-27-TRIBUNE LIBRE
A propos de formation et de technologie
Nous entendons souvent modernes et de recyclage.
Nous avons même obtenu d'être recyclés pendant 3 h chaque semaine à l'I.R.E.M. et ces 3 h nous sont, soit données en décharge, soit payées en heures
supplémentaires. C'est bien, il faut applaudir devant un tel progrès qui nous mène vers un recyclage permanent.
Mais personne n'a l'air de penser, non pas au recyclage mais à l'ini-tiation pure, simple et élémentaire des professeurs appelés à chaque rentrée, à enseigner la technologie en 4- et en 3°, que ceux-ci soient P E G C ou certifiés de physique. La plupart n'ont jamais reçu la moindre information et ils se trouvent devant le problème ardu d'enseigner la technologie, matière qu'ils n'ont même pas étudiée en tant qu'élève.
Quelques privilégiés, et j'en suis, ont suivi un stage de 2 ans ou de 3 ans pour les plus jeunes au Centre Régional de formation de'maitres" de
CEG et ont enseigner la technologie.
Depuis, nous avons dû reprendre notre travail pour faire face à de nouveaux programmes et à de nouveaux horaires.
Dans mon entourage très proche, c'est-à-dire celui de mes collègues ou de mes anciens collègues, j'ai été assaillie dès la rentrée par 3 collègues qui veulent travailler leurs cours de technologie avec mon aide et pour assister à des leçons dans ma classe à des cours. De nouveau, on fait appel à la bonne volonté des enseignants, à celle de mes collègues et à la mienne.
De plus je compte organiser pour répondre au désir de plusieurs collègues et dans le cadre de l'APIT (Association des professeurs d'initiation techno-logique qui groupe un millier d'adhérents sur le plan national), un groupe de travail sur la technologie, me donnera-t-on les moyens financiers pour faire polycopier des leçons, des documents pour rembourser les frais de dé-placement de ceux ou celles qui travaillent hors Marseille ?
Je viens de parler de mon entourage très proche mais en tant que du bureau de l'A.P.I.T. nous recevons des dizaines de lettres de collègues qui demandent notre aide.
Notre bulletin essaie de leur apporter cette aide, aide dérisoire
quand nous pensons qu'il nous a fallu un an pour nous initier à la technolo-gie et 4 ou 5 ans d'enseignement de cette matière pour commencer à nous sentir un peu à l'aise en classe.
Ce point de vue sera je l'espère publié dans les bulletins syndicaux et je pense que nos différents délégués n'hésiteront pas à faire une démarche auprès des Recteurs d'Académies et auprès de l'Inspection générale pour que le problène du recyclage des professeurs de Technologie, PEGC et certifiés, soit enfin étudié avec l'attentiow qu'il mérite.
-28-Tribune Libre (suite)
Il arrive hélas trop souvent que la technologie soit confiée à de jeunes débutants, maîtres auxiliaires ou suppléants n'ayant reçu aucune préparation pour l'enseigner. Il nous a été souvent demandé de donner dans notre bulletin quelques conseils d'ordre pratique à leur intention. Nous acceptons bien volontiers de le faire en nous limitant pour cette fois à la partie de cet enseignement qui concerne l'étude d'un objet technique et sans aborder la méthode à suivre dans cette étude, ce que l'on peut trouver par ailleurs. La place de cet article dans la tribune libre montre bien que les propos tenus n'engagent que la responsabilité de leur auteur. En d'autres termes il faut y voir non pas les idées d'une doctrine officielle mais celles d'un collèbuc, qui essaie de communiquer à un ami débutant le fruit de sa propre expérience. C'est ce que le tutoiement a voulu souligner.
L'étude d'un objet
1) Il est bien naturel quand on commence à enseigner de vouloir apporter son savoir et de faire preuve, sans en être conscient, d'un peu de dogmatisme. Il faut donc te garder contre cette tendance. Si un exposé magistral est acceptable pour présenter certaines notions (ce qui est bien rare en techno-logie) il est tout à fait inacceptable dans l'étude d'un objet où ce qui importe n'est pas la connaissance de l'objet lui-même, mais les observa-tions et réflexions qu'il provoque.
2) Bien qu'on ait dit que "la leçon de technologie devait être un perpétuel dialogue entre le maître et l'élève" tu aurais tort de suivre ce conseil à la lettre. Ce dialogue est très vite lassant, épuisant pour toi, et tourne le plus souvent au bavardage. De plus il fait rarement participer tous les élèves, laisse à l'écart les plus réservés ou les rêveurs et met en vedette certains d'entre eux, pas toujours les meilleurs.
Enfin, il n'oblige pas à une réflexion sérieuse qui demande, c'est évident, plus de calme que d'agitation.
3) Il te faut donc avant toute chose chercher à obtenir de tous une participa-tion sérieuse et réfléchie. Pour cela exige chaque fois qu'il est possible un travail personnel qui laisse une trace sur le papier : une réponse par écrit à une courte question ; un croquis avec sa légende ; un tableau à
compléter ; un schéma à la portée de tes élèves ; une relation à découvrir un montage à imaginer; un dessin à lire ••• C'est à la suite de chaque exercice qu'une discussion pourra s'établir permettant de confronter les résultats et d'apporter les corrections et compléments nécessaires.
4) Pendant que se déroulent ces exercices ne reste pas inactif, circule parmi tes élèves, viens à leur aide quand cela est nécessaire et surtout observe leur travail pour les mieux connaître. C'est en observant leurs réactions dans des activités qui peuvent être très variés et où existe toujours une certaine liberté d'action que tu pourras recueillir sur tes élèves les éléments d'informations indispensables à leur orientation. Prends même des notes, si le nombre de classes à ta charge ne te permet pas de retenir les traits caractéristiques de chacun. Ton avis sera précieux dans les conseils d'orientation où il est apparu que le professeur de technologie était souvent celui qui connaissait le mieux les aptitudes et les goûts de ses élèves.
5) Ce qui vient d'être dit ne t'oblige pas à interdire systématiquement tout travail en équipe. La comnunication peut être permise au sein des équipes de deux, exceptionnellement de trois que tu as formées ; elle est souvent
-29-bénéfique mais il faut éviter que l'un des deux reste à la remorque de l'autre. Il est facile de déceler la contribution de chacun il est moir.s facile, il est vrai, de faire en sorte qu'elle soit équitable.
6) La préparation de ta leçon devra donc con3ister pour l'essentiel à rechercher les exercices successifs qui vont se proposer au cours de la séance et à les mettre au point avec beaucoup d'attention en préparant si besoin les documents nécessaires. Leur choix est fondamental. Il faut rechercher un bon équilibre :
- qui évite la lassitude. (les deux heures sont longues si l'cn n'apporte pas une diversité suffisante).
- qui fasse intervenir et cultive un éventail aussi large que possible d'aptitudes.
Voici quelques unes des aptitudes que tel ou tel exercice peut mettre en jeu plus spécialement :
- Aptitude à observer et à exprimer cette observation. - Sens des relations mécaniques.
- Aptitude àabsu"aire, à généraliser. - Imagination constructrice, créativité. - Sens de l'espace.
- Faculté d'analyse et de synthèse. - Aptitude à schématiser.
- Ordre, soin, méthode.
Habileté manuelle (pourquoi pas il n'a jamais géné personne d'être adroit de ses mains).
7) Si tu travailles avec l'aide d'un manuel ne te crois pas obligé d'épuiser tout son contenu
s
l'auteur qui s'adresse à des utilisateurs très divers a sans doute voulu offrir à chacun un choix à sa convenance. Ne crains pas d'abandonner ce qui te paraît superflu ou hors de portée de tes élèves et à introduire ce qui te paraît mieux leur convenir.8) Il existe deux manières de faire dérouler l'étude d'un objet. La méthode dite d'observation qui consiste à partir de l'objet, de son utilisation pour en découvrir progressivement l'agencement. La méthode dite de redé-couverte ou d'invention qui partant d'un besoin, d'un problème consiste à rechercher les moyens à mettre en pour satisfaire ce besoin, résoudre ce problème. (Note bien que cette recherche ne dispense pas d'observer ensuite l'objet mais au contraire prépare l'élève à cette observation et facilite la tâche du professeur dans la conduite de cette phase importante de la leçon).
Des instructions récentes donnent, par prudence, priorité à la première méthode. Tu apprendrasvite qu'il est fort intéressant de ne pas s'en tenir
strictement à la même méthode et qu'il est très facile par exemple (les élèves t'y inciteront) de faire un peu de redécouverte au cours d'une leçon basée sur l'observation. Ces exercices sont d'ailleurs
si tu veux faire jouer la créativité de tes élèves.
9) Quant aux notes que tes élèves prendront sur leur "cahier" tu as sans
doute compris qu'elles devaient se réduire au plus strict minimum. L'horaire de technologie ne le permet pas et l'intérêt de cette prise de notes est par ailleurs très contestable. Par cor.tre il restera dans le classeur de tes élèves la trace des exercices faits en classe : croquis, tableaux, schémas, résultats de mesures etc ••• Les légendes qui les accompagnent fixeront les notions dégagées et le vocabulaire avec une orthographe
-30-correcte si tu n'as pas oublié d'écrire les mots nouveaux au tableau noir. Ne fais jamais travailler "au brouillon" ; celui-ci est négligé et sale par définition. Certains collègues exigent deux sortes de
feuilles de couleurs différentes pour éviter toute méprise : la "feuille d'essais" qui fait fonction de brouillon mais qui reste dans le classeur. La "feuille de travail" où se fait le travail définitif ou la correction apportée en classe. Les élèves qui aiment souvent les choses bien présentées font au crayon les pendant la classe et les terminent chez eux
avec encre et couleur. Je ne puis t'en dire plus sur ce point ; à toi de définir ta technique personnelle à la lumière de ta propre expérience. JO) Un dernier point: choisis bien dans ta leçon le moment où l'objet étudié
sera mis entre les mains de tes élèves. Dès cet instant tu n'es plus tout à fait le maître dans ta classe et ton "coefficient d '.écoute" baisse brusquement de plus de 50 %. Fais donc en sorte que l'élève mis en
possession de l'objet soit prêt à en faire l'utilisation que tu attends. Que le dialogue qu'il échangeait avec toi s'échange désormais avec l'objet
(c'est-à-dire en vérité avec celui qui l'a conçu). Il est là le véritable dialogue de la technologie et si cet enseignement ne devait aboutir qu'à rendre ce goût spontan@ chez les élèves il aurait atteint un objectif assez neuf et d'intérêt non négligeable.
Encore un mot: s'il t'arrive quelque échec ne perd pas courage. On ne t'a pas confié la tâche la plus aisée. Les collègues plus chevronnés sont d'accord pour reconnaître la difficulté d'enseigner la technologie. Il faut quelques années d'expérience pour en exploiter toutes les
ressources et se sentir vraiment à l'aise dans sa classe. Console toi en pensant que cela constitue pour ta formation pédagogique une excel-lente école.
Si tu penses que ces quelques lignes valaient la peine d'être écrites, et t'ont aidé dans ton travail écris-nous pour nous proposer d'autres sujets qui te préoccupent. L'enseignement du dessin peut être?
