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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Introduction aux XIIIèmes Journées Un changement de rapport à l'environnement ?

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Texte intégral

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UN CHANGEMENT DE RAPPORT

A L'ENVIRONNEMENT

?

André GIORDAN LDES Université de Genève

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Pour ouvrir ces treizièmes journées, il est inutile de rappeler les "gros" problèmes d'environnement: effet de serre, pluies acides, désertification, marées noires, disparitions des forêts tropicales, multiples pollutions de l'eau, grandes catastrophes type Seveso, Tchernobyl, et sans doute ce qui se passe actuellement dans le Golfe'. Tous les participants les ont en mémoire et ce n'est pas le but spécifique de ces rencontres. Tout au plus, pourra-t-on échanger nos opinions pour se repérer dans des débats toujours contradictoires comme le réchauffement de la planète ou la perforation de la couche d'ozone.

Ces journées ont un autre projet Il est d'augmenter la mobilisation des individus en faveur de l'environnement. Pourtant, une sensibilisation existe aujourd'hui.Lesuccès des thèmes écologiques est sans doute un bon indice. Cependant, cette prise de conscience est-elle largement répartie dans la population? et entre les pays? Ne reste-t-elle pas l'affaire de petits groupes militants certes, mais encore isolés? Est-elle toujours opératoire? Ne tombe-t-elle pas parfois dans la sensiblerie? Ce qui devrait nous interpeller durant les treizièmes JIES, ce sont nos modes de pensée? Nos cadres de références, même lorqu'ils se veulent scientifiques ou technologiques, ne restent-ils pas primitifs pour appréhender l'environnement dans son ensemble? Nos raisonnements ne sont-ils pas frustes? Notre aptitudeàprévoir les événements, étroite? Est-il nécessaire d'ajouter nos conceptions de la souveraineté nationale, archaïque, et nos techniques d'administration et de gestion surréalistes ou barbares? Mais, n'a-t-on pas les décideurs et les lieux de décision que l'on se donne?

Sans aucun doute, c'est un changement de rapport à l'environnement qu'il faut propager? Un autre état d'esprit, où "coût écologique" et prévisionsàlong terme doivent être introduits avant tout projet ou aménagement de développement, au même titre que l'''économique''. Mais pour chacun de nous, c'est aussi un autre regard sur nos activités humaines qu'il s'agit de développer où se mêlent savoirs, motivations et sens de l'engagement Quelles sont les conséquences de nos actionsà long terme? Que se passe-t-il si nous décidons d'utiliser tel objet ou d'aménager tel espace? Peut-être même, faudrait-il être utopique et penser une nouvelle déontologie des relations individuelles' et socialesàl'échelle de la biosphère ?

Et dans cette mutation culturelleàproduire, quel va êtrelerôle de l'école et la place des médias ? Comment l'enseignement et la médiation scientifiques devront être réorientés pour prendre en compte ces nouvelles exigences?

L'idée d'environnement

Ecoute, bûcheron, arrête un peu le bras! Ce ne sontpasdes bois que lU jettesàbas; Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce?

RonsardContre les bfJcherons de la lorlt de G4tines

L'émergence de la notion d'environnement -telle qu'on l'entend actuellement- a duré approximativement un siècle. Deux dates de référence peuvent être mises en avant: 1872-1972. Bien sûr, l'intérêt de l'homme pour la nature et sa protection est très ancien. On pourrait citer pêle-mêle Pline, Saint Augustin, Giordano Bruno, Campanella, Ronsard, et bien d'autres.

1Ces Journées se tenaient durantlaguerre de Golfe.

2L'accèsàl'infonnation, l'acquisition de connaissances ne sont jamais évidents. Toutefois la prévention, l'engagement dans une action sont autrement plus délicatsàobtenir par des actions éducatives. Elle implique une transfonnation des mentalités. des comportements et surtoutdel'affectivité...

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De même, on n'a pas attendu 1872 pour dénoncer des dysfonctionnements. Toutefois 1872, c'est le début d'une époque nouvelle. C'est la date de la création du célèbre Parc National de Yellowstone sur le territoire des indiens Crow, décrit comme une merveille de la Nature. 1872, c'est surtout la naissance d'un ensemble d'associations pour "conserver" -comme on disait alors- la faune et la flore sauvages d'une part, les sites et les monuments d'autre part. Citons panni les plus prestigieuses, le Sierra Club et l'Audubon Society aux Etats-Unis, la National Trust en Grande Bretagne et la Société Zoologique d'Acclimatation en France.

1972, c'est la première conférence internationale sur l'environnement de Stockolm. Le document fmal en 26 points constitue une sorte de complément àla déclaration des droits de l'homme. Voyez l'article premier: "Tout homme a droit à un environnement de qualité et le devoir de le protéger pour les générationsjutures" .

Entre temps, un siècle, durant lequel notre Terre a connu le plus formidable boom économique et démographique, et surtout une exploitation acharnée des ressources matérielles et énergétiques. En retour, comme une sorte de feed-back, un sentiment qui se propage dans les populations humaines: "ne va-t-on pas trop loin"?

Ce sentiment va être popularisé lors de trois chocs largement médiatisés:

- 1962, le livre d'un biologiste Rachel Carlson,Printemps silencieux, trace un sombre tableau de

l'environnement gravement pollué par une série de produits chimiques, le DDT était alors mis en avant,

- 1967, lamaréenoire du Torrey Canyon montre concrètement les périls qui guettent les mers et les rivages,

- 1965-1968, l'émergence progressive de ce qui deviendra le scandale de Minimata -en date d'ailleurs de 1953- ; cetteaffaireapporte la preuve du "black-out" par des industriels et des décideurs sur ce qui menace les hommes.

Dans cette prise de conscience, les médias ont joué un rôle essentiel et incontestable. L'école est restée à la traîne !Quelques rares tentatives ont eu lieu en son sein. Elles se situent essentiellement dans le prolongement des "études de milieu". Elles sont d'ailleurs le fait d'enseignants, le plus souvent de "militants" naturalistes ou humanistes, devrait-on dire!

Il faut attendre 1974 pour que l'UNESCO, en liaison avec le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement), essaie d'impulser un changement. Ces organisations mettent en place un programme dit "organisateur" sur "l'éducation arnbiantale", "l'éducation rnésologique", "l'éducation

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de l'environnement", "l'éducationàl'environnement".Onne sait pas encore comment la nommer! Le point de départ officiel est la conférence de Belgrade, 1975, suivie deux ans plus tard par la conférence intergouvernementale de Tbilissi. A titre d'anecdote, pour démontrer le peu d'intérêt accordé à l'environnement par les Ministres de l'éducation d'alors, il faut vousdireque j'avais été choisi parleMinistère français de l'éducation pour le représenter! Le choix a sûrement été pertinent pour la suite, je n'en doute pas! Mais cela signifie surtout qu'aucun haut responsable n'avaitcrûbon de se déplacer. J'étais alors un obscur enseignant-ehercheuràl'INRP et l'on m'avait recommandé "la plus grande prudence".

Les premières tentatives sérieuses d'Education relativeàl'environnement -puisque c'est le vocable choisi alors- s'inscrivent ainsi dans des programmes internationaux. L'UNESCO et le PNUE restèrent les deux organisations internationales les plus actives. Elle patronnèrent notamment une série de recherche pilote dont la désormais célèbre recherche INRP-UNESCO-PNUE que nous avons eu la chance de diriger de 1976 à 1980. Elles créèrent la première collection de documents pour la formations des enseignants : Série documentation environnementale dont un grand nombre de numéros seront réalisés par Christian Souchon. Pour soutenir et enrichir leur action, elles mirent en place une suite de conférences régionales ainsi que la conférence intergouvernementale de Thilissi (1987) qui fut sans doute le point d'orgue de cette phase institutionnelle.

En Europe, la CCE et Conseil de l'Europe en Europe patronnèrent un réseau d'écoles pilotes. En Afrique et en Amérique, des organisations non-gouvernementales (dont WWF, Greenpeace) soutiendront quelques tentatives éparses ainsi que la réalisation d'une documentation de base. Malheureusement ces initiatives n'auront pas beaucoup de suite dans les écoles, du moins sur le plan de la généralisation. Elles resteront toujours l'affaire d'enseignants, d'animateurs motivés.

Premières tentatives, premiers bilans

Quinze ans après, quel bilan peut-on tenter pour ces Journées? Il n'est pas très éloquent Il n'est pas plus optimiste que celui j'avais présenté lors de la conférence de Moscou, pour les dix ans de la conférence intergouvernementale de Tbilissi (1987). Quels en sont les éléments marquants?

Les grands médias ont sans aucun doute éveillé l'opinion publique, en traitant un certain nombre de tragédies. Cependant leur impact en matière de formation de la population reste largement limité. Ils ne dépassent rarement l'événementiel. Depar leur usage habituel, ils ne peuvent faire acquérir des méthodes de travail, ni des concepts de base. On ne peut leur faire reproche, ils ont pratiquement été les seuls sur le terrain.

Le risque, dont ils n'ont pas toujours conscience, est qu'ils peuvent désinformer en banalisantlesujet ou en insufflant l'illusion d'un savoir. Parce que le public répète des mots comme "pollution", "effet de serre", "trou d'ozone", il a l'impression de connaître. Malheureusement, ce savoir n'est pas souvent opératoire.

Des associations se sont développées, souvent disparates. Elles ont sans aucun doute largement contribué àla prise de conscience. De leurs rangs, sont sortis quelques "éléments de pointe". Ils se retrouvent aujourd'hui sur le terrain politique.

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Ces associations sont caractérisées généralement par un "bon vouloir". Ce dernier masque toutefois une absence de savoir et de méthode de travail. Il en résulte beaucoup de spontanéisme dans les changements souhaités. Il ne suffit pas de réclamer la participationàla gestion, il faut pouvoir l'exercer.

Ce bon vouloir peut aussi se réfugier dans des comportements irrationnels ou passéistes de plus en plus fréquents.

De nombreuses administrations ont compris l'importance du mouvement écologique. Elles ont promu une documentation importante, notamment au niveau des collectivités locales. Mais cette documentation est-elle utile sur le plan de la prise de conscience des problèmes? Très souvent, elle reste simplement publicitaire, elle constitue une sorte de "faire-valoir" des élus ou de l'administration" Quand elle cherche réellement à informer, elle devient fréquemment illisible ou incompréhensible. Parallèlement, ces administrations nationales ou locales ont créé des structures d'informations ou des lieux d'accueil pour des activités environnementales. Celles-ci se situent le plus souvent dans le prolongement de l'école. Suivant les pays, il peut s'agir declasses blanches ou de montagne, de classes bleues, venes ou émeraudes. Quelquefois, elles sont en relation avec un écomusée, un club

scientifique. Il peut s'agir aussi de centres intégrés dans les parcs nationaux ou régionaux, ou encore de centres d'initiation (ou de sensibilisation)àl'environnement.

Mais ces structures sont-elles toujours connues? Peuvent-elles répondre aux demandes très disparates? Ont-elles les moyens de disposer de personnel compétent?

Dans l'enseignement,ily a eu, bien-sOr, quelques incitations. Il faut noter qu'elles se situentàtous niveaux, dans toutes disciplines et dans tous les pays. Des programmes, des curriculums ont été réorientés. Des activités, du matériel ou des objectifs ont été produits qui prennent en compte cette dimension. Parfois, des ateliers, des projets ont été menésàbout avec beaucoup de succès.

Au Québec, une documentation importante a été mise en place par la Centrale de l'Enseignement. En France, en Belgique des réseaux se sont constitués comme le réseau Ecole et Nature ou le réseau IDEEs. En suisse romande, un tiers du temps pédagogique primaire a même été dénommé "environnement". Dans les pays scandinaves et en Australie, des associations professionnelles se sont fondées ou se sont réorientées.

Toutefois, si l'on fait des enquêtes sérieuses, on constate que l'implantation d'une éducation relativeà

l'environnement s'avère encore très faible. En Europe, moins de 5% des élèves sont touchés. En outre l'impact qualitatif auprès des élèves reste limité. Souvent sous le vocable d'environnement, on continueàtraiter les thèmes classiques, au travers d'une pédagogie habituelle tout juste rafraîchie.

3Je tiensàdisposition quelques documents des Paysde l'Est de l'Europe. Avec le recul, et connaissant les problèmes

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Deux questions vont donc nous préoccuper pendant ces journées:

1. Que faut-il enseigner ou médiatiser? C'est-à-dire sur quelles finalités mettre la priorité? Et pourquoi? Questions de curriculums, de contenus et d'objectifs? Questions de réorientation indispensable des programmes, notamment scientifiques, et même, questions de disciplines d'enseignement? L'enseignement peut-il rester figé sur le découpage en disciplines héritées du XIXème siècle?

2. Comment "faire partager" cette préoccupation ? Problèmes de méthodes pédagogiques ou de pratiques médiatiques. Problèmes d'innovations à introduire et même, questions de recherches didactiques et médiatiques. L'enseignement, la médiation fonctionnent encore trop souvent sur des idées d'apprentissage largement dépassées' .

Que faut-il enseigner ou médiatiser ?

En matière d'environnement, que peut-on enseigner ou médiatiser? Les sujets d'actualité ne manquent pas malheureusement ; des pollutions aux nuisances immédiates, de la démographie galopanteàla désertification. Quelles réorientations seraient-elles profitables?

L'école, les centres d'environnement étudient trop souvent des lieux privilégiés: un parc, un milieu protégé. Pourtant, le milieu urbain constitue un excellent support pour une sensibilisation. Les réalités de notre époque y sont plus perceptibles. L'école, la rue, le quartier sont un bon point de départ pour se repérer dans son milieu. L'amélioration du cadre et des conditions de vie (circulation, espaces verts, lutte contre les pollutions visibles ou invisibles, absence de convivialité des lieux de vie) constituent autant de pistes.

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L'étude d'une situation qui fait problème est toujours à privilégier. L'enseignement, les animations peuvent se centrer sur les questions qui concernent directement les apprenants: une nuisance visuelle (atteintes au paysage), accoustique (bruit) ou olfactive (implantation d'une décharge), ou une athmosphère générale perçue de façon intolérable (la vie dans une banlieue). Elles peuvent envisager des questions qui sortent de la vie quotidienne (problèmes des lessives, des décharges ménagères). Dans un second temps, elle ne doivent négliger les phénomène glogaux de la biosphère (démographie effrainée, désertification, ete.) ou les retombées à long terme (stockage des déchets chimiques ou nucléaires, problème énergétiques, etc.).

• Bien sûr, il faut ne pas ignorer les questions d'intendance, une principale: la fomation des enseignants, mais aussi des journalistes et des animateurs. Ni oublier les questions institutionnelles, une parmi tantd'autres: Comment faire évoluer des systèmes, qu'ils soient scolaires ou médiatiques, souvent figés?

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Ces contenus nécessaires soulèvent une importante préoccupation didactique. Tout environnement qui pose problème présente une certaine complexité. Par exemple le phénomène des pluies acides illustre parfaitement le type de savoir à faire partager.ilne peut se concevoir que de façon polyfactorielle, interactive et dynamique.

L'absence de formation, notamment scientifique et technologique -au sens large- constitue certainement un freinàla compréhension.

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Multicauses des pluies acides (Docwnent Giordan)

Comment introduire cette dimension dans une éducation et une culture scientifique? Devant l'inflation du savoir,ilest hors de question d'entrer dans le détail. Un corps de concepts de base doit être envisagé pour fournir des repères propresàorganiser les apprentissages. TI peut constituer une "colonne vertébrale" sur laquelle peuvent se structurer progressivement les savoirs.

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Concepts de base (Document Giordan)

Au-delà de ces problèmes et de ces connaissances, cette éducation ne doit perdre de vue qu'elle a pour but de transformer des comportements. C'est d'abord une attitude de concernation' et de responsabilité qu'elle doit développer. Ce sont également des démarches d'investigation présentant des caractéristiques nouvelles.

Sans qu'il soit une panacée, un tableau d'objectifs peut être un instrument utile pour les formateurs. Celui que je vous présente comprend des objectifs de différents types:

- d'attitudes (comportements);

- de démarches (ou méthodes de travail); - de connaissances (concepts structurants);

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Tableau d'objectifs (DocumentGiordan)

5L'idée de motivation n'est pas assez forte dans le cadre d'une telle éducation. Les apprenants ontbesoind'être fortement

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En tant que scientifique, certains aspects éducatifs spécifiques ànos branches devront attirer particulièrement notre attention car ils nécessitent des remodelages:

- comment introduire une démarche expérimentale qui ne reste pas seulement analytique?

- comment aborder des problèmes complexes qui requièrent des connaissances actuelles et multiples? - comment approcher des situations qui nécessitent des investigations diverses, situations qui n'admettent pas forcément une seule solution?

- comment favoriser la modélisation et la simulation indispensables? - comment concilier approche rationnelle et prise en compte des valeurs ?

Chacun de ces points demandent des études didactiques spécifiques. Déjà des orientations ont été produites, elles demandentàêtre corroborées dans d'autres circonstances et avec des publics variés. Un point a été particulièrement peu travaillé,ils'agit de celui des valeurs. Dans 90% des cas, les problèmes d'environnement ne sont pas le produit d'une fatalité. Leurs causes sont moins au niveau des contraintes (physiques, géologiques, biologiques, météorologiques, etc.) qu'au niveau des choix effectués par des hommes. Orces choix reposent sur des valeurs le plus souvent éthiques, dont l'économique, et parfois esthétiques.

Personne ne peut les éluder dans une Education pour l'Environnement. Voilà un point immense à

discuter. Peut-être faut-il le faire de façon homéopathique !En tout cas la situation s'y prête, les idéologies ont fait leur temps ; avec elles un certain nombre de blocages ont disparu. Profitons-en pour promouvoir ce type de reflexion6

• Une nouvelle éthique peut en résulter, elle ne serait pas

superflue.

Comment enseigner ou médiatiser de tel savoir ?

Une Education pour l'Environnement n'est pas quelque chose de simple et d'évident à mettre en place. Tous les jours, on peut constater combien l'analyse théorique seule est insuffisante. Une possiblité qui s'avère efficace en matière d'environnement est de faire entrer les apprenants dans une démarche de solutionsàdes situations qui posent problèmes7

?

Cette statégie implique d'abord d'identifier les problèmes.liy en a rarement un seul. Il ne s'agit pas seulement de les résoudre. Il s'agit d'abord de les poser, du moins de donner prise à une investigation. En termes plus simples, il s'agit de voir en quoi ils retournent, d'analyser les causes. Nous savons qu'elles sont multiples.lifaut alors les hiérarchiser, mettre en avant leurs interrelations et les structurer dans le cadre d'un systèmeàpréciser.

lis'agit ensuite de rechercher des solutions alternatives. Dans tous les cas, l'apprenant doit déboucher non pas sur une solution idéale car utopique, mais sur des prévisions. Il doit se pencher sur des changements possibles à court ou moyen terme?

Dans ce processus, le savoir "utile" en matière d'environnement, ne peut être découpé,àl'image des autres savoirs scolaires. Si l'on regarde le coût écologique de l'automobile, il est impossible d'en resteràl'approche énergétique ou aux pollutions habituellement envisagées.

6Le but d'une telle éducation ne se situepasdanslatransmission d'un système de valeurs. D'ailleurs, nous serions bien en peine de le trouver! Toutauplus pourrait-on mettre en avant des valeurs où tout le mondesereconnaît, comme: tolérance, solidarité, entre gens de notre temps vivant sur la Planète, mais surtout vis-à·vis des générations futures, responsabilité.

Pour introduire cette dimension, ('action éducative pourrait s'envisager dans un mécanisme de clarification, d'explicitation des valeurs et de leurs conséquences, etde mise en relation entre savoirs et valeurs.

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Bien que ces dernières soient déjà primordiales en elles-mêmes, une démarche environnementale propreàdécider raisonnablement des moments' d'utilisation de la voiture implique de décortiquer les retombées de celle-ci depuis sa fabrication jusqu'à sa destruction.

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Multinuisances dues à l'usage de la voiture (estimation pour la France) (Document Giordan-Lintz) • Une démarche environnementale s'inscrit dansWIprocessus, eUe ne débouche pas sur une loi dutoutou rien. Un usage ne peutêtreque relatif el contextualisé.

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De plus chacun des paramètre devra être mis en relation polydirectionnelle. Une optique systémique s'avère alors indispensable. Une éducation pour l'environnement doit conduire l'apprenant à fabriquer une grille d'analyse de la situation par intégration des différentes approches -qualifiées rapidement de classiques- : physique, écologique, sociale, économique, etc.

Cet outil pertinent pour faire surgir les problèmes, appelons-le "macroscope" pour reprendre une expression célèbre deJ. de Rosnay. Il suppose:

- d'identifier les éléments du système, le contexte dans lequel ils se situent et les lois régissant leurs interactions,

- d'utiliser la "description" en termes de système, pour envisager des synergies entre les causes et d'inventer des solutions moins dommageablesàl'environnement,

- de faire des scénarios pour mettre en évidence des évolutions possibles du système.

Ladémarche scientifique habituelle risque d'être remodelée comme le propose le tableau ci-après.

Enseignement

traditionnel

résoudre des problèmes théoriques déjà posés qui admettent une solution et une seule

sc limiter à la résolution d'un problème

Education pour

l'environnelnent

savoir poser des problèmesà partir d'une situation vécue

envisager pl usieurs solutions ou des solutions approchées

déboucher sur un plan d'action pour solutionner "au mieux" la sitlution problématique

approche réductionniste basée sur l'analyse sens de la pertinence (coller:1II réel) approche synthétique par comhinatoire de multiples investigations

raisonnement hypothético-déductif priorité au démonstratif et au déductif priorité aux connaissances disciplinaires

tra vailler seul

raisonnement hypothético-déductif inclus dans un démarche systémique

liaison savoir/savoir-raire

envisager le savoir comme un outil au service d'un projet

savoir travailler en groupe, coupérer

La démarche toutefois ne s'arrête pas là.

n

està la fois utile et fructueux que cette stratégie débouche sur des actions réelles. Une telle pratique permet de mobiliser le savoir, de le borner, éventuellement de l'interroger et de comprendre comment sont élaborés les choix et par qui? Elle habitue à élaborer, d'une part un plan d'action réaliste, éventuellement une planification, et d'autre partune étude de faisabilité (ou de changement) avec des prévisions, des analyses de conséquences et une recherche des supports, des agents et des moyens pour réaliser cet aménagement nouveau ou cette forme de gestion autre.

Enfin, à tous les niveaux, ils'agit aussi de réguler, d'évaluer la démarche. On atteint rarement d'emblée la pertinence. En fait, c'est un apprentissage de la pragmatique qu'il s'agit de mettre en place.Orvous savez combien celle-ci est balbutiante même chez les personnes dont c'est le métier: autorités locales, décideurs, administrateurs!

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Un apprentissage de la pragmatique

Les difficultés d'appliquer de telles stratégies éducatives ou médiatiques sont nombreuses. En effet, les enseignants, les animateurs ont l'habitude de progressions rationnelles, allant du simple au complexe, du concretàl'abstrait, donc du fragmentaire à la totalité. Ils n'abordent généralement les phénomènes complexes qu'au terme d'une longue maturation, et ne traitent vraiment de l'environnement qu'à travers des études parcellaires, peu ou pas enracinées dans le milieu.

Les médias, au contraire, abordent directement ces aspests, mais globalement et sans les approfondir. Ils les illustrent par des aspects anecdotiques. Ainsi se juxtaposent chez les apprenants deux sortes de cultures: celle superficielle que diffusent les moyens de communication de masse, et celle de l'école, enfermée dans des programmes diciplinaires sans grand rapport avec la réalité vécue.

Le travail qui nous incombe est considérable. La tâche qui nous attend est immense. Je crains que nous ne puissions en faire le tour en 3 jours. Question cruciale pour la survie et le bien-être de l'humanité certes. Mais aussi, comment transformer tout à la fois le système éducatif et le système culturel!

Pour ne pas rester utopique, on peut à court terme recenser les entreprises réaliséespour ouvrir l'école? Comment des relais multiples et variés peuvent fonctionner pour compléter les efforts de l'éducation formelle? Des spécialistes de l'environnement, des centres spécialisés existent, comment les insérer dans une approche scolaire de l'environnement? Comment éventuellement peuvent-ils s'y substituer pour pallier à certains déficits ?

La presse, l'audiovisuel ont des formidables ressourcesàexploiter. Comment une éducation intégrée peut-elle être envisagée? Des expériences semblent donner des résultats, donnons-nous la peine de les évaluer sérieusement pour en tirer des enseignements.

Cette approche conduit incontestablement à discuter les caractéristiques de la formation des enseignants, des animateurs et des médiateurs à la fois. Elle peut même nous entraîneràaborder des tabous! En particulier l'organisation du temps scolaire!Onparle très souvent de la durée de l'année scolaire, on la modifie très peu. On n'ose jamais aborder un principe établi: un prof, une discipline, une classe, une heure sur l'année. Existe-t-il une commission qui ait osé poser la question!

Quant aux médias, ils apparaissent intouchables. Ils s'installent dans une routine qui n'a de comparable que le mandarinatdela Chine du XVème siècle. Un mandarinat qui ne peut donner prise à aucune ingérence dans son fonctionnement.

On rencontre ici un autre thème important pour l'environnement: celui du changement. Au moment où l'on constate, une fois de plus, l'échec des grandes utopies, l'illusion et les dérapages des révolutions, quel modèle introduire pour faire évoluer nos sociétés?

Certes, cet aspect dépasse le projet de ces journées et même les propos de l'environnement. Cela ne veut pas dire qu'on puisse l'éluder, tant les convergences sont nombreuses.

La stratégie proposée au préalable où se rnèlent, approche de situation posant problème, innovations et évaluations, analyse systémique et clarification des valeurs, peut-elle être une solution ou du moins un embryon de solution?

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Si oui, comment la mettre en place dans un projet collectif? Cette démarche a cependant un inconvénient majeur: elle laisse peu de place aux "rêves". Oren éducation ou en médiation, les théories qui attirent les enseignants, les médiateurs et les décideurs sont celles qui font rêver, celles qui ont un "truc"!Une réponse simple et généralisable quel que soit le problème ou la situation. La réponse que nous vous suggérons est différente, elle laisse peu de prise aux illusions, elle consiste à élaborer des modèles partiels d'intervention et de les corrroborer dans la pratique. Pourra-t-on en tirerdes lois générales et généralisables? Mais est-ce bien utile? peut-on faire autrement? N'est-ce pas là que se situe le changement fondamental de mentalités nécessaire!Seules les transformations progressives et bricolées semblent durables.

Pour en savoir plus:

A. Giordan et C. Souchon, Une éducation pour l'environnement: mode d'emploi,

(14)

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Contre projet d'autoroute proposé par des élèves du lycée

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Affiche pour une enquête en vue d'un aménagement urbain réalisé par des élèves du collège

du Champagnolle

Documents issus de la recherche INRP, UNESCO PNUE qui a concerné plus de 2000 élèves de 25 écoles primaires et secondaires. Ce travail a duré 4 ans, plus de 30 thèmes différents ont été traités:

- partirde problèmes vécus comme l'aménagement d'un espace,

- partir d'une situation concrète, exemples: une pollution, une nuisance, un aménagement d'espace, - développer des investigations multiples telles que des enquêtes,

- développer un projet qui débouche sur des activités concrètes, exemples: • expositions pour informer les autres élèves/les parents, • interventions auprès des autorités locales,

• réalisation de matériel àpartirde produits de récupération,

Références

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