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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Introduction aux 14èmes Journées Envisager une culture scientifique et industrielle pour les années 2000

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INTRODUCTION AUX XIVèmes JOURNÉES

ENVISAGER UNE CULTURE SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE POUR LES ANNÉES 2 000

André GIORDAN LDES Université de Genève

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Nous nous trouvons dans une société en transfonnation rapide, une société qui se cherche ou qui cherche à se situer. C'est une "épcque fomtidable" comme diraient d'aucuns, une période où "tout fout le camp", à commencer par nos certitudes les plus immédiates. C'est une époque sans aucun doute angoissante, difficile à vivre avec en toile de fond la fin des grandes idéologies qui ontbercé tout le XXème siècle. Toutefois ces périodes sont généralement très créatives. Derrière la chienlit immédiate des individus qui se cherchent, souslemalaise apparent ou réel, se préparent les idées nouvelles.

Dans ce contexte, nos Journées ont surtout pour but d'anticiper ou, du moins, de collecter les anticipations sur l'éducation, la culture ou la communication scientifiques et industrielles. Etil nous faut envisager non seulement le coun renne mais aussi le long tenne. Qu'est-ce qu'il adviendra dans vint-cinq, cinquante ou cent ans?

1.SORTIR DU QUOTIDIEN

Ces deux projets impliquent de sortir de notre quotidien, de notre immédiat, pour préparerle futur. Il nous faut décoller d'un certain nombre de difficultés quotidiennes qui sont parfois très gênantes. Parmi les plus masquames on peut noter:

- l'emploi du temps, le programme, le nombre d'élèves, le rituel de la classe lorsqu'on est enseignant,

- la difficulté à trouver des colonnes de journaux où écrire ou à boucler un budget d'exposition lorsqu'on est médiateur.

En lieu et place, il nous faut imaginer d'autres possibles. Et cela sur toute une série de plans. Nommonslesprincipauxparleurinitiale:Q 1, P?, C 1, 0 1,Q?, C?, R.Q/P?

D'abord: Quoi enseigner ou médiatiser et Pourquoi? "Quel message faire passer" devient une question majeure à l'entrée des années 2 000. Les programmes enCOUTSont souvent été décidés par reproduction des programmes antérieurs. Parce qu'on enseigne la tuyauterie de la digestion, parce qu'on présente la combustion du soufre depuis cent-cinquante ans, les scientifiques, les décideurs ressentent une certaine obligation à les conserver dans les nouveaux programmes. Pourtant il s'agit plutôt aujourd'hui de nous demander: quel savoir sera "utile" pour les années 2QCH)et pour quoi faire?

Premièrement, les savoirs scientifiques évoluent très rapidement: au cours de ces dix dernières années, nous avons assisté à l'émergence de multiples champs de recherche (supraconducteurs, fractales, etc.),à des changements considérables de concepts dans de nombreux domaines (immunologie, biologie moléculaire, physique des fluides). Par ailleurs, les connaissances techniques ou informatiques ont radicalemem muré. Qu'adviendra-t-il des savoirs et des modèles actuels dans les prochaines années?

Deuxièmement, comment gérer l'augmentation considérable du flux de connaissances? On observe un accroissement exponentiel des savoirs. Ils ont été multipliés par 2 : ceci en huit ans pour la chimie, en dix ans pour la médecine. Va-l-on augmenter le nombre d'objectifs, et, par là, le nombre d'heures de cours, d'un facleur équivalent?

Troisièmement, comment relever le défi de l'organisation? Aujourd'hui, il devient d'abord utile de saisir des interactions, des interdépendances entre les multiples éléments de systèmes

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complexes_ Il s'agit, souvent, d'envisager et de dépasser les contradictions, les synergies entre ces derniers; il est indispensable de percevoir comment les systèmes s'auto-organisent. Dans ce contexte, l'approche classique qui consisteà disséquer les "objets", les "phénomènes" s'avère limitée et parfois obsolète. De nouvelles conduites débouchant sur la production de modèles approchés, c'est-à-dire proposant une bonne approximation du phénomène étudié par rapport aux questions étudiées, ne peuvent-ellesêtre promues? Etc.

Par ailleurs, il apparaît de plus en plus fondamental de penser les objectifséducatifs en fonction des projets des élèves. A quoi peuvent leur servir les connaissances scientifiques? Jusqu'à présent, seules des nécessités professionnelles (les connaissances supposées pour de futurs scientifiques... et encore cet aspect serait à préciser) étaient envisagées. Au mieux, quelques propos extrêmement généraux et généreux: sur l'éveil de la personnalité et la place des sciences dans les divers moments de la vie, venaient s'inscrire parfois dans l'énoncé préalable.

Mais ne peut-on pas aussi apprendre les sciences pour des raisons utilitaires: connaître son corps, maîtriser l'environnement naturel et technique? Ne doit-on faire des sciences que parce qu'elles enrichissent les raisonnements intellectuels ou favorisent les investigations?

Ne doit-on pas aussi posséder des savoirs scientifiques pour participerà la régulation de la société, puisque, de plus en plus souvent, les décisions politiques comportent une composante scientifico-technique ? Etc.

On comprend alors combien ce type de réflexion conduit nécessairement à remettre en cause profondément les contenus théoriques et pratiques de l'enseignement. Suivant que l'on poursuive prioritairement l'une ou l'autre de ces finalités, le choix des objectifsà privilégier sera différent; la formulation de ces derniers ne sera même pas identique. On peut alors s'interroger sur les référents à prendre en compte: chimie universitaire ou chimie de la cuisine, physique de tous les jours ou physique de la recherche actuelle, biologie du corps humain ou biologie moléculaire, par exemple?

Ensuite, il nous faut nous demander Comment? Où ? Quand? Beaucoup d'éléments ont évolué ces dernières années, notamment sur l'apprentissage. Conrrairementà l'habitude, ce n'est pas parce que l'enseignant a trairé tout son programme et mené son COUTS avec sérieux qu'il a nécessairement fait "passer" un savoir. Les savoirs fondamentaux ne s'acquièrent jamais par transmission directe de l'enseignant à l'élève. La pensée d'un apprenant ne se compone nullement comme un système d'enregistrement passif. Avant tout enseignement, l'élève possède des ex.plications, des façons de raisonner qui lui sont propres. Cet ensemble appelé conception oriente la façon dont il décode les infonnations et élabore son savoir. Pour qu'il yait apprentissage, cetle structure mentale doit être transfonnée ou réorganisée.

Les recherches didactiques éclairent ainsi sur les raisons de l'échec tant de pratiques pédagogiques traditionnelles que de certaînes innovations. L'acquisition de connaissances procède d'une activité d'élaboration d'un apprenant confromanr les informations nouvelles et ses connaissances mobilisées et produisant de nouvelles significations plus aptes à répondre aux interrogations. L'activité propre de l'apprenant est ainsi au coeur du processus de connaissance. C'est lui qui apprend et personne ne peut le faîre à sa place. Toutefois, l'apprenant a peu de chance de "découvrir" seul l'ensemble des éléments pouvant transfonner ses questionnements. Son apprentissage sera facilité s'il est mis dans des situations adaptées (situations questionnantes. confrontations multiples), s'il trouve à sa disposition un certain nombre d'éléments significatifs

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(documentations, expérimentations, argumentations) et un certain nombre de fonnaJismes restreints (symbolisme, graphes, schémas ou modèles) pouvant être intégrés dans sa démarche. On peut ajouter qu'un autre niveau de savoir ne se substitueà l'ancien que si l'apprenant y trouve un intérêt et apprend à le faire fonctionner.

Enfm,ilnous faut ne plus hésiter à affronter des tabous, Avec quel Coût? Quel est le Rapport Qualité-Prix?

2. LA FUTUROLOGIE ÉDUCATIVE

Cette année, nous voilà donc en pleine futurologie, Cellains chercheurs tentent même de la faire exister en tant que science. Ils avancent ainsi méthodes, problématiques et particularités. En[OUl cas, le moins que "on puisse dire, est que la futurologie n'est pas une science exacte. En tant qu 'historien des sciences, nous avons regardé avec un collègue, le professeur E. Pistémo, des prévisions anciennes sur notre époque. Avec lui, il nous faut crier: "attention, danger!" L'exercice, s'il est nécessaire et même indispensable pour prévoir les évolutions, est très difficile. A côté d'anticipations géniales à la Jules Verne,ilya beaucoup de..., disons, d'erreurs ou de maladresses.

DansSlalom,lejournal des Journées nous avons publié quelques extraits

ct'une étude réalisée

par un mensuel au nom prédestiné, Sciences el Avenir. Ils datent de 1960, quelques grands futurologues de cette époque avancent leurs prévisions pour l'année 1985. Je ne peux m'empêcher de reprendre quelques passages édifiants. Ils ne nécessitent aucun commentaire.

Trois extraits seulement seront présentés.

Le premier vante les mérites des grandes cités de banlieues.

lifaut nocer aussi que la technique donne une véritable prime à la hauteur: on ne se déplace pas horizontalement le long d'un couloir avec autam de commodité et de rapidité que, verticalement, le permet l'ascenseiU.

Lorsqu'on réalise des immeubles pour des administrations encre les élages et les burealU desquels on doit prévoir les communications les plus brèves possibles il est prouvé que le poinr d'équilibre entre un chapeler de bureaux en rez-de chaussée s'allongeant sur des kilomètres et Une tour de bureaux empilés les uns sur les autres se situe autour de16 à20

étages: c'est lejuste compromis entre le couloir et l'ascenseur. Dans les immeublesclusage d'hahitan'on, il est avanrageux de prévoir davantage d'étages afincfaccroître la populationde

l'immeuble et de permettre une organisation plus efficace de services communs, Mais restons dans des normes proches des actuelles constructions d'avant-garde de Paris et tablons sur les immeubles de25 étages avec 6appartements par étage soir 150 appartements où logent quelque 600 personnes..

La reconquête de ces immenses zones de banlieue auxdizaines de milliers de pavillons construits avant la dernière guerre est unfait inéluctable. Avant25ans ces pavillons arriveront

à leur limite d'âge et c'est sans doute sans effort qu'on pourra implamer dans ces lOnesde

puissants ensembles d'immeubles de30étages, où CMcun aura beaucoup plus d'air qu'au ras du sol.

- Le second anticipe sur les évolutions ferroviaires.

Il apparait bien ainsi que faceàun trafic qui s'accroÎtra mais defaçon modérée, une utilisation toujours plus poussée de l'injrastrucrure ferroviaire permettra largement d'assurer les besoins de transports. Une fois terminés les programmes d'électrification el une fois réalisée la fermeture de quelques lignesferroviaires, le visage de notre réseau ferroviaire ne semhle dDnc pas appelé à subir de bouleversements profonds au cours des25ansàvenir.

Certains feront cependant remarquer que le Japon par exemple s'apprêtecllancer des trains révolutionnaires roulantà250 km/ho Mais ceci se pa\'se dans url pays où le réseau. ferroviaire mrannédoitêtre aujourd' hui renouvelé rapidement.

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En France personne n'envisage de reconstruire de toUle pièce une ligne Paris-Lyon pour Je seul plaisird'yfaire rouler des trainsà250km/ho Une uJle vitesse est GntiécoIWmiquepourles marchandises. et le voyageur désirant mettre moins de deux heures pour faire le trajet pourra toujours prendrel'avion!

- Le troisième aborde la pollution radioactive.

Récemment, le Commissan"at à l'énergie atomiqueaannoncé son intention d'immerger des fl1ts de déchets radio-actifs au largedelacôte méditerranéenne. Aussitôt l'opinion française s'est émue.Lapresse a puhlié des articles alarmistes. On allait empoisonner les mers, rendre les baignades impossibles, communiquer aux poissons des maladies dangereuses pour l'homme, etc. ScientifUJuement pourtant, J'opération était absolwnent inoffensive. Pour en administrerla

preuve, le professeur Perrin a déclaré qu'il étaÜ prêtà installer un de ces fûts dans Son bureau età s'asseoir dessus tous les jours... Les craintes qu'ont fait naître cette affaire nous paraîtront ridicules d'ici quelques années.

En supplément, nous vous proposons dans les pages ci-après quelques anticipationsdatant

elles de cent ans. Ces prévisions ont été réalisées à la fin du siècle passé, elles envisageaient notre fin de siècle. On pourra constater combienil est difficile de sortir des modes de pensée en place. Quelquefois on anticipe trop, le plus souvent la réalité immédiate se retrouve derrière une façade de modernité...

"Le domestique

de l'avenir" (H. Lanos)

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Le chemin de fer de l'avenir aérIen et mtlntlrall (H. LaDos)

La Douvelle façon de dicter son courrier (chromo Vielllemard)

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"Un frotteur électrique" (chromo Vlelllemard)

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L.e métro clrcuiera-t-il dan5 le5 de5 Parl51ens ? (A. Robida)

Station d'aérocabs !chrom{) Vlelllemard)

(9)

Le métropolitain de l'avenir (H. Lanos)

Le "téléphote ou telétroscopé" vous parle, vous volt el vous serre même la main (IL Lanos)

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3. TRANSFORMER UNE ÉDUCATION, INSUFFLER UNE CULTURE

Enfin,il Ya un autre aspect tout aussi important, et qu'on ne peut éluder durant ces journées. Comment transfonner un s)'stème éducatif ou encore comment insuffler une autre culture? Jusqu'à

une épCXJ.ue récente, les décideurs, les administrateurs attendaient un changement du système éducatif

ou des politiques culturelles dans des réfonnes nationales. Aujourd'hui certains rêvent déjà de réformes européennes, voire même mondiales.

L'histoire nous apprend qu'il ne suffit pas de pondre une circulaire ministérielle. C'est souvent en pure perte : on ne change pas des pratiques, on ne transfonne pas des habitudes, encore moins des mentalités, par décret. Notre hypothèse est que le changement a plus de chance de réussir s'il passe d'abord par la conscience des acteurs. Notre expérience du milieu, en particulier, nous conduit à parier sur la capacité des enseignants ou des médiateurs à remédier localement aux imperfections qu'ils constatent. CelaTI'exclut pas, bien évidemment, des incitations nationales, voire européennes pour ce qui nous concerne, comme accompagnement ou facîl itation. Mais la meilleure des réfonnes, dût-elle exister, conçue par les meilleurs spécialistes n'a quelque chance de succès que si elle est partagée...

Alors quelle est la place de nos travaux? Que peut-on attendre de cette réflexion que l'on nommedidactique et épistémologie des sciences et des techniques? Nous ne pensons pas qu'elle doit

exister pour fournir des solutions "clefs en main". Notre projet est plutôt d'analyser les situations qui sont ressenties comme posant problème et d'émouvoir sur ces difficultés. Il est d'ébranler des cenitudes, de sortir des habitudes. Il est aussi d'inventer des stratégies nouvelles et surtout de les évaluer. Il est important d'imaginer de nouveaux possibles, là où règnent la pauvreté et la sécheresse de l'imagination. Il est fondamental d'avancer qu'autre chose est possible pour sortir de l'immobilisme et de la langueur actuelle qui perdure dans les milieux de l'enseignement et de la culture. Maisil est encore plus utile de fonder ces nouvelles pratiques. Toute nouveauré n'est pas forcément plus efficace en soi. Au nom des pédagogies nouvelles, beaucoup d'erreurs ont été faites qu'il faut reconnaître pour les prendre en compte.

Enfin, le rôle de la didactique est encore de fournir des outils pour la fonnation des médiateurs, des enseignants eL .. des décideurs. Elle est surtout de faire circuler les idées et de les valider. C'est dans cette direction que je vous engage pour ces quatorzièmes Journées.

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