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Deux nouveaux alphabets ibères rupestres de Cerdagne

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Academic year: 2021

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Deux nouveaux alphabets ibères rupestres de

Cerdagne

Joan Ferrer i Jané

Grup LITTERA – Université de Barcelone

Résumé :

Dans ce travail j’identifie deux inscriptions ibères rupestres, sur deux surfaces différentes d’une grande roche de Latour-de-Carol (Cerdagne, Pyrénées-Orientales), comme des alphabets, l’un dual l’autre non-dual.

La séquence initiale de l’alphabet dual répète l’ordre de l’alphabet de Ger kugutudutidibabita-da, une fois corrigé à Ger (Cerdagne, Gérone) la lecture de la seconde paire.

L’alphabet non-dual, bien que partiel, je l’identifie en tant que tel pour coïncider à hauteur de son début, kutukiŕbitatiko, avec le début de deux inscriptions qui présentent l’irrégularité statistique de contenir un segment suffisamment long avec pasou presque pas de signe répété : l’inscription rupestre de l’Esquirol (Osona, Barcelone) et le premier texte de la fusaïole de Can Rodon (Cabre-ra de Mar, Maresme, Barcelone).

Resum:

En aquest treball identifico dues inscripcions ibèriques rupestres en dues superfícies dife-rents d’una gran roca de La Tor de Querol (Cerdanya, Pyrénées-Orientales) com a abecedaris, un d’ells dual i l’altre no-dual.

La seqüència inicial de l’abecedari dual repeteix l’ordre de l’abecedari de Ger kugutudutidibabitada, un cop corregida a Ger (Cerdanya, Gerona) la lectura de la segona parella.

L’abecedari no-dual, tot i ser parcial, l’identifico com a tal per coincidir el seu comença-ment, kutukiŕbitatiko, amb el començament de dues inscripcions que presenten la irregulari-tat estadística de constar d'un segment prou llarg sense cap o quasi cap signe repetit: la inscripció rupestre de L’Esquirol (Osona, Barcelona) i el primer text de la tortera de Can Rodon (Cabrera de Mar, Maresma, Barcelona).

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DEUX NOUVEAUX ALPHABETS IBÈRES RUPESTRES DE CERDAGNE

Joan Ferrer i Jané

Introduction :

Conformément à la pratique initiée l'année dernière pour faire un aperçu des avancées des dernières nouveautés sur la recherche de la langue et de l'écriture ibérique en Cerdagne, nous proposons cette année une étude préli-minaire qui identifie deux inscriptions ibères de Latour-de-Carol, comme alphabets, un dual et un non-dual.

Les inscriptions ibères de la roche 1 de la Zone 4 de Latour-de-Carol (Campmajo, Fer-rer i Jané 2010, 256, n°23) ont été identifiées

en 1991 par Pierre Campmajo et ont été ex-pertisées par le professeur Jürgen Untermann en 1994 (Campmajo 2012, 406) mais toutefois il n’a jamais publié son étude. Je remercie Pierre Campmajo de l’information de leur existence et de m’avoir accompagné durant ma première analyse en octobre 2008. Comme je l’ai fait pour les travaux antérieurs, j’omets intentionnellement la localisation précise de la roche pour des raisons de préservation du pa-trimoine.

L’alphabet dual

L’alphabet dual de Latour-de-Carol se situe sur la première surface où se trouve une di-zaine d’inscriptions superposées et publiées par Pierre Campmajo (2012, 319 et 406) qui totalisent 160 signes. Le dessin publié de cette inscription (fig. 1) reproduit seulement la

par-tie initiale de la deuxième moitié de l’alphabet avec la lecture akaŕ+ŕi +++to. La révision du reste des inscriptions de cette surface est en-core en cours mais on peut déjà avancer qu’elle introduira des changements significa-tifs aux lectures publiées antérieurement.

Fig 1.- Dessin partiel du texte correspondant à l’alphabet dual (Campmajo 2012, 408, n°8)

Bien que la première analyse date de 2008, l’identification comme alphabet dual ne s’est faite qu’à la fin du mois d’août 2013 lorsque j’ai identifié sans équivoque certaines paires consécutives de variantes d’un même signe, distinctions caractéristi-ques des alphabets duals. Comme dans le cas des alphabets de Ger et de Bolvir (Ferrer i Jané 2013), l’iden-tification indiscutable comme alphabet justifie cette publication bien qu’on ne puisse encore donner comme définitive son étude ni pour le reste des inscriptions de cette surface qui

pourra peut-être faire la lumière sur l’inter-prétation de certains signes douteux.

L’alphabet dual de Latour-de-Carol se joint à un ensemble très exclusif, puisque seulement quatre alphabets ibériques nord-orientals, tous duals, étaient connus :

- l’alphabet du Castellet de Bernabé (Llíria, Valence) sur un bord de céramique peinte (Guerin 2003; Sarrión 2003; Velaza 2006; Ferrer i Jané 2009; Velaza 2012, 161) ; - l’alphabet, en fait un ensemble de

frag-ments d'alphabet, du Tos Pelat (Moncada, Valence) sur une paire de feuilles de plomb

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(Burriel et al. 2011; Velaza 2012, 16; Fer-rer i Jané 2013a), les deux avec des duali-tés additionnelles en voyelles et en con-sonnes continues ;

- les deux alphabets duals rupestres cerdans de Bolvir et de Ger publiés l’an passé dans cette revue (Sources n°1) qui présentent seulement les dualités habituelles aux syl-labogrammes occlusifs dentales et vélaires (Ferrer i Jané 2013b).

Dans l’alphabet de Latour-de-Carol (Fig. 2 et 4) on distingue trois parties. La zone initiale où, malgré les doutes de lecture, les signes peuvent être relativement bien identifiés. La zone centrale où pratiquement aucunes traces de signes ne s’identifient, non seulement à cause des problèmes que représentent les tra-cés des gravures postérieures, sinon qu’il semble comme si l’érosion de la surface les aient éradiquées avant que ne soient réalisées des gravures modernes. Dans certaines zones se remarque un changement de couleur qui pourrait être un indice de cette possible an-cienne érosion Et la partie finale où, en dépit des problèmes de lecture et des tracés posté-rieurs, les signes sont à nouveau lisibles. Le premier signe est un signe circulaire, pro-bablement un signe ku, sans être en mesure d’assurer s’il porte un point intérieur. Le signe suivant, très érodé et moins clair que le précé-dent, présente également une certaine forme circulaire et pourrait être la paire du premier signe ku. Le signe suivant est clairement irré-gulier, quelle que soit l’alternative de lecture choisie : il pourrait être une variante irrégu-lière d’un signe ka1, d’un signe ke8 égale-ment irrégulier et tourné de 90°, d’un u4 lui aussi irrégulier ou, à mon avis la préféré, un

tu3 irrégulier sans base ou avec la base

per-due, variante peu fréquente mais clairement présente sur une des fusaïoles d’Oliete (Vi-cente et al. 1990, 52; Ferrer i Jané 2008, 259). En tenant compte que le signe suivant est pos-siblement son double avec un tracé moindre, il faudrait écarter les alternatives ka et u, la seconde documentée à la variante u3 comme signe final, et identifier un tu1 aussi sans base ou avec la base perdue.

La paire suivante est des plus claires, un ti8 de quatre traits et un ti1 de trois traits. De

même les deux signes suivants ba1 et bi4 sont également relativement clairs malgré tous les traits postérieurs qui s’y superposent. La der-nière paire identifiable avec une certaine clar-té est une paire de signes ta, un ta2 (Ferrer i Jané 2005) et un ta1, bien que les signes anté-rieurs s’orientent de façon différente et que les traits postérieurs les dissimulent.

Par la suite il y a une zone avec probablement deux signes où l’on n’arrive à identifier aucun signe en raison de grande densité de traits postérieurs. Les signes suivants ne sont pas clairs mais les traits visibles, qui ne semblent pas être attribuables à des traits plus récents, permettraient de reconstruire une paire de signes ko sans pouvoir préciser s’ils portent quelques traits additionnels.

Ensuite, il y a une zone contenant quelques sept signes mais où il n’est pas possible d’identifier clairement quelques signes, bien que l’on apprécie quelques traits isolés. Le caractère douteux des traits, qui apparaissent sur la trajectoire la plus courte entre les deux sections les plus claires du texte, invitent à explorer les zones adjacentes dans le cas où la trajectoire de l’alphabet aurait fait une cer-taine courbe. Comme il pouvait être indiqué par le changement d’orientation de la paire de signes ta, mais ne s’identifient pas des restes significatifs dans aucune des directions pos-sibles.

Le signe visible suivant pourrait être un signe

l2 avec le trait avant allongé ou

éventuelle-ment un signe r5 avec la base détachée. Ce pourrait être également un signe ka1 si le trait intérieur était érodé. Le suivant est apparem-ment un signe bu, même si l’on n’arrive pas à bien distinguer le trait correspondant à la base, peut-être dissimulé par un trait posté-rieur. Ce qui suit pourrait être un signe be2 arrondi avec une tête très grande, un petit trait central et aussi des extrémités de dimensions réduites, plus claire celle de droite que celle de gauche. Le signe suivant, un o4 avec un double trait bien que les traits par leur orienta-tion et posiorienta-tion pourraient le confondre avec ceux correspondants à un signe bu. Par la suite les traits identifiables ne permettent pas de définir clairement un signe mais ce pourrait être un signe s de plusieurs vagues ou encore un signe ś. Ensuite la roche présente un chan-gement de niveau. Le premier signe dans cette

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zone pourrait être un signe r3 pour former une paire avec le signe ŕ suivant, bien que la forme la plus habituelle en Cerdagne soit r5. Le suivant est un signe ŕ5 relativement clair, bien que la moitié gauche du cercle ne s’apprécie pas très bien à cause de fractures superficielles de la roche. La paire suivante s’identifie assez bien malgré la présence de tracés postérieurs. Il s’agit d’une paire de signes ki, un ki9 complexe avec un double trait et un ki6 simple inversé par rapport au sens habituel. Il semble que la paire suivante devrait être une paire de signes to, bien que les traits horizontaux et quelques-uns des ver-ticaux ne soient guère clairs. Le premier pour-rait être un to3 et le second un to1. Par la suite on n’arrive pas à bien apprécier les traits car ils coïncident avec une zone de la roche irrégulière ou érodée, elle pourrait bien ac-cueillir deux signes.

Les signes suivants sont à nouveau relative-ment clairs bien que réalisés sur une zone qui présente un changement de pente. Le premier signe est un signe m1 même si les traits dia-gonaux qui unissent les extrémités avec l’axe central sont dissimulés à gauche par un tracé postérieur et à droite par la patine. Comme ce fut le cas pour l’alphabet de Ger, le signe m précède un très clair signe n1, quoique il soit difficile de savoir si la ligne verticale se ter-mine au sommet ou au bas du changement de pente. En continuant il semble que l’on pour-rait identifier un signe 4. L’avant dernier semble être un signe en forme de I, un 5 avec un trait supplémentaire horizontal à la base, bien que ni le trait horizontal supérieur ni celui horizontal à la base ne s’identifient pas très bien. Le dernier signe est interprété raisonnablement bien comme un signe u3. Ainsi donc, malgré les doutes qui affectent une grande partie des signes, la lecture serait :

kugutudutidibabitada++kogo[c7]lbubeo++ŕkigitodo++ lu

On identifie 26 des 39 signes possibles dans un alphabet dual, les 38 habituels plus le signe

l. Les 13 signes qui manquent pour compléter

l’alphabet sont a, e, i, te, de, ka, ga, ke, ge,

bo, r, s i ś. Les signes douteux et l’espace

illisible de la zone centrale seraient suffisants pour contenir les signes manquants.

Ce nouvel alphabet m’oblige à reconsidérer la proposition de lecture de l’alphabet de Ger qui présente une séquence de signes initiaux très similaire, kugu+[-]+tidibabitada, parallèle qui pourrait être amélioré si l’on pouvait as-similer les signes douteux entre la paire de signes ku et celle de signes ti des deux alpha-bets. Une nouvelle analyse m’a permis de vérifier que la seconde paire de l’alphabet de Ger pourrait s’identifier à une paire de signes

tu. Dans le nouveau dessin (Fig. 3) j’ai ajouté

un nouveau trait à gauche du troisième signe qui, quoique moins marqué que les deux autres, se distingue bien sur les photographies mieux contrastées. Ainsi, ce signe au lieu d’être la moitié inférieure d’un signe bo4,

comme j’avais proposé la reconstruction, ce serait strictement un signe tu3 complexe sans base ou avec la base perdue en forme d’u3. En continuant, j’avais proposé la reconstruc-tion d’une paire de signes ke, bien que seule-ment un petit trait du second fut visible, ce trait dans l’hypothèse actuelle appartiendrait au signe tu1 simple, sans base ou avec la base perdue. Par conséquent je rectifie la proposi-tion d’identifier la paire de signes tu derrière la paire de signes to, en éliminant les traits reconstruits en pointillés dans le dessin de la supposée paire de signes tu du dessin anté-rieur. En conservant seulement les traits de forme plus sûre, le premier serait un signe non identifié, peut-être un bo4 de dimensions ré-duites, alors que le second pourrait être un possible signe l2.

J’ai également profité de la nouvelle analyse pour représenter plus fidèlement certaines des dessins linéaires postérieurs.

Ainsi donc la nouvelle lecture de l’alphabet de Ger serait :

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Fig. 2 – Dessin général de l’alphabet dual de Latour-de-Carol.

Fig. 3 – Dessin actualisé de l’alphabet de Ger.

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Bien que de nombreux signes présentent de graves difficultés de lecture, on peut déjà con-firmer que l’alphabet de Latour-de-Carol ne coïncide pas exactement avec aucun des quatre autres alphabets duals connus, tout aussi différents entre eux. Malgré le fait qu’ils ne coïncident pas dans l’ordre exact, il se dé-tecte une certaine prédisposition des signes à se situer dans la même zone dans les alpha-bets rupestres cerdans connus.

Ainsi, la séquence initiale de l’alphabet de Latour-de-Carol kugutudutidibabitada répè-te effectivement l’ordre de l’alphabet de Ger, même en tenant compte des doutes de lecture des signes lus tu et du qui présentent des for-mes irrégulières similaires dans les deux al-phabets. Cette coïncidence pourrait être éten-due à deux autres paires si les deux premiers signes illisibles fussent la paire de signes te et si se confirment la paire de signes ko :

kugutudutidibabitada[tede]kogo.

La séquence commune devrait s’achever ici, même si la paire suivante de Ger, malgré les doutes de lecture causé par le réticulé super-posé, est to, alors qu’à Latour-de-Carol la paire de signes to apparait clairement bien avant. En plus de la coïncidence de la sé-quence initiale entre Latour-de-Carol et Ger, elle coïncide également avec celle de Bolvir où la première paire est celle de signes ku et où les signes ba et bi apparaissent de manière consécutive. Il apparait aussi à Bolvir, dans la zone initiale, les paires de signes ta, ko, te et

tu de la séquence :

kugubabitadakogotede[-]tudu.

Des signes qui manquent dans l’alphabet de Latour-de-Carol, a, e, i, te, de, ka, ga, ke, ge,

bo, r, s i ś, la majorité dans la zone centrale

illisible de l’alphabet, presque tous coïncident

avec ceux qui se trouvent en position centrale dans l’alphabet de Ger à partir du signe to : l,

e, s, ś, ka, ga, a, i, r.

Comme dans le cas de l’alphabet de Ger, les signes nasaux apparaissent dans la partie fi-nale de l’alphabet de Latour-de-Carol, joints dans le cas de Latour-de-Carol m, n, et l, mais en deux paires séparées à Ger : en pre-mier m, n puis ensuite l et . Les signes ŕ, u et la paire de signes ki se situent également dans la seconde moitié de l’alphabet.

Comme pour les autres alphabets duals, les variantes complexes apparaissent devant les simples. C’est le cas des paires de signes tu,

ti, ki et to. Les doutes de lecture empêchent

de distinguer les variantes simples des com-plexes dans les cas de ku et ko. La paire mn pourrait arriver à être considérée comme une paire duale, s’il se confirmait que m fusse la variante fortis de n, bien que formellement m pourrait être une évolution des variantes mar-quées de n (Ferrer i Jané à paraitre. 2014c). La documentation du signe en forme de l dans l’alphabet de Ger, conjointement avec et m, et formant paire avec certifie son existence comme nouveau signe autonome de l’alphabet ibère et sa probable considération comme va-riante du signe en forme de T. Cette relation se verra confirmée par la position finale de T au premier alphabet de la fusaïole de Can Ro-don, formant aussi une paire avec . Pour ce qui fait sa valeur, le jumelage de signes avec des valeurs similaires à Ger, śs et ŕr, permet d’estimer que la valeur de l soit en relation avec , de forme similaire, comme ś l’est avec s ou ŕ avec r. Cependant, pour l et , il ne semble pas qu’elles pourraient être des va-riantes duales, car formellement elles ne peu-vent être considérées différenciées par un seul trait et en plus l’ordre dans lequel il apparait à Ger, l , s’inverse à Latour-de-Carol : l.

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L’alphabet o dual

Je profite de la publication de l’alphabet dual de cette même roche pour publier également l’avancement de cet alphabet non dual, bien que l’on ne puisse donner encore comme dé-finitifs son étude ni celle du reste des inscrip-tions de cette surface (Fig. 5, 6 et 7).

L’alphabet non dual de Latour-de-Carol se trouve sur la seconde surface de la roche 1 de la zone 4 qui présente trois ou peut-être quatre inscriptions apparemment indépendantes, en-core inédites, totalisant 30 signes supplémen-taires. Toutes les inscriptions de cette surface sont de dimensions très réduites, moins d’un demi-centimètre, et en particulier celles de l’alphabet qui mesurent entre deux et quatre millimètres. Le texte est formé d’au moins huit signes, il se trouve dans le coin supérieur gauche de la surface et s’étend sur une lon-gueur de quatre centimètres.

Malgré l’usure de la moitié supérieure, le pre-mier signe devrait être un ku1, ou peut-être un

ŕ1, bien que le point central s’entrevoie dans

les photographies de détail. Le second signe, malgré les doutes sur sa base, pourrait être un

tu2 ou éventuellement un u2. Le troisième

signe est clairement un ki2 et le quatrième un clair ŕ1. Le cinquième pourrait être un bi2 ou bien un a3. Le sixième semble un ta1 mais ce pourrait aussi être un ko1. Le septième est un assez clair ti4, alors que le huitième semble un ko1 mais pourrait aussi être un ta1.

Après le signe ko il n’est pas possible d’identifier plus de traits avec clarté bien que, à côté d’un trait linéaire plus clair, il semble qu’il pourrait y avoir des restes d’un autre signe. De fait, pour terminer l’alphabet il se-rait nécessaire d’avoir seulement un signe de plus, probablement quelque nasale, l ou , ou

u, en accord avec les autres alphabets duals et

non duals identifiés. Dans tous les cas, il est difficile de savoir si les signes hypothétiques qui fermeraient l'alphabet sont illisibles en raison de l'état de la surface de la roche, bien plus irrégulière que celle de la première sec-tion, ou bien tout simplement parce que le texte se termine ici. Après la zone de surface irrégulière apparait une superficie aux condi-tions suffisamment bonnes pour identifier des restes de traits, pourtant il semble plausible de

supposer que le texte n’allait guère plus loin, bien que l’on ne puisse assurer que ne se soit perdu quelque autre signe dans la zone de surface irrégulière.

Ainsi donc la lecture proposée est

kutukiѓbitatiko([)

avec le doute que l’inscription soit réellement complète ou pourrait se poursuivre et sans représenter explicitement aucun signe illisible après le signe ko.

Contrairement au cas de l’alphabet dual, la lecture du fragment kutukiѓbitatiko est restée relativement claire dès la première analyse avec détail en octobre 2009, sachant qu’en no-vembre 2008 j’avais pu inspecter la fusaïole de Can Rodon (Cabrera de Mar, Barcelona) qui contenait la même séquence et qu’en août 2009 j’ai pu vérifier, sur une photographie publiée sur internet par Antoni Jaquemot1, et confirmé par analyse deux mois après, que cette même séquence était aussi présente sur une inscription rupestre encore formellement inédite (Ferrer i Jané à paraitre, 2014b) de l’Esquirol (Barcelona). Toutefois, dans la pu-blication de la fusaïole (Ferrer i Jané, Martin i Sinner 2011, 29), je fais seulement référence aux deux dernières.

L’hypothèse initiale que je considérais lorsque j’ai publié la fusaïole (Ferrer i Jané, Martin i Sinner 2001, 37) était que l’élément kutukiѓ serait basé sur le fréquent kutu(r) et que

bitatiko pourrait être une forme verbale.

Con-jointement j’ai proposé que kutukiѓbitatiko puisse s’interpréter comme une sorte de for-mule dédicatoire de caractère votif précisé-ment en raison de sa présence dans les ins-criptions rupestres.

La situation va changer au début du mois d’août 2013 quand le processus de recherche des inscriptions ibères les plus proches que l’on espérait d’être des alphabets non duals, c’est-à-dire des textes qui présentaient l’irré-gularité statistique de contenir un seul seg-ment assez long sans aucun, ou quasi aucun, signe répété, va résulter que les principaux candidats étaient précisément le premier texte de la fusaïole de Can Rodon qui présentait seize signes, dont quinze d’entre eux diffé-rents : kutukiѓbitatikoukebosekoT ,

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et l’inscription rupestre de L’Esquirol qui à ce moment-là présentait déjà près de vingt signes, aujourd’hui peut être déjà vingt-sept, probablement tous différents bien que certains d’entre eux présentent quelques doutes de lec-ture et qui, selon la leclec-ture choisie, pourraient causer quelques duplications.

La conclusion de cette recherche est que la séquence kutukiѓbitatiko est une séquence initiale caractéristique des alphabets non duals ibères et donc que les trois inscriptions qui l’ont pour séquence initiale sont des alphabets non duals, probablement celui de l’Esquirol complet, celui de Can Rodon abrégé au début et à la fin, avec un signe ko dupliqué entre les deux et une fonction encore à préciser, et celui de Latour-de-Carol apparemment incomplet. La justification exhaustive de cette proposi-tion fait partie d'un autre travail encore inédit (Ferrer i Jané, à paraitre, 2014a). Ce docu-ment propose égaledocu-ment d'identifier le

deu-xième texte de cette même fusaïole de Can Rodon, kutakituѓsborbiokou, un texte de douze signes tous différents, comme un al-phabet non dual avec un ordre alternatif mais également abrégé au début et à la fin, et con-tenant probablement un autre signe ko posi-tionné entre le début et la fin.

Il se pourrait aussi qu’un texte très court,

kutuki[, réalisé avant cuisson sur le bord

inté-rieur d’un dolium de Val de Alegre (Díaz i Mayayo, 2008), soit le début d’un alphabet non dual.

Finalement, bien que ce ne soit pas la seule alternative possible (Ferrer i Jané 2008, 259), on pourrait aussi interpréter le texte initial,

kutuln ou kutuln, d’une des fusaïoles

d’Oliete (Vicente et al. 1990, 52), comme un alphabet non dual abrégé avec début et fin du style de l’alphabet latin ABCDEFX présent sur une plaque votive à Bath (Velaza 2012, 155).

Conclusions

Dans cet article j’identifie deux inscriptions ibères rupestres d’une grande roche de Latour-de-Carol comme des alphabets, l’un dual et l’autre non dual. L’alphabet dual se trouve joint à d’autres inscriptions vraisemblable-ment duales, sur une surface différente de celle qui présente l’alphabet non dual, la par-tageant avec d’autres inscriptions présumées non duales. Ces deux nouveaux alphabets, ajoutés à ceux identifiés en 2012 à Ger et Bolvir, confirment la Cerdagne et le contexte rupestre comme un des plus propices pour y identifier des alphabets.

La séquence initiale de l’alphabet dual de La-tour-de-Carol, kugutudutidibabitada, coïnci-de avec celle coïnci-de l’alphabet coïnci-de Ger, circons-tance qui permet d’identifier la première sé-quence caractéristique des alphabets ibères duals.

Ce nouvel alphabet dual partage avec le reste des alphabets duals le fait que les variantes complexes apparaissent avant les simples. Comme cela se passe également dans l’alpha-bet de Ger, les signes nasaux apparaissent dans la partie finale de l’alphabet, avec m et n formant paire dans l’ordre habituel, circons-tance qui renforce l’hypothèse qu’ils puissent

former une dualité. Ensuite et l apparais-sent appareillés bien que dans l’ordre inverse à celui de Ger, renforçant l’hypothèse de ce que la valeur du signe l ait une relation avec

mais sans former une dualité.

L’alphabet non dual, bien qu’il soit partiel, je le reconnais comme tel parce que la séquence identifiée, kutukiѓbitatiko, coïncide avec la séquence initiale des deux alphabets non duals récemment identifiés avec des critères statis-tiques (Ferrer i Jané, à paraitre, 2014a) : une inscription rupestre inédite de L’Esquirol (Barcelona) et le premier texte de la fusaïole de Can Rodon (Cabrera de Mar, Barcelona). Finalement, il faut prendre note qu’il semble plausible de se poser la question que la racine

kutu des éléments bien connus kutur / kutun

(par exemple, Ferrer i Jané, Martin i Sinner 2011, 28), soit en relation avec la séquence initiale plus caractéristique des alphabets ibères, kutu, et en conséquence sa significa-tion fut originairement dans le champ séman-tique de l’écriture, quoiqu’elle puisse depuis avoir évoluée donnant lieu à des concepts du champ sémantique votif (Ferrer i Jané, à pa-raitre, 2014a).

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Fig. 5.- Alphabet non dual de Latour-de-Carol. Inscription

Fig. 6.- Alphabet non dual de Latour-de-Carol. Photographie générale.

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Références

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