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Poésie et révolte

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(1)

Poésie et

Poésie et

révolte

révolte

Denis Saint-Amand Denis Saint-Amand Université de Liège Université de Liège 2014-2015 2014-2015

(2)

La littérature peut s’appréhender comme espace et moyen de La littérature peut s’appréhender comme espace et moyen de la révolte ; à entendre comme un « mouvement de rébellion la révolte ; à entendre comme un « mouvement de rébellion contre une autorité établie » et un « refus d’obéir à contre une autorité établie » et un « refus d’obéir à

quelqu’un, d’accepter son autorité ». quelqu’un, d’accepter son autorité ».

Sur le plan métaphysique, la révolte est « une agitation Sur le plan métaphysique, la révolte est « une agitation intérieure traduisant une opposition violente, un refus intérieure traduisant une opposition violente, un refus d’accepter quelque chose qui heurte ou blesse les sentiments d’accepter quelque chose qui heurte ou blesse les sentiments profonds de l’individu » et un « refus d’accepter un profonds de l’individu » et un « refus d’accepter un événement, une situation, quelque chose d’inévitable, événement, une situation, quelque chose d’inévitable,

d’inéluctable ». d’inéluctable ».

(Définition commune, mais opérante, empruntée au

(Définition commune, mais opérante, empruntée au Trésor de la langue Trésor de la langue française.)

(3)

Trois poètes, trois types de révolte

(4)

1. Charles Baudelaire

1. Charles Baudelaire

(1821-1867)

(5)

Les Fleurs du Mal

Les Fleurs du Mal

(1857)

(1857)

Ouvrage majeur et terrible. Directement mal accueilli par la critique: les comptes rendus dans la presse sont purement dépréciatifs, on juge le recueil ignoble, odieux, infect, mais aussi monotone et peu innovant.

Comme Madame Bovary, Les Fleurs du mal sont attaquées en justice : on reproche à Baudelaire d’avoir porté « offense à la morale religieuse » et « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Là où Flaubert s’en sort finalement, Baudelaire va être condamné à payer une amende (réduite à 50 francs) et au retrait de six poèmes de l’édition originale. Il sort particulièrement blessé de cet épisode.

(6)

« Baudelaire est, simplement et littéralement, obscène – c’est-à-dire, selon l’étymologie, ‘de mauvaise augure’ – : comme un oiseau de malheur posté en surplomb, au-dessus des cités humaines, il dévoile, en les versifiant, les côtés obscurs (troubles et cachés) du corps physiologique et du corps social, les sourdes pulsions de l’organisme et les spasmes ou les infections purulentes de l’être collectif. » (Alain Vaillant, Baudelaire poète comique, p. 15)

(7)

L’Albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!

L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

(8)

Ta tête, ton geste, ton air

Ta tête, ton geste, ton air

Sont beaux comme un beau

Sont beaux comme un beau

paysage ;

paysage ;

Le rire joue en ton visage

Le rire joue en ton visage

Comme un vent frais dans un

Comme un vent frais dans un

ciel clair.

ciel clair.

Le passant chagrin que tu frôles

Le passant chagrin que tu frôles

Est ébloui par la santé

Est ébloui par la santé

Qui jaillit comme une clarté

Qui jaillit comme une clarté

De tes bras et de tes épaules.

De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs

Les retentissantes couleurs

Dont tu parsèmes tes toilettes

Dont tu parsèmes tes toilettes

Jettent dans l’esprit des poètes

Jettent dans l’esprit des poètes

L'image d'un ballet de fleurs.

L'image d'un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l’emblème

Ces robes folles sont l’emblème

De ton esprit bariolé ;

De ton esprit bariolé ;

Folle dont je suis affolé,

Folle dont je suis affolé,

Je te hais autant que je t’aime !

Je te hais autant que je t’aime !

Quelquefois dans un beau jardin Où je traînais mon atonie,

J’ai senti, comme une ironie, Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure Ont tant humilié mon cœur, Que j’ai puni sur une fleur L’insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit, Quand l’heure des voluptés sonne,

Vers les trésors de ta personne, Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse, Pour meurtrir ton sein

pardonné,

Et faire à ton flanc étonné Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !

À travers ces lèvres nouvelles, Plus éclatantes et plus belles, T’infuser mon venin, ma sœur !

(9)

C. Klapisch, Paris, 2008.

(10)

Ta tête, ton geste, ton air

Ta tête, ton geste, ton air

Sont beaux comme un beau

Sont beaux comme un beau

paysage ;

paysage ;

Le rire joue en ton visage

Le rire joue en ton visage

Comme un vent frais dans un

Comme un vent frais dans un

ciel clair.

ciel clair.

Le passant chagrin que tu frôles

Le passant chagrin que tu frôles

Est ébloui par la santé

Est ébloui par la santé

Qui jaillit comme une clarté

Qui jaillit comme une clarté

De tes bras et de tes épaules.

De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs

Les retentissantes couleurs

Dont tu parsèmes tes toilettes

Dont tu parsèmes tes toilettes

Jettent dans l’esprit des poètes

Jettent dans l’esprit des poètes

L'image d'un ballet de fleurs.

L'image d'un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l’emblème

Ces robes folles sont l’emblème

De ton esprit bariolé ;

De ton esprit bariolé ;

Folle dont je suis affolé,

Folle dont je suis affolé,

Je te hais autant que je t’aime !

Je te hais autant que je t’aime !

Quelquefois dans un beau jardin Où je traînais mon atonie,

J’ai senti, comme une ironie, Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure Ont tant humilié mon cœur, Que j’ai puni sur une fleur L’insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit, Quand l’heure des voluptés sonne,

Vers les trésors de ta personne, Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse, Pour meurtrir ton sein

pardonné,

Et faire à ton flanc étonné Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !

À travers ces lèvres nouvelles, Plus éclatantes et plus belles, T’infuser mon venin, ma sœur !

(11)

Au-delà d’une révolte sociale et d’un positionnement contre les normes de son

époque, Baudelaire s’en prend

particulièrement à certaines cibles. Parmi elles, on peut pointer la religion : la section « révolte » de la première édition des Fleurs du Mal comporte de cette façon trois textes qui s’en prennent violemment à Dieu, plus encore qu’au corps ecclésiastique. Ces textes sont « Abel et Caïn », « Les Litanies de Satan » (rythmées par la rengaine « O Satan, prends pitié de ma longue misère! ») et « Le Reniement de saint Pierre ».

(12)

Les aveugles

Les aveugles

Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux ! Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux ! Pareils aux mannequins, vaguement ridicules ;

Pareils aux mannequins, vaguement ridicules ; Terribles, singuliers comme les somnambules, Terribles, singuliers comme les somnambules, Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux. Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux. Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie, Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie, Comme s'ils regardaient au loin, restent levés Comme s'ils regardaient au loin, restent levés Au ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés Au ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés Pencher rêveusement leur tête appesantie. Pencher rêveusement leur tête appesantie. Ils traversent ainsi le noir illimité,

Ils traversent ainsi le noir illimité, Ce frère du silence éternel. Ô cité ! Ce frère du silence éternel. Ô cité !

Pendant qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles, Pendant qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles, Eprise du plaisir jusqu'à l'atrocité,

Eprise du plaisir jusqu'à l'atrocité,

Vois, je me traîne aussi ! mais, plus qu'eux hébété, Vois, je me traîne aussi ! mais, plus qu'eux hébété, Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ? Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?

(13)

En 1861, Baudelaire fait paraître une édition « revue et corrigée », expurgée aussi, des Fleurs du Mal, avant de se présenter, l’année suivante, comme candidat à l’Académie Française.

Ce geste est très fort : Baudelaire est en porte-à-faux avec le nomos du champ littéraire dans lequel il est embarqué, c’est-à-dire « le point de vue légitime du champ », établi sur des critères esthétiques autant qu’éthiques par les défenseurs de la définition la « plus “pure”, la plus rigoriste et la plus étroite » de la littérature — c’est-à-dire l’Académie. Or, il revendique, « son droit à la consécration que lui confère la reconnaissance dont il jouit dans le cercle étroit de l’avant-garde » (P. Bourdieu, Les

(14)

Le Spleen de Paris

Le Spleen de Paris

(1869)

(1869)

En 1864, Baudelaire s’exile en Belgique pour donner une série de conférences. Il y est particulièrement malheureux. De retour en France, il décédera de la syphilis le 31 août 1867. Son projet Le

Spleen de Paris (également appelé Petits poèmes en prose) sera édité à titre

posthume en 1869. Ce titre se fonde sur concept qui sous-tend la totalité de l’œuvre baudelairienne, et notamment l’une des sections des Fleurs du mal, intitulée Spleen et idéal.

(15)

Le « spleen »

Le « spleen »

« État affectif, plus ou moins durable,

de mélancolie sans cause apparente et

pouvant aller de l’ennui, la tristesse

vague au dégoût de l’existence » (TLF)

(16)

« Ce que je sens, c’est un

immense découragement,

une sensation d’isolement

insupportable, une peur

perpétuelle d’un malheur

vague,

une

défiance

complète de mes forces,

une absence totale de

désirs, une impossibilité

de trouver un amusement

quelconque. »

(17)

Le terme spleen est un emprunt

anglais, qui signifie à la fois « rate » et

« mauvaise humeur ». Il existe une

vieille

conception

selon laquelle

chaque sentiment serait lié à une

partie du corps : les Anciens pensaient

de cette façon que la rate (l’organe

situé dans la cage thoracique et dont

la fonction première est immunitaire)

déversait dans le corps la bile noire,

responsable de la mélancolie. D’une

fonction scientifique et explicative,

l’image

a

pris

une

dimension

(18)

Le Mauvais Vitrier

« Il y a des natures purement contemplatives et tout à fait impropres à l'action, qui cependant, sous une impulsion mystérieuse et inconnue, agissent quelquefois avec une rapidité dont elles se seraient crues elles-mêmes incapables. Un matin je m'étais levé maussade, triste, fatigué d'oisiveté, et poussé, me semblait-il, à faire quelque chose de grand, une action d'éclat; et j'ouvris la fenêtre, hélas!

(Observez, je vous prie, que l'esprit de mystification qui, chez quelques personnes, n'est pas le résultat d'un travail ou d'une combinaison, mais d'une inspiration fortuite, participe beaucoup, ne fût-ce que par l'ardeur du désir, de cette humeur, hystérique selon les médecins, satanique selon ceux qui pensent un peu mieux que les médecins, qui nous pousse sans résistance vers une foule d'actions dangereuses ou inconvenantes.) »

Illustrations : Gilles Roussel (Boulet),

(19)

Le Mauvais Vitrier

« La première personne que j'aperçus dans la rue, ce fut un vitrier dont le cri perçant, discordant, monta jusqu'à moi à travers la lourde et sale atmosphère parisienne. Il me serait d'ailleurs impossible de dire pourquoi je fus pris à l'égard de ce pauvre homme d'une haine aussi soudaine que despotique.

"- Hé! hé!" et je lui criai de monter. Cependant je réfléchissais, non sans quelque gaieté, que, la chambre étant au sixième étage et l'escalier fort étroit, l'homme devait éprouver quelque peine à opérer son ascension et accrocher en maint endroit les angles de sa fragile marchandise. »

Illustrations : Gilles Roussel (Boulet),

(20)

Le Mauvais Vitrier

« Enfin il parut: j'examinai

curieusement toutes ses vitres, et je lui dis: "Comment? vous n'avez pas de verres de couleur? des verres roses, rouges, bleus, des vitres magiques, des vitres de paradis? Impudent que vous êtes! vous osez vous promener dans des quartiers pauvres, et vous n'avez pas même de vitres qui fassent voir la vie en beau!" Et je le poussai vivement vers l'escalier, où il

trébucha en

grognant. »

Illustrations : Gilles Roussel (Boulet),

(21)

Le Mauvais Vitrier

« Je m'approchai du balcon et je me saisis d'un petit pot de fleurs, et quand l'homme reparut au débouché de la porte, je laissai tomber perpendiculairement mon engin de guerre sur le rebord postérieur de ses crochets; et le choc le renversant, il acheva de briser sous son dos toute sa pauvre fortune ambulatoire qui rendit le bruit éclatant d'un palais de cristal crevé par la foudre.

Et, ivre de ma folie, le lui criai furieusement: "La vie en beau! la vie en beau!"

Ces plaisanteries nerveuses ne sont pas sans péril, et on peut souvent les payer cher. Mais qu'importe l'éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance? »

Illustrations : Gilles Roussel (Boulet),

(22)

2. Arthur Rimbaud

(1854-1891)

(23)

Arthur Rimbaud

(1854-1891)

L’œuvre

rimbaldienne

est

particulièrement dense, dans

tous les sens du terme: elle est

peu

nombreuse

(puisque

l’auteur n’écrit que de 16 à 21

ans)

et

semble

souvent

complexe.

Elle

se

compose

essentiellement

de

trois

recueils : les Poésies (œuvres

qu’on

pourrait

dire

« de

jeunesse »), Une saison en

enfer et Les Illuminations. Une

saison en enfer est la seule

œuvre publiée du temps de sa

trajectoire littéraire, en 1873.

(24)
(25)

L’idole

L’idole

Sonnet du Trou du Cul

Sonnet du Trou du Cul

Obscur et froncé comme un œillet violet

Obscur et froncé comme un œillet violet

Il respire, humblement tapi parmi la mousse

Il respire, humblement tapi parmi la mousse

Humide encor d’amour qui suit la fuite douce

Humide encor d’amour qui suit la fuite douce

Des fesses blanches jusqu’au cœur de son ourlet.

Des fesses blanches jusqu’au cœur de son ourlet.

Des filaments pareils à des larmes de lait

Des filaments pareils à des larmes de lait

Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse,

Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse,

À travers de petits caillots de marne rousse,

À travers de petits caillots de marne rousse,

Pour s’aller perdre où la pente les appelait.

Pour s’aller perdre où la pente les appelait.

Mon rêve s’aboucha souvent à sa ventouse ;

Mon rêve s’aboucha souvent à sa ventouse ;

Mon âme, du coït matériel jalouse,

Mon âme, du coït matériel jalouse,

En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.

En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.

C’est l’olive pâmée, et la flûte câline ;

C’est l’olive pâmée, et la flûte câline ;

C’est le tube où descend la céleste praline :

C’est le tube où descend la céleste praline :

Chanaan féminin dans les moiteurs enclos !

Chanaan féminin dans les moiteurs enclos !

Albert Mérat

(26)
(27)

Vexé par le texte précité, Mérat refuse de poser avec Rimbaud et Verlaine pour Fantin-Latour. (Effet concret d’une parodie.)

Fantin-Latour, Un coin de table, 1872.

(28)

Royauté

Un beau matin, chez un peuple fort

doux, un homme et une femme

superbes criaient sur la place

publique : « Mes amis, je veux

qu'elle soit reine ! » « Je veux être

reine ! » Elle riait et tremblait. Il

parlait aux amis de révélation,

d'épreuve terminée. Ils se pâmaient

l'un contre l'autre.

En effet ils furent rois toute une

matinée où les tentures carminées se

relevèrent sur les maisons, et tout

l'après-midi, où ils s'avancèrent du

côté des jardins de palmes.

(29)

3. Stéphane Mallarmé

(1842-1898)

(30)

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,

L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,

L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,

Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix

Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix

Que ne recueille pas de cinéraire amphore

Que ne recueille pas de cinéraire amphore

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx

Aboli bibelot d’inanité sonore,

Aboli bibelot d’inanité sonore,

(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx

(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx

Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)

Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)

Mais proche la croisée au nord vacante, un or

Mais proche la croisée au nord vacante, un or

Agonise selon peut-être le décor

Agonise selon peut-être le décor

Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, encor

Elle, défunte nue en le miroir, encor

Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe

Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe

De scintillations sitôt le septuor.

(31)
(32)

« Les systèmes qui, plus ou moins lentement, plus ou moins ostensiblement, plus ou moins tragiquement, mènent à des impasses, seraient bien plus menacés, leurs puissances contrôlées, si Mallarmé avait davantage de lecteurs, potentiels au moins. Et les pouvoirs ne s’y trompent pas. Ils savent bien, eux, où réside le danger. Qu’un régime totalitaire s’impose, ce sont les Mallarmé que, d’instinct, il repère d’abord, qu’il exile ou supprime, même s’ils ont peu d’audience.

Le travail d’un Mallarmé n’est pas élitaire. il tend à briser la gangue dont nous sommes prisonniers. A décrypter la langue, ses signes, ses discours, et à nous rendre par là moins sourds, moins aveugles à ce que l’on s’emploie à nous dissimuler. Il tend à dilater notre espace. A exercer, affiner, assouplir la pensée, qui seule permet la critique, la lucidité, ces armes majeures.

Mallarmé lu, cela suppose acquises certaines facultés qui pourraient conduire à certaines maîtrises et, par là, à l’approche de certains droits. Faculté de ne pas répondre au système dans les termes réducteurs seuls offerts par lui, et qui annulent toute contradiction. Faculté de dénoncer la version démente du monde dans laquelle on nous fige, et que les pouvoirs se plaignent d’avoir à charge alors qu’ils l’ont délibérément instaurée. »

Viviane Forrester, L’Horreur économique, Fayard, 1996.

Références

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