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ARTheque - STEF - ENS Cachan | De la place de la didactique en muséologie des sciences et des techniques

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DE LA PLACE DE LA DIDACTIQUE

EN MUSÉOLOGIE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES

Pierre CLÉMENT, Évelyne DEBARD, Alain BOYRIVENT LAR},1URAL et LIRDIMS, Université Lyon 1, France

MOTS-CLÉS: DIDACTIQUE - Mt:SÉOLOGIE - ÉPISTÉMOLOGIE - PUBLICS-EXPOSITIONS - CULTURE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

RÉSUMÉ: La didactique des sciences el des techniques s'intéresse aux expositions et musées de sciences et de techniques etàleurs publics. Le champ de la muséologie des sciences et techniques se situe à l'intersection de trois composantes: données scientifiques er techniques, publics, musées et expositions. La signification de l'intersection deuxàdeux de ces trois composantes est discutée. Les recherches en muséologie des sciences et des techniques som pluri-disciplinaires et incluent la didactique des sciences et des techniques; quelques exemples en sont présentés.

Sl'MMARY : Science education is concerned by expositions and Museums of science and technics andbytheirvisitors. The field of me Museology of science and rechnics is located at the intersection of three components . scientifical and rechnical data, visitors,andMusea. The meaning of the different intersections of these three components is discussed. The researches in Museology of science and technics are multi-disciplinar, including scientific and technical Education; sorne illustrations are proposed.

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1. INTRODUCTION

La didactique des sciences est peu et mal connue, dans les milieux de la muséologie des sciences et des techniques (Mu.Sc.T.), notamment en France et au Québec où les spécialistes de ces milieux sont surtout issus des sciences humaines et sociales et ont tendance à considérer que les problèmes de la M.Sc. T. sont réductiblesà ceux de la muséologie au sens targe(cf.par exemple SCHIELE 1989) : il n'existerait pas de spécificité liée au contenu scientifique ou technique des messages de ces expositions et musées.

Soutenant depuis 1991, et jusqu'en 1994, la formation de pôles de recherche en Mu.Sc.T., le programme français REMUS (Ministères de l'Éducation, de la Culture, et de la Recherche) parie au contraire sur la spécificité de ces recherches. L'enjeu est aussi celui des formations doctorales en Mu. Sc.T. soit comme options deDEAcentrés sur les sciences et techniques (leur Didactique, leur Communication, ou leur Histoire), soit comme des options de DEA de Muséologie au sens large (avec la muséologied'An, de Société, ... ), soit comme DEA auronome de Mu.Se.T. Les questions abordées par le présent travailsontdonc au centre de discussions actuelles.

2. NOTRE CONCEPTION DE LA DIDACTIQUE

Le mot "didactique" est trop souventlimité à l'adjectif.ParexemplePERRATON(1987) définir trois musées-types, correspondant à trois périodes historiques successives: "didactique" ("musée-mémoire à visée d'instruction"); puis "pédagogique" ("musée-spectacleàvisée d'éducation"); et enfin "interactif' ("centre exploratoire à visée de participation").La"didactique"correspondrait alors à une période muséographique dépassée, datant du 19ème siècle!

Or, pour la Didactique (substantif apparu ilya moins de 40 ans), les notions d'expérimentation, d'appropriation, et même de séduction et persuasion, sont centrales. Si elle prend prioritairement en compte le contenu même de ces sciences (leurs concepts, leur évolution), la Didactique s'intéresse à toutes les situations d'appropriation de savoirs et non pas seulement aux situations d'apprentissage scolaire (ASTüLFI et DEVELAY, 1989). Elle indut tout ce qui induit des motivations, attitudes, intérêts curieux ou blocages vis-à-vis de ces techniques ou sciences. Ainsi, une exposition scientifique peut très bien être réussie si elle modifie le rapport du visiteur aux connaissances exposées, rapport plus complexe qu'une acquisition immédiate, et trOP souvent passagère, de connaissances.

3. LA MUSÉOLOGIE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES UN CHAMP À

L'INTERSECTION DE TROIS COMPOSANTES

La M.Sc.T. est à l'intersection de lrOis composantes: les sciences et les techniques, les lieux muséaux el les publics (CLÉMENT, 1991). En effet, les collections d'objets scientifiques ou

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techniques ne suffisent pas pour qu'il y ait musée: un objet. naturel ou technique, n'est pas en soi porteur d'informations scientifiques ou techniques: ce sont des informations issues des milieu,,;: scientifiques et techniques, qui lui donnent sens et intérêt, quel que soit leur suppon (infonnatique, textes, images, maquettes). Bref. un lieu muséal scientifique ou tec:hnique ne peut exister sans volontéde transmettre des infonnations scientiftques et techniques au public.

La Mu.Sc.T. est un ménageàIrois,àl'intersection des trois composantes schématisées sur la Figure 1.

Sciences

Techni ques

Publics

Musées

Figure 1

3.1 L'intersection entre "Musées" et "Publics" représente l'espace de la Muséologie au sens large, tous types de musées confondus. Si on se limitaità cette intersection, la M,Sc.T. y est totalement inclue et B.SCHIELE (1989) aurait raison: elle ne formerait pas un "genreà part". Mais il suffit de tracer le troisième cercle, celui des sciences et techniques, pour comprendre que la M.Sc.T. relève Jl.lJ..S.Si de deu,,;: autres champs de préoccupations et occupe donc une place spécifique au sein de la muséologie. Spécificité qui mérite autant d'être objet de recherche que les caractéristiques propres à tOut musée, et au média exposition, caractéristiques développées à plusieurs reprises par les sociologues, sémioticiens et philosophes de la Muséologie (par exemple SCHIELE 1989, DAVALLON 1987, DAGOGNET 1984).

3.2 L'intersection entre "Sciences et Techniques" et "Musées" représente le potentiel scientifique et technique muséologisable. De ce point de vue, M.VAN-PRAET (1989) aurait raison: les collections constitueraient l'essentiel du musée; et ce qui est (éventuellement) exposé au public n'est que la partie émergée d'un iceberg dont l'essentiel est constitué de collections

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qu'il s'agit de gérer. Utiles pour les chercheurs. elles constituent aussi un fonds de réserve pour des expositions.

Mais ce "potemiel muséologisable" peut être aussi conçu de façon plus large, Les collections des muséums n'en constituent qu'une catégorie. Chaque entreprise possède un stock de machines et produits. anciens ou récents. qu'elle peut décider de muséologiser. Les laboratoires de recherche regorgent également de potentiels muséologisables : quand les concepteurs d'expositions,ycompris sur tes résultats les plus récents de la recherche, entrent en contact avec des équipes de recherche, ils puisent dans ce potentiel pour en extraire ce qui peut,à leurs yeux, être exposé au public (1RIQUET et CLÉMENT 1990) : objets, instruments, appareils, textes, logiciels. images, films ou vidéos.. Ce "potentiel muséologisable" eft poneur de deux types de significations: 0) celles que lui donne le monde scientifique et technique et (ii) celles que lui donnent les muséologues quand ils l'identifiem comme ayant du Sens potentiel, voire de la valeur, scientifique et muséologique. En résumé ce potentiel est à la fois matériel et humain, et les acteurs qui lui donnent sens sont à la fois les scientifiques et les muséologues.

3.3 L'intersection entre nSciences et Techniques" et "Publics" représente l'éducation et les autres formes de diffusion de la culture scientifique et technique. Ce vaste espace est celui dans lequel s'inscrit la Didactique, et où la Muséologie n'est qu'un des terrains à côté d'autres dispositifs (système scolaire, universitaire, fonnation continue, médias). De ce point de vue, la Mu.Sc.T. peut donc ausi être rattachée à la Didactique tout en occupant une place particulière, en complémentarité avec l'éducation. Les évaluations sur l'efficacité des expositions et musées scientifiques et techniques (GOTIESDIENER 1987, MILES 1988, SAMSON et SCHIELE 1989) ont montré que cette volonté éducative a toujours été très présente dans ces musées et que nombre d'évaluations et recherches ont été, et sont encore (notamment dans le milieu anglo-saxon), très marquées par les courants successifs de la psychologie et des sciences de l'éducation (CLÉrvŒNT 1991). Cette intersection est aussi celle de la transposition didactique et son habituel cortège: fonnulation des infonnations par les chercheurs ou par des vulgarisateurs professionnels, travaillant soit à partir d'informations à la source (publications spécialisées, interviews de chercheurs), soità partir d'informations déjà transposées et donc plus ou moins défonnées.

Le choix même des informations scientifiques ou techniques à transmettre obéit aux mêmes déterminismes éthiques, politiques, économiques et sociaux que la définition des programmes scolaires et universitaires, mais avec des contraintes temporelles et des espaces de liberté différents.

4. L'ARTICULATION NÉCESSAIRE ENTRE DIFFÉRENTES DISCIPLINES QUELQUES EXEMPLES

Pour simplifier, ils sont tous issus de travaux réalisés dans le cadre du LARMURAL et du DEA de Didactique des disciplines scientifiques (Lyon 1) sur l'exposition "Le cerveau, un continent nouveau" (CCST-Grenoble et INSERM)

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4.1 Le choix des thèmes de l'exposition

L'apparition ou la disparition de thèmes dépend directement du rapport de force entre laboratoires et disciplines scientifiques concernés (TRIQUET et CLÉMENT, 1990). Ainsi le thème de l'olfaction, initialement non prévu, occupe une place de choix dans l'exposition. Or le directeur du laboratoire qui travaille sur l'olfaction est le responsable national du programme CNRS "Cognisciences".

Les interprétations relèvent ici de la Sociologie des sciences (paramètres économiques,sociaux, éthiques) autant que de l'Épistémologie (définition des disciplines, dynamique de leur évolution) et de la Didactique et de la Muséologie des sciences (choix desthèmes, mise en fonne pour le public).

4.2 Neurones et puces

Une photo de l'exposition, dont la légende annonce un réseau de neurones posé sur une puce électronique, ne montre en faitquece seul élément électronique, sans aucun neurone.Ils'agit d'une erreur, décelable par tout spécialiste, maisnoncorrigeable car le panneau est plastifié, et les crédits sont épuisés. Mais le directeur du CCST avait raison de minimiser cette erreur; le projet était simplement de créer chez le visiteur une impression d'association possible (même si non comprise) entre neurobiologie, électronique et infonnatique : ce qui est souligné par les légendes et le titre du panneau. Et l'erreur est effectivement passée inaperçuepar les visiteurs (CLÉMENT 1992).

Étant compétent sur le contenu de la discipline scientifique,à l'inverse de spécialistes des Sciences Humaines et Sociales. le didacticien saura déceler cette erreur. Mais. grâce à ses compétences en Didactique, il s'emploiera surtoutà évaluer l'importance de cette erreur en fonction des objectifs réels de l'élément de l'exposition; la didactique rejoint ici la sémiotique et la définition des stratégies cornmunicationnelles.

4.3 Ltimagerie cérébrale en accroche

Le premier module de l'exposition est uniquement constitué par une forêt de grands panneaux suspendus, que le visiteur doit écarter ou contourner pour progresser: des photos couleurs de cerveau obtenues par des techniques modernes d'imagerie cérébrale. Les légendes sont volontairement réduites et peu lisibles.

Une conception étroite de la Didactique se limiterait à mettre en évidence que les visiteurs ne comprennent rien, ou presque, à ces panneaux. En fait, leur fonction est ailleurs: rôle d'accroche et plaisir esthétique qui crée des émotions associées désormais aux connaissances sur le cerveau. Sémiologie, Psychologie et Didactique doivent alors fonctionner ensemble pour atteindre quelque pertinence par rapportà l'impact de ces images.

5. CONCLUSION

La Mu.Sc.T. est donc un champ obligatoirement pluri-disciplinaire, et la Didactique des sciences et techniques est une des disciplines incontournables de ce champ. Le chercheur en Mu.ScT. peut cenes être spécialiste de l'une des disciplines de ce champ; mais certains chercheurs

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seront demain individuellement porteurs de la richesse des interactions entre toutes les disciplines concernées. Ils symboliseront alors la constitution progressive d'un nouveau champ scientifique spécifique. À cet égard, la MU.Sc.T. ne doit pas être réservée aux seuls spécialistes de Sciences humaines et sociales.Sans intérêt pour le contenu même des Sciences et des Techniques, pour leurs démarches et leurs enjeux, et pour leur rapport complexe avec tout citoyen,iln'y aurait ni Mu.Sc.T., ni volonté de développer la Culture scientifique et technique.

6. BIBLIOGRAPHIE

ASTOLFI (J.-P.), DÉVELAY (M.), 1989. -Ladidactique des sciences. P.U.F., "Que-sais-je". CLÉMENT (P.), 1991. - La spécificité de la muséologie des sciences, et l'aniculation nécessaire des recherches en muséologie et en didactique des sciences, notamment sur les publics et leurs représentations/conceptions. Premier Colloque sur la Muséologie des Sciences et des Techniques, REMUS1991 (palais de la Découverte, 12-13 décembre 1991). Actes sous presse (1992, 25 pp.). CLÉMENT(P.),1992.. Évaluation didactique de l'exposition"Lecerveau, un continent rwuveau, INSERM et CCST-Grenoble".Rapport au CCST-Grenoble.

DAGOGNET (F.), 1984. - Lemusée sans fin. Champ Vallon, Coll. Milieu.

DAVALLON(J.),1987 - L'exposition: analyse du média. In Culture, édtu:ation, communication et évaluation. Acles des journées sur les techniques d'évaluation.Z'éditions, p.l09-114.

GOTTESDIENER (R), 1987. - Évaluer l'exposition:Définitions, méthodes et bibliographie sélective commentée d'études d'évaluation. Ladocumentation française, Paris.

MILES (R.S.), 1988. - Museums and public: A context for communicating science. Science learning in the informaI setting(Heltene P. G, Marquardt L. A éds.). The Chicago Academy of Science, Chicago. p. 158-169

SAMSON (D.), SCHIELE(B,),1989. - L'évaluationmuréale: Publics et expositions: Bibliographie raisonnée.Expo Média, Paris.

SCHIELE (B.), 1989. - Le musée des sÔences et des techniques est-il un genre à part? In Fairevoir, faire savoir.Lamuséologie scientifique au présent.Musée de la Civilisation, Québec,p.7-20. TRIQUET (É.), CLÉMENT (P.), 1990. - Confrontation d'imaginaires lors de la genèse d'une exposition scientifique. In Imaginaires et sciences, Actes des l2èmes J.LE.S., p.93-100.

VAN PRAËT (M.) 1989. Conrradictions des musées d'histoire naturelle et évolution de leurs expositions. Faire voir,jaire savoir.Lamuséologie scientiftque au présent.,Musée de la Civilisation, Québec, p.25-34.

Références

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