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Gestion des jussies : tests de germination sur sédiments et échantillons de composts

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Gestion des jussies : tests de germination sur sédiments

et échantillons de composts

Alain Dutartre

To cite this version:

Alain Dutartre. Gestion des jussies : tests de germination sur sédiments et échantillons de composts. irstea. 2010, pp.14. �hal-02599435�

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1. Introduction

Une grande partie des interventions de régulation actuellement mises en œuvre dans le cadre de la gestion des deux espèces de jussies considérées comme envahissantes en métropole (Ludwigia grandiflora et L. peploides) consiste en des arrachages manuels et/ou mécaniques destinés à retirer les importantes biomasses produites par ces plantes qui encombrent les biotopes colonisés.

Ces arrachages produisent de grandes quantités de matières organiques dont les gestionnaires doivent également disposer. Les techniques utilisées pour se débarrasser de ces matières organiques sont peu nombreuses et certaines d'entre elles, comme par exemple l'enfouissement ou le brulage, comportent des limites importantes qui les font peu-à-peu abandonner ou restreindre à des situations exceptionnelle.

Des techniques de recyclage comme l'emploi en tant qu'engrais vert par incorporation dans des sols agricoles ou forestiers ou le compostage sont en revanche de plus en plus régulièrement utilisées. Selon Debril (2005) cela correspond à "une réelle attente de la part

des gestionnaires" qui ont besoin de méthodes "propres, écologiques, peu coûteuses",

permettant de n'être plus embarrassé des déchets produits par ces méthodes de gestion. Le compostage peut par exemple permettre le développement de filières locales de traitement des plantes extraites des milieux, réduisant ainsi les déplacements de déchets à risque et les coûts de transport, et favorisant la production d'amendements organiques réutilisables, avec un coût de traitement que cet auteur estime à 30 € la tonne.

La mise en œuvre de cette technique nécessite évidemment des précautions particulières de mise en œuvre, conséquences directes des caractéristiques biologiques et écologiques de ces plantes. En particulier, les fortes capacités de reproduction sexuée des deux espèces sont maintenant mieux évaluées : il est indispensable de s'assurer que les graines de jussies contenues dans les matériaux compostés ont bien perdu leur capacité germinative afin que cette filière de recyclage ne contribue pas à la dispersion de ces plantes envahissantes au gré des utilisations ultérieures des composts produits.

C'est dans contexte que le Conservatoire des Sites de l'Allier, en sa qualité d'animateur du site Natura 2000 Val d'Allier Sud, a souhaité faire réaliser des tests de germination de graines de jussies, d'une part sur des prélèvements de sédiments provenant d'un site en bordure de la rivière Allier, "le Recul des trois Sandres" fortement colonisé par les jussies dans lequel des interventions d'arrachage étaient prévues, d'autre part sur des échantillons de compost de jussies issus de ces interventions.

Ces tests faisaient partie d'un plus vaste programme (Figure 1) intégrant la gestion des jussies colonisant le site Natura 2000 et leur valorisation agricole par compostage.

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Figure 1 : Projet de gestion des jussies sur le site Natura 2000 "Val d'Allier Sud"

2. Tests de germination

2.1. Conditions de réalisation

Les tests ont été conduits dans des conditions similaires à celles de tests précédents (Dutartre, 2009).

Les bacs de tests sont placés dans une enceinte à température régulée à 20 °C avec un cycle jour (14 H), nuit (10 H). Des plaques de verre sont posées sur les bacs pour en réduire l'évaporation de l'eau.

L'épaisseur de l'échantillon testé, d'environ 1 cm, est uniforme dans tous les bacs. Une saturation en eau de cet échantillon a été réalisée dès le début de l'expérimentation à l' aide d'eau du robinet. Il s'agit de créer les conditions optimales de germination des graines de jussies (Dutartre et al., 2006) éventuellement présentes dans les échantillons en humidifiant les échantillons jusqu'à ce que l'eau affleure la surface du sédiment; cette saturation est maintenue durant toute la durée de l'expérimentation par des ajouts d'eau réguliers.

Une surveillance journalière des tests comportant un comptage dans chaque bac de l'ensemble des plantules visibles a été assurée par Sylvia Moreira et Gwilherm Jan.

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Les plantules sont laissées en place tant qu'il n'est pas possible de les identifier formellement comme étant des plantules de jussie (architecture et forme des feuilles en particulier).

Figure 2 : Plantule de L.

grandiflora prélevée sur la rive

Est du lac de Parentis-Biscarrosse (40) en avril 2004. Photo Alain Dutartre

La figure 2 présente une plantule de jussie (en l'occurrence Ludwigia

grandiflora) prélevée en milieu naturel en 2004 et dont la photo nous

a servi de référence dans l'identification d'éventuelles plantules. Le développement des plantules de jussies dans les conditions des tests est relativement lent : elles peuvent atteindre 3 à 5 cm en un mois et présenter une dizaine de feuilles à la fin de cette même période.

Une proportion importante des plantules qui se sont développées durant les tests présentaient une conformation qui permettait de les identifier en quelques jours à une ou deux semaines comme n'étant

pas des jussies : il s'est agit en particulier de feuilles linéaires se développant depuis la base de la plantule ou de feuilles opposées sessiles, c'est-à-dire sans pétiole.

Dans les deux tests, des germinations se sont étalées dans le temps, ce qui nous a conduits à allonger la durée d'expérimentation originellement prévues, d'autant que des retards de germination de graines de jussies pouvant dépasser trois semaines avaient été observés lors de tests antérieurs (Dutartre et al., 2006)

2.1.1. Echantillons de sédiments

Les échantillons ont été prélevés par les soins d'un membre du Conservatoire des Sites de l'Allier et envoyés par courrier postal.

Contenus dans des flacons plastiques de 0,5 l numérotés de 1 à 4, ces échantillons ont été conservés au réfrigérateur à 4 °C.

Avant le démarrage du test, chacun de ces quatre échantillons provenant du même site a été extrait de son flacon, malaxé à la main et les quelques déchets de taille supérieure à 0,5 cm retirés. Il a ensuite été réparti en parties égales dans deux bacs de germination de 15 x 20 cm.

Bien que provenant d'un même site, les quatre échantillons présentaient des caractéristiques (couleur, présence de fibres végétales, particules minérales, humidité) un peu différentes : le tableau 1 présente les observations faites sur les échantillons avant le début du test.

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Tableau 1 : Description visuelle des échantillons de sédiments :

Pas de fibres végétales apparentes, couleur noire, odeur forte (sédiment réduit), relativement liquide

1

Présence de fibres végétales et d'un peu de sable ; non liquide 2

Présence de très nombreuses fibres végétales, de sable et de quelques graviers ; un caillou de 2 cm ; non liquide

3

Texture proche de l'échantillon 2 mais présence plus forte de fibres de longueur d'au moins 5 cm ; relativement liquide (moins que le 1). 4

Le test a débuté le 7 septembre et s'est terminé le 9 décembre 2009. 2.1.2. Echantillons de compost

Les échantillons issus de quatre sites distincts de compostage ont été prélevés par les soins d'un membre du Conservatoire des Sites de l'Allier et envoyés par courrier postal.

Ils ont été conservés au réfrigérateur à 4°C avant le démarrage du test.

Les étiquetages extérieurs des échantillons n'ayant pas résisté à l'humidité des sacs durant le transport, leur d'identification de provenance n'a pas été possible. Aussi, après accord, avons-nous séparés chacun des échantillons en deux parties, l'une destinée à réaliser un échantillon moyen des quatre échantillons (tests numérotés 1.1, 1.2, 1.3), l'autre à des tests séparés (tests A, B, C, D).

Chaque échantillon a été malaxé à la main pour fragmenter les petits blocs terreux extraire les graviers, des brindilles et racines visibles, ainsi que quelques autres déchets de taille supérieure à 0,5 cm.

Le tableau 2 présente les observations faites sur les échantillons avant le début du test.

Tableau 2 : Description visuelle des échantillons de compost

Quelques gros graviers et brindilles, un lombricidé… couleur brun foncée 1

Nombreux petits graviers, moins de brindilles que dans l'échantillon 1, quelques racines, même couleur que 1

2

Quelques gris graviers, nombreux petits graviers, quelques racines, aucune brindille, même couleur que 1

3

Quelques grosses brindilles, quelques petits graviers et racines, même couleur que 1

4

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2.2. Résultats obtenus

2.2.1. Echantillons de sédiments

Aucun développement de plantule de jussie n'a été observé durant ce test.

En revanche des plantules appartenant à diverses espèces que nous n'avons pas cherchées à déterminer se sont développées en nombres variables dans les différents bacs de tests (Tableau 3).

Les germinations ont débutées dans 4 des 8 bacs 9 jours après le début du test et il a fallu attendre le 16ième jour pour que tous les bacs en abritent.

Tableau 3 : Nombre de plantules observées durant le test des sédiments JOURS 1.1 1.2 2.1 2.2 3.1 3.2 4.1 4.2 1 9 2 1 7 2 10 9 13 16 21 4 14 16 1 3 6 32 12 33 6 13 24 7 1 1 24 14 44 8 16 31 5 3 55 29 22 53 13 16 42 7 28 51 24 25 48 14 14 52 8 31 18 15 24 50 13 14 63 4 13 9 11 23 45 10 11 73 5 7 7 6 21 45 9 9 83 4 8 8 2 22 44 8 8 92 4 9 9 2 25 41 9 9

Sauf pour les bacs de l'échantillon 4, les nombres de plantules sont très variables entre les échantillons testés, y compris entre les deux bacs du même échantillon :

- par exemple, les nombres maximums comptés sont respectivement de 31, 55, et 53 pour les échantillons 1, 2 et 3, alors que ce nombre est seulement de 16 pour l'échantillon 4.

- de même, pour l'échantillon 1, les maximums sont de 9 pour le sous-échantillon 1.1 et de 31 pour le 2.2 ; des différences notables sont également observables entre les sous-échantillons des échantillons 2 et 3 alors que pour l'échantillon 4, ces nombres sont proches (14 et 16).

Nous n'avons pas d'explication de cette importante variabilité des développements de plantules, sinon la présence de banques de graines différentes entre les échantillons

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prélevés et, pour les sous-échantillons, un mélange insuffisant de l'échantillon avant la séparation en deux.

Une partie des plantules seulement a survécu au long de l'expérimentation. Ces régressions en nombre ont été plus ou moins importantes dans la plupart des bacs car seuls les bacs 3.1 et 3.2 ont continué d'abriter tout ou partie des plantules qui s'y sont développées (100 % pour 3.1, 77 % pour 3.2). Les taux de plantules survivantes dans les bacs 1 et 2 varient entre 6 et 44 %. Les résultats obtenus pour les deux sous-échantillons 4.1 et 4.2 sont en revanche très similaires en fin d'expérimentations avec une survie de 64 % des plantules.

Ces disparitions des plantules au fil du temps nous semblent être en lien direct avec les conditions du test, en particulier la saturation en eau des sédiments qui crée une humidité importante probablement néfaste au développement de la plupart des plantules d'espèces pouvant coloniser le site d'où proviennent les sédiments.

a

b

c

d

Figure 2 : Développements de plantules dans les bacs de tests, 9 novembre 2009.

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2.2.2. Echantillons de compost

Aucun développement d'une plantule de jussie n'a été observé durant ce test.

En revanche des plantules appartenant à diverses espèces que nous n'avons pas cherchées à déterminer se sont développées dans les différents bacs de tests (Tableau 4).

Les germinations ont débutées dans 3 des 7 bacs 5 jours après le début du test et il a fallu attendre le 16ième jour pour que tous les bacs en abritent.

Tableau 4 : Nombre de plantules observées durant le test des échantillons de compost

JOURS 1.1 1.2 1.3 A B C D 1 5 1 1 2 9 1 1 1 1 1 2 16 1 1 1 2 1 2 2 25 1 2 3 3 1 3 2 32 2 3 2 3 1 11 3 39 2 3 4 2 1 12 2 46 1 4 3 2 11 2 63 1 4 3 2 10 2 68 1 4 4 2 10 3 75 1 3 4 2 9 2 82 2 3 5 2 9 2 90 3 2 4 2 6 2 97 3 2 4 2 4 1 103 3 3 2 3 110 3 3 2 3

Contrairement à ce qui a été observé lors du test sur les sédiments, les nombres de plantules qui se sont développés dans les échantillons de compost sont restés faibles, avec un maximum de 12 pour l'échantillon C et une seule plantule qui a disparu en environ 3 semaines dans le bac de l'échantillon B. Ces faibles nombres sont peut-être la conséquence d'un compostage bien conduit dont les conditions de températures élevées ont pu détruire la capacité germinative des graines présentes dans les matières végétales à composter.

Les trois sous-échantillons moyens (1.1, 1.2 et 1.3) issus du même échantillon de départ présentent une relativement faible variabilité de résultats (3 à 5 plantules).

Dans trois de bacs tests (1.2, B et D), aucune plantule n'était présente lors de l'arrêt de l'expérimentation et une régression du nombre des plantules est notable, faible dans le bac 1.3, plus forte dans le C.

Nous n'avons pas non plus d'explication évidente de cette variabilité des développements des plantules.

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3. Commentaires

3.1. Rappels sur les capacités de germination des jussies

La documentation disponible sur la question de reproduction sexuée des jussies était relativement rare jusqu'à la fin du XXième siècle : selon Berner (1971), les graines de L.

grandiflora observées sur les berges du Tarn à Montauban germaient difficilement, avec un

déchet pouvant aller jusqu'à 96 % en cultures expérimentales, mais aucune preuve de la capacité de cette plante à se reproduire de manière sexuée en milieu naturel n'était apparemment présentée dans la littérature sur ce point.

Si la capacité de reproduction végétative des deux espèces de jussies était déjà très largement évaluée à cette époque, cette autre possibilité de reproduction méritait, elle aussi, d'être précisée.

Des expérimentations sur la germination de L. peploides ont été réalisées en 1998 par Denis Cheyrou, de la Réserve Naturelle des Marais de Bruges (33) : ses données (non publiées) indiquent un taux de germination élevé de 94 % (Cheyrou, communication personnelle).

Une série de tests de germination en conditions de laboratoire a été mise en place en 1999 à partir de sept lots de graines provenant de différents sites du Sud-ouest, Marais d'Orx, Petit Etang de Biscarrosse (40) et canal de l'Isle (24), et de l'Ouest, Marais Poitevin (79) (Touzot & Dutartre, 2001).

Une extrême variabilité des taux de germination des différents lots de graines a été observée au cours de ces expérimentations, avec une absence de germination pour un des lots du Marais d'Orx et une valeur maximale de 85 % pour un des lots du Marais Poitevin. Hormis le cas déjà cité, tous les sites présentaient des graines capables de germer : 40 et 85 % pour le Marais Poitevin, 5 % pour le Canal de l'Isle (dans ces deux sites, il s'agissait de L.

peploides), 10 % pour le Petit Etang de Biscarrosse, 2 et 10 % pour les deux autres lots de

graines du Marais d'Orx (dans ces deux sites, il s'agissait de L. grandiflora).

Dans presque tous les cas, la germination a eu lieu durant les 15 premiers jours du test et les taux de germination sont ensuite restés relativement constants.

Les travaux de Pipet et al., (2002, 2003, 2004) sur les capacités de germination de L.

peploides dans le Marais Poitevin donnent également des taux de germination très variables

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germinative des graines disparaissait à partir d'un passage à 50 °C pendant 48 H. En effet, ces essais de laboratoire montraient que cette capacité était conservée jusqu'à 40 °C, dans des proportions variables (sur deux lots de graines, respectivement 23 et 55 %) mais qu'aucune germination ne se produisait à partir de 50 °C et au-delà.

Lors des reconnaissances préalables aux travaux engagés en 2005 dans le cadre du programme du Conseil Général des Landes (Dutartre & Petelczyc, 2005), des plantules issues de germination ont été observées dans deux sites du Marais d'Orx, c'est-à-dire dans l'anse des Trois Couts et à proximité du pont Noir. En revanche, dans deux sites des Barthes de l'Adour, à Rivière et à Saint Vincent de Paul, aucune n'a été repérée alors que les biotopes explorés présentaient des caractéristiques assez similaires en termes de pente des fonds, de type de substrat et d'ensoleillement. Les plantules qui germaient directement dans les fruits de jussie dans les deux sites du Marais d'Orx ont été récupérées, transplantées en laboratoire et utilisées ensuite pour différentes expérimentations in situ ou en laboratoire : les pertes de plantules à l'occasion de ces mises en culture ont été négligeables.

Les résultats de tests de germination réalisés en 2006 sur divers lots de graines sont également très variables (Dutartre et al., 2006). Il s'agissait de lots de graines issues de fruits conservés à l'état sec depuis 1999, de deux lots provenant du Marais d'Orx et d'un autre lot des marais de Bourges. Aucune des graines de 1999 n'a germé, les taux de germination des deux lots du Marais d'Orx avoisinaient 70 % et celui des graines provenant des Marais de Bourges était de l'ordre de 7 % en fin de test (34 jours), avec un retard de germination assez important puisque les premières germinations n'ont eu lieu qu'au bout de 26 jours.

Dans d'autres tests portant sur quatre lots de graines tous issus du Marais d'Orx mais prélevés dans des sites et des conditions différentes (fruits hors d'eau ou dans l'eau, détachés des plantes ou non), les taux de germination montrent encore de très importants écarts pour la même espèce (L. grandiflora): 15, 40, 50 et 90 %.

De même, les travaux de Ruaux (2008, 2009) ont porté sur les deux espèces de jussie et les taux de germination mesurés dans différentes conditions expérimentales sont relativement différents, soit 51 à 87 % pour L. peploides et 21 à 58 % pour L. grandiflora.

Enfin, toutes les observations actuellement réalisées sur des germinations de graines de jussies en milieux naturels correspondent à des sites du Sud ou de l'Ouest de la France. Le site le plus au nord où de telles observations ont pu être faites se trouve près de Rennes (Haury, communication personnelle) et ces observations réalisées une année n'ont pas été renouvelées depuis. Il est donc possible que cette capacité germinative ne soit pas une

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généralité sur l'ensemble du territoire métropolitain dans les sites où se développent des jussies. Les capacités de reproduction végétative de ces deux espèces leur suffisent amplement à assurer le développement de leurs herbiers dans les sites colonisés et la fragmentation de leurs tiges leur permet également une extension géographique permanente.

3.2. Rappels sur le compostage des jussies

Le compostage a été testé dans les Landes sur les jussies et le lagarosiphon à partir de 2003 (Dutartre et al., 2005). Les résultats obtenus avec lagarosiphon en mélange avec 50 % de déchets verts ont été tout à fait satisfaisants.

Pour ce qui concerne la jussie, des essais entamés en 2003 ne sont pas avérés concluants : une explication de ce relatif échec résidait apparemment dans le fait que les jussies utilisées pour ces essais provenaient d’eaux saumâtres de la partie aval du courant du Boudigau, exutoire du Marais d'Orx : or des teneurs en sels, même très faibles, peuvent expliquer l'échec de ces tests de compostage. En 2004, des essais ont été renouvelés et ont donné de meilleurs résultats : les échantillons de compost utilisés pour le présent test en proviennent.

La synthèse de Debril (2005) présente différentes informations sur le compostage proprement dit et sur les particularités du compostage des jussies en s'appuyant sur les connaissances disponibles sur la biologie et l'écologie de ces plantes.

En effet, les caractéristiques particulières des matières organiques constituant ces plantes peuvent perturber et/ou modifier le déroulement du compostage, en agissant directement sur les principaux paramètres de contrôle du compostage que sont le rapport C/N, le taux d’humidité et le taux d’oxygène lacunaire.

Lieu et période de récolte, temps entre récolte et démarrage du compostage, sont autant de paramètres dont il doit être tenu compte pour la réalisation du compostage car ils interviennent directement sur le rapport C/N et le taux d'humidité des matières à composter.

Debril donne également des exemples de compostage en vraie grandeur dont un a été réalisé à la demande du Syndicat EDENN en charge de la gestion de l'Erdre, un cours d'eau affluent de la Loire au niveau de Nantes.

Le compostage a été réalisé par une société spécialisée, Agro-Développement, sur des jussies fraîchement récoltées, mélangées à des déchets d’espaces verts broyés. Le compostage de deux mélanges testés semble avoir été efficace avec des températures

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avaient des compositions chimiques proches répondant à la norme AFNOR NF U 44 051 et très proches de celles d’un compost «moyen » de déchets verts, excepté pour la teneur en matière organique qui semblait faible.

Un autre essai a été réalisé par Loire Compost Environnement en 2004. Les déchets végétaux disponibles pour un mélange avec les jussies étaient composés de tailles de haies et de quelques tontes de pelouses. Cette plate forme de compostage a traité plus de 165 tonnes de jussies fraîches en mélange avec environ 330 tonnes de déchets verts.

Dans les trois essais réalisés les températures mesurées dans les andains de compostage ont atteint au moins 70 °C durant des périodes dépassant 2 semaines. Selon l’exploitant de la plate forme, le compostage des jussies ne présentait aucune contrainte technique et, grâce aux teneurs en eau élevées des jussies, pouvait même être un produit intéressant pour amorcer le compostage sans arrosage. Le compost obtenu a été épandu sur les terres de l’exploitant où il s’est avéré être un amendement organique de qualité.

Debril liste également les risques liés au compostage de déchets verts. Ils comportent en particulier des émissions de gaz à caractère polluant, la production de poussière et la production de lixiviats pouvant polluer les écosystèmes aquatiques.

Ces risques se posent également dans la gestion du compostage des jussies mais dans ce cas, il faut leur ajouter les risques de dispersion des plantes lors de l'utilisation du compostage. Les fragments de tiges de jussies qui subsisteraient après broyage en début de processus sont détruits par la chaleur du compostage mais le risque de dispersion par des graines ayant conservé leur capacité de germination est important. Selon Debril, il est fonction de l'espèce et de la présence de graines dans les plantes arrachées, des possibilités de fuite de graines durant le compostage et de la viabilité des graines dans le compost en fin de processus.

La viabilité de graines d’adventices a été testée sur différents composts. Bien que la température et la durée de contact nécessaires puissent différer entre les espèces, elle semble disparaître à des températures souvent comprises entre 55 et 65 °C, températures souvent mesurées dans les andains de compostage (Cf. les deux exemples présentés) et dans des durées très variables entre 2 et 18 semaines. Les graines viables au delà de ces délais se trouvaient dans des points restés froids des andains, correspondant probablement à des manipulations incorrectes des andains. En effet, si les températures au cœur des andains peuvent atteindre voire même dépasser 65 °C, elles diminuent quelquefois de manière importante vers l’extérieur de l’andain.

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Si Loire Compost Environnement n’a pas réalisé de tests de germination sur le compost de Jussie, ceux mis en place par Agro-Développement n'ont détecté aucune repousse. Debril indique que ce résultat est "à nuancer" en particulier car le temps de maturation du compost n'est pas connu (et un compost immature peut contenir des substances anti-germinatives) ; par ailleurs, la maille de criblage utilisée était très fine, diminuant ainsi les chances de passage des graines dans le compost testé.

Par ailleurs, lors de tests réalisés sur des échantillons de compost de jussies, le développement de deux plantules a été observé sur 12 bacs tests (Dutartre, 2009). Les conditions expérimentales très favorables du test pour la germination de graines de jussies éventuellement présentes dans les échantillons, ne se rencontrant généralement pas dans les conditions d'utilisation "classiques" des composts (saturation en eau des sédiments, absence de compétition interspécifique), nous avaient permis d'estimer que le risque de germination dans des conditions normales de compostage et d'utilisation des composts était insignifiant.

Enfin, dans une note complémentaire à la synthèse de Debril (2005), Haury (2008) rappelle les risques de dissémination de fragments de tiges ou de graines lors de la collecte des plantes, leur transport, leur stockage et des opérations ultérieures de compostage. L'isolement des aires de compostage et l'absence de possibilité de mélanges entre matériaux à composter et compost mature sur les plates-formes de compostage sont de nécessaires précautions visant à limiter cette dissémination.

L'homogénéisation des composts au cours de leur maturation par des manipulations adaptées des andains doit permettre d'éviter les "zones froides" dont la montée en température est insuffisante pour détruire la capacité germinative des graines et des autres diaspores éventuelles telles que fragments de tiges.

Il conclut que le "problème des graines des jussies semble peu important, les essais réalisés

dans différentes conditions ainsi qu’en laboratoire montrant que le pouvoir germinatif des graines est détruit par le compostage et que les quelques germinations obtenues correspondaient à des zones mal mélangées."

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4. Conclusions et synthèse

Les deux séries de test réalisés ici n'ont donc pas permis d'observer de développement de plantules de jussies.

Les conditions expérimentales de ces tests étaient similaires à celles de précédents tests ayant donné des résultats positifs, c'est pourquoi nous estimons que cette absence de germination est un résultat valable.

En revanche, ses causes sont probablement différentes dans les deux contextes :

- les échantillons de sédiments provenant d'un site colonisé par les jussies ne comportaient peut-être pas de graines de jussies - ce qui est possible dans des herbiers récents ou se développant dans des biotopes régulièrement en eau - ou de graines possédant une capacité germinative ; sur ce second point, nous n'avons actuellement aucune information quant à l'existence de cette capacité dans les zones du centre de la France, la plupart des informations la confirmant provenant seulement du sud ou de l'ouest…

- les échantillons de compost pouvaient abriter des graines ayant perdu leur capacité germinative suite aux importantes élévations de température se produisant lors des processus de fermentation du compostage (une température dépassant 50 °C semble suffisante pour détruire cette capacité).

Quoi qu'il en soit, les informations disponibles sur les capacités de germination des graines des deux espèces de jussies considérées comme envahissantes en métropole (Ludwigia

grandiflora et L. peploides) montrent bien que ces deux espèces sont capables de

reproduction sexuée, même si les résultats des expérimentations déjà menée sont extrêmement variables, et que rien n'empêche que cette capacité s'étende progressivement à tous les sites colonisé par ces deux espèces.

Le compostage des jussies extraites des milieux aquatiques reste une des solutions techniques de recyclage de ces matières organiques parmi les plus évidentes. Elle prend actuellement de l'ampleur dans la possibilité qu'elle offre de transformer un déchet en un amendement organique ultérieurement utilisable.

Les quelques tests et expérimentations en vraie grandeur en région Pays de la Loire (Debril, 2005) ont permis d'obtenir des composts jugés acceptables, démontrant ainsi la faisabilité technique de ce recyclage. A notre connaissance, seul le test de germination sur les

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composts obtenus dans les Landes (Dutartre, 2009) a montré le développement de deux plantules de jussies, ce que nous avions considéré comme un risque non significatif en considérant les conditions expérimentales très particulières de ce test, très éloignées des modes d'utilisation des composts, conditions qui ont été également imposées dans les présents tests.

5. Bibliographie

1 Debril J., 2005. Gestion des déchets de Jussie par le compostage. DIREN des Pays de la Loire, rapport 36 p. Dutartre A., 2009. Gestion des jussies. Evaluation des risques de germinations après compostage. Cemagref

REBX, programme Géolandes, rapport, 14 p.

Dutartre A., Oyarzabal J., Fournier L., 2005. Interventions du Syndicat mixte Géolandes dans la régulation des plantes aquatiques envahissantes des lacs et des étangs du littoral landais. Aestuaria, n° 6 : 79 – 97.

Dutartre A., Petelczyc M. 2005. Germination et dynamique de développement des plantules de Ludwigia

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Dutartre A., Poumeroulie, S., Madigou, C., Grange J. 2006. Germination et dynamique de développement des plantules de Ludwigia grandiflora en milieu naturel et en conditions de laboratoire : programme 2006. Cemagref REBX, rapport, 46 p.

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Direction générale Parc de Tourvoie

BP 44 - 92163 Antony cedex Tél. 01 40 96 61 21

Résumé :

Le compostage des jussies extraites des milieux aquatiques est une technique de recyclage de ces matières organiques régulièrement utilisée. Deux tests de germination ont été réalisés, le premier sur des sédiments d'un site colonisé par les jussies, le second sur des échantillons de compost de jussies afin de déterminer si le compostage avait bien détruit la capacité germinative des graines de jussies. Les deux tests n'ont montré aucun développement de plantules.

Mots clés : Ludwigia – écologie – compostage - germination

Abstract:

Water primrose management in France

Results of two germination experimentations on sediment and on samples after composting

In France, the composting of extracted water primrose from water bodies is a recycling technique regularly used. Two germination tests have been achieved, the first on sediments of a site colonized by water primrose, the second on samples of water primrose compost in order to determine if the composting had destroyed the germination capacity of the seeds.

The two tests didn't show any development of water primrose plantlets.

Key-words: Ludwigia – ecology – composting - germination

Figure

Figure 1 : Projet de gestion des jussies sur le site Natura 2000 "Val d'Allier Sud"
Figure 2 : Plantule de L.
Tableau 3 : Nombre de plantules observées durant le test des sédiments
Figure 2 : Développements de plantules dans les bacs de tests, 9 novembre 2009.
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