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L'influence de la maturation pubertaire, des caractéristiques typées au genre, de l'image corporelle et de l'estime de soi sur les symptômes de dépression à l'adolescence

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Texte intégral

(1)

L’INFLUENCE DE LA MATURATION PUBERTAIRE, DES CARACTÉRISTIQUES TYPÉES AU GENRE, DE L’IMAGE CORPORELLE ET DE L’ESTIME DE SOI

SUR LES SYMPTÔMES DE DÉPRESSION À L’ADOLESCENCE

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de Γ Université Laval

pour l’obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps.)

École de psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

MARS 2000

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Résumé

Les changements développementaux propres à la période adolescente affectent l’expression de symptômes dépressifs chez les adolescents (Puig-Antich, 1982). L’application de l’approche développementale de la psychopathologie à l’étude de la dépression chez les adolescents permet de comprendre les effets des caractéristiques du développement sur l’émergence de troubles qui surviennent à l’adolescence, telle que la dépression (Rutter, 1986). La présente étude s’intéresse à la différence entre les garçons et les filles à l’adolescence quant à la variation de leurs symptômes dépressifs en fonction de leur maturation pubertaire, de l’adoption de caractéristiques typées à leur genre (instrumentalité et expressivité), de leur image corporelle et de leur estime de soi. Les 374 participants (188 filles, 186 garçons) de cette étude sont âgés entre 11 et 16 ans (M= 13,3 ans) et se distribuent entre la 6e année et le secondaire IV. Ils ont complété l’Inventaire de la dépression de Beck, l’Échelle de développement pubertaire, l’Inventaire des rôles sexuels de Bern, le Questionnaire de l’image de soi de Offer et le Questionnaire de Rosenberg sur l’estime de soi. Les résultats révèlent que les garçons et les filles sont significativement différents sur chacune des variables dépendantes. [Les filles sont plus déprimées que les garçons./Elles ont une image corporelle et une estime de soi plus faibles que les garçons. Chaque genre adopte davantage les caractéristiques typées à son genre, soit l’expressivité pour les filles et l’instrumentalité pour les garçons. Une relation significative positive est retrouvée entre la puberté et la dépression chez les filles seulement. Un effet indirect de la puberté sur la relation entre les variables du développement (groupe d’âge et scolarité) et les variables dépendantes selon le genre ressort de l’analyse de covariance. Les résultats sont discutés dans la perspective de l’impact différentiel selon le genre des changements développementaux sur l’émergence de la dépression à l’adolescence.

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L’avant-propos

La réalisation de ce mémoire a été rendue possible grâce à l’appui inestimable de ma codirectrice, madame Diane Marcotte Ph.D, professeure et chercheure à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Son soutien et sa compétence m’ont grandement appris et m’ont permis d’achever ce travail avec ardeur. Un merci particulier également à mon directeur de mémoire, monsieur Richard Cloutier, professeur titulaire de l'École de psychologie de l’Université Laval et directeur scientifique de l'Institut sur les jeunes en difficulté. La justesse de ses commentaires ainsi que sa confiance fût fort aidant et apprécié. Un tel travail n’aurait pu voir le jour sans vos connaissances et votre disponibilité. Je vous remercie tous deux sincèrement.

Je tiens également à remercier les étudiants de l’école secondaire Chavigny de Trois-Rivières pour leur généreuse participation ainsi que madame Danielle Leclerc, Ph.D. pour ses conseils judicieux en statistiques.

Enfin, comment passer sous silence les gens si précieux qui m’entourent et qui n’ont cessé de m’encourager. Ma famille à qui je dois tout, mes amis avec qui il est si bon d’« être » et Pierre, mon partenaire et mon complice. Ta présence et ton amour sont parties intégrantes de ce travail. Merci du fond du cœur.

(4)

Table des matières

Le résumé... ii

L’avant-propos... iii

Table des matières...:... iv

Liste des tableaux... vi

Liste des figures... viii

Introduction... 1

CONTEXTE THÉORIQUE L’adolescence et ses changements corporels... 5

Introduction... 5

Changements hormonaux... 5

Changements physiques... 6

Séquence du développement pubertaire... 7

Différences sexuelles dans l’appréciation des changements... 11

Tendance séculaire... 12

La dépression chez les adolescents... 13

Introduction... 13

Définition... 14

Le développement de la dépression selon l’âge et le genre... 15

Statut pubertaire et dépression... 17

Rôle sexuel et dépression... 19

Image corporelle, estime de soi et dépression... 22

Objectif de la recherche et hypothèses... 25

MÉTHODOLOGIE Participants... 30 Description de !’échantillon ... 30 Échantillon normatif... 31 Instruments... 31 RÉSULTATS Description des tendances ... 35

Analyse descriptive des moyennes... 35

Distribution selon la maturation pubertaire... 35

Les effets développementaux selon le genre ... 41

La dépression en fonction du niveau de scolarité et du genre... 41

La dépression en fonction de l’âge et du genre ... v... 42

La dépression en fonction du groupe d’âge et du genre'... 43

Le rôle de la maturation pubertaire ... 47

La dépression en fonction du stade pubertaire et du genre... 47

La dépression en fonction des groupes extrêmes de puberté selon le genre... 48

L’image corporelle en fonction des groupes extrêmes de puberté selon le genre... 49

(5)

L’estime de soi en fonction des groupes extrêmes de puberté selon le

genre... 50

L’instrumentante en fonction des groupes extrêmes de puberté selon le genre... 51

L’expressivité en fonction des groupes extrêmes de puberté selon le genre ... 52

Relations entre la dépression et chacune des variables... 53

Analyses de covariance en contrôlant la puberté... 54

Selon la dépression... 54

Selon l’estime de soi... 56

Selon l’image corporelle ... 57

Selon l’instrumentalité ... 58

Selon l’expressivité ... 60

DISCUSSION... 63

Conclusion... 73

(6)

Liste des tableaux

Tableau

1 Séquence pubertaire chez les filles... 8

2 Séquence pubertaire chez les garçons... 8

3 Distribution de !'échantillon selon la scolarité, le genre et l’âge des participants... 30

4 Cotes moyennes et écarts types des variables dépendantes selon la scolarité... 37

5 Distribution des filles et des garçons selon leur statut pubertaire en 6e année .... 38

6 Distribution des filles et des garçons selon leur statut pubertaire en secondaire I... 39

7 Distribution des filles et des garçons selon leur statut pubertaire en secondaire II... 39

8 Distribution des filles et des garçons selon leur statut pubertaire en secondaire ΠΙ... 40

9 Distribution des filles et des garçons selon leur statut pubertaire en secondaire IV... 40

10 Résultats aux analyses de variance de la scolarité par le genre... 45

11 Résultats aux analyses de variance du groupe d’âge par le genre... 46

12 Intercorrélations entre les variables... 53

13 Analyse de covariance de la dépression selon les cinq niveaux de scolarité et le genre des adolescents, en contrôlant l’effet de la puberté... 55

14 Analyse de covariance de la dépression selon les trois groupes d’âge et le genre des adolescents, en contrôlant l’effet de la puberté... 55

15 Analyse de covariance de l’estime de soi selon les cinq niveaux de scolarité et le genre des adolescents, en contrôlant l’effet de la puberté... 56

16 Analyse de covariance de l’estime de soi selon les trois groupes d’âge et le genre des adolescents, en contrôlant l’effet de la puberté... 57

(7)

17 Analyse de covariance de l’image corporelle selon les cinq niveaux de scolarité

et le genre des adolescents, en contrôlant l’effet de la puberté... 58 18 Analyse de covariance de l’image corporelle selon les trois groupes d’âge et le

genre des adolescents, en contrôlant l’effet de la puberté... 59 19 Analyse de covariance de l’instrumentalité selon les cinq niveaux de scolarité

et le genre des adolescents, en contrôlant l’effet de la puberté... 59 20 Analyse de covariance de l’instrumentalité selon les trois groupes d’âge et le

genre des adolescents, en contrôlant l’effet de la puberté... 60 21 Analyse de covariance de l’expressivité selon les cinq niveaux de scolarité et le

genre des adolescents, en contrôlant l’effet de la puberté... 61 22 Analyse de covariance de l’expressivité selon les trois groupes d’âge et le

genre des adolescents, en contrôlant l’effet de la puberté... 62 23 Sommaire des hypothèse relatives à l’étude ... 65

(8)

Liste des figures

Figure

1 Indice de dépression chez les adolescents selon le niveau de scolarité et

le genre ... 42

2 Indice de dépression chez les adolescents selon l’âge et le genre... 43

3 Indice de dépression chez les adolescents selon le groupe d’âge et le genre... 44

4 Indice de dépression chez les adolescents selon leur statut pubertaire... 47

5 Indice de dépression chez les adolescents selon leur groupe pubertaire... 49

6 Le degré de satisfaction de l’image corporelle chez les adolescents selon leur groupe pubertaire... 50

7 L’estime de soi chez les adolescents selon leur groupe pubertaire... 51

8 L’instrumentalité chez les adolescents selon leur groupe pubertaire... 52

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(10)

L’étude du phénomène de la dépression chez les adolescents a pris réellement son envol seulement au début des années 1980. En effet, la publication du DSM-ΠΙ confirmait ce que bien des spécialistes connaissaient, à savoir que les adolescents pouvaient vivre des symptômes de dépression et qu’il était maintenant possible de les diagnostiquer avec les mêmes critères que ceux utilisés auprès de la population adulte. Sachant que l’adolescence est une période d’ajustements où plusieurs transformations physiologiques, cognitives, émotionnelles et sociales prennent place dans la vie du jeune, nous nous intéressons aux impacts de la période adolescente sur le vécu de la dépression. La présente recherche adopte une perspective développementale pour l’étude du phénomène de la dépression chez les adolescents. Cette approche permet de prendre en considération les caractéristiques du développement comme étant des facteurs importants du vécu adolescent et d’analyser leurs effets sur la psychopathologie. De cette façon, nous voulons vérifier les variations des symptômes dépressifs en tenant compte de variables développementales telles la scolarité, l’âge, le groupe d’âge et la maturation pubertaire. De plus, suivant cette perspective d’étude, la dépression vécue chez les adolescents nous amène à nous interroger également au niveau de la fluctuation de l’image corporelle et de l’estime de soi, qui sont des concepts centraux quant à l’étude de la puberté, ainsi que sur l’adoption des caractéristiques typées au genre des adolescents.

Afin de mieux comprendre les effets du développement chez les adolescents sur l’incidence de symptômes dépressifs, nous allons analyser les variations de la symptomatologie dépressive, de l’image corporelle, de l’estime de soi et des caractéristiques typées au genre selon les variables développementales en portant une attention particulière à la maturation pubertaire. La présente étude poursuit l’objectif principal suivant : comparer les filles et les garçons à l’adolescence sur la variation de leurs symptômes dépressifs, leur maturation pubertaire, l’adoption aux caractéristiques typées au genre, leur image corporelle et leur estime de soi.

(11)

D’abord, une recension des écrits relative à la puberté, à la dépression chez les adolescents et à ses relations avec l’âge et le genre, les stades pubertaires, l’image corporelle et l’estime de soi sera développée. Ensuite, la méthodologie de l’étude sera exposée. Finalement, il y aura la présentation des résultats relatifs aux quatre hypothèses ainsi qu’à leurs sous-hypothèses, pour terminer avec une discussion des divers résultats obtenus.

(12)
(13)

Introduction

La puberté, en tant que période développementale, fait référence à la double influence des particularités développementales et des stresseurs propres à l’adolescence. Cet événement semble avoir une importance particulière chez les filles, soit celle d’augmenter la fréquence des symptômes dépressifs (Voir Pearce, 1978, cité par Rutter, 1986). Plusieurs études démontrent que l’apparition de la puberté est vue plus positivement par les garçons et plus négativement par les filles (Peterson, Sarigiani & Kennedy, 1991; Nolen-Hoeksema, 1990; Brooks-Gunn & Warren, 1989). B est donc proposé dans cette prochaine section de regarder les changements pubertaires qui surviennent chez le garçon et chez la fille. B y aura d’abord une description des changements hormonaux qui s’initient et perdurent lors de la puberté. Ensuite, les changements physiques seront présentés pour, en troisième lieu, proposer la séquence des changements propres à chaque genre. B y aura également une différenciation quant au degré de satisfaction que le garçon et la fille ont par rapport aux changements imposés par la puberté. Enfin, il sera question de la tendance séculaire dans le développement des jeunes, un phénomène observé sur plusieurs décennies.

Changements hormonaux

Les systèmes hormonaux qui se développent à la puberté sont déjà présents à la naissance mais ils demeurent inactifs pendant plusieurs années. À la puberté, les hormones du cerveau stimulent la production des hormones gonadotropes qui sont la testostérone dans les testicules et les oestrogènes dans les ovaires. (Tobin-Richard, Boxer, McNeil Kavrell, & Petersen, 1984)

Les changements observables à la puberté s’étendent sur une période d’environ quatre ans. Bs commencent et se terminent pour les filles deux ans avant les garçons. Cependant, le

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développement chez les filles n’arrive pas soudainement deux ans avant les garçons à l’adolescence. Dès la naissance, les filles ont une légère avance quant au développement du squelette et du système nerveux. Cette avance se maintient tranquillement, d’année en année, jusqu’au moment d’entrer dans la puberté. (Tobin-Richard, Boxer, McNeil Kavrell, & Petersen, 1984)

Parmi les différentes hormones présentes au cerveau, deux d’entre elles augmentent considérablement durant la puberté : les androgènes et les oestrogènes. Tandis que les oestrogènes sont responsables du développement de la poitrine et des organes génitaux chez la jeune fille, les androgènes, quant à eux, influencent la poussée des poils et le développement des organes génitaux chez le garçon. Quoique ces deux hormones soient présentes chez les deux genres, un plus haut niveau d’oestrogènes est présent chez la fille et les androgènes sont davantage concentrés chez le garçon. (Tobin-Richard, Boxer, McNeil Kavrell, & Petersen, 1984) De plus, une augmentation dans la concentration des hormones pituitaires, appelées gonadotropines, survient avant le développement des caractéristiques sexuelles secondaires. (Brooks-Gunn & Reiter, 1990)

Changements physiques

En parallèle avec les changements hormonaux, une série de développements physiques prend place à la puberté et a un effet psychologique à l’adolescence.

Marshall et Tanner (1974), qui sont les précurseurs de l’étude de la puberté, ont élaboré cinq

catégories de changements internes et externes, spécifiques à différentes régions corporelles

qui surviennent à la puberté. Selon eux, il y a : (a) une poussée de croissance suivie d’un

ר

ralentissement de cette croissance, (b) des changements dans la distribution du gras et des j tissus musculaires ainsi que des changements physiques, (c) une plus grande endurance et

j

force physique attribuables au développement des systèmes respiratoire et circulatoire, (d) le développement des organes reproducteurs et des caractéristiques sexuelles secondaires et enfin, (e) des changements au niveau des systèmes endocrinien et nerveux servant à

(15)

régulariser et coordonner les autres événements de la puberté (Gräber, Peterson & Brooks- Gunn, 1996).

Les changements physiques à la puberté s’étendent, sur un continuum, de la préadolescence jusqu’à la fin de la deuxième décade. Les filles et les garçons ont une poussée de croissance qui varie entre 25 et 35 centimètres et la vitesse à laquelle ils grandissent peut atteindre huit centimètres par année. Les adolescents grandissent sur une période d’environ quatre ans. L’arrêt de croissance chez les filles se situe vers 17 ans et chez les garçons vers 20 ans (Brooks-Gunn & Reiter, 1990).

Séquence du développement pubertaire

Les tableaux 1 et 2 présentent respectivement chez les filles et les garçons une synthèse de la séquence pubertaire vécue à l’adolescence. La poussée de croissance chez les filles débute environ de 6 à 12 mois avant le développement de la poitrine, c’est-à-dire vers 9,6 ans (Brooks-Gunn & Reiter, 1990).

La puberté chez les filles s’expérimente par une croissance rapide d’environ 25 centimètres et un gain de tissus adipeux d’environ 24 livres et ce, sur une période d’environ 4 ans (Nolen- Hoeksema & Girgus, 1994). Le ralentissement de la croissance chez les filles annonce les premières menstruations, vers la fin de la puberté. Π est tout de même possible que certaines filles continuent de grandir d’environ trois à sept centimètres suite à l’arrivée de leurs menstruations. Toutefois, les jeunes filles peuvent avoir l’apparence physique d’une femme mature sans être complètement développées au niveau sexuel. (Brooks-Gunn & Reiter, 1990)

C’est à partir de neuf ou 10 ans que les filles ont une augmentation significative de leur production d’œstrogène et de progestérone (Nolen-Hoeksema & Girgus, 1994). Ce sont d’ailleurs les œstrogènes qui provoquent le développement des caractéristiques sexuelles primaires, plus précisément les ovaires, assurant ainsi la capacité de reproduction. (Cloutier,

(16)

Séquence Hormonal Physique Age 1 Augmentation de la production des

hormones œstrogènes : œstradiols

Maturation des ovaires, de l’utérus et du vagin

9-10 ans

2 Poussée de croissance 9,6 ans

3 Haut taux d’œstradiols Développement de la poitrine 10,5 ans 4 Sécrétion de testostérone Poussée des poils

(vitesse maximale de croissance)

11 ans

5 Haut taux d’œstradiols Premières menstruations 12,5 ans

(ralentissement de la croissance)

6 Achèvement de la poussée des poils 14 ans

7 Achèvement de la maturation de la

poitrine

15 ans

Tableau 2

Séquence pubertaire chez les garçons

Séquence Hormonal Physique Age

1 Augmentation de la production des hormones androgènes : testostérones

Croissance des testicules 11-11,5 ans

2 Poussée de croissance 11,7 ans

Croissance du pénis 3 Niveaux maximums de production de

testostérone

Poussée des poils Éjaculation nocturne

12-14 ans

(vitesse maximale de croissance)

4 Achèvement du développement

sexuel

14,5-15 ans

(Ralentissement de la croissance)

5 Sécrétion de testostérone Mue de la voix 15,5 ans

6 Achèvement de la maturation de la

voix

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Le commencement du développement de la poitrine se situerait en moyenne vers 10,5 ans. Ce développement peut s’étendre, chez certaines filles, sur 4,5 ans, c’est-à-dire sur la presque totalité de la durée de la puberté. (Gräber, Petersen & Brooks-Gunn, 1996). Si le développement de la poitrine débute avant l’âge de 8 ans ou que la poussée de croissance débute avant l'âge de 7 ans, la jeune fille est considérée comme précoce sexuellement. D'un autre côté, si aucun de ces changements n'est survenu après l’âge de 13 ans, on peut parler de puberté tardive (Brooks-Gunn & Reiter, 1990).

Tout comme ses catégories de changement, Tanner a divisé certains changements pubertaires en cinq niveaux. Le développement de la poitrine est subdivisé en étapes commençant par (1) aucun développement, (2) premier signe apparent du développement de la poitrine. H y a présence de tissus palpables sous le mamelon et la partie plate du mamelon peut quelque peu être grossie, (3) les seins sont plus apparents, bien qu’il n’y ait pas encore de séparation distincte entre les contours des deux seins, (4) la poitrine est plus volumineuse et on distingue davantage le contour des seins. Le mamelon, incluant l’aréole, forme un deuxième renflement, (5) la poitrine est complètement développée. La taille des seins à maturité peut varier d’une femme à une autre. Les contours sont distincts et le renflement de l’aréole s’est estompé. (Brooks-Gunn & Reiter, 1990).

Habituellement, l’apparition des poils pubiens survient quelque temps après le début du développement de la poitrine. La poussée de ces poils est également divisée, selon Tanner, en cinq niveaux, allant d’aucun poil à des poils complètement poussés (Brooks-Gunn & Reiter,

1990).

Les premières menstruations surviennent, en moyenne, deux ans suivant le tout début (niveau 2 de Tanner) du développement de la poitrine. L’âge moyen des premières menstruations aux États-Unis est de 12,5 ans (Gräber, Petersen & Brooks-Gunn, 1996). Π est à noter que les menstruations apparaissent à la fin du développement pubertaire chez les filles. Les menstruations suivent le moment où la croissance est la plus rapide à l’adolescence. En fait, le

(18)

moment du ralentissement de la croissance est étroitement lié avec Γ apparition des premières menstruations (Brooks-Gunn & Reiter, 1990).

Le début de la puberté chez les garçons se produit environ deux ans plus tard comparativement à celui des filles. Le premier signe du développement chez les garçons est généralement la croissance des testicules et cela survient en moyenne vers 11-11,5 ans. Pour atteindre la maturité génitale adulte, cela peut prendre environ trois ans. (Gräber, Petersen & Brooks- Gunn, 1996) Tanner divise le développement des testicules chez le garçon ainsi que la poussée des poils pubiens en cinq niveaux allant toujours d’aucun développement à un développement mature. Toujours selon Tanner, le commencement de la poussée des poils survient, dans 41% des cas, lorsque les garçons sont au quatrième niveau dans le développement des organes génitaux. Cette période de développement, au niveau des testicules, dure environ trois ans mais la période normale peut s’étendre jusqu’à cinq ans. La croissance du pénis survient environ un an après le début de !’augmentation du volume testiculaire (Cloutier, 1996). Dans la séquence pubertaire, si la première manifestation de changement chez les garçons (la croissance des testicules) survient avant l’âge de neuf ans, cela est considéré comme précoce, tandis que si aucun changement n’est survenu après l’âge de 14 ans, la puberté chez le garçon est considérée comme tardive. (Brooks-Gunn & Reiter,

1990).

La poussée de croissance débute rapidement après le commencement du développement génital, vers 11,7 ans, et le sommet de la croissance est vers 14 ans. (Gräber, Petersen & Brooks-Gunn, 1996) Selon Tanner, cette période (sommet) se situe, pour 76% des garçons, au quatrième niveau du développement génital. Contrairement aux filles, les garçons peuvent ne pas être physiquement matures mais voir leur développement sexuel complété (Brooks-Gunn & Reiter, 1990). Le gain de poids chez les garçons est davantage au niveau musculaire qu’au niveau du gras. Les garçons ont en moyenne 1,5 fois plus de muscles qu’une femme mature et la moitié moins de tissus adipeux (Nolen-Hoeksema & Girgus, 1994).

(19)

Selon Brooks-Gunn & Reiter, l’éjaculation nocturne surviendrait entre 12 et 14 ans et, selon Tanner, cette étape de la puberté chevauche la poussée des poils pubiens, mais au tout premier niveau de celle-ci. Sur le plan biologique, juste avant la première éjaculation, le jeune garçon se trouve à la plus grande vitesse de croissance et aux niveaux maximums de production de testostérone. Cette sécrétion de testostérone donnera également lieu à la mue de la voix chez le garçon (Petersen & Richards, 1987). Selon Cloutier (1996), le début de la maturation de la voix surviendrait, en moyenne, vers 15-16 ans, pour se terminer deux ans plus tard, soit autour de 17-18 ans.

Différences sexuelles dans Γ appréciation des changements

Les changements pubertaires survenant à l’adolescence n’ont pas la même incidence chez la fille et chez le garçon. De plus, le rythme de cette maturation est un élément important dans l’expérience du changement. La maturité précoce ou tardive offre ses avantages et ses inconvénients pour les deux genres.

Chez les garçons tardifs par exemple, on observe qu’ils se sentent davantage inefficaces, qu’ils ont peu confiance en eux et qu’ils ont une image négative d’eux-mêmes (Cloutier, 1996). / Toutefois, à long terme, il semble que ceux-ci démontrent une compétence sociale que l’on ne retrouve pas chez les garçons précoces. D’un autre côté, à la préadolescence, les tardifs ont davantage de temps pour se préparer aux prochains changements, tant au niveau physique qu'au niveau de l'autonomie associée au nouveau statut. Au contraire, les jeunes garçons précoces trouvent difficile d’assumer subitement de nouvelles responsabilités associées à leur état pubertaire. À long terme, ils ont tendance à être plus sombres, moins spontanés, plus soumis et moins flexibles que les autres adolescents (Brooks-Gunn, 1987). Toutefois, selon Brooks-Gunn & Reiter (1990), les garçons qui sont matures plus tôt semblent, à court terme, y trouver des avantages au niveau socio-émotionnel et au niveau du fonctionnement académique ainsi qu’un plus grand prestige personnel dans les sports. De plus, ils ont une plus grande confiance en soi et sont plus indépendants par rapport à leurs pairs (Tobin-Richard, Boxer & Petersen, 1983)

(20)

Chez les jeunes filles maintenant, mentionnons que les avantages de la précocité ne sont pas aussi clairs que chez les garçons. C’est un effet tout à fait opposé que l’on observe quant au statut que les adultes attribuent aux jeunes filles ayant commencé leur puberté. Les parents deviennent plus craintifs et on associe moins de jovialité, de sociabilité et de leadership aux précoces, comparativement aux tardives. Au niveau de l’image personnelle, les précoces auraient une faible estime et se considèrent moins attrayantes surtout en raison de !’augmentation des tissus adipeux qui les empêcherait d’entrer dans le moule de la minceur, véhicule de notre société. De plus, Petersen (1983) suggère que les adolescentes précoces manquent de support de leurs pairs, ce qui rend cette expérience encore plus difficile. De surcroît, les filles, qui affichent une avance de deux ans sur les garçons, ont beaucoup moins de temps de préparation par rapport à ces changements physiques et encore moins lorsqu’elles sont précoces. Une préparation psychologique semble aidante quant à l’appréciation des menstruations chez les précoces puisque ces mêmes menstruations semblent moins traumatisantes chez les tardives. Ces dernières auraient une perception de soi plus positive que celles dont la maturation est précoce. Toutefois, il semble qu’à la fin de l’adolescence, ces adolescentes tardives soient moins populaires, aient des stratégies d’adaptation moins développées, et soient moins autonomes que les précoces. Tobin-Richard, Boxer & Petersen (1983) rapportent qu’à long terme, les filles précoces développent une plus grande compétence sociale, plus de prestige et plus de confiance en soi

Tendance séculaire

Au cours des derniers siècles, le rythme de la croissance physique chez les enfants et les adolescents nous permet d’observer une maturation plus précoce et également une augmentation de la taille et du poids à l’âge adulte. Le déclin de l’âge sur le début de la puberté serait dû, entre autres, à l’amélioration des conditions de vie socio-économiques, à la santé et à la nutrition (Brooks-Gunn & Reiter, 1990).

Tanner fait ressortir !’abaissement de l’âge des premières menstruations comme étant de l’ordre de trois à quatre mois par décennie depuis 1850. Ainsi, aux États-Unis, l’âge moyen était de 14 ans en 1900 mais il était rendu à 12 ans et huit mois en 1960. Toutefois,

(21)

Brooks-Gunn (1990) mentionne que la tendance séculaire au sujet des premières menstruations semble s’être estompée dans les pays occidentaux au cours des 20 dernières années. (Cloutier, 1996).

Au niveau de la croissance physique, les enfants Nord américains sont, depuis 1900, plus grands d’un pouce à chaque décennie. De ce fait, les enfants nés en 1980 seront plus grands que ceux nés en 1900 d’environ neuf pouces (Balk, 1995).

La dépression chez les adolescents

Introduction

Aujourd’hui, la question concernant l’existence de la dépression chez les adolescents ne se pose plus. Plusieurs experts reconnaissent la présence de cette psychopathologie chez les jeunes (Hops, Lewinsohn, Andrews & Roberts, 1990; Reynolds, 1992; Rutter, 1988). Le DSM-IV (1994) permet, à l’aide de critères diagnostiques précis, de définir les troubles dépressifs et cet outil permet également d’identifier la dépression majeure tant chez les adultes que chez les enfants et les adolescents. Chez ces derniers, l’expression des symptômes dépressifs peut cependant être affectée par les changements développementaux propres à cette période (Puig-Antich, 1982). L’application de l’approche développementale à l’étude de la dépression chez les jeunes est très récente. L’objectif d’une telle perspective est, selon Rutter

(1986), de comprendre les effets des caractéristiques du développement sur la

psychopathologie. Cette approche implique une compréhension des transformations et des réorganisations développementales qui surviennent dans le temps et une analyse des facteurs de risque et de protection qui s’opèrent chez l’adolescent. L’étude de la dépression guidée par une perspective développementale permet également de reconnaître qu’un stresseur particulier ou un mécanisme sous-jacent peut entraîner différentes difficultés comportementales et ce, à divers moments du processus développemental ainsi que dans divers contextes (Cicchetti, Nurcombe, & Garber, 1992). H est donc proposé dans cette prochaine section de présenter une définition complète de la dépression soit en élaborant les différents symptômes selon le DSM- IV (1994) et, par la suite, en précisant l’intensité clinique des symptômes à laquelle cette recherche se réfère. Enfin, dans une perspective plus développementale, nous élaborerons le

(22)

développement de la dépression selon l’âge et le genre ainsi qu’en relation avec la maturation pubertaire, les caractéristiques typées au genre, l’image corporelle et l’estime de soi.

Définition

Les recherches ont longtemps fait état de la « dépression masquée » chez les enfants et les adolescents pour expliquer que ceux-ci exprimeraient des symptômes très différents des adultes s’ils devenaient déprimés. Suivant ce courant, les jeunes auraient davantage de problèmes de comportement ou de plaintes somatiques pour exprimer leur état. Toutefois, les vingt dernières années d’étude dans le domaine nous confirment que les adolescents peuvent et vivent les symptômes qui composent la dépression adulte (Nolen-Hoeksema & Girgus, 1994). Or, depuis l’apparition du DSM-ΠΙ en 1980, les critères diagnostiques sont applicables aux adolescents pour déceler chez eux la présence de dépression, et ce, au même titre que les adultes.

Avant tout, il est important de distinguer les diverses significations que peut prendre le terme dépression. Il peut d’abord signifier un symptôme, comme par exemple, « avoir les bleus » ou avoir une humeur triste. Définie ainsi, l’humeur dépressive n’est pas considérée comme pathologique, mais plutôt comme pouvant survenir chez chaque individu de façon circonstancielle suite à une perte ou à un échec (Marcotte, 1995). D’ailleurs, l’humeur dépressive est présente chez 20 à 35% des adolescents et chez 25 à 40% des adolescentes (Petersen, Compas, Brooks-Gunn, Stemmier, Ey & Grant, 1993).

L’expression dépression peut aussi désigner un syndrome, soit un ensemble de symptômes fréquemment associés. Ces symptômes peuvent être d’ordre affectif, comme des pleurs ou d’ordre cognitif, comme de l’inquiétude. Us peuvent également être d’ordre comportemental, comme de l’agitation ou d’ordre somatique, comme des difficultés de sommeil ou d’appétit. Or, un syndrome dépressif est une combinaison de symptômes qui se produisent souvent ensemble comme par exemple, avoir une humeur triste et avoir une faible estime de soi. L’appellation « symptôme dépressif d’intensité clinique » est également utilisé pour désigner

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ce syndrome. Plusieurs études ont évalué le syndrome à partir de scores de coupure sur des mesures auto-évaluatives, et il est présent chez 8 à 18% des jeunes américains (Reynolds, 1994). Chez des adolescents canadiens francophones, les taux varient entre 6,43 et 26% tandis que les adolescents anglophones obtiennent un taux de 21,3% (Baron, 1993). Pour sa part, Marcotte (1996) retrouve un taux de 16% au Québec.

Finalement, le terme dépression peut référer au « trouble dépressif », qui réfère ici au DSM-IV (1994) et qui perdure sur une durée minimale et où P intensité des symptômes dépressifs est spécifiée. C’est par des critères diagnostiques précis que le «trouble dépressif majeur » est défini par le DSM-IV (1994). C’est sous l’étiquette des troubles de l’humeur que l’on retrouve les catégories des troubles dépressifs et des troubles bipolaires. C’est donc parmi les troubles dépressifs que l’on retrouve le « trouble dépressif majeur ». Ce dernier est composé d’un minimum de cinq des symptômes suivants pour une durée d’au moins deux semaines et le trouble doit avoir représenté un changement au niveau du fonctionnement antérieur de l’adolescent. Soit (a) soit (b) doivent essentiellement être présents pour poser le diagnostic : (a) une humeur triste ou irritable; (b) une diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir dans les activités habituelles; (c) une perte ou un gain de poids significatif ou l’absence de !’augmentation du poids attendu selon l’âge chez les enfants et les adolescents; (d) de l’insomnie ou de !’hypersomnie; (e) de l’agitation ou un retard psychomoteur; (f) de la fatigue ou une perte d’énergie; (g) un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive; (h) des difficultés de concentration ou à prendre des décisions; (i) des idées suicidaires ou des tentatives de suicide. De plus, les symptômes interfèrent avec des secteurs importants de la vie de l’adolescent, comme le travail scolaire ou les relations sociales. Finalement, ces symptômes ne sont pas attribuables à une condition médicale pathologique ni aux effets d’un médicament.

Le développement de la dépression selon l’âge et le genre

Les symptômes dépressifs augmentent de façon marquée de l’enfance à l’adolescence, tant chez les garçons que chez les filles. Petersen, Compas, Brooks-Gunn, Stemmier, Ey & Grant (1993) soulignent que c’est entre 13 et 15 ans que l’on remarque une hausse dans le taux de

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dépression et le sommet se situe vers 17 et 18 ans. Plusieurs études ont également identifié une différence de genre dans les taux de la dépression. Cette différence, au niveau des filles, veut que celles-ci soient plus déprimées que les garçons et ce, dans un ratio de deux pour un (Nolen-Hoeksema & Girgus, 1994). Les écrits semblent généralement d’accord pour dire que la symptomatologie dépressive commence à augmenter chez les filles quelque part entre l’enfance et l’âge de 15 ans (Angold, Costello & Worthman, 1998; Petersen, Sarigiani & Kennedy, 1991; Kashani et al., 1987). Toutefois, les différentes études sur le phénomène des différences de genre sur la dépression révèlent une ambiguïté, à savoir quand exactement cette différence s’affiche-t-elle. Si l’on se réfère aux études de Burke et al. (1990) et de Kessler et al. (1993), ces auteurs retrouvent, respectivement, une augmentation dans le taux de dépression chez les filles entre l’âge de 15 et 19 ans ou entre l’âge de 10 et 14 ans. Wichstrom (1999), quant à lui, retrouve une différence de genre dans les taux de dépression à partir de 13- 14 ans et aucune différence entre 12-13 ans. De ces résultats, il existe visiblement une incertitude quant au moment où le taux de dépression chez les filles devient significativement plus élevé. Ce phénomène semble se stabiliser à l’âge adulte où le ratio d’au moins deux pour un demeure.

Certains auteurs (Rutter, 1986; Petersen, Compas, Brooks-Gunn, Stemmier, Ey & Grant, 1993; Nolen-Hoeksema & Girgus, 1994) rapportent que les symptômes dépressifs chez les garçons pendant l’enfance seraient similaires et parfois mêmes supérieurs à ceux des filles. Nolen-Hoeksema & Girgus (1994) rapportent qu’une de leurs études démontrait que les garçons d’une école primaire avaient un plus haut taux de symptômes de dépression que les filles et ce, jusqu’à l’âge de 12 ans. L’étude de Petersen, Sarigiani & Kennedy (1991), quant à elle, démontre un taux sensiblement similaire chez les filles et les garçons entre la 6e et la 8e année (11-14 ans) au niveau des symptômes dépressifs. Une différence significative semble s’afficher à partir de la 12e année (17-18 ans) avec les filles démontrant un résultat plus élevé que les garçons. Toujours dans cette étude, les taux de symptômes de dépression chez les garçons passent de 25% au début de l’adolescence à 40% au milieu de l’adolescence. Chez les filles, au début de l’adolescence, c’est à peu près similaire avec un taux de 28%, mais au milieu de l’adolescence, ce taux augmente à 59%. Bien que cette étude n’ait pas démontré de différence de genre significative dans les symptômes dépressifs avant l’âge de 13 ans; d’autres

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recherches ont parfois trouvé de hauts taux de symptômes dépressifs tant chez les garçons que chez les filles et ce, dès l’âge de 12 ans, et des différences sexuelles dès l’âge de 14 ans (Nolen-Hoeksema & Girgus, 1994).

Une étude réalisée, chez 150 adolescents de milieu scolaire et âgés entre 14 et 16 ans, par Kashani et al. (1987) rapporte que 13% des filles et 3% des garçons rencontrent les critères diagnostiques de la dépression majeure ou du trouble dysthymique. Au Québec, l’étude de Bergeron, Valla et Breton (1992) révèle un taux de 4,2% d’adolescents de 12-14 ans, qui correspondent aux mêmes critères diagnostiques. Récemment, l’étude d’Angold, Costello & Worthman (1998) retrouve une constante d’un taux plus haut de dépression chez les filles à partir de l’âge de 12-13 ans, ce qui n’était pas le cas aux âges précédents. Leur étude révèle également que le taux de dépression chez les garçons chute radicalement vers l’âge de 9 ans pour se maintenir ensuite à des taux plus bas que ceux des filles. Il en va de même pour l’étude de Wichstrom (1999), qui retrouve une interaction entre l’âge et le genre quant au niveau de dépression chez des adolescents norvégiens. En effet, les filles démontrent plus de symptômes dépressifs mais ce, seulement entre 13 et 14 ans.

En résumé, avant l’adolescence, il y a une tendance chez les garçons à avoir plus de symptômes dépressifs que chez les filles. Cependant, à un moment encore difficile à préciser, le phénomène se renverse et le taux de dépression augmente radicalement chez les filles.

Statut pubertaire et dépression

L’intervalle d’âge (11-16 ans) utilisé dans la présente étude couvre une période étendue et cruciale du développement de l’adolescent. Les écrits sur les prévalences différentielles selon le genre des symptômes dépressifs renvoient inévitablement à se questionner sur la variable puberté. Le moment du changement des taux de dépression en fonction du genre a d’importantes implications pour les théories concernant la relation entre la dépression et la puberté (Angold, Costello, & Worthman, 1998).

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La maturation pubertaire entraîne les changements les plus remarquables durant l’adolescence. Le moment, et surtout l’acceptation de ces changements sont vécus de façon particulièrement différentes par les garçons et les filles (Petersen & Leffert, 1995). Nous parlons de différences sexuelles à ce niveau puisque les garçons expérimentent la puberté d’une façon plus positive que les filles. Les toutes premières études menées par Tanner (1962), sur l’apparition des premières menstruations ou sur le développement des caractéristiques sexuelles secondaires, suggéraient que les niveaux de puberté n’étaient pas prédicteurs de symptômes dépressifs, mais que le moment (« timing » : précoce, à temps ou tardif) où cela arrivait pouvait l’être davantage. Le fait d’être précoce pouvait conduire les filles à des « problèmes de comportement » tandis que les garçons s’adaptaient généralement bien à ces changements. Suivant cette perspective initiatrice, Gräber, Brooks-Gunn & Warren (1995) ont réalisé une étude longitudinale avec des filles, âgées entre 10 et 14 ans, qui n’ont pas encore eu leurs premières menstruations. L’âge des premières menstruations est obtenu lors d’entrevues au cours de l’étude. Les résultats démontrent, entre autres, que l’affect dépressif est corrélé négativement à l’âge de l’apparition des premières menstruations. Ainsi, les taux les plus bas de dépression sont associés avec des premières menstruations tardives. Récemment, l’étude de Silbereisen & Kracke (1997) suggère qu’il y a une plus grande tendance dépressive chez les filles âgées entre 13 et 14 ans qui sont précocement matures en comparaison à celles qui sont matures tardivement.

Un second courant démontre, avec des études récentes, un tout autre aspect de l’étude de la puberté en relation avec les symptômes dépressifs. Il semble que ce ne soit pas tant le moment («timing») de celle-ci que le statut pubertaire qu’il faudrait regarder pour s’expliquer l’apparition de la dépression chez les adolescents et plus particulièrement, les taux supérieurs chez les adolescentes. Angold, Costello, & Worthman (1998) ont étudié le changement de statut pubertaire (suivant les stades de Tanner) selon le genre et il en est ressorti une interaction significative avec la dépression pour les garçons. En effet, la symptomatologie dépressive est significativement plus basse chez les garçons qui vivent des changements pubertaires (i.e. qui passe du groupe immature au groupe mature).

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Les jeunes adolescentes, quant à elles, obtiennent de façon constante des hauts taux de dépression à partir du stade 3 de Tanner (statut pubertaire) tandis que les garçons ont des taux plus élevés avant ce stade (Angold, Costello, & Worthman, 1998). L’étude réalisée par Siegel, Aneshensel, Taub, Cantwell, & Driscoll (1998), sur un échantillon multiethnique d’adolescents âgés entre 12 et 17 ans, révèle une interaction significative entre le niveau de développement pubertaire et les symptômes dépressifs, mais seulement chez les filles. En effet, les symptômes dépressifs chez les filles tendent à augmenter simultanément avec la

progression dans les stades pubertaires. Chez les garçons, ces résultats n’ont démontré aucune

signification. L’étude récente de Wichstrom (1999) révèle également une forte corrélation positive chez les filles âgées entre 12 et 14 ans entre le statut pubertaire et le sentiment dépressif.

Rôle sexuel et dépression

Les caractéristiques typées au genre sont des attitudes qui différencient les hommes et les femmes. Spence (1991), suggère le terme instrumentalité pour définir les caractéristiques d’autonomie, de dominance et d’affirmation de soi reliées au rôle sexuel masculin. Généralement, les hommes sont décrits comme indépendants, dominants, autoritaires et orientés vers la tâche. B suggère également le terme expressivité pour définir les caractéristiques d’empathie, de bienveillance et de sensibilité interpersonnelle liées au rôle sexuel féminin. En effet, les femmes sont vues comme sensibles, chaleureuses, dépendantes et orientées vers les gens.

Prenant en considération les différences de genre à l’adolescence quant à la dépression, Hill et Lynch (1983) mentionnent qu’avec le déclenchement de la puberté, les garçons et les filles expérimentent une augmentation des attentes liées au genre due aux pressions des pairs et de la famille. Cette hypothèse de « !’intensification du genre » énonce les différences de genre dans les attitudes, dans le comportement et au niveau psychologique à l’adolescence. Ces différences augmentent avec l’âge et sont le résultat d’une pression sociale qui demande à se conformer aux caractéristiques typées au genre (masculinité et féminité). Le rôle masculin met l’emphase sur l’instrumentalité (i.e. indépendance) tandis que le rôle

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l’emphase sur l’expressivité (i.e. bienveillance) (Bakan, 1966; Block, 1973; Spence 1991) . Le rôle que joue la puberté dans la différenciation des caractéristiques typées au genre féminin et masculin sert peut-être de signal pour socialiser avec d’autres (parents, enseignants, pairs). De plus, l’adolescent s’approche de l’âge adulte et devrait se comporter comme il est attendu (attentes sociales), c’est-à-dire d’une façon qui ressemble aux stéréotypes féminins et masculins adultes (Hill & Lynch, 1983).

La perspective développementale s’arrime avec l’hypothèse d’une intensification des attentes liées au genre pour tenter d’expliquer les différences entre les genres au niveau de la dépression. Cette hypothèse est entre autres soutenue du fait que les adolescents reçoivent une grande pression sociale à développer leurs caractéristiques liées au genre. Les modèles traditionnels de !’identification féminine et masculine s’intensifient au cours de l’adolescence. Il y a une certaine attente sociale pour qu’ils se conforment à ces comportements (Hill & Lynch 1983).

Il va sans dire qu’une puberté précoce chez l’un ou l’autre genre peut accélérer ce processus (Wichstrom, 1999). À partir de cette hypothèse, certains auteurs ont proposé que les adolescentes sont plus à risques de dépression, puisque leur rôle lié au genre tend à être plus dépressogène que les caractéristiques typées au genre masculin, qui elles, sont davantage un facteur de protection face à la dépression (Nolen-Hoeksema & Girgus, 1994). Toutefois, les résultats des études portant sur l’expressivité se révèlent peu consistants dans les écrits. Plusieurs recherches ont démontré que l’expressivité n’est pas associée à la présence de symptomatologie dépressive (Steenbarger & Greenberg, 1990; Waelde, Silvern, & Hodges, 1994; Whitley & Gridley, 1993; Wilson & Cairns, 1988) tandis que l’étude de Wong & Whitaker (1993) suggère un lien entre l’expressivité et la dépression.

Si la pression sociale, à la préadolescence, peut expliquer la différence de genre dans la dépression, ceci permet de faire certaines prédictions. Celles-ci sont liées, par exemple, à l’identification à un rôle sexuel, à l’effet particulier des défis développementaux typiques à l’adolescence, comme la puberté, à la transition primaire-secondaire et à la satisfaction face

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aux changements corporels (Wichstrom, 1999). Ainsi, la puberté ne pourrait-elle pas intensifier, chez les filles et les garçons, l’adoption des caractéristiques typées à leur genre et ainsi, respectivement, augmenter chez l’un et diminuer chez l’autre la symptomatologie dépressive?

L’étude de Gal ambos, Almeida & Petersen (1990), faite sur un échantillon d’adolescents entre la 6e et la 8e année, révèle que les garçons adoptent significativement plus l’instrumentalité que les filles et cette tendance augmente de façon marquée entre la 7e et la 8e année. Un phénomène semblable s’observe au niveau de l’expressivité, mais cette fois-ci chez les filles. Les filles adoptent davantage l’expressivité que les garçons et une augmentation de cette expressivité est également observable selon la scolarité. Quant à l’attitude des adolescents face aux rôles sexuels, ces mêmes auteurs révèlent que les filles tendent à augmenter leur accord par rapport à l’égalité entre les genres tandis que les garçons deviennent dès la 6e année de moins en moins en accord avec cet aspect. Ces résultats semblent, en partie, supporter l’hypothèse de !’intensification du genre.

Selon Usmiani et Daniluk (1997), qui ont réalisé une étude au Canada avec des jeunes filles de 6e année, l’estime de soi et l’identité quant au rôle lié au genre contribuent à 37,3% à la variation dans les scores de l’image corporelle chez les jeunes filles menstruées. De plus, une analyse de régression multiple, chez les adolescentes non menstruées, leur a permis d’affirmer que seulement !’identification aux caractéristiques typées au genre avait une contribution significative sur la prédiction des scores de l’image corporelle. Chez ces filles non menstruées, l’expressivité était corrélée avec une image corporelle positive. Wichstrom (1999) quant à lui, retrouve l’expressivité corrélée positivement avec la dépression et ce, chez les deux genres entre 12 et 20 ans tandis que l’instrumentalité n’est pas significative.

Menée auparavant, l’étude de Lamke (1982) démontrait que les caractéristiques typées masculines étaient associées à une forte estime de soi pour les deux genres. L’étude de Wilson et Cairns (1988) suggérait également que les caractéristiques masculines étaient corrélées négativement avec la dépression chez les adolescents. Chez ces derniers, l’adoption

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des caractéristiques typées au genre masculin agirait comme facteur protecteur face à la dépression (Allgood-Merten et al., 1990 ; Hart & Thompson, 1996).

Image corporelle, estime de soi et dépression

À l’adolescence, les changements physiques se manifestent et influencent le vécu des filles et des garçons et la nature de ces changements exerce également un effet psychologique. La beauté physique, telle que véhiculée dans la société, joue un rôle considérable dans l’élaboration de l’image corporelle des adolescents (Cloutier, 1996). La façon dont ils se sentent avec leur corps due à l’apparition de la puberté est modifiée et, selon les genres, la réaction n’est pas la même. L’augmentation du poids et de la taille est beaucoup appréciée chez les garçons alors qu’elle est vécue négativement par les filles, spécialement par rapport à !’augmentation des graisses (Gräber, Petersen & Brooks-Gunn, 1996; Tobin-Richard, Boxer, McNeil Kavrell, & Petersen, 1984). Récemment, Rierdan & Koff (1997) ont réalisé une étude avec de jeunes adolescentes de 6e année. Les symptômes dépressifs se sont avérés corrélés négativement avec la satisfaction qu’ont les filles par rapport à leur poids. Les filles non satisfaites de leur poids présentaient plus de symptômes dépressifs. De plus, dans cette étude, une analyse de régression multiple a révélé que l’indice de masse corporelle combiné à la mesure de l’image corporelle permettent conjointement de prédire les niveaux de dépression.

Simmons & Blyth (1987) ont réalisé une étude longitudinale avec des adolescents à partir de la 6e année sur le moment de l’apparition de la puberté combiné à la satisfaction de l’image corporelle. Les filles, qui avaient débuté leur puberté plus tôt, étaient moins satisfaites quant à leur image corporelle que les autres filles. Les garçons, peu importe le moment du commencement de leur puberté, ont tendance à apprécier davantage leur image corporelle. Récemment, Wichstrom (1999) a trouvé des différences substantielles entre les filles et les garçons quant à leur image corporelle. En effet, les filles obtiennent des scores plus bas que les garçons sur l’appréciation de leur apparence physique globale et sur la satisfaction par rapport à leurs parties du corps. Cette différence de genre augmente entre 12-14 ans; c’est-à- dire qu’il y a interaction entre le genre et l’âge sur la satisfaction des parties du corps ainsi que

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sur l’appréciation de l’apparence globale. Après l’âge de 14 ans, la différence entre les genres sur cette interaction devient non significative, signifiant ainsi que l’écart cesse d’augmenter. Toutefois, les garçons demeurent en général plus satisfaits de leur corps que les filles. L’étude de Polce-Lynch et al. (1998), réalisée avec des étudiants de différents niveaux scolaires, démontre que l’image corporelle est davantage importante pour les filles que pour les garçons. C’est par des questions ouvertes sur leur image corporelle que les filles répondent majoritairement être affectées négativement par leur image corporelle, tandis que les garçons répondent majoritairement que leur apparence physique n’affecte en rien leur sentiment personnel. Étant donné que les auteurs ont mesuré des élèves de 5e année, 8e année et 12e année, ceux en 8e année sont les premiers de leur échantillon à vivre la puberté. On y constate que la différence entre les garçons et les filles en ce qui concerne l’affectation négative de leur image corporelle sur leur sentiment personnel y est plus grande qu’à tout autre niveau scolaire.

L’étude de Noies, Cash & Winstead, (1985), réalisée avec des étudiants universitaires, révèle que les participants déprimés sont moins satisfaits de leur apparence générale, moins satisfaits avec certaines parties de leur corps, se perçoivent comme moins attirants et évaluent généralement de façon moins favorable leur apparence physique que le groupe des non déprimés. Une autre étude, menée par Baron et Joly (1988) avec des adolescents âgés entre 12 et 17 ans, a révélée qu’une faible image corporelle était associée à de la dépression, mais particulièrement chez les filles. De leur côté, Koening & Wasserman (1995) ont formé quatre groupes d’adolescents selon qu’ils avaient une image corporelle négative ou positive d’eux- mêmes et selon qu’ils trouvaient importante cette image corporelle. Dans leur étude, la répartition des filles était majoritairement dans les groupes d’images corporelles négatives. Enfin, leurs résultats quant à la prédiction de la dépression par rapport à l’image corporelle se sont avérés significatifs. Les adolescents avec une image corporelle négative démontraient définitivement plus de symptômes dépressifs que ceux avec une image corporelle positive et ce, sans regard à l’importance qu’ils y accordaient.

L’étude canadienne menée par Usmiani et Daniluk (1997) révèle qu’une estime de soi élevée, chez les adolescentes ayant eu leurs premières menstruations, était associée avec une image

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corporelle positive également élevée. D’ailleurs, selon ces auteurs, l’estime de soi se révèle comme étant le plus grand prédicteur quant à la variance des scores de l’image corporelle chez les jeunes filles menstruées.

Une étroite relation existe entre le degré de satisfaction de l’image corporelle et l’estime de soi à l’adolescence. L’estime de soi est, chez chaque être humain, le désir de protéger et

d’accroître sa valeur personnelle, de s’accepter et de se respecter. Les frustrations générées

par ce désir peuvent se mesurer en une certaine détresse psychologique. L’estime de soi est associée au bien-être psychologique et !’association la mieux établie est celle entre l’estime de soi et la dépression (Rosenberg, Schoenbach, Schooler, & Rosenberg, 1995).

Les filles ont tendance à souffrir davantage d’une image de soi quelque peu instable incluant une estime de soi faible et une conscience de soi surélevée. Un survol des recherches portant sur les différences sexuelles démontre que, durant la jeune adolescence, les garçons commencent à démontrer une estime de soi supérieure à celle des filles, une différence qui persiste jusqu’à l’âge adulte (Tobin-Richard, Boxer, McNeil Kavrell, & Petersen, 1984).

H est connu depuis fort longtemps qu’une faible estime de soi est étroitement associée à la dépression (Rosenberg, 1985; Rosenberg, Schooler, & Schoenbach, 1989). Une hypothèse sur la satisfaction corporelle propose que l’apparence physique soit la variable qui concourt le plus dans la variation de l’estime de soi chez les adolescents (Wichstrom, 1999). L’estime de soi chez l’adolescente est influencée, au même titre que l’image corporelle, par les médias et l’image qui y est véhiculée de la femme. Selon Usmiani et Daniluk (1997), les recherches confirment que, suite aux menstruations, les filles sont particulièrement à l’écoute et conscientes des changements corporels qu’elles vivent et des rôles sociaux qu’on leur attribue et ainsi, elles rapportent davantage d’insatisfaction par rapport à leur apparence physique. L’étude de Polce-Lynch et al. (1998) révèle que les filles de 8e année (donc ayant vécu un début de puberté) tendent à nommer davantage l’image corporelle comme étant la source de leur sentiment négatif par rapport à leur estime de soi.

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La relation entre une faible estime de soi, une image corporelle négative et la dépression chez les adolescents est également soutenue par Allgood-Merten, Lewinsohn et Hops (1990). L’image corporelle et l’estime de soi se sont révélées être prédictrices de la dépression tant chez les garçons que chez les filles. En contrôlant l’estime de soi, la contribution de l’image corporelle a été éliminée dans la prédiction de la dépression. Ainsi, l’estime de soi expliquait les variances significatives de la dépression.

Enfin, la littérature montre à maintes reprises que les garçons et les filles ont des trajectoires développementales distinctes. Ces différences développementales donnent ainsi lieu à un vécu dépressif également différent selon le genre. H existe donc un rapport entre le genre et la dépression à l’adolescence et cette présente étude y intègre, pour une première fois, des éléments explicatifs tels que la puberté, les caractéristiques typées au genre, l’estime de soi et l’image corporelle.

Objectif de la recherche et hypothèses

L’objectif général de la présente recherche est de comparer les filles et les garçons québécois à l’adolescence sur la variation de leurs symptômes dépressifs, leur maturation pubertaire, les caractéristiques typées au genre, leur image corporelle et leur estime de soi.

Hypothèse 1 : Les effets développementaux selon le genre

Conformément aux tendances identifiées dans les écrits, les filles et les garçons afficheront entre eux des différences significatives de la façon suivante : une différence de genre sur chacune des variables sera trouvée. 1) Les filles seront plus déprimées que les garçons, 2) elles débuteront leur maturation pubertaire plus tôt et elles seront plus avancées que les garçons, les filles obtiendront 3) une estime de soi et 4) une satisfaction de leur image corporelle plus faible que les garçons et enfin, 5) chaque genre adoptera davantage les caractéristiques typées à son genre soit l’instrumentalité pour les garçons et l’expressivité pour les filles.

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Des différences significatives sur la variable dépression peuvent s’afficher entre les garçons et les filles selon leur scolarité. Cette sixième sous-hypothèse suggère que les garçons seront plus déprimés que les filles avant le secondaire (6e année) et l’inverse se produira à l’arrivée au secondaire (à partir de secondaire I). Concernant les autres variables à l’étude, cette hypothèse ne peut se positionner sur leur relation avec la scolarité étant donné les écrits manquants.

Selon l’âge (11-16) ou encore le groupe d’âge (11-12,13-14 et 15-16), les écrits étant inconsistants dans ses résultats, il est ici impossible de se positionner sur de possibles hypothèses au niveau de la dépression et également au niveau des caractéristiques typées au genre. En ce qui concerne l’estime de soi et l’image corporelle, les écrits sont insuffisants sur la relation de ces variables avec l’âge ou le groupe d’âge pour de nouveau se positionner et supposer des résultats.

Hypothèse 2 : Le rôle de la maturation pubertaire

Une première hypothèse à l’intérieur de l’étude de la maturation pubertaire propose que plus les filles avanceront dans leur puberté, plus elles vivront de symptômes dépressifs. Une relation inverse se produira chez les garçons; plus ils avanceront dans les stades pubertaires, moins ils vivront de symptômes dépressifs.

Pour faire suite, l’hypothèse suivante suggère une comparaison des groupes extrêmes au niveau de la puberté dite débutante ou avancée. Pour se faire, deux groupes pubertaires seront formés selon le statut pubertaire des participants. Un premier groupe inclut les adolescents des stades I, Π et ΠΙ de Tanner, donc qui sont dans une maturation pubertaire débutante. Le second groupe pubertaire inclut les adolescents des stades IV et V de Tanner, ils sont ainsi dans une maturation pubertaire avancée. Les sous hypothèses proposent donc :

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(1) une symptomatologie dépressive significativement plus élevée sera observée chez le sous- groupe de filles avancées au niveau de leur maturité pubertaire, en comparaison avec le sous-groupe de filles présentant une maturation pubertaire débutante;

(2) un degré de satisfaction de l’image corporelle significativement plus faible sera observé chez le sous-groupe de filles ayant une maturité pubertaire avancée, en comparaison avec le sous-groupe de filles affichant une maturité pubertaire débutante;

(3) une estime de soi significativement plus faible sera observée chez le sous-groupe de filles ayant une maturité pubertaire avancée, en comparaison avec le sous-groupe de filles affichant une maturité pubertaire débutante;

(4) le sous-groupe de garçons affichant une puberté avancée adoptera davantage l’instrumentalité contrairement au sous-groupe de garçons ayant une puberté débutante; (5) les filles présentant une puberté avancée adopteront davantage les caractéristiques typées à

son genre, soit l’expressivité, en comparaison au sous-groupe de filles en puberté débutante et enfin,

(6) chez les garçons, aucun effet significatif ne sera observé aux trois premières sous- hypothèses.

Hypothèse 3 : Relations entre la dépression et chacune des variables

Les relations, chez les filles, entre la dépression et les autres variables afficheront une corrélation significative :

(1) Positive avec la maturation pubertaire.

(2) Négative avec l’estime de soi.

(3) Négative avec l’image corporelle. (4) Négative avec l’instrumentalité.

(5) Chez les garçons, l’instrumentalité et l’estime de soi seront corrélés négativement

avec la dépression et les autres corrélations seront non significatives.

Le sens de la relation entre l’expressivité et la dépression ne peut être supposé dans cette hypothèse vue !’inconsistance des résultats dans les écrits sur ce sujet.

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Hypothèse 4 : Analyses de covariance en contrôlant la puberté

La deuxième hypothèse explore l’effet direct de la puberté sur les variables à l’étude tandis que la présente hypothèse explore l’effet indirect de la puberté sur ces variables. En ce sens, la puberté pourrait venir agir sur la relation entre les variables du développement, c’est-à-dire le groupe d’âge et la scolarité et les variables dépendantes, c’est-à-dire la dépression, l’image corporelle, l’estime de soi et les caractéristiques typées au genre selon le genre.

À titre exploratoire, la présente hypothèse propose un modèle de covariance sur chacune des variables à l’étude en fonction de la scolarité et du genre ainsi que selon le groupe d’âge et le genre. La puberté étant utilisée comme covariable, il sera possible d’explorer son influence sur les variables développementales qui font elles-mêmes varier les variables dépendantes.

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Participants

Les participants (N=374) de cette recherche sont des filles (n=188) et des garçons (n=186) de 6e année à secondaire IV âgés entre 11 et 16 ans. La moyenne d’âge de !’échantillon est de 13,3 ans avec un écart type de 1,5 an. Ils proviennent de la Commission Scolaire Chemin-du- Roy et sont représentatifs de la population étudiante de Trois-Rivières (Québec). Pour participer à cette étude, les adolescents de moins de 14 ans devaient obligatoirement remettre un consentement écrit de leurs parents. Une visite a été effectuée à l’automne 1995 dans les classes afin d’administrer les questionnaires aux élèves. Chaque adolescent a complété les cinq (5) questionnaires dans le cadre de cours réguliers, sur une durée d’environ 50 minutes.

Description de !’échantillon

Le tableau 3 présente la distribution de !’échantillon selon l’âge, la scolarité et le genre. L’échantillon est un peu plus âgé que prévu en secondaire I, où l’on retrouve des filles et des garçons qui ont 14 ans en début de cette année scolaire.

Tableau 3

Distribution de !’échantillon selon la scolarité, le genre et l’âge des participants

Scolarité 6e I Π ΙΠ IV Total Genre G F G F G F G F G F Âge 11 ans 41 24 65 12 ans 11 14 14 23 62 13 ans 16 6 12 38 72 14 ans 10 5 8 5 23 27 78 15 ans 8 7 34 31 80 16 ans 9 8 17 Total 52 38 40 34 20 43 31 34 43 39 374

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Le choix d’inclure les 6es années dans le présent échantillon est entre autres relié aux écrits sur la puberté qui démontrent bien que les filles débutent leur puberté plus tôt et que, pour les rejoindre, il faut agrandir !’échantillon de l’adolescence et considérer la préadolescence.

Échantillon normatif

Pour obtenir un échantillon le plus normatif possible, certains participants ont été éliminés. C’est sous des critères d’âge, en relation avec leur niveau scolaire, que la normalisation de !’échantillon a été effectuée pour le rendre plus représentatif.

Ainsi, un participant de 6e année âgé de 13 ans a été éliminé, ainsi que cinq participants de 15 et 17 ans en secondaire I. De plus, six participants de 15 et 18 ans ont été éliminés en secondaire II et sept participants de 16 ans en secondaire Ht. Enfin, un seul participant de 17 ans fut éliminé en secondaire IV. L’échantillon a donc été épuré de 20 participants.

Instruments

Les élèves devaient remplir cinq questionnaires portant respectivement sur la dépression, leur statut pubertaire, le degré de satisfaction de leur image corporelle, l’estime de soi et leurs caractéristiques typées au genre.

U Inventaire de la dépression de Beck (IDB) (Beck, 1978) mesure la variation des symptômes dépressifs selon la version validée auprès d’une population francophone (Bourque et Beaudette, 1982). Cette mesure auto-évaluative mesure les aspects affectifs, cognitifs, comportementaux et somatiques de la dépression. De plus, c’est un instrument qui permet d’identifier, chez des sujets non-cliniques, c’est-à-dire dans une population générale, les sujets présentant un symptôme dépressif d’intensité clinique (syndrome). L’IDB comprend 21 items pour lesquels le participant doit choisir parmi 4 énoncés (cotés de 0 à 3) selon ce qui correspond le mieux à son état actuel. Le résultat total est obtenu en additionnant chaque réponse des items, ce qui peut varier entre 0 et 63. C’est avec une coupure à un résultat de 16 et plus que l’on peut ainsi identifier des adolescents présentant les caractéristiques d’un

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symptôme dépressif d’intensité clinique (Strober, Green, & Carlson, 1981). La version française utilisée a présenté, auprès d’une population d’étudiants universitaires, un coefficient de consistance interne de .92 et dans la présente étude, un coefficient de consistance interne de .88 a été retrouvé.

L,Échelle de Développement Pubertaire (EDP; Verlaan, Cantin, & Boivin, soumis pour publication) est la version française du «Pubertal Development Scale» (PDS; Petersen, & Crockett, 1985) qui mesure la maturation pubertaire chez les adolescents. Cette échelle est une mesure auto-révélée qui consiste à déterminer, en cinq catégories, le niveau de puberté des participants. Les garçons sont évalués sur la poussée des poils et la mue de la voix. Les filles, sont évaluées sur la poussée des poils, le développement de la poitrine et les menstruations. Sur chacun des items (à l’exception des menstruations), les garçons et les filles doivent indiquer leur niveau de développement de maturation pubertaire avec une échelle de 1 à 4 (allant de « pas encore débuté » à « semble complété »). Pour les menstruations, les filles doivent indiquer si elles sont débutées ou non. Les cinq catégories de puberté (statut pubertaire) sont : prépuberté, début de la puberté, puberté intermédiaire, puberté avancée et puberté complétée. Cet instrument a présenté, auprès d’une population d’étudiants de la fin du primaire et du secondaire, un coefficient de consistance interne variant de .56 à .67 pour les filles et de .57 à .77 pour les garçons. Dans la présente étude, le coefficient de consistance interne est de .68, ce qui est similaire à celui obtenu par Verlaan, Cantin, & Boivin (soumis pour publication).

Le « Offer Self-Image Questionnaire » (OSIQ; Offer, Ostrov & Howard, 1977), est une mesure bien connue et utilisée fréquemment comme inventaire auto-évaluatif pour les adolescents. Celle-ci mesure le degré de satisfaction de l’image corporelle, l’instrument consistant en une courte liste de sept items sur la satisfaction des sujets face à leur apparence générale (corps). Les participants indiquent, sur une échelle de type Likert de 1 à 6 (allant de « me décrit très bien » à « ne me décrit pas du tout »), leur degré de satisfaction face à leur apparence générale, leur corps et les changements qui s’y produisent. Cet instrument, sous sa forme abrégée à quatre items, utilisé par Allgood-Merten, Lewinsohn, & Hops (1990),

Figure

Figure  1. Indice de dépression chez les adolescents selon le niveau de scolarité et le genre.
Figure  2. Indice de dépression chez les adolescents selon l’âge et le genre.
Figure  3. Indice de dépression chez les adolescents selon le groupe d’âge et le genre.
Figure  4. Indice de dépression chez les adolescents selon leur statut pubertaire.
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Références

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