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De la maison individuelle au logement collectif : le jardin privé peut-il permettre de concilier les aspirations des ménages avec les préoccupations actuelles de densités urbaines ?

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Academic year: 2021

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De la maison individuelle au logement collectif : le jardin

privé peut-il permettre de concilier les aspirations des

ménages avec les préoccupations actuelles de densités

urbaines ?

Sabine Lepère

To cite this version:

Sabine Lepère. De la maison individuelle au logement collectif : le jardin privé peut-il permettre de concilier les aspirations des ménages avec les préoccupations actuelles de densités urbaines ?. Archi-tecture, aménagement de l’espace. 2010. �dumas-01833256�

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ÉCOLE NATIONALE SUPERIEURE D’ARCHITECTURE DE NANTES DOMAINE D’ÉTUDE : THÉMATIQUE DES AMBIANCES

Mémoire d’initiation à la recherche

De la maison individuelle au logement collectif,

Le jardin privé peut-il permettre de concilier

les aspirations des ménages

avec les préoccupations actuelles de densités urbaines?

Sabine LEPÈRE

Soutenu le 30 juin 2010 Devant le jury composé de :

-M. Pascal JOANNE -M. Thomas OUARD

-Mme Nathalie SIMONNOT -Mme Virginie MEUNIER

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Remerciements

Je tiens à remercier Mr Joanne, Mr Ouard et Mme Simonnot de m’avoir conseillée et apporté leur soutien tout au long de la réalisation de ce mémoire.

Un grand merci aux habitants de la Sécherie qui m’ont aimablement ouvert la porte le leur jardin et sans qui ce travail n’aurait pas été possible.

Merci également à ma famille et à mes proches pour leurs encouragements.

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PREAMBULE

Naissance du sujet de mémoire.

« Être conscient que demain existera et que je peux avoir une influence sur lui est le propre de l’homme »1

Le respect de la nature et de notre environnement est un principe dont je me sens totalement investie. Les prémices de la conscience personnelle profonde qui m’habite remontent à ma sensibilité infantile, tandis que ma formation à l’école d’architecture me permet d’acquérir une compréhension complexe et progressive des enjeux écologiques, notamment dans le domaine de la construction et de l’habitat.

L’écologie n’est pas une fin en soi, elle doit devenir une condition intrinsèque à l’élaboration de tout projet architectural, sachant que les bâtiments représentent 43% de l’énergie consommée et contribuent pour 22% aux émissions de gaz à effet de serre (ADEME, 2007). Je me sens donc, en tant que futur acteur de la construction, non seulement concernée par ces problématiques mais également responsable.

« Le développement durable est en soi une contradiction, car on ne peut pas se développer sans consommer davantage de biens et d’énergie »2

Le principe est bien entendu de réduire l’impact de ce développement nécessaire sur l’environnement naturel et ses ressources épuisables, tout en améliorant le bien-être des individus présents et futurs.

D’un point de vue plus restreint –celui de l’habitat- et sans parler de leur valeur esthétique, je suis convaincue du désastre écologique provoqué par l’étalement de maisons individuelles en termes de dépense énergétiques, de destruction des écosystèmes, de réduction des terres agricoles et de détérioration du lien social. Nous pouvons noter que cet étalement urbain est particulièrement important en France par rapport aux autres pays européens.

Depuis maintenant plusieurs dizaines d’années que les questions d’un développement durable se posent, le domaine professionnel est de plus en plus sensibilisé et de multiples solutions pour une construction et un aménagement du territoire plus « éco-responsable » ont déjà été proposées, faisant figure d’exemples. Les lois d’urbanisme,

1

Albert Jacquard , généticien, philosophe et écrivain né en 1925 est un humaniste moderne cherchant à faire évoluer la conscience collective

2

René Dumont, agronome et politicien écologiste

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en particulier la loi SRU du 13 décembre 2000, convergent aussi progressivement vers une gestion des sols plus raisonnée, en préconisant la densité.

« L’écologie est aussi et surtout un problème culturel »1

La population française, usagers-clients, moteurs économiques et destinataires des projets, est-elle prête à changer ses modes de vies ?

Il est vrai que l’on remarque déjà des changements (tri sélectif généralisé, implication des médias et du domaine de la consommation, initiatives locales,…) traduisant une prise de conscience, mais on assiste cependant à une discordance entre volonté et action profonde réelle.

Dans le cadre du studio de projet Les ambiances à l’épreuve du projet2, j’ai été portée à

m’intéresser aux initiatives d’Education au Développement Durable dans les établissements scolaires. On ne peut évaluer l’efficacité de cette méthode, mais il me parait évident que la sensibilisation des jeunes, bien qu’indispensable, ne suffit pas à conduire la société à changer ses modes de vie. Dans une note sur la méthode de conduite des changements3, Erwan Lecoeur, sociologue, atteste que « les changements d’opinion ne suffisent pas à modifier les comportements ». D’après lui, bien que 80 % des français se déclarent « convaincus de la nécessité d’agir » (Sofres, avril 2007), les comportements concrets ne se modifient que lentement. Les modes de vie durables doivent, pour être compris, appropriés et reproduits, être intégrés comme une nouvelle norme et non plus comme des exceptions marginales. C’est ce passage de l’exemplarité à la normalité que nous devons conduire maintenant.

« Comment développer une ville dense si la population souhaite habiter en maison individuelle sur de grands terrains ? »4

Me penchant plus particulièrement sur la question du logement, je remarque que dans mon entourage, les objectifs de vie convergent très majoritairement vers l’idéal de vivre dans une maison individuelle avec jardin. Les situations actuelles d’habitat de mes amis,

1

Nicolas Hulot, extrait de la revue Ma planète, novembre-décembre 1997

2

UEP 71, enseignement dispensé par Virginie Meunier, Miguel Macian et Christian Marenne à l’école nationale supérieure d’architecture de Nantes.

3Annexe au rapport du groupe de travail interministériel d’Education au développement Durable du 29 janvier 2008- Dimension sociologique de la mise en œuvre du programme d’action proposé.

4

Julie Boursier, DESS Densités et formes urbaines, Nantes, 2003

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en appartements, ne correspondent qu’à une première étape, provisoire, de leur vie autonome.

Personnellement, je me refuse à cette idée, qui serait une hypocrisie en regard de ma formation, de mes convictions et de ma volonté d’agir en faveur d’un développement durable. Mais ces personnes, aux vécus différents du mien, ne sont pas prêtes à changer leur vision, cet idéal étant culturellement trop profondément encré dans leur conception d’une vie heureuse. Mais alors, comment conduire la société à préférer le logement dense, préconisé pour un urbanisme durable ? Comment leur prouver que des logements collectifs de qualité sont capables de leur procurer un confort de vie au moins égal à celui d’une maison individuelle ?

« Le jardin est la prolongation naturelle d’une conception de la vie »1

J’ai remarqué, dans le discours de mes proches, que le jardin avait une importance considérable dans leur définition d’une maison individuelle. Cet espace extérieur végétalisé en prolongement du logement est synonyme de qualité de vie. Il parait essentiel pour élever des enfants, avoir un chien, pouvoir bricoler, faire pousser des légumes, voir le temps passer au cycle des saisons, …

Les inconvénients qu’il induit, en termes de coût du foncier, d’entretien et de localisation souvent éloignée du centre ville et de ses commodités, ne font pas le poids dans l’imaginaire social collectif, face à ses potentiels d’usages.

« Un jardin, même tout petit, c’est la porte du paradis »2

Il est établi que la végétation permet d’accepter plus de densité, tandis que le logement dense est critiqué pour son manque d’intimité et d’individualité. A partir de ces constats simples, nous pouvons dresser une liste d’hypothèses :

-Un logement collectif avec jardin privé offre une qualité de vie comparable à une maison individuelle.

1

Erik Orsenna, extrait d'une interview avec Pierre Boncenne - Le Monde de l'éducation - Juillet 2000

2

Marie Angel, écrivain française, Extrait de Vivre Avec les fleurs, 1980

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-La force d’attractivité du jardin peut permettre d’accompagner une évolution des pratiques sociales habitantes en aidant au passage de la maison individuelle au logement collectif, pour concilier les aspects sociaux (qualité de vie) et environnementaux (densité contre l’étalement urbain)

Ces hypothèses, à vérifier par des investigations bibliographiques et de terrain, seront le support de mon travail de mémoire. Elles peuvent se regrouper sous la problématique suivante :

De la maison individuelle au logement collectif,

le jardin privé peut-il permettre de concilier les aspirations des ménages avec les préoccupations actuelles de densités urbaines?

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PLAN DÉTAILLÉ

INTRODUTION

p 1

PARTIE A

p 5 Investigations bibliographiques

CHAPITRE 1 : « La maison se définit par son jardin »

1

p 7

1.1- Les aspirations des ménages pour la maison individuelle. 1.2- L’importance du jardin

1.2.1-Le jardin est un élément métaphorique et sensoriel.

1.2.2-Le jardin a un rôle social d’autonomie, de mise à distance ou de partage 1.2.3-Les potentiels d’usages du jardin traduisent un choix de mode de vie.

1.3- La critique du collectif

CHAPITRE 2 : Préoccupations de densités urbaines

p 17

2.1- Les problématiques de l’étalement urbain. 2 .1.1- Origines du phénomène d’étalement urbain

2 .1.2- Conséquences et enjeux de développement durable

2.2- Compréhension du concept de densité. 2 .2.1- Une représentation négative

2 .2.2- Mesures de la densité

2 .2.3- Définitions psychosociologiques de la densité 2 .2.4- La végétation permet d’accepter plus de densité

CHAPITRE 3 :Des espaces extérieurs pour les logements collectifs.

p29

3.1- Les espaces extérieurs dans le logement collectif… au fil du siècle. 3.1.1- L’exemple des villas superposées de Le Corbusier, 1922

3.1.2- L’exemple des appartements-terrasses de Renée Gailhoustet, 1982

3.2- La prise de conscience actuelle des acteurs de projets.

1

Roger Perrinjaquet, sociologue, dans Maison individuelle Architecture Urbanité. Guy Tapie, éd. de l’Aube, 2005.

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PARTIE B

p43 Investigation de terrain : îlot La Sécherie, Bottière-Chénaie, Nantes. Boskop

CHAPITRE 4 : Un appartement avec jardin ?

p43

4.1- Le potentiel du jardin privé dans le logement collectif. 4.1.1-Le jardin est un élément métaphorique et sensoriel

4.1.2-Le jardin a un rôle social d’autonomie, de mise à distance ou de partage 4.1.3-Les potentiels d’usages du jardin traduisent un choix de mode de vie

4.2- La démarche d’enquête auprès d’habitants. 4.2.1- Intérêt de la démarche d’enquête

4.2.2- Le choix du terrain d’étude : îlot La Sécherie, Bottière-Chénaie, Nantes 4.2.3- Méthodologie d’investigation : le questionnaire et l’entretien semi-directif

CHAPITRE 5 : Enquête auprès des « maîtres d’usages »

p51

5.1- La Sécherie, entre logements collectifs et individuels. 5.1.1- Description de l’opération

5.1.2- Comparaison de densités

5.1.3- Quel potentiel pour les jardins de la Sécherie ?

5.2- Transcription et analyse des discours. 5.2.1- Qui sont ces « maitres d’usage » ?

5.2.2- Transcription des discours d’après le potentiel des jardins 5.2.3- Retour critique sur la méthode d’enquête

CONCLUSION

p69

BIBLIOGRAPHIE

p74

ANNEXES

p77

A1 : Extraits choisis d’un sondage effectué en 2007 par TNS Sofres, Les Français e leur habitat- perception de la densité et des formes d'habitat.

A2 : Questionnaire d’enquête A3 : Grilles d’entretiens

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INTRODUCTION

De la maison individuelle au logement collectif,

Le jardin privé peut-il permettre de concilier

les aspirations des ménages

avec les préoccupations actuelles de densités urbaines?

« Chacun aurait, enfoui en lui, le rêve de vivre dans une maison »1

La maison individuelle, par les multiples symboles qu'elle évoque, est en effet le logement préféré des français (« Deux français sur quatre habitent déjà en maison individuelle, le troisième y aspire. »2). Le jardin est un élément fondateur de cette définition symbolique de la maison. Il permet des usages et un mode de vie apprécié3. Par sa végétation et son rôle d'interface entre intérieur et extérieur du logement, il est générateur d'ambiances. Le logement collectif est au contraire largement critiqué.

Notre premier chapitre s’attachera donc à définir l’ampleur de l’attirance des français pour la maison individuelle, ainsi que les caractéristiques symboliques et sociales de cette dernière, avant de nous concentrer sur l’identification des phénomènes sensibles et d’usages qui sont attribués plus particulièrement au jardin.

Puis, par l’intermédiaire d’études sociologiques, nous écouterons les critiques généralement faites par les habitants aux logements collectifs

Depuis les années 1970, l’habitat pavillonnaire s'est largement développé en périphérie des villes. Il constitue un paysage périurbain peu dense et consommateur d'espace, de

1

«Vivre en maison individuelle en lotissement » , Jaillet, Rougé, Thouzellier, dans Maison individuelle,

architecture, urbanité, Tapie Guy, éditions de l'Aube, 2004. 2

Le renouveau de l'habitat intermédiaire, Mialet Frédéric, PUCA, 2006.

3

Critères de choix idéal pour un logement: 58% avoir un jardin, 45% une bonne localisation, 35% une maison individuelle.

[Voisins-voisines, nouvelles formes d'habitat individuel en France, Fort Francine, Exposition à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine-juin-sept 2005]

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coût et d'énergie. Densifier la ville parait être la solution aux problèmes soulevés par l’étalement urbain, mais la notion de densité, trop souvent confondue avec le sentiment de promiscuité, souffre d’une connotation négative.

Dans un deuxième chapitre, nous décrirons donc les origines du phénomène d’étalement urbain ainsi que ses conséquences au regard des enjeux de développement durable. Puis, nous définirons le concept de densité pour mettre en évidence la discordance entre densité réelle et densité perçue.

Intégrer des espaces privatifs extérieurs aux logements collectifs parait être une solution pour concilier habitat à forte densité et qualité de vie. Si ces considérations d’ordre environnemental et social intéressent de plus en plus les acteurs de projet, particulièrement depuis la mise en place de nouvelles réglementations plus soucieuses d’un développement durable de l’urbanisation, nous pouvons noter que les réflexions visant à concilier les avantages du logement individuel avec ceux du logement collectif ne sont pas nouvelles.

Nous présenterons donc dans un troisième chapitre deux réflexions et expérimentations de logements collectifs intégrant des espaces extérieurs et nous exprimerons les raisons législatives du regain d’intérêt pour ce type de logement.

En connaissance des phénomènes sociologiques et sensibles liés au jardin ainsi que des enjeux du développement durable, nous nous demandons donc si un logement collectif avec jardin privé offre une qualité de vie comparable à une maison individuelle, et si la force d’attractivité du jardin peut permettre d’accompagner une évolution des pratiques sociales habitantes en aidant au passage de la maison individuelle au logement collectif, pour concilier les aspects sociaux (qualité de vie) et environnementaux (densité contre l’étalement urbain) décrits précédemment.

La deuxième partie de notre étude tentera donc d’apporter des éléments de réponse à ces hypothèses, en prenant en compte le point de vue sensible des habitants. Ces derniers peuvent en effet avoir des ressentis qui diffèrent des intentions de projet. Un travail

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d’enquête auprès d’habitants de logements collectifs avec jardin parait alors important pour comparer les caractéristiques de ces espaces privatifs extérieurs avec celles du jardin de maison individuelle, et déterminer les aspirations qui en découlent

Notre quatrième chapitre définira donc, en préparation de cette enquête, les caractéristiques que le jardin de logements collectifs doit satisfaire pour acquérir les mêmes valeurs que le jardin de maison individuelle. Nous expliquerons les raisons du choix de notre terrain d’étude, l’opération d’ « habitat intermédiaire » de la Sécherie dans l’ éco-quartier de la Bottière-Chénaie à Nantes, et exposerons notre méthodologie d’enquête.

Notre cinquième et dernière partie sera ensuite consacrée à une description plus détaillée de l’opération en regard des thématiques de densité et de potentiel des jardins développées précédemment, ainsi qu’à l’analyse des discours obtenus.

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PARTIE A

Investigations bibliographiques

CHAPITRE 1 : « La maison se définit par son jardin »

1

1.1- Les aspirations des ménages pour la maison individuelle. p. 7

1.2- L’importance du jardin. p. 10

1.2.1-Le jardin est un élément métaphorique et sensoriel.

1.2.2-Le jardin a un rôle social d’autonomie, de mise à distance ou de partage

1.2.3-Les potentiels d’usages du jardin traduisent un choix de mode de vie.

1.3- La critique du collectif. p. 14

1

Roger Perrinjaquet, sociologue, dans Maison individuelle Architecture Urbanité. Guy Tapie, éd. de l’Aube, 2005.

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CHAPITRE 1 : « La maison se définit par son jardin »

1

1.1- Les aspirations des ménages pour la maison individuelle.

Selon un sondage de TNS Sofres2, 68% des Français déclarent vivre dans un habitat individuel et 87% choisiraient d’habiter un logement individuel.

Cette aspiration générale est unanimement constatée et de nombreux sociologues ont tentés de définir ses origines, qui se situent au croisement des caractéristiques symboliques psychiques et sociales que notre culture accorde à la maison individuelle.

Le concept de « maison » possède une dimension symbolique fondamentale et primitive : évoquant le nid, la coquille, la grotte ou la cabane, elle possède une fonction maternelle symbolique de protection. D’après François Vigouroux3, « elle protège et rassemble la famille, la situe dans le monde et dans le temps ».

Son caractère sacré se retrouve dans de très nombreuses cultures et en particulier chez les grecs et les romains de l’Antiquité qui vouaient un culte aux dieux Pénates, gardiens de la famille et du foyer, et aux dieux Lares, gardiens de la maison4. L’origine de ces derniers remonte à la croyance que les âmes de morts, autrefois enterrés dans les maisons, continuent de veiller sur leur demeure et ses habitants.

Ce rapport aux ancêtres se retrouve dans nos valeurs patrimoniales. D’après Bourdieu5

, notre société reste animée du « désir fantasmatique d’une maison individuelle durable et transmissible ». La maison individuelle exprime en effet la continuité familiale, une valeur culturelle recherchée par les individus et commune à de nombreuses cultures. Par exemple, en espagnol, casarse signifie se marier, alors que sa traduction littérale serait « s’emmaisonner ». Cette double définition met en évidence la liaison culturelle intime qui existe entre les notions de maison et de famille.

Même si la transmission intrafamiliale de ce patrimoine est loin d’être systématique, la quête d’authenticité et la nostalgie de la maison rurale des grands-parents ancrent le désir de maison individuel dans l’inconscient.

1

Roger Perrinjaquet, sociologue, dans Maison individuelle Architecture Urbanité. Guy Tapie, éd. de l’Aube, 2005.

2

Sondage commandé par l’Observatoire de la Ville et publié dans Les Français et leur habitat, perception de la

densité et des formes d’habitat, TNS Sofrès, janvier 2007. Des extraits de ce sondage sont consultables en annexe A1 3

François Vigouroux, psychologue et écrivain, dans L’âme des maisons. Hachette, 2003.

4

Italo Calvino imagine avec sensibilité et humour les personnalités et les rôles attribuées à ces deux types de divinité

tutélaires, dans Les villes invisibles, les villes et le nom 2. p.98.

5

Pierre Bourdieu., Les structures sociales de l'économie. éd Seuil, 2000

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Idéologiquement, la maison individuelle évoque l’accomplissement d’une « plénitude familiale ». Des études de rêves stipulent que la maison, son intérieur intime et son aspect extérieur public, est une représentation psychique du moi. Elle représente l’image de soi en tant qu’individu ayant un certain statut social.

Il existe différents types de maisons individuelles, en zone urbaine, périurbaine ou à la campagne, groupées, isolées ou en lotissement. On remarque que la force idéologique du mythe pavillonnaire se situe au-delà des notions pragmatiques de « constitution d’un capital » et de « bon placement » : ce choix de vivre en maison individuelle en lotissement traduit une recherche d’ « endogamie sociale » qui a conduit à une banalisation de ce type d’habitat.

Certains sociologues considèrent le lotissement comme le « lieu de fusion des différences sociales »1. Le fait de se regrouper entre voisins qui présentent les mêmes appétences en termes de choix de localisation et de mode de vie est un signe ostentatoire d’appartenance à une certaine classe sociale, qui cache pourtant des différences parfois importantes de niveaux de vie.

Cette endogamie sociale apporte aux ménages un sentiment de commodité, de tranquillité, de sécurité, voire de protection, qui paraissent plus importants que le temps et les coûts induits par les déplacements. Le marché immobilier présentant une offre d’accession à la propriété majoritairement pavillonnaire alimente l’attrait des ménages pour ce type d’habitat banalisé, qui est devenu en quelques sortes la « normalité » sociale des couches supérieures et moyennes de la population et qui clôt souvent une trajectoire résidentielle ascendante.

Le désir de vivre dans une maison individuelle est souvent motivée par le souhait d’un mode de vie agréable pour les enfants. La maison individuelle en lotissement est alors décrite comme une étape d’un cycle de vie, qui offre un environnement tranquille et protégé pour l’éducation des enfants. Certains parents n’excluent pas l’idée de « retourner vivre en appartement en ville une fois les enfants partis »2, mais dans les faits, si la maison individuelle est l’ultime étape pour la famille nucléaire, c'est-à-dire pour les structures familiales comportant deux parents et leur(s) enfant(s), elle constitue

1

Jaillet M-C,Rougé L., Thouzellier C. dans Vivre en maison individuelle en lotissement extrait de Maison

individuelle, architecture, urbanité. Guy Tapie, éd. De l'Aube, 2005. 2

Ibid. Parole d’habitant.

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dans la grande majorité des cas un enracinement définitif. La revente difficile ou la peur du changement conduisent souvent le couple parental a conserver son habitation ou a déménager pour une maison individuelle plus petite.

On constate en effet que les trajectoires résidentielles des ménages évoluent rarement spontanément du logement individuel vers le logement collectif, car ce déplacement induit des changements inespérés –et des craintes de ce changement- du mode de vie associé à la maison individuelle.

Nous l’avons vu précédemment, les acquéreurs de pavillons paraissent s’identifier à leurs voisins et à l’image que donne leur lotissement. Cette recherche de reflet social, censé garantir aux habitants la sécurité, dissimule, par extension, une peur de la différence. A notre avis, cette crainte est constituante du mode de vie individualiste de notre société moderne. Le pavillon individuel, foyer protecteur de la famille, idéalise un désir d’autonomie. Une contradiction existe donc entre le besoin de s’identifier à son quartier, et celui de préserver l’autonomie du ménage en mettant à distance le voisinage. On peut parler d’un « désir paradoxal d’intimité et de vivre ensemble »1

. Savoir régler sa distance à autrui est une condition nécessaire pour avoir de bonnes relations de voisinage , courtoises mais non amicales. A l’intérieur même de la cellule familiale, la maison individuelle répond au besoin d’autonomie des différents membres de la famille : les entrées et sorties de chacun sont faciles et discrète, les surfaces sont grandes, certaines pièces peuvent changer d’usage pour suivre l’évolution de la famille. C’est d’ailleurs son potentiel de transformation qui confère à la maison individuelle son succès populaire : elle est capable de s’adapter, d’être remaniée au rythme des projets de ses habitants. Cette malléabilité répond à une pluralité des modes de vie et aux évolutions familiales, mais permet aussi à ses habitants de se projeter dans le futur en imaginant des projets de transformation. Même si c’est derniers ne seront finalement jamais réalisés, la maison individuelle est une promesse d’évolution et un support à l’imaginaire.

1

Conclusion du sondage Les Français et leur habitat, perception de la densité et des formes d’habitat, TNS Sofrès, janvier 2007.

Des extraits de ce sondage sont consultables en annexe A1

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1.2- L’importance du jardin

Le jardin parait être le critère prédominant dans le choix d’une maison individuelle.

« Ce qui mobilise les classes populaires en faveur de la maison individuelle, c’est le jardin autant que la maison elle-même»1. D’après un sondage officiel, avoir un jardin serait le critère de choix principal en cas de déménagement2. Les chiffres d’une enquête précédant l’exposition Voisins-voisines- nouvelles, nouvelles formes d’habitat individuel en France3 vient confirmer cette tendance : Les critères de choix idéal pour un logement sont pour 58% d’avoir un jardin, 45% une bonne localisation et 35% une maison individuelle. Ces résultats mettent en évidence le fait que ce n’est pas la maison individuelle en elle-même qui attire tant les Français, mais son jardin. Une confusion existe en fait dans nos esprits entre maison individuelle et maison-avec-jardin.

Le jardin est l’élément constitutif du modèle pavillonnaire, et l’association mentale du « trio français indissociable propriété-maison-jardin »1 est due au souvenir de l’Histoire ouvrière. D’après Le Play, père fondateur de l’idéologie pavillonnaire qui souhaitait protéger l’ordre social menacé par la révolte des couches populaires suite à l’industrialisation du pays, il fallait rendre aux familles ouvrières « l’aisance et la sécurité en les attachant au sol par le travail, la frugalité et l’épargne en leur conférant au moins la dignité que donne la propriété du foyer domestique » et le rôle du jardin, fréquemment associé aux réalisations patronales, était alors d’améliorer l’ordinaire des familles grâce aux récoltes du potager et de contraindre le temps libre de l’homme pour lui éviter les déviances de l’alcool. Le jardin a donc acquit une importance considérable dans la définition symbolique de la maison.

1.2.1-Le jardin est un élément métaphorique et sensoriel.

Comme dit le sociologue J-P . Flamand4, « Pas de maison sans un jardin, et même dans les immeubles de logements collectifs, on trouve des jardinières suspendues au

1

Françoise Dubost, Les jardins ordinaires, L’Harmattan, 1997, chapitre 1.

2

Sondage commandé par l’Observatoire de la Ville et publié dans Les Français et leur habitat, perception de la

densité et des formes d’habitat, TNS Sofrès, janvier 2007. Des extraits de ce sondage sont consultables en annexe A1 3

Exposition présentée à la cité de l’Architecture et du Patrimoine de juin à septembre 2005 et publié en 2006 sous la direction de Francine Fort, éditions du Moniteur, Paris.

4

Dans L’abécédaire de la maison, « jardin », La Villette, Paris, p.176

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corps devant les fenêtres, rappel têtu de cette liaison existentielle entre les hommes et la terre, aussi citadins soient-ils ». D’après Guy Tapie1, le jardin est -avec le toit, le foyer et l’espace intime- un élément fondateur de la définition symbolique cosmologique de la maison puisqu’elle « relie la maison à la terre et au ciel ». Il faut, pour comprendre cette définition cosmologique, revenir à l’origine du monde tel qu’il est décrit dans la religion qui a fortement influencée notre culture. Dans la Genèse chrétienne, le premier habitat du premier Homme, Adam, était un jardin. Le jardin d’Eden symbolise la liberté, la paix intérieure et la symbiose de l’Homme avec la Nature.

Si la maison est un « point de repère fixe pour structurer le monde autours de soi »2, le jardin, miniature métaphorique de notre planète terre, représente ce rapport à l’environnement extérieur. Si l’on considère les sociétés traditionnelles qui s’adonnaient à de nombreux rituels liant la terre et les hommes, le jardin est un lieu spirituel et symbolique né de la fusion de la main de l’Homme et des processus naturels. Permettant à la fois de se tenir au dehors et chez soi, le jardin est un espace de transition qui permet un contact simplifié et individualisé, donc privilégié, à la nature. Il permet de renouer avec le temps qui passe à travers la contemplation des cycles journaliers et saisonniers de la nature et répond au besoin rural primaire de contact physique des Hommes avec la nature.

Le jardin, et plus généralement le végétal a donc des qualités sensibles, il est un élément sensoriel ressenti à travers un sujet percevant. « La forme, la disposition, la nature du végétal ou d’une configuration végétale transportent virtuellement l’usager vers un autre espace, vers un ailleurs, et c’est parce qu’on va vers cet ailleurs, à travers un voyage sensoriel, qu’on se régénère, qu’on se ressource »3

. La proximité du végétal permet de se couper à la fois physiquement et psychologiquement de ses contraintes quotidiennes, de « retourner à l’essentiel » en observant les petites choses de la vie, en prenant la mesure du temps et de soi-même. L’habitant s’y évade en se concentrant sur ses interactions sensorielles : le bruit du vent dans les feuilles et le chant des oiseaux, l’odeur et le gout des fruits, des légumes et des fleurs, les jeux d’ombre et de lumière, la réalité de la matière. Ce prolongement vert du logement est un espace d’évasion, un

1

Dans Maison individuelle, architecture, urbanité. éd. De l'Aube, 2005.

2

Cooper Marcus Dans Habitat et nature, du pragmatisme au spirituel. ., Infolio, 2006

3

Magalie Paris, dans Les ambiances végétales et la conception de la façade d’habitat collectif, Recherche

exploratoire, DEA Ambiances architecturales et urbaines, Nantes, 2004, partie 2.4

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espace intime en dehors du quotidien, une manière de s’isoler du monde et de créer son propre paradis.

Le jardin permet également à ses occupants de moduler les ambiances puisque l’aménagement de sa configuration végétale permet d’adapter ses caractéristiques d’ambiance à un usage précis. Par exemple, le degré de végétalisation et donc de protection solaire d’une pergola permettra en été de d’y séjourner quelques minutes ou d’y siéger le temps d’un long repas.

Se tenir dans son jardin, même si celui-ci est petit, peu permettre de « commuter virtuellement d’une ambiance à une autre »4

selon que l’on tourne son attention vers l’intérieur de la maison, vers l’espace public ou vers soi-même.

1.2.2-Le jardin a un rôle social d’autonomie, de mise à distance ou de partage

Le jardin, et plus particulièrement le « jardin de devant » est une manière de gérer ses relations à l’environnement, de pouvoir agir sur celui-ci. A travers l’aménagement et l’entretien de leurs jardins, les choix d’essences, les individus affirment leurs goûts, révèlent leurs modes de vie et participent à l’élaboration de l’image résidentielle de leur quartier. Les plantes qu’on y dispose signalent le chez-soi et révèlent une partie de l’intimité du foyer aux passants. C’est aussi une façon d’ajouter une valeur esthétique à sa rue ou son quartier et prodiguer une image valorisante de son propre cadre de vie puisque « la nature, même totalement domestiquée […], apparaît comme une bouffée d’air, invite à la flânerie et contribue à l’humanisation de l’espace urbain »1

Le jardin confère à la maison un statut d’autonomie, en comparaison avec une maison de ville sans jardin. La multiplicité des techniques développées par les habitants de maisons de lotissements pour séparer leurs jardins de celui du voisin ou de la rue révèle le rôle social de mise à distance du jardin et une forte tendance des habitants à

1

Mialet Frédéric dans l’article Le besoin d’un jardin en ville extrait de Le renouveau de l'habitat intermédiaire., PUCA, 2006. p57.

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l’individualisme. Le jardin, par sa capacité à préserver des regards l’intérieur de la maison, est un espace-tampon qui produit de la distance sociale.

Les degrés d’opacité des jardins, induits par leurs aménagements, révèlent des souhaits d’intimité ou d’ouverture. Par son statut intermédiaire entre intérieur privé et extérieur public, il peut à l’inverse permettre des rapprochements sociaux en devenant un lieu de partage et de convivialité entre voisins qui ne n’oseraient pas s’inviter les uns chez les autres. Si les configurations spatiales et végétales des jardins sculptent les rapports sociaux, elles sont également capables, d’après les enquêtes de terrain de Magalie Paris1, d’induire et de moduler les comportements sonores des passants et des voisins.

1.2.3-Les potentiels d’usages du jardin traduisent un choix de mode de vie.

Dans l’imaginaire citadin, la notion de jardin évoque le calme, le repos, les vacances, le loisir. Par extension de la symbolique de la maison individuelle, il est associé à une bonne qualité de vie car il offre un environnement agréable, moins pollué et bruyant. La fonction que la plupart des habitants lui attribue est sa commodité d’agrément pour les adultes et de jeux pour les enfants plus que son utilité d’ornement ou de mise en scène.

Le jardin est en effet un espace sécurisé de découverte pour les enfants, et des études montrent que sa taille n’a que peu d’influence sur les émotions ressenties. C’est également un territoire appropriable et transformable qui se différencie d’un balcon ou d’une terrasse par son potentiel d’aménagement. Il permet d’adopter un mode de vie associé à une bonne qualité de vie : sortir le matin pour sentir la température, manger dehors, cultiver ses légumes, avoir la place pour bricoler,…

Par son potentiel d’aménagement, il augmente les caractéristiques d’évolution et de malléabilité recherchées dans le logement individuel. Ses qualités d’extension et d’adaptation lui permettent de répondre à des usages multiples et différenciés. C’est une pièce en plus qui change de fonction selon les moments de la journée et de l’année.

1

Recherche exploratoire Les ambiances végétales et la conception de la façade d’habitat collectif, DEA Ambiances architecturales et urbaines, Nantes, 2004, p59.

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Mais si le jardin permet cette multiplicité d’usages, sa vocation primaire exprimée par le patronat au XIXème siècle, à savoir de contraindre le temps libre de l’homme à l’entretien de son jardin, peut se révéler de manière plus marquée (prégnante, significative) que les nombreux avantages qui lui sont associés. Son entretien nécessaire demande en effet un certain investissement pouvant provoquer gênes et fatigue.

1.3- La critique du collectif

Nous voulons maintenant comprendre les critiques généralement faites au logement collectif. De nombreuses études sociologiques évoquent les désapprobations et les craintes formulées par des habitants de maisons individuelles envers le logement collectif. On remarque que c’est principalement l’absence des caractéristiques avantageuses de la maison, décrites précédemment, qui sont reprochées au logement collectif, entrainant un rejet idéologique de ce type d’habitat.

Dès l’origine, dans les années 1970, les lotissements de maisons individuelles se sont développés en réaction aux problèmes des grands-ensembles, et l’image néfaste de ces derniers influe toujours sur la conception symbolique et psychologique que la société française se fait du logement collectif en général.

D’un point de vue social, l’endogamie sociale recherchée par les habitants en lotissement, censée leur assurer un cadre de vie tranquille et sécurisé, parait inaccessible dans un immeuble collectif. En effet, le respect de la distance à autrui y semble plus difficile. La mauvaise isolation sonore et la confrontation obligatoire avec les voisins dans un espace clos sont souvent la cause d’un sentiment de manque d’intimité et d’individualité. Les voisins, que l’on entend sans pouvoir les éviter, sont alors décrits par les habitants sur un mode intrusif. L’idée d’un risque d’intrusion du voisinage est bien plus présente chez les habitants d’immeubles collectifs qui cohabitent avec des voisins qu’ils n’ont pas « choisis », que chez les habitants de lotissements qui peuvent considérer leurs voisins comme leur reflet social.

Même entre les différents membres de la famille, la visibilité plus importante des mouvements des personnes, due à la configuration spatiale, est ressentie comme un manque d’individualité.

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De plus, un appartement collectif présente moins de possibilité d’évolution qu’une maison individuelle. Sa surface souvent petite est limitée et non extensible, ses pièces sont plus prescrites. Ce manque de place et de flexibilité rend le logement collectif inadaptable aux évolutions familiales et place ses habitants dans un statut de « nomade en sursis, toujours entre deux déménagements ».

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La plupart des Français aspirent à habiter une maison individuelle, qui constitue généralement l’apogée d’un parcours résidentiel. Ces désirs d’habiter relèvent des multiples dimensions –sociale, patrimoniales, affectives- que la maison évoque. Le jardin est le critère prédominant dans le choix d’une maison individuelle puisqu’il permet d’entretenir un rapport individualisé, donc privilégié, à la nature et confère à la maison son statut d’autonomie en permettant de régler ses distances sociales au voisinage. Le jardin est également représentatif d’un mode de vie agréable permettant de développer une multiplicité d’usages. La maison individuelle, à l’inverse du logement collectif, semble en effet assurer un cadre de vie tranquille et sécurisé tout en admettant des possibilités d’évolution.

Mais cet engouement pour la maison individuelle a conduit à un étalement urbain qui pose de sérieux problèmes d’ordre économiques, environnementaux et sociaux.

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PARTIE A

Investigations bibliographiques

CHAPITRE 2 : Préoccupations de densités urbaines

2.1- Les problématiques de l’étalement urbain. p. 19

2 .1.1- Origines du phénomène d’étalement urbain

2 .1.2- Conséquences et enjeux de développement durable

2.2- Compréhension du concept de densité. p. 23

2 .2.1- Une représentation négative

2 .2.2- Mesures de la densité

2 .2.3- Définitions psychosociologiques de la densité

2 .2.4- La végétation permet d’accepter plus de densité.

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CHAPITRE 2 : Préoccupations de densités urbaines

2.1- Les problématiques de l’étalement urbain.

2 .1.1- Origines du phénomène d’étalement urbain

« Le mouvement de repli sur soi et le rejet du collectif ont intensifié le développement diffus de l’habitat individuelle à l’échelle du territoire »1

Le modèle de la maison individuelle s’est développé dans notre pays depuis l’ère industrielle. Sa fonction première était alors d’attacher l’homme au travail de la terre « pour l’éloigner du cabaret ». Mais c’est à partir des années 1970 que les lotissements de pavillons ont proliférés.

L’une des raisons de cet engouement réside dans le rejet de l’habitat collectif matérialisé par les grands ensembles. En effet, les problèmes sociaux liés à l’urbanisme de masse des grands ensembles d’après-guerre ont commencés à émerger seulement quelques années après leur construction, et ce modèle de tours et de barres, dites de forte densité, a été très vite stigmatisé. C’est donc en réaction face aux problèmes des grands ensembles que l’intérêt pour la maison individuelle s’est largement répandu en France. L’augmentation générale du niveau de vie et les lobbies immobiliers ont contribués fortement à l’émergence d’un nouveau mode de vie individualiste représenté par le statut de propriétaire d’habitat individuel. Egalement encouragé par les pouvoirs publics, la publicité pavillonnaire et la démocratisation de l’automobile, la maison individuelle et son jardin ont conquis de nouveaux territoires aux franges de la ville dense. C’est ce que l’on appelle l’ « homo periurbanus » des années ’70.

Dans un deuxième temps, en raison du prix de plus en plus élevé du foncier et du règlement trop strict des lotissements de première couronne n’acceptant pas d’évolution ou de densification possible pour répondre à l’accroissement de la population, la

1

Francine Fort (directrice d’Arc en rêve) et Francis Rambert (directeur de l’Institut français d’architecture) dans

La preuve par huit, extrait de Voisins-voisines, nouvelles formes d'habitat individuel en France. Le Moniteur, 2006. p.9

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périurbanisation s’est étendue de manière intensive, diffuse et non centralisée aux communes situées en deuxième couronne des grandes villes.

Le décret de 1964 imposant la répartition des voies en trois catégories a participé et participe encore à la désurbanisation de cette périphérie des grandes villes. En effet, ce décret interdisant l’accès direct des bâtiments sur la voirie primaire conduit non seulement à la multiplication des voies de desserte et des impasses mais aussi à une organisation très fermée du lotissement. La notion de façade principale sur rue, constitutive de l’espace public, disparaît, et ce dernier devient monofonctionnel – fonction automobile- et imperméable.

2 .1.2- Conséquences et enjeux de développement durable

L’habitat individuel s’est développé pendant de nombreuses années sans soulever de questions problématiques particulières. Cependant, l’explosion démographique, la précarité sociale, le réchauffement climatique, l’augmentation du prix de l’énergie et la prise en compte de la dégradation du patrimoine naturel nous poussent aujourd’hui à repenser les pratiques.

-Point de vue économique

D’un point de vue économique, l’étalement urbain induit des coûts élevés pour les collectivités qui doivent financer et entretenir de longues infrastructures routières et payer des services, notamment de transports en commun et de collecte des déchets. Pour les habitants aussi, le fait d’habiter en périphérie de la ville implique des dépenses exorbitantes liées aux trajets entre le domicile et le travail, l’école, les équipements culturels, sportifs et de loisir, etc. puisque l’utilisation de la voiture est devenue une nécessité et un mode de vie.

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-Point de vue environnemental

« L’espace géographique n’est tout simplement pas aussi élastique que certaines projections théoriques ou la somme des désirs individuels le voudraient »1

En effet, la forte consommation d’espace nécessaire au développement de quartiers pavillonnaires répondant aux attentes d’une population grandissante modifie le paysage en détériorant le territoire agricole -qui contribue pourtant fortement à la richesse économique de notre pays- et en endommageant le patrimoine naturel support de la biodiversité. Le recensement agricole de 2000 montre une diminution de 35% des agriculteurs permanents depuis 1988. Pourtant, le monde rural a gagné 247 000 habitants en 9 ans.2

Dans le même temps, l’augmentation des surfaces imperméables (voiries et constructions) peut conduire à l’aggravation des inondations.

De plus, si nous prenons en considération le fait que les bâtiments représentent 43 % de l’énergie consommée et contribuent pour 22% aux émissions de gaz à effet de serre3

, nous pouvons remarquer que les modes de construction utilisés par les promoteurs de lotissements sont généralement d’une non-efficience énergétique alarmante au regard du réchauffement climatique et de l’épuisement des ressources et des énergies fossiles. Des formes plus compactes induites par le regroupement physique des logements sont une solution pour limiter non seulement les déperditions de chaleur de chaque logement, mais également les dépenses énergétiques liées aux déplacements urbains.

-Point de vue social

La faible densité et l’étalement urbain conduisent à une banalisation et une faible structuration des espaces périurbains. Cette faible structuration des espaces revêt une importance non négligeable si l’on considère que « Le tissu urbain est le support du tissu social, et vice et versa »4. L’exposition Voisins-Voisines, en 2006, a soulevé que « la permanence de l’archétype, quatre murs couverts d’une toiture à deux pentes, étonne par son indifférence aux évolutions sociales et techniques »5. En effet, les modes

1

Pierre Belli-Riz (architecte urbaniste) dans La mesure de la maison individuelle, extrait de Maison individuelle,

architecture, urbanité. Guy Tapie, éd. De l’Aube, 2005 2

Extrait d’une analyse du recensement agricole parue dans Le Monde, Les périurbains repeuplent les campagnes, 12 aout 2000.

3

D’après une étude de l’ADEME, 2007.

4

Dans Densité et formes urbaines sur l'agglomération nantaise. Boursier Julie, DESS Nantes, 2003

5

Dans L’architecture pour la maison d’aujourd’hui, extrait de Voisins-voisines, nouvelles formes d'habitat individuel

en France. Le Moniteur, 2006. p.19

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de construction utilisés ne sont pas innovants et sont devenus en quelques sortes inadaptées à nos modes de vie contemporains. Les thématiques architecturales actuelles concernant les volumes, la recherche d’espace, de modularité, de lumière, etc., sont des caractéristiques qui ne sont tout simplement pas prises en compte par les constructeurs. L’individualisme, cause ou conséquence du « mitage urbain », sont –à mon avis- en désaccord avec notre condition d’Hommes membres d’une société et « locataires de notre planète»1, et ont des conséquences négatives certaines sur notre qualité de vie.

Une autre problématique liée au confort et à la qualité de vie des habitants réside dans les distances à parcourir. Une étude de l’Adef 2 précise que « construire tous les nouveaux logements des communes périurbaines en individuel conduirait à multiplier par 2,5 les surfaces urbaines totales, et à augmenter de 1,6 les distances moyennes à parcourir ». Or, avec notre train de vie moderne très chargé, le temps passé dans les transports est non seulement vécu comme une « perte de temps », mais il est également un facteur important de stress. Il conviendrait donc de limiter les distances et les temps de déplacement.

1

L’une des principales citations-support de la réflexion sur le développement durable.

2

Etude réalisée par l’Association des études foncières pour l’union nationale des constructeurs de maisons individuelles (UNCMI) et le Crédit Foncier de France.

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2.2- Compréhension du concept de densité.

Une plus grande densité, c'est-à-dire une plus grande compacité de la ville, parait être une des réponses aux problèmes soulevés par l’étalement urbain. Mais qu’entend-on réellement par « densité » ?

2 .2.1- Une représentation négative

La notion de densité, pourtant largement débattue ces dernières années, peine à être acceptée par la population. D’après une étude Sofres1, 65% des Français pensent que la densité est quelque chose de négatif conduisant à des dysfonctionnements sociaux et comportementaux. La densité est donc une notion très mal perçue par la population, qui l’associe à une qualité de vie médiocre : espace de vie restreint, impacts négatifs sur la santé en termes de stress, fatigue et manque de tranquillité, nuisances sur l’environnement en termes d’embouteillages et de pollution. En un mot, la densité fait peur aux Français, sans doute parce que cette notion renvoie à l’expérience malheureuse des grands ensembles. Mais il serait réducteur d’associer densité avec bâtiments de grande hauteur.

2 .2.2- Mesures de la densité

Il existe différents calculs et définitions de la densité, qu’il convient de ne pas confondre :

Densité brute : Nombre d’habitants, de logements ou d’emplois recensés sur un

secteur. Le périmètre inclus l’ensemble des voieries et les espaces verts.

Densité nette : Nombre d’habitants, de logements ou d’emplois recensés sur un secteur.

Le périmètre exclu les voies de desserte.

Densité parcellaire (ou COS) : rapport entre surface hors œuvre brute construites

(coefficient d’emprise au sol x nombre de niveaux) et surface au sol.

1

Sondage commandé par l’Observatoire de la Ville et publié dans Les Français et leur habitat, perception de la

densité et des formes d’habitat, TNS Sofrès, janvier 2007. Des extraits de ce sondage sont consultables en annexe A1

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Une même densité peut incarner des formes urbaines très différentes, comme l’illustre ces schémas1 :

Différentes formes urbaines et densités de population pour une même densité de bâti, soit un COS de 0,5.

NB : Le nombre d’habitants est calculé d’après le nombre moyen de personnes par ménage en France en 1990 (2,8 personnes pour l’individuel et 2,2 pour le collectif).

La densité, qui se traduit par un chiffre, est donc à considérer comme un indicateur parmi d’autres, qui ne permet pas à lui seul de rendre compte des formes urbaines mais permet de comparer des territoires entre eux ou dans le temps.

Pour la comparaison de densités de notre terrain d’étude2

, nous utiliserons une densité résidentielle nette en logements à l’hectare.

1

Schémas extrait de Les densités urbaines et le développement durable, le cas de l’île de France et des villes

nouvelles. Fouchier V., Editions du Secrétariat Général du Groupe Central des Villes Nouvelles, 1997 2

L’ilot de la sécherie dans le quartier Bottière-Chénaie à Nantes

R+11

36 logements de 70m² Emprise au sol du bâti : 10% 79 habitants

Densité de 157 habitants/ha

R+2

36 logements de 70m² Emprise au sol du bâti : 17% 79 habitants

Densité de 157 habitants/ha

R+combles

24 logements de 105m² Emprise au sol du bâti : 33% 67 habitants Densité de 133 habitants/ha

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2 3- Définitions psychosociologiques de la densité

Un rapport de l’atelier « Vivre en ville » mis en place par le CERTU en 1999 donne plusieurs définitions de la dimension psychosociologique de la densité1 :

« -La densité sociale, c'est-à-dire le nombre de relations entre individus rapporté au volume de la société. Par extrapolation, entrent ici en jeu des densités de population, des dynamiques de développement urbain, des communications denses et efficientes. La ville est le lieu par excellence de la densité sociale.

-La densité perçue, qui fait référence à la promiscuité sociale, positive ou négative et qui est indépendante de la distance spatiale, la promiscuité physique pouvant favoriser les relations sociales ou, au contraire, aviver les tensions.

-Le seuil de densité, au-delà duquel peut être observé un accroissement des pathologies du comportement. Les études épidémiologiques des années 1960-1970, qui tentent d’établir un lien entre mesures objectives de densité, dysfonctionnements sociaux et pathologies, procèdent de la même hypothèse sans être parvenus toutefois à des résultats probants. »2

Ce qui est certain, c’est que le seuil de tolérance de la densité de population varie d’une personne à une autre selon notamment son appartenance ethnique ou socioculturelle.

« -Le sentiment d’entassement ou « crowding », concept mis en avant pat

D.Stokols pour décrire un stress lié à la perception d’un nombre trop élevé de personnes par rapport à l’espace disponible. La réaction individuelle à ce stress oscille entre l’ouverture aux autres ou e replis selon le niveau de contrôle exercé sur l’environnement social et informationnel ou selon les alternatives possibles pour éviter un environnement contraignant. »2

1

Dans Une autre lecture de l’espace public, les apports de la psychologie de l’espace, rapport de l’atelier « Vivre en ville », CERTU, Bordas F., Vers une approche de la densité urbaine, Collection du CERTU, 1999.

2

Définitions résumées dans La densité: Concept, exemples et mesures, rapport d’étude commandé par le CERTU (Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques) de Lyon, Duhayon J-J,

Pages A, Prochasson F., juillet 2002

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2 .4- La végétation permet d’accepter plus de densité.

Par ses formes floues, colorées, mobiles, la végétation estompe la présence bâtie et redonne une échelle humaine aux bâtiments de grande hauteur. L’existence d’une végétation luxuriante dérigidifie –visuellement et psychologiquement- les formes urbaines, qui apparaissent alors moins hautes, moins compactes, moins « dures ». Elle permet de moduler les ambiances, de suivre le cours des saisons, de se sentir vivre plus proche de la nature et plus loin des nuisances de la ville.

« Une présence végétale abondante en milieu urbain est généralement considérée comme une réelle plus-value en termes d’usage et d’agrément »1. Nous pouvons en effet noter que l’offre du marché immobilier se fait à un prix plus élevé dans les quartiers urbains à forte présence végétale, conséquence de la forte demande.

D’un point de vue culturel et sociologique, cette présence végétale exprime en effet un marquage social valorisant faisant référence aux quartiers haussmanniens agrémentés de jardins publics ou aux lotissements pavillonnaires. Pourtant les quartiers de grands ensembles HLM, bien qu’ils intègrent en général de grands espaces verts publics, ne bénéficient pas de cette image valorisante et paraissent même être le lieu de conflits. C’est sans doute parce ces espaces verts possèdent une faible valeur d’usage du fait de leur aménagement restreint et souffrent d’un manque d’appropriation collective et individuelle. A l’inverse, les quartiers pavillonnaires et leurs jardins privés à la végétation abondante et entretenue reflètent l’image d’une bonne qualité de vie.

Nous pouvons ainsi penser qu’en individualisant la végétation dans les quartiers d’habitats collectifs, les jardins privés, appropriés et entretenus, permettraient de donner une image valorisante au logement collectif.

1

DUHAYON J-J., PAGES A., La densité : Concept, exemples et mesures. Rapport d'étude CERTU Lyon. Diffusion

sur internet, juillet 2002

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Le phénomène d’étalement urbain découle du caractère individualiste de notre société. A partir des années 1970, le constat d’échec des grands ensembles a intensifié la prolifération pavillonnaire, qui pose maintenant des problèmes au regard des problématiques de développement durable. L’étalement urbain a en effet des conséquences d’ordres économiques, environnementaux et sociaux puisqu’il induit des surcoûts pour la population et les collectivités, détériore le territoire agricole et nécessite une forte consommation énergétique. La faible structuration de ces espaces périurbains conduit également à une inquiétante déstructuration sociale.

La densité, qui est un outil de mesure ne permettant pas à lui seul de rendre compte des formes urbaines, paraît offrir une solution à ce phénomène. Mais cette notion souffre d’une connotation négative puisqu’elle renvoie à l’image des grands ensembles. Pourtant, le sentiment de promiscuité qui lui est reproché peut être atténué, notamment par la présence de végétation, puisque celle-ci joue un rôle psychosociologique mélioratif sur la perception de la densité.

Par conséquent, nous pensons que l’adjonction d’espaces extérieurs privatifs aux logements collectifs peut permettre de concilier forte densité et qualité de vie. Dans notre prochain chapitre, nous étudierons les réflexions et propositions qui ont déjà été développées sur ce sujet avant d’expliquer le regain d’intérêt des acteurs de projets actuels pour ces considérations environnementales et sociales.

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PARTIE A

CHAPITRE 3 : Des espaces extérieurs pour les logements collectifs.

3.1- Les espaces extérieurs dans le logement collectif… au fil du siècle. p.31

3.1.1- L’exemple des villas superposées de Le Corbusier, 1922

3.1.2- L’exemple des appartements-terrasses de Renée Gailhoustet, 1982

3.2- La prise de conscience actuelle des acteurs de projets p.39

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Références

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On peut déjà calculer plusieurs aires de terrain possible… Dans la première colonne, on indique la longueur du coté, et dans la colonne d'à coté, on indique la longueur

Réalité mouvante, le jardin collectif est ainsi saisi comme le produit d’un compromis entre différents acteurs aux enjeux et visions divergentes qui se cristallisent dans une