Paroles de pierre
Le concept de
la chaîne opératoire appliqué
aux industries lithiques paléolithiques
Pierre Bodu (UMR ArScAn - Ethnologie préhistorique)
Ce texte n'est qu'un pâle rappel d e c e q u e m'ont appris m es aînés, J. Tixier, M.-L. Inizan, C. Perlés et J. Pelegrin. Il se veut égalem ent un petit clin d'œil à Sylvie Ploux e t à Philippe Morel...
La m atière lithique taillée ou polie est, en raison d e son c a ra c tè r e pérenne, un tém oin d e choix pour la restitution d'u n e partie des com portem ents des populations préhistoriques mais é g a le m e n t un marqueur culturel assez fiable par les styles du d é b ita g e ou d e l'outillage q u e lui ont imposé les tailleurs. De plus, son a b o n d a n c e , voire son exclusivité dans la plupart des gisem ents du paléolithique, à d é fa u t d e tout autre matériau (os, bois, etc.), en fait l'interlocuteur privilégié du préhistorien. Enfin, c h a q u e objet taillé, ou dans une moindre m esure poli, porte sur ses faces lorsqu'il s'agit d'un objet bifacial ou trifacial e t sur sa f a c e supérieure pour les éclats, lames, lamelles, un certain nom bre des traces d e s enlèvem ents antérieurs, représentant en cela une véritable mémoire d'opérations parfois disparues ou a b se n te s du site ou d e l'endroit du site concerné.
Afin d e rendre c e matériau bavard, un outil m éthodologique e t conceptuel, la chaîne o p é ra to ire (Leroi- Gourhan 1965), a é té plus particulièrement utilisé depuis près d 'u n e trentaine d 'a n n é es p a r les technologues et autres spécialistes d e la pierre taillée e t polie (collectif 1980 ; collectif (b) 1991).
Disserter une fois d e plus sur la notion d e c h a în e opératoire a p p liq u é e à l'étude du matériel lithique m e paraît être superflu d a n s la mesure où l'intérêt d e c e t outil, ses c h am p s d'application, sa structuration ont é té largem ent présentés au p a ra v a n t (Pelegrin e t al. 1988; Perlés 1991 ( a ) ; Tixier 1991). On se co n ten tera ici d e rappeler quelques notions d e base.
On sait d e la chaîne opératoire ap p liq u ée au lithique qu'elle se divise en s é q u e n c e s (acquisition, transformation, utilisation, abandon), elles m êm es subdivisées en sous-séquences. En a b o rd a n t le dom aine d e l'acquisition, on traite des modalités d'approvisionnem ent, d e s distances, des circulations, d e la qualité et d e la quantité d es matières premières, des règles d'introduction d e s roches dans les sites... La transformation a b o rd e les techniques et les m éthodes d e production e t d e fabrication, c'est-à-dire pour le premier les moyens élém entaires d 'action sur la m atière e t pour le second l'a g e n c e m e n t suivant une m arc h e raisonnée (Tixier e t al. 1980), d 'un certain nombre d e gestes exécutés chacun g r â c e à une technique. Du dom aine d e l'utilisation e t notam m ent par le biais d e l'analyse tracéologique, on v a pouvoir tenter d'identifier la ou les actions d e tel outil, la matière travaillée (qui bien q u e le plus souvent a b s e n te transparaîtra indirectement). La chaîne opératoire est en fait une trame qui anim e des objets immobiles : l'em boîtem ent d e c h a q u e maillon perm et d e redonner vie à des procédés, d es objectifs, des intentions humaines qui nous sont, bien entendu, le plus souvent directem ent inaccessibles. L'usage d e c e c o n c e p t nous perm et d 'éviter l'écueil d'une nouvelle typologie (qui a son intérêt propre par ailleurs !), biais souvent reproché par les non-technologues aux spécialistes d e la technologie lithique. L'objectif n'est en effet p a s d e s'arrêter à un classem ent des objets d e pierre, é ta p e néanmoins incontournable, mais d'atteindre d e s dimensions sociales derrière ces restes d'une activité humaine.
Une lecture directe des artefacts autorise une identification d e la p iè c e elle-même, son affectation à une séq u en ce d 'u n e chaîne opératoire (cf. le rem ontage mental d e Pelegrin 1995) e t parfois l'identification de la chaîne opératoire dont elle provient. En fonction du c a ra c tè re diagnostique d e l'objet, selon qu'il s'agisse
Systèmes d e production e t d e circulation
d'un d é c h e t d e fabrication ou d'un objet fini (outil), on se perm ettra d e proposer un rattachem ent chronologique et/ou culturel. La m éthode est ap p licable à l'ensem ble d es artefacts lithiques découverts dans n'im porte quel contexte a v e c plus ou moins d e succès selon l'état d e conservation du gisement. Une s e c o n d e m éthode, ap p licable à des sites généralem ent bien fouillés, est celle d e s rem ontages. L'assem blage des différents fragments d'un m êm e objet (raccord) ou d'objets a p p a rte n a n t à une m ê m e chaîne opératoire (rem ontage) perm et d 'obtenir des informations inédites sur les a sp ec ts techniques, les c o m p é te n c e s des tailleurs, les lieux d e fabrication et d'utilisation, l'économ ie des m atières premières e t l'économ ie du d é b ita g e (pour plus d e détails sur ces deux dernières notions cf. Perlés 1991 (b), entre autres.). Si l'on présente les bienfaits d e l'usage d e la c h a în e opératoire en c e qui concerne le matériel Irfhique taillé ou poli, on se doit é g a le m e n t d e rappeler les limites des interprétations q u e c e matériel nous autorise. Quelle est en effet la part d e c e sous-système technique dans l'ensem ble du systèm e technique d e la société qui l'a produit ? Malgré le c a ra c tè re polluant e t souvent exclusif d e l'industrie lithique, quelle part d e l'investissement en tem ps et en effort celle-ci représente-t-elle dans les activités des préhistoriques ? 1 nous faut garder en mémoire q u e le d é b ita g e e t le fa ç o n n a g e d e s roches taillées peuvent produire b e a u c o u p d e déchets, contrairem ent à certains autres matériaux, e t donner ainsi l'impression aux préhistoriens q u e leur traitement est l'objectif principal d e telle ou telle installation. Le sous-système lithique n'est lui-même qu'un maillon d'un systèm e technique b e a u c o u p plus étoffé qui m ène par exemple d e l'a b a tta g e d'herbivores à leur consom m ation en tant q u e ressource c a rn é e ou à l'utilisation d e leurs sous-produits que sont la peau, les os (les bois pour les cervidés), les tendons, etc. Dans c e t exemple, qui finalement représente l'essentiel d e s gisements identifiés du paléolithique, le matériel I rthique interviendra certes au d é p a rt du systèm e technique (la fabrication d es arm es d e chasse) et au c e n tre (le traitement des différentes parties animales), mais q u e représente-t-il en term es d e tem ps et d'effort pour la population c o n c ern é e ?
Pour illustrer l'emploi du c o n c e p t d e la chaîn e opératoire, nous avons choisi d e présenter un exem ple extrait d e nos é tu d es sur le tardiglaciaire du Bassin parisien (13 000-10 000 BP) (Bodu 1993; Bodu, Valentin 1994; Valentin 1995). Nous bénéficions pour c e tte p é rio d e et c e tte vaste entité géographique, d'un corpus non n égligeable d e sites récem m en t fouillés (depuis une trentaine d'années), parfois sur d e g ran d es surfaces (vingt-cinq mille m ètres carrés pour le plus g ran d ) et dans in éta t d e conservation souvent très satisfaisant. Trois grands groupes culturels, certains subdivisés en sous-entités chronologiques se p a rta g e n t les quelques milliers d 'a n n é e s du tardiglaciaire : il s'agit du m agdalénien final (13 000-12 000 BP), d e l'aalien (ou groupes à
Federm esser : littéralement plumes-couteaux) (12 000-10 000 BP) et du belloisien — il s'agit là uniquement d'un faciès d'activité d e taille du silex (des producteurs d e grandes lames rectilignes) (10 700-9 800 BP) sans d o u te rapportable à plusieurs ensem bles culturels répartis sur d e vastes e sp a c e s géographiques. Dans ce s sites, les vestiges lithiques cô to ien t assez fréquem m ent d e s restes osseux d e faune c h a ssé e et co n so m m é e (rennes, cerfs, chevaux la plupart du temps) et une organisation d e l'esp a c e est souvent p ercep tib le mais il est vrai que le seul dénom inateur commun pour l'ensem ble d e ce s gisements est la présence d e silex taillés. C et é ta t d e fait nous offre é g a le m e n t l'opportunité d 'a sso c ie r à notre étude, des gisements déco u v erts dans d e s contextes moins satisfaisants (matériel récolté en surface hors contexte stratigraphique. vestiges provenant d e fouilles anciennes).
En traversant c e s grands groupes culturels e t c e tte évolution chronologique nous mettrons en lumière différents m om ents d e la chaîne opératoire du silex.
Ce qui relève des intentions
Toute analyse d'industrie lithique se doit d e m ettre clairement en exergue les intentions d e l'activité d e taille (Tîxier e t al. 1980). Le préhistorien doit s 'a tta c h e r à mettre en évidence a u d é b u t d e son travail les raisons qui ont conduit à la production d'un certain nom bre d e d éch ets et d e produits d e prem ière intention. C 'e st justem ent derrière c e s derniers, e t notam m ent ceux qui ont é té transformés en outil q u e l'on perçoit le mieux les objectifs des tailleurs. En décrivant brièvem ent dans un premier tem ps la panoplie d es outils et en identifiant les types d e supports retenus pour leur fabrication, on cern e ainsi les objectifs d e telle ou telle exploitation.
Ainsi, partant des intentions sous tendues par les différentes productions lithiques, on peut caractériser le d é b ita g e du m agdalénien final com m e un d é b ita g e orienté vers la production d e supports laminaires calibrés destinés à la fabrication des outils du fonds comm un (grattoirs, burins, etc.) e t d e lamelles finalisées en arm atures d e tête s d e projectiles (lamelles à dos). Certains groupes m agdaléniens ont d é v e lo p p é dans le m êm e tem ps (à quelques centaines d 'a n n é e s près I) une production d e petites lames à l'issue du d é b ita g e d e g ran d es lames régulières, retouchées ensuite é g a le m e n t en armatures d e têtes d e projectiles (Schmider 1992 ; Valentin 1995). Chez les Aziliens, la production d e lames est généralem ent moins stan dardisée : c e sont des lam es assez courtes qui sont obtenues, e t recherchées, les plus régulières d'entre elles é ta n t orientées vers la fabrication d e s tête s d e projectiles. C e tte production répond vraisem blablem ent à un moindre besoin
d e calibrage des produits (calibrage qui peut se retrouver ensuite dans la retouche-des outils ou dan s les p ro c é d é s d 'e m m a n c h e m e n t). La production d e lamelles est bien moins favorisée (en dehors d 'u n e p é rio d e intermédiaire), les arm atures étant essentiellement réalisées com m e nous venons d e le voir, sur d e s petites lames.
Les modalités d ’acquisition
Les m odalités d'acquisition peuvent varier en fonction d e ces grands ensem bles chronologiques, mais elles peuvent é g a le m e n t différer au sein d'une m êm e entité culturelle suivant les géo g rap h ies, les disponibilités g éo lo g iq u es en matériau, etc. Dans le centre et le sud du Bassi n parisien, on estim e q u e les possibilités d'approvisionnem ent sont assez m onotones et que l'on tourne souvent autour d e deux gran d s groupes d e m atière prem ière gérés d e façon relativement identique à travers le tardiglaciaire : les silex du secondaire (d'origine marine) dominant dans la plupart des assem b lag es sont assez fréquem m ent a c c o m p a g n é s d e silex tertiaires d'origine lacustre le plus souvent d e meilleure qualité. Chez les M agdaléniens, le transport presque exclusif d e lames en silex tertiaire sur des distances pouvant d é p a ss e r la cinquantaine d e km (il est exceptionnel q u e les d é c h ets d e fabrication et les nucléus soient transportés) sem ble être la règle. Les différents groupes d e l'azilien pratiquent un peu moins c e tte faç o n d e faire, m êm e si on observe une c e rta in e différence entre les ensem bles d e l'azilien ancien (12 000 ans B.P.) qui a p p o rte n t é g ale m e n t au c e n tre du Bassin parisien d e rares lames en silex tertiaire provenant des m arges, e t les groupes aziliens plus récents (11 000 ans B.P.) qui ne sem blent pas avoir particulièrement recherché c e tte m atière prem ière.
Le belloisien, dont nous avons dit plus haut qu'il s'agissait d'un faciès d'activité spécialisé dans la taille du silex, ém an an t sans d o u te d e différents ensem bles culturels relativement contem porains, tém oigne d e pratiques inédites au tardiglaciaire dans la phase d'approvisionnem ent. C'est, pour c e q u e nous savons à l'heure actuelle, le seul g ro u p e qui « d é c o u p e » autant géographiquem ent l'activité d e taille du silex. En effet, les fouilles d e rares gisem ents relevant d e c e tte entité ont montré q u e ce s derniers correspondaient p re sq u e exclusivement à d e s sites d e production d e lames rectilignes d e différents gabarits. Sur place, on ne retrouve q u e les d é c h ets d e c e s opérations (nucléus, éclats) et les rem ontages évoqués p ré c é d e m m e n t montrent une nette c a re n c e e n produits d e première intention. Les lames étaient vraisem blablem ent destinées à d e s usages sur d 'a u tre s sites. Dans les gisements m agdaléniens où la taille du silex et la production d e g ra n d e s lames à usag e différé sont dominantes (par exem ple, le site d'Etioiles près d e Corbeii-Essonnes ; Pigeot 1987), il n'est pas d é m o n tré q u e celle-ci est exclusive e t le plus souvent d'autres activités ont é té m e n é e s en parallèle. En l'é ta t a c tu e l des connaissances, on constate donc q u e la notion d'atelier d e taille du silex, tels ceux qu'on retrouve plus tardivement au néolithique, ne peut véritablem ent être utilisée au tardiglaciaire q u e pour c e faciès particulier. On soupçonne d'ores e t déjà les implications q u e c e type d e c o m p o rte m e n t éco nom ique (fort d é c o u p a g e de la chaîne opératoire) peut avoir dans les sociétés c o n c e rn é e s (spécialisation des ta c h e s e t des individus, organisation des d é p la c e m e n ts e t des transports, etc.).
Des fabrications
Ici, on a b o rd e directem ent les term es d e techniques et m éthodes. L'accumulation des d o n nées, sur les chaînes o p érato ires relevant d e ces différents groupes e t sous-groupes culturels, nous autorise actuellem ent à p ro p o ser un panoram a des techniques d é v e lo p p é e s, e t d e leurs détails, e t d e s m é th o d e s mises en oeuvre d u rant c e tte fin du paléolithique.
À propos d e techniques, on soulignera qu'elles ne peuvent nullement être utilisées seules en tant q u e discriminant culturel. C 'e s t p a rc e qu'elles rentrent en jeu dans in processus b e a u c o u p plus co m p le x e d e besoins e t d e faço n s d 'y répondre qu'elles peuvent éventuellem ent être des premiers indicateurs. Ainsi on ne saurait prétendre q u e la seule identification d e l'usage d'un percuteur tendre organique (au tardiglaciaire) assure le diagnostic : m agdalénien, pas plus qu'on ne peut affirmer d e l'usage d e la pierre ten d re identifié sur les talons des produits débités, qu'elle tém oigne indubitablement d 'u n e attribution d e la série à l'azilien ou au belloisien. On rap p ellera à c e propos qu'au sein d'une m êm e chaîne opératoire, différents percuteurs peuvent être mis à contribution en fonction des moments d e l'opération d e taille : lors d e la mise en form e des blocs e t des p h a s e s d'entretien des convexités des nucléus, la pierre est souvent impliquée, alors q u e les percuteurs tendres organiques sont préférés pour le plein d é b ita g e (l'obtention d e s produits d e prem ière intention). C 'est im fa isc e a u d e présomptions, prenant en co m p te aussi bien le style d e l'outillage e t du d é b ita g e q u e des critères économiques, qui doit nous guider vers une attribution culturelle prudente. Notons q u e l'identification d e s techniques se fait le plus souvent en l'ab se n c e des percuteurs eux-m êm es e t q u e c e
Systèmes d e production e t d e circulation
o rg an iq u e (com m ent expliquer alors que dans des sites où la m atière osseuse est p rése rv ée on ne retrouve p a s d e percuteurs et q u e ceux-ci soient si rares dans l'industrie osseuse du paléolithique supérieur final ?) ; transform ation com plète d e ce s percuteurs en autre type d'outil après utilisation en tant q u e tel ; a b a n d o n d e c e s objets (au statut peut-être un peu particulier !) en d 'au tres endroits q u e ceux habituellement fouillés (on précisera à c e propos qu'il n 'a jamais é té d éco u v ert jusqu'à présent d e sépultures pour l'ensem ble d e s gisem ents du paléolithique final du Bassin parisien, e t l'on peut se d e m a n d e r si l'a b s e n c e d e percuteurs tendres organiques n 'a pas d e relation a v e c c e tte a b s e n c e d e lieux des morts).
Nous a p p u y a n t sur des référentiels expérimentaux nombreux e t notam m ent sur les travaux d e J. Pelegrin (sous presse), nous sommes en m esure actuellem ent d e distinguer sur des ensem bles (plus difficilement sur une p iè c e isolée), les principales techniques utilisées. Ainsi on sait que le percuteur tendre organique e st l'a p a n a g e , au tardiglaciaire, des groupes m agdaléniens. Dans certains d e c e s groupes, ainsi q u e nous l'avons précisé plus haut, la rech erch e d e petites lames rectilignes a incité les tailleurs à employer, à l'issue d e s d é b ita g e s d e grandes lam es au percuteur tendre, d e s percuteurs d e pierre plus a d a p té s pour c e la . Leurs successeurs, les Aziliens, ont a d o p té , dès leurs débuts (12 000 BP), le percuteur d e pierre tendre, un grès, un c a lc a ire ou le cortex calcaire d e rognons d e silex. Les tailleurs du belloisien d é v e lo p p e n t a v e c une g ra n d e dextérité et un grand art l'usage du m êm e ty p e d e pierres pour le d é b ita g e d e grandes lam es rectilignes.
L'identification des types d e percuteurs n'est qu'une petite partie d e la reconnaissance des techniques. Q ue dire e n effet des positions du corps, des gestes qui a c c o m p a g n e n t ces percuteurs lors d e la taille des roches dures ?
Des m éth o d es, nous ne dirons q u e peu d e chose ici, non p a s p a rc e que nous ne les connaissons pas mais, bien au contraire, parce qu'il y aurait trop à raconter d a n s le c a d re d e c e court résumé. On sait qu'il existe différentes façons d'obtenir d es lam es e t des lamelles au tardiglaciaire : certains dénom inateurs comm uns, s'ils c o n c ern e n t les techniques, puisque l'on identifie dans toutes ces industries l'usage d e la seule percussion directe, ont aussi trait aux gran d es lignes des exploitations (mise en form e des blocs, plein d é b ita g e , ré a m é n a g e m e n ts des surfaces, ab an d o n ). C'est plutôt à l'intérieur d e ce s é ta p e s e t dan s la façon dont elles sont imbriquées que l'on peut identifier des variantes entre les grands groupes culturels qui nous intéressent ici. Ainsi pour ne prendre que l'exem ple d e la mise en forme des blocs, on perçoit une légère détérioration e n tre le m ag d a lén ie n et l'azilien, qui se traduit dans c e dernier g roupe par un faible investissement au niveau d e la p rép a ra tio n des convexités à débiter. On ne peut p rétendre q u e c e tte simplification soit liée à une perte du savoir-faire mais plutôt qu'elle p ro c è d e d'un c h a n g e m e n t d e technique, lui-même motivé par la q u ê te d e supports plus courts, plus rectilignes e t moins standardisés.
Il faut poser la dernière pierre...
Nous n'irons pas plus loin, pensant avoir contribué à la démonstration d e l'intérêt d e l'application du c o n c e p t d e chaîne opératoire au matériel lithique taillé. P arce qu'il prend en c o m p te l'ensem ble d e la production, e t non plus les seuls objets finis, les outils, c e c o n c e p t devenu m éthode, ouvre d e g ra n d e s p ersp e c tiv e s quant à la com préhension des com portem ents humains liés au travail d e la pierre e t à celle d e s d o m aines d'activité qui l'a c c o m p a g n e .
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