MAIS QU'EST-CE QU'IL SE PASSE?
Claude ESCOT C.I.R.A.S. T.1.
MOTS-CLÉS: DÉMARCHE AcrlVE
RÉSUMÉ : Une démarche active pour approcher les sciences. On joue, on manipule, on s'interroge... et peu
à
peu le groupe construit la formalisation d'une loi de physique très utilisée dans la vie quotidienne. L'atelier consisteàvitre l'activité, puis à analyser son vécu etàvoir comment ce type d'approche peut être reproductible avec des enfants ou des jeunes (public visé: 8 - 14 ans).VIVRE LA CONSTRUCTION D'UN SAVOIR ET L'ANALYSER
LES SITUATIONS
Accueil
Le groupe (environ 20 personnes) se répanit dans la salle par 4 ou 5 autour de petites tables sur lesquelles est disposé du matériel très divers :
- entonnoir, feuilles, pièces, soucoupes, balle de ping-pong, pailles, boîtes diapos...
On va jouer.
Mise en situation problème On pose la pièce à côté de la soucoupe. Il faut mettre la pièce dans la soucoupe sans rien toucher, ni avec la main, ni avec un instrument.
L'engagement pris par le formateur est qu'à la fin de l'atelier chacun soit capable de réussir la situation et d'expliquer pourquoi, sans que jamais aucune explication théorique ne soit donnée.
L'ANALYSE DE CES SITUATIONS
L'organisation des espaces et les modes de fonctionnement
Dans toute situation de formation, l'institution véhicule des "règles implici tes de fonctionnement" par l'organisation des espaces, le lieu choisi, les règles relationnelles...
Ces "règles implicites" provoquent des attitudes et la mise en oeuvre de comportements qui vont canaliser l'accès au savoir.
Former
C'est permettre à quelqu'un de s'approprier une information, c'est-à-dire de l'intégrer à ses connaissances. Les questions que pose la nouvelle information von t venir bousculer l'organisation des acquis antérieurs (ses représentations) qu'il va falloir réorganiser.
Objectif énoncé :
Vivre la construction d'un savoir et l'analyser : une démarche active d'approche des sciences.
Les participants sont venus volontairement pour confronter leur réflexion à celle de l'intervenant.
Le
côté ludique vient renforcer leur envie de chercher et de comprendre.Dans le petit groupe
Mise en situation problème 1 Sion souffle entre 2 feuilles de papier suspendues en parallèle, qu'est-ce qui se passe?
Chacun essaie individuellement de trouver une explication
à
ce qu'il constate (quand on souffle entre les feuilles, au lieu de s'écarter, elles se rapprochent).Ensuite, on discute, on échange, on expérimente ensemble...
Il faut se meUre d'accord sur une explication commune.
La motivation
Seul l'individu décide de s'approprier ou non une information.
La motivation est indispensable à la connaissance.
C'est l'image du plaisir qu'on attend de son action qui va permettre d'accepter la rupture, la remise en cause et la réorganisation de son savoir.
- la mise en situation de projet permet d'expliciter ce plaisir attendu.
- l'activité ludique ou relationnelle renforce l'image du plaisir attendu par un (plaisir immédiat.
Les représentations
À
partir de ses acquis antérieurs, chacun a organisé ses connaissances pour se construire des modèles explicatifs. Il est nécessaire que chacun exprime comment il voit les choses, confronte son point de vue à l'expérience et à celui des autres, argumente... pour vérifier la solidité et les failles de son raisonnement, afin de construire une nouvelle explication plus opératoire.L'expression, la confrontation, l'échange sont indispensables.
Dans le groupe, personne n'a la solution : on cherche, on discute, on essaie, on argumente, on réfléchit seul, on écrit, on fait appelà d'autres situations vécues... on s'explique pour se mettre d'accord.
Toujours en petit groupe:
Quand le groupe s'est mis d'accord, on imagine des expériences pour vérifier la justesse de son raisonnement et de l'explication commune.
On réalise ces expenences avec le matériel disponible. TI faudra les montrer aux autres.
On observe, on agit, on mesure...
Confrontation à une nouvelle situation: Lorsqu'on souffle dans un entonnoir renversé, la balle de ping-pong placée au fond reste comme "collée". Elle ne tombe que quand on arrête de souffler.
On vérifie la cohérence entre l'explication donnée et la nouvelle situation...
Des approches diverses
Tout au long de son histoire personnelle, chacun s'est construit des modes de fonctionnement différents, Il faut donc permettre des approches le plus diversifiées possibles:
- agir, chercher, discuter, expérimenter, écrire, questionner, argumenter...
- faire appel à la totalité de la personne dans ses aspects intellectuels, physiques, relationnels affectifs, imaginaires...
Imaginer des expériences
"Comprendre, c'est inventer" disait Piaget. Il faut aider le formé à se construire les outils méthodologiques nécessaires:
- imaginer une expérience pour vérifier la 'ustesse de son raisonnement
- utiliser des instruments de mesure (ou en inventer) pour interpréter le résultat de son expérience
- ne considérer un résultat comme valable que s'il est reproductible à volonté par l'expérimentateur (démarche expérimentale).
En grand groupe
Mise en commun des explications de chaque petit groupe.
On explique, on montre, on questionne, on vérifie...
Tout le groupe doit se mettre d'accord sur une seule explication à laquelle tout le monde adhère.
Fonnulation de l'explication:
"Quand l'air se déplace, il y a une dépression et la pression atmosphérique est plus forte de l'autre côté (feuille, balle)".
Retour au problème d'origine
(pièce, soucoupe) et accès à de la documentation:
- livres "petits débrouillards" - bulletin de l'Union des physiciens
- Notes techniques CLAP et Cité des Sciences - Jeunes Années Spéciaux (Les Francas)...
tout le monde résoud le problème ; Chacun essaie, tâtonne, se réexplique ...
Se mettre d'accord
Lorsque tout le groupe est d'accord sur une explication qui permet d'agir,ils'est construit un savoir collectif.
Le savoir n'est pas une vérité figée.
Cest un consensus social sur une vérité opératoire dans la situation donnée. Comprendre ainsi le savoir, c'est accepter des savoirs provisoires parce qu'opérationnels, et en même temps avoir envie d'aller plus loin, s'ouvrir sur de nouvelles situations qui agrandiront son savoir.
Documentation
Les informations nécessaires sont véhiculées par :
- la situation vécue - ies expérimentations
- les représentations et les connaissances des autres
- la documentation écrite - le formateur
Le formateur doit rendre disponible l'information, c'est-à-dire faire en sorte que celle-ci circule, dans un langage adapté au public, en utilisant toutes les formes d'information.
Discussion commune avec le formateur sur les applications du principe (loi BERNOUILLI) mis en lumière:
- profil d'aile d'avion - carburateur de voiture - vaporisateur
- voilier qui remonte le vent... ;
Analyse du savoir et du rôle du formateur
Rôle du formateur
On ne forme pas quelqu'un:
personne ne peut à sa place établir -ou ne pas établir- cette relation avec les informations circulant autour de lui.
On lui permet de se former, c'est-à·
dire
de construire son savoir.Le formateur peut intervenir :
sur l'individu (lui faire prendre conscience de ses représentations) ; sur sa motivation ; sur l'information (sa disponibilité) ; sur l'environnement (les règles implicites).
