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Lexicon mediae Latinitatis Danicae — Ordbog over dansk middelalder-latin auctore Franz Blatt composuerunt Bente Friis Johansen, Hol-ger Friis Johansen, Peter Terkelsen aliique : Fasc . I A-axis, 69 pp . ; II : B-contiguus, 96 pp . ; III : continentia-evinco, 96 pp . Aarhus uni-versitetsforlag, Aarhus 1987 ; 1988 ; 1990 .
Parmi les dictionnaires du latin médiéval des pays particuliers en cours de publication se range maintenant leLexicondanois, dont trois
CHRONIQUES ET COMPTES RENDUS
16 9 fascicules ont vu le jour depuis 1987 . Les préparatifs pour cet ouvrage commencèrent déjà dans les années 1930, sur l'initiative de Franz Blatt, longtemps à la tête du Novum Glossarium . Quant à la méthode et au niveau des aspirations, le dictionnaire du Danemark est comparable à ceux de la Pologne, de la Suède, des Pays-Bas et de la Grande-Bretagne , qui couvrent essentiellement la même période (le matériel danois allan t du11 e siècle jusqu'à 1536, date de la Réforme de l'Église du Danemark) . Dans une introduction écrite en danois et en allemand, le rédacteur en chef, PeterTerkelsen, rend compte des principes qui ont guidé le travail . On a dépouillé tous les textes latins médiévaux provenant du Danemar k ou concernant ce pays qui ont été publiés (y compris des textes de l'Is-lande), en tenant compte exclusivement des éléments non classiques , c'est-à-dire de ceux qui ne se trouvent pas dans le Handwörterbuch de Georges . Cependant, on ne dit pas combien d'exemples ont été tirés de chaque texte . La structure des articles est clairement expliquée : pour chaque lemme on présente d'abord les déviations formelles, puis toute s les significations médiévales, illustrées, si possible, par au moins 3 ou 4 exemples . Les mérites de ce dictionnaire sont surtout l'exactitude philo-logique et la présentation détaillée et rigoureuse des significations spé-ciales, des constructions grammaticales et des expressions particulière s où les mots peuvent apparaître . Mais on constate aussi quelque s défauts, et celui qui saute le plus aux yeux est que, pour quelque raiso n incompréhensible, les rédacteurs ont renoncé à traduire les mots e n autre langue que le danois . Pourquoi empêcher la plus grande partie d u public international de profiter des résultats de cet admirable travai l philologique ? De plus, même si le lecteur se contente d'utiliser l'ouvrag e comme un recueil d'exemples, il trouve des difficultés, car les citation s sont souvent trop sommaires pour élucider suffisamment le contexte . Cela est particulièrement gênant là où il s'agit de mots ou de phrases rares ou difficiles à interpréter (p . ex . anterioratio, apostolus 3, cabirnen-turn, distributio 2) . Pour certains mots, on regrette l'absence d'explica-tions techniques (accidentalis, anniversarius, aratralis, duodecirnus : sacramenturn, iuramentum d-um, equito : e . diuisionemetc.) . La tendance
manifestée à grouper les exemples selon les critères syntaxiques plutôt que sémantiques complique parfois l'interprétation : ainsi, sousappono 2 ba on trouve un passage de D .D . (= Diplomatarium Danicurn)
Il
3,73 (a . 1283) ad. . . bona. . . curiam parmi d'autres exemples de apponoemployé avec ad, mais dans la citation qui précède, le verbe signifi e « donner », et l'on ne voit pas immédiatement que dans notre passage il signifie « ajouter », coordonné, comme synonyme, avec adicio (l'exem-ple est mieux illustré sous adicio 1) . Sous archidiaconus, on est bie n
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réel de l'archidiacre . D'autre part, dans les articles cantor, capellanuset
decanus, on trouve davantage d'explications de ce genre .
Dans le traitement du matériel classique, qui constitue toujours u n problème, il y a une certaine inconsistance, en partie admise déjà dans l'introduction . En effet, après avoir presque terminé le dépouillemen t des sources, on a modifié les principes originaux de sorte à incorporer par un simple renvoi sans citation les mots qui n'apparaissent que dan s leur fonction classique . Le vocabulaire classique ainsi ajouté vient prin-cipalement des Gesta Danorum de Saxo Grammaticus . Mais il arriv e aussi que sous beaucoup de lenunes les emplois classiques se présenten t sans motif évident : ainsi sousad, actio (où, à vrai dire, seules les signifi-cations 4 et 5 sont spécifiquement médiévales), puis dolus, efficio, e t
d'autres encore . Un passage du manuel théologique Rotulus pugillaris
du dominicain Augustin de Dacie est amplement cité sous allegoricus ,
bien que le mot se trouve dans Georges, mais par contre trop succincte-ment sous anagogicus, mot non classique.
Mentionnons encore quelques mots commentés de façon pas tout à fait satisfaisante . Dans l'articleadministro on cherche en vain un exem-ple de l'année 1415 cité sous antiphona, où admninistro, avec le datif, a le sens de «être en fonction, participer à» : scolares. . . administrantes . . . misse corporis Christi et antiphone Melchisedech . Sous approprio 3, le dernier exemple cité, de D .D . (a . 1335) (siresempta inpetitur et vendens appropriaverit et confitetur se vendidisse), représente un emploi techni-que du verbe, qui n'est pas suffisamment expliqué, à savoir : t<prouve r
son droit de vendre, garantir contre toute réclamation » . Au verbe
attento/atternptoon accorde sous 3 une fonction absolue dans D .D . I I 3,19 (a 1282) . Mais le contexte est Quod siquis ausu temerario contr a nostram prohibicionem attemptauerit (« Si quelqu'un essaie cela . . . » , c'est-à-dire d'empêcher les naufragés de sauver leurs biens), donc l e verbe est transitif. L'adverbe prétendu benigno dans D .D . II 3,39 2 (a . 1290) est dû à une faute d'interprétation, car on lit :Benigno tibi sun t illa concedenda fauore .
Malgré les réserves faites ci-dessus, il y a lieu de souhaiter beaucou p de succès à cette nouvelle entreprise lexicographique, qui promet d e devenir un instrument de travail très précieux, tout particulièremen t dans le cas où les rédacteurs se décideraient à fournir des traduction s aux lecteurs qui ne possèdent pas le danois .
Stockholm