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Du teroir actuel au territoire archéologique. Une étude de cas à Ndio, dans le nord-ouest de la République centrafricaine.

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Academic year: 2021

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Cahier des thèmes transversaux ArScAn

I

1 9 9 8 / 1 9 9 9

Thème

Environnement

s

Responsables

Stéphanie Thiébault

(UMR ArScAn - Protohistoire e u r o p é e n n e )

Sander Van der Leeuw

(2)

Du terroir actuel au territoire archéologique

Une étude de cas à Ndio

,

dans le nord-ouest

de la République centrafricaine

Étienne Zangato (UMR 7055 Préhistoire et technologie)

L'analyse des terroirs actuels, que nous avons pu aborder ces dix dernières années, est traitée dans la perspective des relations entre les sociétés actuelles e t leur milieu naturel, afin d e com prendre les m odalités d 'o c c u p atio n et d e gestion d'un e s p a c e . C ette é tu d e d e cas est m e n é e dan s la zone d e Ndio, située à q u aran te kilomètres d e Bouar, au nord-ouest d e la République centrafricaine, connue sur le plan archéologique pour sa forte concentration mégalithique, s'étendant d 'o u e st en est sur plus d e mille cinq cents kilomètres, entre Djohong au Cam eroun e t Bouar en République centrafricaine (figure 1). Toute la partie ouest d e c e pays est p e u p lé e aujourd'hui en g ra n d e partie par les com m unautés g b a y a qui, d 'a p rè s les rares données historiques disponibles, seraient arrivées dans la deuxième moitié du XIXe siècle d e notre ère. Les résultats des récents travaux archéologiques effectués dans c e tte région, notam m ent l'étude ap p ro fo n d ie d e la production c é ra m iq u e régionale e t d e la production métallurgique, montrent toutefois, q u e d e s élém ents d e la culture matérielle d'aujourd'hui sont attestés dès le Vile siècle après J. C, c e qui pose le problèm e d e l'existence pro b ab le d'une «tradition culturelle» sur environ un millénaire, en dépit d e s transformations socio-économ iques profondes (liées par exem ple à l'arrivée des européens) q u 'o n t connu les groupes régionaux. C ela renvoie à la question du peuplem ent d e la région e t d e son interprétation historique. L'objectif principal d e c e tte é tu d e est d e docum enter les m odalités d'exploitation d'un e s p a c e g éograp h iq u e par d e s com m unautés actuelles.

Les sociétés g b a y a sont présentées par divers auteurs com m e des sociétés d'agriculteurs pratiquant aussi d e l'élev ag e e t d e la c h a sse collecte. Elles sont réparties dans l'ouest d e la République centrafricaine par entité clanique (les kara, les bokoto, les biyanda, les buli, les Bozoum e t les g b é y a ) résidentielle, subdivisée, dans c h a q u e région, en villages lignagers fonctionnant sur les plans religieux e t social d 'u n e m anière in d ép e n d a n te .

Les observations e x p o sé e s ici ont é té co llectées auprès d'une partie d e s gbaya-kara, habitant les 8 ham eaux qui forment le village lignager d e Ndio. Ces ham eaux sont implantés le long d e la piste Bouar-Niem qui suit la ligne d e c rê te sé p ara n t les cuvettes tch ad ien n e au nord e t congolaise au sud. Ces h am e a u x sont implantés entre mille e t douze cents m ètres d'altitude. Un travail d e relevé d e c h a q u e h a m e a u à é té effectu é d 'a p rè s les p a ra m ètres suivants :

• la superficie,

• le nom bre d e m aisons, • le nom bre d 'h a b ita n ts,

• le nom bre d'enclos à bétail e t d e cimetières d'adultes, les enfants étant inhumés d an s les h a m e a u x ,

• l'identification des principaux artisans d e c h a q u e h a m e a u (forgerons, potières, e t c . ) ,

• une c o lle c te d e données sur les divers ateliers (de fo rg e a g e , d e poterie e t d e vannerie), sur les techniques d e fabrication e t les produits,

• enfin, d e s e n q u ê te s orales sur les modalités d e fonctionnem ent socio-économ ique.

L'origine du village actuel d e Ndio rem onte à 1915. En fait il y a eu un autre village Ndio, plus ancien, situé, d 'a p rè s les sources orales actuelles, à vingt kilomètres au sud-ouest. Le village actuel résulte d o n c d'un d é p la c e m e n t du prem ier village d e Ndio dan s c e tte zone. C e qui nous pose un premier problèm e q u a n t à la configuration d e l'implantation des villages actuels : résulte-t-elle sim plem ent d'une évolution du systèm e

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Environnement, Sociétés, Espaces

« traditionnel », ou d 'a u tre s facteurs extérieurs tel q u e la décision d 'un pouvoir central colonial ? Nos e n q u ê te s app o rten t un certain nom bre d'élém ents d e réponse et d e précision pour interpréter la configuration du village actuel. I a p p a ra ît q u e le h a m e a u 1 est le plus ancien e t il est à l'origine du village a ctu el d e Ndio. Nous n'avons pas e n c o re fini d e rassembler toutes les informations co n c ern a n t la population initiale d e c e premier ham eau. Le h a m e a u 2 a é té c ré é par le 2e fils du fondateur d e Ndio. Puis les ham eaux 3 à 6 ont é té fondés p a r les enfants du fondateur du h am eau 1. De m êm e pour le h a m e a u 7 qui a é té créé par le fils du fondateur du ham eau 2. Ces h am eaux s'organisent donc en petites unités familiales résidentielles constituées d'un ensem ble d'individus d e s c e n d a n t d 'u n m êm e a n c être fondateur.

C e village lignager vit d'u n e autosubsistance alimentaire reposant surtout sur une agriculture itinérante, une production dom estique à l'échelle d'une m aisonnée. S'y ajoute l'é le v a g e d'ovins, d e caprins, parfois d e bovins e t d e la volaille. La division du travail s'effectue par sexe e t par â g e au sein d e l'unité dom estique, co m p o sé e d e la m ère, du p è re e t des enfants.

L'artisanat constitue un autre pôle d'activités des habitants d e Ndio : travail du bois, vannerie, fo rg e a g e d e s objets à partir des m atériaux d e récupération, et surtout une production d e céram ique g b a y a qui est l'une d e s activités les plus im portantes e t les plus typique d e la région.

C es principales tâ c h e s sont rythmées selon un calendrier alternant saison sèche (d e novem bre à mars)/saison d e pluie (d'avril au mois d'octobre). En saison humide, les grands travaux agricoles sont limités à une aire restreinte située au -d elà d'un voir deux kilomètres aux alentours des villages. Dans c e t e s p a c e délimité par une barrière, les habitants cultivent les produits d e b a se tels q u e le manioc, l'ignam e (D io sco re a bu lb ife ra), la b a n a n e , la p a ta te d o u c e (H yp o g e a p a ta ta s), l'arachide, le maïs, le sé sa m e (Sesamum indicum), la courge, le ngom bo (Okra, Hibiscus esculentus). le piment (C apsicum annume') e t le riz. La c h a sse au petit gibier e t la p ê c h e individuelle ne sont guère pratiquées au -d elà d e la deuxième limite du terroir. En saison sèche, la mise en valeur des terres est réduite à d e petites superficies d e lits d e cours d 'e a u tem porairem ent asséchés, pour les cultures d e soudure (maïs, ngom bo e t quelques légum es annexes). Elle est associée à la récolte du miel e t à la cueillette des champignons, à l'approvisionnement en ignam e sauvage, à la c h asse collective accom plie par les hommes e t à la p ê c h e collective e ffe c tu é e par les fem m es.

Les diverses activités économ iques des g b a y a sont actuellem ent organisées spatialem ent e n plusieurs secteurs : les secteurs villageois, les secteurs agricoles e t les secteurs d'approvisionnem ent.

Les différents ham eaux qui constituent Ndio com prennent des habitations d e form e circulaire s'organisant en petites cellules dom estiques d e deux à trois maisons d e superficie moyenne, le lieu d e culte a ctu el (l'église) e t les ateliers d e forgeage, localisés à l'entrée d e certains ham eaux. L 'esp ace compris entre les ham eaux e t la prem ière limite du terroir est constitué d e trois secteurs : les ateliers d e potières situés juste à deux cents m ètres derrière les habitations, les cimetières des adultes situés à trois cents - cinq c e n ts mètres d e s habitations et les enclos à bétail localisés au-delà des cinq cents mètres, entre les cim etières et la prem ière limite du terroir. Ces enclos à bétail, généralem ent en bois, sont destinés à un petit é le v a g e d e moutons, d e chèvres e t d e bovins (pour les plus fortunés).

Le terroir est divisé en deux entités géographiques. Une zone com m une aux habitants des h a m e a u x 3, 7 e t 6, localisée dans la c u v e tte tchadienne e t une deuxièm e zone, située d an s la cuvette congolaise, g é ré e par les habitants des h am eau x 1, 2, 4, 5 et 8.

Les secteurs agricoles, sont clôturés. Les types d e culture sont répartis en fonction des qualités d e s sols et d e la topographie. Les versants d e vallées, subdivisés en parcelles d e taille variable (2 000 à 4 500 m 2) selon celle d e l'unité d om estique (familles d e 2 à 15 enfants), sont destinés aux grandes cultures d e la saison pluvieuse : manioc, arachide, maïs, sésam e, courges e t riz. Les fonds d e vallées (terre fertile) sont destinés à la culture de la b a n a n e, d e l'ignam e, d e la p a ta te d o u ce, du ngom bo e t du piment. Les fits d e s cours d 'e a u ne sont exploités q u 'e n saison sè c h e pour les diverses cultures d e soudure (maïs e t légumes a n n e x es).

Enfin, le secteur d'approvisionnem ent commun à tous les habitants, se trouve au-delà d e s zones mises en valeur, en milieu forestier. La population fréquente c e tte zone pour la réco lte du miel, des cham pignons, d e l'ignam e sauvage, pour la c h asse collective (hommes), la p ê c h e collective (fem m es) et pour l'approvisionnement en bois d e construction.

Le corpus des d o n n é e s archéologiques régionales com prend actuellem ent des sites villageois d e plein air, d e s sites mégalithiques, des sites funéraires e t des sites métallurgiques. Une cen tain e d e d a te s radiométriques p erm ettent d e caler ces sites dans différentes phases chronoculturelles, sur une s é q u e n c e chronologique allant d e 5000 a v a n t à 1900 après J.-C., sans hiatus arch éo lo g iq u e.

Les analyses palynologiques m ettent en év id en ce un p a y sa g e d e forêt claire durant le néolithique et un p a y sag e plus ouvert, d e fo rêt/savane à partir d e l'â g e du fer. Toutefois, d a n s l'état actuel d e s données, les

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territoires villageois peuvent être a p p ré h e n d é s sur la b a s e des productions c é ra m iq u e s villageoises, d e la répartition spatiale des ateliers métallurgiques e t des constructions mégalithiques, c e pour les phases ancien n es d e la séquence. C 'est pour la période dite « subactuelle », p r é c é d a n t la période coloniale e t c a ra c té ris é e par la disparition des mégalithes, que l'application d 'u n m odèle d 'a n a ly s e du terroir prend son sens pour éclairer les données actuelles com m e les d o n n é e s plus anciennes.

La prise en com pte des param ètres perm ettant d e caractériser les m o d e s d'organisation socio- é c o n o m iq u e des populations actuelles perm et ainsi d e d é v e lo p p e r une a p p r o c h e archéologique d e s terroirs spécifiques au contexte régional d es hautes terres d e République centrafricaine.

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Environnement, Sociétés, Espaces 50 km Ndio, Baboua Bawiti Baoro cuvette congolais^ Abba 0 vers imo]

Figure 1 - Région de Bouar (Préfecture de la Nana-Membéré)

Figure

Figure 1  - Région de Bouar (Préfecture de la Nana-Membéré)

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