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Performance diagnostique de l'échelle de dépression gériatrique auprès de personnes âgées présentant des troubles cognitifs modérés à sévères

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Academic year: 2021

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ANNE-MARIE BOLDUC

SO* 5

0¿u£.

PERFORMANCE DIAGNOSTIQUE DE L’ÉCHELLE DE DÉPRESSION GÉRIATRIQUE AUPRÈS DE PERSONNES ÂGÉES PRÉSENTANT DES

TROUBLES COGNITIFS MODÉRÉS À SÉVÈRES

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de !,Université Laval

pour !,obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps.)

École de Psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITE LAVAL

SEPTEMBRE 2000

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Ce mémoire avait comme objectif général d’estimer la performance diagnostique de l’Échelle de Dépression Gériatrique auprès de personnes âgées francophones ayant des atteintes cognitives modérées à sévères. Plus spécifiquement, cette étude avait pour but de déterminer à partir de quel niveau d’atteintes cognitives l’Échelle de Dépression Gériatrique n’est plus valide, sachant que ce test est apte à identifier correctement la dépression lorsque les personnes âgées n’ont pas de troubles cognitifs mais qu’il perd de sa validité lorsque les individus ont des troubles cognitifs sévères. Cette étude se proposait également d’estimer les qualités métriques de l’EDG avec des personnes âgées qui présentent des atteintes cognitives à savoir la consistance interne à l’aide du coefficient alpha et de la corrélation moitié-moitié et la fidélité test-retest.

L’EDG a faussement identifié 25% des participants ayant des atteintes cognitives comme étant déprimés contre 6.7% des participants n’ayant pas de troubles cognitifs. La consistance interne était de 0.37 et la corrélation moitié-moitié était de 0.39 pour l’ensemble des participants. Le coefficient de corrélation test-retest pour les 24 participants ayant des troubles cognitifs était de 0.59 après un délai de 2 semaines. Ces résultats inférieurs à ceux des autres études peuvent être expliqué par l’insuffisance des participants.

Jean Vézina Anne-Marie Bolduc

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Page

RÉSUMÉ... i

TABLE DES MATIÈRES... ii

LISTE DES TABLEAUX... iv

CHAPITRE I INTRODUCTION... 1

1.1 La dépression : une problématique importante... 1

1.2 Les difficultés reliées à T évaluation de la dépression gériatrique... 8

1.3 L’Échelle de Dépression Gériatrique... 10

1.4 Objectifs de l’étude... 15

CHAPITRE II MÉTHODE... 16

2.1 Participants... 16

2.2 Matériel... 17

2.3 Procédure... 19

CHAPITRE III RÉSULTATS... 20

CHAPITRE IV DISCUSSION... 22

4.1 Conclusion... 27

32 RÉFÉRENCES

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A FORMULAIRE DE CONSENTEMENT B FICHE SIGNALÉTIQUE

C ÉVALUATION DE L’UTILITÉ D’UNE ÉCHELLE DE DÉPRESSION EN PRÉSENCE DE DÉFICIT COGNITIF

D ÉCHELLE DE DÉPRESSION GÉRIATRIQUE E CONTRÔLE MENTAL

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Page Tableau 1. Résultats des études comparant les indices de fidélité du EDG... 28

Tableau 2. Sommaire des caractéristiques des participants et des résultats aux tests ... 30

Tableau 3. Résultats des moyennes et des test-t à chacune des questions du EDG pour les participants ayant des atteintes cognitives et les participants

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INTRODUCTION

1.1 La dépresssion : une problématique importante

Afin de répondre adéquatement aux besoins de la population vieillissante, il faut s’attarder non seulement aux problèmes physiques des adultes âgés mais tout aussi bien à leur besoin au niveau de la santé mentale. Parmi tous les problèmes de santé mentale que l’on retrouve à la vieillesse, plusieurs auteurs s’entendent pour dire que la dépression est le trouble le plus commun (Fry, 1986; Koenig & Blazer, 1992). Alors que les études de prévalence sur la dépression majeure indiquent des taux allant de 0,1% à 5,4% chez les personnes de 65 ans et plus vivant en communauté (Blazer & Williams, 1980; Kramer, German, Anthony et al., 1985; Myers, Weissman, Tischler et al.,1984; Weissman & Myer, 1978), ces taux vont de 5,9% à 25% chez les personnes âgées atteintes de maladies physiques (Jackson & Baldwin, 1993; Kok, Heeren, Hooijer et al., 1995; Kukull, Koepsell, Inui et al., 1986; Rapp, Paris!, Walsh et al., 1988) et peuvent aller jusqu’à 48% chez les personnes institutionalisées (Ames, Ashby, Mann et al., 1988; Parmelee, Katz & Lawton, 1992b; Rovner, German, Brant et al., 1991; Weyerer, Hâfher, Mann et al.,

1995).

Certains auteurs arrivent à la conclusion que le processus du vieillissement est accompagné par une augmentation des troubles dépressifs (Roy, 1977) et que les troubles dépressifs sont plus fréquents chez les adultes âgés que les adultes plus jeunes (Weissman et al, 1978). En effet, l’on peut penser qu’il est normal d’être déprimé en vieillissant suite aux irrémédiables déclins et aux nombreuses pertes souvent rencontrés à ce stade (Koenig, Meador, Cohen et al., 1992). Par contre, une recension des écrits effectuée par Feinson (1989) et basée sur 18 études épidémiologiques depuis 1950 démontre qu’il y a davantage de symptômes dépressifs, de dépressions majeures et de troubles affectifs dans la population adulte que dans la population des adultes âgés. Les résultats d’une étude

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plus récente effectuée sur 2725 individus âgés de 18 à 79 indiquent qu’il y a un déclin dans les symptômes dépressifs avec !’augmentation en âge (Henderson, Jorm, Korten et al., 1998). Parallèlement, une recension des écrits effectuée dernièrement par Jorm (2000) amène que le vieillissement en âge est associé avec une réduction de la dépression lorsque certains facteurs de risques sont contrôlés. Certains auteurs donnent des explications que l’âge comme tel n’est pas un facteur de risque pour la dépression (Blazer, Burchett, Service et al., 1991; Kennedy, Kelman & Thomas, 1990) et que les personnes âgées en santé ne courent pas plus de risque de développer un trouble dépressif que les individus plus jeunes (Roberts, Kaplan, Shema et al., 1997).

Néanmoins, même si certaines études ne révèlent pas davantage de troubles dépressifs chez les adultes plus vieux par rapport aux plus jeunes, cette situation risque de changer rapidement avec le vieillissement de la population. Le nombre de personnes âgées dans le monde est en augmentation constante avec un taux de croissance passant de 50% dans les années 80 à 65% pour la période de 2000 à 2020. En Amérique du Nord, la proportion de personnes âgées par rapport à la population totale qui était de 13% en 1960 sera de 20.7% en l’an 2020 (Hoover & Siegel, 1986). Actuellement, les cohortes de gens de moins de 60 ans ont des taux de dépression majeures plus élevés (Klerman, Lavori, Rice et al., 1985) et des auteurs amènent l’hypothèse que ces taux étant stables à travers la vie d’un individu, ces cohortes risquent de conserver les mêmes taux en vieillissant augmentant ainsi la prévalence de la dépression lorsqu’ils entreront dans le troisième âge (Blazer, Bachar & Mantón, 1986; Klerman, 1976). De plus, il semble que la dépression tardive est associée davantage avec les changements cérébrovasculaires et neurodégénératifs qu’avec des antécédents ou une histoire familiale de dépression. Les nouvelles technologies et les progrès de la médecine prolongeant la vie des individus, !’augmentation des personnes âgées vivant avec ces maladies peut également contribuer à une augmentation de la prévalence de la dépression en âge avancé (Mulsant & Ganguli, 1999).

Tout au long de leur vie, les gens n’ayant jamais connu d’épisode dépressif risquent de développer un épisode de dépression majeure. Une étude suédoise

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prospective à long terme sur 15 ans annonce que plus du quart des hommes et presque la moitié des femmes vivant jusqu’à 70 ans ont eu au moins un épisode de dépression sévère (Rorsman, Grâsbeck, Hagnell et al, 1990). Les résultats de cette étude indiquent également que le taux annuel de première incidence pour la dépression est de 4,1 par 1000 personnes par année pour les hommes âgés de plus de 60 ans et de 11,0 par 1000 personnes par année pour les femmes du même âge. D’autres études d’incidence indiquent que des symptômes dépressifs significatifs sont apparus chez environ 10% des personnes âgées vivant dans la communauté sur une période de 2 ans (Kennedy, Kelman & Thomas, 1991). Chez les personnes âgées atteintes de maladies physiques et chez les personnes âgées institutionnalisées, les taux d’incidence sont légèrement plus élevés, oscillant autour de 12% (Ames et al., 1988; Kukull et al., 1986; Parmelee et al., 1992b).

Les auteurs de ces études s’entendent donc généralement pour dire qu’une proportion considérable d’adultes âgés souffre de troubles dépressifs ou risque d’en développer. Mais le consensus n’est pas aussi unanime en ce qui a trait au pronostic et aux facteurs causant la dépression. L’émergence de la dépression ne peut être attribuée à une cause unique et considérer la dépression comme la conséquence directe d’un stress

serait trop simpliste (Klerman, 1976). Toutefois, !’association négative de la dépression avec certaines caractéristiques comme la maladie physique, l’incapacité fonctionnelle, les antécédents psychiatriques et les événements sérieux de la vie a été maintes fois démontrée avec des échantillons de personnes âgées vivant dans la communauté (Ernst, 1997; Kennedy, Kelman, Thomas et al., 1989; Murphy, Smith, Lindesay et al., 1988), hospitalisées (Keitner, Ryan, Miller et al., 1991; Koenig, 1997), institutionnalisées (Aunes, 1990; Lépine & Bouchez, 1998; Parmelee et al., 1992b) ou ayant des maladies chroniques (Forsell, Jorm, Von Strauss & Winblad, 1995; Kukull et al., 1986).

Kukull et ses collaborateurs (1986) ont découvert que le début d’une nouvelle maladie physique était un facteur précipitant de la dépression tandis que Kennedy et son équipe (1990) attribuent davantage le développement des symptômes dépressifs au déclin de la santé et à !’augmentation des incapacités. En ce qui a trait aux facteurs aggravants de la dépression, Kennedy et ses collègues (1989) ont établi une hiérarchie des

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caractéristiques associées avec les symptômes dépressifs. La mauvaise santé et Γincapacité fonctionnelle arrivent en tête de la liste en prédominant sur les caractéristiques démographiques et psychosociales. Chez les gens d’un certain âge vivant en institution, les changements dans leur état dépressif sont en corrélation avec l’incapacité fonctionnelle, la détérioration cognitive et la santé physique défaillante (Parmelee et al., 1992b). Suite à une autre étude, Kennedy et ses collaborateurs (1991) concluent que ce sont davantage les changements au niveau de la santé qui contribuent à la chronicité ou à la rémission des symptômes dépressifs. Cependant, certaines variables comme les facteurs socio-démographiques, la nature et la sévérité du trouble dépressif, la présence d’un confident et les antécédents dépressifs sont associées avec l’évolution de la dépression mais de façon inconsistante entre les études (Baldwin & Jolley, 1986; Hays, Landerman, George et al., 1998; Kennedy et al., 1991; Kiloh, Andrews & Neilson, 1988; Robinson, 1989).

Il ressort que la condition physique est probablement le facteur le plus puissamment associé avec la dépression en âge avancé (Parmelee et al., 1992b) mais en même temps le plus confondant. En effet, la dépression peut apparaître comme la résultante de la physiopathologie d’une maladie physique ou comme une réponse

d’adaptation psychosociale à une maladie (Kinzie, Lewinsohn, Maride et al., 1986; Parmelee, Katz & Lawton, 1992a). Il est difficile de déterminer à ce jour s’il existe vraiment un lien de causalité entre dépression et maladie physique ou si cette association est l’effet de coïncidences. Dans leur étude, Kinzie et ses collègues (1986) rapportent que la dépression a été causée dans 52% des cas par une affection médicale ou par les prescriptions de médicaments. Par contre, il ne semble pas y avoir de maladies spécifiquement associées avec la dépression (Kukull, et al., 1986). Murphy (1983) avance que ce n’est pas tant les effets organiques directs de la maladie qui prédisent l’évolution de la dépression mais davantage le sens que l’individu donne à la maladie. Puisque la dépression est plus fréquemment rencontrée chez des patients présentant des affections médicales que chez des patients en bonne santé (Nielsen & Williams, 1980) et que la prévalence des maladies et des incapacités physiques augmente avec l’âge, les personnes âgées courent un plus grand risque de morbidité (Burvill, Stampfer & Hall,

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1991). De plus, les dépressions associées avec des affections médicales sont beaucoup plus menaçantes et augmentent le risque de mortalité (Evans, Copeland & Dewey, 1991; Parmelee et al., 1992a).

Des différences méthodologiques, surtout au niveau des procédures diagnostiques et du suivi (Baldwin et al., 1986; Hinrichsen, 1992), sont sûrement à l’origine de la variabilité des résultats des recherches sur l’évolution de la dépression (Bowling, 1990). La plupart des études ont recours à des personnes âgées hospitalisées ou institutionnalisées, biaisant ainsi les résultats en faveur de la chronicité de la maladie (Burvïll et al., 1991). Les données actuelles indiquent que la dépression est récurrente surtout chez les patients malades (Baldwin et al., 1986; Kiloh et al., 1988; Koenig & Blazer, 1992). Les taux de l’invalidité engendrée par la dépression sur une courte durée vont de 18% à 30% chez les patients hospitalisés ou consultant à l’externe (Baldwin et al., 1986; Cole, Bellavance & Mansour, 1999; Hinrichsen, 1992; Murphy, 1983). À long terme par contre, ces taux chutent à 7% (Baldwin et al., 1986). Chez les personnes âgées atteintes de maladies chroniques ou institutionnalisées, on retrouve un nombre encore plus élevé d’individus, jusqu’à 63%, souffrant continuellement de dépression (Ames et al., 1988; Kukull et al., 1986; Parmelee et al., 1992b). Par contre, certains individus subissent des épisodes dépressifs moins sévères et de plus courte durée et sont plus susceptibles de se rétablir. Sur une période d’un an, de 29% à 60% des gens âgées ayant un trouble dépressif ont guéri complètement (Baldwin et al., 1986; Hinrichsen, 1992; Murphy, 1983), les individus résidant en institution ayant les taux de guérison les plus bas (Ames, 1990; Parmelee et al., 1992b). Les taux de rétablissement sont également significativement plus bas chez les individus ayant une dépression combinée à un autre trouble que chez les individus souffrant uniquement d’un trouble dépressif (Keitner et al., 1991). Hinrichsen (1992) a comparé les résultats de son étude comprenant des individus âgés avec ceux d’une étude comprenant des individus plus jeunes. Les taux de rétablissement et de rechute n’étant pas significativement différents, il en conclue que l’évolution de la dépression chez les personnes âgées est semblable à celle des adultes plus jeunes.

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Alors que des auteurs soutiennent que la dépression est associée à un risque élevé de mortalité (Ames, 1990 ; Murphy et al., 1988; Rovner et al., 1991), d’autres remarquent que la dépression est associée à une hausse de mortalité seulement lorsqu’il y a présence d’une mauvaise santé physique (Parmelee et al., 1992a; Parmelee, Lawton & Katz, 1998). Dans leur étude, Bruce et Leaf (1989) indiquent que la probabilité de mourir est 4,31 fois plus grande chez les individus ayant un trouble de l’humeur, après avoir contrôlé l’âge, le sexe et la condition physique. Rovner et ses collègues (1991) rapportent à leur tour que la dépression majeure augmente le risque de mortalité de 59% sur un an, indépendamment du niveau de santé. La mauvaise nutrition, l’insomnie, l’immobilité et les fonctions immunitaires défaillantes causées par la dépression sont reconnus pour entraîner des infections, contribuant ainsi à la mortalité (Murphy et al., 1988; Rovner et al., 1991). Sur une plus longue période par contre, la dépression ne semble pas réduire l’espérance de vie de façon aussi prononcée. Les résultats d’une recherche indiquent qu’ après 10 ans, la mortalité des personnes âgées dépressives est de 1,2 à 1,6 fois celle de la population normale (Robinson, 1989).

Les taux de suicide chez les personnes âgées résidant aux États-Unis augmentent depuis 1980 (Meehan, Saltzman & Sattin, 1991) et parmi tous les troubles psychiatriques, la dépression est le facteur de risque qui contribue le plus fréquemment à cette augmentation (Blazer et al., 1986; Koenig & Blazer, 1992). Il existe une forte corrélation entre le suicide et la maladie physique (De Leo & Diekstra, 1990; Jarvis & Bol dt, 1980; Lyons, 1984). Les personnes vieillissantes se retrouvent donc tout particulièrement à risque puisqu’elles souffrent davantage d’invalidité et de conditions chroniques (Koenig & Blazer, 1992). L’augmentation de l’espérance de vie suite aux progrès médicaux

permettant de prolonger la vie des individus souffrant de maladies chroniques ajoutée à !’augmentation de la population des personnes âgées risque d’augmenter les taux de dépression et de faire doubler le nombre de suicides pour les 40 prochaines années (Blazer et al., 1986).

Il ressort que la dépression peut avoir une évolution pénible et trop souvent tragique (Blazer, 1993; Katz, Streim & Parmelee, 1994). La souffrance engendrée par

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cette maladie se manifeste non seulement à travers les désirs de mort mais également par la diminution du fonctionnement des individus, tel que démontré par Wells, Stewart, Hays et leurs associées (1989). Les résultats de leur étude indiquent que le bien-être des patients atteints de dépression ou de symptômes dépressifs est grandement diminué, la détérioration de leur fonctionnement étant aussi importante que celle de patients souffrants de huit conditions médicales chroniques. La dépression peut également entraîner une diminution de la qualité de vie, de Γestime de soi, de la capacité d’adaptation, une augmentation de comportements anormaux, de somatisation, d’irritabilité, de troubles cognitifs et de longues hospitalisations (Evans et al., 1991; Rothschild, 1996; Salzman, 1993). Les séquelles négatives de la dépression sont donc nombreuses en dépit du fait que cette dernière est traitable (Koenig & Blazer, 1992; NIH,

1992).

L’efficacité de la pharmacothérapie pour traiter la dépression est généralement reconnue et ce, même en l’occurrence de problèmes médicaux ou en présence de personnes plus frêles (Katz, Simpson, Curlik et al., 1990; Salzman, 1993; Silver, Hales & Yudofsky, 1990). Les effets anticholinergiques, la sédation, l’hypotension orthostatique, la toxicité et les effets cardiovasculaires comptent parmi les nombreux effets indésirables associés avec ce genre de traitement (Baldessarini, 1989; Glassman & Roose, 1994; Salzman, 1993). Il y a peu de recherches effectuées à ce jour sur l’efficacité des antidépresseurs chez les personnes de plus de 70 ans, cela à cause de nombreux obstacles comme la difficulté dans la conception des protocoles de recherche ou la difficulté à recruter et à maintenir les participants. Mais selon Finkel (1996), les inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS) constituent un moyen efficace pour traiter la dépression et suggèrent une plus grande tolérabilité chez les personnes âgées que les

antidépresseurs tricycliques ou les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO).

Puisque les complications et les risques associés à la pharmacothérapie augmentent avec l’âge du patient (Dünner, 1994; Salzman, 1993) la psychothérapie et la thérapie électroconvulsive (ECT) s’avèrent des solutions intéressantes qui ont également fait leurs preuves (Salzman, 1993). Les électrochocs sont spécialement indiqués lorsque

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les autres traitements ont échoué et lors de dépressions plus sévères avec risque suicidaire (Cattan, Barry, Mead et al., 1990; Monfort, 1994). Alors que Baker (1996) remarque que la combinaison d’un traitement pharmacologique avec la psychothérapie donne de meilleurs résultats à long terme, certaines personnes ne peuvent tolérer, ne répondent pas ou ne souhaitent pas recourir à la pharmacothérapie (Parmelee et al., 1992b). Et puisque la pharmacothérapie est parfois impuissante dans certaines situations, la psychothérapie peut s’avérer efficace à elle seule pour contrer les diverses problématiques associés avec la dépression (Gallagher & Thompson, 1982; NIH, 1992). L’efficacité de la thérapie cognitive, comportementale, psychodynamique et psychosociale est bien établie dans la littérature auprès de gens vivant dans la communauté (Koder, Brodaty & Anstey, 1996; Scogin & McElreath, 1994) ou institutionnalisés(Dhooper, Green, Huff et al., 1993; Rattenbury & Stones, 1989; Supiano, Ozminkowski, Campbell et al., 1989).

1.2 Les difficultés reliées à l’évaluation de la dépression gériatrique

Conscients que le traitement de la dépression chez les personnes âgées dépend tout particulièrement d’une identification adéquate du problème (Rush, 1990), les

cliniciens doivent être attentifs à certains facteurs pouvant les influencer dans leur diagnostic (Gaitz, 1980). Même si en général la présentation de la dépression gériatrique

est semblable à celle des adultes plus jeunes (Dünner, 1994), elle se présente toutefois souvent de façon atypique avec l’avancement en âge (Salzman, 1993). La grande variabilité habituellement rencontrée dans les résultats des études épidémiologiques démontre bien la difficulté que cause la dépression au niveau du dépistage chez les personnes âgées (Kok et al., 1995).

Plusieurs facteurs reliés à l’âge expliquent le fait que la dépression gériatrique est un problème difficile à reconnaître. Certains auteurs questionnent la validité des critères diagnostiques du DSM-IV et du ICD-10 pour le sujet âgé (Gottfries, 1998; Herrmann, 1996; Müller-Spahn & Hock, 1994; Mulsant & Ganguli, 1999) alors que d’autres signalent une certaine ambiguïté dans la définition de la dépression (Montorio & Izal,

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1996). En effet, un des critères essentiels au diagnostic de la dépression majeure, l’humeur dépressive, semble être rencontré moins souvent chez les personnes âgées (NIH, 1992; Rothschild, 1996) comparativement à l’abondance des plaintes somatiques qui viennent «masquer» la dépression (Baker, 1996; Evans et al., 1991; Katz et al., 1990). La présence de maladies physiques et neurologiques (Ban, 1984; Silver et al., 1990; Wells et al., 1989), la médication (Keane & Sells, 1990; Salzman, 1993) et les aspects sociaux (Müüer-Spahn et al., 1994) associés à !’avancement en âge peuvent également compliquer l’évaluation de la dépression. De plus, les patients dépressifs âgés accusent fréquemment des plaintes cognitives qui rappellent un syndrome démentiel (Bulbena & Berrios, 1986; Caine, 1981 ; Wells, 1979). Le terme pseudodémence dépressive introduit par Kiloh en 1961 décrit bien la difficulté rencontrée par les cliniciens à différencier la dépression de la démence (McAllister & Price, 1982) et la tendance de ces derniers à diagnostiquer la démence à prime abord (Fisman, 1985). La coexistence des deux maladies est également fréquente et certains auteurs mettent l’emphase sur l’importance de reconnaître et de traiter la dépression pour ne pas qu’elle

>ü et al., 1991; Reifler, Larson & 1V, uwviin cognitif (Parmeîee, Kleban, Lawto

> n־rt־rn17־û la rlàolit Hanley, 1982).

Les signes et symptômes de l’anxiété (Liebowitz, 1993; Rothschild, 1996), du deuil (Gallagher, Breckenridge, Thompson et al., 1982; Salzman, 1993) et du processus de vieillissement (Keane & Sells, 1990) peuvent à leur tour compliquer le diagnostic tout comme les attitudes des patients face à cette maladie. En effet, la plupart des personnes âgées ne reconnaissent pas leurs symptômes (NIH, 1992), les nient ou les minimisent par peur d’être stigmatisées ou institutionnalisées (Brody & Kleban, 1981; Salzman &

Shader, 1978) ou ne savent tout simplement pas comment les interpréter ou les aborder devant leur médecin (Hassinger, Smith & La Rue, 1996; Knâuper & Wittchen, 1994). Les conduites discriminatoires face au vieillissement, les préjugés, les stéréotypes, l’ignorance et la peur de la mort sont autant d’attitudes de la part des professionnels nuisant tout autant à !’identification de la maladie (Greene, Adelman, Charon et al., 1986; Katona, 1994; Müller-Spahn & Hock, 1994; Schmidt, 1974; Waxman & Camer, 1984).

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En somme, ces études démontrent qu’il y a une myriade de facteurs qui risquent de fausser le diagnostic de la dépression et les faibles taux de détection par les médecins confirment le besoin de mieux identifier cette maladie. Même si les médecins généralistes sont dans une position favorable pour identifier précocement les problèmes de santé mentale de leurs patients (Shapiro, Skinner, Kessler, et al., 1984; Small, 1991), les résultats de certaines études indiquent que ces derniers échouent dans la détection des symptômes dépressifs. Seulement 8,7% à 50% des personnes âgées souffrant de dépression sont identifiées comme tel (Garrard, Rolnick, Nitz et al., 1998; Nielsen & Williams, 1980; Rapp et al., 1988; Robbins, Kirmayer, Cathébras et al., 1994; Waxman & Camer, 1984), plusieurs facteurs venant influencer les décisions diagnostiques notamment l’apparence du patient, la quantité d’information recueillie, la sévérité du trouble et l’attitude même des spécialistes (Badger, DeGruy, Hartman et al., 1994; Robbins, Kirmayer, Cathébras et al., 1994). De ces individus correctement identifiés comme déprimés, peu reçoivent un traitement approprié ou sont en contact avec un spécialiste de la santé mentale (Ames, 1990; Bruce & Leaf, 1989; Gallo, Ryan & Ford, 1999; Heston, Garrard, Makris et al., 1992; Kennedy et al., 1991) mais des auteurs ont démontré qu’aviser le médecin généraliste du score de leur patient sur un test de dépistage de la dépression augmente la reconnaissance de la maladie significativement (German, Shapiro, Skinner et al., 1987; Moore, Silimperi & Bobula, 1978).

1.3 L’Échelle de Dépression Gériatrique

Comme un traitement précoce peut prévenir la détérioration des symptômes dépressifs en plus de réduire la dégradation de la condition physique et du fonctionnement social (Epstein, 1976), les échelles d’auto-évaluation peuvent venir en aide aux professionnels de la santé lors de !’identification de la maladie (Miller, Morley, Rubenstein et al., 1990). Ces outils, tout en étant pas des instruments diagnostiques formels (Snowdon & Donnelly, 1986), peuvent donc remédier à certaines des difficultés mentionnées plus haut. Alors que les échelles peuvent être utilisées systématiquement pour dépister la dépression (Bonin-Guillaume, Clément, Chassain et al., 1995) ou comme

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outil de prévention pour identifier les groupes à risque (Jorm, 1995), elles sont généralement employées de façon optimale pour assister les cliniciens dans rétablissement de leur diagnostic (Coulehan, Schulberg & Block, 1989; Waxman & Gamer, 1984; Zung, 1990). Dans leur recension des écrits, Schade, Jones et Wittlin (1998) rapportent que les instruments de dépistage de la dépression étudiés démontrent une meilleure performance que le jugement des cliniciens. En plus d’être simple d’utilisation, les échelles d’auto-évaluation ne demandent pas d’entraînement spécialisé,

sont facilement complétées et rapidement interprétées (Zung, 1990).

Il existe de nombreuses échelles d’auto-évaluation pour la dépression mais la plupart sont trop difficiles à compléter pour les personnes vieillissantes (Yesavage, 1986). En effet, elles ont souvent un format trop long et des items qui impliquent trop de choix et de discrimination de la part du patient. Aussi, certaines questions ne sont pas adaptées à la réalité et à la culture des personnes âgées alors que d’autres peuvent engendrer la défensive ou réduire la coopération. À titre d’exemple, des questions portant sur la sexualité ou la religion risquent de gêner bon nombre de ces personnes ayant une éducation, des valeurs et des principes différents (Yesavage, 1986). L’Échelle de dépression Gériatrique (EDG : Bourque, Blanchard & Vézina, 1990), version française du Geriatric Depression Scale (GDS : Brink, Yesavage, Lum et al., 1982; Yesavage, Brink, Rose et al., 1983) a donc été conçue dans le but de fournir un instrument qui s’appliquerait spécifiquement à la population aînée tout en remédiant à ces lacunes. Comme les symptômes somatiques sont moins révélateurs de la dépression en vieillissant (Rapp & Vrana, 1989), Brink et ses collaborateurs (1982) ont délibérément éliminé de leur échelle tout item somatique pour enquêter davantage sur l’humeur, les plaintes cognitives et les comportements sociaux (Hassinger et al., 1996; Katz et al., 1990).

Recommandée par plusieurs auteurs pour sa simplicité et sa rapidité d’administration (Katona, 1994; O’Neill, O’Riordan, Hayes et al., 1989), l’EDG est l’échelle la plus fréquemment mentionnée dans les études (Schade et al., 1998). Les écrits révèlent que 1EDG possède des qualités psychométriques acceptables auprès d'individus âgés. Les auteurs du test (Yesavage et al., 1983) établissent que FED G a une

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consistance interne de 0.94, une corrélation test-retest après une semaine de 0.85 et une corrélation moitié-moitié de 0.94 auprès de personnes âgées vivant en communauté. La fidélité du EDG est démontrée à travers les études avec des coefficients de consistance interne allant de 0.88 à 0.99 (Dunn & Sacco, 1989; Lesher, 1986; Lyons, Strain, Hammer et al., 1989; Rapp et al., 1988) autant auprès d’individus résidant dans la communauté que chez des populations hospitalisées ou institutionnalisées. La capacité du EDG à dépister la dépression est également stable dans le temps comme le démontrent les coefficients de test-retest élevés allant de 0.79 à 0.98 avec des délais allant de 7 jours à 1 mois (Brink, Curran, Dorr et al., 1985; Kieman, Wilson, Suter et al., 1986; Lesher, 1986; Lyons et al., 1989). Peu d’auteurs ont évalué la fidélité moitié-moitié, la corrélation inter-items et la corrélation médiane mais les résultats sont satisfaisants (Durai et al., 1989; Lesher, 1986; Yesavage et al., 1983). La version francophone a été validée à quelques reprises et maintient ses qualités psychométriques. Des auteurs ont obtenu des

coefficients de consistance interne de 0.84 et 0.89 et des coefficients de test-retest de 0.70 et 0.83 (Bourque et al., 1990; Laprise & Vézina, 1998). L’EDG maintient également sa fidélité auprès de personnes âgées souffrant d’atteintes cognitives légère à modérées tel que démontrés par des coefficients élevés de consistance interne et de test-retest (Parmelee, Katz & Lawton, 1989; Ward, Wadsworth & Peterson, 1994). Les résultats de ces études sont résumés au Tableau 1.

Insérez Tableau 1 ici

Ces études témoignent donc de la fidélité de cet instrument de par son homogénéité, sa précision et sa stabilité dans le temps. Mais pour qu’un instrument soit acceptable scientifiquement, il doit de plus être valide, c’est-à-dire mesurer pertinemment la caractéristique visée (Anastasi, 1986). Dunn et son collaborateur, (1989) ont trouvé que la validité concomitante de 1EDG avec le Depression Symptom Checklist (DSC:

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Sacco, 1983) et le Self-Rating Scale de Zung (1965) était de 0.82 et 0.59 respectivement. Alors que Norris, Gallagher, Wilson et leurs collègues (1987) ont obtenu une corrélation de 0.85 avec le BDI (Beck, 1961), l’équipe de Kieman (1986) trouve une corrélation de 0.78 avec cette même échelle. La validité discriminante de l’EDG a également été démontrée par Zgourides, Spofford et Doppelt (1989) auprès d’une population vivant en centre d’accueil et par Rapp et son équipe (1988) avec des individus ayant des problèmes de santé.

Il ressort que l’EDG reflète efficacement le concept de la dépression. Mais pour avoir des résultats plus précis en terme de performance diagnostique, il importe de confronter l’instrument à un critère de référence structuré (Fombonne & Führer, 1992). La sensibilité et la spécificité sont des coefficients de validité moins utilisés qui permettent de séparer les populations en celles qui sont probablement déprimées (sensibilité) et celles qui sont probablement non déprimées (spécificité) à un score de division donné. Plusieurs études démontrent la sensibilité et la spécificité relativement élevées du EDG lors de !'identification de la dépression avec des échantillons de personnes âgées vivant dans la communauté. Avec un score de division de 11 et !'utilisation des critères du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM- III: APA, 1987), ÍEDG a permis d'identifier correctement 84% des participants déprimés (sensibilité) et 95% des participants non déprimés (spécificité) (Yesavage et al., 1983). Avec des individus âgés hospitalisés et utilisant les critères du Research Diagnostic Criteria (RDC : Spitzer, Endicott & Robins, 1978), l’EDG a permis d’identifier correctement 70% des personnes âgées déprimées et 90% des personnes âgées non déprimées avec un score de division de 11 (Rapp et al., 1988). Auprès d’individus vivant en centre d’accueil, Laprise et Vézina (1998) ont obtenu une sensibilité de 0,89 et une spécificité de 0,56 avec un score de division de 11 et selon le diagnostic des psychiatres se référant aux critères du DSM-III-R.

Ces résultats démontrent que l’EDG a une performance diagnostique satisfaisante et ce auprès de personnes âgées présentant des conditions de santé physique variables et résidant dans différents établissements. Mais ces travaux ont été entrepris avec des sujets

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ne souffrant pas de problèmes cognitifs et sachant que ces derniers affectent en général la performance des tests (Bonin-Guillaume et al., 1995), il importe de vérifier la validité de l’EDG avec des sujets présentant des atteintes cognitives. À ce jour, peu d’études ont examiné la validité de critère du EDG chez des sujets porteurs d’altération des fonctions cognitives et les résultats sont inconsistants. De plus, plusieurs auteurs ne mentionnent pas le niveau d’incapacités cognitives des sujets de leur étude, il devient donc difficile de comparer les résultats et de répliquer ces études.

Les résultats des études de Kafonek et ses collaborateurs (1989) et de l’équipe de Feher (1992) démontrent que l’EDG ne réussi pas mieux que la chance à discriminer entre les personnes âgées déprimées et non déprimées ayant des atteintes cognitives légères à modérées. Les scores au MMSE de Folstein (Folstein, 1975) étaient inférieurs à 23 et entre 12 et 23 respectivement. Des auteurs se proposent d’utiliser les Courbes Caractéristiques du Receveur (ROC) pour examiner la performance de l’EDG sans égard aux seuils-critères et pour comparer si les surfaces sous chaque courbe (AUC) sont significativement différentes entre les deux groupes. Avec des individus âgés légèrement déments, l’équipe de Burke (1989) et de Gilley (1997) obtiennent une aire sous la courbe de 0,66 et suggèrent une utilité limitée de l’EDG auprès d’individus ayant une démence

de type Alzheimer.

En contrepartie, Burke et ses collaborateurs (1992) examinent à nouveau les qualités psychométriques de l’EDG avec des individus ayant un score au MMSE inférieur à 23 et obtiennent une surface sous la courbe de 80%. Ce résultat n’étant pas significativement différent du groupe ayant un score au MMSE supérieur à 24, ils en concluent que l’EDG est apte à dépister la dépression autant avec des individus porteurs d’atteintes cognitives qu’avec des individus ayant leurs fonctions cognitives intactes. De même, plusieurs auteurs ayant effectués leurs travaux avec des personnes âgées ayant des atteintes cognitives légères à modérés recommandent l’EDG comme instrument de dépistage de la dépression (Gerety, Williams, Mulrow et al., 1994; Koenig, Meador, Cohen et al., 1988; Koenig, Meador, Cohen et al., 1992; McGivney, Mulvihill & Taylor, 1994; Noms et al., 1987; Snowdon, 1990; Snowdon & Donnelly, 1986). Une seule étude

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a utilisé des individus âgés ayant des troubles cognitifs légers à sévères (score au MMSE de 3 à 29) et obtient des résultats de sensibilité et spécificité de 82% et 88% respectivement (Lichtenberg, Steiner, Marcopulos et al., 1992).

1.4 Objectifs de l’étude

Il est reconnu à travers les études que l’EDG n’est pas valide en présence d’individus atteints de troubles cognitifs sévères. Lorsque les personnes âgées ont des altérations cognitives légères à modérées, les chercheurs obtiennent des résultats différents. Pour faire suite aux recommandations de recherches de certains auteurs (Montorio et al., 1996; Stiles & McGarrahan, 1998), cette étude se propose d’évaluer la performance diagnostique de l’EDG à l’aide de la sensibilité et de la spécificité avec des personnes âgées ayant des atteintes cognitives légères à modérées et de comparer la performance avec des personnes âgées non atteintes cognitivement. De plus, les courbes ROC sont utilisées pour comparer la performance diagnostique des deux groupes et pour permettre une description de la performance allant au-delà de la sensibilité et de la spécificité à un seul seuil-critère. Les courbes ROC permettent également une estimation visuelle de la performance du test grâce à Paire sous les courbes obtenues. Cette étude se propose en second lieu d’estimer les qualités métriques de l’EDG avec des personnes âgées qui présentent des atteintes cognitives à savoir la consistance interne à l’aide du coefficient alpha et de la corrélation moitié-moitié et la fidélité test-retest. Finalement, l’influence de certaines habiletés cognitives sur la performance de l’EDG est explorée et un regard est posé sur certaines questions présentant des difficultés lors de la passation du test. L’espérance de vie des individus augmente grâce aux nouvelles technologies mais il risque d’avoir également une augmentation de personnes vieillissantes aux prises avec des altérations cognitives. Cette étude est donc justifiée par le besoin d’avoir des instruments précis pouvant dépister la dépression avec des populations ayant des altérations cognitives.

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CHAPITRE Π

MÉTHODE

2.1 Participants

Des personnes âgées de 60 à 103 ans ont été approchées pour participer à cette étude. Ces 90 individus provenaient majoritairement d’un centre d’hébergement hospitalier de longue durée à Magog ou résidaient dans la communauté à Sherbrooke. De ce nombre, 45 ont accepté de participer à cette étude et 39 répondaient aux critères d’inclusion (13 hommes et 26 femmes). Pour être inclus, les participants devaient être âgés de plus de 60 ans et avoir un résultat au Petit Examen de l’État Mental de Folstein (PEEM : Folstein, Folstein & McHugh, 1975) supérieur ou égal à 12. Étaient exclus de cette étude, les participants ayant des déficiences auditives ou langagières sévères, ne parlant pas le français, ayant des conditions psychotiques ou vivant un deuil depuis moins de 2 mois. La participation était volontaire.

Les 39 participants n’avaient pas de diagnostic de dépression majeure tel qu’évalué par un médecin gériatre selon les critères du DSM-III-R.1 24 participants avaient des troubles cognitifs légers à modérés tel qu’indiqué par un résultat au PEEM entre 12 et 20 avec une moyenne de 15 (SD = 2.6). 15 participants n’avaient pas de troubles cognitifs et avaient une moyenne de 26 (SD = 2.4) au PEEM. La moyenne d’âge pour les 24 participants ayant des troubles cognitifs était de 76.9 ans (SD = 8.18) et celle pour les 15 participants n’ayant pas de troubles cognitifs était de 69.3 ans (SD = 6.91). Les participants ayant des atteintes cognitives avaient en moyenne 7 années (SD = 4.16) d’études tandis que la moyenne était de 7 années (SD = 2.16) pour les participants cognitivement intacts. Le revenu familial moyen pour les participants n’ayant pas

La sensibilité et la spécificité n’ont pu être calculées. 1

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d’atteintes cognitives était de 1333$ (SD = 4435$). Il fut impossible de recueillir les données sur le revenu familial des participants ayant des atteintes cognitives. A l’exception du PEEM (t (1,37) = 13.47; p<.0001) toutes les autres différences entre les groupes ne sont pas significatives.

2.2 Matériel

L’Échelle de Dépression Gériatrique (EDG)

La version française du Geriatrie Depression Scale (GDS : Yesavage et al., 1983), l’Échelle de Dépression Gériatrique (EDG : Bourque et al., 1990) est utilisé dans cette étude. Cette échelle d’auto-évaluation comprend 30 questions à répondre par oui ou par non sur l’état ressenti .au cours de la semaine précédente. Le résultat total peut varier entre 0 et 30, ce résultat étant obtenu par l’addition des 20 réponses suggérant la dépression. Un résultat égal ou supérieur à 11 indique la présence de dépression. À ce score de division, la littérature rapporte une sensibilité et une spécificité élevée (Gerety et al., 1994; Keonig et al., 1988; Yesavage et al., 1983).

Le Petit Examen de l’État Mental (PEEM)

Le Petit Examen de l’État Mental (PEEM) est la traduction française du Mini-Mental State (MMS : Folstein et al., 1975). Cet instrument fut conçu à prime abord pour détecter les dommages organiques du cerveau ou la sénélité. Mais il fournit également une mesure directe du fonctionnement cognitif en graduant l’état des patients sur une échelle de 30 points. Il comporte 21 questions évaluant différents aspects de la cognition comme la mémoire, !’orientation, !’attention, le calcul et certaines habiletés langagières et visuo-spatiales. (Un résultat égal ou supérieur à 24 indique l’absence de trouble cognitif alors

\ X

qu’un résultat égal ou inférieur à 23 suggère la présence de troubles cognitifs.

Contrôle Mental

Le Contrôle Mental est le 31eme sous-test du Wechsler Memory Scale (WMS : Wechsler, 1945). Le WMS contient 7 sous-tests simples à compléter par la plupart des individus. Il

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mesure différents aspects de la mémoire et tout particulièrement les déficits de la mémoire à court terme et à long terme. Le 31eme sous-test, Contrôle Mental, consiste en 3 items mesurant les automatismes (nommer les lettres de l’alphabet), !’attention et la concentration (compter à rebours et compter par 3 jusqu’à 40) dans un temps-limite donné. Moins de 2 minutes sont requis pour remplir ce sous-test. Chaque item vaut 2 points s’il a été effectué correctement dans le temps-limite. Les scores vont de 0 à 6, un score bas indiquant qu’il y a un déficit cognitif. Le coefficient de consistance interne est de 0.38 pour le Contrôle Mental et de 0.69 pour l’ensemble du WMS. La corrélation motié-moitié pour le WMS est de 0.75 (Spreen & Strauss, 1998).

Mémoire des Chiffres

Le sous-test Mémoire des Chiffres est le 51eme sous-test du Wechsler Memory Scale (WMS : Wechsler, 1945). Il a été du tiré du Wechsler Adult Intelligence Scale (WAIS : Wechsler, 1991) avec certaines modifications. H donne une indication sur la mémoire à court terme et la concentration. Les participants ont droit à 2 essais pour répéter des chiffres dans un ordre direct ou inverse avec un niveau de difficulté croissant. Chaque item vaut 2 points si le participant réussi les 2 essais, 1 point si le participant réussi 1 essai et aucun point si le participant échoue aux 2 essais. Les scores vont de 0 à 12, un score bas indiquant la présence d’un déficit cognitif. Le coefficient de consistance interne est de 0.65 pour ce sous-test (Spreen & Strauss, 1998).

Critères de mesure externe

Un médecin gériatre possédant plusieurs années d’expérience avec les adultes âgés a établi son diagnostic de dépression majeure selon les critères d’inclusion du DSM-IV. Pour assurer la validité des diagnostics, une psychiatre a révisé à l’aveugle les données au dossier de 24 participants et est arrivée aux mêmes décisions diagnostiques que le médecin.

(24)

2.3 Procédure

Le médecin gériatre a sollicité les participants qui résidaient dans la communauté en leur mentionnant Γobjectif de l’étude qui était «d’examiner la performance d’un instrument évaluant l’humeur » et en précisant que la participation était volontaire et qu’ils pouvaient se désister en tout temps de l’étude. Un premier contact téléphonique était établi par l’interviewer et dans le cas d’un consentement, un rendez-vous était fixé dans un délai d’une semaine suivant le diagnostic. Les questions étaient lues aux 15 participants, répétant et reformulant au besoin. Si des signes de fatigue étaient manifestés par le participant, l’entrevue était reportée à plus tard. Pour les participants en centre d’accueil, les infirmières étaient contactées pour avoir la liste des personnes consentantes et la disponibilité de celles-ci. Le médecin rencontrait les participants dans un délai d’une semaine suivant la rencontre avec l’interviewer. Ces participants (24) ont été rencontrés une deuxième fois deux semaines plus tard pour un test-retest mesurant la fidélité de l’échelle étudiée.

Estimation des taux de sensibilité et de spécificité

La sensibilité, ou le taux de vrais positifs (TVP) est estimée par la proportion de sujets qui obtiennent un résultats positif au EDG et qui ont un diagnostic de dépression majeure établi par le critère externe utilisé. La spécificité, ou le taux de vrais négatifs (TVN) est la proportion de participants correctement identifiés comme étant non-déprimés. La validité de l’instrument est obtenue par le rapport entre les participants correctement

(25)

CHAPITRE ΙΠ

RÉSULTATS

Étant donné les difficultés majeures dans le recrutement des participants avec dépression majeure, les objectifs pour Γévaluation de la performance diagnostique du test, à savoir la sensibilité, la spécificité et les courbes ROC ont dû être abandonnés. Les statistiques ont été obtenues à l’aide du logiciel statistique STATVIEW version 4.5 (SAS Institute, 1996). Le coefficient de corrélation test-retest pour les 24 participants atteints de troubles cognitifs est de 0.59 après un délai de 2 semaines. Le coefficient alpha pour la consistance interne est de 0.37 pour l’ensemble des participants (n = 39). La consistance interne pour les 15 participants sans troubles cognitifs est de 0.64 alors qu’elle est de 0.16 pour les 24 participants ayant des troubles cognitifs. La corrélation moitié-moitié est de 0.27 pour les participants ayant des troubles cognitifs, de 0.55 pour les participants n’ayant pas de troubles cognitifs et de 0.39 pour l’ensemble des participants. Un test-t ne révèle aucune différence entre la moyenne du EDG pour les participants ayant des atteintes cognitives (M = 8.25, SD = 5.64) par rapport aux participants cognitivement intacts (M = 5.07, SD = 4.30). Un test-t indique une différence significative (t (1,36) = 4.379; pc.0001) entre la moyenne du test de mémoire des chiffres direct pour les individus avec des atteintes cognitives (M = 3.30, gD = 1.92) par rapport aux individus n’ayant pas d’atteintes cognitives (M = 5.93, SD = 1.62). De même pour le test de mémoire inverse, la moyenne des individus sans problèmes cognitifs (M = 5.27, SD = 1.34) est significativement supérieure (t (1,36) = 7.840; pc.0001) à celle des individus cognitivement atteints (M = 1.70, SD = 1.40). Les participants n’ayant pas d’atteintes cognitives ont un résultat significativement plus élevé (t (1,37) = 13.347; pc.0001) sur le PEEM (M = 26, SD = 2.36) que ceux cognitivement atteints (M = 15, SD = 2.59). 25% des participants ayant des atteintes cognitives ont été identifiés comme étant déprimés par le EDG contre 6.7% des participants n’ayant pas de troubles cognitifs, cette différence n’est toutefois pas significative. Le Tableau 2 présente

(26)

Insérez Tableau 2 ici

Il n’y a pas de différence significative entre les moyennes des participants ayant des atteintes cognitives par rapport aux participants cognitivement intacts à chacune des

questions du EDG comme on peut le constater en regardant le Tableau 3.

(27)

CHAPITRE IV

DISCUSSION

L’objectif de cette étude était d’évaluer la performance diagnostique de l’EDG à l’aide de la sensibilité et de la spécificité auprès d’une population de personnes âgées francophones ayant des atteintes cognitives légères à modérées. Suite à des recommandations de validation de plusieurs auteurs, le but premier de cette étude était de déterminer si l’EDG demeurait valide en présence d’individus ayant un résultat au MMSE entre 12 et 20. Comme il fut impossible de recruter des participants souffrant de dépression majeure, cet objectif à dû être abandonné. Les difficultés de recrutement des participants de cette étude échelonnée sur 4 ans sont dues à plusieurs causes, notamment le manque d’intérêt pour l’étude du comité de recherche d’un centre d’hébergement hospitalier de Sherbrooke et de l’équipe de gériatrie d’un hôpital de Granby. Le comité de Sherbrooke reportait sans cesse l’étude du dossier à plus tard et n’a jamais donné son accord en 4 ans. Le groupe de Granby avait accepté de participer, mais n’ont jamais donné suite aux nombreux appels de l’étudiante. Également, il y a eu un manque de collaboration de la part des 7 médecins de Sherbrooke et Magog qui avaient accepté de participer à l’étude. Ces derniers oubliaient ou négligeaient d’avertir l’étudiante lorsque des participants correspondant aux critères d’inclusion survenaient dans leur pratique. De plus, les quelques personnes âgées identifiées comme souffrant de dépression majeure et ayant été mises en contact avec la chercheur avaient des troubles cognitifs trop sévères et devaient être exclues de l’étude, ou refusaient de participer. D’autres contacts ont été établis par la suite dans la région de Montréal, tous ont refusé de collaborer. Voyant le manque de collaboration des professionnels et le temps s’écouler, l’étudiante a dû

renoncer à essayer de recruter des participants dépressifs.

H est donc impossible de déterminer la sensibilité et la spécificité du EDG puisqu’il n’y a pas de participants dépressifs. De même pour le pouvoir discriminant du test, les moyennes du groupe non dépressif avec le groupe dépressif n’ont pu être comparées pour

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évaluer s’il y a une différence significative puisqu’il manque un groupe. Par contre, cette étude avait aussi comme objectif d’évaluer les qualités psychométriques du EDG en présence d’individus ayant des troubles cognitifs. L’EDG est reconnu pour sa bonne consistance interne et sa stabilité à travers le temps auprès d’individus n’ayant pas de troubles cognitifs. À ce jour, seulement deux études ont rapporté des résultats sur la consistance interne (Parmelee et al., 1989; Ward et al., 1994) avec des individus cognitivement atteints et une étude a évalué la fidélité test-retest avec cette population (Parmelee et al., 1989). La fidélité test-retest de 0.59 obtenue avec les participants ayant des atteintes cognitives est inférieure à celle de l’étude de Parmelee et ses collègues (1989) effectuée auprès d’une même population. Étant donné la structure et les règlements du centre d’accueil, il fut difficile d’effectuer le retest du EDG à la même période que la première administration et il se peut que les variations d’humeur des participants durant la journée aient influencé les résultats. Aucun test n’était administré après 16 :00 pour éviter l’effet hypothétique du « sundowning » (Koenig, Meador, Cohen et al., 1992) mais les participants rencontrés durant l’après-midi étaient vraisemblablement plus fatigués qu’en avant-midi. Il se peut que l’état de santé fragile de cette population institutionnalisée est plus sujet à des changements drastiques pouvant influencer grandement leur humeur et par le fait même les résultats aux EDG. Par contre, Lyons et son équipe (1989) obtiennent un test-retest de 0.98 dans un délai de 2 semaines avec des gens hospitalisés pour chirurgie de la hanche, ce qui démontre une bonne stabilité du test et ce, même à travers une hospitalisation.

Également, lors d’un premier contact la plupart des participants étaient sur la défensive et réticents à parler de leur état d’âme alors que lors de la deuxième entrevue,

la majorité semblait beaucoup plus à l’aise avec l’interviewer. Montorio et Izal (1996) rapportent que la désirabilité sociale (la tendance à se présenter à autrui de façon favorable) est une des sources d’erreur les plus fréquentes lors de !’administration d’échelles d’auto-évaluation. La peur des participants par exemple d’être jugé ou étiqueté peut également avoir influencé leur façon de répondre au EDG, biaisant les résultats, surtout lors de la première entrevue. Les résultats peuvent de plus avoir été influencés par !’attitude de !’interviewer et la façon dont les instructions étaient formulées

(29)

et comprises. Dunn et Saco (1988) ont démontré toutefois avec leurs résultats la robustesse du EDG indépendamment des variations dans les consignes et les procédures utilisées. Le petit nombre de participants rend difficile toutefois Γinterprétation des résultats.

L’EDG a été conçu à partir des 30 items d’un ensemble de 100 ayant la meilleure corrélation entre eux (Yesavage et al., 1983) produisant ainsi une consistance interne élevée. La médiocrité des coefficients alpha et moitié-moitié obtenus dans cette recherche s’explique probablement par l’insuffisance des participants. Les résultats plus élevés dans les deux cas lorsqu’il y a absence de troubles cognitifs peuvent indiquer que les troubles cognitifs altèrent la consistance interne. Par contre, les auteurs ayant effectués leur recherche avec des participants cognitivement atteints ont obtenu des coefficients alpha de 0.91 et de 0.90 (Parmelee et al., 1989; Ward étal., 1994).

L’EDG a faussement identifié 25% des participants ayant des atteintes cognitives comme étant déprimés contre 6.7% des participants n’ayant pas de troubles cognitifs.

Cette différence n’est pas significative mais si le nombre de participants avait été supérieur et que la tendance avait continué, on peut supposer que l’EDG aurait une tendance à surévaluer la dépression en présence d’individu ayant des atteintes cognitives. En effet, certaines questions ont été répondues différemment selon que les participants avaient des troubles cognitifs ou non. Les différences ne sont pas significatives, mais une fois de plus, le nombre de participants restreint rend difficile !’interprétation de ces données. Les questions #11, 13, 15, 19, et 28 peuvent être en partie responsables de la tendance à surévaluer la dépression chez les personnes âgées atteintes de troubles cognitifs. Il se peut que ces questions ne soient pas uniquement révélatrices de symptômes associés à la dépression. Par exemple, à la question 28, un individu ayant une mémoire défaillante ainsi que de la difficulté à se concentrer aura peut-être tendance à éviter les situations sociales mettant en cause ses facultés pour éviter d’être dans

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Un autre objectif de cette étude était Γexploration des habiletés cognitives pouvant interférer dans le processus d’administration du EDG. Le jugement, la concentration, la mémoire, la compréhension, !’attention et le langage sont autant d’exemples de fonctions cognitives nécessaires pour répondre à un questionnaire. Les personnes âgées ayant des atteintes cognitives ont obtenu des résultats significativement inférieurs à ceux n’ayant pas d’atteintes cognitives au test de mémoire des chiffres en ordre direct et inverse alors qu’au test de contrôle mental, cette différence n’est pas significative. Lors de la passation du EDG, l’interviewer devait répéter les questions plus longues ou qui comprenaient plusieurs temps. Les personnes âgées semblaient avoir de la difficulté à se souvenir du début de la phrase, suite à un manque d’attention ou à une faiblesse au niveau de la mémoire de travail (Knâuper & Wittchen, 1994). Suite aux résultats de cette étude, les personnes âgées ayant des troubles cognitifs semblent avoir davantage de problèmes de mémoire que de problèmes de concentration, ce qui peut

confirmer que la nécessité de relire les questions était due davantage à un problème de mémoire. Ces lacunes au niveau de la mémoire peuvent également expliquer les faibles résultats obtenus pour le test-retest et la consistance interne. Pour que ce test n’excède pas les capacités cognitives défaillantes d’un nombre sans cesse croissant de personnes âgées, certains auteurs recommandent de simplifier les questions (Knâuper & Wittchen, 1994). Il serait donc primordial de raccourcir les questions trop longues, d’éviter les structures de phrase trop compliquées ou inversées et d’avoir un vocabulaire le plus simple possible et davantage adapté à la réalité des personnes âgées.

Également, certains mots comme impuissance, optimisme, énergie et désespérée, utilisés dans le test semblaient être mal compris ou interprétés de façon différente d’une personne à l’autre et parfois même, interprétés différemment par la même personne au cours des deux passations, expliquant le faible résultat du test-retest. La question #19 qui va comme suit : « Trouvez-vous la vie passionnante? » semblait tabou pour plusieurs puisque la passion est associée à la sexualité dans leur éducation et certains ont été même

(31)

Finalement, la principale limite de cette étude réside dans le petit nombre de participants. Il devient difficile d’interpréter les résultats et la généralisation est presque impossible. D’autres limitations viennent du fait que !’échantillon étudié vit en hébergement, qu’il y avait peu de participants très âgés, que le nombre d’hommes et de femmes est presque équivalent et que les caractéristiques socio-démographiques sont assez semblables. Certaines constatations sont toutefois permises. L’EDG semble avoir une tendance à surévaluer la dépression lorsque les personnes âgées ont des atteintes

cognitives et les troubles de mémoire plutôt qu’un manque d’attention semblent responsables de la difficulté qu’ont les participants à répondre à certaines questions.

Conséquemment, certaines questions devraient être remaniées pour faciliter la tâche à ces individus. Des auteurs (Gilley & Wilson, 1997) ont proposé !’utilisation d’une source d’information collatérale pour éviter les effets des troubles cognitifs sur le test. Des études de validation avec des sources autres que le participant répondant au test, un membre de la famille par exemple, sont nécessaires pour établir si ce moyen peut contrer la baisse de validité du EDG en présence d’individus cognitivement défavorisés.

Également, des études explorant les differents types de mémoire (mémoire à court terme, à long terme, de travail, métamémoire, etc.) en cause lors de la passation d’un questionnaire sont primordiales afin de déterminer les influences de cette capacité cognitive et d’éliminer les individus qui ne peuvent effectuer ce genre de tâche.

L’association d’un test évaluant les fonctions cognitives en général (PEEM, GMS) avec l’échelle évaluant la dépression est pratique courante pour distinguer entre les incapacités légères, moyennes ou sévères. Mais des tests plus spécifiques de mémoire pourraient sauver du temps classant les individus comme aptes ou inaptes à passer le test.

Finalement, des recherches futures pourront établir si l’EDG est applicable aux personnes très âgées (Weiss, Nagel & Aronson, 1986). Peu de validation à ce jour ont été effectuées avec ces individus dû à la difficulté de recrutement des participants mais ce segment de population est appelé à grossir et il sera important d’avoir des instruments aptes à dépister la dépression en présence de troubles cognitifs. Comme le désir de plaire et le besoin d’être aimé sont davantage rencontrés chez les personnes vieillissantes,

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surtout lorsque le réseau social diminue et que la solitude augmente, il serait également intéressant de vérifier l’influence de la personne qui effectue la passation du test sur l’attitude du participant.

4.1 Conclusion

Les caractéristiques de la dépression étant subjectives, !’utilisation d’échelles d’auto-évaluation est de plus en plus courante pour !’investigation des symptômes. Avec le vieillissement de la population entraînant une augmentation du segment de population ayant des troubles cognitifs, il est important d’avoir des outils qui permettent à la fois d’identifier la dépression chez les personnes atteintes de troubles cognitifs et de différencier les symptômes de la dépression par rapport à ceux des troubles cognitifs.

Comme il n’y a pas encore de test spécifique pour la dépression en présence d’atteintes cognitives, quelques études de validation ont été entreprises sur les échelles d’auto-

évaluation de la dépression existantes.

Cette recherche a donc été instaurée suite aux recommandations de plusieurs auteurs. Le but premier de cette étude qui était d’évaluer la sensibilité et la spécificité du EDG en présence de personnes âgées ayant des atteintes cognitives légères à modérées a dû être abandonné faute de participants dépressifs. Le second objectif de l’étude, évaluer les qualités métriques du EDG toujours avec des participants âgés atteints cognitivement, ne supporte pas la fidélité de l’EDG mais le nombre restreint de participants oblige à des précautions dans !’interprétation des résultats et empêche la généralisation de ces

(33)

Tableau 1

Résultats des études comparant les indices de fidélité du EDG

Auteurs Échantillons Test Résultats

Yesavage et al. (1983) Communauté Consistance interne

Test-retest (1 semaine) alpha = 0.94 Moitié-moitié = 0.94 Item-total = 0.56 (0.32 à 0.83) Inter-item = 0.36 Corrélation = 0.85

Brink et al. (1985) Hébergement Test-retest (2 heures)

Corrélation = 0.86

Kieman et al. (1986) Hébergement Test-retest (6 mois)

Corrélation = 0.79

Lesher(1986) Hébergement Consistance interne

Test-retest (1 mois) alpha = 0.99 Moitié-moitié = 0.84 Item-total = 0.34 (0.09 à 0.57) Inter-item = 0.35 Corrélation = 0.94

Rappétal. (1988) Médical Consistance interne alpha = 0.92

Durai étal. (1989) Communauté Consistance interne alpha = 0.91 Item-total = 0.48

(0.25 à 0.69)

(34)

Tableau 1 (suite)

Résultats des études comparant les indices de fidélité du EDG

Auteurs Échantillons Test Résultats

Chirurgie Consistance interne alpha = 0.88; 0.93 Test-retest Corrélation = 0.98 (15 jours)

Consistance interne alpha = 0.91 Item-total = 0.48 (0.28à0.72) Hébergement Tr. cognitifs Lyons et al., (1989) Parmelee et al. (1989) Corrélation = 0.85 Test-retest (1 mois)

Consistance interne alpha = 0.84; 0.89 Communauté Corrélation = 0.83 0.70 Test-retest (1 mois) Bourque et al. (1990)

Consistance interne alpha = 0.90 Médical Tr. cognitifs Ward et al. (1994) Corrélation = 0.70 Hébergement Test-retest (2 semaines) Laprise et al. (1998)

(35)

Tableau 2

Sommaire des caractéristiques des participants et des résultats aux tests

Troubles cognitifs Absence de Troubles cognitifs Tous les participants Âge 76.9 69.3 73.97 Homme 10 3 13 Femme 14 12 26 Marié 7 7 14 Veuf-veuve 17 8 25 EDO 8 25 5.07 7.03 PEEM 15 26 19.23* Mémoire des Chiffres-direct 3.30 5.93 4.34* Mémoire des Chiffres-inverse 1.70 5.27 3.11* Contrôle mental 248 4.20 3.16 Alpha 0.16 0.64 0.35 Moitié-moitié 0.27 0.55 Test-retest 0.59 *p< .0001

(36)

Tableau 3

Résultats des moyennes et des test-t à chacune des questions du EDG pour les participants ayant des atteintes cognitives et les participants cognitivement intacts.

Questions Troubles cognitifs Absence de troubles cognitifs t 1 0 92 1.0 1.137 2 0 38 0.20 -1.14 3 0.42 0.33 -0.51 4 0.33 0.33 0 5 0 62 0.87 1.65 6 0.21 0.33 0.86 7 0 92 0.93 0.19 8 0.12 0.20 0.62 9 0.92 1.0 1.14 10 0.33 0.20 -0.89 11 029 0.07 -1.71 12 0.50 0.47 -0.20 13 0 25 0 -2.18 14 0.25 0.13 -0.86 15 0.71 0 93 1.71 16 0.21 0.07 -1.18 17 0.33 0.33 0 18 0.08 0.07 -0.19 19 0.54 0.87 2.17 20 058 0.13 -3.02 21 0 58 0.73 0.94 22 0.21 0.07 -1.18 23 0.17 0 13 -0.27 24 0.08 0 -1.14 25 0.17 0.20 0 26 26 0.29 0.40 0.68 27 0 92 1.0 1.14 28 0.38 0.07 -2.23 29 0 58 0.80 1.40 30 0.67 0.53 -0.82 p<.001

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