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Femmes entrepreneurs et forte croissance : est-ce possible ?

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Academic year: 2021

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Femmes entrepreneurs et forte croissance : est-ce possible ?

Catherine Léger-Jarniou

Enseignant-chercheur à DRM-Management & Organisation / UMR CNRS 7088 Université Paris-Dauphine, France

Mail : catherine.leger-jarniou@dauphine.fr

Abstract

Les femmes entrepreneurs vivent la croissance différemment. Contrairement à une vision plus traditionnelle de l'entrepreneuriat féminin, notre étude porte sur l’hypothèse selon laquelle certaines femmes entrepreneures cherchent délibérément la croissance. A partir de

cette hypothèse, un certain nombre de questions se posent : Comment voient-elles leur entreprise ? Comment prennent-elles la décision de la croissance ? Comment

gèrent-elles cette situation ? En particulier, la relation de leadership et l'équilibre entre vie privée et professionnelle seront étudiés.

Le papier passe en revue la littérature sur les femmes entrepreneurs. Une analyse des données de femmes entrepreneurs sélectionnées en raison de la forte croissance de leur entreprise est présentée. Des entretiens semi-directifs sont réalisés afin de mieux comprendre leur comportement et de répondre aux questions posées. Nos résultats mettent en évidence plus de similitudes que de différences entre les

entrepreneurs féminins et masculins, quand les femmes choisissent délibérément la croissance pour leur entreprise, même si elles vivent la croissance différemment en ce sens qu’elle n’a pas la même signification pour elles que pour les hommes. Ces femmes montrent ainsi une façon de gérer très particulière et trouvent un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Une prise de conscience et une compréhension accrues de cette population d'entrepreneurs pourraient être utiles pour les décideurs politiques et les banquiers / investisseurs pour les amener à accorder plus d'attention à ces entrepreneurs.

Mots clés : entrepreneuriat féminin, croissance, choix stratégiques, management et leadership.

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Introduction

L'entrepreneuriat est largement reconnu comme le moteur de la croissance économique et du développement (Audretsch et al, 2006). De même qu’il existe un intérêt croissant pour l'entrepreneuriat en général (par exemple Zimmerer et Scarborough, 2001), il existe un intérêt croissant sur l'entrepreneuriat des femmes (par exemple, Bruni et al, 2004; Brush et al, 2004, Pines et Schwartz, 2008), comme le note Pines et al. (2010) qui se traduit par un nombre de recherches plus important. Néanmoins, cet intérêt est relativement récent. Jusque dans les années 1970, le rôle des femmes entrepreneurs a en effet rarement été pris en compte (Humbert et al, 2009).

En fait, les femmes contribuent grandement à la dynamique économique : aujourd'hui, un tiers des entrepreneurs sont des femmes, contre 5% en 1970 (Bird & Brush, 2002). L'entrepreneuriat féminin continue de croître mondialement dans le secteur de la petite entreprise, notamment parce qu’il a cru très fortement ces dernières années (Jalbert, 2000). Ces entreprises représentent entre 25% et 33% des entreprises de l'économie formelle et sont susceptibles de jouer un rôle encore plus important dans les secteurs informels (Global Entrepreneurship Monitor, 2012). Les femmes entrepreneurs exercent dans tous les secteurs de l'économie, y compris la construction, le commerce de gros, le commerce, le transport, la communication, la fabrication et les services aux entreprises (Minniti et al, 2005). De ce fait, les femmes entrepreneurs sont considérées comme importantes pour le développement économique : non seulement elles contribuent à la création d'emplois et à la croissance économique de par leur nombre croissant, mais elles contribuent aussi à la diversité de l'entrepreneuriat (Verheul et Thurik, 2001) comme l'a confirmé Vernheul et al. (2006).

En tant que tel, le concept de «l'entrepreneuriat féminin» - un terme qui couvre à la fois la situation des femmes dans la société et le rôle de l'entrepreneuriat dans cette même société (OCDE, 2002) - a attiré l'attention ces dernières années, ce qui se traduit par le fait que beaucoup de gouvernements et d’organisations non gouvernementales ont manifesté leur intérêt pour le sujet.

Comme tout phénomène récent, le nombre de recherches sur les femmes entrepreneurs sont de plus en plus nombreuses, et nous pouvons identifier trois périodes: (1) au cours des années 1970 à 1980, l’accent a été mis dans la recherche sur les caractéristiques des femmes et les

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comparaisons entre les hommes et les femmes, reposant sur l'idée que la norme entrepreneuriale est une norme masculine ; (2) pendant les années 1990, des études sur le genre ont essayé d'expliquer le succès et les motivations des femmes entrepreneurs et (3) depuis 2000, la recherche est plus abondante et se concentre sur les femmes uniquement (par exemple dans les pays en développement, certaines catégories de femmes). Elle semble également plus soutenue par les décideurs.

Les résultats ont montré que les femmes entrepreneurs constituent un groupe hétérogène, avec des vécus, des aspirations et des expériences différents (Marlow et Carter, 2004) et finalement leurs similitudes avec les hommes sont plus grandes que leurs différences (Ahl, 2006; Brush, 1992; Neergaard et al., 2005; Pines et al, 2010).

De nos jours, cependant, comme Carter et Shaw (2006) l’ont noté, la recherche sur l'entrepreneuriat évolue d’études cherchant à comprendre si le genre est source de différence à des études pour comprendre comment cela fait une différence (« research on

entrepreneurship is moving from looking at whether gender makes a difference to how it makes a difference » Pines et al., 2010).

Notre étude s'inscrit dans ce cadre du «comment cela fait une différence». Le but de cette étude est de développer la connaissance sur les aspirations de croissance des femmes entrepreneurs qui recherchent délibérément la croissance. Les questions importantes sont alors : «Comment les femmes entrepreneurs qui visent la croissance voient leurs entreprises ?", "Comment prennent-elles la décision de croissance ?" et "Comment gèrent-elles cette situation?".

Ce papier est organisé comme suit. La première section donne un aperçu de la littérature actuelle sur l'entrepreneuriat des femmes, sans oublier la croissance. La méthodologie ainsi que le contexte de la recherche sont développés dans la seconde section. La dernière section résume les conclusions, discute les résultats et les implications à la fois pour les femmes entrepreneurs axées sur la croissance et pour les décideurs.

1. Revue de la littérature sur l'entreprenariat féminin

Comme on l’a noté précédemment, la recherche en entrepreneuriat féminin est un sujet récent en particulier en France et les recherches commencent à être plus nombreuses.

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Dans l'introduction, nous avons identifié trois périodes, les deux premières périodes sont axées sur des comparaisons entre les hommes et les femmes (par exemple, les motivations, la personnalité, l'expérience) reposant sur l'idée que la norme entrepreneuriale est une norme masculine (Brush, 1992). La période la plus récente montre une plus grande diversité dans les sujets de recherche, notamment centrés sur les femmes.

Selon un autre angle, Verheul et al. (2006) ont mis en évidence que la littérature se compose principalement d'études micro-économiques qui se concentrent sur les caractéristiques distinctives des femmes et des hommes, des études incluant des caractéristiques environnementales (telles que les contraintes financières ou d'autres défis lors du démarrage ou du développement d'une entreprise). Ils ont remarqué que peu d'études ont étudié l'influence de facteurs macro-économiques sur l'entrepreneuriat féminin et masculin, à l'exception de Reynolds et al. (2002), Kovalainen et al. (2002), Minniti et al. (2005) et eux-mêmes. Par ailleurs, De Bruin et al. (2007), qui ont effectué une analyse de la méthodologie de 52 articles de recherche soumis à la revue ET & P pour une édition spéciale sur l'entrepreneuriat féminin, ont noté que la recherche actuelle est dominée par une analyse statistique multivariée et positiviste.

La revue de la littérature est organisée de la manière suivante : (1) les études comparant les hommes et les femmes entrepreneurs, (2) les études macro –économiques et (3) les études sur les entrepreneurs à forte croissance.

1.1. Les études qui comparent les hommes et les femmes entrepreneurs

La principale question ici concerne la façon dont les femmes sont différentes des hommes, basées ou non sur le point de vue du genre. Ces études comparatives sont fondées sur des données, sur les motivations et les difficultés.

1.1.1. Les études fondées sur des données

Carter, Anderson et Shaw (2001) ont montré, sur la base d’articles publiés entre 1970 et 2000, que les femmes entrepreneurs sont généralement plus jeunes que les hommes, ont un diplôme d'études inférieur dans les pays développés et le plus souvent n’ont pas fondé leurs entreprises dans les pays à revenu élevé (85%). On retrouve plus de femmes dans les services, y compris BtoC et leurs sociétés sont plus petites et moins efficaces (chiffre d'affaires, employés) que celles créées par des hommes. Les femmes rencontrent plus de difficultés à accéder à des

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ressources que les hommes (capital financier, capital humain et capital social). Toutefois, aucune différence significative n'a été observée en termes d'expérience professionnelle ou de secteur d’activité. Selon eux, ces résultats doivent être comparés avec ceux des secteurs où les femmes entrepreneurs sont présentes. Pour St-Cyr, Audet et al. (2002), ni la croissance ni la rentabilité n’ont une relation avec le genre, mais dépendent de facteurs tels que la taille de l'entreprise, l'âge et le secteur d'activité.

1.1.2. Les études fondées sur les motivations

En comparant les femmes aux hommes entrepreneurs, certains auteurs ont choisi de se concentrer sur les facteurs qui influencent les préférences de ces entrepreneurs. Slate (2007) souligne que pour les femmes entrepreneurs les principaux facteurs de motivation semblent être un équilibre entre les exigences professionnelles et privées, la préoccupation de la famille, le désir de flexibilité et l’envie de travailler en étroite collaboration avec les membres de la famille.

En outre, Resnick (2007) émet l'hypothèse que certaines femmes gardent leurs entreprises petites et gérables afin que ces dernières n’empiètent pas sur le temps qu'elles passent avec leur famille. Elle pense également que peu de femmes entrepreneurs sont prêtes à prendre les mêmes risques que les hommes. A l'opposé, Gupta et al (2009) ont montré que les hommes et les femmes perçoivent les entrepreneurs comme ayant des caractéristiques essentiellement masculines. Ils ont également montré que les femmes qui se percevaient comme ayant des caractéristiques plus masculines ont tendance à avoir des intentions entrepreneuriales plus fortes.

D’autres études ont montré que les motivations étaient différentes selon que les femmes devenaient entrepreneurs « par nécessité » ou « par opportunité ». Cet argument est également repris dans les études macro-économiques.

1.1.3. Les études fondées sur les difficultés

Santos et al. (2013) ont noté que certaines études montrent que les femmes rencontrent quelques difficultés dans le contexte de leur activité entrepreneuriale notamment par rapport aux hommes (Becker-Blease et Sohl, 2007; Brush et al, 2002; Carter et Allen, 1997; Fabowale, Orser et Riding, 1995; Marlow et Patton, 2005; Smith-Hunter, 2006) et moins d'expérience en gestion (Brush et al, 2004, Loscocco et al, 1991). Elles ont des problèmes d’accès aux ressources financières, humaines et de réseau.

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Les femmes perçoivent moins d'opportunités et rencontrent des obstacles financiers plus élevés que leurs homologues masculins (Langowitz et Minniti, 2007; Minniti et Nardone, 2007). Ainsi, le projet Diana (Brush et al, 2004) a montré que l'industrie du capital-risque est très majoritairement masculine et que les relations pré-existantes entre les entrepreneurs et le risque constituent un avantage important. Par ailleurs, même les femmes du capital-risque n’accordent pas de traitement préférentiel aux femmes rappelle Pines et al. (2010).

Une différence peut être faite entre l’entrepreneuriat par «nécessité» et par «opportunité». Certains auteurs affirment que l’entrepreneuriat par nécessité est plus fréquent chez les femmes (Allen et al, 2007; Reynolds et al, 2002 ; Bosma et al, 2009) selon Pines et al. (2010), mais cet argument est à relier à l’origine géographique des femmes.

Dans ce domaine, des études ont porté sur les femmes asiatiques immigrées en Australie (Collins et Low (2010), les femmes entrepreneurs dans les économies en transition comme la Slovénie (Tominc et Rebernik, 2006), en Amérique latine et dans les Caraïbes (Terjesen et Amoros, 2010) ou l'Afrique du Sud (Anast et Halkias, 2009). D'autres études ont examiné les femmes pauvres dans les pays pauvres et les relations entre pratiques religieuses et culturelles, comme en Inde (Field et al., 2010). Ces études cherchent toutes à faire le bilan de la situation en vue de faire des recommandations aux décideurs politiques. La recherche d’Apergis et Pekka-Economou (2010) s'inscrit parfaitement dans ce schéma, en ce qu'elle vise à alerter les autorités à propos de la situation des femmes chefs d'entreprise en Grèce. D'autres études ont porté sur les anciens élèves des institutions, comme le Meredith College (Bledsoe et Oatsvall, 2010).

1.2. Études macroéconomiques

Comme indiqué précédemment, certaines études ont porté sur l'influence des facteurs macro-économiques sur l'entrepreneuriat masculin et féminin ; les plus importantes sont résumées ici.

Verheul et al. (2006) ont expliqué les raisons des différences entre l'entrepreneuriat masculin et féminin en analysant les données provenant de 29 pays étudiés par le Global Entrepreneurship Monitor (GEM). Ils ont étudié l'impact du développement économique, des facteurs économiques (comme le revenu, l’emploi), démographiques, institutionnels et culturels sur les activités entrepreneuriales par pays. Selon eux, le chômage a moins d'effet sur l'activité entrepreneuriale des femmes que sur celle des hommes, tandis que le désir d'une

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« vie correcte » a un impact beaucoup plus fort sur les activités entrepreneuriales des femmes que sur celles des hommes. Cette dernière constatation est contraire à la perspective d'une «légitimité sociale». Dans les deux cas, la famille a un impact positif sur l'activité entrepreneuriale.

Minniti (2010) a examiné l'entrepreneuriat féminin dans 34 pays et mis l'accent sur la relation entre l'entrepreneuriat féminin et le niveau de revenu par habitant (PIB) des pays, en utilisant les données du GEM. Cette étude suggère que les niveaux de PIB par habitant ont une relation significative avec les différences entre les hommes et les femmes dans leur comportement entrepreneurial, ce qui se traduit par le fait que l'entrepreneuriat féminin est souvent un entrepreneuriat de nécessité. Toutefois, les perceptions individuelles jouent également un rôle important, mais les données démographiques individuelles et les circonstances économiques sont relativement peu importantes.

Kovalainen et al. (2002) ont utilisé des données provenant de 29 pays (GEM, 2001) et Reynolds et al. (2002) a mobilisé le GEM 2002 (37 pays). Dans la même veine, Delmar et Davidsson (2000) ont étudié la situation de la création de nouvelles entreprises en Suède et Shane et al. (1991) ont mis l'accent sur les différences de motivation pour la création de start-ups dans les différents pays en fonction du sexe. Ces études sont très détaillées, même si elles ont toujours comparé les femmes aux hommes.

Hattab (2010) a étudié la relation entre les facteurs environnementaux externes et la croissance des femmes entrepreneurs en Jordanie, en se concentrant sur une analyse causale statistique afin de mieux comprendre la situation. Les résultats de cette étude démontrent que l'environnement technologique (technologie de la connaissance, de l'équipement et l'informatisation) a un impact significatif sur la croissance de l'entreprise.

De son côté, Kobeissi (2010) a étudié l'impact de cinq variables liées au genre sur l'activité des femmes entrepreneurs dans 44 pays développés et en développement : l'autonomisation et le niveau de scolarité, le fait d'avoir une activité économique et l'existence de différences de salaires entre hommes et femmes ont tous des influences positives sur les activités entrepreneuriales. Toutefois, dans cette étude, l'influence de la fécondité est variable et peu étudiée.

D'autres études ont mis l'accent sur les pays en développement en démontrant que les femmes participent à la réduction de la pauvreté (Yunus, 2007). Les femmes ont également un taux élevé de participation dans les zones rurales des pays en développement (Boserup, 1970). Par

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exemple, les taux d'entrepreneuriat des femmes sont plus élevés dans certains pays (comme l'Inde, l'Argentine, le Brésil) et faibles dans d'autres (par exemple le Japon, la Belgique, la Russie).

Basé sur la théorie institutionnelle, Baughn et al. (2006) ont discuté de la forte influence des normes et valeurs culturelles sur la proportion de femmes chefs d'entreprise. D'après les résultats du GEM, ils notent que dans les pays où la proportion de femmes entrepreneurs est faible, le niveau global de l'activité entrepreneuriale est également faible. Ils soutiennent également que dans les pays où les entrepreneurs sont respectés et admirés, la proportion de femmes entrepreneurs est plus élevée, ce qui suggère que les femmes sont plus sensibles au niveau de soutien normatif de la société à leur activité professionnelle que les hommes.

Pour conclure, les mythes et la réalité coexistent sur l’entrepreneuriat des femmes. Menzies et al. (2004) ont analysé les mythes sur les femmes entrepreneurs, en particulier ceux provenant du travail de Brush. Dans l'ensemble, les résultats montrent que dans de nombreux cas, les néo-entrepreneurs, femmes ou hommes, créent en continuation de leur expérience professionnelle (gestion, industrie), de leur niveau de formation, de leurs réseaux existants. En outre, ils n'ont pas remarqué de différence en ce qui concerne le niveau d'investissement initial, les sources de financement et la santé financière de l’entreprise. Il n’y a pas non plus de différence en termes de motivation ou de volonté de prendre des risques. Ceci étant dit, les hommes sont plus enclins que les femmes à s'entourer de partenaires commerciaux en dehors de leur famille.

Pour faire court, la majorité de ces études suggère plus de similitudes que de différences entre les hommes et les femmes (la recherche d'un revenu, une plus grande autonomie, l'indépendance, l'accomplissement de soi, le rejet de l'autorité et la recherche d’opportunités), même si on peut observer des différences en ce qui concerne les réseaux, l'expérience, l’utilisation de l’information et la performance.

1.3. Les études sur les entrepreneurs et la croissance

Quelques études peu nombreuses montrent des différences entre les hommes et les femmes en terme de prise de décision de croissance fondées sur des arguments sociologiques (par exemple, la théorie de la socialisation), les motivations (par exemple, Claire (2009) et Cliff (1998) ) ou se concentrent sur les contraintes financières (par exemple Neeley et al., 2010).

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Les femmes entrepreneurs et les propriétaires de petites entreprises ont moins de succès que les hommes en termes de croissance estimée en chiffre d’affaires, bénéfice et nombre d'employés (Chaganti & Parasuraman, 1999; Fischer, Ruben & Dyke, 1993; Kalleberg et Leicht, 1991 ; Srinivasan, Woo & Cooper, 1993). Bien que la US Small Business Administration a affirmé que les entrepreneurs hommes réussissent mieux que les femmes (Lowrey, 2006), des recherches récentes ont démontré qu'en réalité, le sexe n'affecte pas les performances lorsque d'autres facteurs sont contrôlés (Kepler et Shane, 2007). Toutes les autres études montrent plus de similitudes.

Alors que les entrepreneurs sont des produits de la culture dans laquelle ils vivent, le choix de carrière non traditionnelle d'un entrepreneur suggère une socialisation incomplète dans les valeurs traditionnelles de carrière. La théorie de la socialisation suggère que les hommes sont plus intéressés par la croissance économique que les femmes. À 3 ans, les enfants montrent des différences significatives quant à leur socialisation. Selon Elkin et Haendel (1984), les filles sont considérées féminines quand (entre autres) elles font preuve d'une conscience sociale et les garçons sont considérés comme des hommes quand ils montrent un intérêt dans des objets ou des idées et non dans les individus et quand ils essaient de faire fonctionner les choses. Compte tenu des différences entre la socialisation masculine et féminine, la motivation des entrepreneurs naissants pour la croissance est plus forte pour les hommes que pour les femmes (Chaganti & Parasuraman, 1999 Cliff, 1998; Demartino & Barbato, 2003; Still & Timms, 2000).

Claire (2009) a examiné l'orientation vers la croissance des entrepreneurs en devenir, en comparant les sujets selon le sexe. Les données montrent clairement que les entrepreneurs naissants souhaitent de nombreux éléments pour leurs entreprises, mais que la croissance ne domine pas ces résultats comme on le pensait auparavant. Au lieu de cela, la plupart des sujets ont cherché à créer de petites organisations qui leur permettent de prendre soin d'eux-mêmes, de leurs employés et de leurs clients. Claire évoque la présence possible d'un biais de désirabilité sociale qui empêche ces entrepreneurs d'affirmer que l'aspect économique de leur entreprise est plus important que leurs employés et leurs familles.

En termes d'intentions, Cliff (1998) a constaté que les femmes sont moins intéressées que les hommes par la croissance de leurs entreprises, la majorité d’entre elles pense que l’entreprise a déjà atteint une taille parfaite.

Neeley et Van Auken (2010) ont étudié le rôle des fonds d'amorçage dans des entreprises appartenant à des hommes et des femmes. Dans leur recherche, ils démontrent que la taille et

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la croissance des entreprises appartenant à des femmes sont inférieures aux hommes, en soulignant la difficulté d'accéder au capital d'amorçage pour le démarrage et la croissance de l’entreprise. Ils montrent que les méthodes de financement sont les mêmes entre les hommes et les femmes, mais qu’il existe des différences selon l’âge, le niveau d'éducation, le niveau des ventes et du découvert.

Still et Timms (2000) ont constaté dans leur étude que les femmes entrepreneurs sont réparties entre celles qui cherchent la croissance et celles qui ne la cherchent pas, ce qui est en contradiction avec leur recherche précédente de 1997.

En revanche, Morris et al. (2006) a montré que les femmes entrepreneurs sont conscientes de leurs options de croissance, qu'elles font un choix délibéré et arbitrent entre les coûts et les avantages pour à la fois leur entreprise et leur vie personnelle.

Shelton (2006) a mis en évidence que les femmes entrepreneurs à forte croissance choisissent des stratégies plus appropriées pour réduire les conflits travail-famille que leurs homologues moins prospères. Elle a étudié les stratégies conventionnelles visant à concilier vie privée et vie professionnelle, telles que 1) l'élimination d'un rôle au détriment de l'autre (généralement la famille), 2) la réduction des rôles et 3) le partage des rôles. Elle a également montré que le «double rôle» a un impact sur la performance des entreprises. Ainsi, les femmes entrepreneurs à forte croissance privilégient le partage des rôles, leur donnant ainsi une plus grande, voire une double satisfaction. Le partage des rôles renvoie à la pratique de la gestion participative dans laquelle les individus délèguent afin d'être moins impliqués dans les affaires sans nuire à la performance et leur permet de réduire les conflits travail-famille. Carrington a réalisé une analyse similaire et a souligné le désir des femmes mariées de concilier vie professionnelle et vie privée (Carrington, 2006).

De même, Brush, Carter et al. (2004) ont mis en évidence les motivations des entrepreneurs pour une forte croissance que sont la recherche de l'épanouissement personnel, la réalisation de soi et l'indépendance.

En termes de croissance, les rapports du GEM explicitent que les perspectives de croissance sont assez semblables pour les hommes et les femmes, et peut-être plus grande pour les femmes (Minniti, Allen & Langowitz, 2006), contrairement au mythe des femmes qui refusent de croissance (Brush, Carter et al., 2001).

Pour conclure, les hommes et les femmes sont plus semblables que différents sur ce point 10

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selon les recherches récentes et ce papier vise à approfondir l'hypothèse selon laquelle les femmes voient leur entreprise de manière différente et de ce fait les amène à gérer leurs affaires d'une manière elle aussi différente de celle des hommes. Cela nous amène à passer du "si" à la position de "comment cela fait une différence", position de Carter et Show (2006).

2. Méthodologie et recherche

Notre recherche se concentre sur les femmes entrepreneurs qui font le choix de la croissance pour leur entreprise. Avant de définir ces termes, certaines informations concernant le contexte français sont nécessaires.

Selon le rapport 2007 du GEM sur l'entreprenariat féminin, le TEA (taux d’activité entrepreneuriale) masculin est toujours supérieur au TEA féminin, quel que soit le pays. En France, la différence est encore importante (TEA masculin: 6, TEA féminin: 4) et le pays a des taux plus bas que la moyenne européenne (respectivement 10 et 5) ; même si l'Europe elle-même présente des taux plus faibles d'entrepreneuriat féminin à la fois au démarrage et pour les entreprises établies. L'entrepreneuriat par opportunité représente 64% de l'activité totale des femmes contre 36% pour l'entrepreneuriat par nécessité en France.

Une étude française de 2007 1donne un aperçu de la situation, selon laquelle les femmes représentent un tiers du nombre total d'entreprises. Au fur et à mesure que la taille de l'entreprise augmente, la proportion des femmes diminue (0 employé: 30%, 1 à 5: 34% 6-19: 29% 20-49: 18% 50-99: 12% 100-250 11% seulement). Les femmes entrepreneurs sont présentes dans tous les secteurs (construction, services et industrie (25%), commerce (33%) et services aux personnes (38%)). Parmi les 31% d'entrepreneurs qui sont des femmes, 12% sont propriétaires de plus de la moitié du capital de leur entreprise, 7% de la moitié et 12% détiennent une part minoritaire. Avant de devenir entrepreneurs, elles avaient un emploi (62%), étaient étudiantes (12%), entrepreneurs (10%), au chômage (2%) et certaines n'avaient jamais travaillé (13%). Pour celles qui avaient travaillé auparavant, la moitié était dans le même secteur d’activité et l'autre moitié a changé. Un point intéressant de cette étude concerne le ressenti de ces femmes chefs d'entreprise : 84% étaient satisfaites d’être entrepreneurs et 75% affirmaient qu'elles le referaient. 71% d'entre elles déclaraient qu'il n'est

1 Etude TNS Sofres, 2007 « Entrepreneuriat Féminin dans les PME et TPE », réalisée à partir de 1700 entreprises. 11

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pas plus difficile d'être une femme entrepreneur, contre 29% qui pensaient le contraire. Cependant, elles constatent que certaines choses sont plus difficiles pour les femmes que pour les hommes, comme par exemple concilier travail et vie de famille (70%), se sentir en sécurité (43%), accéder aux marchés et aux clients (19%), recruter du personnel compétent (17%) , interagir avec le gouvernement (17%) et obtenir un financement (16%). Enfin, elles estiment que les femmes entrepreneurs ne sont ni plus ni moins reconnues (64%) aujourd'hui, sont plus connues (8%) et moins connues (27%) que les hommes entrepreneurs.

Au sein de cette population globale des femmes chefs d'entreprise, nous concentrons notre attention sur un sous-ensemble de femmes chefs d'entreprise axées sur la croissance, parfois appelés femmes ambitieuses.

A partir des travaux de Shelton (2006), on peut retenir que les femmes à forte croissance ou ambitieuses sont définies comme des femmes qui ont l'intention et la motivation de développer des entreprises à forte croissance. Elles possèdent des caractéristiques personnelles de vision, d'énergie, et d'opportunisme (Morrison, Breen et Ali, 2003). Gundry et Welsch (2001) ont constaté que les femmes ambitieuses ont l’intention de mettre l'accent sur la croissance du marché et l'évolution technologique, ont un engagement plus fort dans la réussite de leurs entreprises et une plus grande volonté de se sacrifier pour leurs entreprises. Contrairement aux entrepreneurs qui privilégient leur mode de vie ou qui souhaitent générer des revenus pour la famille, les femmes entrepreneurs ambitieuses sont motivées pour démarrer et développer des entreprises visibles et valorisables (Henderson, 2002).

Shelton (2006) définit la forte croissance par le taux de croissance des ventes pour l'industrie (Gundry et Welsch, 2001; Nicholls-Nixon, 2005 ; Sadler-Smith et al, 2003). La croissance des ventes d'une entreprise doit être supérieure au taux de croissance moyen de l'industrie. Le critère des ventes est la mesure privilégiée de la croissance, car il est relativement insensible à l'intensité capitalistique et au degré d'intégration (selon Delmar, Davidsson et Gartner (2003); Ardishvili et al (1998);. et Hoy, McDougall et Dsouza (1992)), tend à être un précurseur de la croissance d'autres indicateurs tels que les actifs, les bénéfices nets et les employés et enfin est la mesure de croissance préférée par les entrepreneurs eux-mêmes (selon Barkham et al., 1996 ).

Le rapport de l'OCDE 2012 sur le panorama de l’entrepreneuriat remarque que les entreprises 12

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à forte croissance représentent entre 3,5 et 6% de l'ensemble des entreprises dans les pays de l'OCDE si on considère l'emploi et 20% si le chiffre d’affaires est pris en compte. Elles plus nombreuses dans les activités de services.

En dehors de ces données générales, la forte croissance des femmes entrepreneurs n’est pas bien connue en France. Le premier baromètre annuel de la féminisation des capitaux –Women

Equity for Growth Index- a été créé en 2010 pour produire et analyser des données éclairant

l'accès au financement par private equity des PME en croissance dirigées par des femmes. Ces données étaient sous-documentées en comparaison avec d'autres pays, comme les Etats-Unis. En ligne avec les études menées dans d'autres pays, les données collectées par Women Equity For growth (WEG) suggère que les entreprises dirigées par des femmes sont sous-représentées dans les investissements réalisés par les acteurs du private equity. Elles ne représentent que 5% des opérations sur la période allant de 2006 à 2011 (6% en 2011), alors qu’elles représentent 12% à 17% des PME en France ; même si ce chiffre a doublé au cours des cinq dernières années. Cependant, même avec un doublement de la part des opérations en capital dans les sociétés gérées par des femmes, leur présence dans les portefeuilles de private

equity reste trois fois inférieure à leur proportion dans l'économie française.

L’indice WEG est déterminé en quatre étapes en utilisant la base de données d'entreprises Diane (entreprises ayant donné leurs résultats au greffe du tribunal de commerce) : (1) une première sélection est faite sur les entreprises dont le chiffre d'affaires se situe entre 4 et 100 millions d'euros, qui ont entre 20 et 250 salariés, et dont les résultats sont disponibles sur un minimum de trois ans. 25.000 entreprises étaient dans ce cas pour l’Indice 2011, (2) une seconde sélection porte sur le fait que les organes de gestion sont féminisés. 3.000 entreprises étaient dans ce cas, (3) une classification est réalisée sur la base de 5 indicateurs de croissance (croissance des revenus de l'année précédente, croissance moyenne du chiffre d'affaires sur 3 ans, croissance de la valeur des ventes l'année précédente, rentabilité et croissance de l’excédent brut d’exploitation moyen). Cela conduit à une sélection de 300 entreprises, (4) après des analyses minutieuses et des entretiens afin de vérifier les renseignements fournis, les résultats dans le classement recense 150 entreprises qui ont de très bons résultats et connaissent une forte croissance, dont 50 sont finalement identifiées comme étant les plus performantes, dites top-50 Index. Ce classement a été publié chaque année depuis 2010.

Notre design de recherche a été double. Tout d'abord, nous avons effectué une analyse des 13

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données d'un échantillon de deux ans du top-50 WEG Index afin d’en dégager les chiffres significatifs concernant la croissance. Deuxièmement, nous avons mené des entretiens semi-directifs qualitatifs auprès de sept de ces femmes pour comprendre en profondeur leur comportement, leur représentation de la croissance et nous avons réalisé des études de cas dans le but de présenter un cas dans ce papier. Notre recherche est fondée sur les travaux de Menzies et al (2004), Morris (2006) et Shelton (2006).

Nous avons utilisé une approche qualitative où le chercheur constructiviste produit des explications qui ne sont pas la réalité, mais une construction de la réalité qui permet de l’expliquer. La connaissance produite est alors subjective et contextuelle. La question du nombre de cas a été soulevée dans le cadre de l'accessibilité des données. Un nombre limité de cas est suffisant au départ pour explorer de nouvelles pratiques. La triangulation des données a été réalisée dans le but de vérifier la collecte des données et de rechercher des informations fiables (Huberman et Miles, 1991).

Les bases de données pour 2010 et 2011 se présentent comme suit, montrant le nombre d'entreprises (étape 1 de la procédure) et le nombre d’entreprises dirigées par des femmes (étape 2 de la procédure), réparties entre création, reprise et promotion interne.

Index 2010 Index 2011

Base d’entreprises 31.244 25.164

---Entreprises dirigées par des hommes 27.646 22.252

Entreprises dirigées par des femmes 3.780 (12.09%) 2.912 (11.57%)

Création 57% 47%

Reprise 30% 25%

Promotion 13% 28%

En 2011, les activités des entreprises du top-50 Index sont réparties comme suit:

Nombre % Commerce spécialisé 12 24 Télécom-médias 9 18 Construction 8 16 Industrie 8 16 Santé 7 14 Services BtoB 2 4 Transports 1 2 14

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IAA 1 2

Immobilier 1 2

Restauration 1 2

Top 50 50 100%

3. Résultats et discussion

Les premiers résultats de l’analyse des données sont intéressants en ce qu'ils illustrent la différence de performance, en 2011, entre ces 50 entreprises dirigées par les femmes et celles dirigées par des hommes, comme le montre le tableau suivant.

N = 2010 ; in K€ Croissance du CA TCAM du CA 3ans) TCAM de l'EBE (3ans) EBE / CA N/N-1 N/N-3 N/N-3 N (2010) Total 25 164 entreprises Base WEG 4,5% 0,8% -3,8% 5,7% Total 22 252 Hommes 4,4% 0,7% -4,2% 5,6% Total 2 912 Femmes 4,8% 1,5% -0,6% 6,6% Total TOP 50 33,0% 20,2% 29,4% 16,1% TCAM : taux de croissance annuel moyen

Ces résultats sont évidents lorsqu'on considère les 25 164 entreprises françaises qui génèrent plus de 4 millions de ventes en 2010 : celles qui sont dirigées par des hommes (88%) ont eu un taux de croissance de 4,4% (sur une période de trois ans) et un taux de rendement de 5,6% Les quelque 3.000 entreprises dirigées par des femmes s'en sortent mieux, avec un taux de croissance de 4,8% et un taux de rendement de 6,6%. En ce qui concerne les 50 sociétés sélectionnées par le top-50 WEG, elles se distinguent par une performance financière plus marquée, avec des résultats de 33% et 16,1%, respectivement.

Ces résultats sont en totale contradiction avec les études qui ont mis en évidence la réticence

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des femmes à développer leurs activités (par exemple Chaganti & Parasuraman, 1999; Fischer, Ruben & Dyke, 1993; Kalleberg et Leicht, 1991; Srinivasan, Woo & Cooper, 1993). Mais ils confirment certains autres résultats dont celui de Kotiranta et al. pour la Finlande (GEM rapport à 2007) où la rentabilité des entreprises dirigées par des femmes était de 14% contre 12,2% pour celles avec des PDG hommes et respectivement 14,7% et 11,5% lorsque le conseil d’administration était majoritairement féminin ou masculin.

De plus, notre recherche ne confirme pas que les femmes créent de plus petites entreprises de services, moins rentables et refusent la croissance (Cliff, 1998) pour avoir des entreprises plus facilement gérables et comptent moins sur le financement externe (Resnick, 2007).

A partir de ces résultats, une analyse approfondie a été menée avec 7 femmes pour comprendre les écarts de résultats. Les entretiens nous permettent de présenter une étude de cas de l'une de ces femmes chefs d'entreprise axées sur la croissance. Les entretiens semi-directifs ont porté sur les thèmes suivantes : Comment avez-vous pris la décision de devenir entrepreneur (création / reprise) ? Comment voyez-vous votre entreprise ? Comment faites-vous vos choix stratégiques majeurs ? Comment gérez-faites-vous votre entreprise ? Quel est votre processus décisionnel ? Quelle est la signification de la croissance pour vous ? et pour votre entreprise ?, Comment mesurez-vous la réussite personnelle ?, Comment mesurez-vous la performance de votre entreprise ?

Les principaux résultats sont les suivants et peuvent être illustrés par un cas emblématique. Ce cas a été choisi pour plusieurs raisons: (1) cet entretien résume la pensée et les perceptions des femmes chefs d'entreprise à forte croissance, (2) la société est deux fois lauréate de l'indice (sur les 3 ans), (3) l’entreprise montre un fort taux de croissance par rapport au secteur (4) elle a réussi un LMBO en 2011.

Cas Lefebvre Software - Editeur de logiciels spécialisé dans les systèmes de ressources humaines.

Suite à un désaccord entre les actionnaires sur la stratégie à mener dans son ancienne société, Viviane Ribeiro a négocié son départ d’avec son employeur. Alors âgée de 53 ans et après un certain nombre de mois de vacances et une poignée de propositions d'emploi dans des grandes entreprises, une discussion avec une personne lui a donné une idée d'opportunité : reprendre et créer une entreprise.

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Elle a alors une vision claire et commencé la recherche de deux petites entreprises à acheter, en utilisant des fonds d'investissement, avec l'idée de réunir ces deux PME pour développer une entreprise pérenne.

Dans le même temps, une filiale du groupe Lefebvre Software était en déficit et le groupe était à la recherche d'une solution. Lefebvre Software est un groupe familial.

Elle a négocié avec le groupe le fait de prendre la tête de cette filiale en Janvier 2007 dans l'espoir de la développer et de la faire croître, pour in fine, la reprendre totalement. Elle et son équipe (dont plusieurs personnes de son ancienne entreprise qui l’ont suivie) ont réussi dans cette tâche et le groupe a tenu son engagement initial: ils l'ont laissée acheter cette nouvelle entreprise en Octobre 2011, par LMBO (avec 40 personnes) et l’aide de fonds d'investissement.

Quand elle est arrivée en 2007, la société comptait 200 employés et 60 clients, mais avait subi de lourdes pertes. Elle a dû licencier 70 employés. Aujourd'hui, elle emploie 300 personnes, compte 400 clients et réalise 30 M € de chiffre d'affaires, bénéficiant d'un taux de croissance de 26% en 2011 (soit plus de 21% en moyenne au cours des 4 dernières années), alors que le secteur a connu -3% en 2009, +1,5% en 2010 et +3,6% en 2011 selon le Syntec.

Ses valeurs sont centrées sur sa relation avec son équipe. Elle dit toujours «nous» plutôt que «je» concernant les activités et les résultats de l'entreprise. Elle travaille à créer une société «où les gens prennent plaisir à travailler au sein d'une grande équipe» et avec une «relation

de respect et de transparence." Quarante employés ont également investi dans le processus de

LMBO et elle est «fière de cela». Par ailleurs, elle a structuré l'entreprise avec des personnes dignes de confiance (80) qu'elle avait connues lors de ses précédentes expériences professionnelles. Selon elle, « prendre soin de ses employés et des clients est essentiel ».

La croissance est bien sûr un élément important. La société doit faire face à la croissance du marché, mais "la croissance est le résultat" et "nous ne sommes pas spécialement à la

recherche de forte croissance". La poursuite de la croissance, à la fois organique et externe, a

contribué à renforcer la société en distribuant des produits complémentaires, des services et à saisir des opportunités géographiques (20% de ses ventes sont réalisées à l'étranger) et elle continue à acheter des entreprises dans différents pays. Elle sait simplement "qu’ils doivent

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aller de l'avant". Elle veut atteindre 100 millions d'euros de chiffre d'affaires en 3 ans (40

millions réalisés en 2011).

Le processus de décision est tout à fait informel et les personnes spécifiques sont engagées à chaque fois dans la décision. La délégation est le mot-clé et "tout le monde est au bon

endroit". Le travail d'équipe est une priorité. Elle sait comment prendre des décisions: «Je ne me pose pas de questions, je sais que mon modèle est efficace, si nous avançons". Aucun

membre de sa famille ne travaille dans l'entreprise.

Les indicateurs privilégiés pour elle sont la rentabilité, permise par cet «état d'esprit, cette

dynamique et une agilité qui permet le développement plus loin". Cette évolution est "toujours fragile" et nécessite un niveau élevé d’engagement et d’énergie de sa part ainsi qu’une

importante quantité de travail si on veut transmettre cette culture de façon continue. En tant que tel, elle organise son agenda, et se préserve une journée par semaine consacrée à des moments de réflexion stratégique systématiques d’une part et à des fins personnelles de l’autre. Elle passe 4 jours à Paris dédiés au travail. Sa famille a toujours été et reste un grand soutien. Elle a deux filles et une petite-fille un. Son (deuxième) mari est d'un grand soutien. «La gestion du temps peut être le problème".

En outre, elle est membre de nombreux réseaux et est très impliquée dans la défense des droits des femmes, ce qui lui permet d'avoir un poids dans le débat social.

«La transparence, la simplicité, la joie dans le travail d'équipe» sont ses maîtres mots, de même que "la prise de décision rapide, la créativité, l'humour et l'intuition".

Ce cas emblématique n’est certainement pas un cas isolé et peut être complété par d'autres témoignages de femmes (mis en évidence dans l'indice). Anne-Laure Constanza, par exemple, la créatrice de "Envie de fraises", a recueilli près de 2 millions € pour développer son activité et contrairement à la croyance populaire, « a eu du mal à ne lever que ce qui était nécessaire ». Sylvie Casenave-Péré, qui dirige Posson Packaging Company, a trouvé un équilibre entre sa vie privée (4 enfants) et sa vie professionnelle. « Plus nous entreprenons de choses, plus

nous devons être agiles pour jongler avec tout ». La créatrice de "Charlott", une entreprise de

lingerie, dit avec un rendement de plus de 40% : « Notre développement est viral et sans fin » 18

(19)

(avec un réseau de vendeuses à domicile). Le mode de management est double : « Nous

travaillons sur la complicité affective et en interne, nous comptons chaque centime ».

Conclusion

Dans cet article, nous mettons en évidence le fait qu'il existe plus de similitudes que de différences entre les entrepreneurs masculins et féminins, mais aussi que les femmes entrepreneures qui visent la croissance présentent un certain nombre de caractéristiques particulières basées sur la création de leurs propre style de leadership (le travail d'équipe a été souligné, la mise en œuvre individualisé de la gestion des ressources humaines, le dialogue et la transparence dans les relations).

Nous confirmons deux constats généraux qui ont été faits sur les femmes entrepreneurs et pouvons conclure que ces résultats trouvent écho avec la recherche sur les femmes entrepreneurs à forte croissance, même si nous devons souligner que très souvent, elles ne se réfèrent pas à une forte croissance, mais à la croissance, alors même que l'entreprise connaît réellement un taux élevé de croissance. De plus, la croissance est vécue comme un résultat d’une action globale.

Par ailleurs, nous confirmons l'idée que les femmes entrepreneurs visant la croissance voient différemment leur entreprise (par rapport aux hommes). Elles sont à la recherche de leur propre bien-être, qui doit être global, c'est-à-dire à la fois privé et professionnel. Et ce double bien-être a un impact réel sur la performance (Shelton, 2006). On retrouve l’idée de «perspective intégrée» (Brush, 1992), où les femmes intègrent leur entreprise dans leur vie personnelle, familiale et communautaire ; la considérant comme un réseau coopératif de relations plutôt que comme une entité économique distincte. En cela, elles donnent la priorité aux aspects relationnels de la gestion (y compris vis-à-vis des employés et des clients) et ont un style de gestion plus horizontal et participatif (Bird & Brush, 2002).

Enfin, comme elles font un choix délibéré pour la croissance, elles arbitrent entre les coûts et les avantages, à la fois pour leur entreprise et pour leur vie personnelle (Morris, 2006). Nous confirmons qu'elles doivent organiser leur vie et rechercher un équilibre entre le travail et la vie privée («partage des rôles»). Par exemple, deux foyers de vie distincts (l'un pour les affaires et l’autre pour la famille). Comme Shelton (2006) l'a souligné, une stratégie de gestion appropriée qui concilie travail et famille peut améliorer les performances des

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entreprises détenues par les femmes. Elles désirent vraiment une vie fructueuse (Vernheul et al., 2006).

Une plus grande prise de conscience et une compréhension plus approfondie des femmes chefs d'entreprise à forte croissance pourraient être utiles aux décideurs et aux parties prenantes pour les amener à accorder plus d'attention à ces entrepreneurs. Certaines lois spécifiques ou des institutions pourraient plus et différemment aider ces entrepreneurs. Les investisseurs, les banquiers et les business angels pourraient les voir d'une manière différente sur la question du risque, de la performance et du financement. Mentors, conseillers et autres accompagnateurs pourraient organiser des séances spéciales liées à leur besoin réel.

Une limite de cette étude est l'accent mis sur les femmes entrepreneurs qui aspirent à la croissance. Un autre est le nombre limité d'années d'études (deux seulement) et des cas (sept). Même avec ces limitations, notre étude ouvre de nombreuses pistes pour des recherches complémentaires. Une possibilité intéressante consisterait à étendre l'analyse des données (sur trois ans et sur de nouveaux indicateurs) et le nombre d'entretiens ; ce qui nous permettrait d'analyser en profondeur la relation que les femmes entrepreneurs entretiennent avec la croissance mais aussi la forte croissance. D’autres études pourraient comparer les femmes entrepreneurs en fonction de critères tels que le statut (création / reprise), l’ancienneté de l’entreprise (démarrage/croissance ou maturité), la propriété (entreprises familiales/entreprises non familiales), l’utilisation de réseaux (membre actif/non actif). Enfin une comparaison internationale pourrait être intéressante à mener.

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