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LÉONIE JEAN
ÉVOLUTION DE TROIS TYPES D’AGITATION :
BÉNÉFICIAIRES DÉMENTS ET NON DÉMENTS À L’ÉTUDE
Mémoire
présenté
à la Faculté des études supérieures
de l’Université Laval
pour l’obtention
du grade de maître en psychologie (M.Ps.)
École de Psychologie
FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES
UNIVERSITÉ LAVAL
SEPTEMBRE 2003
Résumé
TJ
agitation est une problématique susceptible d'affecterdirectement la façon dont les soins sont prodigués à la personne atteinte, d'où 1' importance d' en connaître 1' évolution en vue de cibler adéquatement les interventions et de les appliquer au moment opportun. La présente étude cherche donc à déterminer
1' évolution de trois types de comportements d' agitation chez 139 bénéficiaires vivant en centre d'hébergement et répartis en deux groupes : le premier présentant un diagnostic probable de démence
(D), le second sans diagnostic de démence (ND). Les résultats ne montrent aucune différence significative entre les trois prises de mesure. Par ailleurs, le groupe D manifeste davantage
d'agitation physique agressive et d'agitation physique non agressive que le groupe ND.
Philippe Landreville, Ph.D. Directeur de recherche
Léonie Jean, B.A.
Évolution de 1' agitation iii
AVANT-PROPOS
Je tiens d' abord à remercier ceux grâce à qui j' ai pu un jour espérer me rendre là où je suis aujourd'hui : mes parents. Par votre amour et votre support sans limites, j'ai réussi là où plusieurs fois je me suis remise en doute. À vous deux, merci de m' avoir inculqué ces belles valeurs que sont 1' intégrité et la persévérance.
Frédéric, toi qui partages ma vie depuis maintenant quatre ans, toi qui a été la cible de mes intempestives sautes d'humeur, je te remercie pour ton amour inconditionnel et, surtout, pour ton immense patience. À toi je demande pardon pour tous ces
moments où tu es passé second derrière mes ambitions académiques. À ma très chère collègue de laboratoire, Annick, celle avec qui j' ai vécu les moments les plus difficiles tout comme les plus beaux fous rires, je tiens à te dire à quel point ton écoute et tes conseils m'ont tant aidée. J'ai découvert en toi une personne admirable, une amie véritable.
Bien entendu, la réalisation de ce travail de recherche
n' aurait pu être possible sans les judicieux conseils, la rigueur et le professionnalisme de mon directeur de recherche, Philippe Landreville. Sans vous, la rédaction de ce mémoire aurait certes été encore plus cahoteuse et laborieuse.
Enfin, merci à ces gens au cœur d'or qui ont tant à
Page i ii iii iv 7 8 10 11 12 14 16 17 18 TABLE DES MATIÈRES
PAGE TITRE ___________________________________ RÉSUMÉ
AVANT-PROPOS ___________________________________ TABLES DES MATIÈRES ___________________________ CHAPITRE I Introduction générale
1.1 Introduction _____________________________ 1.2 Définition et catégorisation ____________ 1.3 Prévalence ________________________________ 1.4 Impacts ___________________________________ 1.5 Évolution de 1' agitation __________ ______ 1.6 Limites des études portant sur 1' évolution 1.7 Problématique ____________________________ 1.8 But de
1'
étude ___________________________ 1.9 Méthodologie ______________________________CHAPITRE II Évolution de trois types d' agitation : bénéficiaires déments et non déments à 1' étude (article)
2.1 Page titre 20 2.2 Résumé 21 2.3 Introduction 22 2.4 Méthode 28 28 2.4.1 Participants
Évolution de 1' agitation v 29 30 31 31 31 32 37 43 44 45 46 47 48 50 50 50 52 55 63 65 2.4.2 Mesures 2.4.3 Procédure 2.5 Résultats 2.5.1 Analyses préliminaires 2.5.2 Analyses principales 2.6 Discussion 2.7 Références 2.8 TablearL 1 2.9 TablearL 2
2.10 Liste des figures 2.10.1 Figure 1 2.10.2 Figure 2 2.10.3 Figure 3
CHAPITRE III Conclusion générale 3.1 Conclusion
3.2 Résultats
3.3 Forces et limites
3.4 Implications et recherches futures Bibliographie ______________________ ___ Annexe A
Évolution de 1' agitation 7
1.1
Introduction
Le vieillissement de la population est un phénomène qui
revêt une ampleur considérable. Au Québec, entre 1986 et 1996, le pourcentage de personnes âgées de 65 ans et plus est passé de
10.0% à 12.1% (Institut de la statistique du Québec, 1999). À titre indicatif, pour la même période, le nombre de jeunes
Québécois (0-14ans) ainsi que
1'
effectif des personnes de 15 à 64 ans ont vu leurs taux diminuer. Des jeunes en décroissance et, à 1' opposé de la structure d' âge, des personnes âgées en fortecroissance, conduisent vraisemblablement au vieillissement rapide de la population.
Selon les prédictions, la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus fera un bond de 12% à 24% entre 1996 et 2026
(Institut de la statistique du Québec, 2000). En 30 ans, la proportion de personnes âgées au
Québec
doublera ; voilà un rythme de vieillissement non négligeable. Cette augmentation rapide du nombre de personnes âgées québécoises est susceptible d'avoir un impact potentiel sur le besoin d'hébergement. Aumilieu des années 80, au Québec, 45 000 personnes âgées vivaient en centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) subventionnés par les fonds publics (Mathews, 1988). Compte tenu du vieillissement rapide de la population, il est réaliste de s' attendre à une croissance potentiellement similaire au niveau du besoin d'hébergement en CHSLD. D' ailleurs, au Canada, le
nombre d' individus en milieux d'hébergement est passé de 2 03 000 à 240 000 de 1986 à 1996 (Conseil consultatif national sur le troisième âge [CCNTA], 2002) . D' ici 20 ans, les prévisions
proposent que le nombre de lits en soins de longue durée pourrait tripler, voire même quadrupler.
En CHSLD, les bénéficiaires y vivant présentent des
incapacités physiques et mentales qui réduisent considérablement leur autonomie. Les problématiques de santé mentale rencontrées chez ces usagers sont nombreuses : démences, état confusionnel aigu, troubles de 1' humeur, troubles psychotique, troubles
d' adaptation, etc. Différents problèmes de comportements en lien notamment avec les troubles de santé mentale sont aussi
remarqués. Parmi ceux-ci, 1' agitation constitue une problématique d' importance dont la compréhension demeure néanmoins
fragmentaire.
Ce premier chapitre constitue donc une introduction à cette problématique d' intérêt qu' est 1' agitation. Celle-ci sera d'abord définie puis les différentes dimensions en seront décrites. La prévalence, les impacts, les patrons de changement de même que 1' évolution de 1' agitation seront également abordés.
1.2
Agitation : définition et catégorisation
D' emblée, il
s'
avère fondamental de mentionner que9 Évolution de 1' agitation
consensuelle n'a été adoptée. Il importe d' ailleurs de souligner que les termes
agitation, troubles de comportement
etcomportements perturbateurs
sont souvent employés de façoninterchangeable dans la littérature pour qualifier un ensemble de manifestations physiques ou verbales jugées incongrues au
contexte. Ainsi, il apparaît que le
concept
même d' agitation ne fait pas 1' unanimité. Néanmoins, la définition d' agitationproposée par Cohen-Mansfield & Billig (1986) est celle qui semble la plus souvent employée tant par les chercheurs que par les
cliniciens. Selon ces auteurs, 1' agitation se définit comme une activité verbale, vocale ou motrice inappropriée, laquelle ne résulte pas directement, selon un observateur externe, des
besoins ou de la confusion du bénéficiaire âgé (Cohen-Mansfield & Billig, 1986).
Il est possible de diviser les comportements d' agitation selon deux dimensions : verbale/non verbale et agressive/non- agressive (Cohen-Mansfield & Dutsch, 1996). Une analyse
factorielle d'une mesure d' agitation révèle trois robustes
facteurs : 1' agitation avec agressivité (AA), 1' agitation physique sans agressivité (APNA) et 1' agitation verbale (AV; Cohen-
Mansfield, Marx, & Rosenthal, 1989) . Plus spécifiquement, l'AA regroupe les comportements tels frapper, pousser, mordre et égratigner. L'APNA comprend quant à elle les comportements tels errer, fuguer, gesticuler sans but et prendre des objets de façon
inadéquate. En ce qui concerne
l'
AV, elle réfère auxcomportements tels que crier, marmonner, se plaindre et poser des questions répétitives.
1.3
Prévalence
Les résultats obtenus à
1'
égard de la prévalence de1'
agitation sont très variables en fonction du type decomportements à 1' étude. D' abord, dans une étude menée par Cohen- Mansfield (1986) portant sur la fréquence des comportements
agités, les résultats montrent que
1'
agitation physique non agressive (APNA) est celle qui survient le plus souvent. Plus précisément, 1' errance et les demandes constantes d׳ attentionsont les plus communs. D' ailleurs, il semble que 1' errance
constitue un comportement physique non agressif qui se distingue fortement pas sa grande prévalence de même que par 1' intérêt que la recherche actuelle lui accorde. Dans une étude récente (Hope et al., 2001), les comportements d' errance, tels les tentatives de fugue et les déplacements noctures ou inutiles, sont
répertoriés dans une proportion de 80% chez un
groupe
de patients déments.En ce qui concerne les comportements physiques agressifs, des recherches indiquent qu' ils sont manifestés par 5% à 50% des résidants en unités de soins et ce, au moins une fois de façon hebdomadaire (Cohen-Mansfield, Marx, et al., 1989; Everitt,
Évolution de 1' agitation 11
Fields, Soumerai, & Avorn, 1991; Schreiner, 2001). Plus de la moitié des comportements agressifs manifestés se traduiraient par
le fait de frapper (Malone, Thompson, & Goodwin, 1993).
I/ agitation physique agressive serait plus prévalente sur les unités de soins spécialement destinées aux gens souffrant de la maladie d'Alzheimer (Cohen-Manfleid, Marx, & Rosenthal, 1990; Malone et al., 1993).
Finalement, en ce qui a trait à 1' agitation verbale, les taux de prévalence en milieu institutionnel varient entre 10% et 30% (Cohen-Mansfield et al., 1990; Cohen-Mansfield & Werner,
1994). Les demandes ou questions répétées semblent être les plus fréquentes avec des proportions entre 72% et 83% (Baumgarten, Becker, & Gauthier, 1990; Molloy, Mcllroy, Guyatt, & Lever,
1991). À 1' opposé, les cris apparaissent comme le comportement d'agitation verbale le moins commun avec une proportion de 6%
(Baumgarten et al., 1990). Également, dans plus de 30% des cas de comportements verbaux agités, ce sont les pleurs de même que les discours hostiles qui sont répertoriés (Devanand et al., 1992; Molloy et al., 1991).
1.4
Impacts
Considérant la prévalence relativement élevée de
1' agitation, les conséquences négatives qui en découlent sont susceptibles d' être nombreuses et ce, tant pour la personne
agitée que pour sa famille ou le personnel soignant (Beck et al., 2002) . À titre d׳ exemple, 1' individu manifestant de 1׳ agitation physique agressive pourrait potentiellement être à risque de
s' infliger des blessures ou encore de blesser autrui. D' ailleurs, il semble
que les
victimes des comportements agressifs sont, dans une grande proportion de cas, les autres résidants des unités desoins (Malone et al., 1993) . Également, de tels comportements physiques ou verbaux peuvent
s'
avérer particulièrementdérangeants pour le personnel soignant (Everitt et al., 1991; Fisher, Fink, & Loomis, 1993; Whall, Gillis, Yankou, Booth, & Beel-Baltes, 1992). Non seulement des sentiments de frustration et d' impuissance face aux manifestations d' agitation sont-ils à même d' être ressentis, mais les actes professionnels posés dans
ces circonstances sont vraisemblablement susceptibles de
s'avérer
inefficaces voire préjudiciables (Stuble & Sivertsen, 1987).
1.5
Évolution de 1' agitation
Parmi les multiples facettes de 1' agitation qui gagneraient à être davantage approfondie, il apparaît que son profil évolutif demeure un aspect imprécis et équivoque. À ce jour, quelques
études longitudinales ont tenté d'examiner 1׳ évolution de
1' agitation dans le temps ou, du moins, de déterminer le patron de changement de certains comportements perturbateurs. Les
Évolution de
1
' agitation 13plusieurs faits intéressants. D7 abord, il semble que chez les personnes atteintes d7une démence de type Alzheimer, 1' agitation
soit un symptôme qui apparaît environ dix mois après le
diagnostic (Jost & Grossberg, 1996). Il ressort aussi que les variations dans la fréquence des comportements agités dépendent en grande partie du comportement dont il est question (Devanand et al., 1997; Hope, Keene, Fairburn, Jacoby, & McShane, 1999). De plus, il a été démontré que certains comportements apparaissent sur une période précise alors que d7 autres se manifestent sur un laps de temps plus grand (Hope et al., 2001; Keene et al., 1999). Également, il semble que les patrons d7agitation apparaissent spécifiques à chaque individu (Cohen-Mansfield, Werner, & Marx, 1989).
En ce qui
concerne
les résultats portant spécifiquement sur l7évolution dans le temps des comportements d7agitation, ils doivent être nuancés en fonction de l7intervalle de temps sur lequel est menée l7 étude. D7 abord, aucun changement significatif au niveau de la fréquence des troubles de comportements présentés par des gens vivant en unités de soins n7 a été démontré sur une période de quatre mois (Wagner, Teri, & Orr-Rainey, 1995). Uneétude portant sur des sujets vivant également en unités de soins et émettant des vocalisations sévères rapporte que, deux mois après le début de la recherche, 66% des participants vocalisaient moins d7 heures qu7 à l7 origine (Sloane, Davidson, Knight, Tangen,
& Mitchell, 1999). Cela semble donc suggérer une relation inverse entre le temps et la fréquence de ce type de comportement. À
1'
opposé, il a été démontré, sur une période de deux ans auprès d' individus vivant dans la communauté, que la majorité descomportements d' agitation augmentent de façon significative (Cohen-Mansfield et Werner, 1998). Puis, sur une période de 5 ans, il est rapporté que la fréquence des comportements
perturbateurs atteint généralement un sommet à mi-parcours, en lien avec une atteinte cognitive modérée (Asada, Kinoshita,
Morikawa, Motonaga, & Kakuma, 1999). Cette étude, menée auprès de gens résidant dans la communauté, suggère donc que 1' évolution des comportements perturbateurs serait curvilinéaire. Finalement, une recherche de Marin et ses collaborateurs réalisée sur des individus vivant à la maison avec un aidant (1997), montre que les manifestations de 1' agitation tendent à être épisodiques, ce qui semble donc aller à Γ encontre d'une perspective évolutive.
1.6
Limites dans l'étude de l'évolution de l'agitation
Les précédentes conclusions, tirées pour la plupart d'études longitudinales sur la question de
1'
évolution de 1' agitation, font ressortir trois principales limites. En premier lieu, la plupart des auteurs (Asada et al., 1999; Marin et al., 1997;Wagner et al., 1995) n' utilisent pas une catégorisation explicite de
1'
agitation. Ils ne donnent qu' un aperçu général deÉvolution de 1' agitation 15
1' évolution dans le temps de certains comportements
perturbateurs, sans les catégoriser selon des formes définies d' agitation (APNA, AA ou AV) . En second lieu, 1' évolution de 1' agitation a notamment été étudiée chez des individus vivant dans la communauté avec un aidant (Asada et al., 1999; Cohen- Mansfield & Werner, 1998; Marin et al., 1997). Puisque cette problématique se retrouve
donc
aussi en centre d'hébergement et qu' elle est susceptible d' affecter le résidant lui-même, les autres résidants de même que le personnel soignant, il devient hautement pertinent de s'attarder également à cette clientèle. En troisième lieu, dans certaines des études sur le sujet (Asada et al., 1999; Marin et al., 1997), la fréquence des comportements d' agitation est strictement étudiée chez des gens souffrant d'un quelconque syndrome démentiel. Toutefois, bien que 1' atteinte cognitive sous-jacente à unedémence
semble être le facteur le plus étroitement associéavec
la présence d'agitation (Beck, Rossby, & Baldwin, 1991; Cohen-Mansfield et al., 1990), lesrésultats à cet égard demeurent néanmoins fortement controversés. D' une part, certains auteurs suggèrent que les problèmes de
comportements, à 1׳instar des troubles cognitifs, augmenteraient de façon linéaire au cours de la maladie d'Alzheimer (Aronson, Post, & Guastadisegni, 1993; Swearer, Drachmen, O'Donnell, & Mitchell, 1988) . D' autre part, il est rapporté que certains problèmes de comportements entretiendraient une faible relation
avec la détérioration du fonctionnement cognitif en lien avec un processus démentiel (Cohen-Mansfield et Werner, 1999; McCarty, Roth, Goode, & Owen, 2000; Teri, Larson, & Reif1er, 1988; Teri, Borson, Kiyak, & Yamagishi, 1989). Cette apparente polémique aurait potentiellement avantage à être abordée en tentant d' adresser la question de 1' évolution de 1' agitation chez des individus avec et sans atteintes cognitives liées à un processus démentiel spécifique.
1.7
Problématique
À la lumière de cette controverse abordée précédemment, il semble donc qu' une variable n' ait pas été clairement mise en lien avec 1' agitation et il apparaît pertinent de 1' étudier à ce
stade-ci des connaissances dans le domaine : le diagnostic de
démence
(présence de démence ou absence de démence) .Effectivement, qu' en est-il de
1'
agitation chez les non déments? Leurs comportements agités suivent-ils la même forme que ceux des bénéficiaires déments? Ainsi, il apparaît plausible que certains individus qui ne souffrent pas d׳ un quelconque syndrome démentiel présentent aussi de 1' agitation (Bélanger, 1993; Koss, Weiner, & Ernesto, 1997) et il demeure nécessaired'
en connaître davantage sur la relation existant entre la présence ou 1' absence d'une démence et 1' évolution de1'
agitation. De fait,1'
étude du facteur diagnostic pourrait fournir des fondements plus solidesÉvolution de 1' agitation 17
aux conclusions pouvant être tirées quant au lien
qu' entretiennent la présence d'une démence et la fréquence des différentes formes d' agitation. Cela permettrait de confirmer ou de nuancer les conclusions tirées jusqu' à maintenant et, en
conséquence, d' émettre des recommandations quant à la prise en charge des personnes agitées démentes et non démentes manifestant des comportements d'APNA, d'AA et d'AV.
1.8
But de l'étude
La présente étude vise
donc
à déterminer 1' évolution dans le temps des comportements agités chez des personnes âgées vivant en CHSLD. Un objectif particulier de cette recherche est d' examiner cette évolution en fonction de la présence ou de 1' absence d'un diagnostic de démence. Deux groupes de sujets sont donc étudiés : le premier présentant un diagnostic probable de démence (D), lesecond
sans diagnostic de démence (ND). L' évolution de1' agitation est évaluée en fonction du facteur diagnostic et du facteur temps sur une période d' environ dix mois. La fréquence des comportements d' agitation est étudiée selon les trois types qui ressortent de 1' analyse factorielle de 1' IACM, soit
1' agitation avec agressivité (AA) 1' agitation physique non agressive (APNA) et 1' agitation verbale (AV) .
1.9
Méthodologie
Ce premier chapitre représente une introduction aux
différents concepts reliés à 1' agitation. Il aborde également la prevalence, les impacts de même que
1'
évolution de 1' agitation. Le second chapitre est rédigé sous forme d' article scientifique et constitue le corps du mémoire. L' article décrit laméthodologie de même que les résultats de la présente étude et fait également état de la discussion. Enfin, pour conclure cet ouvrage, un troisième chapitre résume les principaux résultats de
1'
étude, en aborde les points forts et les limites, puis suggère des avenues de recherches futures.4
L
*
CHAPITRE II
Évolution de trois types d'agitation : Bénéficiaires déments et non déments à l'étude
Léonie Jean, B.A.
Philippe Landreville, Ph.D. Louise Dicaire, B.Sc.inf., M.A. René Verreault, MD, Ph.D., CMFC
Louise Lévesque, M.Sc.
*Mots-clés : agitation, démence, étude longitudinale
*Cette recherche a été réalisée en partie grâce à une subvention de recherche du Fonds de recherche en santé du Québec (#990720- 104) .
*Les résultats de cette recherche ont fait l'objet d'une présentation par affiche lors du congrès annuel 2002 de !'Association Canadienne de Gérontologie, Montréal, Canada.
*Toute correspondance concernant cet article doit être acheminée à Philippe Landreville, Ph.D., École de psychologie, Université Laval, Québec, G1K 7P4. Courriel :
21 Évolution de 1'agitation
Résumé
De par sa nature, 1'agitation est une problématique susceptible d'affecter directement la façon dont les soins sont prodigués à la personne atteinte. De ce fait, l'accès à une compréhension approfondie de son caractère évolutif offre la possibilité de planifier et d'implanter des interventions mieux adaptées à des moments ciblés. La présente étude cherche donc à déterminer 1'évolution de trois types d'agitation chez 139 personnes âgées résidant en centre d'hébergement et divisées en deux groupes : 1) avec diagnostic probable de démence (D; n=77) et 2) sans
diagnostic de démence (ND;
n=62) .
Trois types de comportements agités ont été évalués à trois reprises sur une période de 10 mois : 1'agitation agressive (AA), 1'agitation physique non agressive (APNA) et 1'agitation verbale (AV). Les résultats ne montrent aucune différence significative sur la fréquence des différentes formes d'agitation entre les temps de mesure. Par ailleurs, les participants du groupe D présentent davantage d'AAInt roduction
Au Québec, au milieu des années 80, 45 000 personnes âgées vivaient en centre d'hébergement et de soins de longue durée
(CHSLD) subventionnés par les fonds publics (Mathews, 1988).
Considérant le vieillissement rapide de la population que connaît la société actuelle, conjugué à 1'accroissement de 1'espérance de vie, il est réaliste de s'attendre à une augmentation
potentiellement similaire au niveau du besoin d'hébergement en CHSLD. Au Canada, de 1986 à 1996, le nombre d'individus en
milieux d'hébergement est d'ailleurs passé de 203 000 à 240 000 (Conseil consultatif national sur le troisième âge [CCNTA], 2002). D'ici 20 ans, les prévisions proposent que le nombre de lits en soins de longue durée pourrait encore tripler, voire même
quadrupler. Or, les bénéficiaires qui vivent en CHSLD présentent des incapacités physiques et mentales qui réduisent
considérablement leur autonomie. Les problématiques de santé mentale rencontrées chez ces usagers sont nombreuses : démences, état confusionnel aigu, troubles de l'humeur, troubles
psychotiques, troubles d'adaptation, etc.
Ces problèmes de santé mentale dont souffrent un nombre grandissant de personnes âgées représentent certes de multiples défis pour le réseau de santé (Conseil des Aînés, 2001) . En
CHSLD, les équipes soignantes se retrouvent souvent démunies face aux problématiques de soins rencontrées et il est susceptible
23 Évolution de 1'agitation
d'en résulter des interventions parfois mal adaptées. Parmi les différents troubles manifestés par les personnes résidant en
centre d'hébergement, 1'agitation représente un problème à risque d'affecter directement la façon dont les soins sont prodigués à la personne atteinte (CCNTA, 2 0 02) . En conséquence, une
compréhension approfondie de ce phénomène est essentielle afin d'émettre des recommandations précises quant à la prise en charge des individus manifestant de 1'agitation.
D'emblée, la définition même du concept d'agitation est loin d'être unanime dans la littérature sur le sujet. Les termes
agitation, troubles de comportement
etcomportements
perturbateurs
sont souvent employés de façon interchangeable dans la littérature pour qualifier un ensemble de manifestationsphysiques ou verbales jugées incongrues au contexte. Ainsi, il apparaît que le concept même d'agitation ne fait pas 1'unanimité. Néanmoins, la définition d'agitation proposée par Cohen-Mansfield
& Billig (1986) est celle qui semble la plus souvent employée tant par les chercheurs que par les cliniciens. Selon ces
auteurs, 1'agitation constitue une activité verbale, vocale ou motrice inappropriée, laquelle ne résulte pas directement, selon un observateur externe, des besoins ou de la confusion du
bénéficiaire âgé. Différents sous-types d'agitation ont été
observés. De façon plus précise, les comportements agités peuvent être divisés selon deux dimensions : verbale/non-verbale,
agressive/non-agressive (Cohen-Mansfield & Deutsch, 1996).
L'analyse factorielle d'une mesure d'agitation révèle d'ailleurs trois robustes facteurs: l'agitation avec agressivité (AA),
l'agitation physique non agressive (APNA) et l'agitation verbale (AV; Casault & Landreville, 2002; Cohen-Mansfield, Marx, &
Rosenthal, 1989; De Jonghe & Kat, 1996; Miller, Snowdon, & Vaughan, 1995). Plus spécifiquement, l'AA regroupe des
comportements comme frapper, pousser, mordre et égratigner. Le deuxième type d'agitation, soit 1'APNA, comprend des
comportements tels errer, fuguer, gesticuler sans but et manipuler des objets de façon inadéquate. En ce qui concerne
1'AV, elle réfère aux comportements tels que crier, marmonner, se plaindre et poser des questions répétitives.
La manifestation des différentes formes d'agitation a
notamment été mise en relation avec le sexe, l'âge, l'autonomie fonctionnelle et la personnalité pré-morbide (Cohen-Mansfield, Marx et al., 1989; Cohen-Mansfield, Marx, & Werner, 1992; Jackson et al., 1989). Néanmoins, il semble que la présence d'une
atteinte cognitive en lien avec un processus démentiel en soit le facteur le plus déterminant (Beck, Rossby, & Baldwin, 1991;, Beck et al., 1998; Cohen-Mansfield, Marx, & Rosenthal, 1990). Par
ailleurs, bien que l'atteinte cognitive et l'agitation paraissent entretenir une forte association, une étude québécoise menée
25 Évolution de 1'agitation
que, parmi les individus sans atteinte cognitive qui formaient leur échantillon, 43.6% étaient agités (Bélanger, 1993).
En ce qui a trait à la prévalence des manifestations d'agitation, les taux varient grandement en fonction de la
méthodologie utilisée et des différents comportements à l'étude. L'APNA constituerait la forme la plus fréquente (Cohen-Mansfield, 1986), atteignant par le fait même une prévalence d'environ 80% chez les patients déments (Hope et al., 2001). Par ailleurs, les comportements d'AA seraient manifestés par 5% à 50% des résidants en unités de soins et se rencontreraient plus fréquemment sur les unités spécifiquement réservées aux individus souffrant de la maladie d'Alzheimer (Cohen-Manfield et al., 1990; Malone,
Thompson, & Goodwin, 1993). Finalement, en ce qui concerne 1'AV, les recherches en milieu institutionnel rapportent une prévalence variant entre 10% et 30% (Cohen-Mansfield et al., 1990; Cohen- Mansfield & Werner, 1994).
Les manifestations d'agitation sont susceptibles d'engendrer des conséquences négatives à la fois pour la personne elle-même, le personnel soignant de même que pour les autres individus de !'environnement immédiat (Beck et al., 2002) . Elles sont
susceptibles d'augmenter le stress ressenti par le personnel et d'entraîner des actes professionnels délétères pour les patients
(Stuble & Sivertsen, 1987). L'agitation peut également constituer un important facteur de dérangement pour les autres
bénéficiaires. À titre illustratif, il semble d'ailleurs que les victimes des comportements d'agitation agressive sont, dans une grande proportion des cas, les autres résidants des unités de soins (Malone et al., 1993). Conséquemment, une connaissance approfondie de la phénoménologie de l'agitation est nécessaire pour la mise sur pied d'interventions appropriées et ciblées pour ainsi en diminuer les conséquences négatives (Howard, Ballard, O'Brien, & Burns, 2001; Talerico, Evans, & Strumpf, 2002) .
À ce jour, le profil évolutif de l'agitation demeure un aspect imprécis et équivoque. Les différentes recherches
disponibles à cet égard rapportent des résultats contradictoires. D'une part, alors que certains chercheurs ont montré une
augmentation de la fréquence de l'agitation sur une période de deux ans (Cohen-Mansfield et Werner, 1998), d'autres n'ont observé aucun changement significatif (Wagner, Teri, & Orr-
Rainey, 1995; Marin et al., 1997), voire une diminution (Sloane, Davidson, Knight, Tangen, & Mitchell, 1999) et même une relation curvilinéaire (Asada, Kinoshita, Morikawa, Motonaga, & Kakuma, 1999) avec des intervalles variant de 2 mois à 5 ans. Trois principales limites ressortent de ces études portant sur
l'évolution de l'agitation. D'abord, hormis l'étude de Cohen- Mansfield & Werner (1998), aucune catégorisation explicite de l'agitation n'est utilisée et ce, malgré le fait que trois sous-types aient été clairement démontrés grâce à une analyse
27 Évolution de 1'agitation
factorielle. Ensuite, il apparaît que le caractère évolutif de 1'agitation a notamment été étudié auprès d'individus vivant dans la communauté avec un aidant. Néanmoins, 1'agitation est une
problématique fortement répandue en CHSLD; différentes études rapportent d'ailleurs que plus de la moitié des bénéficiaires y vivant sont agités (Cohen-Mansfield, Werner, & Marx, 1989;
Zimmer, Watson, & Treat, 1984) . Finalement, certains chercheurs ont strictement étudié la fréquence des comportements d'agitation chez des personnes présentant des atteintes cognitives liées à une démence. Les résultats à cet égard demeurent toutefois controversés (Aronson, Post, & Guastadisegni, 1993 ; Cohen- Mansfield et Werner, 1999; McCarty, Roth, Goode, & Owen, 2000; Swearer, Drachmen, O'Donnell, & Mitchell, 1988; Teri, Larson, & Reif1er, 1988; Teri, Börsen, Kiyak, & Yamagishi, 1989) et il apparaît donc approprié de se demander si 1'agitation évolue différemment selon la présence ou 1'absence d'une démence.
La présente étude a comme objectif principal de dresser un tableau de 1'évolution des comportements d'agitation auprès de personnes âgées vivant en CHSLD. Un objectif particulier de cette recherche est de caractériser cette évolution en fonction de la présence ou de 1'absence d'un diagnostic de démence. Trois sous- types d'agitation sont étudiés, soit l'AA, l'APNA et l'AV.
Méthode
La présente recherche était intégrée à une étude plus vaste dans laquelle les comportements agités de personnes âgées
résidant en CHSLD ont été évalués à trois reprises sur une
période d'environ 10 mois. Durant cet intervalle, aucune nouvelle expérimentation visant à réduire 1'agitation n'a été appliquée aux participants de la présente recherche. Le Comité d'éthique de la recherche de 1'Université Laval a approuvé cette étude.
Participants
Les participants ont été recrutés sur la base des
caractéristiques de 1'établissement où ils résidaient. Pour être admissible à l'étude, un établissement devait être un CHSLD
public, compter entre 25 et 35 soignants par unité, compter entre 25 et 35 bénéficiaires par unité et dénombrer 50% de personnes atteintes de démence parmi les usagers. Deux cent quarante-quatre participants provenant de deux CHSLD situés en milieu urbain ont débuté l'étude. Il s'agit d'un échantillon de convenance et non d'une sélection aléatoire parmi 1'ensemble des établissements de la région. Parmi les individus qui ont débuté l'étude, 51
participants sont décédés, 21 ont été transférés au cours de la recherche et 33 étaient âgés de moins de 65 ans et ont donc été exclus. Ainsi, 1'échantillon final se compose de 139 personnes âgées dont l'âge moyen est de 81.8 ans avec un écart-type de 7.62 et variant de 65 à 102 ans. L'échantillon compte 41 hommes et 98
29 Évolution de 1'agitation
femmes. La durée moyenne en hébergement est de 3 ans et 8 mois. Enfin, 55% des individus composant !,échantillon final ont un diagnostic probable de démence, dont la maladie d'Alzheimer
(39%), la démence vasculaire (23%) et la démence mixte (22%). L'échantillon à l'étude est relativement comparable à celui de la population générale rencontrée en CHSLD, laquelle se compose
notamment de femmes et d'individus souffrant d'une forme quelconque de démence (CCNTA, 2002).
Mesures
Variables descriptives.
Une fiche signalétique (annexe A) a été complétée pour chaque participant à partir de son dossier médical et de son plan de soins. Cette fiche a permis derecueillir les renseignements suivants : date de naissance, sexe, date d'admission en CHSLD, diagnostics médicaux, présence d'une démence et type de démence.
Agitation.
L'Inventaire d'agitation de Cohen-Mansfield (IACM; Deslauriers, Landreville, Dicaire, & Verreault, 2001; annexe B) a été utilisé afin d'évaluer la fréquence descomportements agités. Cet instrument évalue la fréquence de 29 comportements manifestés au cours des deux semaines précédant la mesure et ce, selon une échelle de type Likert comptant sept points allant de 1 (
jamais
) à 7 (plusieurs fois par heure
).Plusieurs études confirment les qualités psychométriques de la 1989; version originale de l'IACM (Cohen-Mansfield, Marx, et al.,
Finkei, Lyons, & Anderson, 1992 ; Miller et al., 1995) et de sa version française (Casault & Landreville, 2002; Deslauriers et al., 2001). Pour les besoins de la présente étude, les analyses ont porté exclusivement sur les items correspondant à 1,AA,
1'APNA et l'AV tel que confirmé par analyse factorielle (Casault & Landreville, 2002) . Chaque facteur comprend 6 items et le score total pour chacun est obtenu en additionnant les cotes pour
chaque item. Les scores pour chaque facteur peuvent varier entre 6 et 42.
Procédure
L'autorisation du directeur des services professionnels de chaque établissement a été obtenue afin d'avoir accès au dossier médical et au plan de soins des participants. Les infirmières qui ont complété l'IACM ont signé une formule de consentement. Les participants ont été soumis à trois temps de mesure. Les deux premières collectes de données (Tl et T2) ont été réalisées à 88 jours d'intervalle en moyenne (écart-type de 12.9 jours), suivies d'une troisième collecte (T3) qui s'est déroulée 206 jours en moyenne après la deuxième évaluation (écart-type de 22.3 jours). La fiche signalétique a été remplie à Tl et l'IACM a été complété à Tl, T2 et T3. Une infirmière qui connaissait bien le
participant a complété l'IACM à chaque évaluation après
assistant de recherche était toujours présent pour aider les infirmières à compléter l'IACM.
Résultats
Toutes les analyses ont été effectuées avec le logiciel SPSS version 10.0 pour Macintosh.
Analyses préliminaires
Le tableau 1 présente les caractéristiques des deux groupes de participants. Les groupes D et ND se distinguent
significativement sur l'âge et la durée de 1'hébergement.
Évolution de 1'agitation 31
Insérer le tableau 1 ici
Analyses principales
. Les figures 1, 2 et 3 illustrent les scores moyens de fréquence d'AA, d'APNA et d'AV obtenus pour les deux groupes de participants aux trois temps de mesure.Insérer les figures 1, 2 et 3 ici
Des analyses de covariance 2 X 3 à mesures répétées selon les facteurs diagnostic (présence de démence, absence de démence) et temps (Tl, T2, T3) ont été effectuées à partir des moyennes
calculées pour chacune des formes d'agitation. L'âge et la durée en hébergement ont été utilisés à titre de co-variables. Comme le montre le tableau 2, les rapports F associés à l'effet du temps
ne sont pas significatifs. Par ailleurs, les rapports F pour l'effet groupe (présence ou absence de démence) sont
significatifs pour 1'AA et l'APNA. Tel qu'illustré dans les
Figures 1 et 2, les participants du groupe D présentent plus d'AA et d'APNA que ceux du groupe ND. Cet effet groupe ne s'avère
toutefois pas significatif pour 1'AV. De plus, les effets d'interaction entre les deux facteurs à l'étude ne sont pas
significatifs pour aucun des trois types d'agitation. Finalement, les résultats indiquent que l'âge et la durée en hébergement des participants n'ont pas d'effet significatif sur la fréquence des trois types de comportements d'agitation.
Insérer le tableau 2 ici
Discussion
Cette étude avait pour objectif de décrire 1'évolution de trois types de comportements d'agitation en fonction de la présence ou de 1'absence d'un diagnostic de démence chez des patients hébergés. Les résultats suggèrent que les comportements d'AA, d'APNA et d'AV ne fluctuent pas de façon significative sur une période d'environ 10 mois pour les D et les ND. Ces résultats concordent avec ceux obtenus lors d'études antérieures où il y avait absence d'évolution des comportements perturbateurs sur un
33 Évolution de 1'agitation
intervalle de 4 mois (Wagner et al., 1995). Il s'avère donc
possible que 1'agitation soit un phénomène qui évolue sur de plus longues périodes de temps (au moins 2 ans) tel que rapporté par Cohen-Mansfield et Werner (1998).
La détérioration du profil cognitif dans la démence, en particulier dans la maladie d'Alzheimer, s'effectue de façon
progressive sur un laps de temps relativement long (CCNTA, 2002). Or, une période de 10 mois s'avère possiblement trop courte pour observer une détérioration significative du fonctionnement
cognitif d'où 1'apparente stabilité des comportements d'agitation sur cet intervalle de temps. Cette stabilité des comportements agités chez les ND suggère en outre que 1'agitation est causée ou maintenue par des facteurs également stables autres que la
présence d'un syndrome démentiel. Il pourrait notamment s'agir d'autres caractéristiques de 1'individu, telles que 1'autonomie fonctionnelle et la personnalité, mais également des
caractéristiques de son environnement physique et social. En regard des résultats obtenus, la pertinence d'un plan de traitement à long terme mis en place dès les premières manifestations d'agitation semble à privilégier plutôt que !'utilisation d'interventions sporadiques. L'implantation d'un tel traitement s'échelonnant sur un laps de temps important
nécessite par le fait même qu'il soit aisé à mettre en place et à maintenir, et peu coûteux.
Les résultats proposent aussi que les participants déments présentent plus fréquemment des manifestations d'AA et d'APNA que les participants non déments. Ces résultats confirment que la présence d'une démence est associée avec la fréquence de ces deux types de comportements d'agitation (Aronson et al., 1993; Swearer et al., 1988). En contrepartie, les présents résultats montrent l'absence de différence significative entre la fréquence des comportements d'AV chez les deux groupes de participants. Ceci laisse supposer que la relation avec la présence d'une démence est plus faible pour ce type d'agitation que pour d'autres
formes. Le fait que des bénéficiaires sans diagnostic de démence manifestent un patron d'AV similaire à celui de personnes
démentes renforce l'idée selon laquelle l'agitation n'est pas uniquement tributaire de la démence.
La catégorisation explicite des comportements d'agitation constitue certes une force de la présente étude. Bien que cette procédure n'ait toutefois pas permis d'identifier de patron particulier à une forme ou l'autre d'agitation, elle permet un traitement plus raffiné des données. Certaines limites de la présente étude doivent aussi être signalées. Une première limite est que seule la présence d'un diagnostic de démence tel
qu'inscrit au dossier médical de l'usager est utilisée pour distinguer les deux groupes de participants. Idéalement, la présence d'un diagnostic de démence dans le dossier médical
35 Évolution de 1'agitation
devrait être confirmée par une évaluation détaillée. Il importe donc d'interpréter nos résultats avec prudence. Dans le cadre d'une étude subséquente, il pourrait conséquemment s'avérer intéressant de contrôler la nature et la sévérité de l'atteinte cognitive. Une autre limite s'associe au fait que la période étudiée ne couvre qu'environ 10 mois. L'utilisation d'un devis longitudinal s'échelonnant sur une plus longue période de temps et ce, en combinaison avec un devis transversal, s'avérerait une approche à envisager pour de futures recherches sur le sujet. Également, l'étude de la trajectoire individuelle des
manifestations d'agitation pourrait constituer un complément fort pertinent à une étude de groupe; d'autres variables en lien avec l'évolution de l'agitation pourraient de fait être révélées. Par ailleurs, une limite supplémentaire de cette étude se situe au niveau de l'instrument de mesure utilisé pour mesurer la
fréquence des comportements d'agitation. Puisque 1'IACM est complété par un soignant, il est probable que les données recueillies avec cet instrument traduisent davantage la
perception qu'a le personnel soignant de l'agitation plutôt que la fréquence réelle de ces comportements. De plus, comme 1'IACM est une mesure rétrospective, il dépend en large partie de
l'exactitude du souvenir du répondant. De ce fait, les recherches futures devraient inclure !'observation directe de l'agitation. Également, il serait pertinent de faire une distinction entre les
individus qui manifestent un seuil cliniquement significatif
d'agitation et les autres individus. Cela permettrait en outre de vérifier la façon dont évoluent des comportements déjà en place comparativement à 1'évolution de comportements naissants. Malgré les limites inhérentes à notre étude, les résultats indiquent tout de même que 1'agitation chez les résidants en CHSLD, telle que perçue par les soignants, est stable sur plusieurs mois. Il s'agit donc d'une problématique qui requiert une prise en charge à long terme.
37 Évolution de 1'agitation
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43 Évolution de 1'agitation
Tableau 1
Caractéristiques des participants selon le groupe.
Caractéristiques Groupe
dl
t D (n=77) ND (n=62) Sexe (%) Femme 73% 68% 1 0.41 na Âge 83.6 79.5 137 na 3.27*Durée de 1'hébergement 1 an, 7 mois 6 ans, 11 mois 137 na 4.12** Nombre de diagnostics médicaux 5.7 5.5 137 na 0.41
Note.
D = Déments ; ND = Non déments ; na = non applicable.*p < .001.
Tableau 2
Analyses de covariance associées à la fréquence des comportements
d'AA, d'APNA et d'AV dans le temps chez les déments et les non
déments.
Sourcedl
SC
MC
F
AA
Temps 2 0.32 0.16 0.26 Démence 1 974.35 974.35 23.47* Temps X Démence 2 3.15 1.58 0.26 APNA Temps 2 6.91 3.45 0.64 Démence 1 201.34 201.34 5.96** Temps X Démence 2 8.38 4.19 0.11AV
Temps 2 1.90 0.95 0.08 Démence 1 4.37 4.37 0.05 Temps X Démence 2 30.87 15.44 1.24Note.
SC = Somme des carrés ; MC = Moyenne des carrés.*p < .0001
45 Évolution de 1'agitation
Liste des figures
Figure 1.
Scores moyens de fréquence d'AA obtenus en fonction du temps chez les deux groupes.Figure 2.
Scores moyens de fréquence d'APNA obtenus en fonction du temps chez les deux groupes.Figure 3.
Scores moyens de fréquence d'AV obtenus en fonction du temps chez les deux groupes.13 12,5 12 11,5 11 10,5 10 9,5 9 8,5 8 7,5 7 6,5 6 —♦—Déments
- - Wt -
Non-dément s 3 2 Temps 113 2,5 12 1,5 11 0,5 10 9,5 9 8,5 8 7,5 7 6,5 6 47 Évolution de 1'agitation —♦— Déments ־ ■־ ־ ־ Non-dément s ♦ 3 2 1 Temps
—♦— Dément s - ־ - - Non-dément s ר 13 12,5-12 -11,5 11 -10,5 10 9,5 8,5 8 -7,5 7 6,5 -3 Temps S c o r e d e f r é q u e n c e
CHAPITRE III Conclusion générale
3.1
Conclusion
Ce mémoire a été réalisé afin d'évaluer si les comportements d'agitation, explicitement regroupés sous trois types et
manifestés par des bénéficiaires âgés déments et non déments vivant en CHSLD, voyaient leur fréquence varier sur une période d'environ dix mois. En guise de conclusion, les résultats obtenus sont d'abord rapportés, puis vient ensuite une présentation des forces et limites de la présente étude. La section subséquente en aborde les principales implications et soulève certaines avenues de recherches futures.
3.2
Résultats
Les résultats de la présente recherche indiquent 1'absence d'évolution des trois types d'agitation à l'étude et ce, sur une période d'environ dix mois. Néanmoins, il semble que les
bénéficiaires déments et non déments se distinguent
significativement quant à la fréquence de leurs comportements d'agitation physique agressive et physique sans agressivité. Cette différence n'est pas observée pour ce qui est de
1'agitation verbale.
3.3
Forces et limites de l'étude
D'abord, puisque la présente étude a utilisé une
51 Evolution de 1'agitation
1'analyse factorielle de l'Inventaire d'agitation de Cohen-
Mansfield (Casault & Landreville, 2002; Cohen-Mansfield, Marx et al., 1989), il semble donc que cela témoigne d'une bonne validité de construit. Cette façon de faire constitue certes une
importante contribution puisque la plupart des études réalisées antérieurement répertoriaient des comportements plus ou moins spécifiques sans les classifier de façon distincte sur la base d'un rationnel bien défini. De plus, l'étude des manifestations d'agitation chez les bénéficiaires déments et non déments vivant en CHSLD revêt assurément une portée considérable. En ce sens, puisque les conséquences engendrées par les comportements
d'agitation sont nombreuses tant pour le patient lui-même que pour le personnel soignant et les autres gens qui le côtoient, une connaissance approfondie à cet égard pourrait certainement mener à des plans de soins plus appropriées qui allégeraient la
souffrance de l'individu atteint et le fardeau des soignants. Ainsi, il semble donc que la nature de cette étude possède aussi une bonne validité écologique du fait qu'elle s'appuie sur des comportements
in vivo
susceptibles d'être dérangeants pourl'entourage. Finalement, puisque !'échantillon est composé d'un grand nombre de bénéficiaires provenant de différentes unités de soins situées dans deux CHSLD et qui paraissent représentatifs de la population générale en CHSLD (CCNTA, 2002), la généralisation
des résultats à 1'ensemble des individus âgés vivant en centre d'hébergement s'en trouvent donc positivement affectée.
En contrepartie, certaines limites peuvent aussi être soulevées. D'abord, la nature et le degré de détérioration cognitive des participants à l'étude ne sont pas contrôlés, ce qui ne permet certes pas d'émettre des conclusions précises et raffinées quant à la relation unissant la fréquence de
l'agitation et l'atteinte cognitive. Ensuite, l'instrument de mesure utilisé afin de répertorier les comportements d'agitation des participants est fortement susceptible de ne pas refléter le phénomène de façon pure. En ce sens, les connaissances et
croyances des soignants à l'égard de l'agitation pourraient
certainement avoir teinté leurs réponses et ainsi occasionner un important biais quant à la fréquence réelle des comportements manifestés. Puisque 1'IACM nécessite une évaluation
rétrospective, cela pourrait également avoir joué sur l'exactitude des réponses données au questionnaire.
3.4
Implications et avenues de recherches futures
Cette étude visait à vérifier le caractère évolutif de trois types de comportements d'agitation sur une période de dix mois. Les résultats établis laissent fortement supposer que l'agitation est un phénomène qui évolue sur une plus longue période de temps
53 Évolution de 1'agitation
sur le sujet (Asada et al., 1999; Cohen-Mansfield & Werner, 1998). À cet effet, la mise en place de plans de traitement à long terme, comparativement à des interventions sporadiques, semble donc à privilégier. Certaines avenues de recherches
restent évidemment à explorer avant de statuer définitivement sur les différents plans de soins s'adressant aux gens souffrant ou non de démence et qui manifestent des comportements d'AA, d'APNA et d'AV.
D'une part, considérant les limites engendrées par
!'utilisation d'un questionnaire complété par un soignant et nécessitant une évaluation rétrospective, la mise en place d'un protocole comprenant une mesure d'observation directe semblerait hautement souhaitable. De même, puisque le caractère évolutif de types spécifiques d'agitation ne paraît pas perceptible sur une période de dix mois, une combinaison de devis transversal et longitudinal s'échelonnant sur une plus longue période pourrait s'avérer nécessaire afin de statuer plus définitivement sur le caractère évolutif de l'AA, l'APNA et l'AV chez les déments et les non déments.
À la lumière des résultats obtenus, l'étude des
caractéristiques personnelles des individus souffrant d'agitation pourrait aussi constituer une piste intéressante de recherche future. En ce sens, 1'apparente stabilité des comportements agités chez les gens sans démence de notre échantillon appuie
notamment l'idée selon laquelle 1'agitation serait causée ou maintenue par des facteurs également stables autres que la
démence (McCallion, Toseland, Lacey, & Banks, 1999) . Il pourrait en outre s'avérer pertinent d'étudier d'autres caractéristiques de 1'individu, telles que 1'autonomie fonctionnelle et la
personnalité, mais également des particularités de 1'environnement physique et social.
55 Évolution de 1'agitation
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