PRATIQUE ÉDUCATIVE ET DIFFICULTÉS D’APPRENTISSAGE :
une lecture à partir du contrat didactique
Alcionete PSCHISKY, Carlos A. SOUZA, José A. P. ANGOTTI, Maurício PIETROCOLA
Programme de Pós-Graduação en Éducation - UFSC / CED
MOTSCLÉS : CONTRAT DIDACTIQUE FORMATION DES PROFESSEURS T.I.C. PRATIQUE ÉDUCATIVE
RÉSUMÉ : À partir de l’observation de classes de sciences naturelles, de sciences sociales et de mathématiques, nous avons confirmé l’hypothèse que le professeur anticipe par rapport aux élèves, en rendant plus difficile, voire non-viable, la construction conceptuelle, en induisant cette construction par l’intermédiaire d’explications et, parfois, en répondant à leur place. Notre analyse est ancrée sur la catégorie de Contrat Didactique et nous signalons les Technologies d’Information et de Communication sont une possibilité pour minimiser cette pratique.
SUMMARY : Through Natural and Social Siences and Mathematics classes’observation, we confirm the hipothesis that the teacher puts himself ahead of his students, therefore making it difficult or even unviable the conceptual process, by inducing then with several explanations, memorization and, not rarely, answering for them. Our analysis is supported by the Didactic Confrontation category and we imply the Communication and Information technologies as real possibilities to minimize such usual practice.
1. INTRODUCTION
Loin d’être une situation isolée, et non pertinente à un seul domaine de l’enseignement, nous sommes partis de l’hypothèse qu’un bon nombre de pratiques pédagogiques présentent un trait commun : le professeur, anxieux de valider son action éducative, anticipe les réactions des élèves, en rendant difficile, voire non-viable, leur construction conceptuelle. Nous avons analysé les données observées à partir du Contrat Didactique. Ensuite, nous avons rapporté ces observations et analyses des classes à l’hypothèse de référence. Après, nous avons décrit quelques réflexes identifiés de ces pratiques éducatives et essayé d’en relever les problèmes générés. Nous avons également montré des alternatives considérées comme pertinentes, et, finalement, nous avons produit quelques considérations, en essayant d’identifier les contributions possibles pour le changement du Contrat Didactique.
2. LE CONTRAT DIDACTIQUE : UN INSTRUMENT D’ANALYSE
Le professeur, désirant que ses élèves obtiennent de bons résultats, cherche à leur faciliter les tâches par l’intermédiaire d’explications exhaustives, la proposition de petits pas, de petits trucs, des codes, des techniques de mémorisation qui peuvent rendre plus difficile, et même empêcher !, la compréhension des contenus, mettant ainsi en danger les objectifs de l’enseignement. Cela nous met face à l’une des difficultés du processus d’apprentissage : tout dire. Un phénomène éducationnel que Brousseau (1986) appelle « Effet Topaze ».
Une situation paradoxale se pose alors : si, d’un côté, tout dire peut en finir avec l’apprentissage, d’un autre côté, ne rien dire contribue aussi ou peut empêcher l’enseignement et, par conséquent, l’apprentissage des élèves. Le professeur doit être sensible à cela pour organiser le rapport didactique, en évitant que la pratique éducative ne tombe dans les extrêmes de ces deux postures peu pédagogiques.
3. RÉCITS ET ANALYSES DE SALLE DE CLASSE
Nous avons observé quelques classes de sciences naturelles, sociales et de mathématiques, le matin et l’après-midi, dans deux écoles d’enseignement secondaire : l’une du réseau privé à Florianópolis / SC et l’autre du réseau public fédéral à Camboriú / SC.
3.1. Cours de Physique
Nous avons utilisé « P » pour représenter le discours du professeur et « E » pour représenter le discours de l’élève.
P - Le moment, c’est la force x le bras x le sinus de... E - L’angle. P - Si nous appliquons la force sur la vis, nous aurons
À partir de ce moment, le professeur affirme qu’il va démontrer, les mains sur le tableau et sur le mur, la 3e Loi de Newton et il ne reprend pas la discussion sur l’action de tordre, provoquée par la force sur le vis, l’objectif se perdant dans le chemin. Et la classe suit :
P - La somme des forces sur l’axe x est ... E - Égale à zéro. P - Pour qu’il y ait de l’équilibre, ce qui monte est égal à ce qui... E - Descend. P - La somme du moment en A doit être égale à... E - Zéro.
3.2 Cours de Biologie
P - Quelle est la première fonction de la feuille dans le végétal ?
(Il n’y a pas de réponse et il complète :) Réaliser la ... E - Photosynthèse. P - Dans la feuille il y a aussi le xylème et le phloème.
Pour conduire la sève brute et élaborée. Une autre fonction de la feuille
est l’... entrée de l’air... E - La transpiration.
P - Et la respiration.
Le professeur commence la classe en dessinant une feuille au tableau à craie. Et continue :
P - En plus du limbe, nous voyons les ... E - Nervures.
P - Entre la tige et le limbe, il y a quoi ? E - Le pétiole. Le professeur représente les stipules et la cosse, définit chacun de ces termes et demande: P - Le pétiole est la structure qui soutient quoi ?
(Il montre le dessin et le mot représentés sur le tableau). E - Le limbe. P - La cosse est la jonction de quoi avec quoi ?
(Il montre de nouveau les représentations au tableau). E - Du limbe avec la cosse. Il y a une visible irritation du professeur quand il demande par quel tissu la feuille est liée à la tige. Les élèves répondent une variété de termes différents et, en aucun moment ils n’ont fait référence ou ont insinué la réponse attendue.
P - Là, il y a une jaune et quel est le tissu dont elle est formée ? E - Le méristème.
4. CONCLUSIONS
Les observations et analyses nous ont permis d’affirmer que l’hypothèse dont nous partons a été confirmée. Néanmoins, il est nécessaire de dire que le problème ne se limite pas seulement aux pratiques éducatives de sciences naturelles ; cela constitue une problématique beaucoup plus large. Nous suggérons une investigation plus grande. Malgré le fait de ne pas avoir observé de classes des disciplines techniques, nous croyons que le caractère pragmatique et l’environnement éducatif peuvent même en renforcer la problématique.
Nous pensons que l’utilisation des TIC pourra contribuer à minimiser la problématique montrée dans ce travail. C’est un potentiel quand il s’agit de rompre avec les formes traditionnelles de transmission de savoir, jusqu’à maintenant orales et écrites, qui renforcent la mémorisation. Le renouvellement méthodologique doit stimuler l’acte de penser, de créer, l’action, la recherche de la connaissance, avec
l’utilisation des possibilités plus riches de l’audiovisuel, des images et des textes, sans conditionner l’apprentissage des élèves à la présence du professeur comme un leader, dans un rapport de dépendance. Alors, comment former le professeur pour gérer sa position de leader d’une façon différente ?
Nous allons vers l’établissement d’un nouveau Contrat Didactique où l’enseignement n’est pas centré sur le professeur, en déplaçant ce centre vers les TIC et, par conséquent, en révisant les rôles du professeur et de l’élève. Le professeur n’exercera pas la fonction de maître du savoir et de seule source de connaissance, obligé d’expliquer plusieurs fois et de tout enseigner. Et les élèves ne recevront plus passivement les connaissances.
BIBLIOGRAPHIE
ANGOTTI J. A. P., Ensino de Ciências e Complexidade, Anais do II ABRAPEC - Associação Bras.
dos Pesquisadores do Ensino de Ciências, Águas de Lindóia/SP, 1999.
BROUSSEAU G., Fondements et Méthodes de la Didactique des Mathématiques, 1996, 7(2), Grenoble.
FREIRE P., Pedagogia do Oprimido, Rio de Janeiro : Paz e Terra, 1985.
MORAN J. M., A Escola do Futuro: um novo educador para uma nova era, Anais do 1o Congresso
Paranaense de Instituições de Ensino, Curitiba : SEEEPR, juillet 1996.
