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La reconnaissance du visage du père par les enfants de cinq mois

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Academic year: 2021

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ISABELLE ARSENEAU ü L

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LA RECONNAISSANCE DU VISAGE DU PÈRE PAR LES ENFANTS DE CINQ MOIS

Mémoire Présenté

à la faculté des études supérieures de !’Université Laval

pour l’obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps.)

École de psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

JANVIER 2003

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La présente étude vise à vérifier si 24 bébés âgés de cinq mois sont capables de reconnaître le visage de leur père. Les enfants sont successivement habitués au visage du père et à celui d’un étranger qui lui ressemble. Les résultats suggèrent que les enfants âgés de cinq mois regardent significativement plus longtemps le visage de leur père comparativement à celui de l’étranger. Ces résultats sont comparés avec ceux obtenus dans les différentes études concernant l’habileté des bébés à reconnaître un visage familier.

־־^j ■r־־ ־— ^־ ---

-Signature du directeur de recherche Stephan Desrochers

--- ■F-WW ----

---Signature de l’étudiante Isabelle Arseneau

(3)

J’aimerais remercier toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire. Tout d’abord, je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à mon directeur de recherche, Stéphan Desrochers, pour ses nombreux encouragements, ses judicieux conseils, sa grande disponibilité, ainsi que sa grande patience.

Je désire exprimer ma gratitude à la Régie de l’assurance maladie qui m’a grandement aidée dans le recrutement des participants. Je voudrais également remercier les parents pour leur disponibilité et leur gentillesse.

Un merci spécial aux filles du laboratoire pour leur aide, particulièrement à Isabelle Rose, Caroline Bisson et Nathalie Fortier.

J’aimerais aussi remercier Nathalie Tremblay, Geneviève Bégin et Mélanie Fréchette sans qui mon baccalauréat et ma maîtrise n’auraient pas été aussi plaisants. Un gros merci à mes amis Monica, Jean-Luc, Julie et Isabelle qui ont toujours su m’écouter quand j ’ en avais besoin.

Évidemment, je ne pourrais passer sous silence l’apport de mes parents qui m’ont toujours encouragée tout au long de mes études, dans les moments de joie comme dans les périodes les plus difficiles.

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Un merci à ma sœur Claudia, à ma mère Line, à ma tante Georgette et à Sonia pour leur aide au niveau de la correction grammaticale. Un merci également à ma sœur Nathalie pour ses nombreux conseils en informatique.

Finalement, je suis grandement reconnaissante envers toutes les personnes qui m’ont soutenue et encouragée lors de l’élaboration de mon mémoire. Sachez queje l’ai grandement apprécié.

(5)

TABLE DES MATIÈRES

Page RESUME... I

AVANT-PROPOS... II

TABLE DES MATIÈRES... W

INTRODUCTION GÉNÉRALE... 1

CHAPITRE I CONTEXTE THÉORIQUE... 4

1 La reconnaissance de la mère... 4

1.1 La reconnaissance de la voix de la mère... 4

1.2 La reconnaissance de l’odeur de la mère... 7

1.3 La reconnaissance du visage de la mère... 11

2 La reconnaissance du père... 19

2.1.1 La reconnaissance de la voix du père... 19

2.1.2 La reconnaissance de l’odeur du père... 21

2.1.3 La reconnaissance du visage du père... 22

2.2 Pertinence, but de la recherche et hypothèse... 24

CHAPITRE II MÉTHODE... 25

2.1 Sujets... 25

2.2 Stimuli... 25

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2.4 Procédure... 26

2.5 Variables... 27

CHAPITRE III RÉSULTATS... 29

TABLEAU... 32 CHAPITRE IV DISCUSSION... 33 RÉFÉRENCES... 37 ANNEXE A... 40 41 ANNEXE B

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Depuis quelques années, plusieurs études retiennent T attention des chercheurs en ce qui a trait au lien affectif unissant une mère et son enfant. Entre autres, selon Bowlby (1969 : cité dans de Haan & Nelson, 1997) il serait primordial, voire même essentiel pour la survie de tous les êtres vivants, de se reconnaître pour ensuite établir une relation appelée attachement. C’est cette relation qui procurera à l’enfant un sentiment de sécurité lui permettant de développer sa confiance et son autonomie. Durant la première année postnatale, l’enfant commencera à former des relations fortes et émotionnelles avec les personnes qui prennent soin de lui. En ce qui concerne les humains, le père peut

également répondre aux besoins de son enfant (Ward & Cooper, 1999). Des recherches ont démontré que la reconnaissance entre individus s’avère être un pré-requis pour

!’établissement des relations sociales spécifiques et s’acquiert très tôt dans la vie du jeune bambin. La reconnaissance des parents par leur enfant peut être basée sur une ou

plusieurs modalités sensorielles (Cemoch & Porter, 1985; Ward & Cooper, 1999).

Plusieurs recherches se sont intéressées à la reconnaissance de la mère par les nourrissons. Celles-ci démontrent que, très tôt après la naissance, les bébés sont capables de reconnaître la voix de leur mère (DeCasper & Filer, 1980; DeCasper & Spence, 1986; Mehler, Bertoncini, Barriere & Jussik-Gershenfeld, 1978; Millis & Melhuish, 1974), leur odeur (Cemoch & Porter, 1985; Macfarlane, 1975; Russell, 1976) ainsi que leur visage

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(Barrera & Maurer, 1981; Bushnell, 1982; Bushnell, Sai & Mullin, 1989; de Haan & Nelson, 1997; Field, Cohen, Garcia & Greenberg, 1984; Pascalis, de Schonen, Morton, Demelle & Fabre-Grenet, 1995; Walton, Bower & Bower, 1992).

Toutefois, même si la recherche concernant la reconnaissance du père est quasi inexistante, les données restreintes sur ce sujet révèlent que les bébés sont incapables de reconnaître leur père comparativement à leur mère ( Ward & Cooper, 1999). Par

exemple, l’étude de Cemoch et Porter (1985) révèle que les bébés âgés entre douze et dix-huit jours ne semblent pas reconnaître leur père simplement à partir de son odeur. Pour ce qui est de la reconnaissance auditive, DeCasper et Prescott (1984) mentionnent que les nouveau-nés âgés d’environ quarante-huit heures ne préfèrent pas la voix de leur père à celle d’un père étranger. De même, Ward et Cooper (1999) ont également observé que les enfants de quatre mois ne peuvent la distinguer.

Quant à la reconnaissance visuelle du père, cet aspect n’a malheureusement pas été l’objet de maintes recherches. La seule étude publiée où l’on peut obtenir un peu d’informations concernant la reconnaissance du visage du père est celle de Walton, Bower et Bower (1992) portant sur la reconnaissance du visage de la mère. Dans cette expérimentation, ils ont en effet inclus trois pères en remplacement de la mère. Ils ont utilisé une procédure de succion non nutritive avec des nouveau-nés âgés entre douze et trente-six heures de vie. Leurs résultats suggèrent que les bébés se comportent

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différence n’est pas statistiquement significative et est inférieure à celle observée entre la mère et l’étrangère.

Les seules études systématiques portant sur la capacité des nourrissons à

reconnaître le visage du père sont celles de Portier (2000) et Bisson (2002), étudiantes de notre laboratoire. Se basant sur les études qui portent sur la reconnaissance du visage de la mère, Portier (2000) a évalué si les enfants de cinq mois pouvaient aussi reconnaître le visage du père à partir des seules caractéristiques internes, c’est-à-dire en ayant les

cheveux cachés. Les bébés ont été habitués successivement au visage du père et au visage d’un étranger semblable au père. Les résultats diffèrent selon le sexe du bébé et selon les attributs du visage. En effet, les garçons reconnaissent le visage de leur père si ce dernier n’a pas de barbe. Par contre, chez les filles, il n’y a aucune différence entre leurs

réactions au père et celles à l’étranger. Bisson (2002), quant à elle, a évalué si les jeunes enfants âgés de trois mois étaient en mesure de reconnaître le visage de leur père en ne leur cachant pas les cheveux. Les résultats sont peu encourageants: parfois les enfants regardent davantage le père, parfois ils préfèrent l’étranger.

La présente recherche s’inscrit donc dans cette lignée d’études contribuant à documenter le sujet de la reconnaissance du visage du père chez les nourrissons âgés de cinq mois. Le but de cette étude est de vérifier si les nourrissons de cinq mois

discriminent le visage de leur père de celui d'un étranger lorsqu’on leur permet de voir la chevelure en plus des caractéristiques internes du visage présenté.

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CHAPITRE I

CONTEXTE THÉORIQUE

Le présent chapitre se divise en trois sections principales. Tout d’abord, la

reconnaissance de la mère est abordée. Cette section est alors divisée en sous-sections où la reconnaissance de la voix, celle de l’odeur et celle du visage sont discutées. Quant à la deuxième partie, elle concerne la reconnaissance du père. La reconnaissance de la voix, celle de l’odeur et celle du visage de celui-ci sont ainsi abordées. Finalement, la

pertinence et les buts de la recherche ainsi que les hypothèses terminent le présent chapitre.

1 La reconnaissance de la mère

1.1 La reconnaissance de la voix de la mère

En 1974, Mills et Melhuish ont voulu vérifier si les bébés âgés de trois semaines sont en mesure de reconnaître la voix de leur mère. Le nombre de sujets qui participent à cette expérience est de quarante-huit. Pour ce faire, l’enfant est assis dans un siège pour bébé et un mamelon artificiel est installé dans sa bouche . À chaque fois que l’enfant tète sur ce mamelon, une lumière placée derrière un panneau s’allume et indique à la personne

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qui s’y trouve de lire le passage d’un livre. Tout d’abord, !’expérimentation débute avec une minute de familiarisation avec le matériel. Par la suite, une période de six minutes d’entraînement lui est allouée, période durant laquelle il entend la voix de sa mère ainsi que la voix d’une femme étrangère. Cette période d’entraînement permet à l’enfant d’établir un lien entre le fait de téter et celui d’entendre la voix de sa mère ou d’une étrangère. Une période de trois minutes est ensuite accordée à l’enfant; en tétant, il entendra d’abord la voix de sa mère et ensuite la voix de l’étrangère et vice versa. Les résultats concernant les présentations de voix révèlent que le nombre de fois que l’enfant tète par minute est significativement plus élevé lorsque la voix de la mère est présentée. Bref, les bébés fournissent un plus grand effort pour entendre une voix familière.

En 1978, Mehler, Bertoncini, Barrière et Jassik-Gerschenfeld ont réalisé une expérience pour vérifier si les jeunes enfants sont capables de discriminer la voix de leur mère; la raison principale de leur étude était de révéler le rôle de l’intonation dans la reconnaissance de la voix de celle-ci. Quarante enfants âgés entre quatre et six semaines participent à cette étude et sont assignés à l’un des quatre groupes suivants. Le groupe « M » est celui qui entend d’abord la voix de la mère avec intonation (elle s’adresse directement à son bébé avec une intonation naturelle); après avoir reçu cinq

renforcements avec cette voix, les bébés entendent ensuite la voix d’une étrangère. À l’inverse, le groupe « O » entend la voix de l’étrangère avec intonation en premier lieu; après cinq renforcements avec cette voix, ils entendent ensuite celle de la mère. Dans le groupe « M’ », les bébés reçoivent d’abord la voix de la mère sans intonation comme renforcement, suivie de la voix d’une étrangère sans intonation. Le groupe « O’ », quant

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à lui, entend premièrement la voix de l’étrangère sans intonation, suivie de la voix de la mère également sans intonation. L’enfant est assis confortablement dans une chaise où il tète sur une tétine non nutritive, période pendant laquelle les différentes voix lui sont présentées par magnétophone.

En ce qui concerne les résultats obtenus pour le groupe « O », après le

changement de voix, le taux de succion augmente chez les bébés. Pour le groupe « M », une diminution du taux de succion est observée après le changement de voix. Cette baisse s’explique possiblement par la préférence des enfants à la voix de leur mère éliminant, par le fait même, l’hypothèse de la réaction à la nouveauté. Pour les groupes « O’ » et « M’ » aucune différence significative n’est observée au niveau du pourcentage du taux de succion. Bref, les bébés âgés d’un mois distinguent la voix de leur mère lorsqu’elle s’adresse directement à eux et qu’elle utilise une intonation naturelle. Lorsque la mère ou l’étrangère lit mot à mot une page d’un livre et que leur voix est sans intonation, aucune différence significative n’est remarquée à ce niveau.

DeCasper et Eifer (1980) ont testé dix nouveau-nés, cinq gars et cinq filles, âgés de moins de trois jours. Ceux-ci demeurent dans une pouponnière et ont tout au plus douze heures de contacts post-nataux avec leur mère. Ces auteurs ont voulu vérifier si les bébés tètent davantage pour entendre la voix de leur mère ou plutôt pour entendre celle d’une femme étrangère. L’enfant est assis dans un siège pour bébé, il porte des écouteurs et les chercheurs lui installent une tétine non nutritive. L’expérimentation commence lorsque l’enfant est bien éveillé, mais tranquille. Pour cinq enfants, sélectionnés au

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hasard, ils entendent d’abord la voix de leur mère, jusqu’au moment où ils cessent de téter pendant plus de deux secondes; ensuite ils entendent la voix d’une étrangère. Pour ce qui est des cinq autres enfants, la voix d’une étrangère leur est d’abord présentée, suivie de la voix de leur mère. Les résultats révèlent que huit des dix enfants tètent davantage afin de retrouver la voix maternelle, en comparaison avec celle de l’étrangère.

Cette reconnaissance de la voix de la mère a aussi été retrouvée dans des études plus récentes. Par exemple, DeCasper et Spence (1986) ont démontré que les enfants âgés de moins de quatre jours tètent davantage afin de retrouver la voix maternelle, en

comparaison avec celles d’autres femmes. De même, Moon et Fifer (1990) ont observé que les nouveau-nés âgés entre 33 heures et 77 heures sucent davantage en présence de la voix de leur mère, comparativement à une situation silencieuse.

1.2 La reconnaissance de l’odeur de la mère :

En 1982, Montagner a observé les réponses comportementales des enfants en présence de tampons de coton utilisés par leur mère ou par une étrangère. Ainsi, il voulait vérifier si le comportement du nourrisson se modifiera lorsque ce dernier sera confronté à l’odeur du sein et du cou maternel par rapport aux odeurs homologues d’une autre mère. L’échantillon se compose de huit bébés âgés entre trois et dix jours. Un dispositif en forme de U est utilisé afin d’accrocher un tampon imbibé de l’odeur maternelle sur une des branches et un tampon imprégné de l’odeur d’une étrangère ou un tampon sans odeur sur l’autre branche. La tête du nourrisson étant encadrée par ce dispositif, un expérimentateur lui tourne délicatement la tête, quelques secondes, vers l’une des

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branches afin qu’il prenne connaissance de l’odeur du tampon, puis il lui tourne la tête vers l’autre côté pour que celui-ci soit également en contact avec l’autre tampon. Cette première étape terminée, les tampons sont ensuite permutés. Les positions ainsi que les mouvements du nez et des bras sont alors repérés, filmés et analysés. Les résultats

indiquent que lorsque le nourrisson est confronté à l’odeur du sein de sa mère par rapport à l’odeur du sein d’une femme étrangère ou à un tampon sans odeur, le comportement de l’enfant s’avère significativement modifié. Ces différences sont encore plus marquées quand le bébé s’avère en présence de l’odeur du cou.

En 1985, Cemoch et Porter ont réalisé une série d’expériences pour déterminer si les nouveau-nés âgés d’environ deux semaines sont capables de reconnaître leurs parents simplement à partir de l’odeur dégagée par leurs aisselles. Pour ce qui est de la première expérience, ces auteurs voulaient vérifier si les bébés nourris au sein préfèrent le tampon de coton porté par leur mère qui les allaite à un tampon de coton utilisé par une femme étrangère qui n’allaite pas et qui n’a pas d’enfant. L’échantillon se compose de sept garçons et de six filles âgés de quinze jours et ne présentant aucun problème de santé quelconque. Cette expérimentation se déroule dans le foyer de l’enfant. Ce dernier est assis confortablement dans un siège pour bébé. Un tampon de coton porté par sa mère et un autre utilisé par une étrangère sont accrochés sur un fil, soit à droite et à gauche des joues de l’enfant. Ainsi, s’il tourne la tête vers la droite ou vers la gauche, ses narines se

situeront à un ou deux centimètres de l’un ou l’autre des tampons. Chaque enfant est soumis à deux essais. Si lors du premier essai, le tampon de coton porté par la mère est placé à droite des joues de l’enfant et celui de l’étrangère à gauche, pendant l’intervalle

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de deux minutes d’arrêt, les tampons seront inversés pour le deuxième essai. La position des tampons est déterminée au hasard et l’observateur ne connaît pas la disposition de ces derniers.

Les résultats indiquent que les enfants ont la tête orientée plus longtemps vers le tampon porté par leur mère qui les allaite plutôt que par celui utilisé par une étrangère qui n’allaite pas. En effet, onze des treize enfants préfèrent le tampon de coton de leur mère à celui de l’étrangère. Pour ce qui est des deux autres enfants, ils passent le même laps de temps tourné vers le tampon de leur mère et celui de l’étrangère. Les résultats de cette première expérience révèlent donc que les enfants allaités au sein discriminent entre l’odeur dégagée par leur mère et celle dégagée par une étrangère qui n’allaite pas. Ainsi, est-ce que les enfants reconnaissent réellement l’odeur de leur propre mère ou n’est-ce pas plutôt qu’ils préfèrent tout simplement l’odeur de n’importe quelle femme qui allaite? Afin d’élucider cette question, Cemoch et Porter (1985) font une deuxième expérience. La méthode employée est la même que celle utilisée dans la première expérience. Quant à !’échantillon, il se compose de huit garçons et de huit filles âgés d’environ deux

semaines. Les résultats démontrent que treize des seize enfants orientent leur tête significativement plus longtemps vers le tampon de coton porté par leur propre mère plutôt que par celui utilisé par une étrangère qui allaite aussi. Les enfants nourris au sein reconnaissent donc l’odeur de leur mère. En 1975, MacFarlane arrivait également à la même conclusion.

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Une troisième expérience réalisée par Cemoch et Porter (1985) a pour but de déterminer si les enfants réagiront davantage à un tampon de coton porté par leur mère quand celle-ci les nourrit au biberon, comparativement à un tampon de coton utilisé par une étrangère qui nourrit également son enfant au biberon. La procédure s’avère similaire à celles présentées précédemment. Par contre, !’échantillon se compose de sept garçons et de huit filles âgés d’environ deux semaines. Les résultats indiquent que les enfants n’ont pas la tête plus longtemps orientée vers le tampon de coton utilisé par leur mère que par celui porté par l’étrangère. De même, le nombre d’enfants qui préfèrent le tampon utilisé par leur mère n’est pas significativement différent de celui des enfants qui préfèrent le tampon porté par la mère étrangère. Les enfants nourris au biberon semblent donc incapables de différencier l’odeur de leur propre mère à celle d’une mère étrangère qui nourrit aussi son enfant au biberon.

À la suite de cette constatation, Cemoch et Porter (1985) ont voulu vérifier si les enfants réagiront différemment à un tampon de coton utilisé par leur mère qui leur donne le biberon à celui porté par une étrangère qui n’a pas d’enfant. La méthode employée est identique à celles utilisées dans les expériences précédentes. En ce qui concerne

!’échantillon, il se compose de huit garçons et de sept filles âgés d’environ deux

semaines. Les résultats suggèrent que les enfants ne préfèrent pas le tampon de coton de leur mère à celui d’une étrangère. Bref, ces derniers semblent incapables de reconnaître leur propre mère seulement à partir de l’odeur qu’elle dégage.

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Tout bien considéré, les enfants âgés de deux semaines nourris au sein semblent reconnaître l’odeur de leur propre mère quand celle-ci est comparée à l’odeur d’une étrangère qui n’a pas d’enfant ou à l’odeur d’une mère étrangère qui allaite également son enfant. En contraste, les enfants âgés de deux semaines nourris au biberon semblent incapables de reconnaître l’odeur de leur propre mère. Cemoch et Porter (1985) tentent d’expliquer leurs résultats par le fait que les enfants allaités au sein sont exposés plus souvent à la peau de leur mère que les enfants nourris au biberon.

1.1.3 La reconnaissance du visage de la mère

Carpenter (1974) est l’un des pionniers à avoir testé la reconnaissance du visage de la mère sur l’enfant. L’échantillon se compose de filles âgées d’une semaine de vie. Elles sont évaluées une fois par semaine jusqu’à ce qu’elles atteignent l’âge de deux mois. Le visage de la mère, un visage de mannequin ainsi qu’une forme de visage

abstraite sont présentés aux filles dans une petite fenêtre. À la suite de ces évaluations, Carpenter a constaté qu’à partir de l’âge de deux semaines, les filles regardent davantage les deux visages artificiels plutôt que celui de leur mère. Ce qui signifie pour lui que les fillettes discriminent le visage de leur mère des deux autres visages présentés. Il importe toutefois de mentionner que les expériences ont été menées dans un contexte changeant ce qui, par le fait même, peut amener une certaine faiblesse méthodologique. Par contre, les recherches réalisées par Carpenter ont également ouvert la voie à des

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Dans ces expérimentations se retrouvent, entre autres, celles de Barrera et Maurer (1981). Ces auteures sont les premières à s’intéresser à la reconnaissance du visage de la mère à l’aide de méthodes de préférence et d’habituation visuelles. Elles ont d’abord soumis douze nourrissons âgés de trois mois à un test de préférence visuelle. La photographie du visage souriant de leur mère ainsi que celle d’une étrangère sont successivement présentées aux enfants. Lors de ce test, dix des douze nourrissons ont regardé plus longtemps la photo de leur mère (75 secondes) que celle de l’étrangère (47 secondes). Il est toutefois à noter que, même si les garçons et les fillettes sont plus longuement attirés par la photographie de leur mère, cette préférence se révèle seulement statistiquement significative en ce qui concerne le sexe féminin. Par la suite, Barrera et Maurer (1981) utilisent une méthode d’habituation avec ces douze nourrissons. La photographie de la mère est présentée aux enfants jusqu’à ce qu’ils atteignent le critère d’habituation. Ensuite, un test de reconnaissance visuelle est effectué par les bébés. La photo de leur mère ainsi que celle d’une étrangère leur sont présentées à deux reprises. Les résultats suggèrent que onze des douze nourrissons ont réagi à la nouveauté. En effet, après s’être habitués au visage maternel, les nourrissons regardent significativement plus longtemps le visage étranger. De même, les garçons s’attardent significativement plus longuement aux photos que les fillettes.

Bushnell (1982) a d’abord habitué 30 bébés, séparés également en trois catégories d’âges : 5,12 et 19 semaines, à une photographie de leur mère. Il a ensuite évalué leur réaction à la nouveauté en comparant le temps de fixation accordé à la photographie de leur mère et celui alloué à une étrangère. L’expérience comporte cinq conditions :

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A) visage régulier, B) les yeux cachés, C) la bouche cachée, D) les cheveux cachés et E) les yeux et les cheveux cachés. Les résultats suggèrent qu’à 5 et 12 semaines, les bébés peuvent distinguer le visage de leur mère lorsque celui-ci est régulier et quand les yeux et la bouche s’avèrent cachés. Les bébés ont donc réagi à la nouveauté en regardant plus longuement le visage étranger que celui maternel lors de ces conditions. Lorsque les visages présentés sont réguliers, qu’ils ont la bouche, les yeux ou les cheveux cachés, les nourrissons âgés de 19 semaines discriminent le visage de leur mère à celui d’une

étrangère. C’est donc vers l’âge de 19 semaines que les bébés sont capables de

différencier le visage de leur mère avec comme seul indice les caractéristiques internes de ce dernier.

Les deux études précédentes ( Barrera & Maurer, 1981; Bushnell, 1982) ne démontrent pas nécessairement une reconnaissance de la mère par les nourrissons. En effet, la réaction à la nouveauté permet de renseigner surtout sur la capacité des

nourrissons à discriminer entre deux visages. Une réaction à la nouveauté aurait aussi été probablement obtenue en habituant d’abord le bébé au visage de l’étrangère, suivi de la présentation du visage de la mère.

En 1984, Field, Cohen, Garcia et Greenberg ont d’abord soumis 24 nouveau-nés âgés d’environ 45 heures à un test de préférence visuelle. Le visage de la mère et le visage d’une étrangère leur sont successivement présentés dans une petite fenêtre.

Ensuite, la procédure d’habituation contrôlée par l’enfant est mise en place. Une fois cette phase complétée, le visage maternel et celui de l’étrangère leur sont présentés à deux

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reprises afin de déterminer si les bébés s’avèrent capables de discriminer les deux types de visage. En ce qui concerne les résultats obtenus au test de la préférence visuelle, 17 des 24 nourrissons se sont davantage attardés à la mère (14,9 secondes) en comparaison à l’étrangère (11,2 secondes). Lors de la phase de discrimination, 18 d’entre eux se sont plus longuement intéressés au visage étranger, après s’être habitué au visage maternel, ce qui dénote que les bébés ont réagi à la nouveauté. Les fillettes sont également portées à regarder davantage les visages à l’étude que les garçons. Bref, cette expérience démontre bien la capacité précoce des bébés à reconnaître leur propre mère. Il s’avère toutefois pertinent de mentionner que les chercheurs n’ont pas porté une attention particulière aux indices olfactifs, qui peuvent révéler certaines informations aux bébés, lors de cette expérience. Par contre, ces derniers pensent que les résultats ne s’avèrent pas affectés, étant donné que les nourrissons ne sont pas uniquement en présence de l’odeur de leur mère.

Bushnell, Sai et Mullin (1989) ont soumis 40 nouveau-nés âgés de 48 heures à un test de préférence visuelle. Contrairement à Field et al. (1984), Bushnell et al. (1989) ont présenté les visages en même temps et ont utilisé un purificateur d’air pour masquer l’odeur de la mère et de l’étrangère. Ils ont obtenu les mêmes résultats que Field et al. (1984), c’est-à-dire que les nourrissons ont regardé plus longtemps leur mère. Ces auteurs croient cependant qu’il est possible que les nourrissons aient quand même été influencés par l’odeur de leur mère, lors de cette première expérience, malgré !’utilisation d’un purificateur d’air. Ils refont donc la même expérience, à l’exception du fait qu’ils

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enfants. Les résultats de cette expérimentation suggèrent que les enfants sont incapables de reconnaître leur mère seulement à partir des indices olfactifs. Ainsi, la préférence notée pour la mère, lors de la première expérience, est effectivement basée sur la

reconnaissance visuelle de son visage. Une troisième étude est ensuite menée dans le but de vérifier si les mères n’adoptaient pas certains comportements pouvant capter

!’attention de leur enfant. Les enregistrements vidéo sont présentés à 20 adultes qui doivent dire si le visage de la mère se trouve à droite ou à gauche de la caméra. Les résultats démontrent que les choix des adultes ne diffèrent pas du hasard. Ainsi, les mères n’auraient pas adopté de comportements attirant !’attention de leur nourrisson.

Pour ce qui est de Walton, Bower et Bower (1992), ils ont testé 12 nouveau-nés âgés entre 12 et 36 heures de vie. Ils ont utilisé la méthode de succion non nutritive afin de tester la reconnaissance du visage de la mère. La présentation du visage maternel ou celle du visage étranger est contrôlée par la succion des nourrissons. Les analyses

statistiques révèlent que 11 des 12 nourrissons ont tété davantage afin de voir le vidéo du visage de leur mère plutôt que celui du visage étranger.

En 1995, Pascalis, de Schonen, Morton, Dentelle et Fabre-Grenet refont

exactement la même étude que celle de Bushnell et al. (1989). Le visage maternel et celui d’une étrangère qui lui ressemble sont présentés côte à côte aux 34 nourrissons âgés de 78 heures. Un purificateur d’air est utilisé afin de contrôler les indices olfactifs. Pascalis et al. (1995) obtiennent des résultats similaires à ceux de Bushnell et al. (1989) : les bébés préfèrent regarder leur mère (21,26 secondes) plutôt que l’étrangère (10,70 secondes).

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Les auteurs concluent que les nourrissons de cet âge arrivent à reconnaître le visage de leur mère indépendamment du contexte d’encodage. Pascalis et al. (1995) réalisent une seconde expérience où la mère et l’étrangère portent un foulard sur la tête, cachant ainsi les cheveux. L’échantillon se compose de 20 nourrissons âgés de 96 heures. La procédure employée est la même que celle utilisée lors de la première expérience. Dans cette

condition, les nouveau-nés ne reconnaissent pas leur mère. Ces résultats vont dans le même sens que ceux obtenus par Morton (1993) qui démontrent que les nourrissons de 4 jours sont incapables de reconnaître le visage maternel seulement à partir des

caractéristiques internes.

de Haan et Nelson (1997) se sont attardés à la discrimination du visage de la mère en lien avec l’activité électrique (ERP) du cerveau de l’enfant confronté à différents visages. Ils ont réalisé une série d’expériences dont les quatre premières comprennent vingt-deux nourrissons âgés de six mois. En ce qui a trait à la première expérience, ces scientifiques ont présenté successivement aux enfants le visage neutre de la mère ainsi que le visage neutre d’une femme n’ayant aucun trait familier avec cette dernière et ce, à l’aide d’un vidéo. La présentation des visages se poursuit jusqu’à l’atteinte du nombre maximum de 70 essais ou jusqu’à ce que l’enfant pleure ou ne soit plus attentif. Chaque essai dure 100 ms, le niveau de base est de 500 ms et l’intervalle entre les essais varie de 500 ms à 1200 ms. La méthode employée s’avère toujours la même pour chacune des expériences. Lors de cette étude, le ERP des bébés diffère selon le visage qui lui est présenté. Par ce fait, les nourrissons sembleraient reconnaître le visage de leur mère.

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Les expériences suivantes ont été mises en place afin de valider l’hypothèse émise lors de la première expérience. Pour les deuxième et quatrième expérimentations, de Haan et Nelson (1997) ont utilisé deux visages inconnus de l’enfant. Dans un premier temps, les visages présentés aux nourrissons ne se ressemblent pas et par la suite, les visages s’avèrent similaires. Les résultats de ces deux expériences viennent corroborer ceux de la première. En effet, l’activité électrique (ERP) des enfants ne diffère pas lorsque des visages inconnus, similaires ou non, leur sont présentés. Il est donc possible de croire que la différence notée, lors de la première expérimentation, au niveau du ERP des bébés résulte du caractère familier du visage de la mère.

La troisième expérience a été effectuée avec le visage de la mère et celui d’une étrangère qui lui est similaire. Les auteurs remarquent que le ERP des nourrissons diffère selon les deux types de visages. Les bébés semblent donc reconnaître le visage de leur mère même si ce dernier est comparé à un visage étranger qui lui ressemble beaucoup. Il faut cependant tenir compte du fait que l’activité neuronale s’avère différente de celle observée dans la première expérience de Haan et Nelson. Ainsi, l’activité neurologique varierait selon le degré de ressemblance entre le visage de la mère et celui de l’étrangère.

De Haan et Nelson (1997) ont également réalisé une autre expérience afin de vérifier si un test de préférence visuelle permet d’obtenir des résultats similaires à ceux obtenus, lors des expériences précédentes, lorsqu’ils comparaient le ERP des nourrissons en réaction aux différents visages. Ainsi, ces auteurs s’attendent à ce que les enfants

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regardent plus longtemps le visage de leur mère quand il est comparé à un visage ne lui ressemblant pas, mais pas lorsqu’il est comparé à un visage d’une étrangère qui lui

ressemble. L’échantillon se compose de trente-deux bébés âgés de six mois. Le visage de la mère et celui d’une femme qui ne lui ressemble pas sont présentés à seize nourrissons. Quant aux seize autres, ils sont également exposés au visage de la mère, mais en

comparaison à un visage similaire.

Les résultats révèlent que, peu importe les visages présentés, les nourrissons regardent plus longuement le visage qu’ils ont vu en premier. Bref, le temps de fixation des bébés diffère selon l’ordre de présentation et non selon le type de visage présenté. Plusieurs facteurs peuvent toutefois expliquer ce fait notamment le nombre d’essais auquel l’enfant a été soumis lors de ces diverses évaluations ainsi que le temps d’exposition de l’enfant aux différents stimuli. Malgré les résultats quelque peu

divergents, les auteurs émettent la possibilité que les deux procédés d’évaluation peuvent ne pas mesurer exactement le même aspect du processus de reconnaissance d’un visage.

L’ensemble des résultats obtenus, en ce qui concerne la reconnaissance du visage maternel, suggère un parcours développemental particulier. Les plus jeunes sont

incapables de reconnaître le visage de leur mère quand celle-ci a les cheveux cachés. Quant aux plus vieux, ils sont capables de reconnaître leur mère à partir des seules caractéristiques internes de leur visage.

(25)

2 La reconnaissance du père

Comparativement à la reconnaissance de la mère, peu de chercheurs se sont intéressés à la capacité des nourrissons à reconnaître leur père. Nous présentons ici un résumé de ces quelques études qui ont évalué la capacité des bébés à distinguer la voix, l’odeur et le visage de leur père.

2.1.1 La reconnaissance de la voix du père

DeCasper et Prescott (1984) ont voulu vérifier si les nourrissons âgés de 48 heures préfèrent la voix de leur père à celle d’un étranger. L’échantillon final se compose de six filles. Celles-ci sont étendues sur le dos, elles portent des écouteurs et une tétine non nutritive leur est installée dans la bouche. La voix du père racontant une histoire à son enfant ainsi que celle d’un étranger racontant la même histoire sont successivement présentées aux nouveau-nés. Les résultats de cette expérimentation indiquent que les fillettes n’adoptent pas de rythme de succion particulier à l’écoute de la voix de leur père. Ainsi, les filles ne montrent pas de préférence, ni pour leur père, ni pour l’étranger. DeCasper et Prescott (1984) ont ensuite réalisé une seconde expérience en utilisant la méthode d’habituation et de déshabituation afin de s’assurer si les nourrissons sont en mesure de distinguer deux voix masculines qui leur sont étrangères. Les changements de voix entendus se font en fonction du dispositif de succions non nutritives. Après

habituation à la première voix présentée, la phase de déshabituation débute. Les résultats démontrent que les fillettes différencient les voix masculines, sans qu’une préférence ne soit notée pour l’une ou l’autre de ces voix.

(26)

En 1999, Ward et Cooper ont réalisé une série d’expériences sur la préférence de la voix paternelle. Pour ce qui est de la première expérimentation, !’échantillon se

compose de 20 nourrissons, dix gars et dix filles, âgés d’environ 132 jours. Le nourrisson est assis dans un siège d’enfant devant un écran présentant des cercles colorés. Lorsque 1 ’expérimentateur juge que l’enfant regarde ces cercles, il lui présente !’enregistrement de la voix de son père s’adressant à un autre adulte et ce, jusqu’au moment où il cesse de regarder les cercles. Quand !’attention de l’enfant se dirige à nouveau vers les cercles colorés, il entend alors la voix d’un étranger s’adressant lui aussi à un adulte. L’ordre de présentation est contrebalancé. Les résultats suggèrent que les enfants de quatre mois ne regardent pas plus longtemps les cercles colorés lorsqu’ils entendent la voix de leur père. Ainsi, les nourrissons de cet âge ne semblent pas préférer la voix de leur père, lorsqu’il s’adresse à un autre adulte, à celle d’un étranger s’adressant également à un autre adulte.

Les auteurs (1999) ont voulu tester leur hypothèse dans un environnement plus naturel. Les voix présentées aux bébés étaient désormais des enregistrements effectués en présence de l’enfant; le père et l’étranger s’adressant à ce dernier. Vingt enfants, 11 gars et 9 filles, âgés de quatre mois participent à cette étude. La méthode employée s’avère sensiblement la même que celle utilisée lors de leur première expérience, à l’exception que le nourrisson est assis sur les genoux de son père et que !’enregistrement présenté à l’enfant est un adulte s’adressant directement à lui. Encore une fois, le temps de fixation à la cible accompagnée de la voix du père (15,13 secondes) n’est pas significativement différent de celui observé à l’étranger (13,82 secondes). Bref, ces enfants ne préfèrent pas

(27)

la voix de leur père à celle d’un étranger et ce, même si celui-ci s’adresse directement à son enfant.

Ward et Cooper (1999) tentent d’expliquer ces résultats par le fait que le ton de la voix adopté par le père s’adressant directement à son enfant n’était pas suffisamment différent du ton de voix employé en s’adressant à un autre adulte. Ils émettent donc une seconde hypothèse : les enfants de quatre mois seraient incapables de discriminer les voix masculines. L’échantillon final se compose de 20 enfants. La méthode utilisée est la même que celle de la deuxième expérimentation, à l’exception des essais. Plutôt que d’entendre deux enregistrements de voix masculines différentes en alternance, les enfants entendent la même voix masculine pendant plusieurs essais consécutifs. Qui plus est, après habituation, la voix change. Les nourrissons ont démontré un effet de nouveauté, c’est-à-dire qu’après s’être habitués à la première voix présentées, leur temps de fixation a significativement augmenté face à la présentation d’une nouvelle voix. Bref, les enfants de quatre mois ont donc la capacité de différencier les voix masculines, même s’ils ne semblent pas préférer celle du père.

2.1.2 La reconnaissance de l’odeur du père

Dans la série d’expériences de Cemoch et Porter (1985) mentionnées au cours de la section consacrée à la mère, il existe une étude qui concerne l’odeur des pères. La méthode employée est la même que celle utilisée lors des études réalisées auprès des mères. Pour ce qui est des résultats, les enfants n’orientent pas leur tête plus longtemps

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vers l’odeur de leur père que vers celle d’un étranger. Ce qui signifie que ces bébés âgés entre douze et dix-huit jours ne semblent pas reconnaître leur père simplement à partir de l’odeur qu’il dégage. Ainsi, ces résultats viennent confirmer l’hypothèse de Cemoch et Porter voulant que le temps de contacts peau à peau entre l’enfant et le parent joue un rôle déterminant pour la reconnaissance olfactive de celui-ci. En effet, le père, tout comme la mère qui donne le biberon à son enfant, a un temps limité de contacts physiques avec lui, contrairement à la mère qui allaite son enfant.

2.1.3 La reconnaissance du visage du père.

La seule étude publiée permettant d’obtenir un peu d’informations sur ce sujet est celle de Walton, Bower, Bower (1992). Dans leur expérience avec les mères, ces

scientifiques ont inclus trois pères. Une méthode de succion non nutritive a été employée. Bien que les résultats démontrent que les nourrissons ont tété davantage en présence de leur père comparativement à l’étranger, cette différence ne se révèle pas significative et elle est inférieure à celle obtenue entre la mère et l’étrangère.

La première étude systématique portant sur la reconnaissance du visage du père est celle de Portier (2000), une étudiante de notre laboratoire. Se basant sur les études qui portent sur la reconnaissance visuelle de la mère, Portier a soumis 25 nouveau-nés, 11 filles et 14 gars, âgés de cinq mois à une procédure d’habituation visuelle. Le vidéo du visage du père ayant les cheveux cachés et celui d’un étranger qui lui ressemble sont successivement présentés aux enfants. Les visages sont pairés selon leurs caractéristiques physiques observables. Les résultats obtenus suggèrent que les temps de fixation par les

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enfants âgés de cinq mois sont différents selon certaines conditions. Les analyses statistiques démontrent que les enfants regardent plus longtemps leur père (M= 24.85 secondes) que l’étranger (M=12.31 secondes) lors du premier essai, mais seulement si les participants qui portent les lunettes et/ou la barbe sont exclus de l’étude. Toujours en ne considérant que ce sous-échantillon, la durée du plus long essai, la durée moyenne d’un essai, la durée du niveau de base et la pente sont statistiquement plus élevées pour le père, mais seulement chez les garçons. En ce qui concerne les filles, aucune de ces dernières variables ne s’est révélée significative.

Une autre étudiante de notre laboratoire (Bisson 2002) s’est également intéressée à la reconnaissance visuelle du père par les enfants âgés de trois mois.

L’échantillon final comprend 24 participants, 12 garçons et 12 filles. La même méthode que Fortier (2000) est utilisée, mais en permettant aux jeunes enfants de voir la chevelure des têtes présentées. À l’instar des résultats obtenus par Portier (2000), il est très difficile de montrer une tendance systématique, chez les enfants de trois mois, à regarder

davantage leur père ou un étranger. Bien que certains résultats s’avèrent significatifs avec certaines variables dépendantes, ceux-ci font toujours l’objet d’interactions multiples et variées (l’ordre de présentation et/ou le sexe de l’enfant). Par exemple, « l’essai le plus long » est significativement plus élevé envers le père, mais seulement chez les garçons et uniquement dans la condition où le père est présenté en premier. Quant aux analyses de la « durée moyenne des essais d’habituation », celles-ci révèlent des temps de fixation plus considérables envers l’étranger, mais seulement lorsque celui-ci est présenté en premier.

(30)

2.2 Pertinence, but de la recherche et hypothèse

Comme on vient de le constater, la reconnaissance de la mère a suscité de

nombreuses recherches. Cependant, on ne pourrait malheureusement pas en dire autant en ce qui concerne le développement de la reconnaissance du père. À la suite de cette

constatation, il s’avère essentiel de poursuivre la recherche dans ce domaine. Le but de la présente étude s'intéresse à la reconnaissance du visage du père. Puisque Portier (2000) n’a pas réussi à démontrer que tous les enfants de cinq mois (garçons et filles)

reconnaissent le visage de leur père à partir des seules caractéristiques internes, il devient alors intéressant de vérifier si les enfants de cet âge sauront reconnaître le visage de leur père si leurs cheveux ne sont pas recouverts. Rappelons que, dans cette condition, Bisson (2002) n’avait observé que des résultats peu concluants auprès des enfants âgés de trois mois. Espérons que, à cinq mois, ceux-ci le seront davantage. C’est donc l’objectif principal de cette étude. L’hypothèse de recherche est que les différents scores de

fixation visuelle obtenus avec le visage du père seront différents de ceux obtenus avec le visage d’un étranger et ce, autant pour les garçons que pour les filles.

(31)

CHAPITRE II

MÉTHODE

2.1 Sujets

Les sujets sont recrutés à l’aide de la Régie de l’assurance maladie du Québec. Lorsque les parents reçoivent la première carte d’assurance maladie de leur enfant, une publicité incluse dans l’envoi postal les encourage à prendre part aux recherches du laboratoire de développement cognitif du nourrisson de l’Université Laval dirigé par Stéphan Desrochers. Pour participer à l’étude, les bébés doivent être âgés de cinq mois, être nés à terme, ne présenter aucun handicap majeur et n’avoir connu aucune

complication prénatale, à l’accouchement ou postnatale. Trente pères avec leur enfant sont retenus pour la présente étude. Toutefois, !’échantillon final se compose de douze filles et douze garçons. Deux filles et trois garçons ont pleuré lors de l’expérience et un garçon ne s’est pas habitué à l’intérieur du nombre d’essais maximum alloué (25).

2.2 Stimuli

Durant dix minutes, la tête, le cou et le haut des épaules des pères sont filmés à environ 1 mètre de la caméra. Les hommes sont drapés de blanc sur les épaules et le tronc afin d’uniformiser leur vêtement. Chaque père peut représenter un père étranger pour les autres bébés. Pour l’expérience, on compare le père avec le candidat étranger

(32)

qui lui ressemble le plus. Lors de la formation des paires de visages, le port des lunettes est considéré en premier, suivi du port de la moustache ou d’une barbe et finalement la couleur et la coiffure des cheveux sont retenues. Les pères candidats sont toujours filmés dans le même local pour conserver un décor et une source de lumière standard. Qui plus est, les pères doivent afficher une expression faciale neutre pour éviter que l’enfant identifie une mimique familière.

2.3 Dispositif

Le matériel utilisé est une caméra et un téléviseur relié à un ordinateur Acom Rise PC. Le visage du père et celui de l’étranger sont présentés aux bébés grâce à un vidéo relié à un moniteur se trouvant devant eux, à l’horizontal. Les stimuli sont observés sur un miroir unidirectionnel, incliné à 45 0 au-dessus du téléviseur. Quant aux enfants, ils sont assis dans un siège de bébé, à un mètre des stimuli. La caméra dissimulée derrière le miroir, filme le regard des enfants qui est transmis, à son tour, à un moniteur. Les mouvements du regard des bébés sont suivis par 1 ’ expérimentatrice sur ce moniteur (voir annexe A).

2.4 Procédure

L’expérience se déroule au laboratoire du développement cognitif du nourrisson de l’Université Laval. Une fois sur place, le père prend connaissance du formulaire de consentement et le signe (voir annexe B). Ensuite son visage est filmé pendant dix minutes consécutives. Quand l’enfant est âgé de cinq mois, le père se présente à nouveau à l’Université, mais cette fois accompagné de l’enfant. Les bébés font alors

(33)

l’objet de deux conditions expérimentales (visage du père et visage de l’étranger) avec un délai de soixante secondes entre les deux. Une procédure d’habituation contrôlée par l’enfant est employée pour habituer l’enfant à chaque visage. L’expérimentatrice appuie sur la souris de l’ordinateur quand l’enfant regarde le stimulus. Un essai débute lorsque l’enfant regarde pendant plus d’une demi-seconde en direction de l’écran et se termine lorsque le bébé cesse de regarder le stimulus pendant plus d’une seconde. Lorsque la durée moyenne des trois derniers essais est inférieure à 50% de la durée moyenne des trois premiers, la phase d’habituation est terminée et l’autre visage est présenté après un délai d’environ une minute. La présentation des deux visages est contrebalancée. La gestion de l’expérience se fait par le programme de l’ordinateur qui comprend, entre autres, l’emmagasinage des données et le calcul de l’atteinte du critère d’habituation. Un observateur indépendant à l’étude, encode de nouveau la moitié des images

enregistrées sur la bande vidéo afin d’établir un taux d’accord inter-juges (r = 0.99, p < .01) avec 1 ’ expérimentatrice sur le temps total de fixation.

2.5 Variables

La comparaison des deux conditions expérimentales se fait à partir de quelques variables dépendantes. Ces variables sont la durée du premier essai (le temps durant lequel l’enfant regarde le stimulus lors du premier essai), la durée moyenne des essais d’habituation, la durée de l’essai le plus long, la somme des essais d’habituation ( la durée totale des essais), l’intérêt (la somme des essais divisée par le temps total de la

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session multiplié par 100) et la pente (rythme auquel l’enfant s’habitue au visage et obtenu en soustrayant le 1er essai du dernier essai et en divisant le résultat par le nombre d’essais).

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CHAPITRE III

RÉSULTATS

Un premier regard sur les données brutes de T échantillon, présentées au tableau 1, permet de constater une tendance de la part des enfants de cinq mois, à regarder plus longtemps le visage du père, peu importe l’ordre de présentation des visages. Six

ANOVA 2 (sexe) X 2 (ordre de présentation) X 2 (type de visage) à mesures répétées sur le dernier facteur sont ainsi réalisées pour vérifier si cette différence est significative et dépend ou non du sexe de l’enfant et/ou de l’ordre de présentation des visages. Si tel est le cas, des tests t pour échantillons dépendants ou indépendants sont effectués, afin de déterminer le lieu précis de ces différences. Un seuil alpha de .05 est retenu pour ces analyses.

Un test de normalité des données (Shiparo-Wilk) nous permet de constater qu’aucune variable dépendante ne se distribue normalement, à l’exception de

T« intérêt ». À la suite de cette constatation, des transformations logarithmiques sont effectuées sur les données brutes des autres variables, c’est-à-dire sur la durée moyenne des essais, la somme des essais d’habituation, la durée du premier essai, l’essai le plus long et la pente.

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Les analyses révèlent que cinq des six variables dépendantes retenues présentent des différences significatives entre les deux visages. Seule la variable « pente » ne montre aucune différence. Parmi les cinq variables significatives, seul Γ « essai le plus long » ne dépend pas de l’ordre de présentation des deux visages. En effet, ce temps de fixation prolongé est plus marqué en présence du visage du père, F (1,22) = 51,47, p < 0,001.

En ce qui concerne les quatre autres variables, elles démontrent toutes une interaction significative avec l’ordre de présentation. Ainsi, la « durée moyenne des essais d’habituation » démontrent une interaction significative entre la condition expérimentale et l’ordre de présentation des visages, F (1,22) = 25,66, p < 0,001.

Le test t démontre que la durée moyenne des essais obtenue au père est significativement plus élevée que celle obtenue à l’étranger, mais uniquement dans la condition où le père est présenté en premier, t (1, 11) = 6,00 p < 0,001.

La « durée du premier essai » démontre aussi une interaction significative entre la condition expérimentale et l’ordre de présentation des visages, F (1,22) = 5,80, p = 0,026. Le test t démontre que la durée du premier essai obtenue au père est significativement plus élevée que celle obtenue à l’étranger, mais uniquement dans la condition où le père est présenté en premier, t (1, 11)= 2,69 p = 0,021.

La « somme des essais d’habituation » démontre une interaction significative entre la condition expérimentale et l’ordre de présentation des visages, F (1,22) = 14,45, p

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= 0,001. Le test t démontre que la somme des essais obtenue au père est

significativement plus élevée que celle obtenue à Γ étranger, mais uniquement dans la condition où le père est présenté en premier, t (1,11) = 4,57 p = 0,001.

La variable « intérêt » démontre une interaction significative entre la condition expérimentale et l’ordre de présentation des visages, F (1,22) = 8,37, p = 0,009.

Le test t démontre que l’intérêt envers le père est significativement plus élevé que celui consacré à l’étranger, mais uniquement dans la condition où le père est présenté en premier, t (1, 11) = 4,15 p = 0,002.

Mentionnons en terminant que le sexe de l’enfant ne s’est jamais révélé significatif ni seul, ni en interaction avec les autres facteurs.

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Tableau 1

Les scores moyens et écarts-types !entre parenthèses) au père et à l’étranger pour tous les sujets (n=24), selon Tordre de nrésentation.

Variables Père Étranger

Somme des essais Tout T échantillon : 80,68 (59,97) 49,05 (31,23) Père-Étranger : 113,22(67,81) 43,53 (27,13) Étranger-Père : 48,13 (24,67) 54,57 (35,16) Premier essai Tout T échantillon : 23,18 (23,45) 13,34 (10,52) Père-Étranger : 30,62 (28,98) 9,84 (7,71) Étranger-Père : 15,74 (13,77) 16,83 (12,05) Essai le plus long Tout T échantillon : 34,94 (31,62) 17,09 (11,56) Père-Étranger : 50,08 (35,88) 13,30 (8,44) Étrange-Père : 19,80 (17,40) 20,89 (13,29) Durée moyenne des essais Tout T échantillon : 11,07 (9,60) 5,90 (2,88)

Père-Étranger : 15,44 (11,53) 4,77 (2,15) Étranger-Père: 6,70 (4,23) 7,03 (3,15) Intérêt Tout T échantillon : 67,70 (21,10) 62,64 (15,94)

Père-Étranger : 76,35 (15,19) 58,26 (16,35) Étranger-Père : 59,05 (23,18) 67,01 (14,91) Pente Tout T échantillon : 3,01 (3,70) 1,56 (1,52)

Père-Étranger : 3,93 (4,62) 1,01 (1,29) Étranger-Père : 2,10 (2,35) 2,11 (1,59)

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DISCUSSION

Les résultats de la présente étude supportent l’hypothèse de recherche proposée au départ. Les temps de fixation visuelle s’avèrent différents pour le visage du père

comparativement à celui de l’étranger et ce, autant pour les gars que pour les filles. Effectivement, les analyses statistiques indiquent que les enfants regardent

significativement plus longtemps le visage du père que celui de l’étranger, bien que l’ordre de présentation se révèle souvent important pour l’obtention d’une différence statistique. En effet, quatre variables s’avèrent significatives et seulement lorsque le père est présenté en premier : la « durée moyenne des essais d’habituation », la « durée du premier essai », la « somme des essais d’habituation » et 1’« intérêt ». Par contre, pour ce qui est de la variable « essai le plus long », elle ne dépend pas de l’ordre de présentation des deux visages. Il est possible que l’effet de fatigue puisse expliquer le fait que

l’ampleur de la différence s’atténue lorsque le père est présenté en deuxième. Une seconde explication est que la petitesse de !’échantillon peut affecter la puissance statistique. Par conséquent, il serait très pertinent d’utiliser un échantillon plus volumineux et d’augmenter le délai entre la présentation des deux visages.

Par ailleurs, et contrairement aux résultats obtenus par Fortier (2000), Bisson (2002) et certains auteurs s’intéressant à la reconnaissance de la mère (Field et al., 1984;

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Barrera & Maurer, 1981), aucune différence reliée au genre n’est observée dans la présente recherche. Rappelons que dans ces études, cette capacité à reconnaître un parent était en lien étroit avec le sexe de l’enfant. Les filles avaient tendance à préférer regarder la mère alors que les garçons préféraient le père.

Pour la première fois, une recherche permet donc de démontrer systématiquement, à l’aide de résultats très significatifs (0.001), que les enfants âgés de quelques mois sont capables de reconnaître leur père. Les études antérieures n’avaient pas réussi à démontrer une telle reconnaissance du père au niveau olfactif (Cemoch et Porter, 1985) et auditif (DeCasper et Prescott, 1984; Miliis et Melhuish, 1974; Ward et Cooper, 1999), tandis que la reconnaissance du visage du père n’avait obtenu que des résultats partiels et peu

concluants (Bisson, 2002; Portier, 2000; Walton, Bower et Bower, 1992).

Cette première démonstration claire de la reconnaissance du visage du père semble tardive, en comparaison avec le parcours développemental obtenu auprès de la mère. Comme Ward et Cooper (1999) le mentionnent, il semble que la reconnaissance du père se développe de façon différente de celle de la mère. Effectivement, la présente étude et celle de Bisson (2002) démontrent bien que la reconnaissance du visage du père se fait plus tardivement. Les résultats obtenus par Bisson (2002) indiquent que les enfants âgés de trois mois sont pratiquement incapables de reconnaître le visage de leur père, tandis que la présente recherche révèle que les enfants de cinq mois parviennent à le reconnaître. Dans les études effectuées auprès des mères, il est également démontré que les très jeunes enfants ont besoin de voir la démarcation tête/cheveux afin de la

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reconnaître, alors que, pour les plus vieux (19 semaines), les caractéristiques internes sont suffisantes (Bushnell,1982; Morton 1993; Pascalis et al., 1995). Pour ce qui est du père, Portier (2002) démontre que les enfants de cinq mois ne sont pas vraiment capables de le reconnaître si celui-ci a les cheveux recouverts. La présente étude démontre toutefois que la présence de la démarcation tête/cheveux facilite grandement la reconnaissance au même âge. La nécessité de montrer aux enfants la chevelure de leur père semble donc se maintenir jusqu'à un âge plus avancé, en comparaison avec les résultats obtenus auprès des mères.

Néanmoins, les méthodes employées dans les différentes études qui s'intéressent à la reconnaissance des visages familiers varient souvent. Afin de vérifier l'hypothèse d'un retard développemental en ce qui concerne la reconnaissance du visage du père, il serait intéressant d'évaluer la capacité des enfants de différents âges à reconnaître le visage de leur mère et de leur père à l'aide de la même méthode. En d'autres mots, chaque enfant serait confronté au visage de son père et à celui d'un étranger, et au visage de sa mère et à celui d'une étrangère. Le même échantillon serait évalué à 3 mois, 4 mois, et 5 mois. Cette façon de faire permettrait ainsi de comparer rigoureusement le développement de la reconnaissance du visage du père et de celui de la mère, au cours des premiers mois de la vie.

Dans les recherches à venir, il serait également intéressant de demander au parent de remplir un questionnaire portant sur la fréquence, la qualité et le type de contacts qu’il entretient avec son enfant. Ward et Cooper (1999) affirment que la reconnaissance de la mère et du père peut être influencée par le temps qu’ils passent avec leur enfant, mais

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aucune étude n’a encore évalué cette dimension. Cet intérêt pour les différences individuelles pourrait très bien s'intégrer dans l'étude longitudinale proposée au paragraphe précédent.

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Références

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è

MAGNÉTOSCOPE

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Annexe B

Laboratoire du nourrisson

Université Laval

Stephan Desrochers, professeur responsable Tel. : 656-2131 poste 5068

Je, soussigné ____________________________________ consens à ce que mon bébé___________________________________ et moi participions à une recherche sur la capacité des enfants de cinq mois à reconnaître le visage de leur père.

1 Cette recherche a pour but de vérifier si le visage du père et celui d’un étranger sont traités différemment par les nourrissons de cinq mois.

2. Comme participant, j ’accepte de me rendre à l’Université Laval où mon visage (neutre et immobile) sera filmé sur vidéo pendant dix minutes. Le vidéo de mon visage sera utilisé avec mon enfant ainsi qu’avec d’autres enfants comme visage étranger. Ensuite, j’accepte de retourner à l’Université Laval pour une deuxième rencontre, mais cette fois-ci avec mon bébé âgé de cinq mois. Comme participant, mon enfant sera assis dans un siège de bébé face à un écran de télévision où un vidéo du visage de son père et un autre d’un visage étranger seront présentés à tour de rôle. L’expérimentation sera filmée et durera quinze minutes. J’accepte également que différents aspects de son comportement soient évalués (durée de ses regards, son intérêt, etc.) et je consens à fournir certains renseignements concernant mon bébé et moi-même (âge, sexe, problèmes pré ou péri-nataux, téléphone et adresse).

3. Comme avantage, ma participation à cette recherche me permettra d’observer le comportement de mon bébé dans une situation nouvelle. Comme inconvénient, il faudra me déplacer à deux reprises à l’Université Laval où l’observation aura lieu. Comme risque, mon bébé peut se mettre à pleurer durant 1 ’expérimentation. Pour sa part, je risque de trouver cela difficile de me faire filmer sans bouger et je peux ressentir un inconfort visuel ou voir embrouillé quelques instants après.

4. Notre participation à cette recherche est volontaire. Il est entendu que nous pourrons nous retirer en tout temps de cette recherche, et ce, sans préjudice.

5. Toute information obtenue dans ce projet sera traitée de façon strictement confidentielle. L’utilisation seule des cinq premières lettres du prénom suivies d’un chiffre, dissocié du nom de famille, assure l’anonymat du fichier de données de l’enfant. Les chercheurs de ce laboratoire s’engagent à détruire les bandes vidéo et les fichiers d’information concernant mon bébé une fois toutes les étapes de la recherche complétées.

Parent Expérimentatrice

Date Stéphan Desrochers, Ph. D.

Références

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