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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Qu'est ce qu'un être humain ? Le corps dans les films de science-fiction

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QU’EST CE QU’UN ÊTRE HUMAIN ?

LE CORPS DANS LES FILMS DE SCIENCE-FICTION

Michèle DESCOLONGES

Laboratoire Travail et Mobilités, Université Paris X Nanterre

MOTS-CLÉS : CORPS TECHNICISÉS – CORPS PROGRAMMÉS – CORPS DUPLIQUÉES – CORPS-ESPRIT – AUTONOMIE

RÉSUMÉ : Depuis quelques décennies, des films de science fiction destinés au grand public, reflètent, en les déformant, des interrogations relatives aux développements scientifiques et techniques. Nous illustrons ce questionnement, « qu’est-ce qu’être humain ? », par deux présupposés complémentaires : la puissance du corps est illimitée ; le corps peut s’inventer. En conclusion nous suggérons que cet engouement répond à des désirs, tout en les déplaçant.

ABSTRACT : For several decades mainstream-oriented science fiction movies reflect - if disrupting – the questioning related to scientific and technical developments. One may picture the questioning – ‘what is a human being’ – with a double and complementary presuppositions : the might of the body is unlimited, the body is able to invent itself. In conclusion, we suggest this infatuation addresses some desires and though shifting them.

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1. INTRODUCTION

Les films de science-fiction et certains films d’imagination ont exploré les possibilités du corps humain, mais leur diffusion a été limitée à un public d’initiés. Depuis quelques décennies, cette exploration se développe à travers des films à vocation mondiale, ouverts à de nouveaux publics, notamment les adolescents.

Chacun de ces films met en scène des pratiques sociales nouvelles que les sciences et les techniques rendent possibles, mais en les amplifiant. En effet, les auteurs se livrent à un travail d’imagination combinant développements sociaux, développements techniques et règles éthiques. Les films se présentent ainsi comme des récits, chargés de montrer les ambitions et les errements des sociétés modernes. Ils reflètent, en les déformant souvent, des interrogations relatives aux développements scientifiques et techniques, spécifiques des sociétés développées.

Ainsi, les space opera, tels 2001, l’odyssée de l’espace1, La guerre des étoiles 2 ont-ils connu un développement corollaire à la conquête spatiale. Ils empruntent au thème déjà ancien des robots – inventé au début du XXe siècle par l’écrivain tchèque Karel Kapek, le terme « robot » est issu de

rabote, travailler en russe. Ils rejouent aussi des représentations de l’espace ; certains illustrent les représentations de la « pluralité des mondes », thème en vogue à partir de l’ouvrage de Fontenelle (1686) jusqu’aux débuts du XIXe siècle, cependant que des extraterrestres peuvent arriver jusqu’à nous, ainsi que l’illustre E.T.3. D’autres témoignent que nous sommes désormais dans un seul monde – c’est l’idée d’une seule planète, à mettre en relation avec les thèses écologistes et le projet de développement durable.

Relevant de la conception d’un seul monde, la série des Alien4 (à partir de 1979) introduit de nouveaux questionnements issus des biotechnologies. Depuis X-Men5 (2000) ou Minority report6 (2002), les possibilités offertes par les biotechnologies sont centrales. Elles sont associées au développement des réseaux de télécommunications, et parfois à d’autres technologies. Par exemple, dans Minority report, le système Maglev (magnetic levitation) évoque l’usage substitutif de rampes magnétiques aux carburants traditionnels ; les boules sur lesquelles s’affichent les noms des victimes, les araignées espionnes, les écrans de verre, etc., supposent le recours aux nanotechnologies.

1 Stanley Kubrick, G.-B., 1968.

2 George Lucas, U.S.A., 1977. Quatre autres épisodes ont suivi. 3 Steven Spielberg, U.S.A., 1982.

4 Ridley Scott, U.S.A., 1979. Trois autres films ont suivi, dirigés par d’autres cinéastes. 5 Bryan Singer, U.S.A., 2000. Le deuxième film date de 2003.

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Par différence avec les décennies précédentes, qui valorisaient la conquête d’espaces intersidéraux, on peut considérer que la nouvelle conquête est celle des potentialités humaines. Cette conquête va se jouer sur trois registres complémentaires : les problèmes éthiques, les possibilités sociales, les développements scientifiques et techniques. La combinaison des différents registres reflète des questions d’actualité politique. Par exemple, si les données biométriques sont utilisées à des fins politiques, la fraude de ces données n’est-elle pas légitime ?

Il s’agit parfois de questions nouvelles et difficiles, qui n’ont pas reçu de réponses définitives. Par exemple, en France, face aux techniques de la procréation, le Comité national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé a été conduit à préciser à partir de quand et de quoi il était possible de distinguer, dans le fœtus, une personne digne de respect. Ce Comité a avancé le critère suivant : le fait de discerner un corps et un visage humains permet de parler d’une personne.

Or, nombre de ces films témoignent d’incertitudes et interrogent : qu’est-ce qu’être humain ? Qu’est-ce qu’un humain qui prend corps ? Qui est légitime à se prononcer en ces domaines ? Qui prend des décisions permettant aux humains de persévérer dans leur être ? Ils le mettent en scène, le plus souvent de manière ambiguë. Car sous le couvert d’un appareillage très sophistiqué et apparemment rationnel, ils vont refléter des croyances populaires, s’accordant à « une opinion généralement acceptée »7. On peut certainement appliquer ici l’analyse développée par Marc Bloch.

Celui-ci avait montré que les fausses nouvelles nées pendant la guerre obtenaient du crédit « parce que les imaginations sont déjà préparées et fermentent sourdement », mais aussi parce qu’elles étaient issues de sociétés aux « liens précaires » - ce qui peut caractériser également les sociétés développées.

Je vais illustrer ce double registre par deux présupposés complémentaires, irriguant ces films.

2. LA PUISSANCE DU CORPS EST ILLIMITÉE…

… Et la détention de la puissance résulte de la technique. Effectivement, ces corps puissants prennent de nombreuses formes, et on a affaire :

• Soit à des corps « technicisés », pour lesquels la technique constitue une prothèse ou une doublure, obtenus par des charcutages. Par ex., Wolverine (X-Men), dont les os, doublés de métal, lui procurent non seulement une force physique exceptionnelle, mais aussi un corps

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susceptible de régénération. Ou Tom Cruise qui, dans Minority report, change d’iris afin d’échapper aux contrôles biométriques, grâce à (si on peut dire) une opération chirurgicale frauduleuse ; il recherche en effet des informations « minoritaires », dont la mise à jour pourraient le conduire à enrayer le fonctionnement du système politique. Ou encore le héros de Bienvenue à Gattaca, qui rogne une partie de ses tibias afin de substituer ses caractéristiques biologiques à celles d’une autre personne et d’accéder ainsi aux privilèges de l’élite - en l’occurrence, il s’agit d’accomplir le rêve de participation à l’exploration spatiale.

• Soit à des corps produits, et plus ou moins programmés, par des humains. Robots, androïdes et répliquants (Blade runner8), clones…, dupliquent les humains, tout en acquérant de nouvelles possibilités ; ils sont particulièrement résistants aux agressions et dotés de grandes capacités d’adaptation. Mais l’enjeu majeur de ces duplications humaines relève des sentiments : dans quelle mesure ces êtres fiables mais programmés, témoignent-ils de sentiments humains, lesquels sont marqués par la fugacité et la mort ? Ainsi, Ripley est-elle fondée à qualifier Annalee-Call, une androïde au cœur tendre, de « trop humaine pour un humain » (Alien 4) ; tout comme la fidélité à toute épreuve du petit robot de IA9 est-elle « trop » généreuse au regard de l’ingratitude de sa famille humaine.

• Soit à une espèce particulière d’humains : les mutants (X-Men, et dans une certaine mesure Matrix), qui détiennent des pouvoirs exceptionnels. Le secret de la mutation, est l’enjeu majeur parce qu’elle conditionnerait l’évolution de l’humanité et l’acquisition de la puissance. On peut noter la première phrase audible de X-Men (« la mutation est la clef de notre évolution »), et l’écouter comme on entend les révélations apportées par les premières notes d’une symphonie ou les premiers mots d’une psychanalyse, c’est-à-dire comme l’annonciation de l’enjeu et de la souffrance.

À un premier niveau, les techniques employées afin d’accroître la puissance du corps sont des extrapolations de capacités qui nous sont connues. Par ex., de manière métaphorique on parle de ceux qui mettent le feu aux poudres, de ceux qui enflamment leurs proches (ou les foules) ; les mutants, eux, détiennent le pouvoir d’allumer un feu dans la main de leur voisin ou à tout autre endroit, ils peuvent aussi attirer la foudre et les ouragans grâce à leurs pouvoirs corporels. On peut parler de ceux qui s’imbibent des sentiments des autres (« il me pompe… ») : chez les mutants, il suffit à Malicia (X-Men) de toucher une personne pour lui prendre son énergie, au risque de la tuer. On peut considérer ceux dont le corps se transforme sous l’effet de la boulimie, de l’anorexie, de drogues, d’alcool, et plus généralement toutes les transformations en lien avec des conduites de

8 Ridley Scott, U.S.A., 1982. 9 Steven Spielberg, U.S.A., 2001.

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dépendance : on en trouve le récit non seulement dans la presse, sportive par exemple, mais aussi dans les contes – les sœurs de Cendrillon se mutilant afin de plaire au prince, en proposent une belle illustration. Dans Matrix, le corps du héros se transforme, sous l’effet d’une machine, afin de trouver un autre monde supposé meilleur.

Ce sont aussi des techniques visant l’intercompréhension. Là encore, a priori rien de nouveau. Si les procédés de télépathie y sont nombreux, le thème télépathique est déjà ancien, et il a été investi par de nombreuses expérimentations tout au long du XXe siècle. Il connaît une nouvelle postérité avec le développement des réseaux de télécommunications, et il est devenu une composante indiscutée de tous les films récents de science-fiction. Déjà plus ancien, un des films qui en expose la nature de la manière la plus claire est E.T. Indépendamment de la mise en oeuvre d’instruments, son intérêt consiste à témoigner de l’idéal télépathe. On y voit un jeune garçon se prenant d’amitié pour un extraterrestre oublié sur Terre par les siens, empêché d’utiliser le langage humain pour se faire comprendre, mais lui témoignant son amitié en lui sauvant la vie, car après tout, cet extraterrestre n’est rien d’autre qu’un être humain différent. Cœurs mêlés, dont l’idéal télépathe est d’être dans/chez l’autre10, signifiant qu’il est possible de se comprendre sans le dire, sans avoir à

exprimer ses sentiments par la parole. Les conséquences en sont lourdes : ce faisant, on exclut le débat nécessaire à l’élaboration de règles communes, nécessaires à tout groupe humain.

On passe à un niveau de puissance supérieur avec l’usage de techniques de transformation d’autres corps à distance, c’est-à-dire dans le temps et dans l’espace. Il s’agit, par exemple, des corps programmés des robots qui accompliront leur mission quelles que soient les difficultés et leur état. Certains de ceux-ci détiennent l’intelligence si convoitée des systèmes techniques, tels les androïdes Bishop (Alien 2 et 3) et Annalee-Call, la seule qui sache accéder à l'ordinateur de bord et commander les mouvements du vaisseau spatial, permettant d’échapper aux aliens (Alien 4).

La manipulation des corps à travers l’espace est illustrée, par exemple, par l’appareil à générer la mutation chez les humains conçu par Magneto (X-Men), mais qui échoue une première fois par manque de ressource énergétique et administre la destruction, et aurait pu réussir lors de la seconde expérience, si des mutants ne s’y étaient opposés. « Cerebro » est une autre illustration des possibilités infinies de communication et/ou de manipulation des corps à distance (les deux X-Men). Cette machine très sophistiquée est une extension du corps infirme de Xavier (celui-ci étant le dirigeant des mutants favorables à une coexistence pacifique avec les humains), grâce à quoi la puissance de la télépathie est démultipliée et constitue une machine communiquant des pensées, et permettant de repérer, soutenir, et éventuellement de commander. Mais quelle est donc la faiblesse de Xavier qui le rende si vulnérable aux paroles d’une fillette – celle-ci n’étant qu’une translation

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du corps infirme d’un mutant mobilisé par la haine de son père « humain » ? Toujours est-il qu’entre les mains de ce dernier, le procédé « cerebro » devient une machine à détruire les cerveaux à distance.

Dans des univers où les explosions et les destructions sont légion, la puissance revêt toujours une signification sociale (solidarité, intercompréhension, haine…) et l’on peut se livrer à de nombreuses interprétations géopolitiques des camps des « bons » et des « méchants ». Mais, ces corps « technicisés », programmés, dupliqués mettent aussi en évidence que quelle que soit la technique utilisée, la puissance du corps n’est rien indépendamment du but qui l’anime. En effet, l’évocation du but conduit à interroger la puissance : le corps tend légitimement à s’accroître, il tend à augmenter sa puissance d’agir, parce que l’appétit (la volonté de poursuivre un but) est au fondement de l’existence11. Autrement dit, la puissance consiste à accroître la capacité à connaître le

monde et à en jouir. Elle ne consiste pas à détruire. En effet, on voit dans ces films qu’Annalee Call, l’androïde, et Ripley, clone d’elle-même (Alien 4) vont sauver la Terre du danger des Alien. Les X-men, ces mutants, vont sauver les dirigeants des nations de la menace de destruction.

Dès lors, une lecture possible des luttes mises en scène est celle de l’autonomie : qu’ils soient militaires ou scientifiques (la série des Alien), aînés ou parents (X-Men) dotés d’instruments, l’essentiel n’est pas qu’ils s’adressent à des mutants, à des clones ou à des androïdes, mais qu’ils cherchent éventuellement à réduire ceux-ci à leurs désirs. On ne peut pas parler de puissance quand le but réside dans la manipulation, la soumission, la poursuite de la revanche. En somme, rien de négatif ou de destructif n’est porteur, et chaque individu ou chaque groupe dont le but serait de s’approprier des individus afin de réduire leur puissance d’agir contredirait l’autonomie de la personne et son avenir.

On voit combien les adolescents – et pas seulement ceux-ci ! – peuvent être concernés par ces thèmes, dans les périodes où ils cherchent à se différencier. Alors que leur corps se transforme, le présupposé suivant les concerne tout autant.

3. LE CORPS PEUT S’INVENTER

Au premier abord, clones, répliquants, androïdes et corps technicisés exposent diverses tentatives de duplication du corps humain. Et, comme on l’a vu, tandis que les humains témoignent de désirs réducteurs, les machines (androïdes et clones) sont chargées de favoriser la puissance d’agir. Mais

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en déléguant leurs désirs à des machines, les humains en démontrent la fragilité, car les machines elles-mêmes manquent de stabilité.

Les transformations biologiques sont marquées du sceau de la souffrance : le clonage de Ripley (Sigourney Weaver, dans Alien 4), réalisé à partir de ses cellules sanguines, se traduit par une série de corps inaboutis mais vivants ; et la scène où Ripley découvre une salle d’esquisses de corps, lui offrant les résultats des essais de clonage et l’image de sa création, est proprement hallucinante. Que Ripley réponde à cette violence par la suppression des corps souffrants et renvoie la monstruosité du côté des inventeurs, n’empêche pas de penser que l’invention du corps se paie très cher pour tout le monde, créateurs et créatures mêlés.

Par ailleurs, les processus de production de ces corps connaissent de nombreux aléas. Si les robots peuvent être produits à la chaîne, les nouvelles fonctions affectives dont sont dotés les robots expérimentaux rencontrent des problèmes d’acceptabilité humaine. Par exemple, dans IA, la demande d’amour du petit robot, dont les humains se sont servis comme substitut d’enfant, leur devient insupportable et ils l’abandonnent à son sort. Si, dans Le cinquième élément12, une docte assemblée s’exclame devant la « perfection » du corps de l’héroïne, née d’un minerai, on peut quand même souligner qu’il ne lui manque « que » la parole !

Le présupposé de l’invention du corps permet d’égrener d’autres questions. Les premières images d’X-Men avertissent les spectateurs : en dépit de leurs pouvoirs, les mutants sont impuissants à empêcher les destructions auxquelles se livrent les humains. En effet, le jeune Magneto, qui sait « commander » les métaux, est néanmoins séparé de sa mère, laquelle est emmenée dans un camp nazi enclos de barbelés. La question posée est donc la suivante : comment transformer le monde ? Par la mutation des humains ou par leur destruction, ou bien par la tolérance mutuelle et la négociation ? Deux conceptions s’opposent, dont on voit bien les résonances socio-politiques. Chacune de ces démarches prend corps.

La mutation fait l’objet d’un véritable processus de production, qui l’invalide parce que le corps est traité indépendamment de l’esprit. Ainsi, dans X-Men, à l’issue d’une expédition punitive, le sénateur, chef de file de l’opposition aux mutants, devient-il le cobaye de la mutation imposée. Il meurt de la transformation de son corps, mais l’esprit est demeuré dans ce corps de méduse. Il s’agit toujours du sénateur, qui va persévérer dans sa mission politique, en cherchant finalement à s’allier aux mutants favorables à la tolérance.

Wolverine illustre à son tour que la violence inhibe le désir tant que l’histoire des individus reste obscure : doté d’une force exceptionnelle et de capacités de régénération, qui lui ont été incorporées par des charcutages, il est dans l’ignorance de sa propre histoire. Aussi, ne sait-il pas de quel côté se

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déclarer, du côté de la tolérance ou bien de la haine à l’égard des humains ? Il lui faudra, douloureusement, retrouver son histoire afin de pouvoir choisir son camp.

L’une des questions posées par ces films est donc la suivante : si les répliquants, les androïdes, les clones poursuivent des buts humains, ne témoignent-ils pas qu’on ne peut pas faire semblant d’avoir un corps autre que le sien ? Ils disent, en effet, que la façon dont le corps est vécu témoigne de l’esprit et que le corps n’est pas un objet dont on dispose : on ne peut pas le manipuler et quand on le fait, on le paie très cher. Alors, si le corps ne peut pas être « inventé » puisqu’il est ce que sont les humains, ne peut-il se métamorphoser ?

4. CONCLUSION

Le succès de ces films repose, nous l’avons dit, sur des imaginations préparées. En effet, nous pouvons considérer qu’ils répondent à des désirs profonds, et les expriment de manière déplacée. Ces films témoignent d’un désir d’auto-engendrement. L’homme est tout puissant, il est son propre créateur. Tout-puissant, il apporte la preuve de ses immenses possibilités d’innovation. Dans les sociétés développées, inscrites dans la « compétition internationale », l’innovation est devenue la valeur suprême. Ne pas y participer, c’est être rejeté du côté des perdants.

Ce désir est associé à l’angoisse d’avoir engendré des processus qui nous dépassent, ou de tomber entre les mains – c’est-à-dire d’être dépendants – d’individus qui veulent créer une humanité selon leurs désirs. Ils mettent en évidence que le désir déshumanisant (Stricker, Magneto dans X-Men, les scientifiques et les militaires dans Alien) contredit le statut de personne autonome et son avenir.

D’autres questions s’enchaînent ; et nous proposons d’ouvrir celle-ci, qui nécessitera de longues explorations : le « corps » désigne aussi les appartenances, c’est-à-dire des histoires et des valeurs partagées, parce que le corps rassemble. Le devenir social se joue ainsi sur les écrans : la question de l’autonomie est au cœur des processus, mais de manière paradoxale. Tandis que Ripley-l’enfant malin des contes – tient le rôle de celui qui ne peut pas se taire et alerte la collectivité à propos de ses errements13, les X-Men témoignent des capacités à affronter collectivement la conflictualité

sociale, à donner à la souffrance une expression collective, à lui donner un sens.

13 DESCOLONGES M. (2002). Les difficultés du lien de confiance projetées sur les écrans de cinéma. In Colloque AISLF-Université de Tours, Novembre.

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