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Note de lecture de : Un village de harkis

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Note de lecture de : Un village de harkis

Gérard-François Dumont

To cite this version:

(2)

N O T E S D E L E C T U R E

(33y/iL

Maurice Faivre, Un village de Harkis, Paris, 1994, L'Harmattan, coll. «Histoire et

perspectives méditerranéennes», 259 p., 19 photos, 4 cartes et plans.

Les exemples de migrations changeant

le cadre géographique des hommes sont

nombreux, mais celui de ces harkis venus

d'un village kabyle pour s'installer définitive

ment à Dreux est un cas singulier. Leur pays

d'origine, la Kabylie des Babors, avait été

décrite par Paul Vidal de la Blache comme

un des plus pittoresques de l'Algérie. Le massif des Babors, qui s'étend entre Sétif et

la mer, culmine à 2004 nh et reçoit 1 500 mm

d'eau par an. Il est recouvert d'une forêt

d ' e s s e n c e s t r è s v a r i é e s o ù l ' o n t r o u v e

notamment un pin de très grande taille, le

P i n u s b a b o r i e n s i s . S e s s o u s - b o i s a b r i t e n t

des fleurs remarquables par leur répétition luxuriante. La légende veut que ce massif

boisé proviendrait «d'une coque de bateau

retournée par une violente tempête. Les longues barbes et les chevelures impor tantes des passagers victimes du naufrage auraient continué à pousser à travers les

débris de la coque, se transformant ainsi en

(3)

couverture forestière». Il n'y a rien de mieux qu'un tel récit pour apprendre aux jeunes enfants à aimer le paysage qui les entoure.

La population dont le destin est ici retracé vit dans la vallée de l'Oued Berd, rivière torrentueuse qui prend sa source sur

le flanc nord du Djebel Babor. C'est dans ce cadre montagneux, avec des dénivellations considérables, bénéficiant d'une flore et

d'une faune particulièrement variées, que vivaient nos Kabyles jusqu'en 1962-63,

période où leur destinée va les conduire à

s'installer dans la plaine de la Beauce, près

d e D r e u x .

Maurice Faivre, après une carrière mili taire partagée entre la troupe et l'Etat-major,

jusqu'au grade de général, a dès la retraite venue, entrepris avec succès la rédaction d'une thèse de doctorat, éditée chez Econo-mica sous le titre Les nations armées. Son second livre résulte d'une histoire d'amour,

de l'attachement que lui et son épouse ont éprouvé pour ce village kabyle de l'Oued

Berd où le capitaine Maurice Faivre a com

mandé en 1960-61 le 4/20® dragons, tandis que sa femme Monique, qui avait suivi spé

cialement un stage d'équipe médico-sociale itinérante, rendait visite aux habitants, s'in quiétait de leurs problèmes, tout en leur dis pensant les soins nécessaires.

C'est l'objet de cette histoire d'amour qui explique la modestie du titre du livre. Un

village de harkis, alors que l'auteur a rédigé un véritable livre de géographie humaine et

historique. En effet, sans oublier les nom

breuses références qui soulignent la qualité de ses recherches, Maurice Faivre analyse

à la fois les changements considérables

vécus par ces montagnards et le contexte général qui va les contraindre.

La Petite Kabylie a subi au cours de

l ' h i s t o i r e d e s i n f l u e n c e s v a r i é e s : c e l l e d e s

Numides, du monde romain, de la chrétien té, puis des nomades du monde

arabo-isla-mique et enfin du monde européen, anté rieurement à l'indépendance de l'Algérie

dont le destin est encore incertain.

C ' e s t l a f i n d e l a d e r n i è r e i n f l u e n c e

citée qui va créer pour une partie de la population une situation nouvelle. En dépit des dominations variées qu'il a subies au

cours de l'histoire, ce village a toujours

conservé une grande autonomie, et il est

resté organisé selon un mode démocratique, avec sa propre justice chargée d'appliquer les règles du droit coutumier propre au villa ge, appelées les kanouns ou le qanoun. En 1961, il vit en paix après avoir organisé son auto-défense. Le contexte politique qui conduit le 1®' juillet à rindépendancè~dë l'Al gérie transforme la situation. D'une part, le nouveau pouvoir veut exercer sur le village

des pressions auxquelles aucun de ses

d o m i n a t e u r s a n t é r i e u r s n e l ' a v a i t s o u m i s .

D'autre part quelques uns de ceux qui

jusque là étaient restés «neutres», voulant

montrer leur allégeance au nouveau pouvoir,

entreprennent de pourchasser les anciens

harkis, qui n'ont plus le choix qu'entre la vali

s e e t l e c e r c u e i l .

Or jusque là, ce village avait participé du phénomène de «noria», qui, grâce au travail temporaire des hommes en métropo

le, pe'rmettait d'assurer des ressources aux

familles. Pour ceux qui ont compris le risque physique qu'ils encourent, un nouveau type d'émigration s'impose : l'évasion se substitue

à l a n o r i a . C e t t e é v a s i o n s e f a i t e n d e u x

temps. D'abord, ce sont les hommes qui, fuyant la mort, profitent des moyens de transport de l'armée française qui quitte, elle aussi, définitivement l'Algérie. Puis, parce qu'il est acquis que le retour est impossible, une filière est organisée pour permettre aux

familles de rejoindre la France.

Ainsi, ces populations vont passer, après un séjour de plus ou moins longue durée dans les camps ou dans des loge

ments précaires, du village kabyle aux HLM

de Dreux. Pourquoi Dreux? Tout simplement

parce que la France du début des années 1960, héritière de la faible natalité des

années 1930, manque de main-d'œuvre. Soucieux d'assurer le développement indus

triel de sa ville, le maire de Dreux va donc p a l l i e r l e d é f i c i t d e m a i n - d ' œ u v r e e n accueillant dans la plaine de la Beauce des

harkis. L'usine ou le bureau remplace ainsi

p o u r e u x l ' é l e v a g e d u m o u t o n e t d e s

chèvres, et Maurice Faivre montre excellem ment comment le destin les a conduit à cette

contraignante adaptation.

Gérard-François Dumont

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