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Adaptation de l’engagement coopératif aux perspectives
économiques du secteur laitier : cas de l’Ouest de la
France
Sabine Duvaleix-Treguer
To cite this version:
Sabine Duvaleix-Treguer. Adaptation de l’engagement coopératif aux perspectives économiques du secteur laitier : cas de l’Ouest de la France. Economies et finances. Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Rennes, 2004. Français. �tel-02831314�
Ecolp lrlarroxelp
supÉRTEURE
AcRoNoMieuE
op
RnruNps
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DocrpuR
DE
l'Écolp
NeuoNalp
SupÉRTEURE
AcnoxoMreuE op
RpNNps
Discipline
t
Éconornie
d,el,Agriculture et
d,es Ressources
présentée et soutenue publiquement par
Sabine
DUVALEIX
tnÉCUpn
le
16janvier
2004AoepreuoN
DE
L'ENGAGEMENT coopÉRATTF
AUX
PERSPECTIVES ECONOMIQUES
DU
SECTEUR
LAITIER:
CAS
DE
L,OUEST DE
LA
FRANCE
M. M. M. M. M. Gilles PACHÉ Jean CORDIER Vincent
HOVELAQUE
RenéMAUGET
Louis-Georges SOLERProfesseur à I'Université d'Aix-Marseille
II
Président
Professeur à
I'ENSAR/INSFA
Directeur de thèse
Maître de conférences à
I'ENSAR/INSFA
Directeur de thèse associé
Professeur à I'ESSEC Rapporteur
Directeur de recherche à
I'INRA
Rapporteur
Professeur à la Pennsylvania State University Chef du service
Lait
àla
CCAOFM.
RobertD. WEAVER
Mme
Isabelle LESAGEThèse préparée au se'in du Laborato'ire de Gesti,on en partenariat auec la
Confédérati,on des Coopératiues Agricoles de l'ouest d,e Ia Flrance d,ans Ie cadre
d'une conu enti,on C IFRE
Le blanc sonne coTrLn'Le un s'ilence qui, subi,ternent pourra,it être compris.
C'est
un
< rient
plei,n de joie juuéni,le ou, pour m'ieur d,,ire,un
< r,ient
auanttout
commencement.Wassili Kandinski
A
monmari,
LoïcRemerciements
Je tiens
tout
d'abord à exprimer ma gratitude à Jeancordier
qui a suivi mon parcours depuis mon Masterof
Sci,ence auxÉtuts-urris.
Je le remercied'avoir soutenu mon
projet
de thèse et d'avoir contribué, avec Isabelle Lesage,à
le rendre réalisable. Jele
remercie égalementpour
I'encad.rement de mestravaux de thèse et pour sa disponibilité.
Je souhaite ensuite remercier
vincent
Hovelaqued'avoir
co-dirigé mestravaux de thèse
et
dem'avoir
fait
découvrir le champ du, supply chai,nma-nagement.
Je remercie Isabelle Lesage pour ses conseils, son aide
et
sa disponibilitépendant ma thèse.
Je remercie également René Mauget
et
Louis-Georges Solerd'avoir
ac-cepté
d'être rapporteurs de ma
thèse, Gilles pachéet
Robert weaver
departiciper
à monjury
de thèse.Cette thèse
n'aurait
sans doute pas vu lejour
sans Messieurs DenisFinot
et
Jean-FlançoisAndro,
responsables dans une coopérative laitière,qui
ontété intéressés par mon mémoire de Master
of
Sci,ence et qui ont jugépeitinent
de poursuivre ce travail avec les coopératives laitières de I'ouest de la Flance. Je remercie I'ensemble des coopératives laitières de I'ouest dela
Flancequi
dansle
cadre dela
Confédération des coopératives agricoles de l'ouestde
la
Franceont
contribué au financement de montravail
de thèse(conven-tion
CIFRE).
Je remercie également Monsieurpierre
Thivend, directeur deI'Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Rennes
pouï
les moyens mis àma disposition pendant mes années de thèse.
Je remercie les membres de mon comité de pilotage, Messieurs Joachim
tolard,
JoëlAdam,
Raymond Breton,pierre
Demerlé,Gilbert
Kéromnès, Jo Lancien, Christophe Levavasseur et Didier Loiseau, d'avoir régulièrementsuivi
mes travauxet
d'avoir facilité
ma recherched'information
sur les co-opératives laitières.Je remercie les professionnels des coopératives laitières d'avoir accepté de
répondre à mes questions sur leur entreprise, en particulier Messieurs Charles
Bergot,
Guy
corre, Patrick Gautron, claude
Granjon, Gérard Gros,Alain
Grouhan,
Jean-PierreLotton,
Louis
Martin,
JacquesMénétrier,
ChristianQuiennec,
christian
Savoye, Raymond soubigou et MadameÉ[att"
Gravey. Je remercie plus particulièrement Messieurs Patrick Gautron et ChristianSa-voye de leur soutien dans Ia dernière étape de mon travail de thèse concernant l'accès à certaines données de
leur
coopérative. Je remercie également Mes-sieurs Gérard Calbrix (chef du service économied'ATLA),
Fyédéric Chausson(CNIEL) et
MadameChantal
Chomel(CFCA) pour
leurs renseignements complémentaires sur les marchéslaitiers
et lestatut juridique
descoopéra-tives agricoles.
Enfin,
je
remercie les personnes quim'ont
aidé ponctuellement dans mestravaux de thèse et qui ont contribué à rendre mes années de thèse agréables.
Je remercie Gérard Brulé, de
I'ENSAR,
de m'avoir familiarisé avecla
tech-nologielaitière.
Je remercie RogerLe
Guenet
CatherineHérault,
de I'ESAd'Angers,
pour
leurs conseils méthodologiquessur
la
préparation
des en-quêtes.Merci
à Martial
PhélippéGuinvarc'h pour
ses conseils.Merci
à
Carole Roparset
àcathie
Laroche-Dupraz d'avoir relu une partie de ma thèse.Je
remercie égalementLoïc, mon mari,
Nicole,ma
mèreet
Guillaume,mon frère, de leur continuel soutien. Merci égaiement à Laurent, mon père.
Merci à Valérie pour son soutien généreux dans les derniers moments de ma
thèse.
Table
des matières
fntroduction
contexte
socio-économique
descoopératives
agricoles
Contexte économique des coopératives agricolesÉvolution du
contexte éàonomique agricole européen .Modification
des attentes des consommateurs .Conséquences de l'évolution du contexte économique Contexte social des coopératives
agricoles.
.
.
.
.Problématique
et
objectifs
Plan de la
thèse
Partie
I:
L'engagement coopératifPartie
II:
Développements théoriques sur les contratsPartie
III:
Modèle conceptuel coopératifPartie
IV:
Application
aux coopératives laitièresI
L'engagement
coopératif
1
Débat
théorique
sur
les coopératives
1.1
Deux conceptions de la coopérative1.1.1
La
coopérative comme formed'intégration
verticareI.7.2
La
coopérative comme entrepriser'2
Lestrois
dimensions de larelation
< coopérative-
adhérents >7.2.7
La
relation de gouvernance .7.2.2
La
relation d'investissementL.2.3
La
relation de transaction1.3
Conclusion2
L'engagement coopératif
français
2.L
Lestatut
coopératif français1 2 2 2 4 5 6 8 10 10 11 11 1.2
L4
16 77 17 19 22 22 24 26 27 29 30 tv2.L.L
Éléments dustatut
coopératif français2.7.2
Discussion sur I'engagement coopératif français2.2
Versun
nouvel engagement coopératif français2.2.1
Éléments potentiels devariation
de I'engagementco-opératif
2.2.2
Approche conceptuelle d'un nouvel engagementcoopé-ratif
2,3
Conclusion2
Analyse
des
contrats
2.L
Amélioration
de la coordination de la filière2.L.L
Contrats sur lesprix
2.1.2
Révélation de I'information2.2
Contrats de gestion des risques2.2.L
Les contrats de gestion du risque quantité2.2.2
Les contrats de gestion du risqueprix
2.3
ConclusionIII
Modèle
conceptuel
coopératif
1
Modèle
d'optimisation
1.1
Modèle du marchand de journauxD.\ ùz 33 34 34 36 39
II
Développements théoriques
sur
les
contrats
4L
l-
Concepts
théoriques sur
les
contrats
1.1
Les raisons de la coordination verticale1.1.1
Réaliser des économies d'échelle1,.L2
Réduire les coûts de transaction1.1.3
Diminuer les effets liés aux imperfections du marchéL.L4
Coordonner les objectifs des deuxparties
.L2
Les risques de Ia contractualisationL.z.L
Les risques er-ante: sélection adverseL.2.2
Les risques er-postL2.3
Incomplétude des contratsi.3
Les caractéristiques des contrats1.3.1
Contrats long-terme et contrats court-termeL.3.2
Contrats implicites et contrats explicitesI.4
Conclusion 42 42 42 43 43 44 45 45 46 47 48 48 48 48 50 50 50 51 53 53 55 5759
60 611.1.1
Le modèle simple du marchand dejournaux
1.L.2
Le
modèledu
marchand dejournaux
avec plusieursproduits et sous contrainte
L.2
Adaptation
du modèle du marchand dejournaux
à notre mo-dèle conceptuel coopératif1.2.1
Le
valeur
partagée selonle
modèledu
marchand de journaux1.2.2
Effets dela
contrainte d'obligation d,achat dela
ma-tière première agricole
1.3
Le modèle coopératif appliqué au secteurlaitier
L4
Extension du modèle conceptuel coopératif61 62 63 b5 66 67 70
2
Modèle coopératif
multi-temporel
2.7
La modélisation desprix
aléatoires2.2
Lesattributs
de contrats entre coopérativeet
adhérents2.2.1
Lecontrat
coopératif de base2.2.2
Les contrats < qualité)
2.2.3
Les contrats < prix ))2.3
Critères d'évaluation des stratégies2.3.L
Leprix
moyen espéré2.3.2
Value-at-Risk2.3.3
Ratio de Sharpe2.3.4
Dominance stochastique de premier degré2.4
ConclusionIV
Application
aux
coopératives laitières
1-
Le marché
laitier
g21.1
Les marchés des produitslaitiers
. .
. .
.
g21,1.1
La dynamique des marchés mondiaux des produitslai-tiers
g3L.7.2
La dynamique des marchés européens des produitslaitiers
8b1.1.3
La dynamique des marchés français desproduits
laitiers
g6L.1.4
Le grand-ouestlaitier
français
gg7.2
La
conjoncturelaitière
ggL.2.L
Les négociations dans le cadre de I'OrganisationMon-diale
du
Commerce
gg1.2.2
L'organisation commune de marché desproduits
laitiers
89L.2.3
L'élargissement de I'Union européenne aux pays d,Eu-rope centrale et orientale.
g073 73 75 75 76 76 77 77 77 78 79 80
81
vtL.2.4
L'accord interprofessionnellaitier
français1.3
Positionnement des coopératives laitières1.3.1
Panorama des coopératives laitièresI.3.2
Stratégies des coopératives sur l'aval7,4
Conclusion2
Attentes
des
producteurs
de
lait
982.I
Une préoccupation dominante: Ie maintien du revenu despro-ducteurs de
lait
992.I.1
La recherche d'une baisse des coûts deproduction
.
992.7.2
Unerupture
avec les marchésd'aval
. .
.
1002.7.3
Un intérêt limité
pour intégrer des démarches < qualité ir 1002.2
Des attentes hétérogènes des producteurs delait
. . .
.
L022.2.L
Une typologie desproducteurs
.
.
I02
2.2.2
Les grandes différences dansla
perception deleur
en-trepriselaitière
..105
2.3
Conclusion
...107
91 93 93 93 973
Application du
modèle conceptuel
3.1
Caractéristiques des coopératives laitières3.2
Caractéristiques de I'environnement économique3.2.I
Caractérisation de la situation existante3.2.2
Un
nouvel environnement économique .3.3
Larelation
< coopérative-
adhérents >3.3.1
Contrat
< Qualité ))3.3.2
Contrats
< Prix D 1.09 109 111 111 TT4 777 TT7 1L7 1183.4
Application
du modèle conceptuel à la coopérative laitière4 Résultats
L2L
4.L
Évaluation descritères
.
.
I22
4,I.t Value-at-Risk
..,I22
4.L2
Ratio
deSharpe
.
.
I23
4.2
Comparaison des types de coopérativeslaitières
. . .
.
1234.2.L
Différences entre les coopérativesétudiées
.
.
.
I24
4.2.2
Différences entre lesscenarii
.
.
.
L254.2.3
Différences entre lesenvironnements
.
.
L264.3
Comparaison des contratsindividualisés
.
.
.
.
7274.3.I
Les contrats < qualité))
.
.
.
I274.3.2
Lescontrats<prix)
...I29
4.3.3
Les contrats < qualité)
versus lescontrats
<prix
l
.
1304.3.5
Positionnement des coopératives4.4
Conclusion .Conclusion
Bibliographie
Index
A
Démonstration de la concavité du
profit
Ez.4.1
Première condition du premierordre
W
4.2
Deuxième condition du premierordre
W
4.3
Vérification
des conditions du secondor"dll
.B
Graphiques
de
variations du
prix
moyen
Table
des
figures
Liste
des
tableaux
138 140
L43
L45
156 L57 157 161 163 1_65L72
t74
vllr
Introduction
Contexte
socio-économique
des
coopératives
agricoles
Les coopératives agricoles évoluent
aujourd'hui
dansun
contexteéco-nomique instable dans lequel les pressions vers une économie libérale
s'ac-croissent.
L'incertitude
demeure surI'impact
des accords signés dans le cadre deI'organisation
mondiale du commerce(oMC)
et sur les conséquences d'unélargissement
de
I'Union
européenne(UE)
aux
paysd'Europe
centrale etorientale (PECOs). D'autres facteurs interviennent également. Les valeurs
de la société se modifient et deviennent plus individualistes, ce qui rend plus
difficile Ia mise en place d'actions coliectives. De plus, les coopératives
s'in-sèrent dans un environnement d'entreprises agricoles de plus en plus concen-trées. Les exploitations s'agrandissent, leur nombre diminue et le
comporte-ment des chefs d'exploitation évolue, ce
qui
rend le sociétariat descoopéra-tives hétérogène. Nous expliquons
tout
d'abord les principales évolutions del'environnement économique des coopératives. Ensuite nous commentons 1es
changements du contexte social des coopératives.
Contexte
économique
des
coopératives
agricoles
Évolution du
contexte économique agricole européen
Depuis quelques années,
I'union
européennesubit
des pressions de plusen plus fortes
pour
diminuer le soutiendu
revenu des agriculteurspar
I'in-termédiaire des
prix
des produits agricoles.En
19g4, elle signe les accords deMarrakech. EIle s'est engagée à diminuer Ies exportations subventionnées des
produits
agricoles. Par exemple, lesrestitutions
à I'exportation des produitsIaitiers
ont
dû baisser de 2L % en volume et de 36 % en valeur sur la période1994-2000.
L'UE
se prépare également aux futures négociations dans le cadrede
I'OMC,
Elle a accepté I'article 20 des accords de Marrakech qui prévoit laréduction progressive du soutien et de la protection de l'agricuiture. Cela
en-traîne
un
changement de la politique agricole européenne vers une économiemoins encadrée.
La nouvelle
politique
agricole
commune
L'accord du Luxembourg, signé en
juin
2003, fixe le nouveau cadre de Iaréforme de
la politique
agricole commune (PAC). Quatre éléments clés com-posent cettepolitique
(Commission Européenne, 2003).Tout d'abord,
Ia nouvelle PAC instaureun
régime de paiement unique auxagriculteurs, soumis
aux
conditionsdu
respect des normesenvironnemen-tales, de
la
santé des animauxet
des planteset du
bien-être des animaux(principe d'écoconditionnalité). Ces aides sont essentiellement des aides
dé-couplées de
la
production agricole. AvecI'instauration
de ce régime, I'Unioneuropéenne s'engage clairement dans un
retrait
du soutien agricole. Elle veut (Commission Européenne, 2003) :<permettre aur agriculteurs de s'orienter dauantage uers le marché
et d'erercer leurs talents d'entrepreneur. ))
Ce nouveau
volet
dela
PAC
a
deux objectifsprincipaux. Le
premier viseà
répondreaux
pressions internationalessur
la
libéralisation
des échangesdans
le
cadre des négociations deI'OMC.
Le
deuxièmeobjectif
est destinéaux consommateurs en donnant une place centrale
à
I'environnement, à lasécurité alimentaire
et
au bien-être des animaux.La nouvelle PAC renforce également la politique sur Ie développement rural.
Ce volet vise non seulement à satisfaire les consommateurs (bien-être animal, respect des normes) mais également à encourager les
initiatives
versla
pro-duction de
produits
de qualité.Enfin,
I'UE
affirme sa volonté de discipline budgétaire. Les aides serontmo-dulées, i. e. elles seront plafonnées en fonction de
la taille
des exploitationsafin de financer Ia
politique
de développement rural.Cette réforme de
la
PAC instaure de profondes modifications enagricul-ture, les agriculteurs ne sont plus au centre du dispositif.
Il
s'agit aujourd'huide répondre aux exigences du consommateur
et
de favoriser les échangesin-ternationaux, d'une
part
en stabilisant Ie budget de cette politique, et d'autrepart
enla
rendant plus transparente.Élargissement
de
I'Union
européenne
aux
pays
d'Europe
centrale
et orientale
L'élargissement
de
I'UE
va
égalementmodifier
I'environnementécono-mique européen. La Commission européenne (2002) montre qu'en adhérant à
I'UE, les PECOs amélioreraient, pour la plupart, le revenu de ieurs habitants'
produits agricoles.
En
revanche, I'adhésion des PECOs accentuerait lesten-dances déjà observées. Par exemple dans le secteur
laitier,
Ies PECOss'orien-teraient à terme vers des productions à plus forte valeur ajoutée. cependant
dans
Ia
phase detransition, ils
fabriqueraientd,abord
desproduits
indus-triels
tels quele
beurreet
la
poudre delait
écrémé augmentant les surpius déjà existants au sein deI'UE.
Cet effet serait accentué si la restructurationdes entreprises laitières
était
moins importante que celle présagée. Un autrefacteur
important
sur le marché des produitslaitiers
est le niveau de quotasattribués aux PECOs.
La
référence accordée aura une incidence sur leprix
moyen du
lait
dansI'UE;
plus le niveau sera élevé, plus leprix
moyen dulait
diminuera (Commission Européenne, 2002).
Modification
des
attentes
des
consommateurs
Conjointement
à
ce nouvel environnement économique, lestransforma-teurs des pays industrialisés voient apparaître des risques liés à une
modifi-cation des goûts des consommateurs. Le débat sur l'innovation en agriculture (organismes génétiquement modifiés par exemple)
et
les crises sanitaires ré-centesont
révéléla
distance techniqueet
moralequi
sépare aujourd'hui lesconsommateurs des agriculteurs. Les agriculteurs, orientés depuis des années
par
des signaux depolitique
publique,ont privilégié
I'aspectquantitatif
deproduction dans un esprit séculaire d'agriculture <nourricièreii. Les attentes
de la société évoluaient cependant dans le même temps vers des aspects plus
qualitatifs. Les exigences alimentaires des consommateurs se sont ainsi
mul-tipliées,
tant
sur le plan
dela
qualitédu
produit
agricole que sur celui duprocessus de production
et
de transformation (Hervieu,lggg).
Lestransfor-mateurs se sont donc lancés dans une course à I'innovation, intégrant de
nou-velles valeurs telles que Ie
plaisir,
Ia santéet I'authenticité (Onitait,
2001).Hobbs
et
Young (1999)notent
que lesproduits
agricoles deviennentdifié-renciés
et
que les goûts des consommateurs semodifient,
augmentant alorsles risques
le long
des filières agricoles. Selon les auteurs, ceci expliqueraitI'apparition de formes plus ou moins avancées de coordination verticale. Les
transformateurs cherchent par ce moyen à faire circuler plus efficacement
I'in-formation et à contrôler le processus de production.
Conséquences
de l'évolution
du
contexte
économique
sur
les coopératives agricoles
Les coopératives représentent une forme de coordination
verticale.
Les agriculteurs, adhérents d'une coopérative, se regroupent pour bénéficier d'une mise en commun de ressources financières dans lebut
de commercialiser leursproduits. Les coopératives prolongent
I'activité
de productionaux
activitésd'approvisionnement, de collecte, de transformation et de commercialisation. Elles offrent à leurs adhérents un accès au marché et un pouvoir de
négocia-tion.
Une étude
américainemet
en
évidence les problèmesmajeurs
desco-opératives agricoles
aujourd'hui.
Le
faible
prix
des matières premières dûà
unesurproduction
et à
desimportations
à
basprix,
l'économie agricole ou encore I'augmentation des coûts ressortent comme les problèmes majeurs auxquels les coopératives américaines doivent faire face(Gray
et
Kraenzle, 2002). Selon les directeurs interrogés dans cette étude, Ia chutedu
nombred'exploitations et de la surface agricole exploitée ainsi que I'augmentation du
nombre de très grandes exploitations constituent Ieurs
principaux
soucis. Siles agriculteurs ne survivent pas aux changements de i'environnement
écono-mique, les coopératives disparaîtront également. De pius, Ie nombre croissant de grandes exploitations a des répercussions fortes sur les coopératives. Ces
exploitations vendent directement aux industriels
et
elles seretirent
desco-opératives, ce qui augmente I'intensité de la concurrence sur les coopératives
(Gray
et
Kraenzle, 2002). Cette étude américaine montreI'imbrication
dudevenir des agriculteurs
et
de celui des coopératives. Larestructuration
desexploitations agricoles a des conséquences
sur
les coopératives,qui
doiventdévelopper des services afin
d'attirer
les grandes exploitations.Les coopératives devront
par
conséquent s'adapterà
ce nouvel environ-nement concurrentiel en étant réactives et en anticipant les évolutions. Elles doivent également proposer aux agriculteurs adhérents des services marketingde gestion de
leur
revenu (contrats de gestion des risquesprix et
quantité,programme d'assurance,
etc.). Si, à
I'origine, les coopératives agricoles ontaccompagné
le
développement dela
production, aujourd'hui,
ellesvont
de-voir
accompagner Ies exploitations agricoles versun
nouvel environnement économique plus concurrentiel, moins soutenu et plus exigeant surla
qualitéContexte
social
des coopératives agricoles
Les adhérents des coopératives agricoles sont de plus en plus hétérogènes, au niveau de Iataille
des exploitations, des techniques et des pratiques adop-tées mais aussi de leur formationet
de leur approche culturelle del'activité
agricole. Leurs objectifs sont de plus en plus individualisés, cequi
renddif-ficile les actions collectives. Cependant, Ie
retrait
des pouvoirs publics sur lesoutien de
I'agriculture
donnera vraisemblablement de nouvellesopportuni-tés aux coopératives (F\rlton,
lggb).
F\rlton(1ggg)
explique ainsi comment l'engagement coopératif etI'implication
des adhérents dans leur coopérativejouent un rôle important dans ia stabilité de la coopérative.
Il
met I'accent surI'idéologie coopérative, qui initialement était la principale source de cohésion dans les coopératives, mais
qui aujourd'hui
ne rassemble plus les adhérentsautour
d'un projet
coopératif. Par conséquent, les coopératives doiventtrou-ver d'autres
attraits
afin
de renforcer I'engagement coopératifet
de ne pasattirer
uniquement des producteurs inefficaces (Karantiniset
zago,2001). Hansenet al.
(2002) s'intéressent à I'effet dela
confiance surla
cohésiondu
groupeet
sur
la
satisfaction des objectifs économiques des adhérents.Les auteurs examinent
la
confianceparmi
les adhérents puis celle entre lesadhérents
et
I'équipe dedirection.
Ils
identifient
deuxtypes de
confiance.La
confiance cognitive est de nature objective, fondéesur un
raisonnementrationnel.
La
confiance affective est de nature subjective; elle repose sur lesémotions, Ies sentiments
et
I'humeur
des personnes.Leur
étude,bien
quenon généralisable,
met
en évidence deux facteursimportants
concernant laconfiance : la complexité des services offerts par la coopérative et la dispersion géographique des adhérents.
Ils font
I'hypothèse que Ia confiance affective se développera plus facilement dans des coopératives qui proposent des services peu complexes et dont les adhérents sont regroupés géographiquement. Dans les coopératives dont la zone géographique est très étendue et qui offrent desservices complexes, la confiance cognitive devrait être dominante.
Même
non
généralisable, cette étude met en lumière certains problèmes actuels des coopératives. Historiquement, les coopératives ont été formées parun groupe de personnes
autour
d'un
projet
commun. Les relations devaientêtre essentiellement basées sur
la
confiance affective.Il
est souventfait
réfé-rence
à
une idéologie coopérative.Aujourd'hui,
les coopératives agricoles se sont concentrées afin d'exploiter des économies d'échelleet
de s'adapter aux marchés concurrentiels. Les adhérents sontpar
conséquent de plus en plus dispersés géographiquement.Et
les aspirations de chacun se sont éloignées les unes des autres. La confiance ïepose donc essentiellement sur des objectifs économiques rationnels.Pour
faire face à I'hétérogénéité des adhérentset
àleur
désengagement, 6Ies coopératives
ont
plusieurs stratégies.La
première estd'offrir
des traite-ments différenciés selon le volume (Vercammen etal.,
1996) afind'attirer
lesproducteurs des grandes exploitations. La seconde stratégie est de développer
des produits à forte valeur ajoutée pour se différencier des autres entreprises.
Ceci peut être
illustré
par le développement des coopératives dites de <nou-velle génération
l.
Ces coopératives sont impliquées dans des marchés deniche. Leurs caractéristiques propres rompent avec
Ia
conception tradition-nelle dela
coopérative: I'adhésion estlimitée
et
le capital
des producteursest lié aux droits de livraison (Harris et al., 1996). Une troisième alternative
correspond à
i'innovation et
aux développement des programmes et des ser-vices marketing afin de satisfaire les besoins des adhérents (Reynolds, 1997).Par exemple,
pour
faire face àla volatilité
desprix,
Ies coopératives améri-caines proposent des stratégies de gestiondu
risque. Elles permettent ainsi de sécuriser une partie du revenu des adhérents (Harrison et al., 1996; Cropp, 1997; Kinseret
Cropp, 1998; Duvaleix, 2000).L'analyse
du traitement
différencié des adhérentspar
la
coopérative estl'élément central de cette thèse.
La
thèsedoit
en effet révéler les situationsdans iesquelles les coopératives peuvent ou non proposer
un
traitementdif-férencié. Elle
doit
par
conséquent guiderla
coopérative simultanément dans une stratégie optimale de marché d'aval et de relation avec ses adhérents.Problématique
et
objectifs
Actuellement en Flance, la relation entre
la
coopérative et ses adhérentsest identique pour tous. Elle est fondée sur le principe de l'égalité. Cette
rela-tion porte sur un engagement d'apport de toute ou partie de la production de
chaque adhérent. Le
prix
payé est unprix
moyen sur I'année dans le secteurdes productions végétales. Dans le secteur
laitier,
leprix
de base est régionalet I'interprofession
laitière
décide des variationsdu
prix
au niveau national.Ensuite selon Ia
situation
propre de chaque coopérative,un
complément deprix
est distribué aux producteurs. Ces situations diverses ont en commun larecherche d'une mise en oeuvre du principe égalitaire. Cependant, l,hétérogé-néité des adhérents remet en cause ce principe.
Du
fait
d'un
bouleversementde I'environnement socio-économique des coopératives agricoles, nous
pou-vons nous interroger
sur
la
pertinence d'une forme unique decontrat
pour tous les adhérents d'une coopérative. Une réflexion est engagée afin d,Àffrirune rémunération plus équitable qui
permettrait
non seulement d.'assurer unpaiement identique toutes choses égales par ailleurs mais aussi d'intégrer les
perspectives de valorisation des produits livrés (Commission Gauthier, 1gg4).
Cette thèse
poursuit
cette réflexion. La question est de savoirs'il
est pos-sible de faire évoluer le lien entre la coopérative et ses adhérents pour intégrer I'exigence du marché d'aval, la compétitivité des coopératives et les attentesdes agriculteurs adhérents. La problématique de thèse s'énonce ainsi:
Les
coopératives laitières peuvent-elres satisfaire
un
groupe
di-versifié d'adhérents
par
une
diversité de
contrats
tout
en
mainte-nant
les
valeurs coopératives?
La
question fondamentale posée est de savoirsi
I'engagement coopératifpeut être une combinaison de contrats individualisés explicites.
Est-il
écono-miquement possible de faire
vivre
dans une coopérative cette combinaison, dans quelle mesureet
dans quelles circonstances?Ce
travail
de thèsea un
doubleobjectif.
Il
doit
permettred'étudier
de nouvelles formes de I'engagement coopératif dansun
environnement socio-économique en évolution. Ensuite,un outil doit
êtremis à
disposition des coopératives laitières de I'ouest dela
Flance afin d'étudier, pour chaque co-opérative les nouvelles formes de l'engagement coopératif. Cettefinalité
estparticulièrement
importante
dansle
développement de cetravail
de thèsepuisque celle-ci est développée dans Ie cadre d'une convention
CIFRE
avecIes coopératives laitières de l'ouest de Ia FYance. Ce travail sur les coopératives agricoles est
original
parcequ'il
conjugue deux approches complémentaires: une approche économique et une approche de gestion deflux
de produits.Plan
de
la
thèse
L'évolution économique et sociale nécessite une performance permanente
des coopératives. Cette performance se joue particulièrement dans la relation
entre
la
coopérativeet
ses adhérents. Dansla
premièrepartie,
nousexami-nons I'engagement coopératif, Dans
la
secondepartie,
nous expliquons lesdéveloppements théoriques sur les contrats. Dans la troisième, nous dévelop-pons le modèle conceptuel coopératif. Enfin nous appliquons ce modèle aux coopératives laitières.
Partie
I:
L'engagement
coopératif
La
définition de
I'objectif
économique deIa
coopérativeest
complexe, commele
montre unelittérature
riche présentée dansle
premier chapitre.Nous savons que
la
coopérative existe dansI'intérêt
de ses adhérents maisqu'elle
a
aussi des contraintes entant
qu'entreprise de transformation pourpoursuivre son développement. Les travaux théoriques récents se sont
inté-ressés à une modification de
la
structure organisationnelle des coopérativespour leur donner les moyens de s'adapter aux évolutions de I'environnement
social et économique.
En
Flance, i'engagement coopératiffait I'objet
d'une
constructionjuri-dique
qui
défrnit les règles concernant Ia structure des coopératives agricoles(chapitre
2). Le
statut juridique
précise notammentla
nature
des associéscoopérateurs,
la
duréedu
contrat,
les conditionsd'apport
des adhérents et celles de Iadistribution
des excédents de I'exercice annuel des coopératives.Cette
construction formellen'est
cependant pasun frein à
une
évolutionde I'engagement coopératif. Hormis
la
rémunération desparts
sociales, Ies autres éléments de variation de I'engagement coopératif sont adaptables auxconditions économiques mais aussi
aux
évolutions des entreprises agricoleset
aux
attentes des agriculteurs.L'objet
de cette thèsen'est
pas depïopo-ser
un
nouveaustatut juridique
des coopératives agricoles mais d'étudier, àI'intérieur
de ce cadrejuridique,
comment les coopératives peuvent innoversur
la relation
< coopérative-adhérentsl.
Nous rendons lecontrat
coopératifexplicite en autorisant plusieurs modalités sur les clauses du
contrat
(volumede production, qualité, rémunération du
produit
et durée).Partie
II
:
Développements
théoriques
sur
les
contrats
La
notion
decontrat
est centrale dans I'analyse dela
relation
entre lesadhérents et leur coopérative. Dans le premier chapitre de cette partie, nous examinons les concepts théoriques sur les contrats. Les contrats constituent des arrangements intermédiaires de coordination entre
l'intégration
verticaleet le
marché. Les raisons dela
coordination verticale sont variées: ce sont les économies d'échelle, Ia réduction des coûts de transaction,la
gestion desimperfections du marché telles que I'incertitude et l'asymétrie d'information ou encore
le
gainmutuel
associéà
une coordination des objectifs des deux entreprises. Pour autant, les contrats ne sont pas sans risque. Leurconstruc-tion doit
prendre en compte les risques de sélection adverse, les risques d'aléamoral, d'expropriation ou encore
leur
incomplétude. De nombreux courantsthéoriques
(droit,
économie, supply cha'in management)utilisent
les contrats comme clef de voûte de leur raisonnement. Les raisonset
Ies risques décrits précédemment sont partagés entre les différentes approches. Cependant ces thématiques sont abordées différemment. Une interconnection des disciplinesconduirait à un enrichissement mutuel des apports théoriques.
Dans Ie second chapitre, les contrats sont analysés théoriquement. D'une
part,
certains améiiorentla
coordination de la filière comme les contrats surle
prix
et
ceuxpermettant
une révélation efficace deI'information.
D'autrepart,
des contrats peuvent viser à gérer les risques sur Iaquantité
(contrats d'engagement dequantité minimum ou
contrats avec accord de flexibilité)ou
les risquessur
lesprix
(contrats forward, contrats garantissantun
prix
minimum, contrats au
prix
moyen annuel er-ante).Nous nous intéressons particulièrement aux contrats de base de gestion des risques
prix
et quantité sans prendre en compte Ie risquedu
chiffre d'af-fairestel
quetraité
dans I'approche de financeet
assurance agricole(Guin-varc'h
et al.,
2004).Partie
III
: Modèle
conceptuel
coopératif
Comme nous nous intéressons
à
Ia relation de
transaction entrela
co-opérative
et
ses adhérentset
que nous supposons queie
positionnement decoopéra-tive
-
adhérents i), nous choisissons une approche mathématique de gestiondes stocks. Ces modèles nous
permettent
de prendre en comptela
réalitéindustrielle des coopératives agricoles, même si nous simplifions cette réalité.
Dans
le
premier chapitre dela partie
< Modèle conceptuel coopératif ii,nous expliquons le modèle d'optimisation que nous développons. Nous pré-sentons
tout
d'abord
Ie modèle de gestion calendaire des stocks àrotation
nulle (Giard, 2003), connu sous le nom de modèle du Newsbog. Ce modèle est
à la base de notre modèle conceptuel coopératif païce que nous nous
intéres-sons aux
produits
agricoles frais dont la datelimite
de consommation (DLC)est courte. Ensuite, ce modèle nous permet, sous certaines hypothèses,
d'ob-tenir
des solutions analytiques interprétables. Nous segmentons les marchés d'aval dela
coopérative en deux: un marché des produits différenciés à fortevaleur ajoutée
et un
marché desproduits
basiques.En
outre, ce modèle estappliqué
aux
coopératives laitièresqui ont la
possibilité de fabriquer deuxproduits
de composition différente. Le programmed'optimisation
nous per-metd'obtenir
les stratégies optimales de fabrication des produits difiérenciéset des
produits
basiques.Dans le deuxième chapitre, nous développons un modèle coopératif
multi-temporel. Ce modèle s'intéresse aux relations entre la coopérative et ses adhé-rents dansun
environnement de marché donné. Nous proposons ensuite une méthode d'étude de contrats types selonla
stratégie d'aval des coopérativeset leur environnement économique. Notre approche rend
le
< contratcoopé-ratif > explicite en spécifiant plusieurs clauses telles que le volume, la qualité,
la rémunération du
produit
et la durée. Le modèle coopératifmultltemporel
doit
permettre
de tester différentes combinaisons de contrats individualiséspour répondre aux attentes diversifiées des adhérents dans
un
contexteéco-nomique instable.
Partie
IV
tières
Application aux
coopératives
lai-Dans
la
dernièrepartie,
nous appliquonsnotre
étude au secteurlaitier.
Nous commençons
par
mettre en évidence les caractéristiqueset
les enjeuxdu
marchélaitier
mondial, européenet
françaisafin
de positionner les co-opératives laitières de I'ouest dela
France (chapitre 1). Dans le chapitre 2, nous examinons Ia diversité des comportementset
des attentes desproduc-teurs de
lait
du
grand ouest français. Puis, nous décrivonsle
paramétragedu
modèlemulti-temporel
coopératif adapté au secteurlaitier
(chapitre s).Enfin dans le chapitre 4, nous examinons les conséquences économiques sur le
contrat coopératif d'une différenciation de traitement des producteurs adhé-rents. Pour cela, nous analysons principalement les variations du
prix
moyenreçu
par
les producteurs sousle contrat
coopératif de base lorsque lesdif-férents
contrats
individualisés sont proposés.L'objectif
est de préserver Ia cohésion dela
coopérativetout
en garantissant, dans la mesure du possible, une offre diversifiée de contrats afin de satisfaire les attentes hétérogènes des adhérents.Première
partie
L'engagement
coopératif
La coopérative est:
<<une association autonome de personnes uolonta'irement réunies
pour
satisfaire leurs aspi,rati,onset
besoi,ns économi,ques, soc'iautr et culturels cornn'ntns, au moAen d'une entreprise dont Ia propri'étéest collecti,ae et où le pouuoi,r est erercé démocratiquement. o
(It-ternational Co-operative Alliance, 1995)
L'Alliance
Co-opérative Internationale définit Ia coopérative en spécifiant qu'elle appartient à I'ensemble de ses adhérents et que tous les adhérents sont égaux devant ledroit
de vote. Si ces deux relations < coopérative-adhérents >définissent les coopératives quelque
soit leur activité,
nous nous intéressonsplus particulièrement à
la relation
spécifique < coopérative-adhérents n dansles coopératives agricoles de vente
et
de collecte. Les sept principesfonda-mentaux des organisations coopératives d'après
I'Alliance
Co-opérativeIn-ternationale (1995) sont :
-
adhésion volontaire et ouverte à tous,-
gestion démocratique (un homme-une voix),-
participation
économique des adhérents,-
autonomie et indépendance,-
éducation, formationet
information,-
coopération entre coopératives,-
engagement envers la communauté.Les
trois
premiers principes sont les plus largement acceptés et appliquésdans les coopératives
du
mondeentier.
Cependant, selon I'environnementculturel,
socialet
économique, I'engagement coopératif est appréhendédif-féremment. Contrairement
à la
Flance, les anglo-saxonsont
une tradition
orale
qui
laisse beaucoup deliberté aux
coopératives agricoles.Cette
sou-plesse
permet
une grandeadaptabilité aux
évolutionsde
l'environnementéconomique. Ainsi, la recherche anglo-saxonne est foisonnante sur
la
théorie micro-économique des coopérativeset
sur l'évolution
des organisationsco-opératives. Un état de
I'art
dans ce domaine est présenté dans Ie chapitre 1. Puis dans le second chapitre, nous expliquons le statutjuridique
descoopéra-tives françaises afin d'étudier l'évolution possible de I'engagement coopératif
Chapitre
1
Le débat sur la
théorie
.r.
micro-économique
des
coopératives
Les coopératives ont suscité et suscitent toujours des débats quant à leurs rôles et aux relations qui existent entre l'organisation coopérative et les
adhé-rents' Van Bekkum (2001) dégage
trois
dimensions dans la relation entre lesadhérents
et
leur coopérative. La première dimension correspond au proces-sus de décisionet
au contrôle exercé par les adhérents sur Ie fonctionnementet les orientations stratégiques de Ia coopérative. Elle est nommée
relation
de
gouvernance.
La deuxième dimension implique que les adhérentscontri-buent au capital de la coopérative et supportent les risques associés aux acti-vités de celle-ci. C'est la
relation d'investissement,
La troisième et dernièrerelation,
qui
constitue le centred'intérêt
principal de cetravail
de recherche,est qualifiée de
relation
de transaction.
Elle
conceïnela
livraison
et
larémunération du
produit
agricole.La
première section commente les premières contributions importantessur I'engagement coopératif, celle de
Phitlips
(19b3) puis celle d,Helmbergeret Hoos (1962). ces deux approches s'opposent sur leur conception de
la
co-opérative. Ellesont
toutefois en commun de formaliser Ie comportement dela coopérative en considérant les
trois
dimensions dela relation
<adhérents-coopérative
l.
Ils
obtiennent un équilibre prix-quantité pour une coopérative composéed'un
groupe homogène d'adhérents. Les travaux récentsn'ont
sou-vent développé qu'une des
trois
dimensions. Dansla
deuxième section, nousnous intéressons
tout
d'abordà la relation
de gouvernance. Ces développe-ments récents dela
théorie des coopérativesutilisent le
cadre théorique del'économie
institutionnelle.
Puis, nous décrivons les travauxsur
la
relationd'investissement.
Enfin,
nous expliquons lestravaux
réaliséssur
la
relationde transaction.
1.1
Deux
conceptions
de
la
coopérative
Les travaux de
Phillips
(1953) et Helmbergeret
Hoos (1962) constituentIes deux premières contributions clés qui ont formalisé Ie comportement
éco-nomique des coopératives.
Pour
Phillips, Ia
coopérative est une simple extension des exploitationsagricoles adhérentes, le processus de décision est décentralisé. La coopérative est vue comme
un
groupe d'exploitations agricolesqui
s'associentpour
bé-néficier des gains de i'intégration verticale. De leur côté, Helmberger et Hoos considèrent Ia coopérative comme une entreprise où les décisions sont prisespar un conseil d'administration.
1.1.1
La
coopérative comme
forme
d'intégration
verti-cale
Les premiers travaux sur la coopérative comme forme d'intégration
verti-cale et plus particulièrement ceux de Phillips ont souvent été mal compris, Ils ont
fait
I'objet
de plusieurs clarifications (Sexton, 1984; Staatz, 1994; Royer, 1994). Dans cette section, seuls la réflexion dePhillips et
les prolongements de cette réflexionpar
Sexton (1984) sont commentés.Les travaux de Phitlips prolongent ceux d'Emelianoff (1942) et de Robotka
(1947).
Phillips
conçoitla
coopérative comme une association d'entreprises individuelles qui se regroupent pour satisfaire des objectifs économiques com-muns. Ces entreprises individuelles,par
des accordsmulti-latéraux,
gèrent conjointement leur activité commune comme une partie de leur propre entre-prise. Lafigure
1.1illustre
I'organisation dela
coopérative selonPhillips.
A
l'exception de Ia coordination de leur
activité
commune (partie grisehachu-rée), chaque entreprise adhérente (représentée par une
portion)
fonctionnein-dépendamment des autres dans le
but
de satisfaire ses objectifs économiquesindividuels.
Ainsi, la
coopérativen'a
pasd'unité
managérialepropre
maisdes unités managériales individuelles. Les entreprises adhérentes cherchent à
maximiser
leur
profit, qui
comprendla part
deprofit
généréepar I'activité
commune et Ie
profit
de leur entreprise individuelle. Le cadre théorique utiliséest celui de
la
firme
avec plusieurs ateliers. Chaqueexploitation
représenteFrc.
1,1-
L'organi,sat'ion coopérat'iue selon phi,lli,psPhillips
lancele
débat,toujours
d'actualité,sur
le
traitement
égalitaireou équitable des adhérents. selon
lui,
larépartition
des coûts, des bénéficeset du droit
de vote sefait
au
proratadu
voiume deproduction
de chaque adhérent.Il
représente I'hétérogénéité des adhérents sur la figure 1.1 par àesportions de
taille
différente.Il
reconnaît cependant que les conflitsentre 1es
adhérents doivent être minimisés afin de préserver la
siabilité
de l,association. Selon Staatz (7994),Phillips
anticipe le débat concernant Ia satisfaction detous les adhérents d'une coopérative, problématique principale de cette thèse. Staatz souligne deux limites à la répartition
projortionnelie.
La première estla
répartition
des coûts qui ne sefait
pas toujours sans ambiguitè sur chaqueactivité.
La
secondelimite
s'expliquepar le
fait
qu'une
des activités pËut générer des externalités positives qui bénéficient à l'ànsemble des adhérents et même parfois aux autres exploitants agricoles non adhérents de la coopérative (effet bénéfique sur la concurrence lorsque la coopérative se forme en réaction à un monopole privé connu sous le nom de competi.tiue yard,sti,ck effect).une
deuxième question soulevée par le travail dephillips,
et mise enévi-dence
par
Staatz, est celledu
degré d'indépendance des exploitations adhé-rentes,i.e.la
coopérative est-elle une entreprise? 1pour
staatz,
une autre
li-mite du travail de
Phillips,
ainsi que des travauxutilisant
la théorie des jeux,est le
postulat
d'une absence de coût de transactionlorsqu'un
groupuà'.*-ploitants
agricoles organise uneactivité
collective.Si
nous admettonsqu'il
existe des coûts de transaction, alors les adhérents recruteront un directeur1' Cette approche est défendue par Helmberger et Hoos et sera développée dans la
section suivante.
pour géïeï les décisions quotidiennes liées à
l'activité
commune' L'existence de coûts de transaction remet en cause Ie modèle décentralisé dePhillips
ettend plus vers une approche de Ia coopérative comme une entreprise.
L.L.z
La
coopérative comme entreprise
La figure 1.2 illustre les différents objectifs de la coopérative de
commer-cialisation
qui
ont
été proposés dansla
Iittérature
économique'La
fonctionde
profit
de
la
coopérative est supposéeêtre
égaleau chiffre
d'affaires dela
coopérative auquel sont soustraits les coûts de transformationdu produit
transformé hors coût d'achat de la matière première agricole (Sexton, 1989).
EIIe s'écrit
T":
Pr(X,M)-WX
où,M
est,la quantité de matière premièreagricole
livrée
par
les adhérents,X
est
le
vecteurd'intrants
utilisés
pourtransformer Ie
produit,W
esl le vecteur deprix
de cesintrants,
P
est Ieprix
du produit
transforméet
Y
estIa quantité
deproduit
transformé selon lafonôtion de production
/(X,
M).La
fonction du revenu moyen net2 pour leproduit
agricole s'écrit sous la formeNARP
:3
M
Cette fonction s'apparente à la notion de
prix
moyen communément utiliséepar Ies professionnels des coopératives. La fonction du levenu marginal net3
s'écrit
NMRP:
#
La
fonction d'offre
de matière première agricole est égaleà la
somme desfonctions de coût marginal de
la
matière première agricole de chaqueadhé-rent.
La
fonctiondu
coût marginal est celle de Ia coopérativepar rapport
àI'achat de Ia matière première agricole.
La solution
B
représente I'équilibre pour une entreprise non coopérativequi
cherche à maximiser sonprofit.
L'équilibre
alieu
à I'intersectiondu
re-venu marginalnet et
du coût marginal dela
matière première agricole. Lesdifférents
objectifs
qui
sont
développés dansla
suite de cette
section ontété largement expliqués
et
commentés (Batemanet al',
1979; Levay, 1983;Staatz, 1989; Sexton, 1989).
Il
convient de les rappeler carils
constituent lefondement de la théorie micro-économique des coopératives. 2. Net-average-revenue product : NARP
Prix
Na
l/g
Ns
Coût marginal de la
matière première agricole
A
----T- ---+--Offre Pp D Ps PnQe
QB
Qc Qn QuantitéRevenu marginal
net
Revenu moyen netPtc.
1,2-
Les objecti,fs d'une coopératiue de collecte et d,e uenteObjectif
de maximisation
du
bien-être
La
coopérative cherche à maximiser àla
fois le surplus des adhérents et sonprofit.
Commela
coopérative existe dansl'intérêt
de ses adhérents, elle maximise àla
fois leprofit
générépar
les produits transforméset
le volumede matière première
qui
apporteaux
adhérentsle
plusgrand
gain possible(Enke, 1945;
ohm,
1956), L'équilibre seproduit
à l'intersection de la courbed'offre
et
dela
courbedu
revenu marginalnet (point
C sur
la
figure
1.2).Cet équilibre
représenteun
équilibre de premier rang,Ainsi
les adhérentsreçoivent Ie
prix Ps
pourla
matière première agricoleet
une ristourne quis'élève
à
l/c
-
Ps
si
la
coopérativedistribue
I'ensemble de sonprofit
aux adhérents.Objectif
de maximisation
du
prix
un
deuxièmeobjectif
estla
maximisation
du prix
total
perçu
par
lesadhérents (somme du
prix
de la matière première agricole et de la ristourne)(Clark,
1952).L'équilibre
seproduit
doncau
maximum deIa
fonction
du revenu moyen net, à l'intersection entre les fonctions du revenu moyen net etB I _t I I I I l-PB a I I I Iri; 20
du revenu marginal
net
(pointA
sur la figure 1.2). Cet équilibre est instablesi
I'adhésionn'est
pas restreinte car leprix
ofiert aux
adhérents encourage l'entrée de nouveaux adhérents dans la coopérative. Par conséquent, le volumede
production
augmente au sein de Ia coopérative, entraînantla
baisse duprix
payé aux agriculteurs,Objectif
de
profit
nul
Un
dernier
objectif
des coopérativesest de maximiser
la
quantité
deproduit
fini
ou
le
nombre d'adhérents dansla
coopérative en imposant lacontrainte
d'un profit nul
(Helmberger et Hoos, L962). Les travaux deHelm-berger
et
Hoos
(1962)sont
fondamentauxcar
ils
constituent
Ia
premièreformalisation mathématique achevée sur les coopératives. Pour eux, lorsque
les agriculteurs se regroupent
pour
créer une coopérative,ils
cherchent desbiens et des services fournis à
prix
coûtant. Les auteurs supposent que:1.
La
coopérative ne génère aucun profit.2.
La
coopérative acceptetout
le volume de production de ses adhérents.3.
Les adhérents sont obligés delivrer
toute leur
matière premièreà
lacoopérative
et
ils peuvent choisir leur volume de production.4.
La rémunération sefait
sur des bases égalitaires.5.
Les adhérentssont
preneursdu
prix
(le
volume de matière première agricole apporté par chaque adhérentn'a
pas d'influence sur les coûtset le chiffre d'affaires de Ia coopérative).
Les auteurs
étudient
tout
d'abordI'équilibre à
court-terme.Le
nombred'adhérents est donc supposé constant. D'une
part,
ils cherchent à minimiser le coût des autresintrants
(autres que la matière première agricole), et d'autrepart ils
maximisent les gainsliés
à la
vente desproduits
transformés. Ilstrouvent l'équilibre
à i'intersection des courbesdu
revenu moyennet
et
deI'offre en matière première agricole (point
D
sur Ia figure 1'2)'Ensuite, ils examinent l'équilibre à long-terme dans les cas d'une adhésion
restreinte
et
d'une
adhésionlibre.
Dansle
premier cas, commela
coopéra-tive peut
choisirle
nombre d'adhérents,l'équilibre
seproduit
au maximumde
la
fonction
du
ïevenu moyennet.
Dansle
second cas, I'impossibilité de restreindre I'adhésion empêche Ia stabilité del'équilibre.
Les adhérents vontchercher à augmenter leur volume de production, ce qui entraînera une chute
du
prix
perçu.Helmberger
et
Hoos soulèventla
question dela
restriction
de l'adhésion dans les coopératives.Ils
montrent
que dansle
casd'une
coopérative quirevanche,
si
ellelimite
le
nombre d'adhérents,la
coopérativepeut fixer
leprix
au maximum dela
fonction du revenu moyen.Ces
travaux
ont
été
critiquésà
cause des hypothèsestrop
restrictives(sexton, 1989). De plus cet équilibre est de second rang,
il
est suboptimal.Les premiers travaux sur la coopérative, comme forme d'intégration
veï-ticale, et ceux sur
la
coopérative, comme entreprise, semblent s'opposer. Eneffet, dans les premiers, Ia question étudiée est celle des relations entre les
adhérents alors que pour les seconds, Ie centre
d'intérêt
estla
relation entre les adhérentset la
coopérative, représentéepar
une équipe de direction. Les cadres théoriques sont également différents. Pour les uns, le cadre théoriquede I'intégration verticale est privilégié alors que pour les autres, le cadre
uti-lisé est celui de
la
théorie néo-classique de lafirme.
Cependant, chacune desdeux conceptions réussit indépendamment à
trouver
lestrois
équilibres pré-sentés cldessus (Sexton, 1995, p. 96). La différence dans les conceptions descoopératives n'est donc pas une question fondamentale pour étudier le
com-portement des coopératives. La question essentielle est de connaître
I'objectif
suivi par une coopérative. Sexton, Wilson et Wann (1989) testent les modèles de Helmbergeret
Hoos,d'ohm,
deClark
et
enfin
ceuxutilisant
Ia théorie desjeux
(Sexton, 1986). Les auteurs montrent que leurs résultats sont com-patibles avec les conclusions de la théorie desjeux.
Les coopératives opèrent près du maximum de la fonction du revenu moyen net. Nor.s commentons ces résultats dans la section 1.2.3.L.2
Les
trois
dimensions
de
la
relation
(
co-opérative
-
adhérents
>rLes développements récents se sont intéressés à des problématiques liées à
l'évolution de I'environnement socio-économique des coopératives. Quelle est
la
structure organisationnellela
plus adaptéepour
les coopératives ?Com-ment
peuvent-elles acquérirdu
capital
pour
assurerleur
développement ?Quel schéma de rémunération peuvent-elles
offrir
à leurs adhérents?L.z.L
La
relation
de gouvernance
La
relation de
gouvernance correspondau
processus de décisionet
aucontrôle exercé
par
les adhérents surle
fonctionnementet
les orientationsstratégiques de
la
coopérative. Lestravaux
concernantla
gouvernance descoopératives se concentrent