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Le journal Canada-Revue et Mgr Edouard-Charles Fabre, 1890-1895.

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par Pierre Jette B.A. Montreal 1968

Thès~

presentee à la facu1te des etudes graduees de l'Universite McGi11 pour l'obtention du grade

de Maître èS,Art (M~A.) Histoire

Montreal 1972

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Les relations Eglise-Etat présentent un caractère d'analyse historique intéressant, surtout pour ce qui est du XIXe siècle au Québec. Cette étude veut donc s'inscrire dans cette tangente de recherche sur l'é-volution de la position cléricale.

A partir des années 1860, le clergé deviendra de plus en plus un élément puissant au:sein de la société québecoise. Les années 1890 à 1896 verront Cet état de fait contesté par les membres d'un journal, le Ca-nada-Revue. Celui-ci regroupera un cer~ain nombre d'intellectuels de l'é-poque et s'en prendra à la puissance cléricale en place.

LeCanada~Revue se fera le champion des réformes dans l'édu-cation, le mode de taxation, et prendra rapidement le chemin d'un anti-cléri-calisme notoire, de par le type de ses attaques contre le clergé. Toutefois, le journal se dira toujours catholique, en maintenant que ses positions ne . veulent qu'épanouir le clergé.

Avec le ton caustique qui s'en dégage, avec ses charges irré-ductibles contre l'autorité ecclésiastique, il suscitera une riposte dras-tique et draconienne en la personne de l'Archevêque de Montréal, Mgr Edouard-Charles Fabre. Celui-ci était un personnage à la vie tranquille qui s'inté-ressait beaucoup à la liturgie.

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ture. Ses membres décidèrent alors d'intenter un procès,en diffamation à l'Archevêque. Celui-ci se vit confirmer par un jugement l,égal son droit

à ~a critique d'une oeuv~e ou d'un journal, et lèCàrtàdà':'Rèvue, à cause de ses difficultés financières, ne sera déjà plus.

C'est donc l'étude.:.de l'évolution du journalCanada.:.Revue que nous,'voulons examiner ici, en même temps que la réponse cléricale qui le suit, en voyant finalement la situation légale qui cl6turera cette épo-que.

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Je tiens ici à remercier sincèrement les personnes qui de près ou de loin ont pu collaborer à la rédaction de cette thèse.

Je voudrais mentionner en particulier l'aide fournie:'par monsieur François Beaudin, archiviste à Québec, auparavant archiviste à

l'Archevêché de Montreal. Le personnel de cette bibliothèque a aussi apporté beaucoup d'encouragement à ~es recherches. Le personnel de la salle Gagnon, de la bibliothèque municipale de Montréal, doit être aussi mentionné.

Enfin, je voudrais remercier tout spéçialement monsieur Lau-rier L. Lapierre qui a toujours su me conseiller dans mes recherches depuis trois ans à l'Universite et qui a bien voulu accepter de diriger cette thè-se.

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Les notes infra-paginaI es se lisant "app." se retrouvent à la fin de cette thèse sous la rubrique, générale "Appendices". Elles sont classées par chapitre.

Le'Canada";'Revue sera identifié aussi dans ces mêmes notes sous le sigle C.R., le 'Canada 'Artistique; C.A~, et la'Semaine'Religieùse de Montréal: S.R.M.

Il a été impossible, malgré toutes les recherches faites en ce sens, de retrouver la correspondance personnelle de monsieur Aristide Filiatreault.

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REMERCIEMENTS

AVERTISSEMENT

BIBLIOGRAPHIE ....•...••..••...••..•...•.•...•...••..••. l à XI l

INTRODUCTION .•..••...••....••.•..•....•...•....•....•••... l à VII

CHAPITRE l - MGR EDOUARD-CHARLES FABRE ••....•••••.•.•....•. 1 à 8

CHAPITRE II - LE JOURNAL CANADA 'ARTISTIQUE •.•..••...••.... 9 à 30 'L'Album 'Musical - La situation

littérai-re - Le prospectus - Les débuts - Le tournant - Réformes dans l'éducation et autres.

CHAPITRE III - DE LA PENSEE DU CANADA-REVUE A L'ACTION

CHAPITRE IV

RELIGIEUSE: JANVIER 1891 - NOVEMBRE 1892 ..•.•. 31 à 66 Contre les Conservateurs - Le procès

Gos-selin - le rôle du clergé - Monsieur Mer-cier -: Le programme politique - "L'opéra-tion scandales - La circulaire de Mgr Fabre - La circulaire finale du Il novem-bre.

- DE LA PENSEE DU CANADA-REVUE A L'ACTION LEGALE ET A LA MORT DU JOURNAL -

NOVEM-BRE 1892 - AOUT 1894... 67 à 92 ,La réponse - A l'Archevêché - Les attaqu~s

pleuvent - Ripostes de la Semaine - Le dé-bat s'achève.

(8)

.mières dépositions - Les à-c6tés - L'instruction du procès Les plaidoiries -Le jugement du juge Doherty - La cause terminée.

CONCLUSION ••••••••.••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 133 à 144

VITA

APPEND ICES - CHAP ITRE II... 1 à 10

APPEND ICES - CHAP ITRE II l • • • •.• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •• 11 à 33

APPENDICES - CHAPITRE IV ••••••••••••••••••••••••••••••••••• 34 à 57

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BIBLIOGRAPHIE

Sources primaires:

La majorité de ces sources primaires se retrouvent à l'Archevêché de Montréal, et seront notées sous le sigle A.C.A.M.

Les sources notées BVM connotent la Bibliothèque de la Ville de Montréal, A.A.Q., les Archives de l'Archevêché de Québec et LLMU, Law Library McGill University.*

Dossier 111.124 Papes; Léon XIII (ACAM)

Le dossier est surtout intéressant pour une encyclique de Mgr Fabre: De la liberté humaine.

149.983 Indults de Mgr Fabre

Surtout des questions liturgiques

149.514 Rapport quinquennal sur l'état du diocèse

Important pour la liste impressionnante des oeuvres du clergé.

150.000 Diocèses étrangers Correspondance diverse 165.000 France

160.000 Europe

IA'N.B.: Les archives épiscopales de l'Archevêché de Montréal et de Québec suivent une nomenclature différente de celle des archives nationa-les à Ottawa ou à Québec. Elles se mesurent en dossiers et non en pieds. Le travail couvre donc 2,000 lettres.

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190.000 . Etats,.,Unis

211. 000 Dé1.é~és. apostoliques: Conroy, ~gr Ge~rge

255.000 Diocès~s du Canada

Ce dossier est composé d'éch~nges entre ~gr Fabre et ses correspondants. 255.101 Terre-Neuve 255.102 Kingston 255.103 . Charlottetown 255.104 Toronto 255.105 Halifax 255.106 St-Jean 255.107 Antigonish 255.109 St-Boniface 255.110 Ottawa 255.111 Grand Falls 255.113 London 255.114 Bathurst 255.118 Edmonton 255.119 Pembroke 255.120 Peterboro:ugh 255.121. A1exandria 295.100 Diocèses du Québec 295.103 St-Hyacinthe / 295.104 Trois-Rivièr~s 295.105 Rimouski

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--1 1 "295.106 Sherbrooke 295.107 "Chicoutimi 295.109 Nicolet" "295.110 Valleyfield"

302.000 Diocès~ de Montreal" Administration diocesaine Assemblee des evêques de la Province,ecclesiastique de Montreal

302.300 Concile Prôvincial de Montrea~ 305.300 Liturgie

401.130 Clerge

4 dossiers" important pour les conferences ecclesias-tiques.

402.102 Chiniquy

Prêtres ordonnes pour lediocese de Montreal qui sont decedés:·entre 1876 et 1896.

421.242 Birtz, François, dit Desmarteaux, cure de St-Etienne 421.113 Brisset, Joseph

421.404 Charbonneau, Jean-Baptiste 421.183 Charlebois, Leon Augustin 421.215 Clement, Charles

421.629 Lachance, Tancrède . 421.257 Landry, Hermas-Oswald

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421.400 Leduc, Louis Marie Joseph .423.194 . Graton, Joseph Isidore

421.043 . Guyon, L.V. 421.438 Lév~sque, Joseph

421.103 . Louis, Adolphe Marechal 421.173· Martin, Célestin

421.251 Mathieu, Jean-Marie 421.178 . Moreau, Louis Edouard 421 .. 147 .. Payette', Anthime 421."094 . Piette, Maxime 421.334 . Poissant, Pierre 421.214 Seers, André Wilfrid 421.677· . Lippé, Charles Joseph

465.161 Re1,igieux Peres

Compagnie de St-Sulpice 465.163 Compagnie de Jesus (Jesuites)

571.000 La5!cs A 572,.000 B 573.000 C 574.000 D 576.000 F 577.000 G 578.000 H

(13)

580.000. J 581.000 K 582.000 L 583.000 M 584.000 N 585.000 0 586.000 P 587-.000 Q 596.000 Z' 595.000 Y 593.000 W 592.000 U 590.000 T 588.000 R 589.000 S

720.002 Institutions sauf Education, Gouvernement politique-. Intervention du clerge ' 720.003 Questions politico-religieuses 750.000 Gouvernement provincial 752.701 Legislation et tribunaux 752.713 . Le procèsdé'Càrtàdà~RéVue 3 dossiers essentiels

990.025,;: Fonds Tel esphore Harel, prêtre, chancel ier Chroniques

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Répertoire numérique des registres des archives de la chancellerie de l'Archevêché de Montréal contenant les documents de la période 1877-1896.

RCC 2 Registre du chapitre de la Cathédrale 12 mars 1878-18 novembre 1921.

RC 13 Registre de la Chancellerie 8 juin 1884 à 15 juin 1889 RC 14 Registre de la Chancellerie

16 juin 1889 à 7 juillet 1900

RLF 1 Mgr Fabre, Université, Décrets, Dispenses, Lettres, 10 octobre 1878 à 22 décembre 1886.

RLF 2 Mgr Fabre, Lettres 3 avril 1879, 4 juin 1879, 7 jan-vier 1887, 18 décembre 1891.

RLF 4 Actes de Délibération en Conseil pour affaires diocé-saines. Lettres: 2 septembre 1856 au 5 novembre 1856. 27 juillet 1880 au 30 décembre 1882.

RLF 5 7 janvier ,1883 à 26 décembre 1884 RLF 6 29 décembre 1884 à 10 décembre 1889

RLF 10 Registre des lettres de Mgr Fabre. Affaires paroissia-les, Il décembre 1878 à 15 janvier 1897.

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Journaux consul tes ,:

Livres:

L'Album Musical (A.A.Q.) Le Canada Artistique (B.V.M.) Le Canada-Revue (B. V .M.)

Le Courrier du Canada (B"V.M.) L'Echo des Deux-Mont,agnes (B. V • M.) La Minerve (B.V.M.)

La Presse

La Semaine Religieuse de Montreal (B.V.M.) , '

La Semaine Rel,igieuse Cle Quebec (A.A~Q.)

La Verite

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...

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\

./

une des pierres d'assise importante pour la connaissance de l'évolution historique de cette nation. L'Eglise ajoué un rôle capital dans la recher-che et la poursuite de certains idéaux nationaux.

Elle a souvent été le porte-parole des forces vives de cette nation. Le clergé a souvent opéré un certain rassemblement d'idées. Ce-pendant, il a souvent été vu comme un obstacle majeur à l'épanouissement de la nation canadienne-française.

Il serait toutefois utopique de croire que s0Ul cet élément a pu empêcher une matérialisation complète de l'évolution historique de la nation québecoise. Cependant, une étude de plus en plus particu-lière sur le'rôle du clergé dans la vie totale de la société québecoise est de nature à aider à dééhiffrer la véritable attitude de la société d'autrefois.

Diverses recherches se sont donc multipliées récemment sur la vie d'antan, et sur le rôle qu'y a joué le clergé. Cette étude veut donc s'inscrire dans cette ligne d'approche du phénomène religieux et de ses instances sociales.

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L'étude du XIXe siècle au Québec a suscité beaucoup d'enthou-siasme de la part des historiens. Ceux-ci se sont attachés, avec une ferveur marquée, à rechercher les composantes majeures qui avaient orien-té ce siècle. La majoriorien-té de ces chercheurs s~est d'ailleurs fortement intéressée aux relations existant entre la société et l'Eglise, qui, pour beaucoup, les imprimait à la société, pour d'autres, les véhiculait fidè-lement. L'Eglise était une force vive dont les historiens ont da tenir compte.

En effet, selon ces auteurs, l'Eglise semble avoir été la source d'une double situation, dont les tangentes sont diamétralement opposées. D'un c6té, elle a joué un r6le de protection de la vie fran-çaise en 'favorisant l'épanouissement de la culture, de la pensée et du modus vivendi de la nation. ,De l'autre, elle semble avoir été un obsta-cle à la prise de conscience nationale, à l'actualisation des individus.

Plusieurs chercheurs émérites, ccrnrne monsieur Marcel Rioux et monsieur Philippe Sylvain, par exemple, ont étudié le rôle des idéo-logies et le r6le particulier du clergé dans l'existence de la société d'hier. Une certaine conclusion se dégageait aussi de la majorité des auteurs qui ont écrit sur cette époque: l'importance que le clergé avait joué dans la fabrication et l'édification d'une pensée nationale.

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r )

la langue et de la foi, allait accaparer l'esprit et l'action de nos prédécesseurs. On la retrouve par exemple dans la fameuse affaire Gui-bord qui a opposé les tenants de cette idéologie à ceux qui voulaient se détacher de la pensée traditionnelle. Or, avec cet événement, plu-sieurs croyaient que les choses en resteraient là, immobiles, statiques, presque fatidiquement figées. Malgré que l'Eglise ait perdu sa cause légalement, la légitimité de ses revendications a été acceptée par le peuple qui a perçu sa sécurité en fonction de celle de l'Eglise. En fait, la victoire de l'Eglise était peut-être consommée dès l'affaire Guibord, mais un autre événement allait lui permettre, selon nous, de concrétiser pleinement sa puissance et son autorité face à une vague d'opposants qui se manifeste à la fin du XIXe siècle.

Le Canada-Revue, journal libéral radical existant entre les années 1890 et aoat 1894, deviendra, pour nous, une manifestation impor-tante de la contestation par un certain nombre de la "suffisance clérica-le", ou suprématie du clergé. Il appert, en effet, que ce journal devait faire revivre les plus beaux jours des Rouges d'antan et devait manifes-ter la vigueur du germe libéral radical que plusieurs croyaient éteint après la fameuse affaire Guibord.

Le journal ira s'attaquer à la force du clergé en ouvrant des brèc~es profondes sur ses côtés les plus évidents. Le contrôle qu'exerçait l'Eglise sur l'éducation de la nation québecoise, la

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ques-tion des asiles, l'anémie existentielle de la vie littéraire et certains scandales cachés chez les membres du clergé seront au nombre des attaques audacieuses de la part des membres du journal Canada-Revue.

Le clergé remportera la victoire. Cette vague libérale radi-cale sera engloutie. La contestation par ce journal de la force clériradi-cale sera réduite à néant. Toutefois, la lutte qu'il a entreprise fut telle-ment acharnée et irréductible que le clergé dut se défendre et réagir avec

beaucoup de consistance et ,de ténacité. Le combat allait se doter d'une motivation et d'une consistance inébranlables.

Durant les années 1890 à 1894, et principalement les jours de 1892, les mani~estations de radicalisme'verbal sont monnaie courante. Le ton persiflant, piquant et surtout caustique, avec lequel les journalistes

du'Canada~Revue osaient défier l'autorité en place, concrétisera leur vo-lonté de ne jamais se défiler ou de se laisser abattre facilement. Leurs ripostes furent dures, provocatrices et vigoureuses.

Bref, le Canada-Revue devint rapidement un embryon très actif de contestation des'cadres et des structures déjà établies et bien en place. Son programme prit vite l'allure d'une croisade libérale radicale contre les maux qui affligeaient la société. En effet, les rédacteurs du journal s'en prirent ouvertement au prêtre politicien, à l'influence indue, à l'i-gnorance des membres du clergé, à la "suffisance cléricale", à la mainmise du clergé sur la société, aux conservateurs, à la censure ecclésiastique.

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Ils cherchaient, avant tou~,à faire apparaître la liberté, liberté de pensée et la liberté d'action, dont le sens semblait menacé par le clergé. Ils espéraient, avant toute chose, que leur action puisse permettre à la société de s'enrichir, de s'épanouir et de sortir des·ornières tradition-nelles.

Tous ces thèmes deviendront donc des mini-croisades contre le clergé .. Les membres du journal reviendront sans cesse sur ceux-ci, 'avec plus ou moins de vigueur pour chacun, en essayant continuellement d'éveil-ler l'opinion publique pour que de telles "infamies" ne se produisent plus. En quelque sorte, le journal se servira de ces leitmotiv pour tenter déses-pérément d'en arriver à ~n ordre nouveau, ordre dans lequel ne figureraient pas ces situations.

Ces personnes qui composaient lé·Cartada~Révue étaient parmi les grands intellectuels de l'époque. Ils étaient les représentants d'une vie littéraire et polémique ardente. Leur combat fut de courte durée et de mal-heureuse issue. Mgr Edouard-Charles Fabre, évêque de Montréal en 1876 et archev~que en 1886, fut celui qui, par son action, les élimina. Celui-ci présidait aux destinées de la province ecclésiastique de Montréal et eUt à affronter les vagues impétueuses de l'assaut libéral radical. Mgr Fabre n'é~ait pas un "démon" des annales historiques à notre avis. Il ne demeure pas aujourd'hui comme une des figures les plus marquantes de notre histoire religieuse, au même titre, par exemple, que Mgr Bourget ou Mgr Taschereau.

(26)

/

Mgr Fabre eût à se débattre avec de sérieux problèmes durant son épiscopat; les luttespolitico-religieuses, l'affaire Riel, les cen-dres du Dr. Chénier, la question universitaire. A chaque occasion, Mgr Fabre essaiera de rester quelque peu en dehors de la question, préférant l'analyser froidement que de s'y lancer tête baissée. Il y participera parce qu'il y est obligé, à cause de sa fonction, mais cherchera toujours à le faire avec le moins de bruit possible. Il souhaitera à chaque occa-sion prendre une position quelque peu retirée, regarder de loin les évé-nements en cours.

En somme, Mgr Fabre nous semble être un homme très simple qui ne veut absOlument pas être mêlé à toutes sortes d'incidents et d'événe-ments et qui ,n'aime pas beaucoup l'action d'éclats; c'est plutôt un homme qui· prend un soin méticuleux à s'occuper des affaires liturgiques de son diocèse et de ses fidèles.

Lorsque la vague frappera le diocèse de Montréal, il faudra né-cessairement que Mgr Fabre réagisse. Il deviendra essentiel pour lui, pi-qué dans 'son orgueil moral et pris sous le poids de ses responsabilités, de répondre directement à ses agresseurs. C'est ainsi, qu'outré des arti-cles que lancent au grand public les journalistes du Canada-Revue, il ne verra de meilleure solution que d'en interdire la lecture à ses fidèles.

Les attaques ininterrompues du journal le forceront à agir po-sitivement, à sortir de son silence, et à réagir avec force. Il semble

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que c'était là son seul recours, s'il ne voulait pas laisser menacer im-punément son diocèse par une clique anti-cléricale et contestatrice.

Cette interdiction deviendra rapidement la pierre d'achoppe-ment d'un conflit radical entre les deux parties, et mènera jusqu'au pro-cès qui devra régler la situation entre deux façons de penser et les deux formes de régime proposées par chacun.

Ainsi donc, notre étude se situera principalement entre les années 1890 et 1896, années durant lesquelles s'est levée une vague libé-rale radicale qui s'est opposée fermement à l'autor~té ecclésiastique en place~ Ce courant qui portait nomCartàda~Révue voulait des réformes dans plusieurs domaines. Il attaquera durement le clergé et Mgr Fabre, son interprète, aura la t~che de lui donner la réplique. Notre étude précise-ra donc la situation existant entre les deux parties en cause et mettant en relief le conflit d'inter-relations.

En bre:e, ces années :eurent des périodes de lutte radicale dont le ton décidé laissait deviner le désir légitime de chacun de l'emporter. Le procès entre Mgr Fabre et lé Càrtàdà~Révue fut la cristallisation du débat et l'apogée de leur combat. L'Eglise allait donc encadrer, à la fin de ce procès, la société québecoise. Toutefois, cette guerre avait été durement livrée et sa conclusion avait nécessité de longues années d'atta-ques virulentes et dlacti9ns très actives de la part de chacune des deux parties en cause.

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Chapitre I

Mgr Edouard-Charles Fabre

Mgr Edouard-Charles Fabre est relativement meconnu de tous. Très récemment seulement, l'ouverture des archives de son epoque permet-tait de mieux le saisir. Nous allons donc proceder, brièvement, sans essayer de faire un essai de caracteriologie exhaustif, à te depeindre, à le replacer dans un cadre global. Notre but sera donc de revoir quel-ques grandes dates de sa vie et non pas de chercher à en completer une biographie finale. Celle-ci pourrait facilement s'averer du domaine d'u-ne future thèse de doctorat.

Mgr Fabre est ne à Montreal le 28 fevrier 1827 et fut admis au sacerdoce le 23 fevrier 1850. Il devintde titulaire de Gratianopolis et le coadjuteur de Montreal cum futura successione le 1er avril 1873. Le Il mai 1876, il est intronise evêque de Montreal. Le 8 juin, il devient le premier archevêque de Montréal; il est decore du pallium le 27 juillet 1886.

Son père, Edouard-Raymond, etait libraire et fut maire de Mont-réal en 1849-1850. Il avait epouse en 1826 Luce Perrault. De ce mariage naquirent Edouard-Charles, Hortense, la future femme de Georges-Etienne Cartier, Hector, homme de lettres celèbre, et Hectorine qui epousa un riche marchand, Arthur Surveyer. Après avoir fait ses etudes classiques au petit

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séminaire d'Issy, pour y poursuivre des études en philosophie. En 1850, Mgr Prince l'appelle au sacerdoce. Il servit deux ans comme vicaire à Sorel, puis deux ans comme curé à Pointe-Claire. Le 25 novembre 1855, Mgr Bourget le nomme chanoine titulaire. Mgr Fabre fut nommé coadjuteur de Montréal en 1875 et fut intronisé e~ 1876.

Ces quelques dates importantes de son ascension nous permet-tent maintenant d'ajouter un certain élément plus descriptif de Mgr Fabre. Il semble que celui-ci soit un "chamane liturgique". En effet, il n'apparaît pas, à première vue, que Mgr Fabre puisse être considéré comme quelqu'un possédant l'envergure d'un Taschereau ou d'un Bourget. Certains ajouteraient même qU'il a été l'évêque le plus faible de Mon-tréal. La personnalité de Mgr Fabre expliquerait cette allégation.

En effet, c'est un homme très pacif~que, qui attache beaucoup d'importance à l'aspect liturgique. Sa vie sera orientée et polarisée par ces deux aspects. Monsieur l'abbé Elie Auclair, qui a fait une courte biographie de Mgr Fabre, note cette remarque que l'évêque de Montréal au-rait faite: "C'est parce que j'aime la paix, disait-il en souriant, qu'on m'a élu évêque. D'autres auraient été' plus qualifiés que moi par ailleurs, mais ils prenaient partie et aimaient à discuter, ce qui gêne toujours

1

pour gouverner."

1- Auclair, l'abbé Elie, "Monseigneur Edouard-Charles Fabre"" 421.105,946 - 1" p. 2, A.C.A.M.

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Nous ne considérons pas qu'il faille par là le juger comme un homme sans capacité d'action. Sa correspondance manifeste ouvertement qu'il oeuvrait activement pour des causes nombreuses, et que ses amis d'outre-mer étaient innombrables. Nous pensons plutôt que c'est l'aspect liturgique qui le décrit le mieux.

Une lecture attentive de la Semaine Religieuse de Montréal, une revue cléricale qu'il °a créée en 1882, nous le dépeint assez bien sous cet angle caractéristique de s a personnalité. Il va de soi que le mandat d'un évêque doit beaucoup s'apparenter à celui d'un dirigeant li-turgique. Mais il appert que Mgr Fabre affectionnait beaucoup la litur-gie et les cérémonies sacrées, et même qu'il était d'ailleurs un maître

2 en la matière."

La pratique religieuse appliquée était donc de première impor-tance pour lui. Ce personnage très ecclésiastique a accompli un nombre de cérémonies vraimoent extraordinaire. A sa mort, la Semaine Religieuse de

3

Montréal en fit un relevé statistique.

Mgr Fabre compte à son actif 210 ordinations, 4,200 profes-sions religieuses et prises d'habit; 222,438 confirmations, 47 consécra-tions d'églises, 1,254 visites de paroisses, 204 bénédicconsécra-tions de cloches,

2- Auclair, op. cit., p. 2

3- La Semaine Religieuse de Montréal, 9 janvier 1897, 2, volume 29, pp. 19-20

(31)

,

J

91 consécrations d'autels fixes, 969 consécrations de pierres d'autels, 1,252 consécrations de calices, 23 consécrations des saintes huiles, 20 bénédictions de cimetières, 700 grand'messes, 25 installations de chanoines, 10 absoutes d'évêques.

Il sacra en plus sept évêques: Mgr Narcisse-Zéphirin Laurin, vicaire apostolique de Pontiac; Mgr Cornelius O'Brien, archevêque d'Halifax; Mgr Louage, évêque de Dacra; Mgr Joseph-Médard Emard, évêque de Valleyfield; Mgr Maxime Decelles, évêque titulaire de Druzipora et coadjuteur de Mgr Moreau, évêque de St-Hyacinthe; Mgr Paul Larocque, évêque de Sherbrooke,

et Mgr Louis-Philippe-Adélard Langevin, archevêque de St-Boniface.

L'aspect liturgique des activités de Mgr Fabre est de première importance. L'attention méticuleuse qU'il apporte à cette question est constante. Pour lui, le mystère de l'Eglise était primordial et l'action des clercs essentielle à sa réalisation. Le cérémonial de l'Eglise impor-tait donc beaucoup pour cet évêque. Ce trait de caractère semble aussi re-joindre son désir de diplomatie; Mgr Fabre est un homme qui préfère demeu-rer loin des problèmes.

Cette dernière dimension est largement étudiée dans la thèse de 4

monsieur André Lavallée sur Mgr Fabre et la question universitaire. Mon-sieur Lavallée retrace l'historique de cette question; il revient aux sug-gestions de Mgr Bourget en 1851, resitue sa fureur "rouge" et son manque

4- Lavallée, André: La question universitaire 1878-1889,

l'opposition Montréal-Québec, ultramontains-libéraux,

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de compréhension du problème du financement universitaire. Lorsque Mgr Fabre est mêlé à la question universitaire, son attitude est nettement diplomate. Il avait à se débattre avec la pensée de Rome, et de l'autre c8té avec une bonne partie du clergé de Montréal qui voulait que la situa-tion puisse se régler selon leurs exigences. Malgré les voyages de deux délégués, Mgr Conroy en 77 et Smeulders en 83, le problème restait total.

Il aurait pu laisser cette question dans le statu quo, mais se soumettra davantage à ~ome et acceptera la succursale à Montréal. De-puis 1879, comme la question traîne, il restera diplomate. Le seul geste ouvert qu'il fit fut en juillet 1883, lorsqu'il excommunia les professeurs et les étudiants de la succursale. Il semble cependant qu'il désirait avant tout voir Rome s'occuper plus activement de cette question.

Cette même prudence et ce même désir de diplomatie calculée se réflètent dans l'a~faire des cendres de Chénier. En effet, au début de 1891, se dessine un mouvement, engendré par la Société St-Jean-Baptiste, pour réhabiliter les cendres de Chénier. La demande voulait la trmslation des cendres de Chénier du cimetière de St-Eustache à celui de Cate des

5

Neiges.

Monsieu~ L.~O. David, aussi de cette association, entreprendra une correspondance suivie avec Mgr Fabre sur ce sujet. On y remarque le

5- M.

J.

X. Perrault ft. l1gr·Fabre, 11 janvier 1891, 586.000 8gi

A.C.A.N.

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6

désir de Mgr Fabre de ne pas se prêter de bonne gr~ce à l'idée proposée. Il ira même plus loin, lors de la St-Jean-Baptiste de 1891; il était con-venu que monsieur David et son groupe pourraient déposer des couronnes de fleurs sur les monuments de Duvernay et des Patriotes de 1837-1838. Mgr Fabre insistera cependant sur le fait que personne ne devra parler dans

7 la cérémonie, au grand désappointement de monsieur David.

Il est donc à remarquer que Mgr Fabre ne veut pas prendre po-sition de façon éclatante dans un événement. Il préfère, en diplomate éclairé, se retirer de la question, ou quand cela devient impossible, ne pas procéder par des gestes inconsidérés.

En somme, Mgr Edouard-Charles Fabre semble être une personne assez intelligente et qui excelle en particulier dans le domaine liturgi-que et oratoire. Il peut être caractérisé par son sens très poussé de la diplomatie et une froideur lucide face à certains problèmes.

Mgr Fabre fut donc un évêque dont la vie liturgique était par-ticulièrement vivante et active. Nous croyons donc que cette dimension aura une importance capitale lorsque viendra le temps de la déchirure

cau-sée par le ,journal Canada-Revue.

6- M. L.-O. David à Mgr Fabre, 26 février 1891, 574.000 891 A.C.A.M.

7- M. L.-O. David à Mgr Fabre, 6 juin 1891, 574.000 891 A.C.A.M.

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En effet, nous pensons que lorsque le journal s'attaquera au clergé, Mgr Fabre se sentira personnellement blessé et humilié; son action aura alors, en plus d'un caractère collectif, une allure personnelle de défense.

Il était donc important de bien le décrire, de bien voir les préoccupations centrales de cet Archevêque pour mieux le comprendre. Lorsque le choc avec le journal Canada~Révue se produira, son attachement profond aux choses du clergé ,le guidera.

Mgr Fabre rencontrera un, adversaire bien ,catégorique et

dé-cidé, en la personne de monsieur Aristide Filiatreault. Celui-ci, d'emblée ,

,

fut l'élément le plus hostile au clergé que dirigeait Mgr Fabre, de par ses écrits et le ton qui ressortait de son journal. Il possédait une ran-cune ancestrale, face à un clergé trop autoritaire, ce qui explique

l'an-8

tagonisme violent entre lui et le clergé.

Celui,...ci· était le fils de monsieur Paul Filiatreaul t, de Ste-Thérèse. Or celui-ci avait toujours été lié d'amitié avec monsieur le curé Ducharme de Ste-Thérèse. Quand le curé fut déposé par Mgr Bourget vers 1840, il se soumit sans rien dire. De plus, il ne reçut pas l'argent que Mgr Bourget lui avait déjà emprunté: $600.00. Devant cette situation, un procès ,fut intenté à Mgr Bourget par monsieur Filiatreault, avec la

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mission de monsieur Ducharme. Le procès fut gagné et $1,400.00 furent réclamés de Mgr Bourget.

Celui-ci allait réagir violemment. Une excommunication mi-neure fut lancée contre Paul Filiatreault, excommunication qui ne fut d'ailleurs retirée qu'au moment de la mort de monsieur Paul Filiatreault. Cette bataille personnelle entre les deux hommes expliquerait en partie la conduite de monsieur Aristide Filiatreault quelques années plus tard.

Que ce soit au·Canada·Artistique ou au·Cartada~Revue, le ton qu'y. emploiera Aristide Filiatreault laisse transpirer une certaine haine. face au clergé. Lorsque le journal prendra le même ton, les relations avec Mgr Fabre et son clergé laisseront filtrer une atmosphère de bataille à finir.

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... ,/

j

Chapitre II

Le journal CANADA ARTISTIQUE

L'Album Musical ~ La.situation littéraire - Le prospectus - Les débuts - Le tournant - Réformes dans l'éducation et autres.

Le journal 'Canada-ReVue eUt un ancêtre de valeur, mais de courte durée, le Canada ArtiStique. Ce journal à publication mensuelle, fut fondé en 1889, par la parution d'un prospectus en décembre. L'édi-teur en était, monsieur Aristide Filiatreault. Le journal était situé au 312 rue Craig à Montréal. En fait, la parution régulière se limite de janvier 1890 à décembre 1890. Les thèmes globaux que le Canada Artistique voulait surtout développer étaient, les frontispices nous l'indiquent bien, la musique, le théâtre, les beaux-arts et la littérature. Il s'avère im-portant de bien examiner la teneur de ce journal, d'abord à cause du fait qU'il est l'antécédent direct du journal 'Canada~Revue, et ensuite à cause du caractère très réformateur que le journal veut apporter au monde du journalisme littéraire et musical.

La liste de ses collaborateurs est éminemment importante; on y retrouve une bonne partie de ceux qu'on pourrait qualifier d'intellectuels de l'époque: Louis Fréchette, Benjamin SuIte, Alphonse Lusignan, madame Raoul Dandurand, Napoléon Legendre, P. Dupuy, N. Foucher de St-Maurice, Gabrielle Marchand, Calixa Lavallée, Dr. Tancrède Trudel, Ernest Lavigne, et Aristide Filiatreault.

Notons au préalable, succinctement, que le Canada Artistique eUt lui aussi un ancêtre, l'Album Musical, qui fut publié de janvier 1882

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)

à mai 1884, avec un prospectus en décembre 1881. Monsieur Aristide Fi-liatreault en était aussi l'éditeur. Le journal se vendait cinquante sous et était mensuel. Il se voulait avant tout un outil susceptiblë

1

,,- ... " ... ·· .. "de· faire progresser l'art musical au Canada. Le principal rédacteur en fut Ed. MacMahon.

Le journal connut beaucoup de difficultés, dont un incendie qui détruisit une bonne partie de son matériel en 1882. Une attention toute particulière était évidemment portée au c6té musical. C'est ainsi que nous retrouverons durant un an la chronique de Gustave Smith sur le "Mouvement musical en Canada". Cette chronique avait surtout pour but de "réveiller" le sens artistique des canadiens-français que l'auteur ju-geait un peu endormi.

D'ailleurs, selon monsieur· Smith, différentes raisons expli-quaient la moins grande valeur de la musique de l'époque comparativement à çe qu'elle avait été: "10 les liens de famille étaient plus resserrés;

20 on vivait volontiers selon ses moyens; 30 peu de luxe dans les maisons, dans les habits; 40 on recevait chez soi, sans cérémonies, sans orgueil; 50 on faisait tranquillement ses affaires; 60 on ne rendait point encore

2

un culte au dieu Dollar."

En novembre 1882, Charles Labelle devient rédacteur du journal.

'1- Album musical, décembre 1881, vol 1, prospectus, p. 1 2- Album musical, no 4, vol 1, avril 1882, p. 18

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Sa~~connaissance musicale apportera une expérience appréciable au journal. Dès janvier 1883, le journal, maintenant publié à huit pages au lieu de quatre, présentera un feuilleton: L'abbé Constantin de Ludovic-Halévy. En février 1884, un autre feuilleton viendra s'insérer au journal: Le missel de la Grand-Mère de Emile Richebourg. Déjà le journal était mal vu par certaines autorités religieuses, à cause du feuilleton qui y était

3

inséré. La concurrence et de sérieux ennuis financiers vinrent obliger

4

l'Album à cesser sa publication. En mai 1884, ce journal disparaissait.

L'apparition du journal Canada Artistique en 1889 semble alors importante, compte tenu de l'atmosphère de "repli traditionnaliste"

5

qui marquait le Québec d'alors. En effet, l'union entre le monde politi-que et religieux devient de plus en plus forte entre les années 1860 et 1896. Graduellement, une certaine idéologie de conservation, basée sur la religion catholique et la culture spiritualiste va encadrer la pensée nationale. La société respirera au même rythme que le clergé. Des ten-sions internes agiteront cette paix paradisiaque. Un conflit entre libé-raux et ultramontains marquera la période. Des journaux comme l'Avenir, le Pays, la Patrie, le Canada~Revue, plus à gauche, plus radicaux,

vien-6

dront troubler très temporairement ce calme.

3- Album musical, no 12, vol. II, décembre 1883, p. 89 4- Entretien avec M. André Beaulieu, 15 juillet 1971

5- Pierre Savard, Le repli traditionnaliste (1860-1900), in

Histoire de la littérature française au Québec, pp 193-200 6- Pierre Savard, id. p. 200

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Ce qui semble primordial à noter, c'est cette atmosphère de "repli traditionnaliste" qui marque la période, et qui rend la parution du journal Canada Artistique plus intéressante. S'il est vrai que de 1860 à 1900, il Y a "prolifération" de journaux au Québec, la condition

7

matérielle de ces journaux est souvent assez précaire. Chaque journal se faisait le porte-parole le plus souvent d'une tendance politique et idéologique. Cette situation semble prendre la relève d'une certaine for-me de littérature souvent trop homogène durant ces années, et qu'il

impor-te de soul igner.

En effet, durant cette période le roman, qui en était à ses débuts, a fortement subi l'influence d'un certain catholicisme contre un certain libéralisme qui prévalait. Une anémie littéraire se produira,

qui était due en grande partie à l'état de surveillance étroite et de conformisme moral que l'Eglise du Québec manifestait à son égard. Que ce soit dans' "Jéan" Rivard" , "lés Anèiéns 'Cànàdiéns", , "Frànçoisde Bienville", "Les Macchabées de la Nouvelle-France", "Gustave ou un Héros Canadien", "Angéliné'dé Montbrun", ou'''Poùr'là'Pàtrie'', il semble que la période qu'ils représentent diffère de celle qui les précède.

De 1830 à ~860, une forme précise de libéralisme et d'anticlé-ricalisme se dessine au Québec. Le romantisme qui la définit manifeste une volonté de démocratie, d'émancipation, de progrès social et de réformes

7- Pierre Savard, Le journalisme (1860-1900) in, tlistoire de la littér~ture française au Québec, pp 312-323

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)

8

du clergé. Tel pouva~t être le sens de "La vie d'un faux dévot", roman d'Eugène Lécuyer, paru en 1853.

De cette période, jusqu'en 1896, la 1 ittérature sera en qu@-te de modèles. Le réalisme et le naturalisme de la France effrayaient ses "critiques", car le clergé y était notamment opposé. En somme, l'imi-tation française, dans le roman, fut presque complètement bannie à cause du libéralisme, de l'amoralité et de l'anti-cléricalisme qu'elle véhiculait. Alors que la tradition littéraire française poursuivait son cours, la

lit-9

térature canadienne~française se refermera quelque peu sur ~lle-m@me.

A partir de 1860, l'emprise du clergé s'accroît constamment sur la littérature, principalement le roman. Cette tendance sera d'ailleurs manifeste: la majorité des auteurs de "romans" préciseront dès le.début de leur oeuvre, que ce n'est pas un roman, mais plut6t une nouvelle élargie, qui prete à réflexion, qU'ils viennent de produire.

Il semble alors primordial, devant Rn roman qui est si bien en-cadré, que la forme journalistique puisse quelque peu "aérer" la culture québecoise. Il appert que le journal Canada-Artistique jouera ce r6le, de par sa volonté d'éveiller continuellement le sens culturel des canadiens-français, de faire pénétrer les beaux-arts au pays. Le Canada Artistique 8 - Lamontagne, Léopold, "Les courants idéologiques dans la

litté-rature canadienne-française du XIXe siècle", Recherches Sociographiques, janvier-aoOt 1964.

9- Van Schendel, Michel, "L'amour dans la littérature canadienne-française", Recherches Sociographiques, janvier-aoOt 1964

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s'inscrit dans une tangente idéologique différente de la pensée majoritaire et son étude n'en devient que plus importante.

Chaque album du journal se composait de huit pages de musique gravées et de seize pages de textes. L'abonnement en était de trois dollars par année. Son but principal, comme le souligne le directeur monsieur Fi-liatreau1t, était "l'avancement de la musique et des beaux-arts au Canada

10 français."

Le premier numéro du Canada Artistique est un prospectus, pu-blié en décembre 1889. Comme pour chacune des livraisons, les premières pages présentent les biographies les plus importantes de ceux et celles qui ont fait avancer le sens culturel des canadiens-français. Ce premier exemplaire est consacré

à

Alfred de Sève, violoniste.

La présentation du journal est relativement agréable à l'oeil. Chaque page est visuellement très claire, bien encadrée, dégagée et répar-tie sur deux colonnes d'une cinquantaine de lignes chacune. Des correspon-dants viendront à chaque livraison décrire les manifestations culturelles d'.outre-mer. Le plus régulier, Manuel B., dès décembre 1889, trace une certaine voie au journal. En effet, n'écrit-il pas:

"Vos compatriotes, chez lesquels le sentiment artis-tique vient de.la descendance,n'ont besoin pour de-venir les égaux de leurs peres, pour se montrer dignes fils de cette "belle France qui marche au premier rang 10- Le Canada Artistique, vol. 1, no 1, décembre 1889, p. 5

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dans le domaine du goût", que de faire ample con-naissance avec les grandes oeuvres des musiciens, des littérateurs et des peintres français.

Voilà la voie tout indiquée pour votre "Canada

Ar-tistique". Tel est le but auquel vous devez ten-dre. Vous ferez ainsi peu à peu l'éducation artis-tique des Canadiens-français, et ce résultat vous dédommagera sOrement du travail et des soucis qui peuvent être pendant longtemps votre lot." Il

Cette volonté d'en arriver à une culture épanouie nous est don-née tant par l'éditorial de monsieur Filiatreault que par la liste des prin-cipaux articles qui composaient ce premier numéro soit: poésies, nouvelles, contes et récits, biographies, bibliographies, nouvelles de France, divers, nos sociétés, chorales, e~ude de moeurs, chroniques, romans, éducation, beaux-arts, fantaisie, musique, portraits.

Monsieur Fi1iatreault, l'éditeur, précise dès le premier exem-12

plaire, que les beaux-arts ne sont pas suffisants au pays. Cette situa-tion ne serait cependant pas due au manque de bonnes volontés et d'aptitudes des canadiens-français, qui, au contraire, possèdent une capacité leur per-mettant d'être de célèbres artistes: ténacité au travail, patience remarqua-ble, monsieur Filiatreau1t explique cette insuffisance artistique par "l'a-pathie" des gens pour toutes les choses qui ne rapportent pas de profits et par un manque flagrant d~écoles. Il veut donc faire de ce journal un moyen de renseigner 1è public canadien sur les choses artistiques, et de réagir contre un système d'enseignement étouffant. Il espère, en fait, prendre la 11- Le Canada Artistique, vol. 1, no 1, décembre 1889, p. 3

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relève du journal l'Album Musical, qui avait été créé en 1881 et qui mal-gré ses abonnés, avait sombré par manque de fonds.

Le succès du journal, selon lui, est quasi assuré, à cause de l'appui de tous les collaborateurs de l'AlbùmMuSical, et l'honnêteté fon-cière des membres qui composent l'équipe. Il s'agit donc, en fait, d'un essai de journalisme artistique, dont le but concret est l'avancement cons-tant et qualitatif du sens culturel des canadiens-français, que le journal Canada Artistique veut mettre de l'avant.

Dans cette veine, un article de Napoléon Legendre intitulé "La musique au Canada", parle des progrès faits au Canada depuis dix ans dans le domaine musical: le sol{ège s'y est développé, les programmes artisti-ques y sont mieux préparés et des .noms célèbres de plus en plus nombreux

13

visitent le pays. Il reste cependant beaucoup à faire. On propose, pour améliorer la situation, que les professeurs soient mieux entraînés et pré-parés, et que les programmes scolaires attachent plus d'importance à la musique. Ainsi donc, le sens artistique au pays·pourra s'améliorer.

Dans cette même livraison du Canada Artistique, sous la rubri-que' "bibliographie", le nouveau'volume de Josette, Contes de NotH, est dis-cuté. C'est Mme Raoul Dandurand qui en est l'auteur. L'occasion est donc fournie aux détracteurs de la "ségrégation sexuelle littéraire" de dénigrer cette situation. En effet, l'intention de Louis Fréchette, auteur bien connu 13- Le Canada Artistique, décembre 1889, app. 2

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qui préface le livre, est évidente: l'éducation doit être aussi le fait des femmes et n'être plus réservée qu'aux seuls hommes. Monsieur Fréchette se fera le porte~parole de la femm~ canadienne-française épanouie, intégrée au monde, intelligente. Il s'agit, en somme., d'un appel à l'éducation de la femme, jusque là presque nulle.

Puis, le numéro se termine par une nouvelle: "Claire de Saulnis", écrite par. Jeanne Mairet, écriv~in qui développe la thèse de la théorie du bonheur universel. En fait, la. nouvelle s'applique à démontrer que le bon-heur total est inexistant.

Le journal annexe le feuilleton: "Double Conquête", du même au-teur. Celui-ci inaugure au·Canada Artistique la tradition du feuilleton, avec des noms plus ou moins célèbres, tradition qui aboutira à sa perte ul-timement.

"Double Conquête" est un feuilleton qui mettait en relief les plus nobles passions d'une femme aimante, qui, par la seule force de son amour, réussit à se placer à la hauteur du mari qui l'a épousée pauvre, et

14 par son génie est arrivé à prendre rang parmi les littérateurs."

Le style de roman diffère déjà beaucoup de la catégorie de ro-mans écrits à cette époque au Canada français.

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Le Canada Artistique conune jou.rnal, débute vraiment en janvier 1890, après la parution de ce prospectus de décembre 1889. Le premier nu-méro de janvier fait connaître Ernest Lavigne, créateur des concerts publics au parc Sohmer.

Puis, grâce à la plume de Mme Dandurand, 1e'CànadaArtistique offre sa première étude de moeurs: "l'Anglomanie". Dans cette étude, Mme Dandurand se moque ouvertement des imitateurs des anglais d'ici, qu'elle dépeint d'ailleurs avec beaucoup de finesse, conune des insulaires

stéréo-15 typés.

Elle écrit avec une stylisation très recherchée ces ignorants et ces étroits d'e~prit qui vivent le "high life", qui y perdent même leur façon de s'~biller. En effet, au lieu de s'embellir par l'art du coloris-te, ils se drapent de vêtements sévères, brumeux et sp1énétiques. Mme Dan-durand fait appel au sentiment patriotique pour que de telles choses cessent de se produire.

Nous avons mentionné que le premier numéro duCànadàAttistique, le prosp~ctus, souhaitait une meilleure éducation féminime au pays. Avec le numéro de janvier, conunence une série d'articles rédigés par Louis Fré-chette sous le titre: "L'Art à la maison". Cette série, qui paraîtra dans chacun des numéros, se veut un genre de cours d'initiation à la culture. Monsieur Fréchette espèr~ ainsi faire comprendre que les canadiens-françaix

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)

16 ne sont pas suffisamment instruits et qu'ils doivent le devenir.

Monsieur Fréchette s'indigne du fait que les Canadiens-fran-çais croient tout connaître et qu'ils ne font plus aucun effort pour ap-prendre quoi que ce soit. Il souhaite donc réformer graduellement cette situation par ses chroniques et celles des collaborateurs du journal.

C'e~t ici une formation culturelle; nouvelle et bien agencée, que monsieur Fréchette veut mettre à la portée de toutes les femmes cana-diennes-françaises par l'intermédiaire de sa chronique mensuelle dans le

Le numérQ de février, en plus de nous présenter le célèbre mu-sicien Charles Marie Panneton, apporte une autre étude de moeurs bien faite,

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de Francine •.. , qui a titre "Ambitions et déceptions sociales." Cette étude complèt~ un peu celle de Mme Dandurand, "l'Anglomanie", en ce sens qutelle décrit la vie dans de petites capitales, comme Ottawa, les vicissi-tudes des dames de la haute société, le snobisme qui y règne, l'ambition des canadiennes-françaises de

s'r,

intégrer. Francine regrette un tel état de fait, et s'en, moque avec beaucoup d'acidité!

Le journal semble bien accueilli, s'il faut en croire monsieur Filiatreault. En mars, celui~ci se dit tresheureux que le pays et même

16- Le Canada Artistique, janvier 1890, app. 4

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certaines parties des Etats-Unis aient si bien reçu lé 'Canada Artistique. En effet~ monsieur Filiatreault mentionne~ à sa grande joie~ qu'il est tres heureux de constater que le journal est relativement bien accepté par tous les esprits soucieux de culture. Il veut donc donner la possi-bilité aux futurs et actuels écrivains de presenter des exemples'litté-raires canadiens, pour que ceux-ci ne soient pas bornés à copier

plate-18 ment leurs modèles français.

Encore une fois~ le leitmotiv du journal semble assez précisé et délimité: éveiller et aiguiser le sens culturel des canadiens-français~ permettre aux beaux-arts de s'intégrer à la vie des canadiens-français d'une manière souple et durable~ amener le systeme ,d'éducation à ces réali-tés naturelles si souvent ignorées.

A cet e{{et, des ,la livraison d'avril~ monsieur Napoléon Legen-dre~ dans son article~ "Le chant dans les écoles"~ sfindigne du systeme

19 d'éducation en vigueur qui ne met pas assez l'accent sur la musique.

Il déplore que 'les écoles ne fourmillent pas en musiciens~ ni en cours de musique. Il redit que les canadiens-français sont excellents en musique

et souhaite vraiment que cet art devienne plus populaire.

La livraison d'avril apporte aussi le roman de Ludovic Halévy futur membre de l' Académie {rançaise~ "Un mariage d'amour','.

18- Le Canada Artistique~ mars l890~ app. 5

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Le mois de mai offre de magnifiques pages littéraires d'Arthur Buies.

Sous le titre révélateur de "Hypocondrie municipale", le Cana-da Artistique de juin, grâce à la plume de Léon Famelart, évoque nostalgi-' quement les bonnes années du pays qui était en fête, joyeux et serein. L'auteur souligne que le deuil s'est actuellement emparé de Montréal, à l'exception du parc Sohmer, et qu'il faudrait remédier par de nombreuses distractions offertes au public. Monsieur Fame1art veut donc ressuciter,

20 par les artistes, la joyeu~e vie de Montréal.

Au mois de juin, une discussion se livre entre monsieur Bail-'large, prêtre au collège de Joliette, journaliste à 'l'Etudiant, la Famille,

leCotiVént.et monsieur Fréchette. En effet, monsieur Fréchette dans son "Art à la màison", avait maintes fois parlé d'art en ne différenciant pas suffisamment, selon les dires de monsieur Baillargé, l'art sacré et l'art profane. Monsieur Fréchette rétorque que les deux peuvent facilement s'al-lier selon le contexte. Monsieur Baillargé dans cette livraison, où sa lettre sur l'art sacré et l'art profane sera retransmise, encourage néanmoins

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les lectrices à lire monsieur Fréchette.

Lé Canada Artistique vivait jusque là 1.,1ne existence tranquille. Ses articles etaient surtout ~aits en fonction d'une ligne de pensée cul tu-20- C.A., juin 1890, app. 6

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relIe, artistique. Or, avec le mois d'aoat 1890, une certaine tournure s'opère. Nous remarquons qu'une amorce de coup de barre vient d'être donnée. Cette ré-orientation est très facilement discernable dans l'édi-torial même de monsieur Filiatreault, que nous reproduisons, compte tenu de son importance:

AU PUBLIC

Quelques personnes, nous dit-on, croient que le. CANADA ARTISTIQUE est une publica-tion spécialement musicale.

C'est une erreur que nous tenons à faire cesser.

En fondant le CANADA ARTISTIQUE, nous avons entendu fonder une revue littéraire, artis-tique, musicale. Jusqu'à présent la partie littéraire y a tenu la plus grande place. Il ne pouvait en être autrement dans notre pays, où la.littérature seule a produit et produit des oeuvres remarquables, tandis que les beaux-arts et la musique sont encore en enfance.

Nous avons voulu aussi rendre notre publica-tion tout au moins l'égale des revues qui se publient dans notre province, tant par l'intérêt qU'elle offre que par sa valeur littéraire.

Avons-nous réussi?

Tout nous porte à le croire; le mérite des écrivains qui collaborent au CANADA ARTIS-TIQUE, l'heureux choix des sujets qui y sont traités, le succès qu'il rencontre auprès du public.

Ce succès, dont nous sommes fiers, nous im-pose l'obligation d'améliorer encore notre revue en y donnant place? tout sujet

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d'ac-tualité; à toute question d'un réel intérêt, soit politique, soit sociale.

Nous commençons dans ce numéro.

Deux questions tres importantes: notre sys-teme d'éducation et les asiles d'aliénés dans la Province, sont traités dans des ar-ticles que nous recommandons tout spéciale-ment à nos lecteurs.

En élargissant le cadre de no.tre revue et en y publiant des articles politiques et so-ciaux, nous accomplissons une premiere amé-lioration.

D·'autres suivront bientôt.

22 A. 'PILIATREAULT

Il semble donc qu'avec un certain succes dans ses ventes, 1 ',orientation du journal se précise davantage. Il appert que l'équipe de collaborateurs ait senti le besoin de dépasser leur expérience pre-mièr~pour déboucher sur une forme journalistique plus globale. En fait, dès le mois d'aofit, leCartadaArtistigue préfigurera le journal Canada-. Revue, qui lui sera un véritable journal politique et littéraireCanada-.

En effet, dans ce numéro d'aofit, monsieur P. Dupuy débute une chronique sur l'é~ucation. Cette chronique deviendra une tribune pour demander des'changements et des réformes dans le système d'éduca-tion qui régissait la province.

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Sous le titre non équivoque "Modifions notre enseignement", monsieur Dupuy parle des nouveaux besoins de la société actuelle. Sans vouloir dénigrer le système ancien, il remarque que celui-ci ne peut

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plus répondre aux nécessités de former des hommes ayant des connaissances pratiques et avancées en mécanique, chimie, géographie, économie, politi-que et mathématipoliti-ques.

Monsieur Dupuy estime que pour comprendre le monde du commerce et de l'industrie, les professionnels ne peuvent plus se contenter d'une culture générale. Il opte alors pour cette éducation "pratique et scien-tifique" ci-haut mentionnée.

Tout en rendant hommage aux prêtres pour leurs efforts, i l

souligne fortement que leur enseignement ne mène qu'à former des prêtres, des avocats, des médecins, des notaires, les traditionnelles professions libérales. Or, celles-ci sont de plus en plus encombrées; c'est plut6t vers l';ndustrie et le commerce que les finissants devraient s'orienter.

Monsieur Dupuy rappelle le changement du système d'éducation tel qu'opéré en Europe et aux Etats~Unis. Ce ~ystème qu'on peut appeler la "bifurcation des études", est le suivant: durant les premières années d'éducation, tous les élèves reçoivent les cours classiques. Puis, quand leur choix de carrière et leurs aptitudes leur permettent, ces jeunes 23- Le Canada Artistique, aoOt 1890, app. 7

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