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Le monument funéraire de Jean de Rély à la cathédrale d'Angers

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Academic year: 2021

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HAL Id: halshs-01717757

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01717757

Submitted on 26 Feb 2018

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d’Angers

Hugo Meunier

To cite this version:

Hugo Meunier. Le monument funéraire de Jean de Rély à la cathédrale d’Angers. [Rapport de recherche] CAPRA; Monuments historiques. 2016. �halshs-01717757�

(2)

Fabrice Masson Christine Leduc-Gueye Géraldine Fray

Christine Grenouilleau SAS Fonteneau Rénovation

Par

Hugo Meunier

Le monument funéraire de Jean

de Rély à la cathédrale d’Angers

Avec les collaborations de

CAPRA

CERAM Pierre Térouanne Rue Charles Gounod 72700 Allonnes T. 02 43 80 68 31 / F. 02 43 43 94 65 asso.capra@association-capra.com Novembre 2016 Ét ude financ ée p ar le s M on umen ts hi st or ique s

Étude documentaire et

approche archéologique

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Étude documentaire et

approche archéologique

Avec les collaborations de

Fabrice Masson Christine Leduc-Gueye Géraldine Fray

Christine Grenouilleau SAS Fonteneau Rénovation

Par

Hugo Meunier

CAPRA

CERAM Pierre Térouanne Rue Charles Gounod 72700 Allonnes T. 02 43 80 68 31 / F. 02 43 43 94 65 asso.capra@association-capra.com Novembre 2016 Ét ude financ ée p ar le s M on umen ts hi st or ique s

Le monument funéraire de Jean

de Rély à la cathédrale d’Angers

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Table des matières

I.

Données administratives scientifiques et techniques ...5

1. Fiche signalétique de l’opération ... 6

2. Géographie administrative... 7

3. Situation topographique ... 8

II. Résultats ...9

1. Objectifs de l’étude ... 10

2. Éléments architecturaux conservés ... 10

3. Méthodologie et calendrier d’intervention ... 12

4. Bilan documentaire ... 17 4.1. Sources ... 17 4.1.1. Sources iconographiques ...17 4.1.2. Documentation érudite ...25 4.1.3. Archives manuscrites ...25 4.2. Historique synthétique ... 26

4.3. Biographie de l’évêque Jean de Rély ... 26

5. Analyse architecturale et première approche archéologique ... 33

5.1. Localisation, dimensions ... 33

5.2. Le double gâble en accolade ... 35

5.3. Les pinacles ... 37

5.4. L’enfeu ... 38

5.4.1. Le soubassement du tombeau et les pleurants ...38

5.4.2. La plate-forme et l’épitaphe ...45

5.4.3. Le gisant ...49

5.4.4. Le cercueil et le corps de Jean de Rely ...50

5.4.5. Le diptyque installé contre le mur de fond de l’enfeu ...50

5.5. L’épiderme du monument : peintures, badigeons et graffiti ... 54

5.6. Authenticité, éléments de comparaison et datation stylistique du décor architectural ... 58

6. Perspectives ... 60

(6)

I. Données

administratives

scientifiques et

techniques

(7)

1. Fiche signalétique de l’opération

Partenaires

Service instructeur : Monuments historiques (DRAC Pays de la Loire) Propriétaire du terrain : État

Localisation

Région : Pays de la Loire Département : Maine-et-Loire Commune : Angers

Code INSEE : 49007 Lieu-dit : Cathédrale

Cadastre : section DH parcelle 84

Coordonnées : X=1432127.78 m; Y=6258397.18 m

Intervenants

Responsable de l’étude : Hugo Meunier (CAPRA)

Techniciens : Arthur Laenger, Vincent Bernollin (CAPRA)

Réalisation de l’échafaudage : SAS Fonteneau Rénovation sous la supervision de Christine Grenouilleau Conseils scientifiques : Fabrice Masson (CAOA Sarthe), Christine Leduc-Gueye (Université d’Angers) Stratigraphie des peintures et enduits : Géraldine Fray

Conservatrice des Monuments historiques : Clémentine Mathurin Conservatrice d’antiquités et objets d’art : Anna Leicher

Architecte des bâtiments de France : Dominique Latron

Date d’intervention

Années 2015-2016

Références bibliographiques du rapport

Année : 2016 ;

Auteurs : Hugo Meunier (dir.)

Titre : Le monument funéraire de Jean de Rély à la cathédrale d’Angers Nombre de volumes : 1 ;

Nombre de pages : 63 ; Nombre de figures : 77 ;

(8)

2. Géographie administrative

0 10 20 30 km 0 200 km 0 25 50 km Sarthe Mayenne Maine-et-Loire Loire-Atlantique Vendée Angers

(9)

3. Situation topographique

DIRECTION GÉNÉRALE DES FINANCES PUBLIQUES

---EXTRAIT DU PLAN CADASTRAL

---Département : MAINE ET LOIRE Commune : ANGERS Section : DH Feuille : 000 DH 01 Échelle d'origine : 1/1000 Échelle d'édition : 1/1000 Date d'édition : 15/09/2016 (fuseau horaire de Paris) Coordonnées en projection : RGF93CC47 Le plan visualisé sur cet extrait est géré par le centre des impôts foncier suivant :

ANGERS

CENTRE DES IMPOTS FONCIER 49047 49047 ANGERS cedex 01 tél. 02 41 74 53 40 -fax 02 41 74 53 60 cdif.angers@dgfip.finances.gouv.fr

Cet extrait de plan vous est délivré par : cadastre.gouv.fr ©2016 Ministère des Finances et des Comptes publics 1432100 1432100 1432200 1432200 625840 0 625840 0

Fig. 2 - Plan cadastral et localisation du tombeau Fig. 3 - Localisation de la cathédrale d'Angers : carte au 1:25000

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1. Objectifs de l’étude

La présente étude, financée par les Monuments historiques, s’inscrit dans une démarche de restauration et de mise en valeur du tombeau de Jean de Rély. Elle vient en préalable à tout travail impactant l’édifice et vise à :

– établir un bilan documentaire

– exécuter un relevé tridimensionnel du monument

– dresser une analyse architecturale et archéologique

– authentifier la structure et les ornements du tombeau et repérer d’éventuelles restaurations et/ou reconstructions anciennes

– proposer des hypothèses de restitution de l’état initial

2. Éléments architecturaux

conservés

Du monument funéraire, seul le tombeau proprement dit (« sarcophage ») n’est plus en place et en grande partie détruit (Fig. 6). L’enfeu et le décor architectural inscrits dans la grande arcade du transept sont conservés, hormis quelques ornements bûchés et dégradés comme les redents polylobés de l’arc de couvrement de l’enfeu, les arcatures aveugles en partie haute, la statue de saint Martin au sommet du premier gâble. Il faut également noter la disparition du tableau qui était accroché au fond de l’enfeu.

Du « sarcophage » n’est conservé qu’un fragment de la dalle en marbre noir qui couvrait la cuve (Fig. 4, dépôt départemental des objets), ainsi que la face avant du soubassement ornée d’un bas-relief représentant des pleurants (Fig. 5, cathédrale d’Angers).

Ces éléments mis bout à bout, et comparé aux autres édifices de ce type, le monument funéraire de Jean de Rély est donc dans un état conservation assez remarquable,

certainement bien supérieur à ce qui avait pu être envisagé dans les réflexions récentes sur sa restauration et sa mise en valeur.

Fig. 4 - Fragment de la dalle de marbre noir portant l’épitaphe (H. Meunier)

Fig. 5 - La dalle de soubassement sculptée, en 2016 (H. Meunier)

(12)
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3. Méthodologie et calendrier

d’intervention

La première séquence de travaux a consisté à mettre au point un relevé fiable et précis du monument funéraire, préalable indispensable à son étude.

Un relevé manuel de l’édifice a été commandé par l’architecte des bâtiments de France et réalisé par Mr Hervé dès 2014 (Fig. 13). Il ne concerne toutefois que sa partie basse : l’enfeu et le premier gâble.

Un relevé complémentaire a donc été exécuté par photogrammétrie en mai 2015.

Rappelons que cette technique permet de déterminer la forme et les dimensions d’un objet d’étude à l’aide de photographies. En somme, il s’agit d’exécuter des mesures spatiales à partir d’images. Le principe est connu depuis le XIXe siècle ; on doit d’ailleurs

le terme à l’architecte allemand Albrecht Meydenbauer, en 1893, qui s’est servi des mots grecs photos (lumière), gramma (quelque chose d’écrit, de dessiné) et metron (la mesure). Les progrès des algorithmes combinés à la croissance du potentiel de calcul des micro-ordinateurs permettent désormais d’obtenir aisément et rapidement des modélisations tridimensionnelles complexes à partir des photographies.

L’étape d’acquisition sur le terrain consiste à capturer une série de photographies de l’objet d’étude, sous différents angles et avec un taux de recouvrement important entre les clichés. Dans le cas présent, les photographies ont été prises à l’aide d’un reflex Canon 6D (20,2 millions de pixels), muni d’un objectif à focale fixe Sigma 35mm f/1.4, complété par un objectif Canon 70-200mm f/4.

Le logiciel PhotoScan, de la société Agisoft, a été choisi pour traiter les images. Il utilise la méthode de la corrélation dense, calcule l’alignement des photographies, la création du nuage de points (Fig. 7) et du maillage (Fig. 8), ainsi que la texturation (Fig. 9).

Fig. 7 - Nuage de points

Fig. 8 - Maillage

(14)

Enfin, le géoréférencement du modèle 3D est assuré par des points de contrôle levés sur le terrain à l’aide d’une station totale Leica TS06.

Par la suite, il est possible d’extraire du modèle 3D des d’orthophotographies pour réaliser les plans, les profils et les coupes nécessaires au discours scientifique.

La dalle sculptée (face avant du soubassement du tombeau) a été relevée par photogrammétrie en septembre 2015. Installée dans une caisse en bois, sa sortie a nécessité la mise en place d’un échafaudage et l’intervention de l’entreprise SAS Fonteneau Rénovation, sous la supervision de Christine Grenouilleau (Fig. 10, Fig. 11)1.

Fig. 10 - Échafaudage pour soulever la dalle de soubassement (H. Meunier)

Fig. 11 - Manipulations de la dalle de soubassement du tombeau pour exécuter le relevé photogrammétrique (H.

Meunier)

Le bilan documentaire a été dressé en janvier et mars 2016.

La dalle en marbre noir du dessus du 1 Grenouilleau C., Cathédrale d’Angers, Dalle du

tombeau de Jean de Rély, rapport d’intervention,

2013.

« sarcophage » a été étudiée et relevée par photogrammétrie en mars 2016. Le lien vers le modèle 3D est le suivant : https://skfb.ly/ M7R6.

Deux sondages exploratoires ont été réalisés au marteau et burin, en mars 2016, sur le mur de fond de l’enfeu dans le mortier masquant un ressaut (Fig. 12). Ces sondages furent également relevés en trois dimensions par photogrammétrie. Ils avaient pour objectif de renseigner le mode de construction et d’assemblage du « sarcophage ».

La dernière phase de l’étude, terminée en juillet 2016, a consisté à rechercher des traces de peintures et d’enduits sur le monument et fut confiée à Géraldine Fray2.

Fig. 12 - Sondage dans le mortier gris (H. Meunier)

2 Fray G., Sondage en recherche de polychromie, enfeu

de Jean de Rély, mur ouest, transept nord, cathédrale Saint-Maurice d’Angers, rapport d’intervention,

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Dé partemen t du Mai ne-et-Lo ire Cathédrale Sai nt Mauri ce A N GERS Tombeau de l'évêque Jean de Rél y ETAT AC TUE L O ctobre 2014 0 1m 2m Elémen ts détéri orées Zo nes d'en dui ts N E O S Page 1/3 A A tro u de scellemen t trou de scellement + patte métallique

(16)

Département du Maine-et-Loire

Cathédrale Saint Maurice

ANGERS

Tombeau de l'évêque Jean de Rély

ETAT ACTUEL Octobre 2014 0 1m 2m Eléments détériorées Zones d'enduits N E O S Page 2/3 Fond de l'alcove Coupe A.A.

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-Dé partemen t du Mai ne-et-Lo ire Cathédrale Sai nt Mauri ce A N GERS Tombeau de l'évêque Jean de Rél y ETAT AC TUE L O ctobre 2014 N E O S Page 3/3 0 1m 2m PIERRE TO MBALE PIERRE TO MBALE - Vue en plan -Dalle de pi erre de schi ste * Dalle de pi erre calcai re * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *

(18)

4. Bilan documentaire

4.1. Sources

4.1.1. Sources iconographiques

Quand il s’agit d’étudier un monument funéraire ou plus largement une œuvre architecturale, les premières sources recherchées sont les documents iconographiques. Bien qu’il soit parfois difficile d’évaluer la rigueur et la fidélité de la représentation, ils sont souvent indispensables pour restituer les parties manquantes de ce type d’édifice presque systématiquement mutilé pendant les guerres de religion ou à la Révolution française.

La documentation iconographique sur le tombeau de Jean de Rély est relativement abondante et constitue le fondement de la plupart des hypothèses de restitution que nous allons formuler.

Un premier dessin, de Jacques Bruneau, sieur de Tartifume, daté de 1623, se trouve dans un manuscrit de la bibliothèque municipale d’Angers, publié par le chanoine Civrays en 1934 (Fig. 14)3. Naturellement, le

dessin n’est pas fidèle en matière d’échelle et de morphologie, mais tous les éléments structurants du tombeau sont présents. Il est accompagné d’une description succincte du tableau disposé au fond de l’enfeu et d’une transcription de l’épitaphe gravée sur le biseau de la dalle de marbre noir.

Le tombeau est également représenté sur deux dessins de la collection Gaignières édités en 1695 et probablement exécutés par Louis Boudan. Ce dernier s’est vraisemblablement rendu sur place pour observer l’édifice et y faire des relevés. En effet, les déplacements de Louis Boudan

3 Bibl. mun. Angers, ms. 995. Bruneau de Tartifume J.,

Angers contenant ce qui est remarquable en tout ce qui estoit anciennement dict la Ville d’Angers,

Angers, 1934, p. 26-28.

étaient prévus par son contrat4. De plus,

lorsqu’il copie ou s’inspire d’un dessin existant, la référence de l’original est systématiquement indiquée5.

Le premier dessin, une aquarelle intitulée «  tombeau de pierre contre le mur de la croisée à gauche  », représente l’intégralité du monument funéraire tel qu’il est conservé à la fin du XVIIe siècle, c’est-à-dire sans le

gisant en bronze, disparu en 1562, mais avec le tableau et le « sarcophage » (Fig. 15)6.

Le dessin, bien que mal proportionné, car trop ramassé, est bien plus détaillé que celui de Tartifume. Malgré quelques erreurs, on notera le soin apporté à la représentation du décor sculpté, parfois négligé dans la collection Gaignières.

Toutefois, l’accent est tout particulièrement porté sur les blasons, l’épitaphe et la représentation du prélat sur la peinture. L’héraldique et la généalogie sont en effet au cœur des préoccupations du collectionneur et antiquaire, dans une visée souvent qualifiée de prosopographique7.

C’est certainement la raison pour laquelle, Gaignières fit exécuter un deuxième dessin, à l’encre de chine : une vue rapprochée et recentrée sur la dalle de marbre, de manière à présenter l’épitaphe gravée et à la rendre lisible (Fig. 16)8.

Il existe également un troisième dessin du tombeau, détenu par la Bibliothèque nationale de France. Il s’agit d’un calque, probablement réalisé en 1866 lorsque la partie de la collection conservée à la Bibliothèque Bodléienne d’Oxford fut calquée sous la direction de Jules Frappaz. En bas du dessin, on lit d’ailleurs : « Oxford 4 Ritz-Guilbert A., «  La collection Gaignières : méthodes et finalités », Bulletin Monumental, 2008, 166-4, p. 318.

5 Ibid.

6 Gaignières, 6669. Bib. nat. Fr. ms. lat. 17030, fol. 183. Ce document n’était pas consultable en ligne sur Gallica et a été numérisé spécifiquement pour cette étude.

7 Ritz-Guilbert A., art. cit., p. 335.

8 Gaignières, 3805. - Bouchot H., Inventaire

des dessins exécutés pour Roger de Gaignières et conservés aux départements des Estampes et des Manuscrits, Paris, 1891, 2 vol., n. 3805. Bib. nat. Fr.,

PE-2-FOL. p.  13. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/ btv1b69050094. Dimensions : 33,3 x 27,7 cm.

(19)

collection Gaignières  » et «  collationné conforme à l’original » (Fig. 17)9.

Cette copie est de moins bonne qualité que le dessin du ms. lat. 17030, les traits sont plus mous, les détails simplifiés. Il suffit pour s’en convaincre de comparer le traitement des blasons présents sur la dalle de marbre noir ou les visages des personnages représentés sur la peinture.

Ce calque dut servir à réaliser une autre copie, certainement commandée par de Farcy vers 1877 et conservée au Musée des beaux-arts d’Angers (Fig. 18)10. Il n’y a que

de très légères différences avec le calque, par exemple, le mot mort dans la légende est en majuscule dans le dessin du musée d’Angers contrairement au calque où il s’agit d’une minuscule.

Un dernier dessin, réalisé à la mine de plomb, est conservé au musée des beaux-arts d’Angers et était destiné à être publié en 1843 dans le livre Angers pittoresque de Tardif-Desvaux11. Le tombeau apparaît peu

ou prou dans le même état qu’en 2016 (Fig. 19). Il n’y a donc pas eu de restauration importante, ou autre que superficielle, entre 1843 et aujourd’hui.

La question essentielle est celle de la fidélité de ces documents par rapport à la réalité matérielle du tombeau, interrogation primordiale dans le cadre d’une éventuelle restauration. Il convient de ne pas prendre en compte les copies du dessin de la collection Gaignières qui ne sont pas totalement conformes à l’original. Lorsque l’on compare ce dernier et le monument dans son état actuel, outre les problèmes de proportion déjà évoqués, on note une simplification et une standardisation des pinacles présents sur les piliers encadrant l’enfeu. Il faut également signaler des approximations 9 Gaignières, 2741. Bibl. nat. Fr., PE-1 g, fol. 212. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10529469s 10 Musée des beaux-arts d’Angers, MA 6 R 985.7 ; 14557 (Autre numéro). http://www.culture.gouv.fr/ Wave/image/joconde/0528/m074801_0011239_p. jpg

11 Musée des beaux-arts d’Angers. MBA 76.33.45. h t t p : / / w w w. c u l t u r e . g o u v. f r / Wa v e / i m a g e / joconde/0590/m074801_0012585_p.jpg

Lachèse E., Tardif-Desvaux T., Angers pittoresque, Angers, 1843.

dans la posture des trois premiers pleurants du soubassement sculpté, en partant de la gauche : la position des bras et des mains n’est pas correcte alors que la représentation est fidèle pour les autres personnages. Il est difficile d’évaluer la fiabilité du tableau, car il n’existe aucune autre représentation. Pour le reste, le dessin est plutôt satisfaisant. En prenant garde d’un excès d’assurance, nous pensons donc qu’il est possible de s’appuyer sur ce dessin pour élaborer des hypothèses de restitution.

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(21)
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Fig. 16 - L’épitaphe du tombeau de Jean de Rély. Louis Boudan 1695 (?), Collection Gaignières. Bibl. nat fr. ms. lat. 17030

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Fig. 17 - Calque d’un dessin de la collection Gaignières de la bibliothèque Bodléienne d’Oxford. Bibl. nat. Fr., PE-1 g, fol. 212

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(26)

4.1.2. Documentation érudite

La documentation érudite, bien identifiée par les chercheurs et les acteurs institutionnels œuvrant sur la cathédrale, a été consultée intégralement. Bien qu’assez ancienne, elle est abondante et de qualité.

Il convient de mentionner en premier lieu le travail de Godard-Faultrier, en 1861, qui présente déjà l’essentiel des données disponibles sur le tombeau12.

Il est suivi cinq ans plus tard par un nouvel article de l’abbé Proyard qui n’apporte rien de neuf et résume les propos

de Godard-Faultrier13. Ces auteurs ne

connaissent pas l’existence de la dalle aux pleurants.

En 1877, Louis de Farcy publie une notice succincte sur le tombeau qui fournit de nouveaux éléments, dont le plus marquant est la redécouverte du bas-relief sculpté représentant les pleurants14.

En 1899, Denais écrit un livre sur la cathédrale d’Angers et consacre quelques pages à la description architecturale détaillée du monument funéraire de Jean de Rély15.

Enfin, l’œuvre majeure est naturellement la monographie de Louis de Farcy sur la cathédrale d’Angers qui a le mérite, en général et en comparaison à d’autres travaux de la même époque, de bien référencer les faits historiques présentés. Le tombeau y est très bien décrit16.

Bien plus récemment, Jean-Michel Matz et François Comte ont rédigé une notice sur l’évêque Jean de Rély dans le cadre 12 Godard-Faultrier V., « Jean Baudouin de Resly, plus communément appelé de Rély », Répertoire

archéologique de l’Anjou, 1861, p. 97-115.

13 Proyard abbé, « Jean de Rély, évêque d’Angers »,

Mémoires de l’Académie d’Arras, 1866, t. 38, p.

229-272.

14 Farcy de L., Notices archéologiques sur les

tombeaux des évêques d’Angers, Angers, 1877, p.

37-39.

15 Denais J., Monographie de la cathédrale d’Angers,

monument sépultures, trésor, tapisseries, vitraux, etc,

Angers, 1899, p. 181-183.

16 Farcy de L., Monographie de la cathédrale

d’Angers : Les immeubles par destination, Angers,

1905, p.  164-166. Farcy de L., Monographie de la

cathédrale d’Angers : Les immeubles, Angers, 1910.

du travail collaboratif des Fasti Ecclesiae

Gallicanae, alors dirigé par Hélène Millet17.

Nous reproduisons ci-après l’intégralité de du texte.

4.1.3. Archives manuscrites

Une recherche plus inédite a consisté à éplucher de manière quasi exhaustive le fonds consacré aux immeubles et bâtiments diocésains dans les archives cultuelles sous le régime concordataire (1801-1905), dans le but de trouver la mention de restaurations

du tombeau durant cette période18.

Malheureusement, ces investigations se sont avérées infructueuses, le monument ne fut probablement jamais restauré au cours de la période concordataire.

Il était en revanche impossible, dans le temps imparti, de faire des recherches systématiques ou à l’aveugle dans les archives médiévales et modernes du chapitre cathédral (délibérations capitulaires, etc...). Ainsi, parmi les sources médiévales, seul le testament de Jean de Rély a été compulsé19.

17 Matz J.-M., Comte F., Fasti Ecclesiae Gallicanae,

le diocèse d’Angers, vol. 7, Turnhout, 2003, p.

193-197.

18 Arch. dép. Maine-et-Loire, Série 3V. 19 Arch. dép. Maine-et-Loire, G. 342.

(27)

4.2. Historique synthétique

– 25 mars 1499 : Jean de Rely dicte son testament (Fig. 20)20.

– Nuit du 27 au 28 mars 1499 : mort de Jean de Rély à Saumur21.

– 3 avril 1499 : son corps est transporté à Angers et inhumé provisoirement le surlendemain dans la cathédrale, entre Hardouin de Bueil et Jean de Beauveau22

– 1502 : Vaast Briois, son neveu, fait construire le tombeau de Jean de Rély dans la chapelle des évêques. Le corps du prélat y est transféré23.

– 1562 : le gisant de bronze de l’évêque est probablement fondu pour en faire des canons. La plupart des auteurs accusent les huguenots, mais Louis de Farcy pense qu’il s’agit des catholiques24.

– 1783 : le tombeau est badigeonné25.

– Novembre-Décembre 1793 : le tombeau est profané et partiellement détruit26.

– 1803 : réfection du dallage de la nef et du transept de la cathédrale, les pierres du tombeau sont probablement

réemployées27. Les trous laissés par

les exactions révolutionnaires sur les tombeaux sont comblés28.

– Vers 1849 : découverte du fragment de la dalle de marbre noir avec épitaphe derrière les boiseries de la salle synodale de l’évêché29.

20 Arch. dép. Maine-et-Loire, G. 342.

21 Bibl. mun. Angers, ms. 692 (ancienne cote 624), t. III, fol. 85.

22. Ibid. Bibl. mun. Angers, ms. 1599, p. 360.

23 Farcy de L., Monographie de la cathédrale d’Angers

: Les immeubles par destination, op. cit., p. 165.

24 Bibl. mun. Angers, ms. 692 (ancienne cote 624), t. III, fol. 85. Farcy de L., Monographie de la cathédrale

d’Angers : Les immeubles, op. cit., p. 242.

25 Arch. dép. Maine-et-Loire, G 272, fol. 422.

26 Farcy de L., Monographie de la cathédrale

d’Angers : Les immeubles, op. cit., p. 228. Farcy de

L., Monographie de la cathédrale d’Angers : Les

immeubles par destination, op. cit., p. 165.

27 Inédit. Arch. dép. Maine-et-Loire, 3V art. 5. 28 Ibid.

29 Godard-Faultrier V., art. cit., p. 111.

– 1862 - le tombeau est classé Monument historique au même titre que la cathédrale30.

– Entre 1866 et 1877 ? : la dalle aux pleurants est retrouvée lors d’une réfection du sol de la cathédrale31.

Retournée, elle servait de dallage à la nef ou au transept, certainement depuis 1803.

– 1902 : le soubassement du tombeau avec les figures des pleurants est classé au titre d’objet32. Il est alors conservé

dans la chapelle du château d’Angers et se trouve réemployé comme soubassement d’autel.

– 2012-2013 : restauration et rapatriement à la cathédrale de la dalle sculptée33.

4.3. Biographie de l’évêque Jean

de Rély

Plutôt que de paraphraser les travaux de Jean-Michel Matz et François Comte qui ont rédigé récemment une biographie synthétique de l’évêque Jean de Rély dans le volume des Fasti Ecclesiae Gallicanae, consacré au chapitre cathédral d’Angers, nous proposons ci-dessous leur texte in extenso34.

Résumons simplement, en préambule, que Jean de Rély est issu d’une famille privilégiée originaire de la région d’Arras. Il a cependant gravi l’échelle sociale grâce à ses études universitaires et se mit rapidement au service de l’état royal en devenant aumônier et confesseur de Charles VIII. Comme la plupart des évêques des grands diocèses du royaume, c’est donc un personnage religieux et politique de premier plan. Il se distingue enfin par une participation non négligeable 30 Note, circulaire et rapports sur le service de la

conservation des monuments historiques, Paris, 1862,

p. 115.

31 Farcy de L., Notices archéologiques..., art. cit., p. 39.

32 Base Palissy. Référence : PM49000162 33 Grenouilleau C., op. cit.

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aux débats d’idées de son temps.

Extrait Fasti Ecclesiae Gallicanae, volume 7, le diocèse d’Angers, p. 193-197.

Jean de Rély (décembre 1491-28 mars 1499)

1- Né dans la paroisse Sainte-Croix d’Arras entre 1440 et 1445, Jean de Rély est issu d’une famille de petite noblesse locale aux multiples branches, dont certaines se livrent à des activités marchandes. Il est fils de Baudouin, écuyer, seigneur de Biache-Saint-Vaast et de Plouvain, dans la vallée de la Scarpe ; sa mère, Jeanne de Briois, fille d’un écuyer, seigneur de Bertangle et d’Hailly, appartient à ce même milieu. Par sa grand-mère paternelle, Jean se rattache toutefois à une famille plus prestigieuse, les Saveuse, très marquée par le courant dévot, et qui joue un rôle essentiel dans la vie religieuse arrageoise au milieu du XVe siècle. Parmi les frères de Jean figurent

deux hommes de guerre, Guillaume et Antoine, et un religieux, André, chanoine de Saint-Victor de Paris et prieur de Puiseaux en Gâtinais. Deux neveux de Jean, Adrien (337) et Vaast Briois (513), ont appartenu au chapitre d’Angers.

2-Jean de Rély fait ses études à Paris, grâce à une bourse du collège de Navarre. Maître ès arts en 1464, sous-maître des philosophes de son collège en 1466, il devient alors un étudiant en théologie suffisamment bien en vue pour être élu recteur de l’université en 1470 et 1471. Reçu à la licence le 15 février 1472, il prend le bonnet de docteur en théologie le 18 mai 1478. Il entame une carrière de maître régent à Paris en 1482.

3- Sa carrière bénéficiale ne manque pas de consistance, mais il n’a jamais pratiqué le cumul sur une grande échelle bien que l’on ignore tout des bénéfices qu’il a vraisemblablement possédés dans sa ville natale. Chanoine de la cathédrale d’Amiens de 1474 à son élévation épiscopale, il y possède aussi l’archidiaconé de Ponthieu de 1478 à 1486 ; Rély est alors lié à la famille de Gaucourt qui donne deux évêques à la cité, Jean (1473- 1476) et Louis (1476-1482) dont il devient chapelain et précepteur. Cette puissante famille, bien en cour auprès de Louis XI, n’est peut-être

pas étrangère à son entrée au collège de Navarre. Le 13 août 1482, sur nomination de l’université, il décroche une prébende au chapitre Notre-Dame de Paris qu’il conserve là aussi jusqu’à son élévation. Le 5 août 1490, il est reçu parmi les chanoines de la collégiale Saint-Martin de Tours, et lorsque leur doyen Thomas Deslandes meurt le 15 juillet 1491, il présente dès le lendemain des lettres royales qui lui confèrent cette dignité, qu’il résigne très rapidement en faveur de son neveu Vaast Briois auquel il cède aussi ses bénéfices amiénois.

4- À la mort du cardinal Balue (392), qui ouvre enfin la vacance du siège d’Angers, et comme la tradition canonique lui en donne le droit, le pape Innocent VIII s’empresse de nommer Charles-Dominique Carretto (déjà évêque de Cahors), d’abord comme administrateur (10 octobre) puis comme évêque (25 octobre). Mais le cardinal n’est pas reçu, le roi accordant au chapitre la permission d’élire. Les chanoines seraient plutôt favorables à Auger de Brie (535), mais les pressions de Louis d’Amboise, évêque d’Albi, qui est venu à Angers au nom du roi, font élire Jean de Rély le 1er décembre 1491

par 21 chanoines. Rély apprend la nouvelle à Langeais, le 6 décembre, où il assiste au mariage de Charles VIII et d’Anne de Bretagne. L’élection est confirmée par l’archevêque de Tours, Robert de Lenoncourt, mais ce ne fut que sous le pontife suivant, Alexandre VI, en août 1496, qu’un arrêt du Parlement lui assura une possession réellement paisible. Dans la réalité, l’installation de Jean de Rély se fit sans véritable difficulté : reçu au serment par le roi le 23 décembre 1491, il prit possession par procureur dès le 4 janvier suivant. Il ne fit son entrée solennelle à Angers (en présence du père de son successeur, le maréchal de Gié) que le dimanche 14 octobre 1492, à laquelle occasion il fit libérer les prisonniers de la ville.

5- Pris par ses multiples fonctions au service du roi Charles VIII, Jean de Rély a peu résidé dans son diocèse, exception faite du début de son épiscopat et de la fin de sa vie après la mort du roi en 1498. En 1492 et 1499 au moins, il a réalisé des visites pastorales. Le

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2 décembre 1492, il prêche dans le cloître des Carmes d’Angers. La même année, il fait réimprimer le Missel du diocèse, une première édition ayant vu le jour en 1489. Au début de l’année 1493, il bénit le nouvel abbé de La Roê, Guy Leclerc, et l’abbesse du Ronceray Catherine de Laval de La Trémoille, et consacre l’église du prieuré Sainte-Croix du Verger dans laquelle son successeur recevra sa consécration. En 1499, il meurt à Saumur, au cours d’une visite, après avoir prêché à Fontevraud. Entre-temps, au synode de la Saint-Luc 1493, il publie un ensemble de 65 canons qui prend ses racines dans une véritable érudition canonique avec la connaissance des conciles anciens d’Ancyre ou de Tolède, du Décret de Gratien ou des collections canoniques du Xlll® siècle. La confession y est l’objet d’une attention particulière, et par deux fois, il revient sur l’idée que la foi ne doit pas être soumise à la raison mais qu’il faut simplement croire, la compréhension ne devant venir que dans la vie future. En faisant imprimer cette compilation synthétique à Paris dès 1494, Rély a mis à la disposition des curés de son diocèse un manuel d’une remarquable précision et d’une grande densité.

6- Jean de Rély a joué un rôle important dans la vie de l’Église et de l’État à la fin

du XVe siècle. Nommé précepteur et

confesseur du jeune roi Charles VIII en 1484, il en devient aumônier en décembre 1488 ; il a donc désormais la haute main sur le réseau des hôpitaux de fondation royale, et sur la plupart des générosités du prince en faveur des églises. Il reste aumônier et confesseur jusqu’à la mort du souverain — dont il prononce l’éloge funèbre —, ses gages étant, en 1490, de 1200 livres. En 1490 au plus tard, il apparaît en tant que membre du Conseil. Au cours des années 1494-1495, il accompagne le roi en Italie où ses talents oratoires le désignent pour les négociations avec Alexandre VI auprès duquel il dirige l’ambassade française. Les mêmes qualités avaient amené le chapitre de Paris à le choisir pour le représenter dès 1484 aux États généraux de Tours où il prononça un

important discours pour la défense de la Pragmatique Sanction (« les Remonstrances faictes au roy », imprimé à Paris en 1560) ; il dénonçait les désordres dans l’Église, la place excessive faite à la faveur et à la brigue dans le choix des dignitaires en appelant le retour aux élections et aux procédures anciennes de collation ; il dénonçait encore les abus de la commende, le goût des constructions grandioses et la somptuosité des ornements. En matière politique, il était hostile aux dépenses excessives de la cour, aux aventures militaires et aux abus des petits officiers royaux. Rély s’est aussi trouvé en relation, parfois de protection, avec de nombreux représentants des courants favorables à des réformes dans l’Église, assez hétérogènes d’ailleurs. En 1487, il résiste aux pressions du nonce Antonio Florès qui exige la condamnation de Pic de La Mirandole. Il se rapproche ensuite de Jean Raulin et de Standonck, et à travers eux d’une réforme ascétique et dévote. En 1497, il soutient les chanoines réguliers de Windesheim, venus des Pays-Bas, installés dans l’abbaye augustinienne de Château-Landon. Au même moment, avec l’évêque de Paris Jean Simon, il cherche à obtenir la réforme de l’abbaye Saint-Victor de Paris à laquelle sa famille est attachée. Cette année-là, Jacques Lefèvre d’Étaples lui dédie ses

Decem librorum moralium, œuvres morales

d’Aristote publiées et commentées pour la première fois dans un esprit humaniste.

7- Charles VIII a vainement cherché à l’imposer à l’évêché de Paris, en août 1492. Lors du scrutin, il n’obtient qu’une seule voix, celle de l’archidiacre de Josas Jean de Courcelles.

8- Si ses fonctions à la cour ont fait de lui un acteur important de la vie politique et de l’histoire de l’Église, Jean de Rély, par sa culture, a également exercé une influence sur l’évolution des idées. Le manuscrit 65 de la cathédrale de Pampelune contient ses commentaires sur la logique d’Aristote (Super

praedicamenta, Super Perihermeneias, Super Priora, Super Posteriora). En mai

1480, il achève un traité en français, « Le livre des trois vœux de religion » ou « Traité

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de virginité et de religion », destiné à guider dans la vie régulière une cousine de Louis de Gaucourt auprès duquel il se trouve alors. Pour exalter la chasteté, la pauvreté volontaire et l’obéissance, il déploie un riche arsenal de citations tirées de la Bible, des vies des premiers saints et des écrits des Pères ; les auteurs païens sont par contre délaissés, Aristote n’étant cité qu’à travers Thomas d’Aquin, Platon traité de sarrasin, Sénèque seul étant parfois mis en valeur. En 1495, à la demande du roi, il fait publier à Paris, par Antoine Vérard, l’édition de la « Bible historiale » en deux volumes, première impression complète d’une Bible en français ; si l’évêque d’Angers la destine dans sa préface aux laïcs et simples religieux ou ermites illettrés, cette Bible en deux volumes ornés de nombreuses xylographies est davantage une édition de luxe. Au total, ce prélat cultivé apparaît plus dévot et gallican qu’humaniste.

Le 25 mars 1499, malade, il dicte à un secrétaire, dans un latin médiocre, son testament. Ses principales fondations sont une chapellenie d’une messe quotidienne dans la chapelle Sainte-Anne nouvellement construite près de l’auditoire de la cour épiscopale d’Angers, et un anniversaire dans sa cathédrale, en échange d’une somme de 1 500 francs versée au chapitre qui aura la désignation du chapelain. En cas de refus du chapitre de l’inhumer dans la cathédrale, il élit sépulture dans un couvent franciscain observant, à La Baumette près d’Angers ou à La Flèche. Il lègue ses nombreux livres, qu’il juge d’un prix médiocre, à ces deux établissements, à l’exception de ceux que pourront réclamer les couvents d’Angers — notamment les prêcheurs — s’ils manquent à leur collection, et de quelques beaux manuscrits laissés à Saint-Maurice.

9- De retour dans son diocèse après la mort de Charles VIII, Jean de Rély meurt d’apoplexie à Saumur dans la nuit du 27 au 28 mars 1499. Il est inhumé dans la chapelle des évêques où son neveu Vaast Briois (513) lui fit élever un tombeau au sommet duquel figurait une statue équestre de saint Martin ; le fond de l’enfeu portait une peinture de

l’évêque à genoux ; le tombeau, entouré d’une grille de fer, portait dans des niches huit statuettes de chanoines, et sur la table en marbre noir, bordée par une épitaphe latine, se trouvait la statue en bronze de l’évêque. Le tombeau fut détruit par les Huguenots en 1562 mais on peut encore en voir quelques éléments dans la cathédrale et la chapelle du château d’Angers. La tombe, ouverte en 1794, livra le corps presque intact dans un double cercueil de plomb et de bois, avec un calice et une patène, cinq bagues à pierres de couleur, un bassin, deux burettes, un trépied de fer blanc portant une lampe de verre, et une boîte contenant la tunique, la mitre, la crosse de bois, les gants et les pantoufles du prélat.

10- Une représentation figurée de Jean de Rély se trouve dans un superbe vitrail du transept nord de la cathédrale d’Angers, où figure également Jean Michel (436). Il y est représenté à genoux, chapé et mitré, devant un prie-Dieu armorié ; derrière lui, saint Paul, debout, le recommande à la Vierge tenant le Sauveur inanimé sur ses genoux.

11- Ses armes portaient d’or, au chevron d’azur, au chef du même, chargé de trois étoiles d’or, posées sur une crosse.

Arch. dép. de Maine-et-Loire, G 272, pièce 422 ; G 342 (testament), G 2523, fol. 183 (prédication).

Angers, Arch. mun. BB 5, fol. 26 et 28. Arch. nat., LL 123-124, p. 101, 487,716 ; LL 125, p. 267-278.

BF, P.O. 2457, n°55251 ; ms. IV. 1896 ; ms. lat. 17030 (Gaignières), p. 183.

J. MASSELIN, Journal des États généraux

tenus à Tours en 1484, éd. A. Bemier, Paris,

1835, p. 197-205 et p. 217.

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ecclésiastiques, t. XXVII, 2000, col. 499-501.

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Paris, 1981, p. 291 (« Corpus Vitrearum ». France II).

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1996, p. 160 (n° 522).

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Paris pendant les premières guerres d’Italie (1494-1517), Paris, 1916, passim.

E. REÜSS, Fragments littéraires et critiques

relatifs à l’histoire de la Bible française,

(32)
(33)
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5. Analyse architecturale et

première approche

archéolo-gique

5.1. Localisation, dimensions

Le monument funéraire de Jean de Rély est installé contre le mur gouttereau occidental du bras gauche du transept, dans la première travée (Fig. 21). Cet espace faisait partie de la chapelle Saint-Michel.

Le tombeau s’inscrit dans une grande arcade aveugle portée par des colonnes

engagées ornées de chapiteaux, le tout élevé dans la première moitié du XIIIe siècle. Les

dimensions du monument funéraire sont importantes : près de 8 m de hauteur pour 3,50 m de largeur (Fig. 22).

L’ensemble de l’édifice est centré sur un axe vertical passant par les sommets des gâbles et celui de l’arcade aveugle de la travée, à quelques centimètres près (Fig. 22). L’architecture et les décors s’organisent de manière symétrique de part et d’autre de cet axe qui se trouve inscrit sur les pierres de taille du fond de l’enfeu, défini par deux arcs de cercle (Fig. 23). Ce dessin incisé a certainement guidé la construction de l’édifice (épure).

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Fig. 22 - Orthophotographie du monument funéraire de Jean de Rély et axe vertical inscrit sur le mur de fond de l’enfeu prolongé (H. Meunier)

5.2. Le double gâble en accolade

La niche du tombeau, dont il sera question plus loin, est surmontée d’un double gâble en accolade fleuronné et portant sur les rampants des crochets très développés composés de feuilles de chou frisé (Fig. 27).

Le premier gâble, de 2,20 m de hauteur, aux rampants concaves, se termine par un fleuron de couronnement, lui-même surmonté d’une base de statue (Fig. 27, n° 1). Cette base portait une sculpture de saint Martin, aujourd’hui disparue, représenté à cheval partageant son manteau avec un pauvre comme le montre le dessin de la collection Gaignières (Fig. 24). Cette représentation pourrait rappeler la carrière bénéficiale de Jean de Rély qui fut chanoine, puis brièvement doyen de la collégiale Saint-Martin de Tours en 1490-149135. Au XVIIIe siècle, le chanoine Grandet

y voit un signe de dévotion du prélat envers saint Martin36.

Fig. 24 - Statue de saint Martin. Détail du dessin de Louis Boudan 1695 (?), Bibl.

nat fr. ms. lat. 17030

Au centre du tympan, est placé un blason (Fig. 27, n° 2), montrant par le passé les armes de Jean de Rély portant d’or, au chevron d’azur, au chef du même, chargé de trois étoiles d’or, posées sur une crosse. Les investigations réalisées par Géraldine Fray en 2016 afin de détecter des traces de peinture sur le blason ont malheureusement été infructueuses37.

35 Matz J.-M., Comte F., op. cit.

36 Bibl. mun. Angers, ms. 687, fol. 21vo.

37 Fray G., op. cit.

Fig. 23 - Détail du trait et des arcs de cercle (H. Meunier)

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5.2. Le double gâble en accolade

La niche du tombeau, dont il sera question plus loin, est surmontée d’un double gâble en accolade fleuronné et portant sur les rampants des crochets très développés composés de feuilles de chou frisé (Fig. 27).

Le premier gâble, de 2,20 m de hauteur, aux rampants concaves, se termine par un fleuron de couronnement, lui-même surmonté d’une base de statue (Fig. 27, n° 1). Cette base portait une sculpture de saint Martin, aujourd’hui disparue, représenté à cheval partageant son manteau avec un pauvre comme le montre le dessin de la collection Gaignières (Fig. 24). Cette représentation pourrait rappeler la carrière bénéficiale de Jean de Rély qui fut chanoine, puis brièvement doyen de la collégiale Saint-Martin de Tours en 1490-149135. Au XVIIIe siècle, le chanoine Grandet

y voit un signe de dévotion du prélat envers saint Martin36.

Fig. 24 - Statue de saint Martin. Détail du dessin de Louis Boudan 1695 (?), Bibl.

nat fr. ms. lat. 17030

Au centre du tympan, est placé un blason (Fig. 27, n° 2), montrant par le passé les armes de Jean de Rély portant d’or, au chevron d’azur, au chef du même, chargé de trois étoiles d’or, posées sur une crosse. Les investigations réalisées par Géraldine Fray en 2016 afin de détecter des traces de peinture sur le blason ont malheureusement été infructueuses37.

35 Matz J.-M., Comte F., op. cit.

36 Bibl. mun. Angers, ms. 687, fol. 21vo.

37 Fray G., op. cit.

Fig. 25 - Blason de Jean de Rély au-dessus de l’enfeu. Détail du dessin de Louis Boudan

1695 (?), Bibl. nat fr. ms. lat. 17030

Là encore, le dessin de la collection Gaignières permet de restituer ces armes probablement peintes (Fig. 25), présentes par ailleurs sur le tableau au fond de l’enfeu (Fig. 26) et conservées sur le fragment de la plate-forme en marbre noire du tombeau (Fig. 52).

Fig. 26 - Armes de Jean de Rély sur la peinture au fond de l’enfeu. Détail du dessin de Louis

Boudan 1695 (?), Bibl. nat fr. ms. lat. 17030

Le deuxième gâble, haut de 5 m, également sommé d’un important fleuron, englobe un remplage aveugle constitué d’un réseau de mouchettes et de soufflets (Fig. 27).

En haut du monument, en arrière-plan, de part et d’autre du grand gâble, le mur est agrémenté d’une frise, série de petites arcatures aveugles polylobées encadrées de pilastres portant une cannelure (Fig. 27, n° 3, Fig. 30).

Juste en dessous sont disposés deux mufles ou masques de lions (Fig. 27, n° 4, Fig. 30).

Fig. 23 - Détail du trait et des arcs de cercle (H. Meunier)

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Fig. 27 - Le double gâble (H. Meunier)

2

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5.3. Les pinacles

Les gâbles et l’enfeu sont encadrés par deux contreforts ou piliers engagés appuyés latéralement aux piliers du transept. Ils portent une série de pinacles fleuronnés à moulures prismatiques (Fig. 6, Fig. 27). L’arrête du pinacle supérieur se prolonge à l’intérieur même du support inférieur et dispose de sa propre base.

Il faut également souligner la présence, à la naissance des gâbles, de deux pilastres cannelés surmontés par un chapiteau. Il s’agit de chapiteaux aplatis, à un rang de feuillages très découpés et terminés par des crosses ou des feuilles recourbées dans les angles (Fig. 28, Fig. 29). Le tailloir du chapiteau de gauche est orné de petits glyphes (Fig. 29).

Fig. 28 - Pilastre et chapiteau de droite (H. Meunier)

Fig. 29 - Pilastre et chapiteau de gauche (H. Meunier)

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5.4. L’enfeu

L’enfeu, disposé dans l’épaisseur du mur gouttereau occidental du bras gauche du transept, consiste en une niche de 2,50 m de largueur, pour une profondeur maximale de 0,95 m, et une hauteur de 2,85 m sous voûte (Fig. 22).

L’enfeu est couvert d’un arc en anse de panier à moulures prismatiques. Cet arc était orné d’un décor polylobé qui n’est malheureusement pas conservé, mais se trouve figuré sur le dessin de la collection Gaignières (Fig. 15). Toutefois, il présente encore des traces de bûchement à intervalles réguliers pouvant correspondre à l’emplacement des redents du décor (Fig. 31).

Fig. 31 - Arc de l’enfeu vu du dessous et son décors bûché (H. Meunier)

Fig. 32 - Décors de feuillages dans la moulure

des piédroits de l’arc de l’enfeu (H. Meunier)

Des motifs végétaux proches de ceux du chapiteau du pilier de droite sont présents dans la moulure des deux piédroits de l’arc (Fig. 32). Ils sont partiellement dégradés.

Le niveau de sol lors de la construction du tombeau était plus haut de 20 cm par rapport à l’actuel. Il est aisé de le restituer en se fondant sur la limite entre la maçonnerie de moellons de schiste et le parement de pierre de taille en moyen appareil du mur de fond de l’enfeu (Fig. 33).

Fig. 33 - Écart entre le niveau de sol ancien et l’actuel (H. Meunier)

La niche était close d’une grille de fer figurée sur le dessin de Bruneau de Tartifume (Fig. 14), mais non visible sur celui de Boudan (Fig. 15).

5.4.1. Le soubassement du tombeau et les pleurants

Le devant du soubassement du tombeau est une dalle en calcaire dur conservée sur une longueur de 2 m, une hauteur de 0,72 m et une épaisseur de 0,14 m.

Elle avait été réutilisée en pavement pour le sol de la cathédrale, probablement dès 1803, à la suite des dégâts engendrés par l’épisode révolutionnaire. Le devis de réparation précise que la plus grande partie du carrelage « a été broyée tant par le fait des affûts de canons que par leur vétusté »38.

Dans sa publication de 1905, Louis de Farcy indique que la dalle a été mise au jour il y a une cinquantaine d’années, soit vers 185539. Cependant, ni Godard-Faultrier, ni

l’abbé Proyard n’en font mention dans les 38 Arch. Dép. Maine-et-Loire, 3V, art. 5.

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années 1860. La découverte pourrait donc dater des années 1870.

Encore brisée en deux fragments il y a quelques années, elle a fait l’objet d’une restauration en 2012-2013 par Christine Grenouilleau et d’un rapatriement à la cathédrale40. La pierre a été nettoyée et

les deux éléments recollés. Ils étaient auparavant conservés dans la chapelle du château d’Angers, réemployés dans un autel.

Huit arcatures trilobées, abritant chacune un personnage jusque-là identifié à tort comme un chanoine, sont sculptées sur la face principale (Fig. 38).

Comme l’avait déjà compris T. Grille41,

il s’agit en fait de pleurants (théoriquement des membres du cortège funèbre accompagnant le défunt) très fréquemment représentés sur les parois des monuments funéraires et dans les livres d’heures de la fin du Moyen Âge et non des chanoines comme l’écrivent la plupart des érudits. Des chanoines porteraient en effet l’aumusse au bras (comme sur le diptyque) ou sur la tête alors que les pleurants sont plutôt vêtus d’un manteau de deuil à capuchon, un peu à l’image des vêtements des moines42.

Les tombeaux à pleurants apparaissent surtout à partir de la fin du XIIIe siècle

avec les monuments funéraires de Philippe-Dagobert (1235), Louis de France (1260) aujourd’hui conservés à la basilique Saint-Denis ou le reliquaire-tour du cœur de Thibaud V de Champagne, au couvent des cordeliers de Provins (1275)43. Ce modèle

connaît un véritable essor dans la seconde moitié du XIVe siècle et au XVe siècle à la

suite du tombeau de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne (décennie 1380). À titre de comparaison, citons également ceux de Pierre de Beauffremont et de Jean sans Peur 40 Grenouilleau C., op. cit.

41 Bibl. mun. Angers, ms. 995. Note de T. Grille : « les huits figures placées dans les niches qui décorent le devant du tombeau paraissent être dans l’attitude de la douleur et représentent vraisemblablement des pleureurs. ».

42 Marcoux R., « La liminalité du deuillant dans

l’iconographie funéraire médiévale (XIIIe-XVe

siècle) », Memini, 11, 2007, p. 63-98.

43 Dectot X., Pierres tombales médiévales. Sculptures

de l’au-delà, Paris, 2006, p. 76-80.

(Musée des Beaux-arts de Dijon), de Jean de Berry (Musée du Louvre), de Charles de Navarre (cathédrale de Pampelune), de Philippe Pot (Musée du Louvre), de Marguerite de Bourbon au monastère royal

de Brou à Bourg-en-Bresse (début XVIe

s., Fig. 34) ou celui plus proche et plus modeste du sire de Chaources dans l’église de Malicorne (fin XVe s., Fig. 35).

Fig. 34 - Monument funéraire de Marguerite de Bourbon à l’abbaye de Brou à Bourg-en-Bresse. (Tulane M.,

Centre des monuments nationaux)

Fig. 35 - Monument funéraire de Guy de Chaources dans l’église de Malicorne dans la Sarthe (Médiathèque

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Xavier Dectot voit quatre fonctions à ces pleurants : ornementale, perpétuation du souvenir du cortège funèbre et de la pompe, incitation à la prière et enfin, célébration dynastique44. Ce dernier aspect ne semble

pas présent pour le tombeau de Jean de Rély, car les pleurants ne sont pas identifiés par des inscriptions ou des armoiries. Certains tiennent un rosaire, d’autres un livre d’heures, d’autres encore prient (Fig. 45).

De la polychromie a été repérée par Christine Grenouilleau : «  Les fonds à l’arrière des personnages sont alternativement rouge ou vert. Sur les robes, il subsiste des traces de bleu et des traces de noir sur les manteaux des personnages. Il subsiste quelques restes de polychromie rose sur les carnations »45. La couleur noire

des manteaux était attendue puisqu’il s’agit de vêtement de deuil.

La pierre n’est pas complète : à gauche, l’angle supérieur est manquant (Fig. 38), le bord est abîmé et laisse à peine entrevoir les restes d’une colonne engagée ; à droite, il est totalement détruit sur 4 à 7 cm (Fig. 41). Il convient donc de restituer, comme sur le dessin de la collection Gaignières (Fig. 15), deux demi-colonnes engagées fermant les arcatures à chaque extrémité du bas-relief, pour une longueur de dalle évaluée à 2,10 m. Les têtes des pleurants ont également été mutilées, sans doute à la Révolution française (Fig. 44).

La face de dessous (lit de pose) présente une surface démaigrie au pic laissant légèrement débordante la moulure de la base du décor sculpté (Fig. 38, Fig. 43). À l’évidence, la dalle ne reposait donc pas directement sur le sol, mais sur un socle, estimé à environ 5 cm de hauteur. En l’absence de mortaise et compte tenu de la surface irrégulière du lit de pose, la dalle devait être maintenue à ce support par du mortier de chaux.

La portion conservée du bout gauche de la dalle (tranche) présente une surface démaigrie avec des traces de tailles diverses et ce qui semble être une sorte de cadre 44 Ibid.

45 Grenouilleau C., op. cit., p. 7-8.

d’anathyrose (Fig. 40)46. Il s’agit donc

probablement d’une face de joint. Quelques restes de mortier sont visibles, mais rien ne dit qu’ils soient liés à la première mise en œuvre de la pierre.

Le dessus de la dalle (lit d’attente) est dressé grossièrement (Fig. 42). Trois trous d’agrafe ou de goujon sont également à noter. Deux d’entre eux semblent avoir été utilisés (ou réutilisés) à la période contemporaine, sans doute lors du réemploi de la dalle à la chapelle du château d’Angers. Les deux goujons en fer ont en effet une section ronde et le trou est scellé avec du mortier à base de ciment. Un troisième trou, à l’extrémité droite, est certainement d’origine et pouvait servir à l’assemblage de la dalle de soubassement avec la première pierre de plate-forme (Fig. 42). Le mortier et l’agrafe en fer ont disparu. Des restes de mortier beige sont visibles dans les creux laissés par le pic.

La face arrière de la dalle est totalement lisse, sans la moindre mortaise ou trace de mortier ancien (Fig. 39).

Cette pierre de soubassement était trop courte pour fermer intégralement la niche funéraire (2,28 m d’ouverture contre 2,10 m de longueur, Fig. 46). À ce sujet, un espace existe entre le piédroit de l’enfeu et le soubassement, sur le dessin de la collection Gaignières (Fig. 15).

On remarque également une sorte de «  cadre  » aux extrémités du soubassement au-delà des colonnes des arcatures. Or, cet élément n’est pas visible sur la dalle dont le bord gauche est pourtant partiellement conservé. Nous pensons donc qu’il existait deux autres pierres de soubassement placées en retour (d’environ 8 à 9 cm d’épaisseur), la face arrière contre la face de joint (tranche) de la dalle sculptée, comblant ainsi tout ou partie de l’espace laissé libre entre cette dernière et les piédroits de l’enfeu. Il est en effet peu vraisemblable que la tranche grossièrement taillée de la dalle aux pleurants eut été visible : elle est travaillée de façon à être liée à un autre élément architectural. Au contraire, la surface lisse de la face arrière 46 Restons toutefois prudents, cette face étant très détériorée.

(42)

interdisait tout retour positionné contre elle.

L’assemblage entre le devant du soubassement et ses petits côtés droit et gauche était probablement assuré par du mortier et des goujons. Le même système établissait sans doute le lien avec le mur de fond de l’enfeu.

Un premier trou de goujon tronconique placé à 0,60 m du sol ancien et à 0,80 m de l’actuel est encore conservé sur le fond de la niche à 0,13 m de l’embrasure gauche de l’enfeu (Fig. 36, Fig. 46). Il a été comblé par un mortier gris.

Fig. 36 - 1er trou de goujon dégagé (H. Meunier)

Nous avons fait tomber ce mortier relativement récent pour mettre au jour le creusement où des traces d’oxydation liées à la fiche en fer et quelques restes du mortier beige de scellement ont pu être observés. Il est situé à l’extérieur de la cuve telle que définie par la face avant du soubassement et pouvait donc servir à maintenir le petit côté gauche du tombeau (Fig. 46). Si l’hypothèse est séduisante, elle est toutefois questionnée par la découverte d’un second trou, situé à la même hauteur, 0,38 m plus à droite, où le goujon en fer est toujours conservé (Fig. 37).

Fig. 37 - 2e trou de goujon dégagé (H. Meunier)

Il faut donc se demander si des creusements similaires n’étaient pas répartis sur toute la largeur de l’enfeu et s’ils ne participaient pas au support d’un élément horizontal. Cette toute dernière démonstration souffre là encore d’une incohérence, car les trous de goujon sont situés sous le ressaut du fond de l’enfeu et donc à 12 cm en dessous du lit d’attente (face supérieure) de la façade sculptée du tombeau (Fig. 46).

En l’absence de nombreuses pièces du puzzle, il faut admettre que le mode d’assemblage des différents éléments du soubassement et de la table du tombeau demeure obscur. Il faut d’ailleurs regretter le peu d’intérêt suscité par les aspects techniques de la construction des tombeaux à gisant dans les rares études régionales sur ce type d’édifice47. Les comparaisons

sont donc très difficiles à établir dans le cadre d’un travail court comme celui-ci. Il s’agit, en conséquence, de développer et d’encourager les approches archéologiques sur les monuments funéraires.

47 Ainsi, la thèse récente de Guillaume Grillon sur les monuments funéraires de Bourgogne n’évoque guère ces aspects techniques. Grillon G., L’ultime

message : étude des monuments funéraires de la Bourgogne ducale XIIe -XVIe siècles, thèse de 3e cycle, Université de Bourgogne, 2011.

(43)

Fig. 38 - Face avant du soubassement (H. Meunier)

Fig. 39 - Face arrière du soubassement (H. Meunier)

Fig. 40 - Face de gauche du soubassement (H.

(44)

Fig. 42 - Aspect de la face du dessus du soubassement (H. Meunier)

Fig. 43 - Aspect de la face du dessous du soubassement (H. Meunier)

(45)

0 0.5 1m trou de goujon

sondage

restitution de la face avant du soubassement restitution des côtés du soubassement base restituée

restitution de la dalle de marbre noir

restitution schématique des autres dalles en marbre (moulures et limites des dalles non représentées)

A B B A Profils C D C D niveau du ressaut

niveau peinture sur

l’embrasure Sd 1 Sd 2

Fig. 46 - Restitution hypothétique et schématique du tombeau, hypothèse n° 1 (H. Meunier)

niveau du ressaut niveau peinture sur l’embrasure

Sd 1 Sd 2

0 0.5 1m

trou de goujon sondage

restitution de la face avant du soubassement restitution des côtés du soubassement base restituée

restitution de la dalle de marbre noir

restitution schématique des autres dalles en marbre (moulures et limites des dalles non représentées)

(46)

5.4.2. La plate-forme et l’épitaphe

5.4.2.1. La dalle de marbre noire supérieure portant l’épitaphe

Un fragment de la plate-forme supérieure en marbre noir du tombeau portant l’épitaphe a été retrouvé derrière les boiseries de la salle synodale de l’évêché d’Angers vers 184948. Il est aujourd’hui

conservé au Dépôt départemental des objets et se plaçait à l’extrémité gauche de la dalle, dont la longueur peut-être estimée à environ 2,40 m (Fig. 46).

Fig. 48 - Fragment de la dalle de marbre noir portant l’épitaphe (H. Meunier)

Le fragment fait 7,7 cm d’épaisseur, 36 cm de largeur et 38 cm de longueur. Malheureusement, le bord gauche de la dalle n’est pas conservé, la pierre a été fracturée, tout comme le bord droit du fragment (Fig. 48). Il est sans doute possible de restituer la partie manquante jusqu’à l’extrémité gauche de la dalle en estimant la taille du texte, car les lettres sont calibrées. Nous pensons ainsi qu’un minimum de 12,8 cm de pierre fait défaut à la gauche du fragment conservé, sans compter un éventuel chanfrein sur ce même côté.

En revanche, les faces de dessous et du dessus sont parfaitement conservées. La face arrière présente une surface lisse où la trace d’un sciage est perceptible.

48 Godard-Faultrier V., art. cit., p. 111.

La largeur de cette dalle n’est pas suffisante pour occuper entièrement l’espace compris entre le mur de fond de l’enfeu et les piédroits de l’arc de couvrement : il manque un peu moins de 10 cm. À moins qu’elle n’ait été sciée a posteriori, un autre élément venait donc se positionner à l’arrière, contre le mur de fond de l’enfeu (cadre du diptyque ?).

La face avant biseautée est partiellement brisée, mais le profil est complet sur une petite portion d’environ 5 cm de largueur (Fig. 49).

0 0.1 0.2m

Profil AB

B A

Fig. 49 - Dalle de marbre noir vue de devant et son profil (H. Meunier)

La pierre utilisée est un marbre noir originaire du nord de la France, de la région de Tournai ou de Bavay49. La surface de la

pierre sur la face avant et de dessus a été polie et bénéficie d’une patine sombre, très différente de la face arrière, non visible et d’une teinte beaucoup plus claire.

5.4.2.2. L’épitaphe

La face biseautée porte encore une partie de l’épitaphe en latin. L’inscription débute dans l’angle supérieur gauche et se déroule dans le sens normal de lecture sur trois lignes (Fig. 48). Les lettres gothiques sont rehaussées à l’or (Fig. 51).

49 Je dois cette identification à Sébastien Cormier, spécialiste du lapidaire, de la mission archéologique départementale de l’Eure.

(47)

Fig. 50 - Détails de l’épitaphe. Rély (H. Meunier)

Fig. 51 - Traces de couleur or dans le creux des lettres et réglures horizontales. R majuscule de Rély (H.

Meunier)

Sur le fragment, l’essentiel du texte est en minuscule sauf le R de Rély (Fig. 50) et on note l’utilisation d’abréviations selon les usages de l’écriture livresque. L’horizontalité du texte est assurée par deux discrètes réglures incisées (Fig. 51).

Les armes de Jean de Rély sont gravées juste au-dessus de son nom (Fig. 52).

Fig. 52 - Armes de Jean de Rély placé au-dessus de son nom (H. Meunier)

Un deuxième blason était également placé au-dessus de l’épitaphe, à l’autre extrémité de la dalle (Fig. 15). L’épitaphe nous semble donc particulièrement soignée.

Le texte conservé est le suivant (Fig. 48) :

...s de Rely attrebatensis nobilis ... /

…gii sa[n]guinis me[n]te pubesce[n]ti

car... /

... in pauperes ...

Le reste de l’inscription peut être restitué grâce au dessin de la collection Gaignères et à la transcription de Bruno de Tartifume.

L’épitaphe selon le dessin de la collection Gaignières (Fig. 16) :

Johannes de Rely, attrebatensis nobilis genere nobilior totius vitae sanctimonia philosophorum theologoru[m]q[ue] etatis mee lo[n]ge prim[us], cum concionandi admiratione in me omnes co[n]vertissem co[n]spirante /

Regii sa[n]guinis proce[rum] mente, pubesce[n]ti carolo Regi octavo, co[n]fessor lectus, decan[us] divi martini turonensis, mox episcopus andegave[n]sis, creatus sa[n] ctissimi Regis pectus effeci vitiis curialibus / Impenetrabile, in pauperes ecclesiasq[ue] liberalissimus, michi parcus diem immature senectutis memor cristi, ardenter gregi meo evangeliso, morbo correptus obdormio. anno d[omi]ni 1498, m[a]rtii, 27.

La transcription sur le manuscrit de Bruno de Tartifume50 :

Johannes de Rely, attrebatensis, nobilis genere, nobilior totius vitae sanctimonia, philosophorum theologorumque aetatis meae longe primus, cum concionandi admiratione in me omnes convertissent, conspirante procerum /

regii sanguinis mente, pubescent, Carolo regi octavo Confessor lectus, decanus divi Martini Turonensis, mox et Episcopus Andegavensis creatus, sanctissimum regis pectus effeci ; viciis curialibus /

impenetrabilis, in pauperes ecclesiasque liberalissimus, michi parcus. Dum immemor senectutis, memor Christi, ardenter gregi meo evangelizo, morbo correptus obdormio. anno domini 1498, Martii, 27.

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