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Les "Mélanges religieux" et la révolution romaine de 1848.

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(1)

Nadia FAHMY-EID

LES MELANGES RELIGIEUX ET

LA REVOLUTION ROMAINE DE 1848

History Department - M.A.

Ju1y 11th,1967

(2)
(3)

LES "MELANGES RELIGIEUX" ET LA REVOLUTION ROMAINE DE 1848

by

Nadia FAHMY-EID

A thesis submitted to

the Fa cult y of Graduate Studies and Research McGi11University

in.partial fulfi1ment of the requirements for the degree of Masterof Arts.

Department of History McGi11Un1versity, Montreal

Àugust 1967.

Nadia Fahmy-Eid 1968

\

(4)

MI's. N.FAHMY~EïD

H1story Department

j

LES "MELANGES RELIGIEUXu ET LA. REVOLUTION RO].:'fAINE DE

1848

M,.A. Degree "

En,1840, l'E'(eque de Mon'tréa1,Mgr Bourget,déc1da

. ' . . ' . . . . .

de mettre à exécut10nun projet cher, à sdn prédécesseur" Mgr " .

·La.i~1gue,

-,"proj et que. .,' ' . ' .

'c,~;dern1e:l:';' l?,1:),'put,~ré~:i,.r~èi(~ê,J

~ . - ' " . ' , - .. -.. " - - ., , , : -. , -, '. . '.,'

. "

sonv1vant. Il s' a.g1ssa1t d

~llIl,journalrel~g1~~ qu1:s~<.

0: ' - . -"~ . ' >"""" ,:, ,: ' ... ' . 'f' '-':'.:" .. ''''',: ,.":.",. < .~~<" '.':. 'i . dOnnerait,

p~ur 'Obje.cti:rl'éd;ication.reifgieu,~e,:~1;;~Q:r~ie,

"

-~, :~'" '. :'.".'. ':. " .. '," . . '<,. :,",:", -,.~> .. :.;: .... ,;~" ... :".,':',,;~> '(':'·"~l·,;:!'-.,, ,~:~."':',--",:' d:u p~uple. Informer le publfctou~enl'édi:riant,,,oi:tà·l.e

plus tard,êclatait

à

Rome une :révolut~0Il.qui about1tàJ.a :ruite du pape Pie IX hors de

sesét'at~èt i"i~proclania.ti()n

d'une république d'insp1rat1on mâ,zz1Il1enne.'. 'Les'MêlanS9s'

. , ,~."'., .

--s '1ntére--s--sèrent v1 vement ' . à·· un ,événement' qu1boÙJ.eversa,1 t'"

" " '. , : -. '~.. , - . . . . , .

. ." " . . ' ,,"'

en même

tempslacatholicité'ent1è~e."Atrav~rsleur1n-

. , . ,: . ' , . : . . ' : .. terppéta. t.ion de~. :raits et leurs cormnêntairè~, nous, pO,\lvons miëux saisir l'idéologie dUjournal;airis1 que 'celle

(5)

TABLE

DES MATIERES

.

J;ntro'duct~~~

___ ... -: ••.•. ,. ' ••• ' •••• _

... _

•••• -,. -•• ' •• -•• ' •• ' •• "

•••• ' ••••• '. • • • •

1

Chapitrè I:. LES MELANGES RELIGIEUX

(1)

(ii)

. . - , ' " ' , ' . - ' , ,

-. .

Fonda.tion. et objectifs des ·.Mélanges. Religieux'

5

Les principales' étapes dans J.acarr:tère des .

Mélanges Relig1eûx .' ... ~.~ •• ~ ... ~ • oie • J.O . ' .

(ii1) Q,uelques notesblog;raph1quessurJ.e$ .' ....•

<',.i

'

,. principaux réda.ct~:Urs.;.'.!~~.~.~' ••. ~~ .• ' .~,~;~:.' ••••. ~~'" "1;6 . (iv)'

~.cllma~r~1~~tl?)~"e:t.~o,~1al?Ù;m.~I'it,:,;",;:;-:",,'.

','

l idée dun' jOl.1rlla.lreligfeux· •• , ••.•••.••• •• i. ••

2.6

',' :' ,', _","

. __

._.--"-Chapitre' II: LA REVOkr.rlIONROMAINE

,:'!",": . ':,:.

(1)·' , Lecontextehistoplqùé "où.: s"1nscl."1 t l a '

RéVô·.:...:

lut10n roma.lneest '~la.fols· ~èùropéenét'it,â.;';:' (11)

l1e~ .. , ... -••• :' ••• ~.~: •. ,~ .• "~';~:.' ••••••• ".'.'.," ... ~~ .• ' •• ', ••..

. - " .

Les facteurs 1lIlDléd.lat.s qulprécl:pltent·J.e.dé~' clenchement'du'mouvementrévolutlonnaire en'

,42

1848 .••• " •• ',.,

~

•• '. '.'.

~. ~';~' ~

•.

'.< •. '~~' •. ~'.~:; •• :.~:~:. '~ .•• ~".~";.-' '~" ..•..••. :~

·68'

(ill) Le dérouJ.ement de la Révolutionromafne ••.•••

,:St3

Chapltre III: LA REVOLUTION ROMAINE VUÈ'A TRAVERS LES ME"'; LANGES' RELIGIEUX. '.

(1) Les Mélanges rapportent et commentent la

Révolution romaine .•• '. ••• •• • • • •• • ••.• • • •• • •• •• 1J.2 ,.

(11) L'1nterprétat1ondes Mélanges,'provoque .

des réactlons hostiles·'. ~ ••••••••••••• '. • •• • • .J.46

Conclusion • . • • • • ' • • • • . • • • • • • • • . • • • a • • • • • • • • a· • • -• • • • . • • • . • • • • . • • ' • • • J.60

Bibllographie

.•...•

~

...•...•..•...•.

'.'

...

'

...•....

164

(6)

I~N

T R 0 DUC T ION

L'étude d'un journal peut sembler futile à l'homme du vingtième siècle, souvElnt débol~dé pa.r une masse· d'informations provenant de sources multiples et variées. Il est évident que la radio, aussi bien que la télévision,disputent aujour-d'hui ~ la presse.écrite le r~le de médium principal d'infor-mation qu'elle assuma jusqu'au siècle dernier. Parce qu'une

certaine éthique (ou encore la compétition) exige du journal contemporain une transmission objective des faits, noua nous attendons à retrouver dans ses colonnes une reproduction fi-dèle de la réalité ambiante. Ploacé dans des conditions dif-férentes, loe loecteur du XlXe siècle ne pouvait ~tre aussi exi-geant sur l'authenticité parfaite de loa nouveloloe transmise ni sur l'impartialité totale du style utilisé. Al.ors que cee der-nières caractéristiques handicapent aujourd'hui la recherche

se. rapportant à lo 'histoire événementielle·, l'histoire des idées s'en trouve par contre avantagée. Le chercheur bébéficie d'une source généreuse d ' informat10ns,concernant moins l'événement sur loequel loe journal prétend le renseigner que la mentaloité de ses rédacteurs et le climat idéologique du milieu social où ils évolouaient. A ce titre surtout, les Méloanses Re1igieuxl nous ont paru mériter d'occuper une place à part dans

(7)

' ) '

2

-l'ensemble des revues éditées au Bas-Canada au cours de la

première moitié du dix-neuvième siècle.

Publiés en 1841 sous l'égide de Mgr Bourget et

parra~

nés par lu1,les Mélanges Religieux. obtinrent la col1aborat'ion

étroite du clergé montréa1ais dont on peut croire ainsi qu'1J.e.

furent, en quelque sorte, le porte-paroleoff'iciel. C'était

la première fois qu'au Canada français

lapenséerelig1el.1.~

s'exprimait par l'intermédiaire.de la. presse, écrite et

emp~-" . -,

tait, systématiquement la voix d'un journal. pour:,diff'user son

message sur."tineplus grande

échelle~~~.

Cette innovationpara1t

d'autant plUS importante qu'elle intervient

à

un moment

"de', '

l'B1stoire"généralement considéré comme·un véritable tournant

dans l' évolution politique et 'religieuse des, idées. L.' échec<:: ..

des insUrrections de 1837 et de ·1838 .ainsi .que.la lutte,pour

l'obtention du gouvernement ·responsable ont apporté,.

co~eon

le sait, des changements notables dans les. convictions

poli-tiques de l'élite canadienne-française. Celle .. c1. ne cèsse, en

outre d'être influencée par le vent de libéralisme qui souffle

s~

l'Europe depuis les années

30.

Cette1nf'luence se

mani-festejusquedans le domaine sp1.rituel dont el1e,menace sérl ..

eusement,le monolithisme traditionnel. Dès 1ors, le clergé

canadien-français tend

à

définir son action comme devant

as-surer le joint entre les impératifs de la foi et deux qu'impose

allX

fidèles leur adhésion

à

de nouveaux credos politiques.

Ces credos sont désormais évalués selon des

critèresessent~el-1ement religieux et jugés

à~a

lumière:' de"leur contribution

directe auX

lntér~ts

du ca tholicisme..C' est dans une

optiqu~

(8)

pour.abor-e

:3

-der les. princ1paux problèmes. de,.l'heure" tels. ceux que pose

l'éduoat1on~ la cOlonlsat10ndes, townships" le programme po-l1t1quedes part1.s.ou,encore-les.grandes questionsd~o~re

1nternat1ond. " Parmi cesdern1~rea., on ,peut noter une, ins1s-tanoeplus.marquée,sur,oellesdont les.inc1dencessurle' pJ.an reJ.1gieux ,sont: appréhendées., Ce: futpré.cisément ,J.e cas de ,la Révolution,roma1ne, ,da 1848:" ép1aode.auquelles,:Méaanses,accor-dent ·une: 3.argeplacadansleurs., colonnes., et.:. cbnsacrent"unnQm-bre',cons1dérable'.d'art1cles et.; , de"commen-ta1res.

51 parm1lesnombreux,sujets"tra1tés parles: .Mélanges celu1-;c1'nous .' a semblé .. pré s,enter" un: ,1n.tér~t part1 c~1er, c' est"~

qu'il :iconst1tue le genre spéc1:r1que,de'I?robl~e pol1tique. con-tempora1n que les.rédaoteurs du. journal ont .. perçu ~ttradu1t d'un po1D.t ... de vue. exclus1:vement'.:rellg1eux~" . Comme ,telle., la Rév6lut1on .romaineconat1tue.,un" champ .. dl'étude pr1vilégié. ,ca-pable ,de' nous. fa1re mieux,sa1s1r, le,.fonct.1onnement,d'tme,p en-séere11g1,euse ,const.amment" alertée.·pal." ,: J. 'évo'1ut1onde ·la réa-lité sociale et.pol.1.t1que ambiante. ,. ,Dans les. Etats pont1f1caux. 1l5'ag1ssa11:. d,'un.mouvement-de caractl:tre: 11béralet 'nationa-l1ste, ,ma1s. à. la suite.,d,'.une pre,ss:e.,:catholiqueuJ.tramontame dont: 11s: se, f1rent', le·fidèle ,.é.cho"le,s rédacteurs' .des-MéJ:anges n' y: -v1rent qu'un. soulèvement ,anarch1quedest1né,. à pr1ver la

papau~é,-,d,I'UIl, droi.t.mul.t1sécu1a1re: c.elu1 da·

,fa

souveraineté temporelle. S1tuée.dana une-perspect1ve.~semb1able,. la·relat10n

des~-fa1ttl ,se rapportant,~. la. Révolut10nroma1ne. pouvait-olle demeurer: objective? -C'est. ce. que nousnous,:proposonsd'exa-m1ner

à

l'intér1eur -de., cette. étude.",·. un. teL, examen· visant

(9)

4

-que sur .les .. positions idéologi-ques. de ceux qui en. furent les tém01ns1nqu1"ets.

Apr~s.un brefh1stor1.que .concernant 1~:f'Cindat1ondes Mélanges. Relisleux et les' .. objectifs visés. par cette.'pub11ca-tion, nous aborderons dans un-premierchapitr~ lescirconstan-ces part1cuJ.i~.res. qui en .. favoris~rent le. lancement-' . Aux yeux de la·hiérarchie cléricale .de .. Montréal.,la.rédactiond'un tel

journal. s' avéra1t. une. entrepr1se .. ·nécessa1re.~t . urgente , .. vu le cl1ma:t rel1g1eux .et social.. quirégna,1'tdaris la. métropole ..

Nous nous: .. proposons. d'1"ns1ster.,. dans

Un

deuxième cha-pitre., . sur le. contexte historique .. (autant e~opéen··qu 1 i1sa11 en)

oùs '1nscr1tl.a.Révo.l:ut1on romaine.· . En .. aTI.E..ly.sant .les .. caus~s 101nta1neset les. facteurs.immédiats .. de. cett,e. révolte.,. ~ous

constatons . qu'elle se . présente., à nous . comme l'a bout:1:'ssement inavi table d 'une suite ininterrompue. de, ,:frusiratlons'coll~c­ tives,auxquelles .le Risorgimento adonné .. la f'.orma concrète. de revend1.cat1ons -précises dans le domaine.po11t1que·et- culturel:~

A· la. suite. de ce to~'. ci'.b.oriz~~-h!atûnq-û.e., nous nous proposons. de comparer, ·dans.un. troisième.:chap1tre, la· réalité objec.t1:ve des, faits à la vers1on. part1culière.qu '.en.don::.l.ent

1 es :':Mélanges .. Une telle comparaison. nous:.permettra·de.m1eux . _: .

. .

comprendre l'idéal qui anime lesrédact~~rs (laics:et.clero-s) du :journal., .. le climat religieux du. milieu, qu!'1ls .. raprésent.ent ainsi que. les réactions de. celui auquel :1:1.5 s'adressent. Nous espérons qu'au. terme de cette. étude., nous .. : aurons appor.té.no.tre

, "

humble .. ~c.ontr1but1on à unemeilleurecomla1ssanced'une pér10de où l'histoire de la.pensée au Québecfuttémo1"nd'une fermen-tation idéologique extraord~aire.

(10)

CHAPITRE 1: LES "MELANGES RELIGIEUX"

(1) Fondation et objectifs des "Mé1anges Religieux"

Les Mélanges Religieux virent le jour en 1841, mais

l'idée qui présida à leur naissance allait

bient~t

sur ses

quinze.ans. Dès 1827, la correspondance de. Mgr Lartigue avec

l' évttque. de. Québec, témoigne de son.· désir de voir fonder un

journal religieux.lqui.serait le porte-parole des catholiques

chaque fois qu'il à'agirait pour eux. de défelldre leurs droits

et les prinCipes de leur

re~1g1on.l

Le

m~me

sujet est à

nouveau abordé au cours de l'année suivante, mais cette fois

le ton de la requête est plus pressant:. "Nous avons un bes,?in

urgent de, la presse. pour venger avec vigueur et prudence, .la

2

religion et nos droits attaqués

detousc~tés".

Mgr

Lar-tigue propose déjà le nom.de l'éventuel rédacteur: il s'agit

de M. Thomas Maguire, alors directeur du Séminaire de

Saint-Hyacinthe. Quatre mois plus tard,

l'év~que

de Montréal

r~­

vient à la charge.lavouant que ce projet, lui tient fortement à

coeur. 3 Il abordera encore maintes fois ce chapitre dans

les lettres adressées

à

Québec.lqui continuera

à

ne montrer

aucun empressement

à

l'égard d'une proposltion.dont l'utilité

ne semblait pas s'imposer •

1.

MM,

Mgr Lartigue

... a

Mgr

B.C. Panet, 12 mai 1827

- RAPQ,

1942-43, p.8.

2. AAM, Mgr Lartigue

...

a

Mgr Panet, 28 juillet 1828 -

RAPQ,

1942-43,p.25.

308 AAM, Mgr Lartigue

...

a

Mgr Panet, 30 novembre 1828 - RAPQ,

1942-43, p.37.

(11)

6

-Il devait appartenir à l'évêque de Montréal de réaliser

plus tard ce que l'évêque de Telmessen'avait pu que suggérer.

Dès son mandement d'entrée,prQmulgué en mai 1840, Mgr Bourget

manifeetait le désir de poursuivre et mener à bien la totalité

des plans tracés

à

1.' avance par

Mgr

Lartigue, affirmant: lice

qui Nous.1nspireunvrai courage, c'est que toutes les oeuvr.es

que nous allons entreprendre pour votre salut éternel, ont été,

depuis de longues années,projeté.es par notre . illustre

prédé-··4

cesseur

ll

• Parmicesderni~res.allait

figurer, dès la mitme

.

.

-

' .

5

année, la publication des. Mélanses Religieux.

Si

l'év~que

de

Montréal avait compté sur une·collaboration.efficace de la part

de Québec', il dut.1ttre déou.

·La

'réponse qu'il reout de

Mgr

Signay n'avait.rien d'encourageant et le ton·frisait de près

le blame. Voici en quels termes ce dernier commentait.l'affaire:

"Quant.au projet .du·journal ecclésiastique, j'ai écrit

à

M.

Ta-beau ce que

j'en

pensaiS alors, et jê cirois avoir encore de plus

fortes raisC?nsclde. me tenir à ce quej

'.écr1iriè~.,à

ce Monsieur,

dont j.'·aigarq,é . copie. Etll.vous est facile .de peser les

rai-sons que je crus

da~s

le temps .. f'aireval01rà l'appui de, ma

dé-~~

. 6

sapprobation si vous retrouvez malettrë

n •

Un mois plus tard ,Mgr Turgeon se chargeait de fournir

à

Mgr Bourget des explicatlonsmoins vagues.

Il lui fit part

de la crainte des

év~ques

de voir ce journal exciter la colère

des ennemis de l'Eglise.: "Il existe dans nos environs une

cer-4.

Mandements, Lettres Pastorales, Circulaires et Autres

Do-cumentspubl1es dans!e' diocese de Montréal, depuis son .

érection jusqu'en

1869,

vol. l, p. 77.

5.

Le Prospectus des Mélanges .Religieuxparu en date du 21

novembre l84ô

~

(12)

7

-taine appréhension que cette pUblication ne provoque l'ire de

nos adversaires et qu'elle n'augmente le·

n

nombred'iceux".7

Mgr

Bourget ne l'entendait pas ainsi: plutet que

d'~tre

un obstacle

à

l'entreprise, cet argument la justifiait plus que jamais. Non

seulement le nouvel

év~que

est déterminé à "exécuter les plans

formés par (son)prédécesseur", 11 affirme qu,lIil, parait urgent

dans un temps où ma_bergerie se remplit de loups ,cruels, de

re-courir à des moyens efficaces pour

emp~cher

mes b,rebis d'iltre

dévorées'~.

8

.

.

On s'aperçoit que la prudence

pr~née,par

Québec ne

répond pas précisément aux desseins plus combatifs. de

Mgr

Bour-get. L'attitude de ce dernier s'explique mieux par ailleurs si

l'on tient compte-des conjonctures socio-religieuses qui furent

alors celle du diocèse de MOntréal et dont nous aurons l'occasion

de parler un peu plus loin au cours de.cette étude.

C'était donc à

Mgr

Bourget principalement que devait

incomber la charge de pourvoir au lancement et à la survie

de la publication qui lui tenait tant

à

coeur.

La

retraits

pastorale de 1840 lui parnt être l'occasion idéale pour poser

les premiers jalons de la future entreprise. Ce fut au cours

de cet exercice religieux que le clergé de Montréal nomma les

préposés

à

la direction du journal et le choix se porta sur

les abbés Power, Prince, Mans eau , Hudon et st.Germain.

9

7.

AAM, Mgr Turgeon

à

Mgr Bourget, 12 octobre 1840.

8. AAM, Mgr Bourget à

Mgr

Signay, 4 septembre 1840.

9. Ce fait est mentionné dans le numéro des MR, en date du'3

fé-vrier 1846; au moment où le journal passe à une nouvelle

di-rection. Nous aurons 1

r og~a.s:i:o-il:J _:

de dire un peu plus loin

un mot sur chacun des membres de ce premier comité en charge

des MR.

(13)

8

-Les choses ne tra1nèrent pas en longueur puisque :fin

novembre de la même année.lon distribuait déjà le prospeotus

de la.nouvelle publication et le 14

décembr~

paraissait le

premier numéro des Prémices des Mélanges Religieux.

Compos.é

de trois pages, le Prospectus renseignait les :futurs abonnés

sur les conditions et les modalités de la pub11cation.

On y

apprenait donc que les Mélanses se publiera1ent"une :fois

cha-que semaine, en un cah1er1n-So de 16 pages ••• ", cha-que flle 'pr1x

de souscript1on, outre les :fra1s de poste, sera de que.tre

piastres par année ••• ", que "M.M. les curés sont priés de

re-cue1ll1r, comme agents, les souscript1ons

dansleurs·paro1s-ses respect1ves ••• fllO

Grâce au Prospectus, les ·intéressés .. pouvaieJ:;l.t

égalè-ment connaltre les buts précis assignés au :futur journal:

"Notre plan, le voici: nous :ferons de la Re- '

,11gion la base de tous nos enseignements; nous

',nous attacherons principalement à éolairer le

peuple sur ses devoirs, nous l'a1derions

vo-lontiersde nos conseils •.

En général~montrer

à

toutes les classes de la soc1été la vertu

comme la route du bonheur; encourager le bien,

de quelque part qu'il vienne; censurer le mal

avec 1 '.aocent de la chari té, dans l'espoir de

le guér1r; enregistrer toutes les actions de

vertus, pour les opposer à la séduotion des

scandales; en un mot, réunir, autant que

pos-sible,tous les esprits et toutes les volontés

a:fin de procurer à tous les mêmes avantages de

la REÙ1gion et de la société;, telles sont les

vues, tels sont les désirs qu1 animent les

di-recteurs des Mélanges Religieux". 10a

10. Prospectus des Mélanges Religieux, p.V.

10a.Ibid., p.1V.

(14)

9

-L'enseignement doctrinal et l'édification du lecteur devant occuper la première place dans l'esprit de la rédac-tion, cette dernière, nous prévient le Prospectus, une sera guère notre oeuvre personnelle; le plus souvent nous ne se-rons que les compilateurs ou les abréviateursd'écrits impor-tants de Théologie catholique ••• ou m~me'les

copistes,d'ex-'11 traits de journaux recommandables ••• "

Comme on peut le constater" les objectifs établis sont d'un ordre à la fois r~ligieux et moral. On est mêmedéc1dé

.

à reléguer à l'arrière,..plan l'actualité profane puisqu'au su-jet de la polit~~ue,en particulier, il est spécifié que:

". qmalgré l'utilité qu'elle présente, on sent que ',' ce n'est que 'bien secondairement qu'elle peut en-trer dans un semblable recueil; aussi nous' nous . bornerons à relater très succinctement les événements principaux du jour; mais en retou~ nous donnerons à l'article des nouvelles religieuses ••• tout le développement jue pourra comporter la dimension de notre famille.' lIa . '

Le paragraphe suivant explique les raisons qui inspi-rent cette ligne de conduite:

"Ce que nous désirons pour accomplir notre tache, .c'est un esprit sage et calme, llesprit du

chris-tianisme qui place llindividu au-dessus des pas-sions de,la terre et de toutes les querelles de parti: voilà ce que nous voulons ~tre, voilà ce que nous serons, Di eu aidant. Il 12.

Les Mélanges parviendront-ils, comme ils l'affirment ci-haut, à demeurer les spectateurs impassil:lles des combats acharnés qui se livreront dans l'arène politique au cou~s de

ll~ Ma, Prospectus, p.lll - La chose se pratiquait par a~eurs

couramment dans la plupart des journaux de l'époque. lla.Ibid., p.IV.

(15)

10

-la décermièsuivante? Nous pouvons en douter, nous qui avons aujourd'hui le privilège d'embrasser l'existence du journal dans la tota11 té de so:Q. coura.Pour· les rédacteurs du·.l!:2.!-pectus cet angled'obaervation était absent, d'où leur credo en une neutralité' qui subira pourtant en cours de route plus d)une défaillance~,

Edifiés sur des principes qui. se voulaient aussi fer-mes et solides, les Mélanges', dans l'esprit de leurs

fonda-teurs, étaient~ dest1nésà s~ engager sUr un chemin sans péri-ples.Mais les prévisions établies ,se heurteront à la réalité future, et la carrière des Kélanses-s'avéra, comme nous allons le voir, assez mouvementéEd

(ii) LES PRINCIPALES ETAPES DANS LA CARRIERE DES

MELANGES RELIGIEDX~

Durant les dix années de leur courte vie, les Mélanges Relisieux§Qw:turent

à

plusieurs reprises des changements qui

en

modifi~;r.ent

tantJ.t la forme, tantet le.contenu.13 NOuS

avons. vu que .. l.es .Prémices des· Mélanges _ suivirent de près la publication du Prospectus.' Il s'agissait d'une revue de i6 pages, petit in-8 de modeste apparènce~qui commençait sa car-rière avec le compte rendu de ia retraite publique p~chéeà

Montréal, en décembre 1840, par Mgr de Forbin -Janson. Ev~que

de Nancy et de TOul, Primat de Lorraine et en plus Fondateur

13. Au sujet de la carrière des Mélanges,. consulter l'essai de Bibliographie Canadienne, vol.ll de Philéas Gagnon, . publlé en 1913, ainsi que ·1' excellentartlcle de Mgr.

Oli-vier waurault intitulé "la courte vie des Mélanses- Reli-gieux , in MSRD, vol.XXXl, 1937.

(16)

- Il ...

des Missionna.ires de France"ce prélat français en imposait, semble-t-il, non seulement par ses titres, mais aussi par sa parole. ~neretraite publique n'était pas, ,d'autre part .. un événement banal aux ~eux'des'fidèlesde ce temps qui, non Séu-lement'- le nombre élevé ,des assistants en fait foi. -

appré-ciaient'l'éloqueneesacrée, mais paraissaient égaJ.ement sen-, sibles:à l'apparat' et la pompe dont s'entouraient alors les . cérémoniesreligieuse&. Sept numéros des Prémices sont

con-sacrés au· "souvenirn de cette retraite,!', se chargent de l"ésumer au lecteu~ les sermons et de faire revivre~pour l'édifier, la conduite très'pieuse de l' assistance, ,

Faisant suite aux Prémices, paraissait enfin 1e 22 Jan-vier 1841, le premier numéro des Mélanges, Religieu:. Imprimé

chez un,nommé J.A. Plinguet, rue St.-Denis, le ,journal est'pu-blié sous la direction de Messire J.C. Prince, prêtre de l'é-vêché • . Le format est celui d'un in-8, dimension qui sera gar-dée jusqu'en Qotobre. l842,date~ laquelle les· Mélanseschazi-gent à la fois de format, de titre et de rédacteup. Il s'agit désomais d'un in-4 qui s'intitule .. : Les.MéJ.anges religieux"

, '

scientif1gues:, pOlitigue~ et littéraires"et, de préciser le rédacteur: "Nous tiendrons les promesses,' de son titre... les Mélanges,contiendront comme par le passé, des articles re11-gieux et de ph1losophie catholi~u~;mais nous leur donnerons un caractère moins exolusif et 'plus à la portée des gens du monde".14 Ainsi les horizons du journal semblent devoir s'é-largir et inolure jusqu'à la polit1que envers laquelle,

(17)

12

-.. 14&

lament, on déclara1t pourtant vouloir garder sea~ distances. Cela nes1gn1f1e pas que les sUjets:,rel1g1euxfurent· relégués au second plan, b1en au contra1re,l.e journal continuera COmme par le passé. à leur réserver'une' place de choix; c· e.stpe\1t -. ~1;reau moyen des Mélanses que: nous pouvons le'm1eux

appro-.

.

cher la .vie. et la pensée re11g1euses·,.de 'ladécadeoù 1·ls se publiÈilrent. Grâce à eux, lelecteur.1ntéressépouva1t lire le.s. comptes. rendus .. desprlnc1p·a·les·,cérémon1es.re1igieuses·, con-na;tre. lesmandement·s et:circ.ula1res des, ·év~quesJles enoycliques

et allocuti.onsdu. Pape, les. m1racles et

lesévénements·édi-..

fiants,. les nouvelles récentes des.m1ss1.ons.,·.~trem:1s , t - . : .. au· cou-.rant .. des·.transportsde. r,eliques ou·

en·oor..e.des.,-Qontroverses:reli-gieuses. où. étaient ... flétris tout

à

tourleshérésles., les schis-mes ·oul'incrédullté. Dans.lapage'.rés.enée·.a-UX annoncespu-' blicitaires', onproposaltau,clientéventueli'unchoix de ca-lendriers eocl.ésiastlques, de-livres p1eux,.d'objetfa du culte:

chasubles, calices; médailles,· s capuJ.a1r.e s, etc·.... Mais à par-t1rd 'octobre·.l842:,. nouvelles' et· étude.s:.·profaztes· aurontéga-lement dro1tde clté.. Le journal c.ommun1queJ.es rapports d'é-lectlons,dlscutedeslols propo·sées<en Chambre',· des discours qu'y prononcent les députés'. . Ilpublle . des extralts de poèmes , de conférences, certaines 'études" crltiques . parues.au·Canada . ou. à l ' étranger sur des sU'jets Il ttéraires. et sc1entlf"1ques • .. Il faut dlre que ces dernières. tout'efols .f.1gurent. plus

rare-ment dans ses. colonne Sol où l'article religieux e-t'pol1tique

con-tinue à l'.emporter de loin surIe littéraire'. etenooreplus . sur

14a. 'On peut se demandersldes' thèmes·exclu,slvement. religleux n'ava'lent· pas.11m1t.él·e, .. publ1..c. des. abonnée;] et amené la direction' des Mélanges:

à

reviser' sesposltlons.

(18)

13

-le scientifique.

Toujours. imprimés chez" Plinguet, .1es.Mélanges . continuent

à

adopter le. formath-4 jusqu'en juillet 1841. Le nombre

des abonnés avait dû augmenter dès 1843, puisque vers la fin

de l'année,· la publication devient bi-hebdomadaire: le'

jour-n~.paralt-désormais

le mardi

etlevendredi~

D'octobre 1842

à

juillet184!t, ·les rédacteurasesuccèdentà un

rytbmeaccé-léré .• - Noua nous contenterons ic1· d'une brève énumération,

nous réservant'de donner un peu plus loin quelques notes

bio-graph:1ques sur cha cun d'

eux-;-Après le départ de

M.

Prince . pOlir KingstOil.,15 c'est

l'abbé Brouillet qlÙprend la relève,·aidéde l'abbéA.J.

Gin-guet.

·En

1843, on lui adjoint

M.

Janvier.-Vinetdevenu

égale-ment·propriétaire du journal au

moment.o~

la publication' a lieu

deux fois par semaine. Quelques mois . plUS tard,-

':M~ J~B..DupuY'

prend

en

charge la rédaction qu'il assumera durant trois ans.

A

partir de

:révri~r

1846, le journal change encore une

fois de propriétaire: il rel.ève désormais de.MM. Bellenger et

AoT. Lagarde qui en deviennent aussi les éditeurs. Les Mélanses

s'impriment dès lors chez

ro~.

Rivet et J. Chaplean qui s'en·

porteront acquéreurs dès juillet 1847, date à laquelle la

ré-daction du journal est confiée' à

un

laIe; il s'agit d'Hector

Louis Langevin qui :r1t là ses premières armes.

Il éta1t alors

15. C.P .• Choquette, H1sto'1re du Séminaire deSaint-Hyac1nthe,

vol. 1, ppo 235-236.

(19)

14

-à peine âgé de 21 ans et devait assumer 1e poste jusqu'en juillet 1849. A ce.tte date, les Mélanges sont 10gé.sau

troisi~me étage de la .maison d'école., près de l'Evêché. En-core.:une; fois la .. d,1mension. de leur. publication: eat .. élargie:

, "-'

le format adop.té. ~~s juillet 1847 est l'in-folio (il le .de-.meurera jusqu'à la fin, soit en 1852). Cetteannée-1à~ après

1es changement.s appo:rtés à1a rédact1ondujournal età son f'orma:t, le. titre . à son-to. connatt certa1nes moÇl1f1cat1ons: .

.

~ .

le termellseientif.1.ques~'cèdé le pas à c.e1ui de "commerciaux", le journal s.'.intitule désorma.ls:;Mélanses Re11sieœt:,

politl-.1

gues·, .cQmmerc1aux.et. 1ittéraires. 1;.e co~tellu et la présenta-tion ne connaissent. 'pas ~E)pendant demodit'lcatlons senslbles~'

! .

Les'rédacteurs continueront.àsesuccéder·durant les trols· de.rnlères années·~. Après .ledèpartd 1 HectorLe.ngev1n~

deux prêtres prennent, larel\ve.: MM. Joseph LaRoc.que et Joseph-Françols Cénas. Ce dernler qUittaltMontréal quelques mols plus tard, alors que M. Laro 0. que gardait la rédaction .. jusqu' e:p.

septembre 1851. Celle-ci revenait finalement· à un.la!e: N. F.M. Derome qui devait la garder jusqu~en 2852.

Comme on le voit, l'histoire des Mélanges forme un ta-bleau assez mouvementé. Ce dernier serait incomplet si 1'on n 'y ajoutait trois événements qui marquèrent à leur tour::-la vie du journal. C'est d'abord la faillite qui le guette en

1845~! On annonce dans là liTli'a[·~on du 28 novempre que pour des motifs d'ordre finànc~er~le journal cessera de paraltre des la fin de !liannée eIIl.cours. L'auteur de l'avis s'en prend~par

(20)

15

-a,illeurs., à -c~rtains lecteurs dont .. i1 signal.e'.l 'indifférenoe,

1~ parcimonie et la négligence à paye.r.leurs-souscriptions. On· parvInt toutefo1s'àsurmonter·leS:·dlf:r.icu.ltés·de,1'he1lZ'e

. .

puisqU." en :janv.ier.1846;, on s' aperçO:1t,que .. lapub11cat·1on. se ma1nt1.en:t, .. au m~me. rytblne;'

' .

Trois ans· plu&: tard d'autre:s:.··oiroonstallcea,.lheureuses

~et,tent;à. nouveau.en .. danger. l ' exist.ence. .. du. jo~·:L:. au coprs

., . ' .

du" moi s. d' ao?t. 1848 un 1ncend1e .se, décJ.a·r.e,:.dan$·les: bUreaUx dèsMélang&S',.-: "les ·domma·ses t'ai·ts à ].a b~t1sse sont

cOrtè1d:ére.-.

. . .

.

ble8~~ nous. dit uncommun1qu6·.·spéc1a.'1, .ma1s.onpr1:~:··les ·abonnés depatienter.·quelques: .joUI's· seulement:avant.derecevO'1:r la. p~­

chaine- ém1ssion .• :, Cette· ,dern1~re:para"t~a .. ~ nouveau.dès l'e 8

. .

septe~bre~'

Quant:·.a.u: rédacteur des,.Méiànges.,:.11 1a1sse

ell.t~ndr.e.·

que,' selon, lu1, ·.le .feu."aura1t:.été m1.s.·dél.1WréJJ1ent :.~·~"éd·1flce~ l5a

L~ .. .1oUI'nal. ava1t;.-!1 donc,. au 1

ons:

.de· ces:·:anné.es:, '~s'sé contre lu1une.tel1e. animc;>s1téoublen·HectorLangevinavan:ça1t-11

. .

là,des,.soupçons inJustifiés.? .. Il. est di:r.t.lc11e de. formuler à

. cet égard un· jugem~nt définitif, vu.le peu· de détails d?nt

s~accompagne:l'accusation. Il rest.e· .. que:.l.es.)\[élan6es, .. semblèrent'_ s.e rel'ever aj,sément de·leurs ~endI'e.s;· i1.n!en' fut ·pas de-m~me

-lors d.'.un. deuxième incendi'e qui, le 8 ju1llet: .1852·jldétruis1t . une: grande·. superfi~1e des quartiers· Laurent'e-t Saint-DEmis •. Atteint par les flamm~s, l'ateliE';tr .des~~langes .fut s él"ieusemen·t endommagé . et -l'incident , . . ' . cl~tura1

t

ci

. 'une manière .

.

.

dramatique, le~ouze·années d·existencedu.p~em1er Journà1 reli-gieux dans:. la . provlnc~~

. .

15a. . Lettre d' H. L. Langevin à. son frère Edmond, . ~6 août 1848, APQ" .CollectlonChapa,is.

(21)

16

-(iii) QUELQUES No.TES .BIOGRAPHIQUES SUR LES PRINCIPAUX·REDACTEURS

Les.Mélanges Relig1eux ~evèrent rarement le voile. sur la trame des événements qui 'fa,Qonnèrent leur vie privée. Ils

parlaient.peu·d' eux-m~mes, mais de.venaient encore moins lo-quaces quand il s' agissait de leurs rédacteurs • .11 ·est vrai que ces .derniers,. sel()n le Prospe·ctus. ·.de .1840, devaient 1nt~n­ tiomie1.1ement. . observer le plus strict anonYmat.~ Pour justifier cette ligne .. de. conduite, on.invo.quait la nature m~me d~s'.objec­ tifs poursuivis:

.. ••• 11 ri' est que fa1re d'apposer. des noms au bas de .. -nos c.olonnes::.à .. l'.or1g1ne de-l'Egl1se,- pour ~tre

ad-m1s 'à combattre: et à va1ncre .. l.'enn~m1 . de la 1'01,. un mot. suf.fisait:. "je su1s.chrét1en"., d1sa1t un 1nconnu et auss1t~t.·11· .étaità l'oeuvre; _11 annonQait la toi ou mO.urait pour elle.. ,De.m~me, nous d1sons avec :'con-fiance "Nous sommes chrétiens'! et ce titre suffit· à notre recommandation. "16

Pour ces raisons èt parce que.lepr1nc1pe semblait m1eux accepté.qu'11 ne l'est aUjourd'hui,' les positions et les thltses défendues par les Mélanse.s ne livraient que rarement'l'1dentité de leurs auteurs et la grande majorité des articles se passait de signatures. Quand le journal changeait de direction, on se contentait: de citer laconiquement le nom du nouvel arrivant au . bas de la dernière page et les présentations s.' en arrêtaient

là. Parf'oi~, à la f'aveur."d 'un ~vénement ex.traordinaire,

(22)

. el}

. 17

-traient quelques renseignements supplémenta1res·: c'est ains1 que le nom, d'Hector Langev1n ne sera ment10nné qu'au moment 0\1 ce dernier pub11a une lettre annonçant of'f"iciellement' sa démls.s1on.17 C

~

est également

~.

11 occas10nde leur départ en f'évrier 1846,'que sont· 11vrés.les noms des premiers rédac-teurs. 18 Le lecteur de l'époque éta1t-il obligé de mettre' sa curiosité en ve1lleuseou b1ens'intéressait-11.beaucoup;plus au contenu des articles qu 'à la personnalité de . leurs auteurs? Le fait est qu'il avait d~ patienter cinq ans avant de faire la connaissance de . ces· dernierS!. Nous·- allons, à notre tour, procéder à une courte pré·sentation, en regrettant toutefois 'le peu dl informations. obtenues sur le compte. de certains.rédac-teurs,19 ainsi que la difficulté·~ retracel'.l'ampleurexa~te

'"'

de leur collabora.tion respective à la vie des: Mélanses.

La:

première. équipe. qui ae vit .conf.1er ·la. d.irection du journal fut désignée par 1; ensemble du. clergé montréalais."lors de· la retraite pastorale de 1840. Elle se composait des-.a.bpés

. 20

Power, Prince, Manseau, 'Hudon ·et- Saint"';Germa1n.

En ce qui concerne l'abbé Michael Power, alors curé de Laprairie, s.a participation dut avoir une valeur plut~t nominale

.

puisque dès le 3 mai 1841, nous le voyons aux cetés de Mgr Bourget,

pr~t

à s'embarquer avec lu1 pour l'Angleterre2l oi:t 11

17. Ma, 20 juillet 1849. 18. Ma,

3

fevrier 1846.

19. Aù sujet de la .major1té des rédacteurs, nous avons. dû nous cont.enter presqueexclusi vement des rense1gnementsfourn1s par le Dictionnaire du Clergé Canad1en de ~.B.-A. Alla1re.

20. Ma,

3

février 1846.

(23)

- 18 ...

deIQeura quelques sema1nes après ,le dép~l.rtdes9n évêque~ Il dev.ait aider ce dernier. à recruter poUr sondiooèse des prê .. 'tires delanSlie anglaise et après un séjour

à

Lo,ndres , se- ren-dait , . à. cettef;1n en Irlande. 22 Or, peu de. temp.saprès son

re--.

tour au pays, l'abbé Pow~r2"est nommé év~que .deToronto et sa.cré

à Laprairie le8 mai

l842~23

Au :t'ythme

s~i

vant lequel se dérou-lent ces événements, on peut penser' que, dans la vi'e Michael

Power"

les Mélange, passèrent au second. plan.

C'est par contre

à

M.

Pr1nee que devait échoir, durant les premiers mols, une grandepart'dela.responsab1llté.en.ce qui ava1ttra1t au la.D:cement et'à. la survie du journal. L'abbé Jean-Charles Pr~.nce d1r1sea1t alors le Séminaire

deSalnt-Hyacinthe. On le connaissa1t bien

à

l!·év~.ché.,.puisquedutemps

.

de Mgr Lart1gue il s'était

vu

confier, de 1826

à

1830,

la char-ge du grand sém1naireSaint-Jacques:;.24 La. perspective de quit-ter Saint-Hyacinthe pour assumer la direction d

'·un

journal ,re-ligieux

à

Montréal, ne parut· guère ~ ,. enchanter ;.' c'est à.

contre-coeur qu'il semble avoir aCl?édé au désir de son

évêque~25

Non seulement il lui en coatait de quitter le Séminaire, mais il dut avancer, au sujet du journal, quelques objections verbales qu1 lui valurent de la part de Mgr Bourget une

réponsecatégo-22. Ibid., p.73 23. Ibid., p. 24.5

24.

J • ..B'.-A. Allaire, Dictionnaire Biographique du Clergé Ca-nad1en Francais, vol.i, ~.450

(24)

19

-rique: "Toutes vos observations sont :rort sagesetdevrol'lt

être pesées mnrement avant l'exécution du plan projeté, mais

.

. .

. '

26

toutes ces di:rficultés ne le :reront pas avorter, 'J'espèrè

lt •

A la veille de publier les Mélanges, M. Prince ne semble

pas plus enthousiaste qu'il ne l'était auparavant; de Montréal,

il écrit à ses anciens

coll~gu.es

de ·Saint-Hyacinthe: nJ'élabore

tristement un plan de journal •••

En

vérité ii est bien

diffi-cile de :raire :race

à

la

t~che

qu'on m'impose. Personne·lcl ne

.

a7

travaille dans cette llgne", . Oette dernière plainte

étalt-elle justifiée? Elle paratt étrange quand on pense

qu'uneé-.

quipe

depr~tres

était destinée à collaborer également,

à.

:lè.."mlse

sur pied de la publication. M. Prince ne mentionne. aucune f'o1.s

les noms des abbés . Manseau et· Hudon (devenus·

chano1nes~n

1841);, ni de l'abbé Salnt-Germain, ce quine. contribue'.pas

à

nous rense1gnersur l'étendue de leur participationeff'ectlve

à

~a

tache

à

laquelle llsdevaient en principe cOl1aborer. 28

Nous'savons, par contre que les

pr~tres

du.Séminaire de.

Saint-.

Hyacinthe furent appelés souvent

à

la rescousse. A la veille'

de quitter Montréal pour un séjour provisoire

à

Kingston en

novembre 1841, M. Prince leur recommande expressément le

jour-nal et les prie. de seconder son remplaçant:. "Vous l'aiderez;

26. Ibid., p. 233

27.0.P •. Choquette, op.clt.p.235

28. Au sujet des abbés Mans eau et .Hudon, le Dictionnaire.

Bio-granhigue .. de J

.-:Be-A •.

Al1aire. ne mentionne rien de

part1-culier à part le t1tredee:chanoineconf'éréau premier en

1840 et au second en 1841 . .; (M. Prince sera également· élevé

à

cette .digni té à la même Çiate) . .; Sur l' .abbé J.ean-Baptiste

Saint-Germain,. nous apprenons qu'il était alors curé de

. Saint-Laurent, près .de 'Montréal

~

(25)

- 20

-noua l'aiderons et pour soulager personnellement l'éditeur,. . : . .

vous écrirez dans la colonne éd1tor1a.le. 1I29 Nous n'apprenons

-pas par a1lleUrs qu1 est le rempla9~t prov1so1re~1

Il semble que les Mélanges cont1nuerontè. compter sur

- -

-la col-laboration dU'Séminalre dont le nouveau Supérieur lra, hu1t ans. plus tard, à l'exemple de -son prédécesseur', . assumer

à son tour la dlrection du jour.nal~

Nous ne connalssons,pasla forme. qu!adopta par la sulte la collaboratlon -de M. Prlnce à l'entrepr1se,qu'11 avalt

eff1-cacement contribué

è.

mettre en marche •. Nous savons,-par contre, qu'iil demeura longtemps aux c~tés de Mgr Bourget, d'abord comme

chanoine t1tulalre de la cathédrale et, ~. part1rde 1845, en' quallté d'év~que coadjuteur. Dès octobre 1842, 11 qultta1~ définl t1vement la rédaction des Mélanges. qu1 annonçent è. ce.tte date la nomination d'un nouveau d1recteur ... Il s.'aglt de l'abbé Jean-Baptiste Broul11et, professeur dephilosophle au COllège de Chambly et qu1 devalt,à cette époque,~tre nommé également curé d' Henryvl11e. 30 En raison de cesmultipl.es occupations, l'abbé Brouillet ne peut suff1re seul à la tache et se fa1t a1der durant quelques mois par l'abbé Antoine-Joseph.Glnguet,

pr~tre d'or1gine française, retlré pour un temps à l'év'èché.-31

Quand ce dernier qu1tte.Montréal, on pense à falre appel au

29. C.P. Choquette., op.cit~,p.236

30. J.~.-A. Allaire, op.cit., p.85 31. Ibid., p. 243

(26)

21

-ouré du Sault-Réoollet, l'abbé Jaoques-Janvier Vinet, au-quel

oho~t

également, pour'un

temps~ lapropr1ét~

du journal.32 On 'est frappé par la oadenoe rapide des changements dont la di-rection des Mélanges ,est le théâtre durant ces trois prèmi~res 'années. Une période de stabilisation va cependant débuter

a-vec l'avènement de l'ab))é Jean-Baptiste. Dupuy qui assume, du-rant tro1sans consécutifs, la rédaction et la publication du journal. Le llouveau rédacteUr était versé dans la théologie, . qu'il avait enseignée huit ans auparavant au grand Sém1naire33

(Situé alors dans l'édi:rice..m~meoùlogeait l'évêché)" Ses connaissances lui seront: d'un précieux secours quand il ,s'agira pour les Mélanses.de défendre,· à ma1n~esreprises, l'1ntégrité deladoctr.1ne'catholique: contre les attaques de ses

adversai-, .

res'~· Le départ de l' abbé. Dupuy inaugure une autre période d'instabilité 'au niveau de ~a direction. En février 1846, le

journal affiche le nom de deux nouveaUx. éditeurs: MM. Bellenger et A.T. Lagarde. Le,premier, l'abbé Narcisse Bellenger était

. ' . 34

alors.vicaireà Louiseville ,quant.au second, l'abbé André Toussaint Lagarde, il s'était

retir~

à l'év'èché depuis 1841. 35

En ce qui a trait à la rédaction du Journal, le r~le des deux

.

abbés demeure imprécis, le terme d'éditeUr pouvant à l'époque inclure à la fois les charges d'édition et de rédaction du

32. Ibid. ,p.539.

33. J.-B.-A. Allaire, op.cit., pp.196-197.

34'~ ~. p. 45.

35. Ibid •. p.293. l'abbé Laga.rde avait exercé son ministère comme curf§de plusieurs. paroisses successives 'avant de ven1r se retirer à Montréal où 11 devait demeurer Jusqu'à sa !1'itort ,survenue en 1845,.,

(27)

22

-36 .

jo.urnal. Mais en juillet 1847, cette derni~re t'onction est attribuée de façon plus précise, cette fois à un la!c: Hecto~ Louis L~8e~i~, dont la 9011aborationaux.Mélanses cofncidera avec les moments déciBifs de la Révolution romaine et de l'i-mage qu.' en donneront conséquemment les Mélanges.

,

La personnalité, comme la carrière, d'Hector Langevin .J

représentent à elles seules un champ d'inves.tigation dont l'~ .. tendue r1squeràit de nous entralner loin des 11m1tes de cette présente étude~ .Aussi,comme ce fut le cas pour les autres ré-dacteurs, nous ne retiendrons, en ce qui concerne le nouvel

ar-" . ,

rivant, quelera éléments directement liés à sa collaboration au j'ournal.

Ayant achevé en 1846 ses études au Séminaire de Québec, lé jeune La:b.gevin, al'ors ~gé de v1ngtans., optait pour le droit

- -• • :::~ :"III

et quittant· sa v~lle natale, entrait en qualité de clerc dans 11étude de l'Honorable Augustin-Norbert Morin à Montréal. 'Un an

. plus tard, il était engagé par Mgr Bourget comme néditeur'~ .des

-Mélanges Re1i61eux,. dont les propriétaires devaient lui.;payer "pour ses honoraires annuels, la somme de quatre-vingt 1ivres

. 37

cotirant". Le salaire, des p1us modestès, autorise à croire

.

que, dans l'esprit du jeune homme, 1e àéàir de servir une cause avait

dll

primer <1esouci .. d lun gain p1us. substantiel.

36. Ainsi 1a lettre, signée par l\fgr Bourget, qui" confirme

oft'1-c1e11ement 1" engagementd 1 Hector. Langevin, lui attribue. le

titre.d '.éditeur, alors qu'il es·t effectivement chargé de la rédaction du journal

(A.P.Q.,

C011ectionChapais).

37. A.P.Q., ,Co1lection Chapais, Lettre d'engagement (non datée) adresséêpar Mgr Bourget à Hector Langevin~·

(28)

23

-Dès son entrée en ~onction, le nouveau rédacteur fait para1tre.dans le numéro du 14.septembre 1847 un "Avis impor-""

. :

tant" dont nous retiendrons ici ce qui1ntéresse plus

partlcu

-lièrement notre sujet~ L'aut.eur de l'avis y affirme: .11 • • • nous

serons. Catholique avant tout, mais ~on pas seul·ement CatholiqUe par conviction, 'mais aussi Catholique par nationalité"~ Il y a là une conjonction des convictions.pol.1tiques et re11gieùses <!ont les positions futures des Mélansesporteront souvent la trace. Il appara~tra cependant, aux yeux du rédacteur laie, que les questions religieuses requéraientdesco~issances

plus complètes que les siennes. A la vel11ede quitter les Mélan6es~il s'en ouvre à son fr~reEdmond (alors assist~t­ secrétaire·à l'archeV~qhé de Québeo)., auquel.il se confiait volontiersJet conclut: "Je pense pouvoir obtenir un adjoint (pr~tr~pour la partie religieuse; je ne serais· plus chargé que" de la pOlitique ••• "38 Une quinzaine de.jours plus tard, c'est l'abandon total de sa charge qu'envisage le jeune Lange-. vin dans une missive adresséeLange-. à son frère', qu ~ il tie?-t. toutefois

à rassurer: If je quitté .1es Mélanges, .. en bien .bone .termesavec

les Ev~ques et tout le clergé et malgré leurs sollicitations réitérées de conserver la Rédaction des Mélanges. Je travaille actuellement à me trouver un sucoesseurcapable et qui soutienne les Mélanges dans leur position actuelle".39 Une fois son rem-placement ass~Hector Langevin annonce un mois plus tard sa

40 "

démission officielle, mais conserve jusqu'en octobre la

chro-38. APQ, Collection Chapaia, lettre d'He Langevin à son f~ère Edmond, 4 juin 1849.

39. APQ, Collection Chapais, HG Langevin à E. Langevin, 19 juin 1849 •.

(29)

24

-nique politique des Mélanges •. A cette.date, une brouille

in-tervient entre·lui et le' nouveau rédacteur en charge du journal:

l'abbé

Joseph,LaRocque~

Dans une lettre datée du 1er octobre,

ce. dernier rappelait

à.

son bouillant confrère les critiq'qes

aux-quelles avaient été soumis

à

maintes reprises les Mélanges pour

l'ampleur de leur participation aux débats politiques

~ncours:

11

je crains qu'on ne nous

reproche~'

de. sortir de notre Prospectus,

,

-dans ce passage qui parle de partis politiques" et, de conclure

-M.LaRocque: "Les Mélanges ayant

à.

présent

un

cara9tère plus

ecclésiastique., il -semble qu'ils doivent éviter autant «lue

pos-. ' . ft

41

siblede, heurter de front les. passions des hommes ;_.'

Il

sem-ble .que le nouveau responsasem-ble du. journal ne se contenta pas de

prodiguer de simpl.esconse11s, mais.que,joigna.ntle

geste·~

la

parole, il. sepermlt de corriger, sans l'avertir, la chronique

.

42

deM. Langevin. Dans une lettre véhémente,

ce dernier annonça

à.

M. LaRocque la :f'inèle sa participation

à

l'éditoriai. politique.

S '.i1 faut en. croire, H. Langevin, son départ marqua le début

d'une J'crise' ministérielle continuelle" due

à.

l.a di:f'ficul té que

-représentait pour le journal "la tâche trop forte".

d'unechroni-que pOlitid'unechroni-que. 43 Sont-ce ces raisons qui motivèr;nt, l'année

suivante, la démarche entreprise aup;rès de l'ancien rédacteur

en Vue dtunenouvelle coJ.laborat1onaux Mélanges? L'hypothèse

semble probable, mais l'intéressé voulut établir, cette fois,

41. APQ, Collection Chapais, Jos. LaRocque à

H.

Langevin, 1er

octobre 1849.

.42.

UQ"

Collection Chapais,

octobre·1849.

H.

Langevin à Jos. LaRocque, 13

43.

APQ"

Collection Chapaia,

H.

Langevin à E. Langevin, Il février

1850.

(30)

.. 25 ..

les conditionà qui lui assureraient 'la"liberté d'expression • . Une certaine amertume. perce. ~ travers le commentaire qu'il

ré-digeà son :f'r~re Edmond: "11 serait en effet. infiniment ridi-cule pour moi d'allér m'exposer à des. mécomptes, lorsque j'ai cessé de chroniquer pour -les Mélanges parce: qu'on voulait avoi%' l.à. haute-main sur mes écrits politiques.., me,œ.a.isser un ~l.e

,

d'enf'ant.; j'ai refusé une pareille position;.1e n'en

accepte-1 bl bl ,,44

rais .lama s une sema . e • Un an e.t demi. ;Pl.us tard, le' jour-nal- cessait d~.exlster, mais l.a correspondanceultérleure de M. Langevin ne nous' é.claire. en rien-, sur une ~ é,ventuelle de

sa coll.aboration aux Mél.anges.

','

Malgré la "crise min1stérielle . continuelle", évoquée par Hector LangeVin, son successeur· se mainttnt deux ans à. la t~te du journal. A l'exempl.e de M.~rince, M. LaRocque dut re~on­

cer'à la direction du Séminaire pour venir occuper à l'év~ché la pl.ace laissée vacante par la mort du chanoine Hudon. Des.tiné

à suivre pas ~ pas les traces deM. Prince, il était nommé à

-son tour chanoine de la cath~drale et réda..cteur des Mélanges

Reli~ieuxJ_ pour devenir plus tard coadjuteur de Mgr Bourget,

'. . . 45

puis êv~que de Saint Hyacinthe. Parmi les collaborateurs de M. LaRocque à la direc,tion du journal, seu1,: le nom du premier

est rapporté par les Mélanges. Il s'agit de l'abbé Joseph-Fran-çois Cénas, ordonné à Montréal une année plllS t~t et qui devait

44.APQ, Col.lection Chapais, H. LangeVin à E. Langevin, 6 jan-vier 1850.

(31)

26

-abandonner quelques mois plus tard les Mélanges, pour s'engager

i

i

i

d

l'

'"

46

C,·

à

1

Il

comme m ss onna re ans

Oregon.

est

un

a~c

que

re-vint, pour une .deuxième fois, la rédaction du journal

lors-qu'en septembre

1851,

le chanoine LaRocque céda la place à un

avocat de Montréal, Me F.-M·. Derome, dont la' carrière aux

Mé-langes s'acheva avec celle du journal lui-même,au lendemain de

l'incendia de juillet

1852.

Les matériaux nous manquent pour faire de ce bref

aper-çu autre chose qu'un exposé semblable à une galerie de portraits,

où un éclairage trop faible nuirait à la précision des traits.

Seul parmi les autres, le visage d'Hector Langevin offre Une

perspective meilleure à l'observation, contribuant, cqmme par

~asard,

à

mieux éclairer la phase qui nous intéresse plus

par-ticulièrement dans la vie des Mélanges: celle où le· journal

commente passionnément le conflit qui oppose, en

1848,

Pie IX

à

ses

sUjets~

(iiii) LE CLIMAT RELIGIEUx ET SOCIAL

OU

MURIT L'IDEE

D'UN JOURNAL RELIGIEUX

Nous avons vu le premier évêque de Montréal plaider

sou-vent, mais sans succès, pour la fondation d'un journal religieux.

Il nous semblerait hasardeux d'attribuer

à

un simple.concours

de

cir~onstances,

la date de 1840 qui voit enfin l'aboutissement

(32)

27 -,.

d'un tel projet. Si Mgr ~ourget, ainsi que l'ensemble du clergé montréalais, jugent alors-opportun de passer outre à la désapprobation de Québec,' c'est qu·'à MontréalJPlus qu'ail-leurs, des élément.s nouveaux viennent aggraver certains problè-mes afi'rontés par le catholi:cisme depuis quelques années déjà.

C'est à l'étude de ces problèmes, i'acteurs négatifs d'un véri-table épanouissement religieux, que nous consacrerons cette par-tiedu chapitre. En essayant d'analyser les pressions exercées alors sur l'Eglise catholique, tant sur le plan religieux que

social, nous tenterons de dégagerfen quelque sorte,la raison d'être historique des Mélanges Religieux.

En ce qui a trait à la période concernée, nous croyons utile d'attirer ici i'attention du lecteur sur le 'caractère in-complet du tableau religieux et social qui lui sera présenté, tableau dont seules les grandes lignes ont pu trouver place dans le cadre restreint de cette étude.

47

Parmi les dii'i'icultés d'ordre religieux qui assombris-saient l' horizon à la veille de 1840, quelques une's plongeaient leurs racines assez loin dans le temps, co!ncidant presque avec les premiers jours de l'épiscopat de Mgr Lartigue. Nous n'évo-querons pas ici dans leurs détails les querelles, trop bien con-nues, qui opposèrent l'évêque de Montréal aux Messieurs de Saint-Sulpice. Qu'il nous sufi'ise de souligner les conséquences d'une

47.

Par ailleurs, une étude semblable a été déjà effectuée,et d'une manière détaillée, par le R.P.Pouliot, s.j., dans un ouvrage intit'ul~: Mgr Bourget et son temps, auquel nous em-pruntons nous-memes une grande partie de la documentation relative à cette période de l'histoire religieuse.

(33)

28

-telle rivalité. sur l'état d'esprit d'une part i'e du clergé

.:

aussi bien qua'des fidèles~ Parmilespr~tres, certains procla-maient leur fidélité à l'év~que, al...Qt'~ue·d'autres se rangeaient

résolumen~ atix'c~tés des sulpiciens. L'hostilité alla crois-sant entre les deux parties, a t ti sée' qu'elle. était, de temps .

. à autre, par quelque incident notoire .. telle·la défense rédigée en faveur du Séminaire par le curé de Longueuil;;' !.nti tulée

.

"Questions surl.e .gouvernement· ecclésiastiguedu District de. Montréal", la brochure . .~ de"l'a.bbé.Chab"oillez.rev~tait .- '; l'allure d'un pamphlet mettant en causel!étendue des pouvoirs attribués par .Québecà Mgr Lartigue~' L'auteur ysouligna,i t .180 dépendance

. ,

de l'autorité pontificale elle-m~me, aux normes' comprises dans le dI'Ot:"t"éanon: liOn s'appuye uniquement sur l'autorité du Pape, autori té . sans doute infiniment respecta'bl~ aux yeux de tout Catholique sincèrement attaché à sa Religionjmais on doit ob-aer.v:er que cette autorité, quoique souveraine, n '.est pas absolue, et_qu'elle

doit,~tre

exercée si.tivant 1e's

canon~

..

:~48

Réunir

.

-chez un m~me homme les qualités .. de. suf'f"rageant, d' auxiliai::,e.· de

vicair~ géné~al,

avec la

m~me

juridiction que

l'é~que

dio-.

césa1n s~ une partie du diocè,se et le m~me droit aüx honneurs épiscopaux.,c'était, pensait l'abbé ehaboillez, un abus de pou-voir et une innovation à l'intérieur du droit canon que même le

. . . (

. 49

Pape ne pouvait instituer. C'est bien au nom du gallicanisme que l'autorité de Mgr Lartigue était remise en question et c'est

à une autorit.é pontificale, présentée comme absolue, que se

48 .• Chaboillez ,abbé., Question sur le GOuvernement ecclésiasti-que du District de Montrêal, p.lO.

(34)

.

.

29

-.. 1

réf~reront. les argullients de llév~que dans sa. Lettre à M.

Cha-boj.11ez",publi.ée sous le pseudonYlD:e d'Hosp~ce Bedard, nom réel

d ' . . un j e~e . . avoGfl.· e .. t d M ontr a . n é l 50 L' i t ervention· e d 11 a b""é 'u

Ca-dieux, . curé des Trois-Rivières, vint un peu plus tard, relan-cer les .. débats. 51 ElJ.e fut suivie de .prè·s pa.x- une "Réponse· de Messire Cha.boillez'\,peu ~aite elle aussi pour apaiser les esprits. A travers les accusations et les dé:t'ensesécrites,l'échO des

querelles cléricales rejoignait doncla.place.publique,où les fidèles ne pouvaient manquèr·à leur tour de.prendre parti pour

1

l'un ou l'autre caJl1.p.

Lorsqu'en mai 1836, Mgr Lartigue obtint enfin de Rome

é Û . é 1 ~. 52

que le distrj.ct .de Montr al:t' t officiellement. rige en dioc~se,

le calme commençait déjà à, rena1-tre.dimsies esprits; M.

Qui-.

blier, qui succédait à M. Roux à la t~te.du Séminaire; semblait par ailleurs moins intransigeant que. son prédéceèseur~ L'ac-cession de Mgr Bourget à l'épisc.opat béné:t'i-.ciera donc d'un

cli-o •

mat plus serein, mais il lui restait à b~tirunepaix durable et il n'est pas dé:t'endu .depenser que, dans l'esprit du nouvel

-.

év~que, un jourria1 religieux :t'igurai t parmi les mesures néces-.

saires pour con.solider l' unité retrouvée·~

. A ctlté de dissens·ions.internes susceptibles de miner à la longue la f'erveur religieuse ,. d'autres menaces vinrent s'

a-jouter aux préoccupations des responsables catholiques. Elles

5D. RAPQ, 1941-1942, 430, ~~r Lartigue à Mgr Plessis, 12 nov. 1823

51. L'abbé Cadieux rédigea des Observations sur un Ecrit. inti-tulé uestions sur le ouvernement ecclésiasti ue du dis-trictde Montr al,.ou il prenait la d :t'ense de Mgr Lart1gue. 52. Mandements des évêques de Montréal, t.l,XV-XVl.

(35)

30

-_provenaient cette fo1:s d'une source étrane;~reet s'ident.1f1a1ent avec un v1eilxr1val: le protestant1sme •. A Montréal', la propagan-de pro.testantemarquait;propagan-depuis .1838 .. 1Jl?. rega1n' dev1ta11té'~':

Elle bénétic1a1t,depuis quatre ans,du.concours de Mme Henriette Feller, arrivée de '&u1sse. en 1834 avec la ferme ~tent1on

d'en-seigne:n~'" aux Cana.'d~ens français .l'essence, pensait-elle, du pro-testantisme, et ce, à trave;s les préceptes, .du "pur

évangile,~?3

-

-Elle .. était secondée dans la mission qua elle se proposait. de rem-p~r par un compatriote non moins zélé: Louis Roussy. C'est ainsi que R.P. Duclos nous relate brièvement leurs débuts .à. Mont-réal:

"Dès le premier hiver, les, deuxmi.ssionna1res. entre--prirent une oeuvre à Montréal; Mme F~ller, par des

visites .. à domicile, par la distribution des saintes Ecritures et l'instruction de quelques enfants. Cet-. teCet-.oeuvreCet-. rencontra une vive oppos1t~ de la part

du clergé".54

Cette opposition dut rev~tir un caractère assez efficace, pUisqu'au bout de sept mois, les missionna.ires,#renonçantà la ville, trouvèrent un asile aupr~s d'une adepte: Mme Lév~que, deme~ant au village de la Grande Eiigne,'non loin de la frontière américaine. Leur préd.ication commençait à. peine semble-t-il à

porter ses fruits, que les troubles de 1837 les obligeaient à

chercher un refuge aux E.U., les patriotes de l'endroit leur

,55

ayant manifesté une nette hostilité. L'absence de Mme Feller et des amis qui la suivirent, allait durer deux mois. Pour

pé-53. R.P. Duclos, H1sto1reduprotestantismefranca1s au Canada et aux Etats-Un1s~ .vol.l, p.llO.

54. R.P. Duclos, op.cit~, p.ll2.

(36)

- 31

--niblle qu 111 éta1t, 1

t

inc1dent deva1 t avo1r cepe.ndant

un:,

ca-ractÈlre avantageux pour les m1ss1onna1.res,car. il·éveilla llin_

tér~t

de la communauté protestante

leur éga.1"Ch' Des·donations

généreuses permettront la construction dlune solide maison

à

. . " l ' 56 1

la place de la modeste demeure occupee jusqu alors.

C est

dans un semblableespr1t de coopération que se .forma,.le 13

fév:-rier 1839, au cours d'une assemblée convoquée

à

cette

inten-tion, une société incluant des membres de diverses Eglises

pro-testantes. Ces dernières passant outre

à

leurs divergences

doctrinales, manifestèrent ll1ntention de collaborer "sur le

-terrain large de 1 1 alliance

évangé1iqu~'~~ C~

est. ainsi que

na~

-quit la uFrench CanadianMiss10nary

Society.~

Sur 1es buts

-essent1elJ.ement m1ssionnaires de 1a soc1été, la clause NO 1 de

sa constitut1onestsignif'icative. Él1e.stipuleque:

"La.

société,emploie des pasteurs, des. instituteurs

~et

des. colporteurs bibliques. ·El1eéta'b11t

desé-cOles, ouvre des l1eux,.de culte, fait. dis.tri1;>uerles

saintes Ecri tures ou te1les autres pUblications·

v1-sant à 11 édification"

.57

. .

Non loin de Montréal, à Sainte-Thérèse, au petit-Bz1i:l.é,

~ Belle-R1vi~re,

la société installa des centres

dlO~

elle

compta1t rayonner. Ma1s la réaction du clergé .canadien-français

ne devait pas tarder

à

se manifester, condu1santà des

affron-tements r'épétésentre les deux

camps:~

Les autor1 tés

ecc1és1as-tiques s'émurent à leur tour et

Mgr

Lartigue, dans une

circu-laire adressée à son clergé, en date du 2lju1l1et 1839, décrlve.1

la situation en ces termes:

56.

Ibid., pp.123-124.

(37)

32

-~:~:~~ Notre devoir Nous force à vous prévenir qu'une ,nouvelle propagande hérétique; dont Nous n'avons

con-nu

que dernièrement l'existence, a eu la confiance. le 8. avril dernier, q.e s'afficher publiquement en

cetti9 'W111e, sous l e t i tre .. ou avec .le ·dessein avoué de former une Société de ~ssionnaires.pour la con-version des Canadiens français. '. Leur' plan semble lié--avec le projet d'introdutre .énce.pays un certain nombra de. Ma'-tras d'école, Apostats ou autre

anti-Catholiques·parl.ant Français ••• Ils ont,m~me o.sé don-ner~ . pour motif ••• . ·une ·prét.endue diminution de l' in-fluence des 'Curés Catholiques sur leurs Paroissiens

. . "58 . .

en ce pays ••• ' . .

~

'Replacée dans le contexte d'intolérance qui régnait à

-l'époque, la mise en ga.rdedel·év~que n'a rien qui puisse

é-.

tonner,. Elle aide m~me àçomprendre l'importance qu' accorde-ront les Mélanses Et. 1.' enseigl,lement doctrinal et la place qu'ils

r~serveront aux "extraits de ::théologie Catholique" dont parle

-leur Prospectus. L'extrait de la circulaire de Mgr Lartigue se termine cependant sur une note inusitée: celle qui montre la propagande protestante tablant . sur une influence amoindrie du clergé sur les fid~les. Etait-ce.là une erreur de jugement de la par,t des missionnaires . protestants aveugléspa.r l'excès de leur zèle"ou bien le verdict correspondait-il

à

une réalité nouvelle?

Pour ~tre y éclairés surIe sujet~ nous croyons devoir nous

.

reporter aux. événements poli~iques qui boul~versèrent la vie

. .

du pays durant les deux'années précédentes. Quelle attitude adopta le clergé canadien-français à l'égard .des mouvements

... '

insurrentionnels de l837et 1838, et quelles réactions

Figure

TABLE  DES  MATIERES

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