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Compte rendu MIDEO n° 38 - 2022: al-Malaṭī, Muḥammad, Al-Ǧuz’ al-ṯāliṯ min kitāb al-Tanbīh wa l-radd ‘alā aṣḥāb al-ahwā’ wa l-bida‘, Médine, Dār al-Naṣīḥa (et Riyad, al-Nāšir al-mutamayyiz), 2017, 581 pages (Introduction 5-44 ; Texte 46-554 ; Index 557-

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HAL Id: halshs-03177182

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-03177182

Preprint submitted on 25 Mar 2021

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Compte rendu MIDEO n° 38 - 2022: al-Malaṭī,

Muḥammad, Al-Ǧuz’ al-ṯāliṯ min kitāb al-Tanbīh wa

l-radd ‘alā aṣḥāb al-ahwā’ wa l-bida‘, Médine, Dār

al-Naṣīḥa (et Riyad, al-Nāšir al-mutamayyiz), 2017, 581

pages (Introduction 5-44 ; Texte 46-554 ; Index 557-581)

[éditeur : Abū Mālik Aḥmad b. ‘Alī b. al-Muṯannā b.

‘Abd Allāh b. Ṣāliḥ b. Sa‘īd b. ‘Āmir Āl al-Qufaylī]

Volume 3 du livre de l’avertissement et de la réfutation

des hommes de passions et des innovateurs

Farid Bouchiba

To cite this version:

Farid Bouchiba. Compte rendu MIDEO n° 38 - 2022: al-Malaṭī, Muḥammad, Al-Ǧuz’ al-ṯāliṯ min kitāb al-Tanbīh wa l-radd ‘alā aṣḥāb al-ahwā’ wa l-bida‘, Médine, Dār al-Naṣīḥa (et Riyad, al-Nāšir al-mutamayyiz), 2017, 581 pages (Introduction 5-44 ; Texte 46-554 ; Index 557-581) [éditeur : Abū Mālik Aḥmad b. ‘Alī b. al-Muṯannā b. ‘Abd Allāh b. Ṣāliḥ b. Sa‘īd b. ‘Āmir Āl al-Qufaylī] Volume 3 du livre de l’avertissement et de la réfutation des hommes de passions et des innovateurs. 2018. �halshs-03177182�

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Farid Bouchiba

Université Lyon 2 / IREMAM

Compte rendu à paraître dans : MIDÉO n° 38 printemps 2022.

al-Malaṭī (m. 377/988), Muḥammad, Al-Ǧuzʾ al-ṯāliṯ min kitāb al-Tanbīh

wa-l-radd ʿalā aṣḥāb al-ahwāʾ wa-l-bidaʿ, Abū Mālik Aḥmad ibn ʿAlī b. al-Muṯannā

b. ʿAbd Allāh b. Ṣāliḥ b. Saʿīd b. ʿĀmir Āl Qufaylī (éd.), Madīna, Dār al-Naṣīḥa (et Riyad, al-Nāšir al-mutamayyiz), 1439/[2017]. 581 pages

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Compte rendu

al-Malaṭī (m. 377/988), Muḥammad, Al-Ǧuz ʾ al-ṯāliṯ min kitāb al-Tanbīh

wa-l-radd ʿalā aṣḥāb al-ahwā ʾ wa-l-bidaʿ, Abū Mālik Aḥmad ibn ʿAlī b. al-Muṯannā

b. ʿAbd Allāh b. Ṣāliḥ b. Sa īʿ d b. Āʿ mir Āl Qufaylī (éd.), Madīna, Dār al-Naṣīḥa (et Riyad, al-Nāšir al-mutamayyiz), 1439/[2017]. 581 pages

Cette édition arabe du Tanbīh d’al-Malaṭī1 (m. 377/988) est le fruit du travail

d’Abū Mālik al-Riyāšī Aḥmad al-Qufaylī. Dans son introduction, l’éditeur précise que sur les instances de quelques proches, l’auteur fut invité à rééditer

1 Originaire de Malaṭiyya, Abū l-Ḥusayn al-Malaṭī est un célèbre hérésiographe, mais aussi jurisconsulte šāfiʿite,

poète et lecteur du Coran. L’éditeur rapporte qu’il apprit les lectures coraniques auprès d’Ibn Muǧāhid et Ibn al-Anbārī, selon ce qui aurait été rapporté par Ibn al-Ǧazarī (m. 833/1429), sans toutefois indiquer la source de cette information (p. 20 et 21). À ce sujet, cf. al-Subkī, Tāǧ al-Dīn, Ṭabaqāt al-šāfiʿiyya al-kubrā, Le Caire, Dār Haǧar, 1993, III p. 77-78 et Ḏahabī, Taʾrīḫ al-islām wa-wafayāt al-mašāhīr wa-l-aʿlām, VIII p. 344. Il passa la première partie de sa vie dans la Syrie du Nord et en Ǧazīra, puis alla s’installer à Ascalon (Palestine) où il mourut. Dans son Tanbīh, qui a pour objectif de définir la croyance des ahl al-ḥadīṯ, il s’appuie régulièrement sur l’œuvre du ḥanbalite Muḥammad b. ʿUkāša (m. 252/866), que Ḏahabī au contraire critique sévèrement. Voir Laoust, Henri, Les schismes dans l’Islam, Paris, Payot, 1965, p. 174-175 et Laoust, H., « L’hérésiographie musulmane sous les Abbassides », Cahiers de Civilisation médiévale, 1967, p. 157-78.

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cet ouvrage. En vue de cette publication, il s’est appuyé sur le texte établi par les soins de Sven Dedering2 (Bibl. Islamica, IX, Istanbul-Leipzig) en 1936 et que

l’éditeur nomme [ṭā’]. Il précise d’ailleurs qu’il a mis à profit la réédition de l’ouvrage en 2009 rendue possible grâce au financement du Ministère de la culture et de la recherche scientifique allemand et l’Institut allemand d’études orientales sis à Beyrouth (OIB) et distribué par Muʾassasat al-Rayān (Beyrouth). Le second texte qui a servi à établir l’édition critique du Tanbīh est le manuscrit de Damas, le seul connu à ce jour, que l’éditeur intitule [ḫā’]. De la page 39 à 41, l’éditeur présente trois clichés du manuscrit : la couverture où figure le titre, les 2 premiers folios — ensemble — et les 2 derniers folios. Ces photos sont suivies de la description physique du manuscrit, qui se trouve à la bibliothèque al-Ẓāhiriyya de Damas (qism al-ʿaqīda wa-l-tawḥīd n° 59). Les 168 folios comprennent sur chacun d’entre eux entre 18 et 20 lignes en écriture nasḫī. Il semble qu’aucune indication ne soit fournie sur le lieu et la date de copie du manuscrit, ainsi que sur le nom du copiste. En revanche, les noms de certains auditeurs sont mentionnés sur le premier folio, et il apparaît au travers de leurs mentions que cette copie se trouvait à Damas en 414/1023 et 431/1039. Il semble aussi que celle-ci fut recopiée dans cette même ville avant de devenir la propriété d’un savant damasquin, Abū al-Bayān Naba ʾ ibn Muḥammad b. Maḥfūẓ al-Dimašqī, plus connu sous le nom d’al-Ḥawrānī (m. en 551/1156-7), qui la constitua en waqf3.

2 Dans l’introduction de son édition critique du Tanbīh, S. Dedering précise que c’est Louis Massignon qui a

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À la page 8 de son introduction, l’éditeur assure avoir placé à la fin du livre un index des noms des firaq (sectes), mais après vérification, l’ouvrage ne contient qu’un seul index qui est celui des ḥadīṯ-s et āṭār (p. 559 à 571), suivi du sommaire. De la même manière, il suggère dans son introduction qu’il renverra le lecteur pour chacune des firqa-s vers les sources les plus importantes, ce qu’il ne fait que trop rarement. Seuls sont présentées avec quelques développements les notices biographiques des fondateurs des sectes dans les notes infrapaginales, ainsi que l’extraction (taḫrīǧ) et l’authentification (ḥukm) des ḥadīṯ-s et aṯār. Toujours dans son introduction, l’éditeur développe quelques pages d’ordre historique, sans toutefois apporter d’éléments nouveaux sur la naissance des sectes et les divergences (iḫtilāf) qui ont vu le jour au sein de la communauté (umma) musulmane.

Dans la présentation biographique de l’auteur, l’éditeur précise qu’al-Malaṭī s’inscrit dans la lignée des pieux prédécesseurs (« salaka maslak al-salaf al-ṣāliḥ fī kulli ṣaġīra wa-kabīra », p. 9). Il ajoute qu’al-Malaṭī tirerait son origine de la ville de Malṭiyya (actuellement en Turquie) qui est une cité frontière d’al-Ǧazariyya (« min ṯuġūr al-d’al-Ǧazariyya »). Il faut en réalité plutôt lire al-Ǧazīra. Après avoir rappelé que l’auteur est šāfiʿite, il répète à plusieurs reprises (p. 20) que celui-ci est salafī sur le plan dogmatique (« salafī l-muʿtaqad », « yasīru ʿalā

sur la mystique musulmane.

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manhaǧ al-salaf »), ce qui semble conforter l’esprit de notre éditeur. Les pages suivantes sont consacrées à la mention des maîtres d’al-Malaṭī (p. 21) et de ses livres (p. 22), avant de présenter au lecteur quelques informations sur la mort de l’auteur (p. 22). Quant à l’attribution de l’ouvrage à al-Malaṭī (p. 23), l’éditeur précise seulement que le titre est écrit sur le manuscrit et à la fin de celui-ci. Il ajoute aussi qu’al-Ziriklī l’a mentionné dans la notice biographique de l’auteur (al-Aʿlām, V p. 311).

Aux pages 24 et 25, l’éditeur signale que le texte édité constitue seulement la troisième partie du Tanbīh, qui en comprend quatre comme l’auteur le déclare dans l’introduction de cette troisième partie (p. 47 et 65). Selon l’éditeur (p. 65) les parties 1, 2 et 4 du Tanbīh seraient perdus pour la raison que l’auteur en personne l’aurait résumé ou, à défaut, qu’il se fût agi de quelqu’un d’autre. À la lecture du texte, l’éditeur en déduit donc que les parties 1 et 2 devaient probablement contenir des développements sur des groupes religieux non-musulmans. Quant à la quatrième partie, l’éditeur moderne a très certainement raison de ne pas accepter les conclusions de Sven Dedering (premier éditeur du

Tanbīh en 1936), qui considère que celle-ci serait contenue dans cette troisième

partie. Car, il apparaît très clairement aux pages 47 et 65 du texte édité (« wa-ardaftu-hu bi-rābiʿin fī-hi l-ḥiǧāǧ wa-l-dalīl ʿalā l-ḫilāfa », p. 47) que cette partie s’intéresse au califat, qui n’est nullement abordé dans le volume 3, et qu’elle se clôt sur la présentation des Ḥarūriyya.

De la page 26 à la page 30, l’É. dresse la liste des spécificités (15 au total) du

Tanbīh. Parmi celles-là, il rappelle que ce livre est le plus ancien traité

d’hérésiographie rédigé par un sunnite qui nous soit parvenu à ce sujet, après les

Maqālāt al-islāmiyyin d’Abū al-Ḥasan al-Ašʿarī (m. 330/941 et al-Malaṭī m.

377/988). De même, ajoute-t-il, le Tanbīh est précieux puisqu’il contient les avis perdus des schismatiques et plus précisément certains textes que nous trouvons

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déjà dans al-Istiqāma fī al-radd ʿalā ahl al-ahwā ʾ d’Abū  Āṣʿ im Ḫušayš b. Aṣram al-Nasāʾī4 (m. 253/867 en Égypte). Profitons-en pour signaler l’édition et

la publication de cet ouvrage à Alger à l’automne 2020 (Dār nahǧ al-salaf, éditeur ʿAbd al-Maǧīd Ǧumʿa), pour la première fois, à partir d’un unicum.

Selon L’É., seul al-Malaṭī, parmi les hérésiographes, serait salafī. Précisant au sujet d’al-Ašʿarī : « wa in kāna qad raǧaʿa ilā manhaǧ al-salaf fī al-ǧumla lakinna-hu baqiya ʿinda-hu hanāt wa zallāt laysat bi-l-hayyina fī al-uṣūl wa fī bāb al-imān. Wa kaḏā ʿAbd al-Qāhir al-Baġdādī sāra ʿalā maḏhab al-Ašʿarī wa kaḏā al-Šahrastānī wa-l-Isfarāyīnī wa ammā Ibn Ḥazm fa-inna-hu rumiya bi-l-taǧahhum »5 (p. 27). Qui habet aures audiendi, audiat ! Il ajoute que l’intérêt du

Tanbīh réside dans les arguments et les réfutations (rudūd) qu’al-Malaṭī a su

tirer du Coran et de la sunna comme le fit avant lui Aḥmad b. Ḥanbal (m. 241/855), contrairement aux autres hérésiographes, qui répondent avec des arguments procédant de la théologie (ʿilm al-kalām). Au quinzième et dernier point (p. 30), relatif aux spécificités du Tanbīh, il précise que l’auteur est très laudatif envers les salaf-s (« fa-hāḏā al-kalām lā yaṣduru ʿan muʿtazilī wa-lā min ašʿarī »), ce qui semble rassurer notre éditeur.

4 On compte parmi ses maîtres Abū Dāwūd al-Ṭayālisī (m. 203-4/819-20) et parmi ses élèves al- Nasāʾī (m.

303/915) tous deux compilateurs respectivement d’un Musnad et de Sunan.

5 « Même si de façon générale il est revenu à la voie des salaf-s, il subsistait en lui des erreurs importantes tant

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Dans les pages suivantes de l’introduction (p. 31-35), l’É. adresse quinze critiques au Tanbīh : par exemple, al-Malaṭī va jusqu’à nommer Muʿtazila certains Compagnons ayant refusé de prêter allégeance à ʿAlī (« iʿtazalū bayʿat ʿAlī b. Abī Ṭālib »). Or, l’éditeur réfute la pertinence de ce vocable et désapprouve de fait les éloges occasionnels de l’auteur envers les Muʿtazila, allant même jusqu’à supputer que ces prises de position sont très certainement le fait d’un copiste indélicat à qui il reproche parfois aussi d’être en accord avec les Muʿtazila comme dans le cas de la célèbre thèse du fāsiq (« la-hu manzila bayna al-manzilatayn »), où al-Malaṭī va même jusqu’à déclarer qu’il y a iǧmāʿ (consensus) sur cette question (« lā muʾmin wa-lā kāfir »). L’éditeur donne également tort à l’auteur sur le prétendu consensus (iǧmāʿ) au sujet de l’excommunication (takfīr) des Ḫawāriǧ, rappelant la divergence (ḫilāf) existant sur cette question. Il s’oppose à al-Malaṭī selon qui les Azāriqa portent leur nom en référence à ʿAbd Allāh ibn al-Azraq alors que l’ancêtre éponyme serait plutôt Nāfi ʿ ibn al-Azraq ; il en va de même au sujet de al-ʿAmriyya que l’auteur du

Tanbīh rattache à ʿUmar ibn Qatāda alors que c’est plutôt ʿAmr al-Qanā

(disciple de Nāfi ʿ ibn al-Azraq) qui serait le fondateur de ce groupe. Au sujet des Ṣufriyya, l’éditeur fait remonter le mouvement à ʿAbd Allāh ibn Ṣaffār al-Tamīmī ou encore Ziyād ibn al-Aṣfar, alors que, selon al-Malaṭī, le fondateur serait al-Muhallab ibn Abī Ṣufra. Enfin, l’É. reproche à l’auteur de s’appuyer sur des ḥadīṯ-s et aṯār-s faibles et forgés.

Les pages 36 et 37 dressent la liste — assez limitée — des sources utilisées par al-Malaṭī : Coran, traditions, al-Istiqāma fī l-sunna wa-l-radd ʿalā ahl al-bidaʿ

wa-l-ahwā ʾ de Ḫušayš b. Aṣram al-Nasāʾī (m. 253/857), al-Ibāna al-kubrā d’Ibn

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Baṭṭa m. 387/997, Mutašābih al-Qur āʾ n de Muqātil b. Sulaymān al-Balḫī (m. 150/767).

À la page suivante (p. 38), il fait le point sur les éditions critiques — trois au total — qui ont précédé la sienne : la première datant de 1936 due à l’orientaliste allemand Sven Dedering. La deuxième, préparée par les soins du šayḫ Zāhid al-Kawṯarī et publiée en 1949 par al-Maktaba al-azhariyya lil-turāṯ. L’éditeur situe dans le palmarès éditorial l’introduction de Dedering bien plus haut que celle d’« al-ǧahmī al-Kawṯarī », « ḥāmil rāya al-tahaǧǧum fī l-ʿaṣr al-hadīṯ ». La troisième édition, devons-nous le rappeler, n’est pas réellement une édition critique mais plutôt un résumé, intitulé Muḫtaṣar kitāb al-Tanbīh wa-l-radd ʿalā

ahl al-ahwā ʾ wa-l-bidaʿ et dû à Ḥasan Muʿallim Dāwūd Ḥāǧ Muḥammad

al-Ṣūmālī (s.l.n.d.). Il faudrait ajouter à cette liste l’ouvrage de Muḥammad Zaynuhum Muḥammad ʿAzab (Le Caire, Maktaba Madbūlī, 1993), qui n’est pas une édition critique à proprement parler puisque ce dernier mit à profit l’édition de Dedering (1936), ainsi que la réédition de Kawṯarī (Bagdad, Maktabat al-muṯannā, 1968) pour établir son texte, sans mentionner l’apparat critique qui est extrêmement médiocre. Toujours dans le même ordre d’idée, ajoutons, parmi les omissions importantes, l’étude et l’édition critique de Ṣāliḥ al-Daḫīl6 préparées

dans le cadre d’un Master présenté à l’université islamique de Médine (qism al-ʿaqīda) en 1993 et disponible en ligne. Même si elle est moins importante, signalons aussi l’édition de Yamān b. Saʿd al-Dīn al-Mayādīnī, Dammām, Dār al-ramādī li-l-našr, 1994.

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On peut relever que l’É. dans ses notes de bas de pages mentionne très régulièrement les erreurs du manuscrit et indique immédiatement à la suite de celles-ci que les corrections de l’édition allemande sont correctes (voir par exemple p. 52 les notes 1, 3 et 4). À quoi bon donc une nouvelle édition critique ? Il apporte également à profusion des corrections aux traditions mentionnés dans le Tanbīh en s’appuyant sur le texte du Ṣaḥīḥ (p. 52-58). Or, rappelons qu’une édition critique ne saurait avoir pour mot d’ordre la réécriture du texte de base. Il aurait été au contraire plus judicieux de garder les traditions telles qu’elles sont rapportées dans le manuscrit et de reporter en note de bas de page les variantes de ces traditions telles qu’elles apparaissent dans les livres de

ḥadīṯ. Dans l’édition de 1936, S. Dedering, bien que conscient des erreurs

syntaxiques contenues dans le manuscrit du Tanbīh, a pris le parti de ne pas les corriger afin de préserver l’intégrité du texte.

L’É. déploie bien trop d’énergie à l’extraction (taḫrīǧ) des ḥadīṯ-s qui constitue la plupart de ses notes infrapaginales. Disons-le sans ambages, ce déploiement d’énergie paraît à bien des égards disproportionné : à la page 62, il consacre une pleine page de notes à la tradition relative à la division de la communauté en 73 groupes ; les pages 68 à 70 (soit trois pages) sont dédiées à une tradition forgée ; à partir de la page 275 débute une note pléthorique consacrée à un ḥadīṯ mursal laquelle se développe sur près de six pages (275-280) ; deux pages de notes sont réservées à un ḥadiṯ ḍa īʿ f (p. 288-289) ; un peu plus loin dans l’ouvrage, trois pages de notes pour un aṯar ḥasan (p. 372-374). Même lorsque les notes ne sont pas des taḫrīǧāt, l’éditeur ne recule pas devant les longueurs : près de quatre

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pages de note (p.125-128) sur amr bi-l-maʿrūf wa-l-nahy ʿan

munkar (ordonner le bien et interdire le mal) ; cinq pages de notes sur le sabb al-ṣaḥāba (insultes proférées contre les Compagnons) page 253 à 257. On est en

droit de s’interroger sur la pertinence de tous ces éclairages latéraux et se demander si tant de réflecteurs indirects ne finissent pas par noyer le poisson. Dans un très grand nombre de ses notes, le nom d’Ibn Taymiyya revient avec la persistance d’une litanie7. L’É. aurait gagné à consulter les travaux modernes en

langues arabe et occidentale relatifs à l’hérésiographie, à l’instar de ceux de Josef van Ess, qui sont désormais une source incontournable et précieuse sur ce sujet. Là où l’on attendrait de l’éditeur quelques notes explicatives, il fait fi de la difficulté en passant outre. Ainsi, aucune note ne vient expliciter, par exemple, qui sont les Aṣḥāb al-tanāsuḫ (métempsycose) qui appartiennent à la sixième sous-division parmi les Rāfiḍa.

On relève par ailleurs ici et là quelques erreurs de vocalisation : je ne citerai que Naǧadiyya (p. 178) au lieu de Naǧdiyya ou bien encore al-Ṣufariyya (p. 179) à la place de Ṣufriyya, etc. Lorsque l’on rencontre le nom al-Mānawiyya (p. 293), l’éditeur pourrait tout de même rappeler qu’il est mentionné sous la forme simplifiée « Mānaniyya » dans la littérature hérésiographique. Enfin, quand Malaṭī consacre un chapitre au « Mutašābih al-Qurʾān » (p. 185-203), il eût été tout de même plus approprié de signaler en note de bas de page des ouvrages et travaux bien précis sur ce sujet (les versets équivoques du Coran), plutôt que de

7 La première de ces occurrences se trouve à la page 13 (note 2), suivie de nombreuses autres références : p. 17 (division des sectateurs en plusieurs groupes), 122 (ṣifāt), 145 (enfants dans l’Au-delà), 158 (maǧāz), 169 (croyant qui pêche), 174 (takfīr), 183 (kufr), etc.

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feindre le renseignement en ornant ses notes de citations puisées chez Ibn al-Aṯīr ou encore Ibn Taymiyya (bis repetita placent).

Toute ironie mise de côté, l’ouvrage dont la qualité matérielle montre un grand savoir-faire semble néanmoins être le triomphe de l’énergie perdue. Hormis les efforts de vocalisation déployés par l’éditeur et qui sont les seuls apports utiles du livre, il est vraiment très difficile à l’objectivité critique de recenser les points positifs de cette édition, laquelle, tant d’un point de vue paléographique que philologique, est pour paraphraser Flaubert « aussi plate qu’un trottoir ». L’éditeur aurait vraiment gagné à présenter un manuscrit inédit, ce qui nous aurait au moins permis de disposer d’un texte nouveau, quand bien même il eût été présenté avec la même impéritie méthodologique que celle qui fut à l’origine de ce Tanbīh nouvellement sorti des langes de la presse. Dans un passage de sa

Correspondance, le prosateur latin de l’époque impériale Pline le jeune dit qu’il

faut fuir à tout prix (abhorrere) la lecture d’un mauvais livre ; en désespoir de cause, c’est toujours ce qu’il restera à faire concernant cette occasion ratée… On pourra donc toujours se consoler en se rabattant sur les éditions les plus anciennes, je veux dire celle, incontournable, de Dedering (1936, puis 2009) ou bien celle de Kawṯarī (1949, puis 1968).

Farid Bouchiba Université Lyon 2 / IREMAM

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