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ARTheque - STEF - ENS Cachan | La presse écrite : un outil d'éducation relative à l'Environnement

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Lucie SAUVÉ et Armel BOUTARD Université du Québec à Montréal

MOTSCLÉS: MASS MÉDIAS INFORMATION FORMATION ÉDUCATION -ENVIRONNEMENT

RÉSUMÉ: La presse écrite peut assumer différents rôles en matière d'environnement: information, enquête, analyse, formation générale et éducation.fis'agit d'un outil pédagogique privilégié tant pour l'éducation formelle que non formelle. Une recherche sur l'importance accordée aux questions environnementales dans les quotidiens de Montréal (Québec) nous apprend que la quantité et la qualité des articles traitant de ces questions s'améliorent depuis 1987, mais demeurent faibles.

SUMMARY: Newspapers play different and complementary roles regarding environmental issues: information, inquiry, analysis, literacy and personal/social education. They are important tools in formai and non-formai environmental education. Our research reveals that the amount of environmental coverage and the quality of the articles in Montreal (Quebec) daily newspapers has improved since 1987, but remains inadequate.

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1. INTRODUCTION

Les questions environnementales se tissent dans la mouvance de l'actualité.Àleur sujet, les rayons des bibliothèques ne peuvent fournir que des données générales et des informations souvent déjà périmées. D'où l'importance de ce formidable périscope et de cette mémoire vive que constitue l'ensemble des médias : ces témoins privilégiés peuvent rendre accessibles aufil des jours les informations nécessaires à la connaissance des multiples dimensions et de l'évolution des enjeux actuels et futurs de ce patrimoine collectif qu'est l'environnement.

De tous les médias, la presse écrite est un outil de choix quantàl'information, la formation générale et l'éducation relatives à l'environnement. Dans nos sociétés, le journal n'est-il pas le "livre du peuple" ?Par ailleurs, en contexte d'éducation formelle, les journaux sont une ressource pédagogique d'une grande richesse et facilement accessible.Lapresse écrite échappe à la fugacité des médias électroniques; elle peut être exploitée à moindre coût, sans nécessiter de support technique complexe.

L'exploitation pédagogique des journaux dans le cadre de l'enseignement des sciences de l'environnement au premier cycle universitaire, nous a incitésàentreprendre une réflexion sur le rôle de la presse écrite en matière d'éducation relativeàl'environnement et à mener une recherche sur l'importance accordée aux questions environnementales dans les journaux quotidiens de notre région. Nous présentons ici une synthèse de nos résultats.

2. LA PRESSE ÉCRITE ET L'ENVIRONNEMENT

En matière d'environnement, les journaux peuvent assumer cinq missions principales :

• Mission d'information : il s'agit de la transmission de nouvelles concernant des événements observés "sur le terrain" ou rapportés par des agences de presse ou autres informateurs. Par exemple, un déversement de produits toxiques ou l'adoption d'une nouvelle loi. Cette information doit être exacte, claire, objective, précise et complète.

• Mission d'enquête : en raison des intérêts en jeu, les faits et les données relatifs à l'environnement ne sont pas toujours facilement accessibles. Le journalisme d'enquête va plus loin que la transmission d'informations: il débusque la réalité, la révèle, la clarifie; il donne la parole aux différents protagonistes, permettant ainsi parfois la confrontation. Par son enquête dont il fait reportage, le journaliste peut contribueràl'accélération de la résolution des problèmes en question.

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• Mission d'analyse: les éditoriaux et les chroniques, voire même la caricature, sont des lieux privilégiés d'analyse des événements et des données d'information. L'analyse permet d'établir des liens, de révéler les contradictions, d'identifier les manques, de cerner les relations de cause à effet, de prédire, de proposer des solutions, etc. Cette mission d'analyse contribue grandement, nous le verrons, aux missions de formation et d'éducation relativesàl'environnement.

• Mission de formation générale: il s'agit de fournir au lecteur les connaissances de base nécessaires à la compréhension du problème soulevé, de la nouvelle rapportée. Par exemple, le journaliste peut situer la nouvelle dans la trame de l'ensemble des événements où elle s'insère; il peut fournir les explications techniques qui permettent de comprendre les phénomènes en cause, de façon simple et claire, sans mystification;ilpeut établir des relations entre un fait isolé et la problématique d'ensemble;ilpeut comparer l'événementàd'autres événements semblables;ilpeut présenter les différents aspects du problème et rapporter les différentes opinions et prises de position; il peut faire connaître les différentes solutions proposées (individuelles et collectives) et clarifier les enjeux soulevés par chacune.

• Mission d'éducation : cette mission englobe et dépasse l'information et la formation. Elle concerne le développement d'attitudes et de valeursàla base d'un agir responsable à l'égard de l'environnement. Cet objectif n'est pas facileàpoursuivre dans le cadre du journalisme, mais il est assurément envisageable. Voici par exemple quelques pistes d'interventions en ce sens:

- Stimuler l'esprit critique du lecteur: la façon de présenter les faits et les arguments peut mettre en lumière des contradictions, des incohérences ou des manques, et peut ainsi contribueràfaire surgir le questionnement. Poser des questions qui n'attendent pas de réponses, mais qui suscitent la réflexion et qui stimulent l'investigation, le débat;

- Favoriser l'analyse des valeurs sous-jacentes aux différentes prises de position relativesàla résolution d'un problème;

- Créer pour le lecteur des conditions propicesàla clarification de ses propres valeurs. Réduire la distance entre une réalité problématique et le lecteur (par exemple, révéler le lien entre la destruction des forêts tropicales et nos produits de consommation), de façon à confronter directement la personne àdes choix concretsàl'égard de ses modes de vie, de ses options politiques, etc. ;

- Donner des exemples positifs de relationàl'environnement: conduites personnelles et projets collectifs. Contribuer au renforcement positif de telles initiatives;

- Favoriser l'implication personnelle : indiquer des sources d'information complémentaires; faire connaître des outils, des moyens d'action, des groupes d'intervention auxquelsilest possible de se joindre, etc.

La prise en compte de ces différentes missions par les médias dépend de divers facteurs: entre autres, de la compétence et des habiletés spécifiques des journalistes, de leur éthique personnelle et professionnelle et des politiques des éditeurs. Quoi qu'il en soit, école et médias ont certes des missions complémentaires en matière de formation et d'éducation relativesà l'environnement. L'école peut utiliser le contenu journalistique et compléter (dans des conditions particulières propices) ce que

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les médias ne font pas ou ne peuvent pas faire: à l'école, on peut structurer l'information, la compléter, la critiquer (clarté, objectivité, complétude, etc.). Surtout, l'école peut exploiter cette information comme élément déclencheur par exemple de projets d'enquête, d'écogestion ou de recherche-action environnementales.

3. L'IMPORTANCE ACCORDÉE AUX QUESTIONS ENVIRONNEMENTALES DANS LES JOURNAUX QUOTIDIENS

Dans le contexte de l'exploitation pédagogique des journaux, nous avons tenté d'évaluer l'importance relative et le traitement accordés aux questions environnementales dans les quotidiens de notre région. La démarche méthodologique et les résultats de notre recherche sont présentés dans deux articles (ROUTARD et SAUVÉ, 1989 et 1991). Nous ne relevons ici quelques grandes lignes de cette étude.

Notre analyse concerne quatre quotidiens de Montréal (trois francophones et un anglophone) et, pour fins de comparaison, un quotidien d'Ottawa, capitale canadienne. De 1987à1991, nous avons prélevé au hasard des échantillons des cinq journaux pour des périodes ponctuelles variant de un jour àune semaine. Parmi les paramètres mesurés, signalons les suivants :

• Pourcentage de l'espace rédactionnel accordé aux questions environnementales;

• Indice de mise en évidence des articles: 3= première page du premier cahier et photo; 2=première page d'un cahier ou photo ou éditorial; 1=surface> ou=une demi-page; 0=autre ;

• Types d'articles: nouvelle, entrevue, éditorial, lettre ouverte, reportage, caricature, publicité, etc. ;

• Auteurs: agence de presse, journaliste attaché au journal, collaboration spéciale, lecteur, etc. ; • Indice de valeur éducative des articles: cet indice synthétique tient compte de plusieurs paramètres (dont chacun est lui-même évalué selon un indice spécifique) : faits clairement présentés, présence d'explications, de justifications, valeur critique du message, indication de solutions, etc.

Les résultats globaux montrent que pour l'ensemble des journaux, le pourcentage de l'espace rédactionnel réservé aux questions environnementales est faible, mais que ce pourcentage a toutefois augmenté au cours des deux dernières années: les valeurs obtenues varient de 1à1,85% pour la période 87·88 et de 1,25 à3 % pour la période de fin 88 àfin 90. L'indice moyen de mise en évidence des articles est inférieurà1.Le type d'article le plus fréquent (> 50%)est la nouvelle associée à des problèmes; on retrouve peu de chroniques

«

5%)et peu de reportages (de 10 à 20%).Par contre, on note une neUe augmentation du nombre d'articles écrits par des journalistes attachés au journal: par exemple, le pourcentage de ces articles est passé de 34 à 52%pour le plus grand des quotidiens francophones. Enfin, l'indice de la valeur éducative n'a jamais dépassé la valeur extrême supérieure de 2, pour une valeur maximale possible de 4.

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4. CONCLUSION

La presse écrite a un rôle majeuràjouer en matière d'information, de formation et d'éducation relatives à l'environnement. Déjà, à la Conférence Internationale de Tbilissi en 1977, l'Unesco soulignait que les médias "ne devront pas se borner à diffuser des informations mais (ils devront) éduquer la population pour la mettre à même de faire, à travers les images diffusées, sa propre lecture du monde et des événements"(Rapport final, 1978). Malheureusement,ilapparaît que ce rôle n'est pas encore bien compris ni bien assumé.

BIBLIOGRAPHIE

BOUTARD.A.etL.SAUVÉ, 1989. - "La presse écrite et l'éducation relative à l'environnement: les quotidiens montréalais avant et après la catastrophe de Saint-Basile-Ie-Grand".Actes du Colloque sur l'éducation relativeàl'environnement tenu dans le cadre du 57e Congrès de l'ACFAS.Ministère de l'Environnement du Québec, p. 101-107.

BOUTARD,A.etL.SAUVÉ, 1991. -La presse écrite et l'éducation relativeàl'environnement: une évaluation des quotidiens montréalais pour les années 1987-1991.(àparaître)

Références

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