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La symbolique maternelle dans quatre romans de Françoise Mallet-Joris /

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1

LA S, \IBOllQl E \IATER" ELLE DA "\S QL:-\TRl RO"I-\~S DE FR-\"COISE \1-\LLET-JORIS

©Sonia Wilson, 1990.

by

Sonia Wilson

A thesis subrnitted to the

Faculty of Graduate Studies and Research in partial fulftiment of the requirernrnts

for the deg(ee of Master of Arts

Departrnent of French Language and Literature

McGill University, MO!'~real

(2)

l

RESL'ME

JUSqU'ICI, Françoise Mallet-Jons a ett ;lassee tantat comme romanclere catholique. tant6t comme femsnlste moderee Accusee par les uns d'être trop conservatrice, perçue P'v d'autres comme Immorale. elle a ete largement meconnue par une cntlque soucieuse j~ m:l1ntenlr les

c:He~OrleS Iitter;.t·re~ traditiOnnelles Au cours de ce travail. nous tentons de r1Jntrer que. lOin de ~'opposer. la fOI et le femtnlsme se rejoignent dans l'oeuHe de Mallet-J0rls pour former. a\ ec l'ecrlture. une tflple entltp dO'1t le denommateur commun e'lt le theme de la materone Nous nous proposons d'analyser ce then.e dans quatre rûmans de Mallet-Joris Les Mensunges.

l es Signes et les Prodiges. Allegra et La Tristesse du Cerf-volant. en nous appu) ant 3ur une grille symbo\Jque, dont l'interêt resld(' dans la double deflnlt,lOn du symbole comme concretisation de l'indicible et comme UOite SCindee Car la modalite temporelle et la notion de l'Identite Inherentes a l'expérience maternelle SltU:=!1t celle-CI hors du systeme discursif. ce qUI obiige l'ecrl\am deslreul,. d'aborder ce domaine SOit d'!Oventer une noU\elle forme narrative, SOit de tenter un compromis entre les formes eXistantes et ce contenu tres specifique qu'est l'experience maternelle C'est celle delll,.leme possibilite qu'aJopte FrançOise Mallet-Joris SI, sur le plan formel, elle ne se mcntre guere trop no\atrlce, elle fait preuve ~ur le plan ideologlque d'une grande origsnalite qUI releve surtout de son emploi d~ la symbolique marIale comme Intermediaire entre, d'un côte les modahtes specifiques a la materfllte et, de l'autre, l'ordre symbolique.

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Il

-\BS1R-\CT

So f3r, Franço.se \1allet-Joris has been categorlœd ellher J~ J Catholk' nll\ ell,! lH a, .1 fTloderate femlnls! AçclIsed of consenatlsm b\ sorne, pt'rcel\ed b\ others a~ Immür,\1. ... he hJS been conslderabl~ underrated b\ a Cfltl.31 :wdlence an\ILluc. 1\, m:\\nt:un tr.lllltl'ma\ Ilterar~ categories Tris thesis at\emps tJ dt'!l)(,mtrate thal 1':\I\h :.md 1 emlnl\m. f:n fnlfl1

confllctlOg WI\h eaeh otper. are Imhed ln Mallet-Jons' '1'. or" 'l'.l\h tht' pro('·'.,~ ()f '1'. n!1I1g. thu., formlOg a triple entlt)' .... here the common denommJtor 15 the themt' of Jl1Jternlt\' rhl~ theme Will be anal)sed 10 four of Mallet-Jons' no\el~. Les r-,.Iensunge\ Le~ Signe ... et k, Prodiges • .\lIer.ra, and La Trrstesse du Cerf-\olant, uSlng a s\mboh" approa.:h whn<;l' uscfulness lies In the t\1.:ofold deflnltlOn of a s)mbol as, on the one hand, a m3teTI311satIOn of the lfiexpressrble and 0n the other, a split \.JOIly foOT the temporal modalIly Jnd the çoncept of Identity Inherent in the maternai experience place It outslde the nJrT3tl\'e s)qem, thus putting any author who .... lshes to tackle Ihis area In the posItion of tllher In\(>nlmg a new narrative form or attemptlng a compromIse belween already e'lstlOg forms and the speclflc content of the maternaI expenence. It is thls latter alternatl\e that FrançOise Mallet-Jofls adopts. Although as far as form is concerned, Mallet-JorIS can hardi)' be termed Innovatl\e, she demomtrates on an ldeologlcal plane an originalJty which I!> largely the product of usmg the symbol of the Virgin Mary as an lntermedl3ry between the maternai experience and the symholJc order

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..

Nous tenons à adresser nos remerciements les plus chaleureux au professeur GillIan Lane pour ses conseils et son appui.

Nous remercions egalement le plan canadien des bourses du Commonweaith pour son aide financiere .

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1 \

T-\BLE DES \IHI[RES

SIGLES . . . . . . • • . . • l

INTRODllCHON

CHAPITRE 1 Ecnre la mere . La dimension poetique 8

CHAPITRE 2 . La mere comme fantasme. La dimensIOn onirique ~2

CHAPITRE 3 : Etre mere La dimensIOn cosmique 48

CONCL USION. . . .. 73

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~I~\' utdl~e~ rour de~l?ner cert:lIne~ neu\ res de Françoise Mallet-Joris (Pour les

edltl' ,n" \ (lIr la hll'lllIgr3phlt'. p -8 1

A A Hegra

J'aurais J'aurais voulu JOuer de l'accQrdeon

Les M Les Mensonges

L M-m Lettre a MOI-même

MdP La Maison de PapÏl;r

SP

Les Signes et les Prodiges

T d C-~ La Tristesse du Cerf-volant

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1

The reJectlOn of the duallsm, of the PO~itl\e-negatl\e polantles bet""l'l'n .... hich mûst of uur mtl'llectuai trammg has taken place, has bel'n an undercurrent of fl'mmlst thought And, reJecttng them, ""e reafflrm the eXistence oÎ ail those who have through the centufles heen negatl\el~ defmed not only women, but the (untouchablt'», the «unm3nl~ )), the «nonwhlte)), the (<llllterate» the (<InvIsible» \\ hlch forces us to confront the problem of the es~entlal dlchotomy power /powerlessness

\ 1

Adflenne Rich, Of Woman Born Moth~

as expertence .,nd !nstltutivn (1976, Ne .... York. Norton, 1986), p 64

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((,mme l'J deja signale Claude Ro), nombrt'ux sont les çntlques qUI ont presente

S':anJ311~t'S pJr les J\enture~ lesb'ennes de son premier personnage femlnm (l'Helene du f\l'!}!Q3rt des Beguln~), l:e~ l:rI!IQue~ ont \U d'un oeIl apprubateur la coO\erSlOn de la romanl:H,'re au l:atholKlsme en 1955 et se son! empresse~ par la sUite de redulre toute l'oeuvre Je cette dernlere a la trajt'çtolre maunaçlenne, famillere et rassurantp <·("Famllie. je \ ous h:1'S" menant a "Dieu, le vous aime "»2 Petlle formule bien commode, ce resume sommaire permet de remplacer la l}alOe par l'amour. de !>ubslltuer la religIOn a la re\olte et de transcender la famille par Dieu AIOSI hberee de ses craintes sur les pOSSibilites sub\ersJ\es JU Immorale!> des textes en question, la critique peut se mettre a exalter sans reserves la purete du style, «la diction alsee et ,"olante»3 de l'auteur Si Claude Roya bien reconnu que «le cynisme de ses premiers livres,» 1010 de s'oppo:;er a <<l'espnt religieux secret de ses derOlt'rs»·le reJoJOt dans la même «longue, patiente quête,»" 11 ne pousse pas plus loin cette obsenatlOn.

La critique catholique proprement dite s'est cependant montree plus circonspecte SI elle ne manque pas, à l'IOstar de la cntlque lalque, d'evoquer, parmi d'autres, les nOl11s de MaUriac, de Julien Green et de Camille Mayran, et SI elle se reconnait «blenvetllante à

1 Claude Roy, "Françoise Mallet-Vérité," Françoise Mallet-Joris. éd. Mo.lique Détry, (Paris' EditIOns Grasset, 1976), p. 8

2 Ibid, p 8

3 Emile Henriot, "Cordelia: La plus délicate dentelliere," Fran';oise Mallet-Joris, ed Détry, p. 53. 4 Roy, Francoise Mallet-Joris, ed. Détry, p. 10.

s Ibid, p. 9

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l'egard de (la) personne»6 de l'auteur, el'e ne s'en trome pas mOln~ dl' Iset' fa.:e, par t'\t'mplt', au\ Signes et les PrQdl~ dont la \aleur, selop. dit- ~e \1'It .:on~\I,kr:\t-h:'ll\t·f)1 dllnlnul't' du f:.llillue la ((slgnlfl..::atlon religieuse [ ) r'arrarJlt pa~ ilt'tlt'l1Wnl a tra\t'r~ l'tll'u\re,,' \ l'n crulre \ -H Debld"ur. Dieu IUI-rnt'me he\ltl'ralt ('l'nlre Il' ~OUrlre et le 1 roo':l.'meot dl.' sourcils» de\aot (da hlz3rre n:l\ette que sa l'die rum,lnl.-Iere fait ICI t'ntre b gl.\ndt't· aux pourceaux et la m:lI~on de son Pere»8 (1) Cund unnatlon tran.:nante et Irrt'\ (ll'able qUI, a def:'1ut d'une analyse rlgourfu~e de la nature speCifique de Id rel.'herche Spliltuelle dont Il e~t question dans Les Signes et le~ Prod~, temolgne au molO~ du fJIt que Fran,;olse Mallet-JOriS n'est pas une romanclere catholtque "comme les autres" Et que dire d" la reactlon .j';:.Jtres cri!lque~, dont par ~xemple Lucille Frachmall Becl,er qUI a vu, surtoU! dans le<; premIers textes de l'ecnvalO, une tendance femlnlste marQuee par une serte de personnages femwlns dont la "olonte et "Inltlall\e depassent de lOin celles de leurs humologues masculins'> Une telle etlquette n'empêche par.; cependa lt Bed,er de reJotndre le parcours deja trace par des critiques Jflteneures, car elle aU-'SI d. ,I!ie l'oeuvre de l'ecrn31n en deux phases, Quitte, comme l'a SI pertinemment slgrJale Nelson, a passer sous <;dence tout ce qUI a trait

au

femlOlsme lorsqu'II s'a~lt d'examlOer les prer,ccupatlOns mystiques Dans ce brouillard clltique ou Mallet-JOrIS se \Olt accusee d'être tour

a

tour trop IlbertlOe ou trop consenatnce, Il n'y a que Nelson elle-même qUI a su reconnaître

a

ses textes une speCifiCite dont l'ongl'lallte a le don d'aller Jusqu'a ebranler I",~ bases des calegofles cfltlques traditionnelles A propos d' Allegr.!!, elle constate, sans toutefOIS elaborer davantage, que <dhe two the me.;: , remlOism and the quest for tne absolute, are wo .. en together 10 a very troublms

6 Jean-Marie Paupert, "Debat autour d'un nouveau roman' Les Signes et les Prodiges de Françoise Mallet-Joris," Ecclesia, no 21; (oct. 1966), p. 75.

7l.Pld, p 75 8 Ibid., p. 81.

9 Louise Vanhee-Nelson, Compte rendu de Françoise Mallet-Joris, LUCIlie Frackman Becker, World Literature Today, LX (1956) p 256,

(10)

Or. ~elon nous. cette alliance SI peu orthodoxe de catholicisme et de femlnlsm~. lom de 'c cantonner dans le seul roman \l1egra. se repand dans toute l'oeuHe de Françoise Mallet-JlIfl5 Et le :Iment qUI cc,n~ollde leur unIOn. la clef qUI. en nom donnant J..:.:es a ce 1 uSlunnement ~I oflglOal. condull droit au coeur de l'unl\ers romane~que mallet- jorlsslen se tHIU\e etre 1", theme de la maternlle o\fln dOl1c de faire ressortir l'en\ergure de ce theme et surtout d'etr(' en mesure de SUIHe les de\eloppements qUI ne manquent pas de se produm. au fur et a mesure que l'oeu\re de FrJ.nçolse Mallet-Joris e\olue. nùus baserons notre analyse sur quatre romans qUI se situent a une dlzame d'annees l'un de l'autre Les Mensonges (1956) dont Emile Henriot s'eenera a\>ec JOie que c'est «un roman enf 10 qUI est un roman»10('l, Les Signes et les Prodiges (1900) dans lequel les preoccupatIOns splfltlJelles acqulerent unI." nouvelle dimenSIOn, Allegra (1976), roman d'une «puissante etrangete»l1 selon Poirot-Delpech et La Tristesse du Cerf-\ol3nt (1988) ou l'explOitatIOn du theme maternel est poussee a son plus haut pOint 12

Il nous reste a eluclder le trolSleme terme de .::et amalgame de 101 et de femlnlsme, car Il est indubitablement triple catholique et femlnlste, FrançOise Mailet-JoriS n'en est pas moins ecrivam. SI, d'un pOint de vue structurel, recherche splfltuelle et revendication femlnlste ne peuvent se fo.muler en dehors de ce systeme de signes qu'est l'ecnture, sur le plan Ideologique les actJ\-ltes d'e":flre et d'enfanter jaIll!ssent d'une même source, celle de la fOl On ne saurait Ignorer d'ailleurs ce que la romancJtô're elle-même est prompte a souligner: il y a, nous a-t-elle declare, une «parente tres etrolte entre l'instinct maternel au sens tres large et la creatiVite, l'ecflture »13 Desabusom dO us pourtant tout de suite II s'agit de beauco,'p plus ICI que des metaphores de la maternlte dt'Jà tant rabachees par des eCfivams masculins

10 Emile HenrIOt, "Les Mensonges Un livre admirable et solide," Françoise Mallet-JQ!TI, éd. Detry, p 57.

11 Bertrand POIfOt- Delpech, ft Allegra et j'aurais voulu Jouer de l'accordéon," FrançOise Mallet-JOflS, ed Detry, p 100.

12 Lé' fait que le dernier roman de FrançoiseMallet-JoTlS.!t\driana SDosa, paru en janvier 1990, est axe sur un~ relat10!1 mere-fdle confirme l'importance du maternel dans l'uOlvers romanesque de

cette dernlere

13 Interview avec l'auteur, Pafls janvier 1990.

(11)

se

de battant dans les affres de la creatl\ He, dont l'intensite leur \emhle Justifier un rapprochemenî de l'actn Ile specifiquement femlnlne de l'enfantemt>nt 11 SI elle ne manque

pas d'une part. de ressusclter le~ liens Ine\ Hable" entre 11\ res et enfant' cnn1n1e ~\ mbole\ de la sun le et. de l'autre, d'Identifier, a l'Instar d'un Pruust. .<Ie bes 'In d'ecnre» :lU «be~(lIo de consener, de faire durer» (L M-m, 119), \ttallpt-Jofl~ pas<;e uutre pOUl iaçonner unI:' phIlosophIe qUI lUI est propre Car «le plaiSIr de la posse~SlOn,» le «sentlm.:'nt de seCUrIte') que l'ecrlture procure dans un premier temps a l'ecrI'valo angoIsse par «la fUltt' du temps,» s'evanoulssent par la sUite pour ceder la place a (d'autre pal\, qUI est d'accepter que le ltvre aussI. fugitif, passe » (L M-m. 119) -\ la s.:paratlOn de l'entlte mere- enfant qUI a heu lorsque celUI-CI entre dans l'ordre c;ymbolIque a tra'vers la parole, correspond la separatIOn auteur-In re qUI se prodUit lorsque cell!l-cl QUllt<- les maIn<; de son createur pour ètre lu par un autre, Ce double acces a la palole ne <;Ignlfle, pour la mere-ecnvaln, que pure perte C't";;!

«a fonds perdus» que travaillent mere et f'Cfl'valn parce que (<les livres et le) enf.1nt<; se detachent. se transforment» (J'aura§, 59) AusSI l'ecnture 'dent-elle rejOIndre la maternlte comme actlvlte qUI enseigne la gratuite et qUI, en fin de compl:', rame ne l'ecrIvain-merl' face au mème phenomene que la cre3th Ite de Proust a'valt pour but d'effacer la mort

On n':: possede ni les enfants ni les ll\,res, mais <;1 on le salt, on est tout pres de pen!>t'r a la mort Parce qu'li est tres difficIle et tles dur de s'engager dans quelque chose qu'on ne possedera pas (J':,urals, 85)

C'est donc plus precisement dans sa concepllOn de la relatIOn auteur-texte que se sItue l'originalite de Mallet-Jons A l'encontre du narrateur proustIen pour qUI l'ecriture n'est que l'outil permettant d'apaiser l'angol~se seculaIre engendree chez l'homme par la perspectIve de sa propr~ mOrlal1te, Mallet-JorIs restItue au texte sa pleine autonomie en renonçant :l son rôle de propr etai -e et de producteur

1:n somme, c'est comme SI Je fabnquals une vOIture Elle roule Ce n'est plus moi qUI condUIS Elle etaIt faite pour rouler Quant au chemin qu'elle SUit, est-ce ma faute SI le conducteur prefere les Landes et mOI la Bretagne? (J'auraiS, 23)

«Le dIvorce Impito)able» que, selon Barthes, «1'lOstltutlOn htterarre maJl1tlent entre le

14Selon certaines fémlOlstes, dent K Rabuzzl et A. RICh, de telles metaphores seraient nees de la peur qu'inspirent che:.: l'homme les capaCItés reproductrices femlOlOes et son besolO de I~

(12)

fabricant et l'u~ager du texte. son proprietaire et son client. son auteur et son lecteur»15 est annule rar une philosophie QUI reconnan au lecteur ses droits de faire du tourne\ LS fabrique par l'auteur un tire-bouchon ou un prt'sse-puree(l) (J'aurais 2~) Tout comme l'enfant. dont le de\eloppement ne ,-es~(' pas J\e..: l'autonomIe. le texte. une l'OIS echappe des mains de son createur. n'est paf-, un prodUit ache\e. Impermeable a toute Influence exteneure, mais reste. au contr~lJre, a JamaIs ouvert le mot "flll" constate Mallet-Jons. «r.e signifie pas que ce Il\re

SOit f1l11. mais Qu'on a fait pour lUI tout ce que l'on pomalt» (L M-m. 197) Dans cette vision ou se discerne cl~mement l'empremte d'une certaIne pensee post-moderne, enfants et liHes se 'voient attribuer le même drOit a )'e\OlutlOn t"t a l'ouverture. la même prerogative d'être jJorteurs de leurs propres sens, par une mere-ecnvaJn ou' ene a toute posslblhte, y compris celle que l'enfant/livre \ehlculent des slgmfications radIcalement opposees a celles qu'elle aurait voulu leur leguer

SI pourtant le maternel dans l'univers romanesque mallet- jorissien tire des liens etroits qUI le rattachent, sur le plan Ideologique, au processus de l'ecnture une importance evidente et facilement demontrable, le choix de l'approche par laquelle il con\ ient d'aborder ce theme est plus difficile Car la double problematique que presente le corps maternel rend tout discours - et donc tout lneta-dlscours - difficilement tenable, dans la mesure ou ce corps est a la fois IOvlsible, a)ant ete relegue a l'ombre par une culture qUI, depUIS le siecle des Lumleres, deprecle le corporel au profit du cérébral, et IndIcible; phenomene que cerne très precisemenT • uln K nsteva

Aucun signiflanr !le [peut] l'exhausser sans reste, car le Signifiant est toujours sens, communicat\nn ou structure, tandis qu'une femme-mere serait plutôt un pli étrange qUI altere la culture en nature, le parlant en blOlogie Pour concerner chaque corps de femme, cette hetérogeneite insubsumable par le SIgnifiant n'eclate pas moins VIOlemment avec la grosse~se (seuIl de la culture et de la nature) et a\ec l'arnvee de l'enfant (quI extrait une femme de son uniCIte [ ]) Ces particularites du c0IJ's maternel font d'une femme un être de plis, une catastrophe de l'être [ .]1

Des nombreuses approches a notre dispOSition, il nous semble que la grille de l'imagination

15 Roland Barthes, S/6 (ParIS: EdItions du SeUil, 1970) p. 10.

(13)

S\ mbol1que repond le mleu"\; au\ e)ugences partlculIeres de la problematique en questl0fl Or. Il faut tout de sUite souligner que SI, au CourS du tra\all qUI <;ult nllu~ nous senon;. dl' dt'lI\ deflnltlons dlfrerentes du s) mh~,je. c'est que ces Jeu, Iflterpret1tll1ns. maigre une legere dlfference de terminologie - DurJnd rarle de "la 'i\mr.ollque" tandiS qU'II c;'a!1,Jt. POUl Knsteva, "du s)mbolIque" -, sont complementaires [n effet, c'est st'ulement t'n le'i combinant. en nous appu)ant autant sur l'une que sur l'autre que noue; pou\ons aburder le theme du corps maternel Jans toule sa comple\,lte

Gilbert Durand decrlt le S) mbole comme «signe rem oyant a un IOd IClble et IOvlslble Signifie et par la etant oblige d'Incarner concretement cette adequat IOn qUI lUI ech~:-p(\ et cela par le Jeu des redondances mythiques. rItuelles. lConogr:lphlques qUI corngent et completent inepuisablement l'inadequatlOn.»17 Etant donne que le s\ mbale a pour objet de «figurer l'infigurable,»18 de faire apparaître l'IndiCible dans et par une representatlOn concrète, celle-CI - autrement dit, le signifiant - sera «toujours chargee du maximum de concretude»19.

[ ... ] tout symbole authentique possede trOIS dlmer.Slons concretes Il est à la fOIS "cosmique" (c'est-a-dire pUise a pleines maInS S3 figuratIOn dans le monde bien Visible qUI nous entoure), "onirique" (c'est-a-dlre s'enracme dans le'i ~OUvenlrs, les gestes qUI émergent dans nos rhes [ j), enflO, "poetique", c'est-a-dlre que le s~ rnbole fait aussI appel au langage, et au langage le plus jaillissant, don-: le plus concret 20

Les avantages qu'offre une telle VISIOO sont Immediatement apparents, apres tout, ne venons-nous pas de constater que le corps maternel est

a

la fOIS lO\'Jslble et indICible') Quant

a la

definiuon de Krlsteva, elle ne se revele pas mOins pertinente Afin de Justifier son chOIX du terme "le symbolique' pour deSigner «cette unification toujours scmdee. produite par une rupture, et Impossible sans elle,»21 qu i constitue l'une des d~ux modalites22 du proces de la

17GIIbert Durand, L'Imagination symbolique (1964, ParIS: Presses Universitaires de France, 1976), p. 18.

18 Ibid, p 12. 19 Ibid., p. 13, 2oIbid,

(14)

l

signifiance sur lequel se fonde le langage, Kristeva faIt appel a l'etymologle

SI le .n~I>"Aul est un signe de reconnals<;ance. c'est rarce qu'Il ~ a eu coupure en deu\ d'un ~,obJet» dont chacun a emporte une partie Il est le rarprochement de, deux bords d'une coupure. comme les paupleres des yeux, Il est au~sl. et en con~equen('e. tout rapJirochemenl. loute mise ensemble qUI sont contrat. c'est-a-dlfe .;;onsecutds a des hostlilles ou les supposan~. JI est enfIn un ech::wge m::1IS e..:-hange d'hostIllte 3USSI 2~

l:ne telle dt'flnJ!lon a le merlte de f31re ressortir clairement cette propriete du symbole qUI. dans les propos de Durand, n'est pas suffisamment mise en valeur' la notion d'uflIte scmdee qUI, s'oppo:,ant a celles, plus tradllJonnelles, d'uniCite et de Imeaflte, est Inherente a la fOIS au "ymbole et a r~xpeflence maternelle. En effet, le parallele entre les composaJltes de l'une et les proprIetes, ali'SI detaillees, de l'aut;~, est frappant. car l'enllte 111ere-enfant ne constJtue-l-elle pas Justement un "rapprochement", une "mise ensemble" des deux partIes de ce qUI, au moment de la grossesse, formait un seul corps, "rapprochement" qui n'en est pas mOIflS, comme nous le verrons au cours des chapitres suivants, lieu d'hostihte?

Or, si nous retenons autant la defInltJOn de Knstev<, que celle de Durand, c'est pounant

SlH cette derniere que nous baserons la diVIsion de nota e memoire Etant donne que notre

etude se Iim:te a un univers romanesque mis en place par un systeme discursif, il importe de cerner tout d'abord la dimenSIOn poetique du symbole maternel (c'est-a-dire d'examiner de quelle faç" . ., l'expenence maternelle s'inscrit dans I~ texte mallet- Jonsslen) pour ensuite analyser la dimenSion onirique (c'est-a-dlre l'Image maternelle qUI s'ancre dans la conscience de l'enf?nt) et, enfin, la dimenSIOn cosmique, laquel\e se manifeste, comf:1e nous le verrons, par une puissante symbolique mariale.

22 L'autre est le semiotique, terme utilisé par Kristeva pour nommer «ce que la psychanalyse freudienne, indIque en postulant le frayage et la disposition structurante des pulsions mais aussi les procesilli, dits 12rimaires qùi deplacent et \..ondensent des énergies de même que leur Inscription.» Ces pulsior.s articulent ce que Kristeva appelle une chora et qu'elle definit comme «une totalite non e'\r:-essive constituee par ces puISIOns et leurs illill en une motilIté aussi mouvementée que reglementee» (Ibid, p. 23) Souligné dans le texte.

(15)

CHAPITRE 1

ECRIRE LA MERE: LA DIME~SIO'\ POETIQl'E

Lesson If you are Introducmg ne\\ conlent, It IS more readd~ re-cel\ed If \OU \\orl-. wlthm accepted forms - the problem l~ that the- forms thernsehe~ m'a1--e Jt Impossible to deal adeQuatel) \\Ith certam contenl - content suC'h as the maternaI expenence 24

CJpter le monde reel. le communiquer a la conscience d'autruI en l'lnscrI\'ant dan., l'ecnture, concreuser le referent dans un systeme de Signes QUI, comme l'a signale 3 Vannier, le rend visible maJS en dehers duquel Il n'exI~te pas, tel est le defl Inherent au proce~sus de l'ecriture, l'obs\acie dont l'aspect a pT/on Insurmontable a engendre une gamme de procedes narratifs - qUI va de ceux de ployes dans le roman realtste jusqu'a ceux preconises par les nouveaux romanciers - et declenche chez certains eCrlvains de v('rtlables Crt~es mentales. Pour emprunter un exemple a Vannier, le systeme diSCursif peut, pour signifier la beaute, «la dIre (par tautologie), la suggerer (par comparaison), ou a'vouer son Impuissance [mais] Il ne peut jamais la montrer »25 Deja diffl;::t!e a contourner, cette problemaliQue de l'ecnlure se complexifie lorsque le referent en questIOn deVient le corps feminin et, plus partlcul erement, le coros maternel Si I~ passage de la langue commune au discours narratif a pu poser maints problemes a un Flaubert par exemple, le déslT d'mscrire dans l'ecnture un corps dont des zones entières ont ete releguees au domaine du Ilon-dlt, obscurCies, VOlTe oblIterees sous le pOids du silence, un corps donc QUI n'a deja pas de place dans la langue, en pose encore davantage. «Manque-a-être», «nuit», «opaque et liqUide», le corpe; femmln a ete, comme l'écrit Madeleine Gagnon, «cache pendant des slecles >~26 Problematique fort complexe que 1a simple illumlOation des zones ombreuses sous la f.)rme d'un etlquetage

24 Carol Whitbeck, "Afterward to The Maternai Instinl;,t," Mothering, ed. Joyce Trebilcot (New Jersey: Rowman & Allanheld, 1983) p. 195.

25 Bernard Vannier, L'Inscription du corps (Paris, Editions Klincksie.;k, 1972) p 137. Souligne dans le texte.

26 Madeleine Gagnon, "Mon Corps dans l'Ecriture," La Venue à l'Eçriture, Hélene Cixous et al , (Paris: UnIOn générale d'edltions, 1977) p. 64.

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-complet ne resout aucunement dans la me~ure ou une telle tentatIve s'avere tout de sUIte Impusslble SI le corps femlnw echappe de façon SI complete au filet du discours. s'II est Indicible. ITJnommable.27 c'est que l'expenence femmlne, ou ::e que Rabuzzi appelle

«g~ nocentflc thought» et qu'elle defmJt comme (crelational and hohstlc.» depasse les structures theorlque~ andro~entrlques. «reductlve [and) duahstlc.»2R sur lesquelles repose notre !'ocle!e IndiCible parce que non conceptualisable, InsaIsIssable par un mode de penser constrUIt sur les notIons de Imeante et de dlfference. le corps maternel oppose aux structures androcentnques une «ContInuIte, abondance. dehre»29 qul rendent ImmedIatement evidentes l'inefflcaClle, la pau-.rele de celleS-CI SI, comme le dIt Julia Knste\J, eCTlre l'expenence de la grossesse constItue «(Une epreuve du di~cours,}}3o c'est que le matemel se definlt comme bouleversement des notions traditIonnelles de l'Identite, comme eclatement du concept rassurant de l'unite qUI sous-tend le dlsccJrs masculm .

Appelons «maternel» le prinCipe ambIvalent qUI tient, d'une part, de l'espece, de l'autre - d'une catastrophe d'IdentIte qui fait basculer le Nom propre dans cet innommable qu'on imagine comme de la femmite, du non-langage ou du corps 31

SaiSIr l'msaisissable, dire l'indicible, tels seraIent donc les buts propre<; a l'ecrJvam prêt à aborder l'! corps femmm autrement que comme un objet à être manipule selon les besoms d'une societe patrIarcale; buts qUI mettent en question la validIte même du discour<; androcentrique et propulsent l'ecri"ain dans un couran. de pensee dont les dedales ont ete e\0ques par une Helene Cixous ou une Luce Ingaray. S'agIt-Il, VOIre, est-ce possible, d'Inventer une nouvelle langue, une '«parole de femme»32 ou faudrait-Il plut(\t - au nom de

27 Le « manque-à-être» a ete gomme, comme le signale Gagnon, dans la culture patriarcale par un processus d'objectIvatIOn, l'elevatlOn «au rang d'objet d'art}). (l!2!Q)

2B Kathryn Allen Rabuzzi, Mother~elf (Bloommgton Indiana Univt'rsity Press, 1988) p. 13. 29Cixous, La Venue à l'E(,r1ture, p. 62.

80 Knsteva, "Stabat Mater", Histoires d'A mour, p. 226.

81

lhlQ.,

p. 226

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10 la clarte et de la comprehensIOn unl\'erselle - se contenter d'adapter le discours mas~'ullO')

Ce qUI nous rame ne a rob~ef\ :Hion de Carol \\ hlrbed-, que nOU~:ï\ '.Hl" placee :tu dt>hut de ce chapitre Im~'ürte-t-tl de pm tlegler le fond ou la forme'

Au premier abord. Il s.embl~ralt oue Mallet-Jorl" ,111 resolu hlen h:ltl\t'ment 13

problemauque en "Iuestlon en sacrlflanl ~ans ceremonie les modalHes propres a l'experlepce femlOlOe aux forme~ consacrees du discours mascultn Apres tout. ce n'est guere chez une rorranclere dont les premiers romans lUI ont valu des comparaisons elogleuses a\t'c Balzac, ce represent:tnt

nr

excellence de l'l'cole realtste, que l'on peut esperer decouvrlr le~ germes d'une parole Je femme Et pourtant. au fur et à mesure que l'oe\:vre mallet- Jortssienne l'value, le theme de la maternlte revêt une Importance croissante de sorte que, s't1 n'a certes pas incite la roma:lciere a devancer une He'ene Cixous, tI sèmble neanmoins s'accompagner de legeres deviatlOns des normes reallstes.

Premier texte de notre corpus, troisieme roman a être publte p<lr Françoise Mallet-Jons, Les Mensonges se conforme a II.eneille à la tradition reahste, alOSI fournissant un pOlOt de depart, un degre zero par rapport auquel des developpements narratifs ul!erteurs acqulerent une signifIcatIOn Personnages nantIs d'IdentItes distinctes, facilement dechiffrab1c:> puisque sUjets aux lois psychologiques Qu'un lecteur noum de Stendhal ou de Zola n'a aucune difficuIte a penetrer, tntrigut dont le deroulement lineaire et la logique causait menagent peu de surprises, objets qUI ne sor(('nt jamais de leur roll' restrelOt de supports aux personnages (ainsi une chaise n'existe, dans Les Mensonges que dans la mesure ou un personnage y sera bientÔt assIs); narrateur omnipresent et omnIscient tout y est Une legere oSCillatIOn autour du nom d' Alberte33 - nommee ainsi, de façon systematique par le narrateur, cede-ci devient

tour a tour, selon le personnage qui parle et ses propres IOY2utes, Bertha, Alberte Van Baarnhelm ou Alberte Damlaen - est vite occultee par tant de conformite a un modèle narratIf qui date du slecle précédent

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Il faudra attendre Les Signes e't les Prodiges pour voir pOindre les pre'mleres esquisses d'une modification, SI Infime qu'elle SOit, des notIOns rornane'sques .:onsacrees, modifiCatIOn qUI transperce ~urt()ut au nl\eau de~ pers()nnage~ car en ce qUI conCë'rn~ le temps. l'mtrlgue et la VOI\ enonCIJtrlce Mallet-Joris ne fait guere pleu\{' tforlglnallte La deU\leme guerre mondl::>le ne fall lrJ uptlon dans le texte qUt' bien cadree dans le ~ou\enlr des personnages en

questIOn, eux-mêmes fermement anc.res dans un present romanesque qUI se deroule selon les lOIS Inexorables de la Imearite temporelle (ainsI Les Signes et les Prodlge~ rejoint Les Mensonges pour s'Installer. du molOS partiellement, dans une tradItion de romans rememùratlfs) Et SI, d'un ('1te, les nombreux paralleles tires entre la guerre de 39 et celle d'Algerie produIsent une espece de sciSSIOn de j'mtflgue qUI ne dIsparaît que lorsque HeinZ, ancien bourreau nazI. qUitte son Allemagne natale pour se promer.er a Lyon parmi des rapatries indignes et des rubriques de Journaux qui ne par!ent que des mJustlces algeflennes, et que, Je l'autre, la VOIX enonciatnce OSCille, lorsqu'elle transcnt les monologues mterieurs de Nicolas et de Beatflce, entre la premlere et la troisième personne sans passer par l'intermedlalre des guillemets (marqueurs te\tuels indispensables a la constructIOn d'une identi:e dlstmcte), de tels procedes ne sont pOlOt pousses plus loin C'est donc au domaIne des personnages que se limite tOllte veritable infractIOn aux rodes romanesques traditionnels, infraction dont Il faut pourtant Signaler la faible envergure on est ,;ertes loin des personnes grammaticales qui peuplent les pag~'i de certains nouveaux romanciers Toujours est-Il que l'unite et la coheSIOn fondamentales à la construction du personnage roman€'sque traditionnel cerise être avant tout credible, vraisf mblable et fidele à sa propre logique, s'e~fritent devant une sciSSIOn qUi s'opere presqu~ systematiquement au sein de chaque p~rs:)Onage pour condUire, au fur et à mesure ~ue le texte se deroule, à un effet de désmtegr:1t ,:.:n qui contraste nettement avec la stabilite comentlOnnelle cara~teristlque de son debut. Se pl opageant même jusqu'aux personnages secondaires, dont on dirait que la raison d'êtle dans le texte se rédUit justement à augmenter l'ImpressIOn de decequihbre, cette destabihsation constante est souvent - mais pas toujours - marquee par un deplacement dans l'espace

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,

.t pudique» (5 P, 301. apres un \a-el-\ lent rerpetuel entre son interieur nl)Urgello; l't

l'appartement sordide. faussement exotique de ~·()lette. l'mit par rt'up.1T .:e' dt'U\ unl\er~ t'n Installant Colette, accùmpagnee de son attlraJi de Jeune drogut't' dan~ l'an':lt'nnt' chambre dt' son fils \\anda. mere de 'Icolas et de Str:lOn, SUIl un chemlnenwnt part'Il ,>on dep;nt de ,~1 petite ferme allemande lo\ee, tel un :-IcceSS(lIfe de tht'3're. au centre ... j'.,un pJ',"age peint., ($ P ,68). et ~on arrnee a L~on - premier contact a ec le mondE' ('\!t'rleur depul<; la fin dt' la guerre et lIeu de confrontatIOn avec son fils - entlalnent l'e.:latement du Der<;onnage dt'

«fermlere en bOIS de Nuremberg» (~, 68) qu'elle s'etait SI sOIgneusement construit En revanche, aucun deplacement spatIal ne Vient Signaler Il' demantelement du personnage de «mari parfait, ami parfait» (S P 136) qu'afflch:lIt Yves-.'v1ane O\U contraire ce n'est pas lui qUI qUitte son univers restrelOt de reunlOns politiques et ~Olrees familiales. mal~ plutôt les composante5 essentIelles de cet unIvers - a savon sa femme et son meilleur amI - qUI disparaissent. Les resultats sont pourtant sensiblement les f'1êmes ((tout lUI (ghsse] des mains» (~ 136), Y compris la notion de sa propre Identite

Le miroir de la chambre a coucher lUI ren\o~alt l'imagt' d'un beau garçon blond, energlque, aux cheveux tadles en brosse, au "Is.\ge carre, un peu amencam Un garçon qUI commençait lUI aussI a devenIr un etranger, un fantôme ISJ:., 140)

Quant a Nicolas, li endosse un personnage apres l'autre, passant de celuI de Jeune homme sobre, range, calque sur le modele (qUI, nous 'venons de le VOIT, flOlt 1\11 aussI par s'effriter) de son pere, a celUI de hedonlste têtu dont l'obstInatIon qu'JI met a 5 amuser en trahit la faussete, avant de renoncer à ses efforts pour se conformer a un moult' quelconque et se laisser gUIder ~lr le sort, declSIon dont l'cchec se scellera par la mort Au rang fort peuple des personnages secondaires, la destabilisatlOn n'est pas motOS complete De belle epouse et jeune mere, Yvette se transforme en prostituee sur les trottoIrs de Brest, le general aux «gro!. yeux bleus rêveurs», au «visage de bebe» qui falf preuve d'«une generosLle d'enfant»

<s.L,

71) tente, lors de sa deuxieme appafltion dans le texte, de violer Marcelle

Le faIt que chacu.le de ces transformations est realisee (sauf dans le cas du general) selon une logique romanesque conventionnelle consistant à 1'"explJc"Jer" par des retours en arriere

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-!

dont II: but est dt: restItuer au personnage en questIOn un~ dImensIOn psychologIque qUI ne dt'pa~~e nullement les bornes du \ ralsemblaole, ne dImInue en rJt'n l'Ii1tensllt> de l'attaque cüntre l'ldenwe l'onç.J(' comme entlle fIxe, qu'une telle SCISSIon Interne represen'" Car Il

nt' ~'aglt nI pOllf Paul. ni pour \\ anda, d'echanger un personnage contre un aut!"e, mais de manIfester une dImenSion de leur ëtre qUI a toujours coexiste - bIen que plus obscurement - a\el' celle qu'Ils affIchent d'ordmalre On se trouve en somme en face d'un effet de clivage. d'une unite SCindee fort evocatrice de cette .. ISlon maternelle de l'Identite que Rabuzzl a nommee «a bmarj-unlty »34 Nulle part n'est cette refutatlÜn de la conceptIOn androcentnque de l'Identite plus e\ Idente que dans le decalage ~UI existe entre Wanda dont, on l'a vu, l'tnteTloqte contredit de la la façade exterieure, et l'Image fictive (fictive donc a'l deuxieme degre) que son fils eCflValn cree d'elle dans son premier lIvre. ('ar la Wanda "reelle" ne corresponrl en TIen a son analogue poétique, lequel est on ne peut plus conforme a un modele dualIste et reducteur valoflse par un fils '=lue domlOe un manlchelsme des plus forts. En effet, c'est a une \entable deconstruction du personnage romanesque traditionnel Que le lecteur assiste alors c.ue la Wanda "fictive" s'etelnt doucement apres avoir subi, en tant Que victime innocente, les InJ\!stlces naZies, se rangeant ainsi sam equivoque du côte du Bien, la Wanda "verttable" survit allx horreurs du camp de concentration pour se mafler avec son bourreau et effacer jusqu'au sou\enlr de ses deux fils Il faut toutefois signaler yu'un tel ebranlement des procedes narratifs conventionnels se lImite à la deconstructlÜn du personnage de Vianda Si certains propos emls par un Nicolas desabusé, determlne à adopter vis-a-vis du monde qui l'entoure une perceptIOn radicalement differente de celle qu'il a maintenue jusque-là, semblent prometteurs d'un bouleversement total de l'Ideologie 50us-tendant le roman traditIOnnel, nous sommes vite deçus Nicolas a beau s'efforcer de «ne plus rten dechlffrer, de se bmiter à la surface plate des choses, de ne plus se laisser prendre au mirage de cette deUXième dimension qUI en fait n'[existe] pas» (rr, 72), autrement dit, de restituer au x ubJets leur existence propre, il se ré vele incapable de ne pas voir proliferer, dans tout ce

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1-1 qUI l'entoure, des signes En fin de .:ompte, notre romanclt'Ie se penche plutot du ('ote dt' «.:('s romans d'autrefoIs», les mêmE:s qu'elle CritIque legerement :\ tr~\ "r~ la bou~'he de 1\411.'\11,\, en les quald'l.1nl de Hreposants» et de «tres factles a de,hll" rer» IV'_, 18\ Sans aller JU~qu',1 classer '-1allet-Jofls au\. cote~ de .:e<; duteurs d'autrefci\<' 4UI ,,<.e \rrt'<'l'ntalt'ntj ('llmmt' ,e\ aruspices antiques qUI e\ entraient un dlgle el expliquaient la \ le» (~_ 18), il faut tl1uteftm const3ter que ''l'In('oherence'' de son u. ers s'Ins-:rll. sur le plan narratif. de façon Inglqul' et coherente

SI le deroulement Imealle de l'mtflgue ainSI que l'unIte de la \OIX enoncI3tn.:e ne sont pas plus contestes dans Allegra qu'ils ne l'ont ete ddns Les SIgnes et les Prodiges. ce premier texte est cependant lOin de representer un retour aù con\entlOnnalisme de~ Mensonges Au contraire, le processus de destabllisatlOn que subissent les per~onnages des Signes et les Prodiges se perpetue de plus b~lle dans Allegra D'autant plus facile à reperer qu'elle est, dans la majol ;te des ca~ c;oulignee de façon ('ncore plus marquee que dans

1&$

Signe!> et

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Prodiges par un changemt-nt spatial, cette desintegratlÛn de l'Identite premlere du personnage s'effectue selon un mouvement ;>artlcuher qUI revêt la regularlte d'un schema La rupture avec le caractere attnbue au personnage au debut du texte n'a heu qu'apres unE oscillatIOn entre deux espaces qui, tout en etant distincts l'un de l'autre, appartIennent neanrnolns à un même univers Ainsi la salle d'attente sordIde du guerlSseur vulgaire, malhonnète, dont les dons se limitent a delester ses clientes de ieur argent, VIent s'opposer au double un\\-ers de la maison des Batignolles, bastIOn bourgF:ols par excellence, et l'appartement de Josee elle-même, lequel, pour être ca:que sur le modele maternel, n'en est pas mû,"!:. le lieu de brusques "lcces de revolte de la part de cette dernière Un tel amenagement spatial, qUI a pour but de mettre en lumiere la desagregation ae l'Image de l'epouse bourgeOise et pragmatlquf' que represente Josée, se reprodUit pour denoter la desintegratlOn des "personnages' de Paule et de Diane L'hesitation de Paule entre les BatIgnolles et son Institut de Beaute s'avere un faux problème: l'un constitue autant «une espece de famll1e~) (d..., ) 43) que l'autre, En tant que refuges femmins, royaumes rr')trelnts mais bien gardes contre toute incursion masculine, ils se situent sur un même plar dont Paule ne s'ecartera qu'en entrant, Jean-Philippe à ses côtes,

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=

dans le domaine de Carmen Corat!, vaste empire Impersonnel et aseptIque dont le but, notons-le bien. est non de ((retrOu\er une personnalite plus Vraie), raison d'être de l'Institut de Paule. mais d'<.,...tro\er a 13 femme la Ilberte «d'être ce qu'elle n'l'sI pas [ J de ne pas rester pmonnIere d'une forme,» C~_. 431 l, phIlosophIe qUI annonce le surrealIsme que preconisera Chflstophe dans La Tristesse du Cerf -\olant Of meme, SI DIane palise ses Journees enfermee dans un appartement l'trIque et sombre habl:lee comme une femme de menage. et ses nUits deguisee en prmcesse arabe, a onduler ses hanches dans la danse du \er.~re, c'est toujours sous le rC:'gard sc\ere de sa soeur, regard qUI la marque comme \ICllme de l'Inceste, monstre hideux qUI a donne naissance au fils de son propre pere Ce n'est qu'en s'elolgnant de l'Immeuble qUI abrlle appartement et restaurant pour S'Installer, transformee en Jeune epouse SOUriante, dans un milieu des plus con\>entlOnnels qu'elle reUSSlra a bTiser cette Image

Cette correlation SI etrOlte entre espace et effondrement d'une premlere image a pour effet d'attirer l'attelltlon du lecteur sur le seul personnage qUI reste totalement en dehors du schema parce que depùurvu, d'entree de jeu, de tout semblant d'identlte fIXe Ot:pouillee de personnalIte dlstmctlve, dotee d'unr phYSIOnomie dont les couleurs fades et les traits d'une conformite parf:lIte ne laissent aucune empremte sur le souvenIr, Allegra detonne par un m:inque de logique (<<aucune logique ne pouvaIt explIquer ce Qu'on appela "son cas") (.t\,., 29)) et de Halsemblance (elle ((n'a pas l'air \ r31» (A-, 25)) qUI, plus que toute autre partIcularite, presuppose une transgressIOn des frGntleres du personnage romanesque traditIOnnel A cet effacement des contours de l'Identlle \ lent s'ajouter l'obliteratIOn d'une autre \Jgne de demarcatlOn, celle qUI, dans le roman realtste, Sf'pare personnages et objets Il en resulte un phenomene qUI se situe au po!e oppose de celUI, beaucoup ~lus familier, de l'anthropomorphisme

AIIlSI Allegra 1;'1 etait-elle apparue, ce Jour-la, non pas absenté, malS dcuee au contraire d'une presence directe et evidente comme celle i'un bouquet de tulIpes j3unes (elle pensait precisement à cette ;ouleur tclal3nte, à cette fleur sans parfum, à cette matière ll%e et compactt) comme celle d'une assIette vermssee Rien ne prête mOlfiS à dl\agatlon que ce~ matlcres, que ces obJets-là. lis sont l'cvldence, la presence même SI presents qu'une fOIS les fleurs fanees, l'aSSiette bnsee, Il n'en reste rien. Totalement rresents, totalement absents. Des la porte franchIe, [. ] Il ne reste nen d'Allegra (A., 29)

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h

lb Bnser l'Image ohJectl\er le personnage. dlshlquer 1'lJentlle. autant dt' mll\t'm dt'

fr3.nc:1Ir les ~arneres. dl' refouler le~ dl\ ISlons. de prJ\ IIegler ras~lh.latllln :1 la \ep3mtlon dt'

\ Is~r une continuite qUI est une des c"mp'i~3nte~ prlOClpale<; de l't'\IWrll'nc'l' nl3ternt'lll'. dl' rapprocher f"rme el f,.nd dans une unIOn etrlllte qUI ne "en \rannent I.'lnwnlt't' qUt' d:1n\ L~ Tns!esse du Cerf-,ol3nt Caf c'est dans ce dernIer te\te de notre ,-'urpu\ tnlt' ou, <;ur le plan IdeologIque. le theme de la maternIte t'st de\t'hlppe a ~on plu~ haut pOInt. quI:' Ir .. structures ng Ides Jalssees ln tactes par l' ?ffn te men tIn, Id It'U x qu 1 :1 ml nt' le ,-'on.:ept traditionnel du personnage. eclatent Temps, Intngue. VOIX enon':latrlce, rlen n'\ re<;\<;H', tnut .:apltule, s'ecroule de\ant çe mou\er'1ent desormars generallse qUI transgre%e les frontieres, estompe les contours, SCinde les unItes Sion est certes lOIn du nou-..eau roman, on peut toutefOIS deceler It's traces de la pensee post-modernt' dont celuI-cI s'est In~plre A la place du narrateur omniSCient traditIOnnel fOisonnent un petit ensemble de VOIX enonclatrlces distinctes; la perspective etroite, univoque, homogene qu'offre ce premier se VOit ainSI fragmentee, dissoute dans une sene d'optiques dlfferenres qUI Viennent se superposer les unes aux autres pour presenter l'Intrigue sous une q.nete d'angles De consümmateur paSSif qUI est conduit d'un bout du texte a l'autre par une vOlX qUI «se place partout en même temps, [ .. ] voit en même temps l'endrOIt et l'en\ers des choses {et] SUit en m~me temps les mouvements des \ Isages et ceux de la consclence,»35 Ie lecteur se VOit accorder un r61e actif A lui de jongler, de raplecer les vIsions distinctes, parfois même contradICtoires (d'apres Doutremont ChrIstophe s'est sUicidé, selon Clara 11 s':1glralt d'un assassInat). du narrateur (quI pud sa pUissance mais non sa presence ddns le textel, de Clara et de Doutremont A cette premif!re attaque contre l'uniCIte plutôt 51mphste sur laquelle se construit le roman reahste s'ajoutent d'autres Le àeroulement Itnealre de l'lfltrlgue cede la place à une 1.11menSlOn temporelle qui n'a rien de chronologlque on passe directement des annees sOIXante-dix aux anl1ees trente et Inversement dans un mou\ement de pendule qUI reunlt et fUSIOnne passe et present pour prodUire une ImpreSSIOn d'atemporalite r.on sans rapport avec celle que peut éprouver, au due de KTlsteva, la femme encemte.

FLASH - instant du temps ou du rève sans temps; [. J Mots toujours trop

(24)

lOintains. trop abstraits pour ce ~rouillement souterrain de secondes qui se

pilent en espa ... es inimaginables 3

l "est d':lIlkur~ surtout par l'Intermediaire de -:e'te autre composante romanesque qu'est 1\·"P.lCl' (lue les 1 rontlert·~ ~erarant passe et present son. effaeees pour projeter le temps hors dt' ~Un ornlere habltuelk le~ :innees 1934 et 1974 se f(lndent ensemble parce qu'elles sont

\t'cue~ dam un e~pa-:e unique. un ((meme decor. ou presque.~> (T d C -v, ~Ol). celuI du Jardin .\1ath)ssen. qUI pro\oque chez deux personnages dlfferents. situes a une distance de quarante ans l'un de l'autre. les memes reflexlOns

Quant :1 J'JOtngue, elle perd elle aussI sa coheSIOn SI J'on ne peut aller Jusqu'a parler d'emlettement, on peut au mOins faire etat d'une SCISSIOn nette. e\ Idente qUI diVise l'Intrigue en deux histoires paralleles. deux reclts d'amour dont l'un n'est qu'une \aflante de l'autre. Car SI avant et pendant la dtuxleme guerre mondiale Clara et Doutremont luttent pour se procurer l'amour exclusif de Christophe, Marianne ne depensera pas mOinS d'efforts, durant les annees sOixante-dIX. pour se faire aimer de Stephanie

S'Immisçant partout, ce mOU\é'ment de destabilisatlOn contamine ju~qu'aux oppositionc; les plus fondamentales, les plus \aloflsees par le romancier reallste AinSI sur le plan IOtratextuel s'effondre, dans un flou deconcertant, la ligne de de marcatIOn séparant le signe de son referent, la frontlere entre l'art et la reallte, effacement qUI plonge Chnstophe, l'agent prinCipal, dans un unl\ers à part ou la notIOn de reahte est denuee de tout sens «Qu'est-ce qUI est reel, la grenade, la plaie » (T d C-v, 30) flOlr3-t-1I par se demander, perdu dans une rêvene ou Il VOlt s'etaler devant lUI des tableaux primitifs representant des saints «ecorches, peles», dont la plaie, traitee «du bout du plOceau» (T d C-v, 30), a la texture d'une grenade Accuse par Clara d'aVOir fait le portrait de Doutremont, Christophe malOtlendra, SIncere, seTleux, que c'est plulOt le phenomene mverse qUI s'est piodult

MaiS ce n'est pas mOI qUI fait son portrait, c'est lU! qUI s'est mis a ressembler :\ mes bonshommes. (T d C-v, 129)

(25)

,

,

18

D'ailleurs, en tant qu'artIste - et artIste qUI SUIt de preference la \Ole surrealiste - Chns!opht' se situera toujours en dehors de cette hlerarchlsatlOn d'ohJets sur laquelle trônait. hlen sûr, l'homme ratlonallqe IUI-meme. '>1 e\ Idente chez les romanciers reallstes Il s'amuse en ':-!t'am

de petites sculptures. a •• derober leurs formes au\ machines dont le slt"cle eq SI l'1er et a It'~

detourner de leur usage» fT d C-\ .85) Son appreclatlon des objets qUl l'entourent ne ~e

base nullement. a l'Instar de la VISIOn real!~te. sur l'utilite de cet objet a l'etre humam. mal~

sur l'essence propre de l'objet IUI-meme, auquel JI restItue sa pleine or,)ectl\J!{' JI (.flatte de la main en passant» son «enorme poste de radIO. d'une vllalOe couleur marron» (T d C -\ .

199-200), qu'Il garde sal1s l'allumer «(JI ecoute [

1

tres peu de mUSique» (T d C-\ . 199))

En somme, ChrIstophe 10\ erse les relations qUI reliaient personnages et obJet~ dans le roman reahste, detrulsant ainsi cette \aleur SI cherp à la bourgeOIsie du slecle passe, la propriete

Quelques objets. mais lUI appartlennent-ds, ou est-ce que c'est lUI, plut6t. qUi leur app:ntlent : fT J C-v, 102)

Dans cet unJ\,ers Instable, mouvant ou compartiments et categories s'effondrent les uns apres les autres, domaine non irreel mais a-reel au sein duquel les objets acqulerent une Importance qui est nlee a l'homme, ce n'est certes pas la defJOltJOn traditIOnnelle de l'Identite que l'on retrouve En effet, les atteintes deJa portees a celle-CI d~ns Les 3Ignes~~

Prodiges et Allegra sont poussees à leur aboutissement logique pour deboucher sur ce qu'on pourrait nommer, en n'prenant le~ mots utIlises par Kflsteva pour defmlr le maternel, une veritable «cata~trophe d'Identite »37 L'lden:lflcatlon emotlOnnelle dans l:.tquelle sombrent

Christophe et Clara (:;st si pUissante qU'Ils chercheront, enfants, a la concretIser sur le plan physique par le Jeu de <da ressemblance» (T d ~, 33), Invention enfantme dont la reu,;slte (<<les yeux nOIrs de Clara de\iendront bleus, les yeux clairs de Chm, sombres» (T d, (-v, 33)

témoigne de la ,ulssance de leur ImaginatIOn, mais dont la repetltlOn, dans leur Vie al1ulte, résulte en une unIOn des plus mtlmes . Ce fUSIOnnement complet que RabuzzI38 appelle le «binary-uOlty» est rendu, sur le plan narratif, par des traIts d'unIOn «Chris-et-Clara»

37 Kristeva, "Stabat Mater", Histoires d'Amour, p 226.

(26)

pn

constituent un bloc, une unite contre laque!le Doutremont se butera inutilement et que seule la parole, fondee, comme Mallet-JOris le signale SI pertinemment, sur la dlfference, peut dIssoudre

- Je t'aime, dit-II

Il 13 ~t'ntl! se raldn dam ses bras C'est Hal qu'II ne lUI avaIt Jamal~ dit «Je t'aIme). Ca allai! de ~Ol. Il n'avaIt JamaIs dit (<Je m'aIme» non plus, «je t':.lI01e)· [ ) Cette parole. c'etdlt deja une separatIOn [

1

lb s'etrPlgnlrent avec force. Ils a\alent change. Ils s':lImalent. mais ce ne serait

plu~ Jamais ChrIs-et-Clara (T d C-\ . 389)

Idt'ntlflcatlOn complete qUI modil le SI profondement les frontleres de l'être qu'li) a

peut-etre lieu de parler plutot de non-être. harmonie SI parfaite qu'ellt> constItue a elle seule un monde a part, le monde de Chrls-et-Clara ou (de temps ne [bouge] pas, [ est) au blanc fIXe» (T d C -v , 315), cette unIOn dey ien t desormals l'Ideal que ChrIstophe cherchera a representer dans sa Iresque Car l'espace \ Ide ,;ers lequel tend cette fresque pemte au fil des annees sur le mur de l'escalier en colImaçon de la tour, ne se sltue-t-lI pas ((en haut de l'escalier, a drOIte, Jus(e avant d'entrer dans la chambre» (T d C-y , 404) ou Chfls-et-Clara enfants ont consomme leur union, loves ensemble dans la petite niche abntant le lit de Christophe, telle une ((petite piece dans la pleCe» (I.JLC-y , 32) de cette tour39 qui dey ient le symbole par excellence de l'atemporalJte, de l'a-realJte, du Vide? Il importe de remarquer d'ailleurs que la tour gardera cette premiere SignIficatIOn au-del3 de la dISSOCiatIOn finale de l'unite Chns-et-Clara ce sera dans cette même chambre que s'etelOdra la '>'Iedle servante Julia, s'effaçant dans le Vide de la mort, c'est ((cette chambre, cette pousslere, ce stlence» que Stephanie choisira plus tard (pour faire le vide en soi» (T.d. C-v , 351), pour se reduire à zéro en se depouiIlant de sa Virginite Ce non-être, cette harmcnle parfaite éludera pourtant à tout JamaIs le pInceau de Chnstophe Il a beau e\oluer en faisant de cette fresque qUI se deroule en spirale dans l'escalier de la tour, ainsi representant une longue quête InInterrompue, une ,;ersion «plus adulte» (T d ç-v, 76) baptlsee "la toile", \ ersJOn qui se deploie hùrizontalement de sorte que les personnages, calques sur la fresque originale, ~ont obltgés de

390n notera que, mise à part les connotatIOns supplementaires que Mallet-Joris y rattache, la tour a traditionnellement ete le symbole de l'isolement, d'une certaine distance par rapport à la réalité; citons, à titre d'exemple, l'expression "tour d'ivoire."

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~o recommencer constamment leur quête. la toIle. comme la fresque. rt'Slera Inacht'\ el' L'e~ra~'t'

blanc qUI les Couronne n'est peut-être pas. comme le suggere Doutremont «la trJ~le~~t' du non-etre» (T d C-\ .404), mais la tristesse qUI de.:oule de l'Impo~~It-I1lte Cie reprt'~enter (et donc de presener) le non-être Problematique qUI nou~ ramene au dehut IIp ce Ch:lrltrl' (parcours cyçllque ren\oyant en IUI-meme a une modaiite temrnrelle que "-rl\ll'\:!. dan, "lin article "Le Temps des Femmes", IdentIfie \.'omme femlnlne). au problc.-me po~e par \\ hllhec\... soucieuse de transmettre une e"perIence d'unite double. de deftnlr en somme. ce qUI par essence est mdefInIssabl2 - a sa\ olr. l'e\penence maternelle - car, comme StephanIe l'a ~I bien compfls,40 deflnlr signIfIe deja compartimenter, donc separer Dilemme angOIssant. impasse textuelle que Mallet-JOrIs finira par contourner adrOitement (sans d'aIlleurs la resoudre) en exploitant justement ce que Vannier nomme (da dlscretlon du signe linguistique,»41 cette «necesslte pour le systeme dIscursif de se fonder sur des OppositIOns ».2 Car 11 ne sera permIs à Marianne, seule merl' mallet- jonSSlenne dont la grossesse et l'accouchement seront decrits, de vivre sa grossesse que retrospectl\ement Cette <drahlson» (T d C-v, 9) qu'est l'accouchement a deJa eu heu, la dl\-lslOn sur laquelle s'erige le systeme semiotique s'est donc deJa effectuée, est une modaiite deja connue, slfion valonsee Il n'en reste pas molOs qu'une telle SituatIOn permet, en premier heu, d'ecnre cette expenence, et, dans un deuxleme moment, fournit la possibIlité de la transmettre Justemt>nt par cette grille androcentrique qu'est le schema dualiste Amsi, <d'eau OrIgInelle, Impolluee» de la grossesse se transforme en «sang sale», «eau vIsqueuse) et «larmes ameres» lors de l'accouchement, l'union «silenCieuse» ecIate en «le grand cn de l'accouchement», l'enfant qUI «flotte», qui «s'ebat», «heureuse» dans le ventre de sa mere, devient «agressl(vej»), «dur(ej», et ainSI de suite (T d C-v., 9) Procéde simplIste, seculaire, certes, mais qUI a le mente d'assurer la pénetration dans la conscience du lecteur d'un contenu qUI, jusqu'a recemment, a ete etouffe

40 «Atteindre l'indicible, d'un bond. Cesser d'être un mot, une definition»(T.d. C-v., 3jO) 41 Vannier, L'Inscription du corps, p. 36.

42 Ibid., p. 108.

(28)

sou~ le silence, contenu dont la nature specifique constituera l'objet d'etude des pages SUI lante~ Car la forme qUI ie \.ehlcule ayant ete amsi examlnee, c'est au fond qu'II nous faudra de~orm .. :~ nous consacrer

(29)

CHAPITRE 2

LA MERE COMME F -\NTASI\tE : L -\ DI~tP';SIO~ ONIRIQl'[

[ 1

la conscIence dl~pose de dlfferents degres de l'Image - ,>elon que cette

dernlere eSI une copie! Ide le de la St'nsatlon ou sImplement ~Ig; dIe la cho'e -dont les deux e\treme~ ,eralent constitues par l'adequallon lOtale, la pre~ence

perceptl\e, ou l'lnadequatll>n la plus poussee c'est-a-dm:' un signe

et~rnel1ement \euf du SIgnIfIe, [ ... ]43

Selon GIlbert Durand, la conscIence se sert, pour apprehender le monde e\terieur, de divers modes de representatlOn qUI se sItuent entre deux pôles la pensee directe, ou (da chose elle-même semblp presente a l'espnt>>,··et la pensee IOdlrecte, a laquelle on fait appellorsqut'

(da chose ne peut se presenter "en chaH et en os" a la senSIbIlite ».5 Celte gamme de degres pOSSIbles de l'Image se VOIt quelque peu retrecie lorsque "la chose" en questIon deVIent la mere et la conscience celle de lJ progeniture de celle-cl. Du coup, l'un des deux extrêmes dont Durand fait ment;on devient problematIque, après tout, la conscIence ne pe'.:t s'emparer de la mere d'une façon aussi directe qu'elle saISIt, disons, une chaIse SI l'une et l'autre subIssent des dIstorSIOns, la représentation de la premiere se complIque davantage de par la subjectIVIte qui entre immedlatement en jeu: l'objet a être représente (ou re-pre<,ente comme le precise Durand) est aussI un sujet qui entretient a'vec le sUjet repres~ntant des relatIOns reclproques C'est ainSI que si, comme le dit Durand, le domaIne du symbolisme releve des «choses absentes ou impossibles à percevolr,»·6 toute representation de la mere glIsse vers le pôle symbolique dans la mesure ou, même lorsqu'elle est entierement presente, son existence objective est beaucoup moins certame que celle de la chaise, car dependante de l'existence de l'enfant dans la conscience de qUI elle est re-presentee Sinon impossible à percevoir, elle

43 Durand, L'Imagination symbol~, p. 8.

u Ibid., p. 7 .

• 5IJ;lli!., pp. 7-8 . • 6 Ibid., p. 12.

(30)

est du mOJ03 difficIlement representahle dam son JOtegrallte pl'Isque faite d'une multitude d'aspect<; toujours changeant~ dont l'enfant ne saisira que ceux qUI se rl'percutent directement

~ur lUI EsqUivant a tout Jamais l'adequatlon totale. la mere ne peu! être "capturee" que par une concordance. un dehordement ou. pour emprunter la termmologle de Durand. une «redond3nce» c,,) mbollque car. selon ce dernier, «c'est par le pomolr de repeter que le s~ mbole comble mdeflnlment son InadequatIOn fondamentale» 47 -'\IOS1 à l'Interieur de la dlmenslÛn poetique - l'l'enture constituant deJa en elle-même un moyen de conceptualisation - s'lOscnt une gamme de representatJons de la figure maternelle qUI peuvent aussI bien ~e

completer que se contredire mais qui senent toujours a nous rapprocher de .:ette mere autrement insaisissable Il s'ensUit que le degre de symbolisation mherent à l'Image qu'interiorise l'enfant flcllf de sa mere (ainSI la dimension onJrJque du symbole vient s'enraciner dans la dimension poetique) ne peut être mesure que par rapport à la representation narratonale de même que celle esquissee par d'autres persûnnages, Toujours est-il qu'entre la re-presentatIOn que se fait l'enfant lorsque la mere est présente et «1'inadequatlOn ia plus poussee»48 de l'Image qUI a lieu lorsque, de par sa mort ou son eloignement geographlque, elle est absente, il y a loin. Dans l'etude qui suit, nous reprendrons la polante decnte par Durand en vue d'analyser tout d'abord <d'madequation la plus poussee», c'f'st-a-dire le pôle de la s~ mbolisatlOn la plus "pure", pour ensuite remonter vers "la pensee directe" en exammant les divers degrés de s~ mbolisatlOll qUI vont en s'affaiblissant mais qUI persIstent toujours, SI attenues soient··i1s, dans la presence même de la mere.

Morte dans un passe elolgne qui demeure coupé du présent de l'intrigue, la mère de Klaes van Baarnheim dOit sa place dans le texte uniquement à la memolfe de son fils. On se retrouve donc, du coup, en pleine dimension onirique du symbole: à jamais absente, la mère

47 Durand, L'lmaginatiQf\ symbolique, p. 14.

(31)

i.

p:lr la conscience ne sauraI! s'effe({uer qU':lU mo\en de cette s\mbnl!~atl~m ..:-oncrete qu't'q

le SOUH'nlr Dans les Im:1ge~ qUI re\ lennent de plus en rlu<. frè'quell11l('nt :1 l'e''rnt dl' "lae,

au fur et :1 mesure que l'lOtngue se deroule et dont l'lmpnrtan..:-e al ft'ctl\ e ~t' re\ l'le de rar Il' faIt que quelques paroles prononcees negltgemment par un ..:-hauffeur pomreux suffisent a le~ ramener a son esprit, la mere fait figure negatl\ e C'est plm partlcullerement le \ Isage maternel qUI resurgit dans la memoire de Klaes, ce ((froid "ISJge blanc. au front bombe de madone» (Les M , 81) dont la durete polJe lUI \aut, par ailleurs. d'etre asslmllee d'abord a un caillou et emulte a Ursule, «la vierge veneree en Flandres» (Les M . 85) AIOSI les seme<; de la severite, de la raideur et de la durete "Iennent se conjuguer aux semes 1e la salOtete et de la purete pour eflger la mere en juge severe dont l'autonte repose en grflOde partie sur son absence de tares. Par consequent, Klaes passera sa \ le a tenter d'effacer cette IOcarnatlOn negatlve de sa mere en y substituaT'lt son homologue POSitif, de transformer en somme, condamnatIOn en benedlction. Il est à noter que la viablIJte d'un tel objectif repose sur ce que l'on pourrait nommer l'homogeneite50 de l'Image maternelle logee dans l'inconscient de Klaes . tout soupçon d'ambl\alence en etant absent, une representation entlerement negatlve peut, en theorie, être remplacee par une repre<;entatlOn entlerement positive Or, un tel renversement de valeurs n'est susceptible d'être effectue que par le truchement des personnages qui entourent Klaes - en particuher, les personnages femInIOS - et par le phenomène de la projection. AUSSI Klaes cherche-t-!1 sans cesse à faire naître sur les traits de ses compagnes l'admiratIOn qu'II n'a pas su se procurer de <;a mere Orientes d'abord vers les femmes en genéral - c'est devant «une femme subjuguee» (Les M., 205), autrement dit, admirative, que K laes a pris maintes déCisions pour ses affaires -, ces efforts pour "corriger" l'image maternelle se cristall!sent ensuite autour d'Elsa, son ancienne amante et, dans un dernier temps, sur Alberte, sa fille C'est dans une veritable quête de la mere - ou plus

49 Durand, L'Imagination symbolique, p. 12.

500n peut qualifier cette représentation maternelle d'homogène dans la mesure ou, composée de valeurs uniformément négatives, toute contradiction en est absente.

,

(32)

t

precisement. de l'approbation maternelle - que Klaes se lance, le fall qu'II fmlt par \Olr sur le \ Isage d'Albt'rte «It' t ront t'loffibe d'une \ lerge flamande" (Les \1 , 1991 c'est-3-dm' le trait maternel par ex-:ellen~'e qUI Inçarne plus que tout alHre l'autorl!e mfle\lble qU'J\ ait repre'it'ntee sa merl' pour lUI, n'eq que la concretisation ultime d'unt' Itmgue histoire de prOjectIon "ur autrUI du \ Isage maternel L'amante ou la fille de\enue s\ mbole de la mere, Klae<; rede\lent flis afm de re\l'fe a l'lO\erse ses relatIOns a\ec sa merl', Il ne deçoit plus, il domine, il satisfait. JI ebloult, 'voire. Ii comble

Il connaissait en face d'elle la famlilere exaltatIOn qUI montait comme une IHesse, cet attendrissement suspect. qu'Ji prenait pour <ie la bonte. [ ], un beSOin d'exaltatIOn de lUI-même, qUI balayait tous les Vieux doutes et les .. ledles rancunes stagnant au fond de son coeur. [ ] Il contemplait sa propre bonte, li la montrait, en ImaginatIOn, a cette merl' Impitoyable qUI n'avait pas voulu tlechlr. [ ] (Les M, 207)

De tels moments de replt ne constituent cependant que de breves etapes dans une quête vouee a rester a Jamais sans terme, sa mere morte, toute pOSSibilite de gagner son approb?tion s'est eteinte avec elle Klaes se trouve par consequent pris dans une contmuelle dJfferance du desir, destine a répete:- a l'infmi le drame de son enfance, à se reporter sans cesse d'un personnage a un autre jusqu'à ce Que la mort s'ensuive, seul terme pOSSible à cette re,:herche autrement sans Issue AinSI, apres avoIr mterne Elsa de force dans une clmlQue psychiatrique afin d'en vaincre l'hostliité trop evocatflce de l'antagonisme maternel, Klaes, toujours insatIsfait, se tourne vers Alberte. Dure, têtue sinon Intelligente, Alberte aura cependant raison des manipulatIOns psychologiques de son pere: son refus de la fortune Que celui-ci veut à tout prix lUI legut'r ne fait Que reproduire le refus maternel de reconnaître et applaudir la réussite financiere de Klaes, En somme, Alberte reactive la condamnation maternelle ongineIle, Klaes en meurt, resuItat Qui temolgne, de façon decisive, de la puissance affective du s~ mbole maternel

A l'instar de Mme van Baarnheim, la mere de Marcelle (~), se parée de sa flile sur le plan spatIal, n'exIste dans le texte que comme elément - et elément primordial - de la psyché de sa fIlle La rupture entre réferent et sIgne, entre la mere de Marcelle telle Qu'elle a dO se presenter "en chaIr et en os" lors de l'enfance de celîe-ci, et l'image Que Marcelle garde d'elle,

(33)

est encore plus declsl\ 1.' lCI qu'elle ne l'a ete en ce QUI concerne "Iae~ Le signifIant l1an~ It' cas de Marcelle est rehe uniquement a un Ct\ncert et plu<; du tout :1 la "cho<;e" aup:n:l\ :Jnt sensIble. toute conuetl<;atlOn ph:,slque t<;t aosente dt' l'lmagt' (au 'l'ns Iargt> du terme) "OU, la forme de laquelle la merl' de ~arcellt' \n dans le te\te S:1n~ \I~age. san<; \01\, ellt' n't.~t plus qu'abstraction. un «noyau dur», «une plaIe douloureuse,» enfOUI(' au plus profond dt' l'etre

Au fond, chacun a en SOI un petit no)au dur qu'il ne faut pas toucher, et qUI

faIt mal [ .] mOI, c'est maman, [

.J

(~J:., 50).

Malgre - ou plutol. comme nOlis le verrons plus lOlO, grace a -l'absence de trallS ph)slques, la re-presentatIOn que Mal celle se fait de sa merl' est aussI homogene que l'a ete la merl' symbolique in carnee dans la memolfe de Klaes sIgne d'un rejet IOItl31 Injuste, elle n'est

porteuse, pour Marcelle, que de connotatIOns negatlves A l'encontre de Klaes cependant, qui depense sa VIe dans une longue lutte contre la condamna!lOn maternelle, lutte qUI, tout en etant futIle, temolgne neanmOInS d'un vestige d'amour-propre. Marcelle a inteflorise ce premier rejet au POl:1t ou, \lli arnve-t-ii de transgresser l'interdIt maternel place sur son amour-pmpre et de se crOlTe, maIgre tout, dIgne d'estime, elle est envahie par «un vague sentIment de culpabIlité» (S P., 81). Même la presence de Beatrice, detentnce du rOle de suhstitut maternel aupres de Marcelle, n'extlrp~ pas cette premlere IncarnatIOn de la mere, enracinee dans l'Inconscient de Marcelle et resurf;lssant constamment a la conscIence sous forme du «\ leu:" doute [QuI] la réenvahlt tout a COUP») (:if.., 48) ou de (cet affreux sentiment d'être laide, gauche, exclue)) (S.P., 86).

Situees c1alfement a un extrême de la polante decrite par Durand, les im~ges maternelles forgées par Klaes et Marcelle se distinguent de celles reproduItes par Alberte (~), Paule (A.) et Stephanie (T d. C-v ) en ce qu'elles relevent de la pensee indirecte, de l'lma~lOation symbolique, Incarnation d'une mere absente, signe donc de l'IndICIble, la representatlon maternelle d'un Klaes ou d'une Marcelle s'cloigne de celle d'Alberte, Paul.! et Stephanie qUI est, sinon une copie parfaitement fidele, du moins calquee sur une mere présente "en chaH et en os". Entre ces deux pôles, entre la pensée indirecte et la pensee directe, la mere absente

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