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Scot Erigène traducteur de Denys

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Texte intégral

(1)

SCOT ÉRIG1 NE

TRADUCTEUR DE DENY S

Les écrits du Pseudo-Denys : la /Jif'rarclrie céleste, la Hiérarchi e ecclésiastique, les Noms divins, la Théologie mystique et les dix lettre s ont eu pendant le moyen âge les honneurs d'au moins cinq traductions ; tour â tour llilduin, Scot Erigène, Jean Sarrasin, Thomas Gallus, Ro-bert Grossetête se sont essayés à rendre de plus en plus intelligible e t assimilable la doctrine de Denys .

Toute traduction est un événement pour l ' histoire d ' une pensée l a psychologie du traducteur vient s'ajouter à la psychologie de l'auteur . On ne peut aborder la pensée d ' autrui sans y mettre sou état d ' âme . Les textes ont une âme . Sans aucun doute, ils ne se livrent pas la pre-mière fois qu ' on entre à leur contact ; mais qu ' on vive longtemps ave c eux, en leur prêtant l ' attention à laquelle ils ont droit, et peu à peu leu r voix se fera de plus en plus distincte . Le vrai râle du critique, qui sup -pose ce long commerce de sympathie avec l ' objet de son étude, est d e percevoir ces paroles intérieures et de les rendre sensibles à ceux q u ' u n

labeur trop précipité empêcherait d' entendre .

Après avoir étudié la version d ' Hilduin, retracé les méthodes de t ra-vail du premier traducteur de Denys, nous essayerons dans l ' étude présente de saisir la physionomie particulière de la version de Scot Eri -gène . Nous insisterons sur la connaissance de ce dernier, sur son voca-bulaire . Au ix" siècle, le langage philosophique et théologique se cré e en Occident ; les idées nouvelles introduites par Denys vont détermine r une langue nouvelle .

Pour comprendre cette langue, il faut, de toute nécessité, comprendr e aussi le milieu clans lequel elle est née, l'atmosphère intellectuelle don t elle est la manifestation et saisit' au moins quelque peu la psychologi e dont elle est chargée . Tel est le but que nous poursuivons dans no s études sur le ix'° siècle, dont le présent travail n ' est qu'une partie .

BULL . DU CANE . 1931

(2)

186

P . G . THÉRY .

CI-IA1'ITßE I

NOTIONS GÉNÉRALE S

SUR LA CARRIÈRE INTELLECTUELLE DE SCOT ERIGEN R ET SUR SA TRADUCTION DE DENY S

Le véritable introducteur des écrits dionysiens en Occident es t sans aucun doute Scot Erigène .

Né vraisemblablement en Irlandel au commencement du Ix e

siè-cle —

on ne peut préciser davantage — peut-être chassé de so n pays par les Danois"-, Scot Erigène3vint en France4, à la cour de 1. Il no rentre pas dans le but de notre travail d ' ouvrir des discussions sur les points con-troversés de la biographie si obscure do Scot Erigène . Parmi les travaux les plus accessible s sur cette question, nous signalerons à nos lecteurs :histoire littérairede laFrance, t. V , p. 416-429 ; Saint-René-Taillandier, Scot Erigêneetla philosophie scolastique, Strasbourg , 18113 ; F . A . Staudenmaier, Johannes Scotus Erigena und die Wissenschaft seiner Zeit, Francfort-sur-le-Mein, '1834 ; J . Huber, Johannes Scales Erigena, Munich, 1861 ; Floss, Pate lat., t. CXXII, Praemium, p . xrx-xxvur ;Traube,Monumenta Germaniae Histerica , PoetarumLatinorunzMedii.Aevi, t . III, p. 518 et suiv . ; Deutsch, dans Bealencyclopedie , t,. XVIII, p . 86 et suiv. ; Manitius, Geschichte der lateinischen Literatur des Mittelalters, ITeil,Munich, 1911, p. 323 et suiv . ; F . Vernet, art . E'rigine,dans loDictionnaire de théo-logiecatholique,t. V, col . 401-434 ; R. Lane Pool', Illustrations ofthe Historyof Medieval Thoughtand Learning, 20 éd., Londres, 1920, eh. u, et Appendix II . — Voir aussi Alex . Brilliantof, Joie. Shot.Erigena(en russe), Saint-Pétersbourg, 1898, in-8 0 , dont M . Drtlseke, Zeitschrift für wissenscheftlicheTheologie, 1904, p .128, a fait connaître les conclusions .

2. F . E . Warren,TheAntiphonary o fBangor .AnearlyirishManuscript inthe Ambrosias LibraryatMilan. Part I . A completefacsimile in collotypeby W. Griggs,,villoa transcrip-tion ;accompaniedby an introductiondescriptive of thehistory and the palaeography ofthe Manuscript, London, 1893, p, xnz : a The auter of the life of St . Buo mentions John Eri-gena and Dungal theDivino (Theologus eximiunz) as two among many others who were compeIIed to take shelter in Gaul from the fury of the Danes . n Warren renvoie n . 3 à J. Colgan,Acta Sanctorum,Lovanii, 1645, p . 256 . Sur J. Colgan et son ouvrageDemonasteriis Hibernorunz in exteras gentes, voir D . Gougaud, L'wuvre des Scotti dans l'Europe conti-nentale (fen VI°-fin XI° siécle),dans la Revue d'histoire ecclésiastique, de Louvain, 1908 , p . 21, n . 2 . — Voir aussi P.L., L. CLXXIX, col . 1084.

3. Certains contemporains l ' appellent par son lieu d'origine, Scotus (voir lettres de Nico-las I ce ; P. L ., t . CXXII, col . 1025-1026 : Testimonia 1, Il ; Prudentius ; P . L ., t. CXV, col . 1011 ; ParduIus, évêque de Laon ; P . L., t. CXXI, col. 1052, 1054) ; d'autres l'appellent Scotigenu(voir la lettre Intercaeterad'Anastase le Bibliothécaire ; P .L .,t. CXXII, col . 1027 -1028) ; Erigena (voir Hincmar, P. L ., t. CXXV, col . 296) ; Eriugena (mss . francs) ; Ieru-gena (mss . italo-germains) . — Sur l'emploi du motScottigena,voir Sedulius Scottus, M. G . IL, Poet . lat ., III, P .r, p . 197, 201 . — Sur la formeEriugenaet Ierugena, voir Stauden-maier, op .cit., p . 105-110 ; Floss, P . L., t . CXXII, p . xrx, et col . 3 ; Cl . Bauemker, Jahrb . für Phil . undSpekul .Theol .,VII (1893), p . 346, et VIII (1894), p . 222 ; Traube, loc. cit. , p . 518, u . 1 ; F . Vernet, art. Erigéno (Jean Scot), toc,cit., t. V, col. 401 . — Le soi-disant Jep a (voir Traube, 0 Roma A'obilis, Munich, 1891, p. 77 [373], dont Cl . Bauemker et Bodo Sartarius Freih. von Waltershausen ont publié le commentaire sur l'Isagoge de Porphyre , dans les Beiträgezur GeschichtederPhilosophie und Theologie des Mittelalters, B, XXIV , H. 1) pourrait bien être tout simplement Ierugena. Iepa serait te pa, abréviation en carac-tères grecs de Ierugena (fera) . M . Mélandre publiera dans le t . VI des Archives d'histoir e doctr inaleetlittéraire du Moyen Age,une note très suggestive sur ce point.

(3)

SCOT ÍItIGENE, TRADUCTEUS DE DENYS .

187 Charles le Chauve 1 , avant 845 2 . Quoique ne jouissant d ' aucun e dignité ecclésiastique 3 , il acquit par sa science philosophique e t sa connaissance du grec une place prépondérante dans son mi-lieu . C ' est à la cour qu ' il connut Prudence s , plus tard évêque d e Troyes (846), tout d ' abord son ami et ensuite son adversaire ; Ilé-lie, maître d ' Heiric d'Auxerre 5 ; Wulfad, qui deviendra archevêqu e de Bourges, et à qui il confie la révision du De

divisione

naèurae e, .

contra J . Scotum, dit avec malice : « Te solum omnium acutissimum Galline transmisi t Hibernia, ut quasnullus absque te scirc poterai, Luiseruditionibus obtineret, u D'aprè s quelques historiens, Scot Érigène aurait été appelé en France par le roi Charles le Chauve . C'est une hypothèse purement gratuite, puisque nous ne connaissons rien de l'activité in-tellectuelle do Scot en Irlande. — Voir Traube, O Roma Nobilis, p . 67 . — Beaucoup d e fables concernant Scot ligine nous ont été transmises par Guillaume de Malmesbury , Gesta Regina. Anglorum, liv. II ; P . L., t. CLXXIX, col. 1084 : « Johannes Seottus, vir porspicacis ingerii et multae facundiac, qui, dudum concrepantibus undique bello -rum fragoribus, in Tranciare ad Karolum Calvum transierat, cujus rogatu Hierarchia m Dionysii Areopagitac in latinum de graeco verbum e verbo transtulit ; composuit etia m librum queue pepi pvaste' p.cptaµov, id est De naturae divisione, titulavit, propter per-plcxitatem neccssariarum quaestionum solvendam bene utilem, si tarnen ignoscatur et in aliquibus, in quibus a Latinorum tramite deviavit dum in Graecos acriter oculus in -tendit . Succedentihus annis, munificentia Blfredi allectus, venit Angliarn et apud monas-terium nostrum a pucris quos docebat graphiis, ut fertur, perforatus, etiam martyr aesti-matus est ; quod sub ambiguo ad injuriam sanctae animas non dixerim, cum celebrem ojus memoriam sopulchrum in sinistro latere ahuris, et epitaphii predane versus, scabri quidem et moderni temporis lima carentes, sed ab antiquo non adeo deformes .

« Clauditur in tumulo sanctus sophista Johannes , Qui ditatus erat jam vivens dogmate miro ; e Martyrio tandem Christi conscendere regnum . e Quo, meruit, regnant sancti per secula cuncti .D

Guillaume de Malmesbury a recueilli un grand nombre de fables sur Jean Scot Érìgène. Voir, pour un résumé rapide et sérieux, F . Vernet, Dirt. de théologie catholique, art .Erigèn e

(Jean Scot), t. V, col. 403 .

1. Voir Pardulus, évêque de Laon, P . L ., t. CiXI, col . 1052 A : « Sed quia haec inter s e valdc dissentiebant Scotum ilium qui est in palatio regis, Joannem nomine scribcre coegi-mus . u Ce texte est rapporté par l'auteur anonyme du Liber de tribus epistolis ; ce petit écri t a été composé par un clerc de Lyon, en 853. Voir Manitius, op . cit ., p . 397.

2. C'est à la cour que Scot Engine se lia d'amitié avec Prudence ; or, ce dernier quitta l a cour en 846 ou 847 pour prendre possession de son évêché de Troyes. VoirGalliaChristiane, t . XII, p .tr89 ; Histoire littéraire de la France, t . V, p . 241 . Voir P. L ., t . CXV, col . 1194, les textes de Prudence qui nous font soupçonner ses rapports personnels avec Scot Érigène .

3, Voir Prudence, P. L., t. CXV, col . 1043 A : « Quis enim te barbarum et nullis ecclesias -ticae dignitatis gradibus insignitum nec unquam a catholicis insigniendum, adversus Ro-manae urbis et apostolicae sedis antistitem Gregorium et oins sieut doctrinae et fidei, it a dignitatis atque ollicii sedum, beatum videlicet Isidorum episcopum, audiat ablatran-tem .DToutefois, Scot a dû recevoir une formation ecclésiastique : voir Manitius, op . cit. ,

p . 324 ; Vernet, Dict . de théologie catholique, art.Erigène,L .V, col . 402 .

4. P. L., t . CXV, col . 1012 : « Blasplremias tuas, Johannes . . . eo moles-Gus accepi, quo t e familiarius amplectabar, peculiarius diligebam .D

5. Manitius, op . cit ., p . 499-500 ; Ebert, Histoire générale de la littérature en Occident, tra-duction J . Aymeric et J . Condamin, t . II, Paris, '1884, p . 315-520 . On pourra consulte r encore aujourd'hui avec profit cet ouvrage pour toute cette période duex esiècle .

6. P. L., t . CXXII, col. 1022 A : e Hoc opus . . . dilettissimo tibi, frater in Christo Wulfad o et in studiis sapientiae cooperatori et examinandum offeso et corrigendum committo .

(4)

188

P . G . TIIíRY ,

A Laon, il fit la connaissance cl ' Ilincmar de Laon, de Pardulu s l et , sans doute aussi, de Martin 1 ' Irlandai s 2 . Les accusations et les vio -lentes attaques dont Scot devint l ' objet après la composition d u De predestinatione ne lui feront point perdre la confiance et l ' ami-tié du roi Charles le Chauve 3 .

Les écrits de Scot Erigène nous manifestent chez son auteur , avec une pointe de vanité et beaucoup de témérité, une vigueu r intellectuelle dont l' influence se répercutera bien loin dans

le

moyen âge . Le R . P . Jacquin, l ' un des profonds connaisseurs de s luttes théologiques du lx" siècle, caractérise en ces termes la phy -sionomie intellectuelle de Scot Erigène : a II ne se borne pas , comme un Raban Maur ou un Hincmar, à faire des chaînes d e textes plus ou moins habilement choisis ; il sait, à leur contact, s e former une pensée originale jusqu ' à un certain point et marque r des tendances qui décèlent le futur auteur du De

divisione

naturae , cette oeuvre contestable sans doute, mais vigoureuse, au demeu-rant, la seule synthèse philosophique et théologique du haut moye n

âge 4 .

Telle est on quelques lignes la physionomie de cet homm e s à qui le roi Charles le Chauve va demander la traduction du

Corpu s

Dionysiacuira .

Charles le Chauve aimait à encourager les écrivains : Ratramme , Usuard, Ileiric d ' Auxerre, Jonas d ' Orléans lui dédièrent leurs ou -vrages , ; c ' est aussi à la demande du roi

ties

Francs que Sco t

Nam et tufs exlrortaiionihus est inchoatum, tuaque solertia, quoquomodo sit, ad fine m osque perductum. »

1. C'est à Pardulus et à Ilinemar que Scot dédie son Liber de Praedeslinatione, P . L. , t. CXXII, col. 355 A : « Dominis illustribus et merlin Christianae lidei tuendae praostan-tissimis, atquc divino opiscopalis gratine dono clesursum a Paire luminum muncratis , Hincmaro et Par'thulo, Joannes servis vexier devotus in Domino salutem . e Voir aussi P. L., t. CXXI, col . 1052-1054 .

2. Voir M. E . Miller, Glossaire grec-latin de la bibliothèque de Laon.,dansNotices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale,t.XXIX,20partie, Paris, '1880, p . '17 .

3. Lire la lettre de Scot : Gloriosissimo,P. L., t. CXXII, col . 1031-1036. Cette lettre date des environs de 858, c'est-à-dire sept ans après la composition duLiber de predestinatione adverses Gottescalcunr . On a beaucoup exagéré l'influence do Scot Érigère à la cour d o Charles le Chauve . Thomas d'Irlande écrit dans son Manipulas Flo,'uen : « . . . l'école d e Paris eut quatre fondateurs, à savoir : Raban, Claude, Alcuin, maître du roi Charles, e t Jean, surnommé Scot, né toutefois en Irlande, l'Irlande étant la grande Écosse, lequel Jea n fut un des quatre commentateurs du Bienheureux Denys s ; voir P . Théry, dansRevue de s sciences philosophiques et théologiques,Le Saulchoir-Kain (Belgique), t . XI (1922), p . 74 .

4. R. P . Jacquin, O . P .,Le Néo-platonisme de Jean Scot,dans laRevue des sciences philoso-phiques et théologiques, Le Saulchoir-Kain (Belgique), 1907 (t. I), p . 685.

5. Beaucoup d'historiens le font vivre jusqu'à l'époque de Jean VIII (872-882) . 6. Léopold Delille,Cabinet des manuscrits,Paris, 1868, t. I, p . 6 . — Delille ajoute : « Les

(5)

SCOT ERIGENE, TRADUCTEUIt Dr DENYS .

189

I rigene entreprit la traduction du pseudo-Denys

jussionibu s

itaque vestris neque volentes neque t'alentes obsister'e, rudes

admo-dtun tirones adhuc belladicorurn st« diorum i . . .

Hilduin, quoi qu'e n pensent beaucoup d'historiens`' avait déjà traduit

le cor jus

Dio-nysiacum

entre

827

et 834 ; sa traduction, certes très méritoire , mais exécutée à la hâte par des hommes inexpérimentés, étai t d'une lecture extrêmement difficile ; la pensée de Denys y était sou -vent méconnaissable, et ce travail d'Hilduin n'aurait pu servir d e base aux spéculations théologiques3. Une nouvelle version était nécessaire . Scot va l'entreprendre et traduire à nouveau les quatr e livres de Denys et les dix lettres ti .

Traube

a fixé avant 860 cette traduction de Scot, par un enchaî-nement de considérations, dont jusque maintenant tous les histo-riens ont admis le bien-fondé : Hincmar de Reims, dit-il, cite cin q fois, dans son

De predestinatione 5 ,

les oeuvres de Denys . Hincma r

manuscrits de Charles le Chauve ne le cédent ni en richesse ni en élégance à ceux de Char-lemagne. C'est à bon droit qu'on a depuis longtemps classé parmi les chefs-d'oeuvre de la calligraphie du moyen âge les deux bibles de ce roi (Bibi . nat ., n . 1 et n. 2), son livre d e prière (Bibi . nat., '1152) et ses évangiles (bibi. de Munich) . En 877, Charles le Chauve or-donna à ses exécuteurs testamentaires de partager les livres de son trésor entre son fil s et les églises de Saint-Denis et de Notre-Dame de Compiègne . e

1. P. L ., L. CXXII, col . 1031 C .

2. Voir notre étude sur IIilduin, actuellement sous presse, et qui doit paraître prochaine -ment à la Librairie philosophique J . Vrin . — Gidel (Nouvelles études sur la littérature grecque moderne, Paris, 1878, p . '185) dit aussi qu'Ililduin ne put traduire les livres de De-nys ; Fr, Cramer(Dissertalionis de Graceis medli aevi studiis pars allers .De Greecis per oc-cidentent studiis indea Carolo Ll'lagno usque ad expeditiones in terrant sanetam susceptas , Sundiae, 1.853, p . 29) écrit aussi : e Nequcveroquisquam hune librum potuitvertere prao-ter Johannem Scotum Erigenam sivc potius Jerugenam . n

3. Toute notre étude sur Ililduin justifie cette manière de juger. Voir aussi Stauden-maier, J . Scotus Dripena unddie 1Visscnschaft seinerZeit, Francfort, 1833, p . 162-163, et, après lui, 111ullinger, TheSchools ofCharles the Great, Londres, 1877, p . 177 . Dom Cellier (Histoire généraledesauteurs ecclésiastiques, (id . Vives, 1862, t . XII, p . 607) écrit à ce sujet : On ne sait pour quel motif ce prince [Charles le Chauve] engagea Scot à traduire en lati n les ouvrages de saint Denis l'Aréopagite . L 'empereur Michel en avait longtemps auparavan t envoyé une traduction en cette langue à Louis le Débonnaire et on la conservait à l' abbay e de Saint-Denis. n On se rend compte des erreurs contenues dans ce texte . — Saint-René-Taillandier (op. cit., p . '73) manquait, lui aussi, d'une vue juste des choses quand il écrivait : Toutefois, cette traduction [d'Hilduin] resta obscure et méprisée. Était-elle incomplète, insuffisante? On peut le croire, puisque Charles le Chauve jugea nécessaire d 'en avoir un e nouvelle.DC'est cette dernière opinion qu'on retrouve dans le Kirchenlexihon, t. III, p . 179 5

(art,. de Itipler), et dans la Patrologie de l3ardenhewer, Fribourg, 1910, p . 466 .

4. Nous n'insistons pas sur l'étendue des traductions de Denys par Scot Érigène ; la tra-dition manuscrite est constante et ne soulève aucun problème ; nous avons, d'ailleurs, l e propre témoignage de Scot dans sa lettre Gloriosissimo, P . L ., t . CXXII, col . 1031 C : e Libres quattuor sancti patris Dionysìi AreopagitaeepiscopiAthenarum, quos scripsit a d Timotheum episcopum Ephesiorum, et decem epistolas ejusdem de graeco in Iatinum trans -tulimus .D

(6)

190

P . G . TIIÉI1Y .

n'ayant pu connaître Denys que d'après la version de Scot Éri-gène, il faut donc conclure q u'à l'époque de la composition du

De

predeslinatione

(859-860) de l'évêque de Reims, Scot avait achev é sa traduction de Denys 1 .

Traube

a bien vu que les citations d'Hinc -mar ne concordaient pas de tous points avec le travail de Scot , mais il imagina, pour résoudre cette difficulté, qu'Hincmar avai t cité Denys d'après une première rédaction de Scot, ou

plus

vrai -semblablement la version de Scot avant la révision d'Anastase" .

Nous savons aujourd'hui qu'Hincmar de Reims a connu Denys , non pas d'après Scot, mais d'après la traduction d'Hilduin . Dan s ces conditions, tout l'échafaudage de

Traube

pour déterminer l a chronologie de la traduction de Scot s'effondre ; et il nous faut chercher ailleurs une autre hase pour essayer de déterminer l a

date de la traduction de Scot .

Nous trouvons tout d'abord un point de repère extrême dans l a lettre

Inter cetera.,

q u'Anastase le Bibliothécaire envoya à Charle s le Chauve au sujet de la version de Scot 3 . Cette lettre est daté e u x kat . april ., indict . visi a, c'est-à-dire du 25 mars de la hui-tième année d'une indietion . A. nous en tenir ìt un cadre vraisem-blable, cette huitième année peut être 860 ou 875 . Le contenu d e cette lettre

Inter cetera

va nous permettre d'établir q u'il s'agit d e 875 . Anastase fait allusion, en effet, aux septième et huitième con-ciles oecuméniques :

At

Pero

post pl•elatorunt sanctorum sedis

epos-tolicae praesalurn memoriam, tain sanctae septinta et ottava

syno-dus, quant latini et eaeci doctores 44 . . .

Par synode, il faut entendr e concile eecuméniqu e 5 . Le septième concile oecuménique eut lieu à Nicée en 787 et il invoque, comme nous le dit Anastase, le témoi -gnage de Denyso . Le huitième concile, auquel assistait Anastas e

1,Mon . Gera' . Hist .,Poet .lat ., t . III, p . 521 .

2. Voir notre étude :Le texte intégral de la traduction du Pseudo-Denis par Ililduin, dan s laRevued'histoireecclésiastique de Louvain,t .XXI(1925), p. 39-40 .

3. P . L.,t . CXXII, col . 1025-1030 ;Mlon . Gern, . Hist ., Rpist. Karolini1e i, L .Y, 1928 , p . 431-434 .

4. P. L., ibid., col . 1029-1030 ; Mon.. Germ . Hist., ibid .,p . 433, 26 . 5. P . L ., t .CXXIX, col . 17 .

(i . Mansi, Sacrorune Camciliorum nova et amplissima Coltectio, t.XIII, col . 420 :s Oúoí « yàp ī2jçxsO ' rp.äç lcpap/iaç in līit Oeo tnpc.8oīa ).óym, eiīov r'i Titi+) (Won, ypnpwv

a

tm 5;v éscaóīr~pr;, xaO6oç'3 µéyaç a'.1cevvraīo Lto`ivótoç• el Sé appp ;ó6gīoh1, xai pvl ûói

-',C o ;ËTW ito ;et' te%x4 B ;b&ruer,, p.;l yaapoīaveí5W n = sSubstantia enim summi sacer-dotii nostri asini eloquia divinitustradita,id estverascripturarum divinarum disciplina , quemadmodum magnus perhibet Dionysius ; quod si disceptaverit, nullatenus consecre-tur. »

(7)

SCOT ÉRIGENE, TRADUCTEUR DE DENYS .

19 1 comme principal défenseur des droits de l'évêque de Rome, s e tint à Constantinople en 870 . Ce concile fait appel, lui aussi, à l'autorité de Denys :

Per a.equam et regiam divinae justitiae piani

inoffense incedere violentes, veluti quasdazn lampades semper

lu-centes et illuminantes gressus nostros, qui secundum Deum sunt ,

sanctorum Patrum de/initiones et sensus retissera debenzus .

Qua-propter et has ut secunda eloquia secundum magnum et

sapientis-sinzunz Dion ,ysiunz arbitrantes et existimantes

l

.

La lettre

Inter cetera

est donc postérieure à ce huitième concile oecuménique : elle a été envoyée par Anastase à Charles le Chauv e en 875 2 : à cette époque la traduction de Scot était achevée, et ell e l'était depuis longtemps . NicolasI01. , qui gouverna l'Église de 85 8 à 867, en avait déjà écrit au roi des Francs, se plaignant de c e que la traduction de Scot n'eût pas été soumise, comme c'étai t l'usage, à l'approbation de 1'Eglise romaine .

Dans l'état actuel de notre documentation, il est impossible d e préciser davantage la date de la traduction de Scot Erigène4.

Cette traduction des oeuvres dionysiennes marque dans la pro

-1. Mansi, ibid., t . XVI, col . '160 B . —Lopassage de Denys auquel fait allusion le concil e de Constantinople est tiré du ch. r de laHiérarchie ecclésiastique,P . G., t. III, col . 376 B-C : « Oúaia y&pTilt;:cab' rµäç lepamice; éwet vie,Oeoacapócôora ),óyta . Be,cTiTara II ).óyt a TIXUTa q ?'q.LEV, íie'a 7rpòç TwvÉVO= ov lEpoTE),E6T61VÉV &yteyp&pocç r';µiv 7.a1 OEO),oyt

-aaïç SESaíprira : 8E).Ootç . D Les Pères du concile veulent établir la Tradition comme lieu

théologique, distinct de l'Écriture. Voir Jugie,Lequatrièmeconcile de Constantinople,dans le Dia .dethéologie catholique, t. III, col. 1284 et suiv.

2. De Rebeis, dans ses Prolégomènes à l ' édition de Venise, plaçait à tort cette lettre d'Anastase aux environs de 865 : e . . .testisest locupletissimus Anastasius, Romance Eccle-siae bibliothecarius, in epistola ad Regem Carolum Calvum, anno circiter 865 » ; P . G. , t.. III, col . 63 A . — Voir G . Laehr,Die Brie/e undPrologedes BibliothekarsAnastasius, dans NeuesArchiv, t . XLVII, H . 3, Berlin, 1928, p . 448, n° XIII. ,

3. P. L., t . CXXII, col . 1025-1026 : e Relatum est apostolatui nostro, quadopus beati Dionysii Areopagitae, quod de divinis Nominihus vel caelestibus Ordinibus graeco des-cripsit cloquio, quidam vir Joannes, genere Scotus, nuper in Latinum transtulerit . Oue d juxta morem nobis mìtti, et nostro debuit iudicio approbari, praesertim cum idem Joannes , licet multae scientiae esse praedicetur,ohmnonsanesapere in quibusdam frequenti rumor e diceretur . a

4. A . Staudenmaier(op .cit., p . 165) place la traduction de Scot avant 859 : a Wann Eri -gene diese Uebersetzung zu Ende gebracht habe, kann nicht ermittelt werden ; aber so viel ist gewiss, dass sie wenigtens noch vor dem Jahre 859 in Rom Aufsehen erregte D ;

J . Huber(op . cit .,p . 53) pense à peu près de même : e Vor dem Jahre 860 oder, wenn de r Brief Nicolaus I. an König Karl in Betreff Erigena's vom Jahre 862 datirt wird, vor 86 2 war die Uebersetzung des Dionysius wohl längst fertig, denn darin beklagt sich der Papst , dass ihm dieselbe nicht zur Einsicht und Approbation zugeschickt worden sei, was doc h um so nothwendiger gewesen wäre, als ihr Verfasser zwar im Rufe grosser Gelehrsamkei t stände, aber nach einem verbreiteten Gerücht in einigen Punkten auch Irrlehren ver -breitete. Cette conclusion de Huber repose sur une mauvaise interprétation de la lettre de Nicolas lee ;Saint-René-Taillandier(op. cit., p . 62) ne donne aucune précision sur l a date de la traduction de Scot.

(8)

192

P . G . THI3ßY .

duction littéraire de Scot une nouvelle période caractérisée pa r

l

'

influence prépondérante du néoplatonisme .

Jusque-là, la culture intellectuelle de Scot paraît à peu près

ex-clusivement latine

s

: c

'

est à cette phase qu

'

il faut rattacher le D e

predestinatione contra Gotteschaletun, composé en 851

2

. Après l a

traduction de Denys, l

'

orientation de Scot est tout autre : il tra

-duit les Anzbi«zzïtés de Maxime

3

; il écrit le De divisions naturae

4

,

compose ses commentaires sur la Hiérarchie celeste 5 et sur l

'

évan-gile de saint .lean

5

.

1. P . Jacquin, op . cit . — Voir J . Dräseke, Zum Neoplatonismus Erigenas, dans la Zeit-schrift für Kirchengeschichte, XXXIII B ., H . 1, Gotha, 1912, p. 73-84 ; Id ., Sur le questio n des sources d'Anselme, dans la Revue dephilosophie,t. XV (1909), juillet-décembre, p . 6 fí5 .

2. Scot Erigène est attaqué en cette même année par Prudence ; P .L .,t . CXV, col . 1009

-1368, at par em membre de l'église de Lyon ; P.L .,t. CXIX, col . 109 .

3. P . L ., t . CXXII, col . 1193-1222 ; voir col . 1195 : a Sed pro viribus ingenioli mai et aceeleravi, et divina ducento ac largiente gratin ad finem usque perduxi . Fortassis aubin qua -licunque apologia dcfcnsus, non tarn dansas subicrim ealiginos, nisi viderem, praefatu m beatissimum Maximum saepissime in processu sui opens obscurissimas sanetissimi theolog i Dionysii Arcopagitae sententias, cujus symbolicos theologicosque census uuper \' obis simi -liter jubantibus transtuli, introduxisse, mirabilique modo dilucidasse . . .n

4, Le De divisione naturae suppose lesAmbiguïtés (le Maxime . Voir P . L., t . CXXII:,

col, tí49 A-B ; tí5'1 B ; 471 B ; ti8'1 B ; 51fí B-D ; 529 D ; 537 D ; 542 B ; 561 A ; 572 C ; 607 G ; (113 A ; 615, 671, 673, 895, 987, 995, 998 .

D'autre part, lo Poème do Saint Germain d' Ciric n'était pas encore composé ; voi r Traube, Mon, Germ . Hist ., Poet. lat ., t. III, p . fí33, et Poet, lat ., L . Ill, p . 521, n . 2 . C e

pedino a été composé vers 873, offert à Charles le Chauve entre 875-877 (Traubo, op . cit. , Poet . lat., t . III, p . tí23, n . 5-6) . Le De divisione naturae aurait donc été composé après cett e data, certainement, comme lo disait Hubert (Johannes Scotus Erigene, 1861, p . 108) , après 867 .

5. Le Commentaire sur laHiérarchie célestesuppose le Dedivisionenalurae. Voir P. L. , t. CXXII, col. 230 B a Quomodo auten intellectus essentiae et ratio virtuti et sensu s itnorior operation adunatur . . . civils, arbitrer ecepi pdrow discussimus e ; eh . n, col . 167 D -168 A ; voir Floss, P . L., t. CXXII, p . 24 . — Ce Commentaire de lahiérarchie célesten e nous est pas parvenu on entier. Le ms . 160 de la bibliothèque municipale de Bruges contient, au fol . 67 v0-68 r°, tine continuation du ch. na qui ne se trouve pas dans Migne ; voirRevue des sciencesphilosophiquesetthéologiques, t . XI (1922), p. 76, n . 3 . (Nous reviendrons lon-guement sur co commentaire de Scot.) Traube supposait donc à tort que le De divisione netturait représentait lo dernier ouvrage de Scot P,rigéne .

6. Le Commentaire sur saint Jean suppose la traduction de Denys . Voir P .L .,t . CXXII ,

vol, 289 B : aIn ipso enirn, ut os loquitur divinum, vivimus et movesnur et sunnas ; et, u t

ait magnus Dionysies Areopagita, esse omnium est superessentialis divinitas e ; col . 300 C

a De quibns tribus ierarohiis quisquis plenius crise desiderat, legal sanctum Dionysiu m

Ar'eopagitam e ; col . 316 D : e Sad si quis plane virtutem baptismatis noscere desiderat, legal sanctum Dionysium Areopagitam in libro de Ecclesiastica ierarchias ;voir aussi col . 308 C ;

col . 302 B :aIline est, quod Dionysies ait aBt si quis cum, Deum videlicet, vidisse dixerit,

e non cum vidit, sad aliquid ab ea factum. Ipso cairn omnino invisibilis est, qui melius nes-ciendo scitur, et cujus ignorantin vera est sapientia .sCe texte n ' est pas une citation litté

-rale do Denys, mais uno réminiscence du ch . a de laThéologiemystique, en particulier de ce passage :aDeinde munis segregatur, et cum electis sacerdotibus in summitatem divinaru m

ascensionum praecurrit ; et si ais sic mancntibus fit Dee, contemplatur vero non ipsum , invisibilis enirn, sad locum ubi s'totit v,P . L .,t . CXXII, col . 1173 A-C-D .

(9)

SCOT ÉRIGENE, TRADUCTEUR DE DENYS .

19 3

CHAPITRE I I

LES INSTRUMENTS DE TRAVAIL DE SCOT ERIGENE POUR SA VERSION DE DENY S

Scot a clone reçu de Charles le Chauve la mission de traduir e Denys . Comment va-t-il accomplir cette mission ? De quel matérie l dispose-t-il pour réaliser ce travail ?

Il a à sa disposition un manuscrit grec du

Colyms

Diozzysiaczenz , un seul, le manuscrit apporté en 827 à Compiègne par les légat s de Michel le Bègue, à la cour de Louis le Pieux . Ce manuscrit avait été déposé à l'abbaye de Saint-Denis, puis utilisé par Dil-duin et ses collaborateurs . Ce manuscrit qui est parvenu jusqu' à nous, conservé à la Bibliothèque nationale de Paris, fonds gre c n° 437, et qui représente l'original occidental de Denys, a serv i cle base au travail de Scot Erigène . Nous l'avons suffisamment dé-montré par ailleurs et il est inutile d'y insister ici . Ce manus-crit émanus-crit en onciale sans aucune séparation de mots, avec très pe u d'accents, présentait de grandes difficultés pour un helléniste d u Ix° siècle . Scot, plus habile qu'Ililduin à les surmonter, ne les a cependant pas toutes résolues .

De plus, Scot avait sous les yeux la première traduction de

De-nys

faite par Hilduin . Une comparaison minutieuse entre les deu x textes nous le prouve à l'évidences.

Avait-il comme instrument de travail un dictionnaire gréco-la-tin? Le fait ne nous paraît point douteux . Il nous a été toutefoi s impossible de déterminer avec précision quel était ce lexique .

Nous eu conservons encore aujour d'hui un exemplaire de l'époqu e à la bibliothèque municipale de Laon, sous le n° 44 4 2 . Ce glossair e a été copié et sans doute composé par les compatriotes de Sco t

1. Sur ces deux points, voir notre étude sur la traduction d ' Hilduin, qui va paraître trè s prochainement .

2. Nous renvoyons Io lecteur principalement au beau travail de Miller, Glossaire vira -latin de la bibliothèque de Laon,dansNotices et cetraits de la Bibliothèque nationale,t . XXIX, 2e partie, Paris, 1880, p. 1-230 . On pourra lire la description de ce manuscrit dans le Cata-logue général desmanuscritsdes bibliothèques publiques des départements, t . I, Paris, 13 5f9 , p . 234. H . Omont en a donné un fac-similé dans son Albumpaléographiqueas'erles notices explicativespar la Sociétéde l'École des chartes,Paris, 1887, table 23,

(10)

194

P . G . T}IÉ11Y .

Erigène : Martin l'Irlandais (± 875) était l'un des plus grands éru-dits du groupe des Irlandais de Laon' . Il écrivit des vers en grec2, et ce fut lui certainement qui transcrivit le manuscrit de Laon3. Ce glossaire, comme le remarque Miller, a été composé . l' au-dition . Comme pour la version d'Ililduin, on y distingue en effe t deux sources d'erreur : l'une provenant de la forme des lettre s onciales du manuscrit original, dont le manuscrit de Laon est un e copie ; l'autre provenant de la prononciation : on y remarque l a confusion du y et du x, du et duti, de 1' t, stt , ot, u ; du 0 et du ; du x et du /, du et du ç, de 1' o et tie w, du tet du T5. Le mo t alcOri'rct est écriti:x8ixa ; alOp(cç, ÉOpíoç, slxtlív, otó2 ; aicOratç, ÉcOÉatçe.

1. L .Traube,Mon . Germ . Hist ., Poet . lat., t .III, p . n, p . 422, n. 2 in fine ; p . 519-520, n . 5in fine ;p . 523 ; p . 696-697 ; Id .,0 RomaNobilis, Munich, 1891, p . 66 [362], n . 8 :Der Codex 444 derBibliothèquepubliqueinLaon.DieIren MartinundJohannes .Die Beiden Hincmar. — Co glossaire est certainement d'origine irlandaise . Voir Miller,op. cit., p .212 ; Schmitz, Neues Archiv,t .XV, p . 197 . Voir aussi, sur ce ms . 4444, Goetz et Gundermann , Corpus Glossarioruna latinorunt,vol . II, p . xxvs ; M . L . W . Laistner, Notes on Greek /ro m the Lecturesofaninth century MonasteryTeacher ;reprinted from a TheBulletino/ theJohn RylandsLibrary n,vol . VII, N . 3, August, 1923 (Printed for private Circulation, 1923), p . 2 .

2. Traube, Dion . Germ . Hist ., ibid.,p . 696 et suiv.

3. A la fin de la partie du manuscrit intitulée :Itemgrecade versibus JohannisScotti,o n lit : n' .N),).r;vtç (sic) ypú)sv Map,tvoç ypxµp.zra ovrce s, fol . 229 r°. — Martin l'Irlandais a peut-être été le disciple de Scot. Voir Dom Gougaud, op . cit ., p . 25. — Nous n'avon s aucune preuve pour affirmer que Martin l'Irlandais ait composé lui-même fo glossaire d e Laon. D'après nos conjectures, ce glossaire aurait été composé au début du rx° siècle . Voir plus loin, p . 196 .

4. Pour la traduction latine du st on e, voir J . Tolkichn,Die Wiedergabe des griechischen st-ina Lateinischen,dans laPhilologische WochenschrifI,13 janvier 1923, col . 44-48 ; 20 jan-vier, col . 68-72 .

5. Miller, op. cit., p . 14-15 .

6. Ms . Laon, 444, fol . 290 r°. — A propos de l'interprétation des mots et des fragment s grecs cités dans Priscien, qu'on Iit dans ce manuscrit de Laon, M . Miller remarque très jus-tement : e On sait quo les manuscrits de ce grammairien sont très nombreux et la plupart très anciens . Le grec y est écrit en onciales, sans accents et sans coupures de mots . Les co -pistes de l'Occident n'y comprenant rien ont multiplié les fautes h l'infini ; aussi, malgré toutes les ressources que possède la philologie moderne, malgré toutes ses découvertes, le s critiques ont aujourd'hui de la peine il restituer complètement et d ' une manière satisfai-sante la partie grecque des couvres de Priscien . Comment alors un soi-disant helléniste d o la fin du rx e siècle a-t-il pu avoir la prétention do lire et d ' expliquer de pareilles énigmes . Comme on devait s'y attendre, il a fait un travail absurde, . . L'auteur, quel qu'il soit , semble n'avoir aucune notion de la conjugaison et de la formation des verbes . . . Les cou-pures sont faites au hasard, de manière à former des apparences de mots qui, pour le sens , n ' ont aucune espèce de rapports entre eux . Notre savant ne s 'inquiète ni du mot qui pré-cède ni du mot qui suit. Il se contente d ' à peu près, qu'il traduit en latin d ' une manièr e imperturbable . s C' est exactement à la même conclusion que nous sommes arrivé en étu-diant la version de Denys par Ililduin . — Dans une captivante étude, Remarquessur la

aPréhistoire e du texte de Tacite,extrait des Mémoires présentés par

divers savants d l'Aca-démie des Inscriptions et Belles-Lettres, t .XIII, If e partie, Paris, 1927, M . L. A. Constan s a soumis à une étude analogue le manuscritMediceus alter(Med ., 68, 2) de Florence, conte-nant les livres XI à XVIdes Annales de Tacite, et ce que nous possédons des histoire s (I àv,26) . Il a pris comme point de départ de son étude le grand nombre de fautes prove-nant de ce que des mots écrits dans le modèle à la suite l'un do l'autre ont été mal séparé s par le copiste (p . 8), et, grâce à de sagaces observations, l'auteur a pu conclure que a le

(11)

SCOT ÉRIGENE, TRADUCTEUR DE DENYS .

19 5 Jusqu'ici personne n'a étudié dans le détail les sources de

c e

glossaire de Laon1. Des '12 000 mots environ qui le composent, l a plupart sont extraits des classiques grecs ; les Septante et l'Itala ont donné aussi au compilateur un assez grand nombre de termes à travers le glossaire de Philoxène 2 ; mais, par ailleurs, les philo-solihes de l'antiquité et les Pères grecs n'ont fourni qu'un appor t très minime . Ce qui est certain, c'est que ce glossaire conten u dans le ms . 444 de Laon a été composé en dehors tie toute littéra -ture dionysienne, ou plut6t l'auteur ne connaît de Denys qu e quelques rarissimes expressions . La plus explicite — et elle ne s e trouve point dans le glossaire proprement dit— se lit au fol . 298 v° .

(c Ut Dionysius Areopagita dicit Deusú,cepeioç, id est superdeus, e t úrepa'.ya0oç, id est super bonus et ú'nepâ),r)ßriç, id est super verus 3 . »

Pour sa traduction du

Corpus Dionysiacunz,

Scot Érigène n' au-rait donc tiré aucun profit de ce glossaire gréco-latine; d'autr e

Mediceusse rattache, par un ou plusieurs intermédiaires mal discernables, à un manuscrit en cursive datant de la seconde moitié du ri e siècle ou de la première moitié du ni e :volumcn de papyrus, rapidement écrit n . De manie, ce sont les erreurs des versions d'Hilduin it d e Scot qui nous ont prouvé à l'évidence que ces versions avaient été faites d'après un manus-crit en lettres onciales .

1. L'étude des sources réelles de ce glossaire de Laon présenterait sans aucun doute un e contribution des plus intéressantes à l'histoire de la culture littéraire du haut moyen tige .

2. W. M . Lindsay, Etyma latina, dans The Classical Review, XXXI, February 1917 , p . 128 : a Now Martin the Irishman, who was monastery-teacher at Laon about the year 860 , has transcrived with his own hand, in a MS . (No 444) in the Laon Library, a short Greek -Latin Glossary . (In fact he may have compiled it.) It is printed by Goetz in vol . II, of the Corpus GlossariarumLatinorum(p . 553-559) . In the k-section appears (556, 50-51) :

I{uvéç : canes, ' Epce5Or : canicule.

That the whole glossary (except 554, 21-555, 31, a portion excerpted from the extant MS . of the Philoxenus Glossary) is compiled from Septuagint Greek and Itala Latin is strongly suggested by items like (558, 48) 2-z),r,porpd7YLOr cervicosus (so the Itala of Exod. 32, 9 ; while the Vulgate hasdurasccrvicis) ; (559, '1) ~r=_p~IAV'grí ; : superlaudahilis (sr) the Vul-gate of Dan . 3, 54) ; (559, 6) úxcpuvo~p.svo ; : superexcelsus (Dan . 3, 52 and 55 ; where th e Vulgate hassuperexaltatus), » Le fond de cette remarque est fort juste ; mais Lindsay a tor t de qualifier le manuscrit dc Laon dcashort Greek-Latin Glossary n ; de plus, Goetz (op .

cil .,vol. II, p. 553-559) n ' a pas éditéceglossaire gréco-latin, comme semble Is supposer Lindsay, mais seulement un petit extrait du lexique apparenté au glossaire de Philoxéne . Voir Goetz,op.cit .,p.xxxvui .

3. Voir Miller,op .cit., p . 119 .

4. Nous parlons ici du glossaire proprement dit . Nous ne serions pas éloigné de croire qu e Scot Érigène a connu, dans un exemplaire différent du manuscrit de Laon, la traduction latine des termes grecs de Priscien . Nous retrouvons, en effet, entre la traduction de Denys , de Scot et la traduction de ces termes de Priscien un certain nombre de similitudes .

Nous lisons dans les grécismes de Priscien : Bodca - indc Bol), id est voco, sono (voir Mil-ler,op .cit ., p . 118) ;'5).c - materies, silva (ibid.,p. 122) ;öre - quando(ibid .,p . 123) ; =0o ; -consuetudo(ibid .,p . 123) ;ôci -per (ibid ., p . 124) ; tristitiae (ibid ., p . 124) ; lep6 ; -sacer(ibid .,p . 130) ; scoú - ubi(ibid., p . 131) ; Téboç - passio(ibid.,p . 142) ; 11,4v - vidons (ibid.,p . 144, 145) ; a)'ccartv.óv - causativum(ibid.,p .144) ;Sew,video . Undo Oeóç, Deus di

-citur, quod videt omnia . Item Hui, idest curro . Undo Oeóç, Deus di-citur, quod discurrit omnia(ibid .,p . 152) ; äycoç, idest sanctus ;anegativo ponitur hic . I'ï dicitur terra . "Aycoç

(12)

196

P . C . 'rHGBY .

part, nous sommes portéàcroire que ce lexique n'était pas encor e composé à l'époque à laquelle Scot traduisait Denys : les compi-lateurs de ce glossaire, compatriotes de Scot, travaillant dans u n milieu qu'il connaissait, n'auraient certainement pas manqué d'utiliser pour leur lexique les ressources que leur offrait la tra-duction des ouvrages dionysiens . Le contraire serait incompréhen-sible . Ce glossaire, dont nous connaissons l'existence à Laon avan t 903 — date de la mort du prêtre Bernard dont le nom figure ave c celui d'Adelhem comme donateurs de ce manuscrits — aura ét é sans doute composé au début du Ix° siècle, à un moment où l'o n ne connaissait encore absolument rien de la littérature diony-sienne, recopié avec d'autres pièces par Martin l'Irlandais (858-869) 22 , et utilisé par la colonie irlandaise de Laon3.

Scot Érigène aurait pu se servir du glossaire gréco-latin d e Cyrille4, plus philosophique que le glossaire de Laon . Il ne l'a pa s

enim, idest sine terra (ibid .,p. 157) . On se rend compte par ces simples notations de la répercussion de ce grécisme de Priscien sur tout lo moyen âge. — A propos doBoa),Scot L`rigèue écrit : s Nain et hoc nonien, quodest honitas, non aliunde originem duxit, nisi a verbograeco, quoi est IBoü>, hoc est clame ;Iloú3autem etxzXC>,id estclamaetpoco,unu m sensum habent », Dedivisione naturae,lib . II ; P . L ., L. CXXII, col . 580 C . — Albert l e Grand répète souvent cette remarque de Priscien sur Bo &, VoirComm . de Causis, lib . TI, cap . xv ; éd . Borgnet, t . X, p . 565 ; voir aussi t .XXI,p . 235, 258, 262 A-B, 540 .

1. Traube,ORama Nobilis, p . 66 [362] . Adelhem est mort 5 Laon en 892, et Bernard mourut aussi danscette même ville en 903.

2. Traube, op . cit ., p . 66 [362] .

3. On trouve., en effet, dans le manuscrit de Laon quelques notes en langue irlandaise . aII y avait s, dit Miller, op . cit., p . 8,e5 la cour de Charles le Chauve un très grand nombre de docteurs irlandais, parmi lesquels le célèbre Jean Scot Érigèno. Ils avaient apporté de leur pays une certaine connaissance de la langue grecque, et ce sont eux surtout qui avaient dû étudier notre manuscrit . e Cette remarque est juste, en maintenant toutefois, que Scot rIrigène n 'a pas utilisé ce glossaire de Laon. — Voir aussi Dom Gougaud, op. cil .,p . 258 ; Traube, Neues Archiv, L .XVIII, p . 104 ; 0Rance Nobilis, p . 362-363 ; Mon. Germ . Hist ., Poet . lat ., L . III, p . 519, n . 4 . Remarquons qu 'au siècle précédent un Irlandais avait déj â

composé un bref lexique gréco-latin, édité par Mich. Petschenig, Ein griechisch-lateinische s (Rossardesach/enJahrhunderts, dans WienerStudien,t. V (1883), p . 159-163 : s Dieselbe Handschrift von St. Paul . . . entnommen ist, enthilt auf fol. 3 .1-4b ein griechisch-lateinische s Glossar von mehr als 300 Nummern mit eingestreuten Beispielen der Nominalllexion . Es is t der Anfang oder ein Bruchstück einer Anleitung zum Studium der Septuaginta ., . Zugleich bietet es einen Beitrag zur Kunde von den griechischen Studiore der Iren . s — Goetz(Corpus glossariorurn latino) rwn,vol . II, p . xxvi, xxxvrl) a démontré la parenté de ce glossaire avec le glossaire de Servius, conservé dans le manuscrit Iarleien 2773 . -- Naturellement, il ne peut être question de l ' utilisation de ce glossaire par Scot Érigènc . — Il y avait aussi

un glossaire gréco-latin dans la bibliothèque de Corbie.

4. On trouvera l'édition critique du glossaire deCyrille, dans Goetz-Gundermann, op . cit ., t. II (1888), p . 213-484, d ' après le manuscrit harlcien 571)2, du vrr0 siècle, achetée par Rob . Harley, le 18 janvier 1723/24, au bibliophile Nathanael Noel, et provenant de Cues . — Mentionnons ici qu'il existe encore â la bibliothèque de l'hôpital de Cues un autre lexiqu e grec — du ix e siècle, pour autant que nos souvenirs sont fidèles — et qui n'est pas mentionné flans le catalogue de J . Marx, Verzeichnisder Handschriften-Sammlung des Hospitals zu

(13)

SCOT LItIGENE, TRADUCTEUIl DE DENYS .

19 7 fait non plus, sans aucun doute . D'ailleurs, remarquons que c e glossaire, même du point de vue philosophique, contient des la-cunes assez graves pour un traducteur de Denys . On n'y trouv e pas, par exemple, ces expressions si fréquentes dans le

Corpu s

Dionysiacunz voíTog, âvcaoyoq (AEToue(a, &vzp(idvtes . Toutefois, nou s serions enclin à croire que le glossaire dont Scot s'est servi était; quelque peu voisin du lexique de Cyrille ; dans ce dernier nou s lisons, par exemple : vo€poÿ-intellegens ; vori(J.mv-intellegens ; voilais-intellect/1s, intellectio ; oúc(a-hoc patriznoniunz, substantia,

res f

uni-taris ; Ile -r6xE1V-participare ; Tdstg-ordo ; xotvicevía-conznzunicatio , societas ; ~taTrl(~.r-disciplina, peritia ; ' o ç(J.a-legio, agnzen, globus , haec factio ; TE),ET•rî-consecratio ;E't.tv-imago, effigies ; OEetg-hic sit.us ,

positio ;

äya) .(J.a.-sinzulacrum, larvuin ; cuvarçtS-collectuntl.

Le Ix° siècle nous a transmis un autre glossaire latin-grec, dan s

le manuscrit 76512 du fonds latin de la bibliothèque de Paris . Comme le manuscrit de Laon, ce glossaire dit do Philoxène con-tient environ 12 000 mots3. Il est écrit, lui aussi, en écriture on

-Cues, Trèves, 1905 . — De même à la bibliothèque do la ville de Pétrograd se trouve un frag-ment de glossaire du ix e siècle .

1. Remarquons par ailleurs que le glossaire de Cyrille traduit aîaiv par aerum, saeculunt ; le terme aevum est totalement inconnu aux traducteurs de Denys, au ix e siècle. — On attri-bue aussi à Cyrille un glossaire complètement grec, conservé à la bibliothèque nationale de Paris, fonds Coislin, 347, du x e ou ix e siècle . Voir J . A . Cramer, Anecdote graeca e codd . 11lanuscripts Bibliothecae Regiae Parisiensis, vol . IV, Oxford, 1841, p. 163-176 ; il insiste surtout, p . 163, sur l ' étroite parenté de ce lexique avec le glossaire 345 de ce même fonds Coislin . — Même si Scot avait pu les consulter, ces glossaires n 'auraient pu être pour lui d 'aucune utilité . Ce sont des glossaires exclusivement profanes. Le ms . 345, qui comprend 272 feuillets, contient :

e Apollonii Sophistao lexicon Iliadis et Odysseae . eLexicon ex Phrynichi Arrabii sophistico apparatu .

eCollectio (alphabetica) vocum utilium ex diversis auctoribus et sophistis multis, alib i cul)nomineS . Athanasii Alexandrini.

e Timaei Sophistao lexicon vocum Platonicarum . eLexicon Herodoteum .

e Lexicon Luciani .

eLexicon canonum festorum Christi nativitatis, luminum et Pentecostes .e

2. Cc ms . 7651 (Regius 5-479) est écrit sur parchemin ; il compte 219 feuillets à deux co-lonnes, de 270 X 215 millimètres . H . Ornent (Fac-similés des plus anciens manuscrits grecs en onciale et en minuscule de la Bibliothèque nationale, du Ill e au ÌIIe siècle, Paris, Leroux , 1892, plancheXXIII)a reproduit le fol . 40 de ce lexique . Aux fol. 6 v°, 27 r°, 39 r°, 40 v° ; nous lisons en grosses lettres, couvrant la largeur des deux colonnes : e Liber de officio pr o Consulis .s

3. Krumbacher (Geschichte der Byzantinischen Literatur von Justinian bis zum Ende des oströmischen Reiches (527-1453), 28 éd ., Munich, 1897, p. 562) écrit que ce glossaireladino -grec est un des meilleurs que nous possédions : a Es gehört zu den besten Glossaren, die wir haben, und ist voll seltener, aller Gelehrsamkeit, die allerdings vorzüglich auf das Gebie t des Lateinischen £ällt . s Voir aussi Guet. Loewe, Prodromus Corporis Glossariorum latine-rum, Leipzig, 1876, p . 180 .194.

(14)

198

P . G . TIIÉRY .

ciale, et nous y retrouvons les mêmes sources d ' erreurs que dan s

le manuscrit 444 de Laon . Les philologues qui s ' intéressent à

l ' étude de la prononciation du grec au rx° siècle y trouveront de s

indications qui ne sont point négligeables 1 ; par exemple :

fol . 73 v° : funambuli -

xaXoßx'rac

2 [en marge : kalobate, funambuli] ;

75 v° : iactat :

3ouxr tet [

buccizi , iactat] ; 97 0 ° : caltus - ayvou ç

[agnus, caltus] ; 98 r° : carbones-

ccvOpaxes

[antraces, carbones] ;

98

1

. ° : carmina -

EicTe.$),'rl

[epemele, carmina] ; 98 r° : carchesium

-EtBos to'rIptov

[idos posterium, carchesium] ; 98 v° : casa -

xa)ùß-ri , coco;

[icos, casa] ; 98 v° : castitas -

ayvta, ewsopoeuv•ri

[sofrosine,

cas-titas] ; 103 v° : cogitamentum -

evOullet io

[entimirna, mentis concep

-tio] ; 104 r° : columen - zin

'rù),tov

[epistilion, columen] ; 104 v° :

coluber -

xe966pos,

Drac [chersidros, coluber] ; 104 v° : collegium

-cúeryui.a [

systema , collegium] ; 105 r° : cornmentum - EvOumµa. ,

cocptap.a.

[sofisma, commentum] ; 107 r0 : comesationes x6l.touc [co

-rnus, comesationes] ; 108 v° : concupiscentia-EMOui.(a [epitimia ,

concupiscen Lia] ; 3.11.

1

. ° : collegium -auv'mLa.[sintema, collegium] ;

119 v° : cubicularius -

Eúvouxoc

[eunuchus, grece ; cubicularius la

-tine] ; 119 i'" :

cuclo - x (Aâ.T rot

[colapti cudere,

uncle

colaphus] ;

130 v° : nieritorium

evoâoxe(ov

[xenodochium] ; 134 v° : naturae

ra-tio -cpueto),oyaTa

[fisiologia] ; 134

1

.

'° :

negat et recusat -

apvEi'rat

[ar-nite] ; 137 r° : nuntius - äyyeXos [aggelos] ; 142 r° : ovans -

y*tico v

[giton] ; 177 v° : resona

--raye [echo,

resonans vox] ; 213 r° : vicinus

-yevrwv

[giton] ; 213 v° : vincit -

vtxai [nice] .

Ce glossaire latin-grec, composé au

rr°-iII°

siècle après

Notre-Seigneur, recopié au

Ix°

siècle, aurait pu être connu de Scot

Lri-gène . Ce dernier aurait pu s ' en servir pour

reviser

sa version ,

contrôler la justesse de ses expressions ; niais de multiples

com-paraisons entre le lexique de Scot et les termes de ce glossair e

nous ont convaincu qu' il n ' en fut pas ainsi . Si on étudie dans l e

1. Le glossaire de B . Philoxenos a d'abord été publié par H . Étienne, Glossaria duo e situ vetustatis eruta, Paris, 1573 ; puis par B . Vulcanius, Leyde, 1600 ; enfin, Labbe entrepri t une refonte des glossaires de Philoxène etdeCyrille, Paris, 1679 ; ce travail de Labbe a ét é reproduit en appendice de l'édition de H . Étienne, Londres, '1826 . On trouvera dans Goetz-Gundermann, Corpus Glossariorum, Latinorum, vol . II : Glossae latin-graecae et greco-latinae, Leipzig, Teubner, 1888, p . 1-212, une édition critique de ce glossaire de Philoxène . Ce vol .

Il

contient des documents de première importance pour l'étude du grec au moye n âge : p. 213-484 : «glossaegraeco-latinae, ex codice Harleiano 5792 » (ce ms. provient de Cues) ;p . 487-506 :aidiomata codicis Harleiani 5792» ; p . 507-536 : «glossae Servii

Gramma-tici, ex codice Harleiano 2773 et codice Puteano » ; p . 537-548 : «idiomata nominativa quae per genera efferuntur, ex codice Neopolitano Charisii » ; p . 549-553 : « idiomata codici s Parisini 7530 » ; p . 553-559 : «glossaecodicis Laudunensis 444D.

(15)

SCOT ÉRIGÉNE) TRADUCTEUR DE DENYS .

199

détail le glossaire de Philoxène, on remarquera bien vite qu ' i l

contient d' ailleurs très peu de termes chrétiens, et même

philo-sophiques, et qu' au fond ce glossaire n ' aurait été, pour un

traduc-teur de Denys, que d ' un faible secours . Le glossaire de Philoxèn e

contient bien, en effet, les termes : aevum -

ato5veov, au .Sv

(fol . 10 r°) ;

concupiscentia

entOup.ía

(fol . 108 r°) ; disciplina -

a 'o ' , e~rca9fiµ'r~ , µ .aOrats

(fol . 49 r°) ; intellegens - vowv (fol . 89 0°) ; intellectum - vouv ,

ôtavotav (fol .

89 r°) ; intellectus - vous (fol . 89 r°) ; intentio -

va-mat ;

(fol . 89 r °) ; interpretatio -

spi.ivta

(fol . 90 r°) ;

materia -

u).ta

(fol . 129 v°) ; mens - 8cúvoca, vous,

evvota

(fol . 130 ri ; persona

-7tp6awirov

(fol . 150 v°) ; positio -

O:acs

(fol . 157 r° ) ; ratiocinalia

-oycxx ; ratiocinale -

Xoytxov ;

racionatio -

Aoytal),og ; ratiocinator -

),o

-yta'ccx6s

(fol . 172 v°) ; sacramentum -

6pxos, atipatite 'ru

os (fol . 180 v°) ;

substantiam -

ouaíav (fol .

195

r°) ; 67roaraaecs

(fol . 195 v°) ;

specula-tio -

xalc0

.

7r'teuats

(fol . 190 v°) ; visibilitas -

evvoca ; pav'caata

(fol . 214 v°) ;

visio - ßXo8os, cpavTaaía

(fol . 214 v°) ; mais si ces expressions latine s

se retrouvent dans la version de Scot, ils ne correspondent pas ,

pour la plupart, à des termes grecs dionysiens . De plus, ce

glos-saire de Philoxène a un caractère très concret, et une quantité d e

termes métaphysiques n ' y figurent pas ; par exemple : affirmare ,

affirmatio (fol . 1l v°) ;

analogia

(fol . 10 v°) ; aeternam

(fol .

10 r° ,

61 v°) ;

ens

(fol . 60 v°) ; existens (fol . 63 v°) ; essentia (fol . 61 v°) ;

subsistentia (fol . 195 v°) . Remarquons enfin que la plupart de s

termes caractéristiques de la version de Scot et de la langue d e

Denys manquent dans le glossaire de Philoxène : ablatio (term e

qui aurait dû se trouver au

fol .

1 v° ; anagogen, anagogic e

(fol . 14

v°) I ;

agalma (fol . 11 v°) ; archistrategos (fol . 19 v°) 2 ;

as-sumptio (fol . 20 r°) ; baptisma (fol . 26 r°) ; coadunate (fol . 103 r°) ;

compacte (fol . 106

1

0 ) 3 ; condignate (fol . 108 v°, 109 0°) 4 ;

conse-cratio (fol . 123 r°) 5 ; characterizare (fol . 98 r°, 101 r°) ; communi o

(fol . 105

v°)° ;

deiformiter (fol . 39 v°) ; delu cidatio (fol . 48 r°) 7 ;

de-1. Dans ce glossaire de Philoxène, la lettre c est placée après i, à la place de h (fol . 97ve) ,

tenant lieu de k, et le g vient immédiatement après le b .

2. Nous ne trouvons dans ce glossaire aucun des mots composés avec âpyr,si fréquent s dans les ouvrages de Denys ; de même on ne rencontre point le préfixe v'ttép, ni aucun de ses composés .

3. Nous y rencontrons le terme compactum — avvripp oap.ivov (fol. 106 v°) . 4. Nous y trouvons le termemoderate

eitcscxwç, (aEceTp7l, fol. 131 v° .

5. Fol . 113 r°, nous avons consecravit -- xae[apvaev . 6. Fol. 104 v° : communicare -- avaxocvwaaaOat . 7. Fol . 48 r° : dilucidum — òpüpoç .

(16)

200

P . G . 'MARY .

pulsio (fol . 42 v°) eucharistia (fol . 61v°) ; ierarchia (fol . 71 v°) illuminai() (fol . 83 v°) ; invisibilis (fol . 91 r°) ; kyriarchi a (fol . 120 v°) ; luciforme (fol . 126 0°) ; luculentia (fol . 126 r°) ; ne-gatio (fol . 135 1°) 2 ; participatio (fol . 144 v°) ; proportionalite r

(fol . 165 1°) 3 ; reformatio (fol . 174 v°) ; resurrectio (fol . 177 v°) ;

scientia (fol . 183 1 . ° ) 4 ; substantificum (fol . `197 v°) ; supermundan e (fol . 197 v°) ; supernaturalis (fol . 197 v°) ; taxiarchia (fol . 200 r°) ; theosophi (fol . 202 r°) ; theophania (fol . 202 0°) ; thearchia (fol .

202v°) ; unitas (fol . 216 r°) ; unitio (fol .216 r°)1i .

De toutes ces observations, nous pouvons conclure que Sco t Érigène n'a pas utilisé, comme d'un instrument de contrôle pou r sa version do Denys, le glossaire de Philoxène0.

Le vocabulaire de Denys est tellement particulier qu'aucun de s lexiques existants au ix° siècle, actuellement connus, ne pouvaien t avoir d'utilité efficace pour Scot Érigène . En guise de résumé, i l

1. Fol,42 v° : depulsilasse — stTuarIxsvai . 2. Fol . 135 r° negaiet recrlsal —apvitrac . 3. Fol . 165 r° proportioae

vara ro av&).oyovxei vara 'CO ctnP,ó )J,ev ,

/ . Fol . 183 v° sciato —sirrop.a.L ; scienter —clii ri sÓvo ; (au-dessus du dernier o, Io scrib e a Gent a,), cpitcipo ;, xal ctrttrmli rios ; scions — sel);x01 ep.trc(po ; ; fol . 484 r° : sci o

o15a ; émit. — elles, ycvGiexec ; seilus-cc&1w.Ghv yape7lc ;scias --silG)ç • 5 . Fol . 216 r° urtus

; un.iones — µapyapiral p.L•ya),eLlleraarquons quo nous r'cn -ccrtrons dans ce glossaire Io termernensularius Tpaiaei:(Tgç (fol . 130 r°) (on marge ira -peeiles),Voir G. 'rhúry, Contribution d l'histoire de l'Aróopagitisnm, au IX° siécle, dans l e Moyen Age,2° série, t . XXV, mai-oodt'1023, p . 135-136 . Dans lePost boalnnr ac saluti/er•am, P . L.,t. CVI, col . /i8 A, nous lisons ce texte : « Cujus lilius Visbius, quern ox praescript o Lisbie viro suo susceperat, Romain ductus, Domil.iano evispillato per tres (lest-trot ; milita-vit . n Dans notre ms. 7051, fol. 2I8 v°, nous trouvons une explication du terme coispillat o a VISisnuoxas. Cadavorum curatores . Undo et evispillatum domitianum imperatoreiO legimus, idesttlpopularitus curatum, aequo in vili sepulchro non imperiali sopultu n, Dirti

vispìlliones quasi vix pellionos, ao quod tanise sint inopiae, vol qui curant, vol quo rum cor-pora evantur, ut vlx pelles ad tegendum invcniro . s

(1. Quant au lexique de Suidas (voir Fabricius-IIarles, 11ibliotheca greca., Hambourg , t . X, p . vr), il n'entre pas ici en considération, puisqu'il a été compost au x° siúele (voi r Krumhachm', Geschichte der Byzantinischen I ileralur (527-1453), Munich, 1897, p . 563 a Ise Jaln'o 976 muss es talioninkGobrauchegewesenseinD),Il fut édit;6 par God, Bornhardy ,

Suidas lex'icon., graece et latine,Hall, 1843, avec une préface deLud .Ktlsl.er, I-XII .—J . L . Sandys (A lIlabrit ofClassical Schola rship, Cambridge, 1003, t . 1, p . 399) a fait sur c e lexique quelques remarques fort importantes . Ce glossaire, dit-il, a été composé ù laid e d ' un ancien lexique et d'hre encyclopédie, les meilleurs articles étant consacrés à l ' histoir e do le littérature . Les te r mes de cet ancien lexique proviendraient d'Hippocrate, Aetius , Denys, Pausanius et Helladius ; le compilateur se serait servi aussi do scholies sur 1-Iomére , Sophocle, Aristophane, Thucidydo et do commentaires sur Aristote et des éléments histo-riques contenus dans les extraits de Constantin Porphyrogètc ; on y reconnaît aussi tout un matériel biographique recueilli par Hesychius do Milet et par Athenaeus ; certaines par-ties du lexique de Suidas nous reportent aussi à des écrivains particulièrement en vogue A . Constantinople, aux° siècle, tels que Aetius, Philostrate et Babricius . Par ailleurs, les nom-breuses coïncidences qu'on relève entre le lexique de Suidas et celui de Photius permetten t

(17)

SCOT IíBIGÈNE, TRADUCTEUR DE DENYS .

20 1 suffit pour s'en rendre compte de jeter un simple coup d'oeil su r quelques termes de la

Hiérarchie céleste

et d'en chercher l'équi-valent clans les glossaires de Laon, de Cyrille et de Philoxène .

H .CÌì4EST8, CIT . I LAON CviiiLLic PnIi.OXiîNIt TnADUCTION nE SCO T

Óoat, 0 datum, dallo dati,, datum

Swpo.a 0 0 0 donum

-t i').siov 0 perfectum, finitum 0 pence Ioni

dívw0ev superius desuper, superius 0 desursu m

gWc 0 lumen, li gie lux 0 lumen

'tsaTpoxtvlirOu 0 0 0 Patre moto

gwTOgavstaç 0 0 0 manifestationis

aphoSoç 0 0 0 processio

v.a t-&gaast ;. 0 0 0 intenti o

]apapyfaq o 0 0 ierarchi a

Dry) o 0 0 materia

Comme on le voit par ces quelques exemples, q u'il nous serai t facile de multiplie ra, les trois glossaires que nous venons de cite r ne possèdent aucun des termes proprement dionysiens ; ils son t d'une grande pauvreté pour la terminologie philosophique, et il s ne s'occupent point des mots composés si fréquents dans les écrit s dionysiens . Même s'il les eût connus, Scot Erigène n'en pouvait ti -rer q u'un mince profit pour sa traduction du

Corpus Dionysiacunz .

*

~ x

Chargé par Charles le Chauve de faire une nouvelle traductio n des ouvrages de Denys, Scot Erigène a sous la main un manuscri t grec, le manuscrit que les ambassadeurs de Michel le Bègue ap-portèrent à Compiègne au mois de septembre 827 ; c'est ce manus -crit que Scot Erigène va traduire à nouveau . Pour l'aider dan s cette difficile besogne, il possède la version d'Hilduin dont l a grande utilité sera surtout de l'avertir des passages plus obscur s et plus difficiles . Scot cherchera à éviter les lourds contre sen s dans lesquels est tombé le premier traducteur de Denys . Et c'es t tout . Scot ne trouvera aucune ressource dans les glossaires, tou s composés en dehors de la littérature dionysienne . Cette déficienc e

1 . Notons ici que le vol. VI, fasc . I, duCorpus Glossariorum latinorunz de Goetz et Gun-dermann, intitulé : Thesaurus glossarunt eniendataruni,Leipzig, 1899, qui contient un dic-tionnaire latin alphabétique avec référence aux glossaires publiés dans les volumes précé-dents duCorpus, représente un instrument de travail très précieux . Par comparaison, o n peut se rendre compte de tout ce qu'il y a d'original dans le vocabulaire d'Hilduin et d e Scot Érigène et de toute la terminologie nouvelle dont s'enrichit, dès le ix° siècle, la philo-sophie et la théologie .

FULL . DU CANGE . 1931

(18)

202

P .

G . TIÉDY .

des lexiques, cette modicité d

'

instruments de travail vont

néces-sairement accroître les difficultés de l'entreprise de Scot Érigène ;

il ne faut pas l

'

oublier pour la juger équitablement .

Scot est-il préparé pour cette entreprise hardie? A défaut d

'

ins

-truments de travail qui pourraient lui apporter quelque secours ,

possède-t-il, du moins suffisamment, la langue grecque? Où l'a-t-i l

apprise ?A l'époque où il traduit Denys, est-il encore un hellénist e

débutant? A-t-il trouvé un milieu favorable aux études hellénistes ?

Ce sont ces nouvelles questions que nous voudrions examiner briè

-vement avant d

'

observer Scot Érigène dans sa fonction de

traduc-teur, d

'

étudier sa méthode de travail

s

et d

'

apprécier les résultats

auxquels il aboutit .

CHAPITRE

III

LA CONNAISSANCE DU GItEG DE SCOT ERIGâN E

a) Aperçuu général sur la culture hellénique en Occiden t

avant Scot Erigene .

La question de la connaissance du grec de Scot Érigène a ét é

souvent effleurée, surtout par les historiens qui ont particulière

-ment traité de l'étude des lettres classiques au moyen age

2

; mais ,

sans diminuer aucunement le mérite de nos prédécesseurs, o n

peut dire, croyons-nous, que cette question n

'

a jamais été abordé e

1 . Nous no parlerons pris ici dos difficultés quo Scot Érigène rencontra dans la lecture d u manuscrit grec do Donys, sur lequel il travaillait . Nous avons traité cette question dan s notre étude sur Hilduin.

2, Fr . Cramer, Disserlationis de C>'raecis medii acni studiis, pars I, II, Sundiae, 1849-1853 ; E .Egger,L'hellénisme en France, t . I, Paris, 1809, 3 e leçon, p . 43 : Les éludes de langue et de littérature grecques en France au moyen tige ; L . Traube, Vorlesungen undAbhandlungen, hrsg .vonFranzBell ; IlI3 : Rinleilung in dielateinischePhilologie des Mittelalters,Munchen, 1911, p . 17 ri ; Mani titis, Geschichte der lateinischen Literatur des Miltelalte•s, t. I, Munich, 1911 ; A . Tougard, L'hellénisme au moyen tige, dans les Lettres chrétiennes, t . III, 1881 ; Robert, L'enseignement des lettres classiques d'Ausone d Alcuin, Paris, 1905 ; voir aussi Montfaucon, Palacographie graeca, Paris, 1708 . Renan a écrit un travail sur L'étude de l a langue grecque au moyen tige (voir d'Arbois de Jubainville, Introduction c2 la littérature cel-tique, t . I, Paris, 1883, p . 381, n. 3) . Ce mémoire, couronné par l ' Institut en 1848, est encore, croyons-nous, inédit. L'ouvrage de Gidel (Nouvelles études sur la littérature grecque moderne, t . I, Paris, 1878) est trop exagéré dans ses appréciations et ses conclusions (voir compte -rendu de A . Tougard, dans les Lettres chrétiennes, t . I (1880), p . 107-170) . L'ouvrag e do Sandys (A Historyof classical Scholarship, Cambridge, 1903) est extrêmement rich e de documentation . — Sandys a donné lui-même un résumé de son travail : AshortHistory ofClassical Scholarship,Cambridge, 1915 .

(19)

SCOT ImRIGENIi, TRADUCTEUR DR DENYS .

20 3 de front et pour elle-mème . Schmitt l et Drììsek e 2 se sont borné s à quelques remarques générales, sans entrer au centre du sujet ; on trouvera aussi et surtout dans Traub e 3 rie très précieux

rensei-gnements . Nous croyons cependant qu ' il reste place pour un e étude plus directe clu problème . Pour apprécier la connaissance d u grec de Scot Irigène, c ' est Scot lui-mème que nous voudrion s avant tout interroger . Toutefois, avant

de

procéder à cet interro -gatoire personnel, nous croyons utile — afin d ' éviter tout excè s dans notre jugement définitif et de garder la juste mesure — d e retracer en quelques mots le jeune mouvement qui portait réel -lement les esprits du Ix° siècle vers la culture hellénique .

Pendant longtemps l ' étude du grec avait été très négligée su r le continent . En 429, Cyrille d ' Alexandrie nous laisse entendr e qu ' à Rome le grec n ' est plus compris . Aux textes de Nestoriu s qu ' il envoie à la cour romaine, il joint, pour aider à leur

intelli-gence,

une traduction latine . Le pape Vigile, qui, avant son élé -vation au pontificat (537), avait séjourné pendant presque deu x ans (535-536) à Constantinople, n ' est pas du tout familiarisé ave c le grec . Grégoire le Grand l'ignore presque complètement, bien que, lui aussi, ait été apocrisiaire à Constantinople pendant si x ans (579-585 ou 586) ; et il en est ainsi de PélageIlqui avait rem -pli les mêmes fonctions que Grégoire le Grand et pendant le mêm e laps de temp s 4 . Isidore montre bien clans ses

Étymologies

q u ' il n e connaissait que très imparfaitement la langue grecque 5 . En Gaule , vers 750, un scribe qui recopiait la loi salique, rencontrant le s gloses malbergiques en langue francisque, croyait avoir affaire à du grec G .

1. A . Schmitt, Zwei noch unbenülze Handschriften des Joannes Scolus L'rigena. Pro-gramm des k . neuen Gymnasiums in Bamberg für das Schuljahr 1899 / 1900, Bamberg, 1900 . 2. J. Dräseke, Zur Scot. Er .Bemerkungen und Mitteilungen, dans Zeitsch. IViss. Theol . , t . XLVI (1909), p . 563, et, du mime auteur,JohannesScot usErigena und dessen Gewährs-männer in seinem WerkeeDe divisionenaturaeelibri V, Leipzig, 1902 .

3. L . Traube, ORaina Nobilis,PhilologischeUntersuchungen ausdentMittelalter,Munich , 1891 .

4. Voir, pour ces différentes remarques, le compte-rendu de l'ouvrage, de Leonissa, O . M . Cap, DieHeilige Kirche und die Areopagita (Jahrbuch für Philosophie undSpeie .Theologie , 1911, H . 3-4, p . 486-495), par H . Bruders, dans laZeitschriftfurkath .Theologie, t. XXXV , 1911, p. 769-770 .

5. Sandys, op . cit., p .ti ti4 .

6. a Nos proptor prolixitatem voluminis vitandam seu fastidio legentium, vol prop te r utilitatem intelligendi, abstulimus hune verba graecoruni et numero dinariorum, quod in ipso crebro conseripta invenimus .»Voir Bibliothéquede l'lJcoledes chartes, t. IX, 1809 , p. 409, n. 2 ; voir aussi Dom Gougaud, op. cit ., dans Revue d'histoire ecclésiastique de Lou

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