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âp
g]rsra^ruf]
Les
emplois
de
nqopou),oç chez
Appien
Etienne
Fomerie
Dans les cités
oligarchiques grecques,les
ngôpouÀor-
Ie
terme
appanît
presque
toujours
aupluriel
-
sont
lesmembtes
d'un
conseilrestreint
chargé del'examen préalable de
toute question
soumise à l'assembléet.L'etistence
denq6-poul.oL est aussi attestée dans des régimes démocratiques. Dans ce cas,
ils
ne sontpas les membres
d'un
conseil permanent, mais des députés représentantleut
citéau sein d'une assemblée extraordinaite2.
Le
terme ngôpou),oq n'est pasfréquent
chez les historiens grecs de Rome. 11désigne
différents
conseillersou
émissairesromains et
étrangers,qui
remplissentleuts fonctions
àtitre officiel
ouptivé.
Il
peut
s'appliquer aux sénateurs romains,aux
membtes
dw cansi/iumd'un
magistratou d'un
généraI, à des conseillersparti-culiets,
etc. 17 apparaîtpour
laptemière fois
avec ce sens chez Denyst,puis
chezPlutarque4.
Parmi les quatre emplois
du tetme
chezAppien,
deux ne créent pas de diffi-culté.En
47, Caton
setéfugie
àUtique
avec 300volontaires
dévoués à sa causedepuis longtemps. Ceux-ci
forment
l'équivalent
d'un
consi/iun (ouvéôguov). MaisCaton
et ies siens, contestant 1alégitimité
des organesdu
pouvoir
à Rome,esti-ment
qu'ils
sont
désormaisles
seuls à teptésenter lesintérêts
dela
Républtque.C'est
pourquoi ils
désrgnent expressémentleut
assembléedu nom
de oû1,Nl,1toç",< sénat > :
llu0ôpevoç Kûrt-rva
[...]
tpgougeiv èv 'Ir.6Ny pe,cr rôv rqrazooir,rv, oûç dnô ogôvèu nd,),oô ngopoûIouç ènenolqwo toù no),épou Nui oityy)'y,7c)y èNx)"ottv
t..
I
(CC,n, 95, 397)
1 CL Atstt., Po/.,tt',15,12,1.299 b 36 38, qui distingue les npôpou).ot des pouleurai, caracté
tistiques des tégimes démocratiques : 'O pèv Ïùp pou).eut1e ôlportxôv, ô ôè ngôpou),oq ô).ryag
ytNôv.
A
Athènes, l'appatition de ng6pou),or dans les instirutions est précisément le signe d'untégime non démoctatique : cf. Arstt., Const. Ath.,29, 2 (< Conseil des Dix > créé pendant la guetre
du Péloponnèse).
2 Hdt., r,'rt, 172, L (téunton des cités grecques pour déIinir une attitude commune face à
Xerxès), etc.
3 II,45, 6 (.consiliam de Romulus: rô ouvéôptov rôv nqopoû).ov)
;V,61,3
(rgôpou).or des cités latines), etc.a Caia/.,35, 1 ffolsques); Can.,23, 5 (Ardéates);Anst.,21, 1 (députés des cités grec<1ues);
Phi/0p.,21,1 (députés des cités de la Ligue achéenne).
s
Sur oû1d,r1'roq, équivalent courant de senatas,cf.
HJ.
Mason, Creek Terms.for Roman
96 ETIENNE F.AÀ,{ERIE
< (César),
infotmé
que Caton[...]
était stationné à Utique avec les trois centshommes
qui,
depuis longtemps, s'étaient constirués deleur propte
chef enconseillers militaires et se donnaient le nom de sénat, [...]. >
Appien
n'appelle
pasles
conseillersde
Caton simplement rgôpoul.or,
maisngôpoulor
toû
æo)"épou (< conseillers militaires >).Dans le
contexteparticulier
dela
guerre civile,
ils
constituent son
cznriliumprivé,
correspondant
à
L'état-maiorrégulier d'un
imperatoro. Si H.1. N{ason?mentionne
ce textepour
illustrer
le
sensde < sénateur >>, c'est
uniquement
parce que ces ngôpoutrorroù
nol"épou,dont
uncertiln nombre
étaient par ailleurs sénateurs, prétendent incarner Ie sénat romain,ooyNL4r,oç.
De
la même manière, Sertodus, en 80, considéra son consilium commeune réplique
(pit
rtt o) du sénat8.Le
1.7 marc 44, pendant laréunion
du
sénatqui
allaitaboutir
àla
:uttficaaon
des acta
de
Césatet
à
I'octroi
deI'immunité à
ses meurtrierse,Lépide
quitte
laséance
pour
s'adresseràla
foule
agitéequi
réclame vengeance. I1lui fait
part
dudernier état
des déIibérations: le
débatest touiours
en
cours et
la
majorité
dessénateurs paraît favorable à I'amnisae
(GC,n,
1.31,550:
rdôe oNono\ow{pôv
oingôpoul,or,
xai
ôozeTtoîç
æ}.éoorv).Les dictionnaires et
les lexiquesfournissent
un
autre
senspour
ngôpouloç,celui de
n consul'o).
Les trois
textes
produits à l'appui de
cette interprétation
doivent
être
examinésen
détail, car
ils
sont invoqués
pour
expliquer les
deuxautres emplois du terme chez
Appien
:Tor)q
ô'
&glovtaç toritouç éru(av NaXûo0ocL xard Trlv éautôv ôrdÀertovv,tivooo-Àaç'
toùto
peOegpqveuôpevov eiçtrlv
'EÀIciôa1lôttav
ToUvopa oulLpoû),ouqii
ngoporilouç ô6varar ô1)"oùv' Nrovoiha
lcig oi
'Popaior tùç ouppoulaç Nal"oùorv'Unator ô' ùg' 'ED,rlvorv dvcl Xgôvov ôvop&o0r1oav. (DnNvs,
lR,
IV,76,2)
< Ces magistrats, (les Romains) décidèrent de les appeler, dans
leur
langue,cansules. Ce mot, traduit en grec, peut signifier o6ppou),oL ou nq6pouÀoL ; en effet
6 Cf. le contilian de NI'. Manilius en CarTh., 105, 495 (ô re MaviÀtoq zai rô ouvéôptov
rai
oil.otnoi rôv 1t).t&g1ov). F.n Hann., 19, 83, un général s'adresse à son êtat-majot réuni dans le
prae/liam (orga:rlyrov). nap6vtorv rùv dnô porrtr1ç Nai ra(rdplov rcri 1r),tdg1ov. Cf. Er.Famerie,
It
l.atin et le gru dAppien, Genève, 1998, p. 163.
-
O.I, p.79-80. Le passâge n'est pas mentionné parD.
À{agie, De Ronanorum iais pultlirisaciqae uocabzlis, Leipzig, 1905, p. 44.
u App., 11,., 101,439: pou),i1v tùv iô[tov gi].ov é-c piplpa r1-c ouyrtrritou NaraLé(aç futitltr.,68,
286 : pou),1v éN rôv oi ouv6vtov éq piplpa
riq
oulzllror.r Nara),ê(uç. Cf. E. Gabba, < Senatod inesilio >, dans RIDR\ 32 (1960), p. 222-232 (= Esercito e società nella tarda Repill)bliu Romana,
Flo-tence, 1973, p. 427 -444).
e Cf. N{. Bonnefond-Coudry, I-e .ÇénaT de /a RéPilbliqile romaine, Rome, 1989, p. 132-136,
yi
érudie surtout les raisons du choix du Lieu de réunion, le temple de Tellus, dont c'est la seule
attestation.
10 Cf. A. Baillv, r.al : < qui tient le premier rang dans le conseil, parucul. à Rome, 1e consul > (a
téférence à PIwt., OaesL
g., 4
L= LIor., 292a] n'a rien à r'oir avec le consulat:
le chapitte estconsacré aux dpvrlpoveç de Crude) ; LSJ, s.z. : < of the Roman consuls >. Cf., dans le même sens,
TCL, s.a., t. \'1, col. 1666 ; G. Mentz, De magiilratuwru Romanorutn Graecis appel/ationibus,Iena, 1894,
LES EÀ,rpl-ors Dr.ntgôPouùlç criEz
ApprEN
97les Romains appellent nnsilia les ouppou),ui. Plus tard, les Grecs les appelèrent ihturot. >>
Oi
rgôTort1v
paoLÀrr1vdgplv
nagaÀapôv,eç UlraroL, Âe6rroq 'Ioûvroç Bpoùtoçxai
ÂeûxLoç Tag:tûvLoç I{o},},a'rivoç, oûç raÀoùoL 'PorpLaîoL Narù 'r1v éautôvôLd.).exrov, ôoneq ë91v, ngopoû),.ouç [. . .]. GD.,
l&
V , 1, 2)<
Les
premiers consuls investisdu pouvoir
des
rois,
L.Iunius
Brttus
etL. Tarquinius Coliatinus, que les Romains appellent, dans ieur langue, comme je
1'ai
dit
[=IY,76,2],
ngôpou),or[...].
>À
cesdeux
emplois,
il
faut
ajouter
un
troisième,
qui
est âbsent des
dic-tionnaites :
'Ovôpa(ov ôè
rôv
Oeôv l{ôvoov, ei're poulaiovôwu
(NuvoiXtov 1ùg vùv ëtr tôouppoûÀrov Nu),o6or
xai
tor)q ùndtouç zôvoouÀaç,oiov
ngopoû),ouq).eïte
...@LUr., 110n.,14,3)
< (I-es Romains) appelaient
ce dieu
Consus,soit
qu'il
fût
conseiller (car i1sappellent encore de nos jours ie conseil cansilium et les consuls cansa/es,
c'est-à-dire ngôpouÀor), soit
[...].
>Les
trois
passagesfoutnissent
plusieursinformations. Le
recours àla
formetranscrite
zôvoou)"eq,dont I'empioi
est très
rare11,s'explique
aisément. Denys,évoquant 1es débuts de la République, est amené à
donner
Ienom
latin
des nou-veaux magisttats succédant auxrois.
Plutarque,lui,
emploie 1emot
transcrit pour
expliquer l'étymologie
de Consus12. F,n dehors de ces passages, lesdeux
auteursne recourent lamars à la
forme
transcrite.Le
premiet
texte de Den,vsmontre
que rgôpou),oç n'a pas, comme te1, le sensde < consul
)
en gtec.L'historien,
l'oulant
faire
comprendrele
sens étymologiquede consul\3,Ie
traduit pat
oûppou),oq et ngdpou),oç.L'explication
r,'ise seuiement àmontrer
que Iemot
consu/conespondrait,
en grec, àI'un
de ces termesdu
point
11 En dehots des témoignages de Denys et de Plutarque, cf.J. Lyd., Mag,I,30 (éq.mologie de
Nôrooo^)', rapptoché de condere et Con.rus) ; ,loada,\ 1.69, s.t,. vratot: NovooûÀaq, oia ... ngopoÉtr ou-c
Nui npooltlôpouq tLvaç.
A
notre connaissance, dans les sources épigraphiques, le terme apparaîtune seule fois, dans une lormule de datation au datif, xc,-rç, soit co(n)s(u/ibus) : IC,
xtv,
1084, 16-
IC|/R.77,16 (146p).12 Le rapptochement entre Consus (cLir-inité chtonienne) et consîlim
ot
condere relève del'érv-mologie populaire: cf. les témoignages antrques réunis par R. Nfaltby,
A
Lexicon of Ancient LatinErynalagies, Leeds, 1991, p. 153 ;
A.
Etnout-
A.
N{eillet, Dict. é4tn., :.u., p. 139, suggèrent uneorigine étrusque.
13 Indirectement, Denys et Plutâtque rattachent nnsuJ à consalere. comme \rarron (IJ-, V, B0 :
consul nominatus qni constlerel popalzm et senatam) : cL R. Maltby, o./., p. 1.52. Le rapprochcment pose
plus de cluestions qu'il n'en tésout. Si consul est un post vetbal de mnsalere, aucune analyse décrsir.'e
du seconcl élément n'a encore été foutnie. Cf. A.
Ernout-4.
N{eillet, o./., s.u., p.138-139, quiénumètentleshi.pothèsessanstrancher:causatif audegré /o/issttdecensere,<donnerunavisr;
tref
< ptendte>;
sedere ("con+idian>
cansiliun); empruflt (?). Pour Th. N{ommsen, Droit publicrlmain,III, p. 88, n. 7, con.rul est à rapptochet àe praeszl (composé àe .ça/ire, (( sauter, danset >) et
consa/es de';ait signifiet, à I'origrne, < ceux qui dansent ensemble i'. Sekrn lui, s'il est impossible de
saisir la portée du sens étymologique, c'est par manque d'informations sut I'instituron primitrve
98 ETIENNE FArurERrE
de
l'ue
étymologrque,et
non
institutionnelta. Néanmoins,
les lexiques grecs desinstitutions
romaines lesont
enregistés comme
des équivalentsfonctionnels
deconsul".
Dans
un
contexteromain,
oûppoul.oq désigne diverstlpes
de conseillers(membre du consilium
d'un
général ou de celui de I'empereut,Tégat, sénateurr6).Au
sujet de ngôpoul.oç,D.
Magie seborne
à reproduireI'opinion
deG.
Mentz't.HJ.
Mason
fonde
son
ana\se
sur
le
secondtexte de
Denys
9,1,2),
qu'il
cite
enpremier
lieu18.Dans
ce passage, Denysrenvoie
aupremier
(ôoneg ëgqv). Ceren-voi
expJique d'ailleurs une brachylogie dans I'exposé,qui,
considéré isolément, estincompréhensible.
Denys
dit
en effet que les
Romains appellent
les
consulsngôpou)"oL < dans leur
propre
langue ,,ff,
1, 2).Le
raccourci ne se comprend quesi
I'on
ad'abord
lu (IV, 76,2),
que les Romains les appellent zcôvooul,eç en latjn.Mais
il
montre,
par 1a même occasion, que Denystr'lf
ilise ngdpoul,oq qu'en réfé-rence âunom latin
des magistrats.Pour
désignerleur
titte
en grec,il
tecourt
à l'équivalentnormal
(Unator), dans les deux passages commepartout
ailleurs.Plutafque,
Pouf
saPaft, pfoPose
une
étymologie
du nom de
Consasen
Ierapprochant
de consilium et de consa/.Il
s'agit, là encore, de traductionspar
figuresér)'mologques,
non
pas d'équivalentsfonctionnels.
Du point
de r.-ueinsdrution-nel,
présenterles
consulscomme
des conseilletsrevient
d'ailleuts à inverser
laperspective.
Quand
un
consul convoque
le
sénat,c'est
pouf
ptendre I'avis
dessénateurs et
non
f inversele.Denys
et Plutarque n'envisagent pasle rapport
entreconsa/ et senatas, mais
entre
consulet
consi/ium,comme le montrent
les équivalentsutilisés :
I'un recoutt
à despluriels
(Denys : NuovoiXta, ouprpou).ci),l'autte
évoque leconsilium principzi de son époque (Plutarque : xcovoi).rov vûv ëfl).
À
h
suite
de
D.
Magre'", plusierrrsmodernes
ont
invoqué
cesemplois
dengôpou),oç chez Den1,s
et
Plutarquepour
lui
donner
aussile
sens de < consul >>chez
Appien.
la Nous ne suivons pas F. Cantarelli,Dionisio diAlicamasso. Stoia diRtma arcaica, Ntilan, 1984,
p. 385, qui fait de oûppou),oç un teîme généra1 et de ngôpouloq un conseiller de tang supédeur. La
distinction rer.'ient à donner aux deux tetmes un contenu institutionnel qu'ils n'ont pas chez
Denys.
15
l).
Magie, o./., p.3-41., dans son anaiyse de Ia terminologie grecques des institutionsromaines, identifiait trois modes de ttansposition (quaestor: zapicq par équivalence ; (r1rrçr1e par
ttaduction; rouafottop pâr ttanscription) ; selon lui, oûppou).oç et ngôpou],oç sont des équivalents
d.e senalor par équivalence et de consil par traduction. Le < sy5lirns > de IVIagie a amené certains à
considéter qu'un auteur grec a le choix entre les trois procédés pour exptimer une même réaLité
romaine. Sur les risques d'une mauvaise utilisadon de ce < svstème n, cf. Ét. Famerie, < La
trans-position de qzaestor en grec >>, dans AC,68 (1999), p.211-225.
16
Pol.,tt,34,5;Den.,XI,
16, 1;App.,&r.,21,1.00;30, 150,etc.Seul exemplechezAppiende oûppouloq, <<sénateur>> agissant à Rome: Carth.,57,247. HJ.Mason, o./.,p.88 doute que le
terme signifie < sénateut > dans le passage de Denys. Son hésitation s'explique par I'analyse qu'il
donne de ngôpoul.oç (cf. inJra).
17 D. Magie, o./., p. 25,75, renvoyant à G. Mentz, 0.1., p. 1,9.
18 HJ, Mason, o./.,p.79.
1e Cf, Cic., Cat. Anc.,19, où le sénat est ptésenté comme le summum cansilium.
LES EMpr-ors Dn ttpipauÀaç c:uEZ ApprEN
En aorit
8521,lors
des accotdsde Dardanos,
Mithtidate
tappelle à
Svlla lesliens d'anritié
et
d'alltanceque son père
et
lui-même
ont su
créetet
conserveravec
les
Romains;
il
s'étonne
donc
de
leur politique du moment
(restaurationd'Anobatzane en
Cappadoce,retrait
dela
Phrygie à N{rthridate,impunité
accor-dée à
Nicomède)
:tHoav
ô' oi
),ô1or ML0qLôdtouprèv ùnôpLvrloLç gr),icrç
zai
ouppocliaç iôiaçrai
nargqraç
v,ai
èni
roîç
'PopLuicov ngéopeornui
npopoû),orqrai
orgar4yoiquurlyopLu ôv èq aûTôv ènengcileoav ciôixoç. (Mithr.,56,228)
< Les propos de Mithridate consistaient à rappeler une amitié et une all-iance qui
avatt été
le fait
de ses pères comme de lui-même, à accuser les ambassadeursdes Romains, l'entourage de leurs génétaux et les généraux eux-mêmes des
actions injustes qu'ils avaient commises contre lui. > (trad. P. Goukowsky)
Le
terme ngôpou).oL a étécomptis
de diverses manières : magisttats, consuls,députés, sénateurs, conseillers22. Les reproches de N&thridate visent 1'attitucle des
autotités romaines en
Asie dutant
les années92-88,
auxquellesAppien
corrsacreplusieurs pages.
En
89,on
voit
intervenir
deso'rgatl1oi
et ieuts ngéopeLç (Mithr.,11,
36;
12,
38), ainsi
qu'un
consiliumromain
(ouvéôgrov),lors d'une
audienceaccordée en
Asie
aux ambassadeurs deMithridate
et deNicomède
venus plaiderla cause de leur
rci
(Mit/tr.,12,38
-
14, 49). Le terme ne peut désigner les consuls,câr
aucunesource
ne
mentionne
ieut
présenceen Asie
à
cette époque".
Lesngdpou)"o1,
(
conseillers),
ne
sont
tien
d'autre
que les membresde l'état-major
des gouvetneurs
d'Asie
successifs24.Voici
1e dernier passagedâppien
où apparaît ngôpou),oç :'Etégav ngeopeicrv ènénepnev éni 'rcrç
rôv
ouv0rlNôv oulyqag&-c' fiE1 ôèIûD,a
teOveôroq, oôN ènuyôv'tav aûtr1v
ôç
év doXo),iqtôv
nqopoûÀovêniTô
Norvôv,TLl,gdv4v 'rôv yappgôv Mr0gLôdqe 'énetoev èç KannaôoNiav êppatreïv ôoneg rig'
écru'roû. (Mit/:tr., 67, 284)
< (À.{ithridate) dépêcha une seconde ambassade
pour
signer les accords. Mais,comme Sylla venait de mourir et que les ngôpou),or, se disant trop occupés, ne
21 Pour la date, cf. B.C. N{cGing, Tbe Forei.gn Poliqt af Mithidates VI EapaTor, Levde, 1986, p. 130
131.
22 Magisttats:
J. Schweighâuset (éd.),
t,
p.728;A.
Sancho Royo (trad. Gredos),t,
p.531 ;consuls : D. Magte, o./.,
p.75;
P. Viereck-
A.G. Roos (éd.), p.468;
députés : H. \Xlhite (trad.Loeb), rt, p. 343
;
sénateuts : HJ. Mason, a.l, p. 80 ; conseillets : O. Veh (ttad. Hiersemann), I,p. 368 ; < l'entourage de leuts génétaux > : P. Goukowsky (trad. CUF), p. 56.
23 Comme le fait remarquer TJ. Luce, Appian's Exposition af the Ranan Republican Canstitiltizn,
diss. Princeton, 1958, p. 79.
24 P. ex., celui
de
C. Cassius, ptoconsul d'Asieen
B9-BB (Mithr., 24,94: ô tie
Aolacdv0ûna, oç) : cf. \I'.F. Jashemski, T,àe Oigins and Historl o;f the Protonrular and PrEraetorian Impeiam to
27 8.C., Chicago, 1950, p. 61,n.3. Selon HJ. Mason,o./., p.80, ngépouÀo-c signifie senatordansle
pâssage crté. En téalité, le terme ne désigne pas des sénateuts comme te1s, mais de maniète
indirecte, dans la mesute où cettains membtes du consiliun d'un promagisttat (es /egat) étaient en
pdncipe choisis parmi ies sénateurs: cf. P. !flillems, Le Sénar de /a Répabliqae ronaine,
tt
(1883),p. 492, n. 1 ; Et. Famerie, Latin et gru dAppien, p. 77 4, n. 501 .
100 F,TIT,NNE, FAN{L,RIE
I'introduisaient
pas
clansleut
assemblée, Nlithridate persuadason
gefldreTigrane d'envahir la Cappadoce comme s'il agissait de sa propre initiative. >
Ici
aussi,
le
terme
ngôpou)"oLa
reçu
plusieurs interprétations
:
préteurs'consuls, sénateurs,
magisttats". Nfithtidate, comme
on
1'adit,
avait étêcontraint
par
SVlla d'abandonnerla
Cappadoce.Tardant
à s'exécutet,il
envoie uneambas-sade à Rome, peut-être
porrit .tt..
de renégocier cette décision26'En
vain.
Syllalui
propose
1apaix contfe
l'évacuation immédiate de
la
Cappadoce.Mithddate
obtempère et dépêche une seconde ambassade,
qui
arrive à Romepour
signer lesaccorcls peu après la
mort
de Sy11a (début mars 7827).La
situation à Rome n'était
guère
propice à Ia
réception
de
I'ambassade.C)utre
qu'on venait de
décidet d'organiser des funérailles
(
nationales)
(trans-lation officieile
dudéfunt
de Campanie à Rome,proclamation d'un
deuilpublic
etd'wn iastitium
'),
lu uconstitution
> s;'llanienne opposâ trèsvite
les consuls de 78,N{.
Aemilius I-epidus
et Q.
Lutatius
Catulus.En paticuliet,
il
fallait
décidet
dusoft
à fésefvef âux
mesufes pfisespaf
Sy11adurant
sadictature, notamment
enmatière de
politique
étrangère.Tel
est 1e contexte dans lequels'inscrit
I'artivée del'ambassade
pontique.
Saposition
est d'autant
plus
délicateque les
accofds deDardanos (été 85) n'avaient rreçu aucune sanction
officielle
de la part des autoritéstomaines
(seul S1-11a s'était engagé vis-àvis
deN[ithtidate).
Le
renvoi
del'ambas-sade
pourtait
bien
êtrele
signe dela
confusion provoquée
pat 1adisparition
dur. 2l
dlctâteur
Bien
qu'aucuneâutre
sourcene mentionne
l'épisode,il
estprobable
que lesâmbassâde:ufs ne
ïeçufent
pâs mêmel'autorisation d'entrer
dans la vi11e30. Le sénat25 Ptéteurs:J. Schu'eighâuset (éd.), t, p.741'; consuls: G. N'Ientz, a.1., p. 19; D. Nfagie, o.l,
p. 75 ; H. \Vhite Gracl. Loeb), tt, p. 365 ; P. Vieteck
-
r\.G. Roos (éd.), p. 4(r8 ; A. Sancho Rol'o(trad. Gredos),
t,p.542;
sénateurs: O. \,'eh (trad. Hietsemann), r,p
377; magistrats: P.Gou-kou.sky (trad. CUF'), p. 68.
26 La date n'est pas assurée : B0 (8.C. N{cGing, o./., p' 136, n. 17) ou 79 D.C. Glew-' < Betw-ee n
the rù'ats: Nlithtidates Eupatot and Rome, 85 73 B.C. >, dans Chiron, 11 [1981], p. 121). Cf. F
Canali de Rossi,
Ll
anbascerie dal nondo greco a Roma in età rQabblicana, Rome, 1997, n"" 635-636.27 Fr. Hinard, J'1//a, Pzris, 1985, p. 263-264. Sur l'ambassade : F. Canali de Rossi, o./., n'' 638'
-
La plupart des ambassades étaient reçues à Rome dals les premiers mors de l'année:
cf.N'I. Bonne fond-Coudtl', o./., p. 294 320.
28 Sur les funérailles de Sr'l]a, cf. Fr. H:inard, o./., p. 264-268. I-a proclamation
d'tn
iustiiam,dont ce serait ie ptemier exemple pour cause de décès d'un citoyen, est râpportée pat Gtan. Lic ,
Xxx\'1, 27 Criniti. Si 1es modernes sonr d'accorcl sur la définirion
dt
iu.çlititut (suspension temporaire des activités politrques et jucLiciaites en cas de crise gtave), les avrs divetgent sur scs conse
quences pour les activités du sénat. Th. N'Iommsen, o./.,I,p.300-301, estime que le ia.çtitian étaitla
cause iégale de la suspensron des séances, alors que P. \['illems, o./., tt, p.246-247, soutient que
leur tenue était alors plus que jamais nécessaue et que f interruption de cettaines actlvités (pat ex,
1a réccptron d'ambassades) n'était qu'une simplc conséquence dictée par la crise.
''
l.
M,Bertrancl, < Rome et la NIéciiterranée rr, dans Cl. Nicolet, Rone et /a ,onquêfu du nton,'/emlditerantlen, II3, Paris, 1991, p.800803, souLigne les conséquences souvent désastreuses de la
première guerre crvile sur le règlement des affaires d'Asie intéressant les provinciaux.
30 Lâ décision du sénat de recevoir les ambassades inlra ou extra wbem or de leur refuset l'accès
L15 ElllLors DL nq0f30u^0ç cHFr Appr
L\
a
d'i
leur signifiet
son tefuspat I'intetmédiaire
d'une commissionqui
s'est rendueextra arben
lots
de ieur ardvée31.Qui
sont
alots, dans 1e passaged'Âppien,
lesngôpoulor
tefusantd'introduire
l'ambassade au sénat ? Sur
la foi
des lexiques, plusieurs modetnesont
considéréqu'il
s'agissait des consuls de 7832. Pareilleidentification
repose, endéfinitive,
surdeux arguments étrangets au texte, à savoir que urgôpou),oq
signifietait
< consul >,comme
dansles
textesde Denys
et
Plutarque étudiésplus haut,
et
queI'intro-duction
des ambassades au sénat est du tessort des consuls. Lepremier
ârgumentn'â
âucunevaleut:
ngépou)"oq,comme oûppouloç,
ne
sont pas
des équivalentslonctionnels de
consa/33.Quant au
second,il
n'est
pas décisif:
en I'absence desconsuls, le préteur
urbain
esthabilité
àinttoduire
une ambassade auprès du sénat.L'expression
ôndyeLvtoùq
ngéoperç
éni
tùv
pou),rjv
(<introduire
lesambassadeuts
au
sénatr)
s'applique
au
magisttat
(
introducteut
>, comme
lemontre
un
autre pâssage d'Appien3a.Ici,
il
n'est
pasquestion de
pou)"ri, mais deNowôv,
qui
n'est
pasun
équivalent de senatus3t. Si 1'emploidu
tetme
estsur?re-nânt,
il
n'en
désigne pasmoins
l'assemblée des sénateurs, cequi
laisse entendre,Rome entreteflait avec les Etats éttangets (existence ou non de ttaités d'alLiance, guette en cours
ou imrninente, etc. : ie ptotocole de réception était aussi, pout le sénat, une maniète de manifester
son sentiment
à
leur égard). Cf., p. ex., App., Car/b., 31., 731. (à propos d'une ambassadecanhaginorse arrivant à Rome en 203) : oi ôè
...
terlôv éztôç êora0peuov, ôç ëtr :roléproL. Sut cesquestions, cf. P. Willems, a. /., tt, p. 485-486.
31 Si on connaît relativement bien la procédure de réceptron des ambassades extra arbem
-le
sénat se déplace pour les recer.oit
-,
on n'a guère d'informations sut les contacts ptéalables prisavec les ambassades auxquelles I'entrée à Rome est interdite et que 1e sénat refuse de recevoir
après enquête. Sercius (Ad Aen, r'rt, 168 : legati
i
quando inrogniti aenire ililntiarentilr, Pimo qaid ae/lentab explarataibus reqluirebatur, pa.rt ad en egrediehantar magistralas minorel nenttonne l'envoi, en pateil cas, d'expkratores du sénat, pois de nagistratus minores (peut ête des questeuts : cf. Th. Mommsen,
o./.,llrt, p.371, n.2), chargés d'entrer en relation avec ies ambassades qui étaient interdites de
séjour dans la Ville. Rien n'autodse P. \X'illems, a./., tt, p. 485, n.2, à considéret le témoignage de
Servius comme ie fruit de f imagination d'un scholiaste (l).
32 Cf . supra, n. 25 ; l).C. Glerv, r.l, p. 121, n. 19 : < Appian is explicit in rtailng that the ambaradars
were tamed away by the consul-t. > 11 en conciut que le consul Aemilius Lepidus, dont le nom est absent
du SC /r A:c/Eiade Q2 maiTï), êtait toujouts à Rome: I'ambassade setait donc arrir'ée entte la
moft du dictateur (début mars) et l'adoption du sénatus-consulte (22 mai). L'atgumentation est
reprise pat B.C.McGing, o./., p. 137;
L.
Ballesteros Pastot, Mitndales Ezpâtor, Gtenade, 1996,p. 799, n.37.
33 P. Goukowsky, (éd. CUF'), p. 68, traduit par < magisttats > et ajoute, p. 190, n. 560, qu'ii s'agit
probablement des consuls de 78. Dans 1a même note,
il
justifie ainsi son choix : < L'équivalenceentre consuls etprobaalai, proposée par Denvs d'Ha[carnasse (rv,76,2), me paraît devoir
s'impo-ser, dans la mesute où Appien avait beaucoup pratiqué cet âuteut. > La pottée de I'atgument nous échappe.
3a Cf.Mithr.,6,
19:
(en 149)ô
ôè 'Porpraitov otpat1,7ôç èv &otet o:oæ aôttNu ôn11ev êni trlvpouÀi1v toùç toû llpouoiou ngéoperç, yaE(ô1tevoç Arr&Àg, < le préteur urbain des Romains refusa
d'introduire tout de suite les ambassadeurs de Prusias devant le sénat, par égard pout Attale >. Le
passage est instructif à plusieurs égatds. Le préteur agit en I'absence des consuls
;
c'est lemagistrât, non le sénat, qui décide du moment précis de la réception
;
enftn, la fixation desaudiences
^pptra:ît aussi comme une ârme drplomatique très efficace.
35 Cf. HJ. Mason, o./., p. 61 (rù Nowù" npuy,plra, ru publica ; koinon d'Asie).
102 E.TIENNT, F,\N,{ERIL
seion nous, que les
ngôpou),oren
sont
membtestt'.Un
autfe
élémentmilte
enfaveur de notre
interprétation,
lepluriel rgôpoul.ol. En pdncipe, un
seulm€istrât
convoque
le
sénat
et
décide
du
moment
de
la
réception d'une
ambassade.P.
Goukowskytt,
conscient dela
difficulté,
suppose que les consuls auraient reçuI'ambassade séparément, en
pdvé,
sansporter I'affare
devantle
sénat.Une
tellehlpothèse n'emporte
pas laconviction.
En
conclusion,il
est peu vraisemblablequ'Àppien
emploiele
termeng6pou-)"oL avec
le
sens de < consuls >.Il
dit
seulement que 1es sénateuts, se disantttop
occupés,
n'accotdèrent
pas d'audience aux ambassadeurs de N{lthddâte. Commeon
1'al'u,
fintroduction
de l'ambassade était du ressortd'un magisttat
(consul oupréteur urbain).
Le
passaged'Appien
n'est pas encontradiction
avec cette règ1e.L'auteur
n'évoque pas les contacts préalablesqui ont
dus nécessairement êtreéta-blis
entre
1e sénatet
I'ambassade(par I'intermédiaire
d'un
magistrat
ou
d'unecommission sénatotiale mandatée à cet effet, ne
f,it-ce
quepour prendte
connais-sance
du
motif
de leurvisite),
mais envisage seulementle
résultat :la
fin
denon-recevoir opposée par les sénateurs à l'ambassade pontique.
Le
bien-fondé
dumotif
invoqué ('doXo)'ia)
estinvérifiable,
car les renseignements relatifs
âux
trâvaux
du
sénatà
ce
moment sont peu
nombteux.
Néan-moins,
un
sénatus-consulte datédu
22
mu
78peut
êtremis
enrâPport
avec 1erenvoi
de I'ambassade pontique.Il
montte
que le sénat trouvâ le temps d'accordetle
titre
d'amicipopuliRomani àttois
navarques grecsqui
s'étaient rangés du côté desRomains en
Asie3s. L'&,oyoXtu, l'<<indisponibilité > des
sénateuts,peut êtte
bienréei1e,
l'u
1es circonstances,était probablement
âussiun
prétexte
diplomatiqueinvoqué
pour
éviter
de
seprononcer à Ia hàte sur l'accord imposé
par
Syl1a àNfrthridate sept âns
plus
tôt
et,pâr
conséquent, sur 1afuture politique
étrangère de Rome en Asie.36 T.l.Luce, o./.,p.80-81, souligne l'emploi inattendu de roLvôv pour désigner le sénaq mais
refuse de considérer les npôpoulor comme étant les consuls.
'-
O.I,p. 197,n.561.38 L'opinion de
I{.G.Bnrns-O.
Gtadenwitz, Fontes, 19097, p. 777,n.3,
qui songent à laguerre de 90-89 et au mâssâcfe des ltaliens d'Asie, est acceptée par l'ensemble des m,r.lernes. Seul
L. Gallet,<Essai sur le sénatus-cons,tTte De A.vlpiade sodisqae>, dans RD, 16 (1937), p.242293
(p.215), esrimant qu'un délai de plus dix ans entre la fin de la guerre et la résolution du sénat est
incompréhensible, ptopose la date de 83-82, que R. I{. Shetk, Roman Docunents;l'ron the Creek F'ast,