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ARTheque - STEF - ENS Cachan | L'observation.

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Academic year: 2021

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L'observation

F. CANONGE,

Professeur

à l'Ecole normale nationale d'apprentissage de Paris.

Dans cet article et celui que nous publie-rons au prochain numéro, notre collègue F. CANONGE, professeur à l'E.N.N.A. de Paris étudie le rôle de l'observation et de l'analyse technique considérées comme

mé-thodes d'apprentissage.

L'OBSERVATION

L'observation doit tenir une place importante dans nos méthodes pédagogiques. Elle constitue à la fois un moyen d'enseignement et une activité de réflexion de premier ordre pour le maître et pour l'élève.

Les qualités d'observation, nécessaires au sa-vant, à l'ingénieur, au technicien, sont aussi indis-pensables au bon ouvrier. L'exécutant tombe au rang de manœuvre s'il est incapable d'observer les résultats de son travail, les changements qui se produisent sur son outil ou sa machine.

Observer c'est constater, au moins qualitative-ment, et c'est aussi comprendre, s'étonner, s'inter-roger, chercher,. contrôler, justifier, critiquer.

« Une observation scientifique digne de ce nom, dépasse toujours le concret pur.» L . BOISSE.

« Observer c'est reconnaître qualitativement cer-taines relations » H . Le CHATELIER.

Il nous est donc possible de dire qu'observer c'est dépasser le concret en y ajoutant une idée, c'est exercer ses sens et son intelligence.

Les maîtres qui ne pratiquent l'observation que par hasard sont généralement déçus. « Cela ne donne rien » disent-ils, « les élèves ne trouvent rien » ou bien « ils ne trouvent que des détails ». On retiendra de ceci, qu'observer est difficile et ne consiste ni à énumérer, ni à décrire. Observer c'est voir et réfléchir, en se donnant un but et en

opérant avec méthode. Les élèves doivent être entraînés à observer, pour être plus tard capables d'observer par eux-mêmes, de s'adapter, de cri-tiquer, de découvrir.

FORMES ET BUTS DE L'OBSERVATION

X. _ L'OBSERVATION D'UN TOUT STRUCTURÉ.

Nous demandons à nos élèves d'observer des objets que nous mettons entre leurs mains. Chaque objet constitue un tout, dont les éléments sont solidaires, chaque objet est une unité dont les éléments sont associés entre eux selon une synthèse appropriée. Dès que l'objet est impor-tant, ou complexe, les maîtres se contentent d'en faire observer quelques détails et ne songent pas qu'il faudrait soumettre à l'observation l'objet tout entier, dans son ensemble. Pourquoi ne pas décrire l'objet? C'est si simple, dira-t-on, à quoi bon compliquer? H. Le Chatelier s'est expliqué clairement sur cette manière de concevoir la tech-nologie : « La méthode la plus généralement em-ployée se réduit à une description technologique des différentes industries. On décrit dans des cours oraux, dans des ouvrages imprimés les di-verses opérations de l'industrie ; on donne les dimensions des appareils en usage, les composi-tions des matières premières, des produits fabri-qués, le détail des prix de revient, etc. Cet ensei-gnement que j'ai reçu à l'Ecole des Mines, m'a laissé le souvenir le plus fastidieux. On sommeille avant la fin de la description. D'autre part, le nombre des procédés industriels et de leurs variantes est tellement grand qu'il est impossible de les décrire tous. D'ailleurs, en raison de l'évolu-tion très rapide de l'industrie, dix ans après la sortie des écoles, tous les appareils étudiés sont démodés et hors d'usage... Le plus souvent les professeurs sont réduits à donner la description de vieux procédés déjà abandonnés. »

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Nous proposons de remplacer la description de l'objet par un contact avec l'objet associé à un travail de réflexion original. Il est nécessaire d'orienter et de motiver l'observation. Nous propo-sons de lui donner l'un des buts suivants :

1° Etablir le schéma de structure de l'objet. On part de la fonction principale de l'objet. On observe la partie active ou directement utile. On passe aux parties étroitement liées à la partie active et de proche en proche, par ordre de néces-sité fonctionnelle, on établit le schéma de cons-truction de l'objet.

2° Rechercher les fonctions de l'objet et les conditions à satisfaire pour que les fonctions soient remplies.

Tout objet fait par l'homme est destiné à satis-faire certains besoins ou à répondre à certains vœux de l'utilisateur. On peut considérer que tout objet est un serviteur dont on attend certains services que nous désignerons sous le terme de « fonctions ».

Il est très important de découvrir ces fonctions, puisque l'objet, dans sa totalité et dans ses élé-ments est conçu et construit pour pouvoir assurer ses fonctions.

En vue de découvrir les fonctions de l'objet et les conditions à satisfaire, on se posera les ques-tions « traditionnelles » à propos de tous les élé-ments ou détails qu'on remarquera : A quoi sert ceci? Quelle est la raison d'être de cela? Pourquoi est-ce fait ainsi? Et l'on aura soin de préciser : Pourquoi l'objet a-t-il cette longueur? Pourquoi est-il arrondi ici? etc.

On s'efforcera de classer les réponses d'après leur parenté, d'après l'idée générale qui les soutient. Et l'on s'apercevra que cette idée géné-rale est une fonction de l'objet ou une condition à remplir. Comme chaque élément du tout parti-cipe à quelque fonction du tout, on découvrira successivement diverses fonctions et conditions qu'on notera sans retard.

Cet exercice prépare directement à l'analyse technique qui est une forme plus complète de réflexion.

3° Découvrir les éléments cachés à partir des éléments vus.

Rien de bien nouveau, pensera-t-on ; c'est tou-jours ainsi que l'esprit progresse du connu vers l'inconnu.

L'exercice que nous proposons est particuliè-rement utile à ceux qui doivent effectuer des démontages, des réparations, à tous ceux qui sont mis quelque jour en présence de matériels nou-veaux. Il s'agit de raisonner à partir d'éléments vus ou d'indices divers. Le raisonnement aboutit souvent à plusieurs hypothèses sur la structure, le rôle, la qualité des éléments cachés. Une amorce de démontage peut aider le raisonnement ou venir le contrôler. On remarquera toutefois que cer-tains éléments, cachés ou protégés, ne doivent ou ne peuvent être démontés qu'avec d'infinies pré-cautions. Ainsi l'observation pourra inciter à la prudence et faire sentir la nécessité de mieux

s'informer, de consulter des notices de démon-tage par exemple.

I I . — L'OBSERVATION LOCALISÉE.

C'est l'observation d'un élément pris dans un tout.

1. Etudier la partie directement active d'un objet. C'est celle qui contribue généralement à

assurer la fonction essentielle de l'objet. On justi-fiera toutes ses particularités. On insistera sur ses liaisons avec le tout. On peut étudier de la même façon tout élément qui concourt à assurer une fonction importante de l'objet.

2. Etudier un élément quelconque.

Dans un objet bien construit, tout élément joue un rôle utile qu'il faut découvrir. La question à se poser est un type de : pourquoi cela? Mais il n'est pas sans intérêt de donner à cette question des formes variées. Par exemple : Quelle est la raison d'être de ce détail? Est-ce vraiment utile? Est-ce important? Pourquoi est-ce fait ainsi? Pour-quoi telle longueur, telle forme? Est-ce que cela ne pourrait être autrement? On supposera qu'on fait varier chaque caractéristique de l'élément étu-dié et notamment formes, construction, dimen-sions, couleur, matière, etc. Cette manière de s'in-terroger stimule l'esprit et peut conduire à l'étude critique, à l'expérimentation, à l'invention. Ne sourions pas trop. Les inventions ont souvent des points de départ très modestes. Elles sont l'œuvre de gens qui savent s'étonner, s'interroger, qui ont contracté certaines habitudes d'esprit un peu révo-lutionnaires, qui savent voir la réalité d'un regard neuf, non conformiste.

I I I . — L'OBSERVATION PAR COMPARAISON.

Spontanément on observe par comparaison. On remarque surtout l'inattendu, le nouveau, c'est-à-dire les différences.

1. Découvrir et expliquer les ressemblances et les différences.

On notera les ressemblances ou les différences. On les justifiera. On les appréciera. Il serait éton-nant qu'elles ne correspondent pas à quelque objectif visé par le réalisateur de l'objet. Il ne sera pas difficile de découvrir que cet objectif est précisément une fonction de l'objet ou une condi-tion qu'il doit remplir.

I V . — L'OBSERVATION CRITIQUE.

1. Découvrir les fonctions et conditions mal satisfaites.

Un objet n'est jamais parfait. Les services qu'il nous rend sont limités. L'objet finit par s'user, s'altérer, se détériorer. Tout producteur s'efforce d'améliorer ses productions et de satisfaire ses clients. Il doit connaître leurs critiques. De toute évidence les critiques les plus fondées sont celles que révèle un usage prolongé. Toutefois le simple

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examen raisonné d'un oojet peut faire apparaître de nombreuses insuffisances correspondant à des fonctions ou conditions mal satisfaites. On comprendra ainsi que toute solution au problème posé n'est qu'un compromis qui sacrifie certains objectifs à d'autres. On découvrira, par la même occasion, certaines conditions fonctionnelles que l'on avait oubliées, ou considérées comme peu importantes.

L'OBSERVATION D'UN TRAVAIL Un travail de montage, de façonnage, de réglage, de réparation, constitue généralement un en-semble complexe, d'autant plus difficile à observer qu'il dure plus longtemps et qu'il est plus nouveau pour l'élève.

On peut observer pour comprendre ou justifier, comprendre et imiter, critiquer et corriger, ou même pour proposer d'autres solutions. L'élève

devra toujours connaître parfaitement le point de départ du travail et le résultat final qu'on veut obtenir.

Dans la démonstration d'atelier on peut se pro-poser de faire observer l'élève pour le rendre capable de comprendre et d'imiter. On décompose le travail en deux ou trois étapes. On subdivise chaque étape en plusieurs points qu'on peut numé-roter ; on exécute lentement, sans parler, en tâchant de faciliter les observations. Après chaque étape on contrôle les observations, on les confronte, on rectifie s'il y a lieu. L'élève peut immédiatement faire un essai. Il vaut mieux faire découvrir par l'observation que faire comprendre par un discours explicatif du maître.

Le maître doit avec persévérance appliquer une méthode et la transmettre à l'élève qui acquerra ainsi les habitudes d'esprit et d'instrument mental qui lui permettront d'observer par lui-même, effi-cacement.

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