » : quand les exploitants thermaux cherchent à défendre leurs intérêts localement 418 CHAPITRE IX (FAIRE) PARTAGER UNE VISION DU BIEN COMMUN TERRITORIAL : LES USAGES POLITIQUE ET ECONOMIQUE DU MARKETING TERRITORIAL ... 427
DES POLITIQUES D IMAGE AU SERVICE DU LEADERSHIP DES ELUS LOCAUX ... 428
Un usage différé des techniques de marketing ... 430
U e i e e i e c ce e a de ech i e a ke i g Bag e de O e... 431
La communication publique pour promouvoir le thermalisme grand dacquois ... 433
Le marketing territorial pour conserver la capacité politique territoriale... 439
La mise en tourisme pour renforcer les relations interinstitutionnelles ... 440
Faire des exploitants thermaux des « ambassadeurs du territoire » ... 467
AUGMENTER L ATTRACTIVITEDU TERRITOIRE PAR LA DIFFERENCIATION. OU L UTILISATION DU MARKETING COMME « DISPOSITIF MARCHAND » DE « CAPTATION » ... 481
Le G and Da , e i oi e de l e cellence m dicale ? ... 482
Les « Landes thermales c e d i d a e g ba ... 482
Le G a d Da a i e e i e de e e i e e a ... 495
Le thermalisme comme atout touristique ... 500
De la station thermale au pôle de bien-être ... 511
E h i e i age d e a i e i : du séjour thermal à « e ie ce g ba e » ... 512
Le « sport c e ai d i e e i e i i e e dica ... 519
CONCLUSION GENERALE ... 540
BIBLIOGRAPHIE ... 554
LISTES... 590
TABLE DES SIGLES ... 592
CAHIER D ANNEXES ... 593
ANNEXES I : DOCUMENTS, CARTES, GRAPHIQUES ... 594
Co ie de l ANMCT e de l ANETT a P emie mini e 07/04/2020 ... 594
Évolution de la fréquentation des établissements thermaux français (2015-2017) ... 596
Carte des stations thermales françaises ... 598
G aphi e de l ol ion d nomb e de c i e Da e Bagnole de l O ne (1992-2015) .. 599
Composition et organigramme du cluster Aqui o Thermes ... 600
Ca e de in e comm nali de l O ne (l O e d d pa emen , e ep en ici) ... 601
Indemnités de fonction du président et des vice-p iden d EPCI ... 602
Ta d impo i ion de la Ta e d habi a ion 2014, Bagnole de l O ne e comm ne oi ine ... 602
6
Composition de la commission communication ... 604
Stratégie de communication du cluster en 2010 ... 605
Typologie des quatre logiques de captation selon Franck Cochoy ... 607
Éléments de langage du marketing des Landes Thermales ... 608
F en a ion de abli emen he ma de l agglom a ion d G and Da (2016)... 609
Pla e e p blici ai e d G and domaine de Bagnole de l O ne : Sport et loisirs. Oxygène à volonté ! Édition 2016 ... 610
Plaquette publicitaire « Nature et patrimoine : suivez le guide ! » Édition 2016 ... 611
Le mag du bien-être made in Normandie, édition 2015... 612
ANNEXES II : PHOTOGRAPHIES ET ILLUSTRATIONS DES VILLES THERMALES DE DAX ET BAGNOLES DE LORNE (NORMANDIE) ... 613
Ill a ion de la ille de Bagnole de l O ne ( e le ca ino vue aérienne) ... 613
613 613 Illustration de la ville de Dax (vue aérienne ; le Splendid ; les Thermes Jean Nouvel) ... 614
Illustration du « B o Co age », résidence de tourisme créée en 2013 (photo n°1) et de la façade d B o pa he mal (pho o n 2) ... 615
P oje de no a ion d a ie de la ga e de Bagnole de l O ne ... 616
ANNEXES III :ARCHIVES MUNICIPALES DE BAGNOLES DE LORNE ... 617
Communication de Luc Challemel du Rozier lors de son éviction de ses fonctions de président de la CdC Bagnoles-Tessé ... 617
Pho og aphie d a icle de p e e ela an le a a en ep i pa le ca ino e l abli emen thermal au milieu des années 1990 ... 618
Pla e e p blici ai e de Bagnole de l O ne (p iode : fin des années 1990) ... 621
P oje o i i e e ac ion collec i e Bagnole de l O ne ... 623
7
Introduction générale
« Dax : la féria annulée, le thermalisme en berne... une ville durement touchée par la crise sanitaire » ; « Pandémie. Coronavirus / Covid-19 : la station thermale de Bagnoles touchée
e ei c » ; « La fermeture des thermes plonge Balaruc-les-Bains dans le désarroi » ;
« "L'impact est terrible" : sans curistes, la ville thermale de Néris-les-Bains (Allier) voit son
économie fragilisée » ; « Le coronavirus met en sommeil la station thermale de Cransac »1.
Pa a c d i e 2020, ce a ic e de e e i i e i a ce de
ac i i he a e i ib e d e i i e concerné. « Un curiste rapporte 2 400 euros en
moyenne à l économie locale », est-il ainsi indiqué dans le reportage de France 3 Nouvelle-Aquitaine c ac a i a i dac i e. D ig a i i a i h a e i e de ea thermale, le thermalisme contemporain repose essentiellement sur le modèle de la cure de
vingt-et-un jours2. La présence prolongée du patie b ficie e e ie ie ab i e e de
i . Mai e e ejai i da e e e di e ec e d ac i i de ce i e . Ai i,
h e e ie, a e a a i , e a e c e e de dica e a a dica fi e
fortemen de ce aff de a i . E 2009, de ac -économique commandée par le
Conseil national des établissements thermaux (CNETh) estime « à un peu moins de 840
i i d e e chiff e d affai e g a e c i e e e acc mpagnants » et à
100 000, e b e d e i directs (9 442), indirects (40 300) ou induits (55 930) créés3.
Ces chiffres sont encore plus significatifs quand on les rapporte aux caractéristiques des villes thermales. Majoritairement de petite ou moyenne taille, nombreuses sont ces dernières à être localisées en milieu rural ou montagnard4. Il existe certes des exceptions. Parmi celles-ci,
1 Se e i e d a ic e de e e b i a : France 3 Nouvelle-Aquitaine, 1er mai 2020 ; Le Publicateur libre, 20 mars 2020 ; Midi Libre, 12 avril 2020 ; La Montagne, 14 mai 2020 ; Aveyron digital news, 18 mars 2020. 2 Les cures sont organisées au d e di e i de i , a e ie a g de e e i h d he a (bai , d che , b e he a e , a e , ga ). De a age d i a de ki i h a e e , a a i e d ac i i h i e e i e (e ea he a e ) e core une cure de boisson (dans certaines stations) complètent le dispositif thérapeutique.
3 « Les chiffres clés de la médecine », La médecine thermale, efficace pour longtemps, [En ligne], consulté le 15/04/2019, URL : https://www.medecinethermale.fr/curistes/la-medecine-thermale-aujourdhui/le-thermalisme-en-chiffres.html. Selon la typologie proposée par la Cour des comptes, les emplois directs impliquent un contact avec les curistes ou touristes. Les emplois indirects renvoient aux fournisseurs, sous-traitants et prestataires des établissements en lien avec les curistes. Enfin, les emplois induits répondent à la demande des personnes en emploi direct ou indirect.
4 Ainsi, 90 % des établissements thermaux sont implantés dans des communes de moins de 10 000 habitants et 71% dans des communes de moins de 5 000 habitants. Voir : DORD Dominique, DUBIÉ Jeanine, « Rapport d i f a i a a i d ie b ic a he a i e , e egi a P ide ce de A e b e nationale, 2016, p. 15 ; « Agi e i eff d e e de i e he a e », Aquae-officiel, [En ligne], publié le 24 avril 2020, consulté le 10/05/2020, URL https://www.aquae-officiel.fr/2020/04/24/agir-pour-prevenir-leffondrement-des-villes-thermales/. Par ailleurs, le Conseil national du tourisme précisait en 2011 que sur 91
8
Dax (20 683 habitants), Vichy (24 166) ou Aix-les-Bains (29 794) parviennent à diversifier leur économie. Mais les villes thermales demeurent, dans leur ensemble, fortement dépendantes de cette activité principale.
Face aux premiers effets de la crise sanitaire du coronavirus et aux mesures de fermeture des
ab i e e he a i e a a , es élus locaux affiche d c e i i de. C e
e ca d ai e de Bag e de O e Normandie, commune de 2 500 habitants située dans le
Nord-Ouest de la France. Celui-ci évoque « une situation catastrophique et dramatique pour la
commune. C e l on a e end e comp e e l ac i i he male e l ac i i i fai ba e le c de la a ion. On a a i e n a o al de l ac i i conomi e a ni ea de commerces, alors que les restaurants, les hôtels sont déjà contraints de fermer ». La maire de
Dax partage cette rhétorique de la tragédie. Selon elle, « il y a eu 45 000 visiteurs en moins en
ce premier semestre 2020, 30 000 curistes et 15 000 accompagnants [ ]. Autant d argent qui n est pas rentré dans les caisses ces deux derniers mois et dont personne ne profitera pendant encore au moins deux mois, voire plus [ ]. Les conséquences sur les commerces, les hébergeurs, les restaurants, les professionnels paramédicaux sont désastreuses »5.
Afi de e e ce i e e c e i de d e e e e i ia , les élus
ga i e . Pa i e diai e de A cia i a i a e de ai e de c e he a e
(ANMCT) e A ciation nationale des élus des territoires touristiques (ANETT), ils poussent
un « c i d a a e » en direction du Premier ministre Édouard Philippe6. Soulignant combien les
conséquences de la crise sanitaire promettent « d j d e ca a ophiques pour le tourisme »,
ils rappellent les spécificités du secteur. « Les communes touristiques ont des charges liées au
dimen ionnemen de le ipemen e de le inf a c e d acc eil e ali en cha e ann e d impo an in e i emen ui ne sont pas suffisamment pris en compte dans les mécanismes de la Dotation Globale de Fonctionnement et du Fonds national de péréquation des ressources Intercommunales et Communales ». Insistant enfin sur leur impossibilité de faire
« face aux charges d emp n e a cha ge incomp e ible de pe onnel e ab e ce de recettes et de taxes (de séjour et sur les jeux), et dans des conditions déjà fragilisées par la baisse
de d a i , i ici e e ie de a .
communes thermales recensées, 28 étaient situées en milieu rural pour 850 habitants en moyenne et 28 en milieu montagnard pour environ 3 800 habitants en moyenne.
5 Ces propos sont extraits des articles déjà cités. Maire de Dax depuis 2016, Élisabeth Bonjean (par ailleurs c ei e gi a e d A i ai e i N e e-Aquitaine depuis 2010, et présidente de la Communauté d agg a i d G a d Da ) a été battue aux élections municipales de 2020 par Julien Dubois. Ce dernier a pris ses fonctions le 25 mai 2020.
9
Quelques semaines plus tard, vingt-quatre députés font de nouveau pression sur le Premier
i i e. Acc ag de ide de ANMCT, de la Fédération thermale et climatique
française (FTCF) et du CNETh, ainsi que du délégué général de cette dernière organisation,
ils c a e i g a i d he a i e da e a cifi e e i e a c a
le Président de la République. Une annulation des charges, qui « pourrait se combiner à une
aide financière de la CNAM », est également espérée. E fi , a i e e cha ge d e a ie de
e e d e i a i a e a a ce ai i e i i ci e de c di i de
réouverture constituent les dernières sollicitations. « Monsieur le Premier ministre, [concluent-ils leur lettre], le thermalisme est trop souvent oublié du secteur du tourisme et de la santé, et
po an il po e la do ble p cifici d e n ac e conomi e maje dan no pe i e villes, tout en offrant des soins bénéfiques à de nombreux Français. Nous ne pouvons aujo d h i no pe me e d a i e on effond emen i empo e ai a ec l i la i ali culturelle et économique de nos territoires ».
La e de e c if e ad e e a e chef de cabi e d d a d Phi i e a ide
d G e d de he a i e de A e b e a i a e, Jea -Bernard Sempastous. Elle
affirme que le Gouvernement a « fixé comme principe clair » d ige e i e « au rang de
priorité nationale . Ce e d c a a i de i ci e acc ag e de a ce de ie mesures concrètes. Les deux premières concernent le chômage partiel et le fonds de solidarité,
d e c di i d acc e ai e e e a gie a a i de de c fi e e . Le
TPE e PME fi e a ai e d e exonération des cotisations sociales pendant la
fermeture, tandis que les plus grandes entreprises et celles de taille intermédiaire pourront obtenir des étalements longs et des reports, voire des annulations de charges sociales et fiscales. E fi , e chef de cabi e d d a d Philippe annonce que « les loyers et les redevances
d occ pa ion d domaine p blic d a baille na iona po le TPE e PME de ec e du tourisme seront annulés pour la période de la fermeture administrative ».
S agi a de ci i a a c di i de e i e de ac i i , e fe i e de
la filière thermale sont invités à attendre la fin du mois de mai et les premiers effets du déconfinement pour être fixés. Entre temps, le CNETh remet toutefois au ministère de la Santé
e de S ida i , ai i a Di ec i g a e de a Sa (DGS), guide des bonnes
pratiques sanitaires ce c ai c e a de a e de i a a i he a e et accélérer
10
ce e de a d a che, i agi a i, e e ide d CNETh, de « mettre la pression pour
ob eni ne da e de ep i e d ici la fin d moi de mai »7.
O , ce e e e i e ab i pas. Fin mai, le Premier ministre fixe la date de réouverture des
ab i e e he a a 13 j i e . Ce e d ci i e i c he i de
médecins et des exploitants thermaux. Outre les incidences économiques, ces derniers regrettent
le manque de ec ai a ce de a ga d de e h a e i e e a i i a i a
monde du tourisme. « Pourquoi, si les systèmes de santé sont ouverts et que le message du
gouvernement est "allez vous faire soigner", le système thermal reste fermé ? », interroge
Olivier Dubois, psychiatre et directeur des thermes de Saujon en Charente-Maritime. Il
poursuit : « Je i mal l ai e le fai on n a i e pa comp end e el poin le
thermalisme est une activité purement médicale [ ]. Il y a une absence de conscience et une méconnaissance du métier. Celles-ci se révèlent de manière très nette dans le cadre de cette placardisation du thermalisme dans le domaine du tourisme »8.
La crise économique qui se dessine serait-e e d b e d e c i e de gi i i de la
médecine thermale vis-à- i de a ? L i i de e a agent les acteurs du monde
he a e d a a e ce ib e e ce e i a i fai ch des problématiques
i i ai e d j c e ie e i e da hi i e de ce ec e .
Le thermalisme moderne, dont les premières formes remontent en France au XVIIIe siècle,
repose en effet sur une double identité médicale et touristique. Si le monde médical domine les villes thermales dans un premier temps, le développement du phénomène touristique favorise
leur expansion9. Au milieu du XIXe siècle, « la ville de santé est déjà largement concurrencée
par la ville de plaisirs. À moins que les deux aspects de la vie thermale ne soient totalement indissociables »10. Confidentielle avant la période révolutionnaire, la fréquentation des stations
a a ha e ci , e a e a b e e, affi e. P e d e e ea de ie e atique
ostentatoire11. Le i e e e e e a i e ce e e e c ie e e a
substituer à la fréquentation locale. Or, pour ce faire, « la i e d ea e e e c e e d e
réputation uniquement médicale. Les distractions entrent progressivement dans sa
7 « Coronavirus : Quand et comment les stations thermales vont-elles rouvrir ? », 20 Minutes, [En ligne], publié le 15/05/20, mis à jour le 11/06/20, consulté le 15/05/2020, URL : https://www.20minutes.fr/societe/2779971-20200515-coronavirus-quand-comment-stations-thermales-vont-elles-rouvrir
8 Idem.
9 PÉNEZ Jérôme, Histoire du thermalisme en France au XIXe siècle, Eau, médecine et loisirs, Paris, Economica,
2005, p. 3.
10 DUTHEIL Frédéric, Le sport à la cure : vie de société et distraction à Vichy, 1850-1914, Thèse de doctorat en STAPS, Université Lyon I, 2002, p. 100.
11
problématique de santé et réussite commerciale »12. J a ei e de a Sec de G e e
dia e, age dica de ea e e g a ec d a dans les stations les plus en
vue13. E c e ce, i age d thermalisme se transforme. Le champ lexical du faste, du
e, de ai i e de i i e ace ce i d i e de a a adie. E d a e e e , e
villes thermales sont à cette époque appréhendées comme « territoires médicaux et touristiques »14.
Ce modèle est toutefois remis en cause à partir de 1947. La prise en charge de la cure par
A a ce a adie difie f d e a e ie ce d he a i e e c ie
et son image. Des années 1950 au début des années 1990, les stations connaissent une
c i a ce ec ac ai e. Mai e cc d he a i e cia acc ag e d
changement de clientèle. Seulement 141 750 en 1955, les curistes « conventionnés » sont plus
de 537 000 en 1983, tandis que le nombre de curistes « libres » suit une trajectoire inverse15.
E effe , a i c a ie e a ha e-bourgeoisie délaissent peu à peu une pratique de villégiature
jadis distinctive et font place à un public socialement moins favorisé dont la présence dans les lieux thermaux est conditionnée au remboursement proposé.
Le i e ada e ce e e e c ie e. Le a ace e a e ie e
public fortuné sont remplacés par des établissements bon marché. Progressivement, i age même du thermalisme se transforme. Ainsi, en les consacrant comme « territoires de santé »,
a i e c ie de i e he a e . Mai i e ace a i da a de d b e
d e da ce ga d de a S c i cia e e de a c fia ce vis-à-vis du secteur médical16.
12 DUTHEIL Frédéric, op. cit., p. 100.
13 Par « station thermale », nous désignons les « entités territoriales sur lesquelles se déploient les infrastructures e e ac i i e iai a ec e i a i de ea he a e ». Voir : Conseil national du tourisme, section des politiques territoriales et du développement durable, « La diversification des activités des stations thermales », présidé par MOISSET Phi i e, Mi i e de c ie, de Fi a ce e de I d ie, 2011, . 10. Si, da a majorité des cas, les stations épousent les contours des villes, elles peuvent également avoir une dimension intercommunale.
14 Le concept de « territoire » renvoie ici et tout au long de la thèse à la définition proposée par les politistes. Il est appréhendé à la fois comme un « espace structurant pour la politique et les politiques » et comme un espace socialement construit. Le territoire est ainsi circonscrit par des frontières qui bornent les élections et « imposent e i i e ac i b i e . Mai ce de i e e a a e e . S ce ib e d e , e e e produit des « acteurs du monde social [qui] participent tous, volontairement ou involontairement, à i i i a i a i c a e de e i i e . Cha e e i i e de d c e e , ses règles et ses a e e e . I agi de b e e de e e a i cia e i, a c de hi i e, i c i da e ace a f e d a a e a ce e de c e . Voir : SMITH Andy, « Territoires », in PASQUIER Romain et al. (dir.), Dictionnaire des politiques territoriales, Paris, Presses de Sciences Po, 2011, p. 469-473. 15 JAMOT Christian, Thermalisme et villes thermales en France, Clermont-Fe a d, I i d de d Ma if Central, 1988, p. 492. Encore 173 250 en 1955, les curistes « libres » ne sont plus que 59 716 en 1983. Les chiffres
ca c a a e a i de d e de a Di ec i G a e d T i e.
16 LOHEZ Marc, « Thermalisme et tourisme : les évolutions récentes en France », L info ma ion g og aphi e, n°4, vol. 64, 2000, p. 316.
12
À partir des années 1990, les acteurs du monde thermal mesurent la précarité de ces équilibres. Déjà déconsidérée au sein des facultés de médecine et parmi les nouvelles générations de médecins prescripteurs17, la médecine thermale voit son efficacité remise en
question par tat e ab e ce de e e cie ifi e d e ice dica e d . Ce
ce ici e, i b e e da de b e a ad i i a if , e ad i a je de
déremboursement des soins thermaux au tournant des années 2000.
Finalement non appliqué, ce dernier symbolise la fragilisation du thermalisme.
C c e c e a e d a e ie cia i da a i e e cha ge d c telle la
ha a h a ie, d ff e e b e ada e a i de a de a de, e i les
thermales enregistrent une chute de fréquentation importante et durable. Aux environs de 600 000 en 1992, les curistes conventionnés ne sont plus que 492 000 en 2009, soit une perte de 18 % en moins de vingt ans18. Dans certaines stations, les chiffres sont encore plus
ig ifica if . Bag e de O e perd presque la moitié du nombre de ses curistes entre 1992
(17 376) et 2009 (9 000).
P i i e de i age d e i e ca ac i e d ai , i e d ie de
at qui aspire à dérembourser les soins et à modifier un système dont elles sont devenues dépendantes, les villes thermales connaissent une forte crise pendant près de deux décennies. Cette alternance entre périodes de croissance et situations de crise, doublée du tiraillement entre
ie a i dica e e i i e d he a i e, e a ec a e i de a ie
plus ou moins importante des villes vis-à- i de a . E e e ie a enjeux complexes de
coordination » liés à la ge i b i e de e i i e e e i f e ce c ie
locale19. Ce fai a , e i e a c c i , i e / e d e e e de i e
he a e c d i i e e a a e e a e e g e e e ca d e
part, mais également à se pencher sur la nature des relations entre acteurs investis dans la fab i e de ac i b i e che e ca e.
Entre dépendance et autonomie, la problématique des villes thermales au centre d ol ion in i ionnelle et économiques plus larges
17 BOULANG Miche , E e e eig e e dica d he a i e e F a ce , La Presse Thermale
et Climatique, n°146, 2009, p. 251-256. Le ca ac e b iga i e d c d h d gie dica e e i depuis 1968.
18 Conseil national du tourisme, section des politiques territoriales et du développement durable, « La diversification des activités des stations thermales », présidé par MOISSET Phi i e, Mi i e de c ie, de Fi a ce e de I d ie 2011, p. 13
19 EPSTEIN Renaud, « La g e a ce e i ia e : e affai e d a . La dimension verticale de la construction de action collective dans les territoires », L Ann e ociologi e, n°2, vol. 65, 2015, p. 457.
13
H i a i de a a de a fi de E i e ai (fi d Vème siècle) à la
constitution des États-nations (XIVème siècle), « intermède historique » durant lequel un
i bai e d gag 20, la France est marquée pa e g e adi i d a ce a i 21.
Si la période révolutionnaire crée les communes sur la base du découpage des anciennes
a i e , e i bai i c de ab i e a e a i a . A c ai e,
E i e a ie ie a e i e a d i a i de a e ca via la figure
du Préfet. « Il faut attendre la stabilisation du régime républicain à partir de 1875 pour voir
i e e e fe e hi i e fa ab e a e ge ce de pouvoirs urbains ».
P e i d e d gi e i ia , e b icai e e de e effe i i i e
i f e ce de a ce a a fi de c e . Ce ai a e a ifie a e d b
de la IIIe République de « temps des mairies »22. À la faveur de lois qui augmentent leurs
c e ce , e i e e e de i i ia i e da di e ec e d ac i b i e e e
la santé et le social23, la planification urbaine24 e c e ac i c i e ( cia i e
municipal).
La période de e e-deux-g e e e a e a e de a ce a i i e ifie
sous le Régime de Vichy. Ce dernier « fai de a ac e c de i i e d ba i e e
de c c i . Mai c e i ab e e a ec a IVe République (1946-1958) et plus encore
avec la Ve (1958- ) e e ce de ce a i a i e de d c i de a ge de a e
des pouvoirs atteint un summum »25. A i de a Sec de G e e dia e, a e f ce
e ca aci d i e e i . I a i a i e de b euses entreprises privées exerçant des
ac i i d i b ic, c e a S c i cia e, f e e e e g a i de ha
-fonctionnaires et multiplie ses actions dans les « ec e d ac i i cia e e c i e ».
À cette époque, « ac i b i e e [e] id e d e ce ai e i e e i de
a , a c a ce i c ec if [ e ] e d gage de a a ifica i »26. L a
fi e e effe d gi e d acc a i f di e « ba a i a i de a d c i i ,
20 PINSON Gilles, « La gouvernance des villes français. Du schéma centre-périphérie aux régimes urbains », Pôle
Sud, 32, . 1, 2010, . 76. La h e a i e da ce a ag a he ai i e da e chai a ie e propos de cet auteur, p. 75-77. L e e i intermède historique e e e a a e WEBER Ma ,
La ville, Paris, Aubier, 1982.
21 LE GALES Patrick, « Du gouvernement des villes à la gouvernance urbaine », Revue française de science
politique, n° 1, vol. 45, 1995, p. 59.
22 Voir SAWICKI Frédéric (dir.), « Le temps des mairies », Politix, n°53, vol. 14, 2001.
23 Voir POLLET Gilles, « La co c i de a cia a f a ai e : entre local et national (XIXe et XXe siècles) », Lien social et Politiques, n°33, 1995, p. 115-131.
24 GAUDIN Jean-Pierre, L a eni en plan : technique et politique dans la prévision urbaine, 1900-1930, Seyssel, Champ Vallon, 1985. La référence est rapportée par Gilles Pinson.
25 PINSON Gilles, art. cit., p. 76-77.
26 LORRAIN Dominique, « A a d ce a i a i . L ac i b i e f e ib e », Sociologie du travail, n°3, vol. 35, 1993, p. 294.
14
la consommation de masse et la hausse salariale » e e e e de i i e
keynésiennes, redistributives et interventionnistes27.
Cette affi a i de a acc ag e de a abi i a i d e de i
spécifique associant acteurs étatiques et acteurs locaux que les sociologues du CSO ont baptisé le "système politico-administratif local" (SPAL) »28. Jean-Pierre Worms, Pierre Grémion et,
plus tard, Michel Crozier et Jean-Claude Thoenig, i e e e effe a e a i i
i a e e e e de a ie i c e ce e : a ( e e a a fig e d
Préfet et son administration) et les collectivités territoriales (personnifiées par les élus locaux,
notamment la figure du notable)29. Cette configuration fortement hiérarchique et verticale, dans
a e e a exerce une hégémonie étendue et une coercition globale sur les affaires
publiques locales »30, repose sur un fonctionnement qualifié par Michel Crozier et Jean-Claude
Thoenig de « régulation croisée ». La formule caractérise un modèle de relations basées sur le couple formé par des acteurs issus des filières élective et bureaucratique. Ce que soulignent ces
a e , da e ge e de de de Pie e G i , c e e les communications
faci e e e b ea c a e e ab e i ie d e e a ide
hiérarchique »31. La négociation et le compromis sont ai i ac a c d f c i e e
d e d e de e d ac e i e fi . Le ab e ( i ie ai e ,
ide de C ei g a , i c e ce diff rentes fonctions) font bénéficier à
e e i i e de a i e e e de i i e e e che e a i a e. I a g e e
alors leur légitimité. S i dominent chaque maire individuellement », les Préfets sont quant
à eux « i ie de a c ie e d i d i e e i e i e e e i i e
bea c ei e de e d e e ibi i d ie e efficace e e ac i »32. Aussi
profitent-i de ce e a i e de i g a i e e ff e e d e a
attentes de leur hiérarchie.
27 DORMOIS Rémi, Le c a i i da a a e de i i e bai e -keynésiennes. Discussion à partir de la comparaison des politiques de régénération urbaine menées dans trois villes européennes en reconversion »,
Métropoles, n°4, [En ligne], 2008, URL : https://journals.openedition.org/metropoles/3122, p. 47.
28 PINSON Gilles, art. cit., p. 77.
29 WORMS Jean-Pierre, « Le préfet et ses notables », Sociologie du travail, n°3, 1966, 249-275 ; GRÉMION Pierre, « Introduction à une étude du système politico-administratif local », Sociologie du travail¸ n°1, vol. 12, 1970, p. 51-73 ; CROZIER Michel, THOENIG Jean-Claude, « La régulation des systèmes organisés complexes. Le cas du système de décision politico-administratif local en France », Revue française de sociologie, n°1, vol. 16, 1975, p. 3-32.
30 DURAN Patrice, THOENIG Jean-Claude, « L a e a ge i b i e e i iale », Revue française de
science politique, 4, . 46, 1996, . 584. Ce e h g ie de a e d a a f e i i e e e ce fi a ci e e j idi e i e e e de e e e de e e e e e i i e b i e . Tou ef i , a c de a e 1970, e i e e d e g e i e e d e ad i i a i ca ab e de « a i e e g a e da e e e ea e gage .
31 CROZIER Michel, THOENIG Jean-Claude, art. cit., p. 7. 32 Ibidem, p. 10.
15
Ce modèle est progressivement remis en cause à partir des années 1970, décennie durant
laquelle les villes « montent en puissance »33. L igi e de ce e i e d b e. E e e
fa i e, d e a , a a i e a i d e e e g a i d a e a
« la culture "do it yourself" de la fin des années 1960 ». Ces derniers aspirent à intervenir dans
l c ie, e i i e i e di [ ] ga d a 90 a de j i de ce d C ei d a »34.
Seulement, ils constatent rapidement un sous-développement des services municipaux tant en
effec if e a ifica i . A i c de -i d i a ec e e afi d a g e e
la capacité des villes à produire des politiques publiques. La « modernisation silencieuse »
e D i i e L ai e c c i e a e e de i de d ce a i a i e 1982
et 1983.
D a e a , ce ce d affi ation des villes est accéléré par la crise économique qui
remet en cause, à cette époque, les « g a de c a ce a ag e da e de e ie . [ ]
L ac i de a a a a [d ai ] e a e ; les entreprises émergent. On est passé de
id e d État-providence ce e d a L ia ha »35. La période est alors marquée par
e ec i i de ca aci de a e de e da i de g a i e i ia e. Les
logiques néolibérales portées par des économistes comme Milton Friedman et Friedrich Von
Ha ek i e . E e ece e ac i i de a sur la délivrance des fonctions
régaliennes classiques (relations internationales, défense, justice, police) et sur la définition de
normes j idi e ce ai e a f c i e e de c ie de a ch »36. Si de nombreux
a a d i da e a e 1990 c c e a e ba a i a i de a , c e
e e a fig e d a régulateur i i e37.
En a a e triptyque instrumental diagnostic projet contrat »38, ce dernier
i i i a i e da e ie e ac i c ec i e. Il devient un partenaire parmi
d a e de ac e ca da a c c i des politiques publiques39. Toutefois, avec les
évolutions institutionnelles des années 2000 (Loi organique relative aux lois de finances votée
33 Nous faisons ici référence à : LORRAIN Dominique, « La montée en puissance des villes », Économie et
humanisme, n°305, vol. 1, 1989, p. 6-20.
34 LORRAIN Dominique, « De ad i i a i b icai e a g e e e bai », Sociologie du travail, n°4, vol. 33, 1991, p. 470 et suivantes.
35 LORRAIN Dominique, « A a d ce a i a i . L ac i b i e f e ib e », art. cit., p. 294. 36 DORMOIS Rémi, art. cit., p. 48.
37 CHEVALIER Jacques, « L a g a e », Re e f an ai e d admini a ion p bli e, n°111, vol. 3, 2004, p. 473-482.
38 EPSTEIN Renaud, art. cit., p. 466.
39 DURAN Patrice, THOENIG Jean-Claude, art. cit. Patrick LE GALES (art. cit., p. 59) souligne ainsi que « a e e ac e i a ai i e ba a i , i e de e ac e a i d a e , diff e eg e de a de e de ac e a i d a e da e ce d ab a i e de i e e ace de politiques ».
16
en 2001, Acte II de la décentralisation en 2002-2003, Révision générale des politiques publiques à partir de 2007), il modifie encore son intervention. Au « gouvernement négocié des
e i i e ba e je e e c a , a adj i e e e f e de g e e e
des acteurs locaux, « à distance » cette fois. Créant des agences centralisées distinctes de son administration et donc peu influencées par le lobbying des élus locaux, se saisissant
d i e d New Public Management tels que les normes, les appels à projets, les prix et
autres c e e , a ai e a ac e ca de a ie e ie a e
action40.
Plus largement, « e a i a i de i i e b i e , a e e i a ce de
pouvoir régionaux et métropolitains, le rôle croissant des acteurs privés da ac i b i e,
i e ifica i de ci c a i de e a e e e e i i e de i e che e et les
problèmes socio-économiques, urbains et environnementaux qui en ont découlé, ont
radicalement changé la donne de la gestion publique des territoires »41. Un nouveau modèle,
dans lequel les élus locaux deviennent responsables du développement de leur territoire, se
b i e ce i de ad i i a i b icai e. La fig e de de ea ( ab e) semble
a e e ac e a ce e d i e d e be ig e e i ica i da a
c d i e de ac i b i e (e e e e )42.
Dominique Lorrain rappelle toutefois que la décentralisation est pensée dans une logique de croissance. Or, sa « disparition » fait émerger de nouveaux problèmes (« chômage, délocalisation, inégalités de logement, nouvelle pauvreté urbaine ») et limite la capacité des
. Ai i, i a i e e age de a c ica i e a ie e ai ent à valoriser
leur action, les élus « entrepreneurs e d e a e e j a b . Dans un
contexte plus difficile, [ils] hésitent. Ils délèguent ; i e de ch a d e e b ie ».
Plutôt que de renforcer leurs propres services mu ici a , i g a i e age d c a e
de a e a ia a ec e di e i d ac e b ic , a a b ic e i . Le ca
peuvent alors continuer à se montrer entreprenant tout en diluant leur responsabilité dans
aci de ce e e c d e . Mai ce ce d a g e a i e de a i a i de
acteurs intervenant dans la fabrique des politiques urbaines entraîne par ailleurs une
40 EPSTEIN Renaud, « G e e di a ce. Q a d a e e i e de e i i e », Esprit, n° 11, 2005, p. 96-111. S e ce d age cifica i , i e e a e : BENAMOUZIG Daniel, BESANÇON Julien, « Les agences, alternatives administratives ou nouvelles bureaucraties techniques ? », Horizons stratégiques, n°3, vol. 1, 2007, p. 10-24.
41 EPSTEIN Renaud, « La g e a ce e i ia e : e affai e d a . La dimension verticale de la construction de ac i c ec i e dans les territoires », art. cit., p. 459.
42 La synthèse réalisée tout au long de ce paragraphe et dans le suivant repose sur : LORRAIN Dominique, « Après a d ce a i a i . L ac i b i e f e ib e », art. cit., p. 289 et suivantes.
17
« di e i [ ] de e ce ac i »43. Fragilisées, les villes doivent alors innover
pour sauvegarder leur « capacité politique , c e di e e capacité à prendre des décisions
e bi i e de e ce e e e e i e e e »44.
Face ce f de i , i e e a gouvernement municipal du
thermalisme revêt un intérêt particulier. De petite et moyenne taille, majoritairement
d e da e d e économie de services »45 concurrentielle, d a c i a ce e j a
c di i e a i e i e e de a via e e b e e de i a A a ce
maladie, les villes thermales subissent en effet fortement ces transformations économiques et institutionnelles. Plusieurs questions émergent alors : les élus locaux parviennent-ils à
c e e e e ai de a e a e e d e e e c i e de e e i i e ? Quel
e i e d ac i ad e -ils pour y parvenir ? Substituent-ils aux rapports entretenus avec
a de e e e a i a ec e ac e ca ( i i e , c i e e dica )
concernés par cette problématique ?
Pour une étude du gouvernement municipal d he mali me, o l in pa ic lie porté à la capacité politique des villes thermales
Le de d he a i e a d j fai bje de a a e cie ce cia e . Le
hi ie a ic i e e i e . La période du XIXe siècle, considérée comme
« ge d de ac i i , a d c e e. E a a a i de a f e a i , e
i ai e e e e e de dica e i i e e c e e ea d i e i e e
facilitant la transformation des stati , J e P e e e i i d e e b e de
i d he a i e a g de ce i c e très précieuse46. D a e che che
ci c c i e e de ec e g g a hi e, e Ma c B e i i e e a
43 PINSON Gilles, art. cit., p. 82.
44 DORMOIS Rémi, « Structurer une capacité politique che e bai e. Le d a i e de a ifica i Nantes et à Rennes (1977-2001) », Revue française de science politique, 2006, n°5, vol. 56, p. 837.
45 Selon Jean-Louis Laville, définir consensuellement les activités de service « reste improbable ». Néanmoins, il propose de les appréhender comme « ac e de d c i c i e a a de i e ac i informationnelles entre le prestataire A et le destinataire B (co a e , c ie , age ). Ce e e a i a
bje a difica i a e e a ai e A d e a i C de i e B. C e d c e c i a : un bien ou e ech i e e e i e ac i ada e da a c ce i e e permettent de mettre à di i i ( a a i , a , ai e a ce ) ; des individus que les interactions affectent soit par la captation ( ai e e , a fe , ge i ) d i f a i e c ce a , i a a a f a i de ce ai e de e di e i e e e ( h i e , i e ec e e ) ; de e i c ec i e (e e i e , ad i i a i ) e
e i e ac i i i d a a e ce ai de e a ec ( ech i e , c e , fe i e ) ». LAVILLE Jean-Louis, Sociologie des services, Toulouse, Érès, 2005, p. 21.
46 PENEZ Jérôme, op. cit.; PENEZ J e, Le ea d i e i e e da e he a i e a XIXe siècle en France », In Situ [En ligne], 2004, , p. 2-21.
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thermalisme dans le grand Sud-Est de la France47. D a e e c e i i gie a g a hie
et questionnent un phénomène précis. Ainsi Frédéric Dutheil interroge le développement des activités physiques et sportives, leur rôle et leur réception à Vichy, pendant la Belle-Époque
(1871-1914)48. Bie e i di e, a i de de e e-deux-g e e fai bje d
a ai d e e g e a i a Ca e Ca ib 49. Le géographe Christian Jamot y consacre
également un chapitre dans son vaste ouvrage publié en 198850. Mais son obje d de e
e e ie e e a c a i e i d he a i e cia e da e T e e
Glorieuses. Enfin, en 2000, le géographe Marc Lohez questionne dans un court article
e ff e e de ce d e. a e i e ce d e c i e de fréquentation, il interroge
dès lors les premières diversifications autour de la remise en forme, proposées par les établissements51.
J a i ie de a e 2010, i e he a i e e b e g e i e e t être
tombé en désuétude. Dès lors, excepté la thèse de Sybille Dupuy-Ramon soutenue en 2017, la période contemporaine demeure très peu documentée. Répondant à une commande du Département des Landes, cette chercheuse en sciences de gestion interroge, sur la période 2009-2016, les difficultés que connaissent les acteurs économiques (exploitants thermaux) et
i i e de ce d a e e ada e c ec i e e a mutations de leur
environnement »52. L a e e ace a ce e de a ai a e i de la coopération dans
e i i e e b a i e de c i i , e f c e a a e ce d e i ici
d e i a he a , g a e .
Si bje he a e ai i a di e e di ci i e , de a g e ariés et à différentes
e , a che ci gi e e a e ab e e de ce a a 53. Pourtant, les
e a i e e ie e e ac e i e i da a ge i e d e e e de i e
47 BOYER Marc, Le Thermalisme dans le grand Sud-Est de la France, Grenoble, PUG, 2005. 48 DUTHEIL Frédéric, op. cit..
49 CARRIBON Carole, Du thermalisme mondain au thermalisme social ? Le ille d ea f an ai e dan
l En e-deux-guerres (1919-1939), Th e de d c a d Hi i e, Université Bordeaux III Michel de Montaigne, 2001.
50 JAMOT Christian, op. cit. 51 LOHEZ Marc, art. cit.
52 Se a e e, e a i e a a e e i a e : « un renforcement du cadre réglementaire qui alourdit le coût du contrôle sanitaire des établissements thermaux, une évolution des clientèles qui sont da a age ac i e , e c c e ce a i a e d a i e, e eg e e d ab i e e he a a ei d ga i a i di a de e ce i a e c a a i e e e large majorité de petits exploitants ». DUPUY-RAMON Sybille, Le capital social : un déterminant des coopérations inter-organisationnelles
territorialisées. Le thermalisme dans les Landes, Thèse de doctorat mention Sciences de Gestion, Université de
Pau et de Pa de Ad , 2017, . 6.
53 Ce e ab e ce e e a i e ca a a de a a hi i e e i i c i e da a adi i de
Annales créée par March Bloch et Lucien Febvre, précurseurs de la socio-histoire. Voir sur ce point NOIRIEL
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thermales constituent un objet de recherches à par e i e. E effe , i a a ie e a
« monde thermal », ces acteurs sont par ailleurs insérés dans des « mondes sociaux » différents :
ce de a i i e, de c ie e de a deci e, a e . I a age d c e e
« région morale » c e -à-dire « e e de , d age de c e a ag »54
tout en appartenant à des « groupes de référence » distincts dont les normes ou les logiques
d ac i di e ge . Si e e e faci i e a c a i entre ces acteurs, cette situation est aussi
potentiellement génératrice de tensions et de tiraillements. Dans de telles conditions, interroger i de a ca aci d ac i c ec i e des villes thermales nous paraît constituer une perspective de travail intéressante.
Ce cc a i i c i e da e ge e de b e a a e e
i e e , a e , de ce ce i de e a i e e ac e (politiques,
c i e , a i e ) i e i da a ge i de b e b ic . Le i e d e
ce ai e ai e, a e a i d ia i a i , e e e e c e ca d de.
Ainsi, Olivier Borraz (1998) e i e ada a i d g e ement municipal bisontin aux
diff e b e e c i e , a i de a e 1950, a ec c i e e a i
urbaine et, plus tard, la gestion des conséquences de cette expansion55. En 2006, Vincent Béal
a tache, quant à lui, à comprendre pourquoi la ville de Saint-Étienne peine à surmonter les conséquences de la crise industrielle (taux de chômage élevé, crise démographique durable, forte présence de friches industrielles)56. En 2008, Rémi Dormois réalise pour sa part une
analyse comparée de trois villes (Saint-Étienne, Sheffield et Gênes) dans lesquelles des
politiques de régénération urbaine ont été menées57, a a de i e e profondément à
la ville de Saint-Étienne aux côtés de Gilles Pinson et Vincent Béal (2010)58.
54 Daniel Céfaï propose cette définition du concept de monde social à partir des travaux de George-Hebert Mead, et de leur héritage par Anselm Strauss, Tamotsu Shibutani et Howard Becker. L a e ci e e les mondes sociaux sont peuplés de collectifs pertinents. Ils sont traversés par des réseaux de sociabilité informelle, armés par des institutions complexes et formalisées, peuplés par des organisations de toutes sortes et hantés par des communautés imaginaires ». CÉFAÏ Daniel, « M de cia . E e h i age de c gie h ai e Chicago », SociologieS [En ligne], mis en ligne le 23 février 2015, consulté le 24 juillet 2019, URL : http://journals.openedition.org/sociologies/4921, p. 5.
55 BORRAZ Olivier, Gouverner une ville, Besançon 1959-1989, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998. 56 BÉAL Vincent, « L i d g e e e ici a dans une ville industrielle : le cas de Saint-Étienne »,
Pôle Sud, n° 25, 2006, p. 89-105.
57 DORMOIS Rémi, Le c a i i da a a e de i i e bai e -keynésiennes. Discussion à partir de la comparaison des politiques de régénération urbaine menées dans trois villes européennes en reconversion »,
art. cit.
58 BÉAL Vincent, DORMOIS Rémi, PINSON Gilles, « Relancer Saint-Étienne. Conditions institutionnelles et ca aci d ac i c ec i e dans une ville en déclin », Métropoles [En ligne], n°8, 2010, mis en ligne le 30 novembre 2010, consulté le 16/05/2017, URL : http://journals.openedition.org/metropoles/4380. Si a bi i e a ici de e a de ie e ha if de eche che a ce b a iques, nous pouvons citer en complément de ces travaux ceux de Gilles Pinson. Voir notamment PINSON Gilles, Gouverner la ville
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L i f e ce d e ai de a da e g e e e de i e e a ca aci de ac e
( i i e , c i e e i i i e ) e c ec i e e g e e b e
sont placés au centre de ces travaux. Plus précisément, dans les deux derniers articles cités, les
a e i c i e da a h ie de régimes urbains » développée aux États-Unis59. Cette
h ie e a e i e a b a i e de c ie i i e. Le recherches menées dans
cette perspective insistent en effet « sur le fait que la vie politique des villes nord-américaines est largement structurée autour des conflits opposant les groupes sociaux locaux à propos de
ge ce, d h e e de f e d développement économique de la ville »60. L e je de
la croissance est devenu à ce point central que des « coalitions de croissances » (growth
coalitions) sont créées par des élus urbains (soucieux de leur réélection) et des « élites du
business local grandes entreprises, promoteurs immobiliers, grands propriétaires fonciers, médias locaux, etc. qui ont un intérêt à la croissance et tentent dès lors de peser dans les politiques urbaines »61.
Ces travaux se révèlent donc tout à fait stimulants pour interroger la situation des villes
f a ai e a e de i e a i de a e 1970. E effe , a ie
acquise par les villes a rendu les acteurs locaux (et notamment les élus politiques) responsables
de a c i a ce e e i i e. C e e a e e Gi e Pi , i ie de d i e
de ga che, a aj i de g e e e bai ace ce e cc a i a c de e
priorités62.
Dans cette e ec i e, a e i de a c c i e de a abi i a i d e capacité
politique che e d e i e e e ac i . Ce a i i e i e e a a e
de e a i e e ie e e ac e i e i da a fab i e de ac i b i e (a a e
du gouvernement local) et à considérer, plus précisément, la capacité des élus locaux à faire
c e e di e i d ac e da c e e d ac i c e ifi (a a e d ie
politique)63. En effet, les enjeux de mobilisation, de coordination, de construction et de
stabilisation de « c a i i d ac e de ie e ce a . I e agi a e e e
personnel administratif des villes d i e a c a i , ai d i e e e e a
Gilles, « Gouverner une g a de i e e e e. Le egi e d ac i e de gi i a i des élus à Venise et Manchester », Sciences de la société, n°71, p. 89-113.
59 Voir notamment : STONE Clarence, Regime Politics : Governing Atlantan 1946-1988, Lawrence, University Press of Kansas, 1989 ; STONE Clarence, « Urban régimes and the capacity to govern : a political economy approach », Journal of Urban Affairs, n°1, vol. 15, 1993.
60 PINSON Gilles, art. cit., p. 86. 61 Ibidem, p. 87.
62 Idem.
63 DORMOIS Rémi, « Structurer une capacité politique che e bai e. Le d a i e de a ifica i Nantes et à Rennes (1977-2001) », art. cit., p. 837.