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Émigration portugaise et développement inégal : les Açoréens au Québec

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Academic year: 2021

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(1)

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EMIGRATION PORTUGAISE ET DEVELOPPEMENT INEGAL,

... ~

LES·ACOREENS AU QUEBEC

par

VICTOR MANUEL PEREIRA-DA-ROS~

/ '

Thèse pr~sent~e

, 1

au ~épartement d'Anthropologi~'et A la Facult~

des Etudes Graduêes de l'Universitê McGill

1

1

c?mme.condition prêalable

a

l'obtention d'un

1 Phifosophiae Doctor

@

Victor Manuel Pereira-Da-Rosa

F~vrier 1980' "_.~----~~-~ ._.-~ , 1 1

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Emigration portugaise et développement inégal

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RÉsuMÉ

Cette recherch~ a pour but d'analyse'!' l'émigration

.'

açoréenne comrn~ conséquence imrnéd~ du ~éveîOppement inêgal à-l'intérieur du système

è~'taliste mondi~.

Elle

1

s'appuie en premier lieu sur l'histoire économique de ,

l'ensemble de l'espace portugais et, par la suite, sur celle de l'archipel des Açores

Y

Les deux facteurs' considérés sont

• , 1

,

l'émigration et la dépendance .des péripl)é,ries ~ l' ~gard du sys>tème capi

talist~, ~tu~~s

l'une et l'au'tre à partir des

(1

l-V

théories d'émigration de Cinanni (1975) et Nikolin'akos

,

",

(

.

(19'73a, 1975),

~t

de l'explication de la dépendance PériPhéri7qe proposée'par Amin (1971~ 1973a) ,Frank (1970, 1972) et Cardoso

\

.

(1971, 1978). L'étude faite dans une localité de l'île de

1 SaD Miguel, fortement marquée par le 'phénom~ne migratoire,

, '

a mis en ~vidence'que1ques

.

causes socio-économiques de \

l'émigration, vers le ans ce,pays, des ex-habitants de Vila de Baixo ont

\ plusieurs hypolthèses

1

viewés pour mettre ~ l'épreuv~ cette recherche.

,

t

Les résùl ta-çs ont montré que la dépendance s'accroît \

au ni veau local par sui te des envois d'argent des émigrants.

1

/ ,

Ces envois renf9rcènt la position des --Q1asses b~urgeoises et, de ce fait, encouragent les indécis à émigrer. Dans la ~ociété

d'accueil, cette main-d'oeuvre' aux traits bien particuliers est toujouJ:;s, très demandée/par les entreprises capi tal.i.stes' qui en tirent de gros bénéfices •

,

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/ ' / ABSTRACT \

i

The object of this research is to analyze Azorean

-emigration as' an immediate consequence of unequal, ,developrnent' within the world capi talist system. The study draws on the general economic history of -Portugal, and in more detail on q \ , the evolution -of the Azorean econorny. , The two main factors considered are out-migration and dependency of peripherâl areas' on the capitalist system. Theltheories of rnigratiqn put forth by Cinanni (1975) and Nikolinakos (1973a, 1975), as weill' as the explanation of pe~iJ?heral dependency advanced by Amin (1971, 1973a)". Cardoso (1971",11978) and Frank (1970, 1972) ate discussed. A community study was carri,ed out on / S§'o Miguel, an Azprean isIëmd where 'the impact of out-migration

J

has been very noticeable. This study pointed tp severai socio-economic reasons for emigration to North America.' In Québec, former r.esidents of Vila de Baixo were interviewed

/ ,

in order to verify severa1 hypotheses discussed in this research.

\ '

< ,

Resu1ts show that in the Azores dependency at the local )

< , '

level

ls

exacérba ted by the inflow of remi ttances sent

,tby

' 8 '

,

,emigrants. These monies reinforde ,the position

of

the ~

bourgeois classes. And as a conseque~ce out-rnigra"'tion is increased.' In the host country, Azorean workers are

ah~ays in demand, as employers find it very profitable to

hire thern • 1 ) 1 '1

l

1

(5)

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TABLE DES MATIERES'

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ABSTRACT

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LISTE DES TABLEAUX,.

.

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AVANT-PROPOS

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ix

INTRODPCTION

. .

.

.

.

.

.

· . . .

. .

1

Chapi tre premier - L'ÉMIGRATION ET LE DÉVELOPPEMENT 15

Chapitre II Chapitre III Chapitre IV

Il

'Chapitre V Il Chapitre VI -Chapi,tre VI l

-"

'"

INEGAL. • • • • • • • • • 1Ç;.

.

.

.

- LA MAIN- D' OEUVRE - IMMI GRANTE :

UN BESOIN DU CAPITALISME 11FAD1EN

" L'ÉMIGRATION ET LE CAPITALISME

PORTUGAIS •

. . . .

.

. .

.

- LES AÇORES: uNE SOCIÉTÉ PiRIPHÉRI.QUE?,

;

(ESQUISSE D'HISTOIRE ECONOMIQUE).

;

..

-

L'EMIGRATION ACOREENNE.

.

,

.

.1

VILA DE BAIXO ~ ORGAnISATION

SOCIO-..

,.

ECONOMIQUE ET EMIGRATro~.

. · .

.

.

.

DÂNS LE MILIEU D'ACCUEIL: uNE 'NOUVELLE

~

..

DEPENDANCE.

..

.

.

.

.

.

.

~ \

RE CAP l TULATc l ON ET CONCLUSIONS. •

· .

.

. . .

'"

Appendice l CARTES GEOGRAPHIQUES.

· .

. · .

.

BIBLIOGRAPHIE.

. .

.

.

• • • • • I l ,

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.

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.

.

iv 15 72 117 174 228 267 308' 346 • 1 , , ~ ,

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(6)

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l' \ ). ~

.

LISTE DES TABLEAUX

1

" .

Tableau '" 1

\ 1-1 Salaires horaires darts 1es_ industries

manilfacturi~res de quelques pays d'émigration

et,d'irnmUg~ation,1~74

~l Page 1

27

",

1-2 Taux de chômage de quelques pays exportateurs . 40

\

de main-d'oeuvre, 1974-1976

2-1 Rapport entre investissements int~rieurs de capital et P.N.B. Î 2-2 Immigration canadienne, 1867~1977 2-4 3-1 3-2 3-3 3-4 1 \

Canada:

.

Médianes d'âge des populations nées

\

i§. l'étranger et au Canada, 1921-1971

Canada: Distribution procentuelle de la

popu~ation selon l'origine et l~·groupe d'âge,

;,-1921-1971

..- \

Portugal: Dis~ributiori de la population active, 1976

/

Portugal: Distribution de '- Portugal: Investissements la teJre,

1~75

,f, .

~tr~ers,

1947-71

Portugal: Estimation de la population ~

1-' étranger, 1977 v , ' \ ' \ 79\ \ \ 89 -90 \ 119 123 133 148 \

(7)

'1'î' " \ l' l' " • 1,\ '{ .' ~ , b

Tablear<'

3-5

l~~tUgal.'" TranSfe~s

d'argent des

,. .-enugrants, / 1966-1978

Page

152

3-6---,. ,Portugal: Les emprunts dap.s le monde capitaliste 154 4-1 4-2 4-3 4-4 1 4-5 4-6 4-7 ;;> iJ 4-8 4-9 5-1 ~

Sao Miguel: Exportation de pastel

Sao Miguel: Cargaisons de paste*, blé et lin

au départ de l'île

Sao Miguel: Proauction d'anana~

Açores: Industrie.laitière, 1959-1976

Economie açoréenne: production exportation,. 1975-1976

Açores: Balance commerciale de

agrico~es, 1972-1976

e-t;

\

"

\

.

produits l\çores: 1970-1975

Balance commerciale avec~l étranger,

Açores: Evolution des'salaire~ quotidiens par

district, 1970-1975

Salaires quotidiens payés par l'agriculture açoréenne et continentale, 1976 '

Ponta Delgada; Population et densité "

démographique du district, 1864-1975 vi 191 191 195 " 204 208 209 210 \ 211 230 \ Î . ! 1 1 pl

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.

" '. " " Tableau 5-2 5-3 5-4 1 / , ,

Ponta Delgada: Décroissance de la population des municipalités rurales du district,

1960-1970

Açpres: Distribution de la terre, 1965

Sao ~guel: Distribution de la te~re, 1975

5-5 . Açores: Population agricole active, -1970

5-6 D

\

Açores: Distinations des ~migrants selon les districts d'origine, 1855 à 1B~ 0" Page 233 236 237 ' f 238 " 242

5-7 Canada·: Emigration portucJise" 1950-1978 -247

5r8 Açores: E~igration pour le Canada, 1960-î975 248

(par district) ,5-9 5-10 5-11 6-1 6-2 Açores: Emigration, 1951-1978

"

.

r

.

Açores: Emj!gration par ~istr;j..d( d'origine, et' pays d'accueil, 1965-1977

,.-1 ~

.

Açôres.: Occupations des émigrants âgéi" de plus de 10 ans, 1975

~

Vila de

Baixè:

l

Répartition de l:a population

, \

par âge se1bn le sexe, 1976 Vila de Baixo: 1964-1970 Evolution de la population, .. vii '" \ \ \\ IiIr .. 'r~ .... ' 1 ' _ ... -~---.. ---~-"'----249 ,~50 , 251 . 270 271

(9)

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Tableau.

,

6-3 Vila de Baixo: 1930-1977 Evo1ution démographique, Page 273

,-6-4 Vila de Baixo: Taux de natalité, de mortalité 27't

6-5 6-6 et d' émigratio~ Vila de Baixo: i976' Vila' de Baixo: 1976 Distribution de la terre, 275 !)

.,(./

Population agricole active, 27~

1

,( , 1

6-7 -Vila de Baixo :--,=-Importance~_eIlYDis-,.-,.,--=---,~====2Sj======;===

( /

pécunaires'des é~igrants par rapport aux autres secteurs. de l'économie, 1976'

6-8 Vila' de Baixo: utilisation de l'argent envoyé 29'3 par les émigrants, 1976

7-2

Québec: Immigrants portugais admis selon le secteur d'emploi, 1973

Montréal et Bull: Distribution des Vilabaixenses par occupation"

viii

1

33~

• 335"

1

1

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-

(10)

----AVANT-PROPOS

1

Toute ma gratitude va d'abord au Professeur Carmen Lambert qui a accepté de p~endre en charge la direction de

(

cette thèse et a sui vi avec bienveillance mes efforts de

.

~édaction

tout en.'m' aidant A

préci-$~~

les diffé:ç'e'ntes nuances

de mon discours

~alYtiqU~~;' ~'~i

pro fi té aussi, 1 avant ou

après la défense

d~

proj et de thèse, des cri tiques et ..

-~uggestions

de

Bern~rd

Arçand, Dan Aronson, Peter C. W. 4

,

Gutkind, Deirdre' Meintel-Machado, Jérôme Rousseau et Richard 1

.

"

SalisburY,tous professeur~ à l'Université McGill, ainsi que _ =-=====1

============~'"-========-====~==~~~" '

.J.

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1) .

dé mes collègues Ronald Louis Fernandez et Gail,Richard Pool. Avant mon arrivée ~. MQritréal, mon intérêt pour les choses portugaises fut encouragé à l'Uni versi té d'Indiana où j', ai vraiment saisi, grâce ~ Shepa;-d Foz:man et Paul Doughty que,

-1'

plus qu'une science, l'anthropologie est également _ un

1 0

savoir-être. Ce fut aussi l'affection toute paternelle de feu les professeurs Dinko" Tom~sic (de l'Université d'Indiana)

o \

et Rudol}?he Bietlot (de l'Université d'Ottawa). C'est

l'afféction toute fraternelle de Jo~o Antonio Alpalhao, o. f.m. qui, excellent andragogue et bon connaisseur de la culture portugaise, m'a toujours ouvert son

(~périence

et entouré de sa sollic! tude. Les encouragements et l'appui de' tous m'ont é'té un précieux secours. .

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Tou"te ma reconnaissance va aussi

a

mes informateurs

et

am~s

"qui, 'aux Açores et. au Québec, ont trË!s patieimnent

répQndu

a

la'myriade de

que~tions

que je leur posais. Je

dois

remercie~

les archives et bibliothèques de Ponta

! 4>

orLgada et Angra,dO

Heroi~mo

dont 1: personnel, s'est souvent

mis si généreusement

~

mon service. Les dactors Francisco

Carreiro da Costa, de l'Institut Universitaïre 'éies Açore's,t

et

JQ~Q

Afonso, du

Minist~re

régional de l'éducation et de

1

la culture,

~éritent

une mention-particulière, pour m'avoir

.

; , \

~

fai t bénêficier de leurs pfofonqes

connaissan~es

des AçQres

j~,.

:;

Un .grand merci également

à

l'ingénieur

LUls

Soares" de

Montréal.

Grâce

à

l'aide matérielle de l'Ecole des Etudes graduées

,

de,l'Université McGill, j'ai pu

co~vrir

les dépenses de la'

1

première phase de cette recherche.

J~

suis -aussi redevable

- a

la Faculté des Sciences sociales et au Département de

-Sociologie de l' Universi té d'Ottawa qui' ont toujours su créer '

pour moi une

a~osphère

de sympathie.

Madame Marjorie'Fournier

et. Mademoiselle Suzette "Lamarche ont dactylographié avec

, "

célérité et soin upe bonne ?artie de cette recherche.

,

J'ai

rés~rvé

pour la fin le docteur Jacques Flamand, qui

"

a bien Noulu réviser

çe

texte; grâce

~

ses conseils j'ai pu

l'améliorer gràndementi

qu'~l

reçoive ici l'expression de mon

amicale cf'ratituàe.

.

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Al'

ép()~ue

act1,lelle, car;actéris,ée par l'intégration

1

des sociétés dominées

à

une économie capitaliste mondiale

,

/ ,

1(1):

plusieurs régions 'du monde sont devenues des sources

de

~~in-d'oeuvre

pour les pays industrialisés

,(2): C~

lien

entre deux niveaux de développement économ,iqueJpeut être

expliqué par un modèle théoriq\le soulignant l'import'ance

l " 1 ' ,

de 1 '-accumulation de plus-values 'et. la dépendance

qui

en

résulte pour certains pays.

1

Intégrée~ à

l'économie

~tlantique

(immédiatement

aptès,~

les premières initiatives de ,leur peuplement) et grandes

fournisseusses d'émigrants, les Açores se présentent comme

un

te~rain

propice

~

l'étude des ,rapports entre

l'émig~ation

~

et la dépendance. Quatre grands, cycles de spécialisation

,

en vue des marchés extérieurs se suivent l'un après

l'autr~:

le blé, le p,astel, l'orange et

l'él~v~ge",dont l,esof'~

exporta~ions

ont toujo6rs été le monopole

qe

qu~~:es

familles

c

dans -qne struc:ture poli tico-sociale

ias'ue

du féodalisme

>,

portu'gais

0

1

Encore de nos jours, la structure socio-économique

açoréenne encourage l'émigration

qui

est devenue une issue

i~poItante

pour"ceux

~i

désirent

un meilleur avenir.

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Les Açoréens sont de's descendants de paysans, marins

,

et commerç,ants, portugais surtout, mais aussi d' alîlt'r;es nationali tés, qui ont peuplé l'archipel.' Beaucoup d'entre

eux ont e~suite émigré, co~e soldats de 'l'armée royalé ,

o

ou colonisateurs, d'abord en Afrique du Nord, plus tard au

Brésil et aux Etats-Unis, et récemment au Canada. Avec le

[

peuplement des îles, les structures quasi-féodales de la

société portuga,~se se sont également transpoaées aux Açores.

r '

Or, ces bases de/l'organisation socio-économique de

, 1

l'archipel se sont maintenues jusqu'~ présent.

Vila de Baixo est une toute peti,te ville (on aurai ~ pu

,..,

l'appeler un grand village) de la' côte

mérid~onale

de l'Iile

de Sao Miguel, chef-lieu d'une circonscription dont? ,la

1

"

2

\

population est majoritairement agricole. Disons immédiatement

qu'elle ne se distingue nullement des autres municipalités

de l'île, à l'exception de la capitale Ponta Delgada, tant

'par son histoire et ses relat'ions de production qu~,' par son

,implication dans le mouvement migratoire vers l'Amérique du

Nord. , \

Dès le premier contact avec Vila de Baixo, en 1975, nous

nou~ sommes intéressés ~ l'analyse des valeurs tradit~onnelles

et de la resistance au changement (cf.·Da Rosa 1977b). Nos

1

p~emiers travaux ethnographiques à Vila de Baixo furent centrés

/

<

(14)

t

(

sur la propriété terrienne, le prolétariat rural et la

famille. Au sujet de cell~-ci, dans un contexte plus large,

des t~avaux ont été publiés par d'autres anthropologues, le

. !

~ Dr. Manuel ~açoilo Fidalgo (1979) et le Père Julio Da Rosa

Il

(1964). Après quelques recherches sur le terrain, nous avons

observé certaines tendances socio-économiques d'un grand

l ,

~~ intérêt pour une compréhension de la société açoréenne et,

i en particulier, de la dépendance de l'archipel et du rôle

joué par l'émigration vers le continent amériqain. Ces

!

tendances peuvent d'ores et déjà s'exprimer par les'énoncés

suivants: 1. Il serait étonna~t qu'une société, dont un fort

3

1

pourcentage de la population a émigné, ne soit pas profondement

influencée dans son organisation socio-économique. D'où le

maintien de l'hégémonie de la 'bourgeoisie locale qui a

.

, ,

,

tbujo'urs tiré' profit de la dépendance des îles' à l'égard des

régionsl plus développées de l'Europe et des Amériques;

, 1

2. Aujourd'hui, les Açoréens sont de plus en plus exposés aux

cultures de l'extérieur qui leur proviennent par l'intermédiaire , ,

l'

des moyens de communication ,de masse, par su~te de

l'ttabli~~e-ment~de bases militaires américaines et françaises, et par la

présence massive d'émigrants qui viennent passer leurs vancances ou, plus rarement, de ,retour aux îles.

, !

1 • (1

;, , - - - -- ' - ' -1 "

(15)

~,.'

(

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explication de la dépendance envers l'étranger et du maintien

~

. d'un-certain type de relations de production qui se fait aux

dé d l . . 0 é ,101 l I t " f . 1 .

pens e a maJor~t e a popu a 10n. En! alt, nous avons

1

" l ,

rap~dement formulé l' hypothèse que l'émigration consti t'lfait

.

le premier maillon de ce processus. Cette hypoth~se qui

1

sous-tend la présente étude, s'est imposée constamment pendant,les contacts établis aux Açôres et durapt les

i

entretiens avec des Açoréens domiciliés au Québec. En /'

.

re~raçant l"histo~re ~e

l'économie et de l' émigrati.on açoréent;les,1

[If ,

, \ {~

et en exarninanl br~~vement le besoin de main-d'oeuvre immigrante au

Canada, nous avons cru possible de pouvoir évaluer la nature des inf1uenc,es mutuelles.

,

Des ~tudes menées en Europe et en Océanie (Cinanni 1975;

Rhoades 1978; Shankman 1976) ont fourni quelques généralisations

1

valables sur les liens de dépendance qui relèyent de cel

1

phénom~!l'1e (3). Alltremen't di,t~ quel que soit le contexte

géo-cu1türel' où elle a lieu, ~·é~igration se traduit,par des

modifications sensiblement identiques. Ces changements peuvent l ,

se diviser én trois grands ~r9upes: 1. Les changements

économiques. L'entrée régulière d'importantes remises d'argent

envoyées par les émigrants acaroît la dépendance d'une fégion

l ,

-par rapport aux structures économiques étrangères: 2. Les changements politig;ues. On Fourrait s'attendre h trouver une

1

\

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5 J'

transformation de }a structure de pouvoir or, on constate

que ce changement n'a pas toujou:r:s;,}ieu. Il peut se produire

.

.

un affaiblissement des ~nstitutions politiques locales mais,

en fait, faute de nouvelles élites, le vide e~t rarem~nt

comblé et fes

relatio~

de

ptOducti~n'capitalistes

ne sont

~as

~ ~

altérées; 3. ~ changements dans l'organisation sociale.

L'émigration influence profondément la famille '(cf. Alpalhao

" 1

et Da Rosa 1979b) et fait apparaître de nouve~ux rapports

s~ciaux (cf. Rhoades 1977; Trindade 197~b), t~ut en désamorçant

1

la lutte des classes par le départ même d'un fort pourcentage de la population.

Un premier modèle analytique établi pour entrepréndre un

examen préliminaire de la dépendance 'et de l'~migration

açoréennes, se fondait sur l'influence prépondérante de l'accumulation capitaliste et de la demande d'ouvriers bon marché dans les pays industrial}sés. Nous rejoignons ici

\

les préoccupa,t;.ions théoriques des chercheurs 'susmentionnés,

,

auxquels nous avons ajouté Nikolinakos ~1973a; '1975) après

la, première phase de recherche sur'le terrain.

Suivant ce modèle général et nous inspirant des travaux

.

,

de l'historien açoréen Francisco Carreiro da Costa (1970; 1972;

1

1978), dont la Weltansphauung est très différent

7

de ra nôtre,

nous étions en mesure de formuler l'hypoth~se gl?ba1e qui"

\ 1 J l~ i • r; ! ' i 1 l l l ,

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oriente la prêsente recherche: les relations de production

, '

dominantes" le blo~age des '€conomies capitalistes dés

1

r€gions p€riphérique's et la posi tiori h€g€monique que la bourgeoisie y a atteint, entraînent une €migration massive

6

I~

L

1

,

de trav~ill~urs vers les pays capitalistes plus avancés qui • ~

\

ont 'besoin d'une main-d'oeuvre pon" marché, mobile et moi

s

spécialisée (4).

Autre~ent dit,(l'€rnigrati~n açoréen~e

v

lé Canada, tout en étant

d€te~i~ée'

par

l'~cc~lation

du

,

capital et l~s besoins ~p€cifiques du marché du travail

.

/ ! nord-américain, l'est aussi par la dépendance séculaire de

\

,l'économie açoréenne e .. t par les 1.nt€rêts de ,la bourgeoisie \

". du miliéu d'origine,. ,

.

;i:Jes Açores ne constituent' 'Pël:s le ... seul endr6i t pu ce, processus peut être étudié, mais l'archipel n'est qu'un petit monde où l'observation du chercheur peut mettre en évidence certains ;aspects socio-€conomiques plus difficile-ment analys€s dans des sociétés plus larges.

\ 1

C'est en cela

, 1

que peut résider notre contributio~, sans, cependant, vouloir

p~ésenter

de

~ouvelle?

théories qui

l,troi~ner~ient d~s

f

appr.oches déj~ consacrées par l'€cole latino-américaine

(en particulier brésilienne) de la d~pendance. Aussi

croyons-nous que ce travail apportera des élément~ l, de

réflexion applicables ~ d~autres soci€t€s dépendantes. Dans

If '

une, appr~chedcomparative, on pourrait: utiliser la même grille

\ \

.

\

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i l ' : ~ , "

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1 1\ \ 1 j / :

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j

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pour analyser'des cas se~lables telle, par exemple,

l'êmigration d' Acadiens

~t""de

Terreneuviens vers les

grandes métropoles \canadie~nes ou les Etats de .la

/"

1 ~

Nouvelle-Angleterre. Tout en expliquadt le cas açorêen,

cette recherche" peut également fournir des élémen'ts,

; .

théoriques et pratiques, pour l'étude des implications ....

économiques des migrations' humaines.

7

r

1

i , ,

/

Du fait- de la grande homogénéité cùl turelle de sâ'o Miguel"

l~ choix de Vila de Baixo a été fait par r~pport ~ pl~sieurg

facteurs. Tout d'abord, la

lit~oral le plUS peuplé de

si tuation centra'le" sur le

" 1 "

l'île, où l'êconomie est agricol~

t

et la structure de classes presque inch9ngée depui~ le sièclé

dernier. En outre, les liens,qu'un fo~t poqrcentage des

,

familles locales entretiennent avec leurs\membr:r émi9~éS en

Amérique du Nord, su~tout au Québec • . De plus, Vila de Baixo

n'est pas trop loin de la capitale où se trouvènt les emplois

pour ceux qui ne

veuI~~

pius oeuvrer dans l'agriculture.

Une autre raison avai~ un grand poids:, des èontacts avaient

o _

dêj~ été établis -avec des mernbr~s de ,cette communauté,

aujourd'hui domiciliés l Montréal et l Hull. Lraccueil fut

des plus. chaleureux, et nous avons pu recourir l plusieurs réseaUx dé familles et d'amis.

\ " f)

r

v \ vi

.

' " 1 " 1 .

(19)

t

'. ~

.

, • , 1 \ , ~

La présente étude a débuté en 1975, année, où nous avons'

i.

passé plus de quatre mois à enqueter sur le terrain et à

,

1

consulter des'archives locales. Cependant, nous avions déjà \

" ~

8

r~cue'il\li bon nombre de données ~thnographiques et économiquès

\

sur les Açores et les émigrants, açoréens. Nous avions déj~

quelques connaissances de l'immigration portugaise au Québec ,

~cf. Alpalhâo et Dà Rosa 1979a). L'étude proprement dite de

,

Vfla de Ba"ixo s ',est échelonnée sur une période de sept mois

1 sur le terr~in (en 1975 et 1976),

a

1~que1le il faut ajouter

deux ans de contâct quasi-journalier avec d~s informateurs

domiciliés au Québec.

Beaucoup de données ont -été tirées" directement des

archives,açoréennes, surtout' cellrs' de ronta Delgada ~t

d'Angra do Heroismo. Cependant, les principales techniques de

.

collecte des d~nnées ont été le recours à des informateurs

clefs, l'observation participante, et les entrevues dirigées.

1 ~

En plus d'un excellent accueil de la part de deux historiens

spécialistes de l'historiographie ,locale, nous avons eu un ft

.

informateur clé qui, par ses connaissances et sa disponibilité,

a' rendu pos~ible cette étude. En tout, communautés de Montréal

, r

et de Hull

co~prises,

une bonne vingtaine d'hommes et

d~

./

femmes nous ont servi .d'informateurs principaux. Durant nos

stages sur le'terrain,

a

Vila de Baixo et ! un moindre degré

A Hull, nous avons participé

a

ma~ntes activités communautaires

\ / f

.

,

) l 1 \

(20)

.

\

"

, ," '" ~ .. , J ' " , ' f \

-(~

"

'officielles et privées. Aux Açores aussi, nous avons été

\

linvités fréquemment dans des familles, nous avons rendu

/ visite aux ouvriers agricoles sur les lieux de leur travail

et nous avons divisé notre temps proportionnell:eJIl~nt" aux'

différentes couches sociales. Aupr~s de la haute bourgeoisie

~ .

cette participation n'a été pleinement satisfaisante que lors

-

\.

du,deuxième volet de la recherche (été 1976) et, enfin, 1

pendant quelque~Csemaines en 1978. D'après les notes de

notre journal de bord,. nous n'avons pas tardé A' partager le

-

,

9

,sentiment d'isolement-de la classe ouvrière et ses aspirations

économiques. Il faut avouer 9ue pour ne pas compromettre le

rapport établi avec la communaùté en général, les questions

\

d'ordre pbl'~ tique ont sOUvent été posées de façon indirecte.

"

Parfois elles ont été évit~es, ~ d~,ssein, étaht donné le climat

,f

politique, ouvertement favorable aux manip~lations de la grande

bourgeoisie açoréenne; celle-ci, A ce moment-l~, commençait

~ réagir fortement

a

la prise du pouvoir par ia gauche

a

la

-suite des événements survenus au Portugal après le 25 avril

1974. Des entrevues dirigées ont &téutilisées

a

Vila de

'v ' '\ ~

Saixo, Montréal et Hull. Elles ont ~urtout porté sur les

causes et les conséquences .de l'émigr,ation açoréenne en général , ,

et de celle des vilabaixenses au~Québec en par~}culier.

li ;

*

* *

,

)

.

l l

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l

(21)

(

.

"

\,

;

Les'pages préc~dentes ont fait le point sur la m~thode

suivie dans cette recherche -et sur l'apport de celle-ci'~

-l' ~tude des Il).igrations. Il faut maintenant décrire 'le plan

\\

de cette étude~' lequel, on le sait, doit refléter nos

,présupposés théoriques.

, ,

,

Le chapitre premier indique la perspective générale de

l'analyse, dégageant d'un point de vu~,théorique, les ~iens

entre émi,gration, et dépendance ~ l'intérieur ,du, syst~me

\

capitaliste mondial. Le dèuxlême chapitre traite de

JI' histoi~e économique canadienne et' il si ~ue' les \ besoins

récents de main-d'oeuvre immigrante au Canada-. L' utili té de

ce chapitre .se retrouvera plus tàrd à propos des pôles

.

/

d'attraction au Québeq-d'un -grand P?urcentage des émigrants

açoréens. Il iai t la tran'si tion

ent~e'

la présentation des

\

él~ments théoriques et l'analyse globale du capitalisme

o

10

portugais. Le chapitre trois analyse,l'éconornie~et l'émigration

portugaises ,dans le cadre 'capitaliste de l'ensemble du pays.

Nous faisons, au quatrième chapitré, une esquisse.~e

\

l'histoire économique de l'archipel açorée~. Nous y mettons

en évidence l'évolution de 1a dépe~dan~e insulaire depuis

l'impérialisme d'échange au XVlesiècle, jusqu' ~ l' appari tion',

au XXe siècle, du capital monopoliste dans les îles. Nous

Verrons

d~

ce chapi tre

q~e

les Açores' consti tuent

bie~

une

,-formation périphé~ique,' et nous ,étudierons le processus ~

"

..

..

1

i

!

(22)

" ,

;-k' r

(--,

dl intêqration des îles dans le systême capitaliste mondial., Le chapitre cinq étudie les diff~rentes phases historiques

,.

de l'émigration açor~enne, sans laisser de c5t~ les iacteurs

.

~conomi~ues

essentiels ! sa

compr~hension.

s

L'émigratiôn y 11

est'mise en ~apport avec, d'une part, ~a population active et, d" aut,J;'e part, les destinations des courants de migration

traditionnels. Le chapitre sfx d~crit ethnographiquement - 1

Vila de Baixo; afin d'identifier les él~m~nts saillants ~e ~

1

son organisation soci.o-économique par rapport au processus .:; d'émigration. Au niveau micro-::analytique, nous ~enons

..

l'

/ i

!

, \

également \ compte des cons~9uences socio-économiques ,des mandats ' 1

des émigrants., Le chapitre~ sept décrit et analyse la situation

., 1

tles ex-Vilabaixenses

aujourd;hui.immigr~s

au

Qu~ec, P1.~us

;1

précisement ! Montréal et ! Hull (5). Dans ce dernier

\ ! 0 \

chapitre, nous 'nettons 'en re'lief le lien 'entre la situation socio-économique du milieu dt origine et lès types d'emplois

1

occupés par les ~çor~ens d~ Québec. .La conclusion g~nérale 'résume les points les plus or,iginpux de cette recherche et

étaye les principaux ~léments cri tiques de la situation teille

/

.

qu'elle nous est a,pa,rue au cours de l'étude.

..

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(23)

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l

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\ 1. ,2. ,.. ( .J INTRODUCTION \ ''-.,. lNotes \)\

.

,

Dans cette thèse, le terme "capitalisme" est utilisé

/

dans le sens d'un sY,stème de production pour le marché, où la plus-value joue un rôle essentiel.' Le profit est

12

fai t par un au\tre que le vrai agent de produc>tion. Pour

di~inguer cette relation de production A d'a~tres formes

de relations qui furent prévalentes dans le passé, on , /

'..,

doit ajouter que, dans un système capitaliste, l'ouvrier

1

libre vend sa capacité de prOduire aux propriétaires/ \ t , des moyens de 'p'~duction. \

~~

'.'

Même s'il existe des si'gnific,atibns très spéc~fiq~es

pour les . termes "main-d'oeuvre", "fCJlrce-de-travai l" , "ouvriers" et "travailleurs", cette distinction n'est pas toujours "respectée dans là'présente étude. , ,

.

Par contre, on appelera

to~jours

"périphéries" aux pays

-"t ( .,.

e\: régions moins déve'loppés par opposition au "centr-e" constitué par le:; pays industrialis~s' du monde

capi talis te "

3. C'est en Europe capitaliste gu·ton trouve -la lit:tératur,e \ la plus al?ondante, pour l'étude de cét aspect particulier

des m;g,;,,&tions. Voir, par exemple, les travaux àu sujet

(24)

\

4.

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..

de l ' €migrafion turque en R~publique f~dérale

rd'Allern~gne (Kolodny 1974~ Paine 1974),~ et:. de

l'~migr~tion algérienne en Frauce (Trebous 1970,

19?4) • D'ailleurs, nous nous , ,

.

r~férons ~ ces

ouv~ages au~ chapitres suivants.

Au sujet de la signification des termes pays "plus ' avancé", ~'avancé", "développé", "moins avancé", "sous-d€velopptlS", je fais miens les

,

propo~ de

y

Marshall (1973: xvii) .lorsqu' elle dit que leur

"

utilisatiop "ne suppose pas une progressio~ linéai-re

1"

selon un ~ chernineme~t cri tique' ou que le

'sou~-développement' soit un stade préalable par lequel

,

les pars développés d' aujourd 'hui seraient passés"

,

(Notre traduction). En fait, si l'on retient comme' \

crit~re de définition des concepts de "développé"

, 'tl~~

et de "sous~développé" le revenu pei capi ta d'un' pays o~ d'ure région doilnéel o~ pourrai

t

mettre .. en' équation '!,çapitalisme

avanc~'

et "développement",

'>

." capi talisme subordonn~" et Il sous-déve loppemen'1" ~

, J~' r

nous écartons ce crit~re, -qui a 6j:~-'justem,ent

D

fort critiqu~ (cf • Freyssinet 1966: Il) .

.

\ , 1 J .~ f" 'l

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1

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10

\

14

...

Etant donné la nature du

mod~le

t.héorique sui vi dans

cette recherche, l'étude de certains aspects importants

,

de'

~'immigratïon~e main-d'oeuvre~est

ici

n~gligée,

par

exemple, les aspects psychologiques, médicaux, juridiques,

,éducatïfs et politi,ques.

Né~moins,

des Iréférences y

seront faites lorsqu' ell:es seront utiles! "l'analyse.

1

(

.

, ,,> , •

En, ce qui a trait au Québec, ces é1émen"ts ont fa:iA::.

réce~ent

l'objet d'une

premi~re

.analyse (voir

Alpalh~o

1

et

Da

Rosa 197.9a).

~

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(26)

, , ~ )

1

(

/

l L'ÉMIGRATION ,Ei LE DÉVELOPPEMENT INÉGAL

Ce chapitre examine les approches des différentes études sur les migrations et le d€veloppement et décrit la méthode dl analyse choisie pour caractériser l'émigration par rapport

~

la dépendance économique aux Açores". Dans ces îles comme

"

ailleurs, l'émigration n'est pas un probl~me individuel,

mais un phénom~ne €troi temept lié li. la structure,

sacio-ébonomique du pays d'origine et ~ la pOSition de celui-ci

dans le' système éco~omique mondial. Nous proposons donc de

.

/

situer l'émigration en fonction de quelques dét~minants

capitalistes; fréquemment ignorés dans les études sur le sujet. En effet, l'attention des chercheurs s'est surtout

\ '

attachée à ce qui arrive aux émigrants dans Ile nouveau milieu

(voir, par exemple, Gans 1962; Gordon. 1~64), souvent dans'

une perspective d'assimilation. "D'autres auteurs se plac"ent

1

dans 'une perspective ouvertement apologétique,. écrivant m~e

que l'émigration favorise une rationalisation du syst~me

économi?ue. Dans, cette ligne, par exemple, Berg (1965) affirme que les migrations en Afrique occidentale redistribuent un

'. 15 ! , ., 1.

(27)

,

, / \

-(

1 " ,

t

if ~ ( l' !' ,~

(~':

16

"facteur de production" (l~ travail), jusque-là in~ga1.ement

r~parti. Si ,c • étai t le ca's, les II\lgra tions auraient tendance

~ uniformiser le taux de 'croissance des économies de

différentes-r~gions'. Cependant, on a déjà observé aille7'-rs que,

• l "

para~lèleme,n~ à une croissance accélérée des' zones d' immi .. Y

i

gra~ion" i l y a presque toujours une réduction 'de la '

crdis sance économiQl'e' des zones d' émigra

t~

C, cf, Amin 1975),

Pour, comprendre ce rapport, dans une perspecli ve d' économie politique, il faut faire appel à des not~9ns théoriques tel l,es que la pl us-val ue " l'accumulation et la dépendance.

Rares sont les anthropologues et sociologues qui. ont mis en évidence la rapport. entre l'émigration et la

dépendance. Ainsi, observe.,Shankman (1976:1), George Foster mentionne dans son' étude de Tzintzuntzan que p,rès de la moitié de la population adulte de cette communauté

q"

paysanne avait émigré temporairement aux Etats-Unis. Or, ces émigrants envoyaient chez eux de très grosses sombes

1

d'argent, ce qui aurait entraîné un changement sdcial

'J"

jl 1 j , , !

(28)

,',\ ' " " 0,

1

'1

~

.

.

'"

,

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.

assez important, voire _

une dép'endance -envers l'argent

des émigrants (cf. Rhoades 1977).

pscar

Lewi~

a noté

à

Tepozt1ap une situation'semblab1e:

.

-En 1943, Tepoztlan connaissait une gravJI

pénuz'e de terre. Aujourd'.hui, 'en"1957,

, J

du f i t que tres souvent les braceros

ne

retou~nent

dans

1eu~ v~llage

qu'afin

de s

'y

reposer quelques mois avant de

regagner pour un temps les Etats-Unis,

ce,tt~

région souffre d'un mangue de

main-d'oeuvre, et bien des milpas

restent en friche.

En quelques mois

de travail,aux

Eta~s-unis,

les

bra~eros

touchent autant,

s~non p~us

qu'en eux

ans de labeur dans leur village. Nombre

d'entre eux ont

'in~sti

leurs économies

dans l'amélioration"de leur maison, dans

l'achat de terre et de bétail. Et ils

ont rapporçé chez eux des postes de

radio

port~tifs,

des jouets mécaniques,

'df?s vêtements et du tissu; si bien que

le village a Ill,aintenant quatre tailleurs

à

temps plein

const~ent

sur lq brèche

pour faire les pantalons sur mesure que

leur commandent les villageois (cit. in

Shankman 1976:1-2) (Notre

, traduction~ "

,.

l '

17

Comme TeRoztlan et Tzintzuntzan, des milliers d'autres

cOlltctiVi~éS

paysannes sont

dé~~ndantes'

de l'aDgent de leurs

émigrants (cf. Rhoades 1978).

/ ,

\

..

..,...:..-,,-AnthropolOgiqul~ent,

l'étude de la dépendance entraîne

un

changem~nt

de

o'dologie;

L'

apJ?rochf historique

es~t

indispensable et la ature des données

à

recueillir surele

terrain très

Celle-ci est conditionaée par les

'"

.

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(29)

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"

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/ / .'

liens qui existent' entre les niveaux local, national et

international, surtout dais le ~omaine,économiq~e. En p1us~

de l'approche historique, il faut aussi recourir ~ une

(

18

...

perspective èomparative. Quelques études sur la dépendanc

r

ont

utilisé une approche micro-analytique, autrement dit,

"l'6bservation et la desciiption

.

, ~ttentiv~s des variations

que connaît une structure soc,\al:e donnée et qui sont -suscep,tibp.es

• 1 \

d'une observation personnelle de première main" (Nash 1965: 3) •

o

apparaître les vraies Cette méthode ne fait pas toujours

~" '

~o~rces de la dépend~nce nationale.et internationale.

"

l ,N'oublions pas non plus que l'anthropologie nord-américaine" ,

traditionnelle a souvent évité de prendre en compte des

"

-facteurs primordiaux tels

que'l~politique

du gouvernement

national et le capitalisme international~ Par contre, i l est

. 1

encourageant de constater que, de p;Lus en plus', des

, ,

anthropologues intègrent les deux conceptions,; parvenan1:.- ainsi

~ mieux expliquer le phénomène de la dépendance (Manners 1965;

,\

Dalton' 1971) ....

1

, ,

Malgré l'importance économique des migrations, les

économistes non plus

n~y

ont guère prêté attention.

,

D'après

,

Tapinos (l97~:2), " i l n'y a jamais eu de théorie des

,

'

j •

migrations et les migrations ~'ont jamais (~u presque) été

prises en compte dans l'élaboration des théories économiques".

.

~

.

De leur côté, lès économistes de formation plus classique ,

1 f

/

(30)

l'

(

1 ~

éxpliquent les migrations par la loi de l'offre et de la demande, ayant souvent une vision exclusivement comptable

du phénomène des migrations. Dans une approcne ,théorique

.

ou dans l'autre, les migrations inter~ationales et la

,

mobili té de la force de travail repté'sentent un vrâi ',1 talon

_ .ft d'Achille" de la théotie économique. De façon particulière,

1

l'économie classique postule l'immobilité des facteurs

(capital et travail) comme situation "notmale". La

mobilité de l'un ~es !acteurs -- le capital -- est

\

La mobilité du facteur considéré',e comme un cas spécifique.

1

\

~avail n'est presque jamais envisagée en elle-même.

\ '

Lorsqu'e,lle l;est,' c_'est A titre de complément des mouvebénts'

de ,clj=lpi taux, et du cycle écpnomique (Moulier 1977: 232) •

'\.-'Certains économistes tels Rothschild (1962), Kindleberger

1

1

(1967), Zolotas (1967), et ceux du rapport de l'O.C.D.E., ont

,

-vu dans l'émigration une ;aide indirecte des paYI3:d€veloppés

\ -;~,;

grâce

A

laquelle les pays fournisseurs de'm~in-?'oeuvre

peuvent se délester d'un surplus de chômeurs. Ceux-ci, en

aliant ~ l'étranger, occasionnent u~ important transfert de ,

devises permettant le "décollage j, des pays en "retard" dans

leur développement. Ainsi, l'émigration serait essentielle~

ment un facteur de développement et de stabilisatio~'. 1

" 1

"

Stabilisation ici ,veut dire que les chômeurs, qui consti~uent

une source potentielle de mécontentement dans ~eur pays, sont

..

' , .

"

'

,

" ,

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l,

(31)

\

\

(

\ . \

,

( ,

.

, 20 \

déplacés dans des pays ~ besoin de main-d'oeuvre élevé.

Ainsi, les émigrants a~éliorent leur n~veau de vie et le

pays d'émigration conna!t là une chance inespérée de se développer (cf. CastIes ee Kosack 1973:8).

Pour les tenants de cette ligne de pensée, 'l'émigration est aussi'un moyen, pour une fraction importante de la

. population, d'acquérir une formation pro,fessionnelle dans des pays industriels. Cependant, au cours de notre recherche bibliographique, nous n'avons trouvé aucune étude sérieuse

qui ait décoùvert un nombre significatif de travailleurs

revenus ~:u pays d'origine avec le désir' de tirer parti d'une

\

qualification acquise à l'étranger. En fait, selon Castles

"

1 •

et Kosack (1973:414) qui se sont penchés sur ce mythe~ une

, '

proportion très élevée des travailleurs d'Europe occidentale

ne parvient jamais , à acquérir de véritable qualifica"tion \

profe~sionnel~e. Ceux qui y arrivent ne dépasse~t pas,

sauf exception, le stade d'ouvriers semi-qualifiés et, en

\

fai t, cet apprentissage sommaire ne r,épond nullement aux

~ besoins du pays d'origine en techn~ciens. . Seule une poign e é

d' immigr an ts

~cquièren

tune véri

tabl~

cornpétencé ' f a i s, comme

il

~

faut beaucoup de temps, ils' s'établissent gé é'ralement

à dfmeure dans le pays d'accueil.

'. '." '

--1 \ ,(

\

1\

(32)

,

(

\ \

.

, \ 21

\

\ / /

Quelques ,auteurs étudient également la loi de l'offre

.

'

et de la demande ~ l'échelle internationale. ~elon Myrdal

, l

(1963), celle-ci ne conduit pas A un équilibre, mais à la ,polarisation du déyeloppement: les centres continuent à se

développer ,.et l'es périphéries accentuen t ~ leur dépendance.

, l , l,

, \

Cardoso et Falétto (1978:22) approfondissent davantage

\ ~ " cette question:

..

\

:(

1 /

Les économies périphériques, même si leur .fonction ne se :résume p1us A la production de matières premi~res, connaissent une fQrme très

particul~ère de ,dépendance: leurs secteurs

produisant des biens de ,capital\ n'ont pas. . la force suffisante pour assurer une progression continue du système, aussi bien sur le plan

technologique et financier que sqr celui

de l'organisation. Ainsi, s'il veut poursuivre son expansion économique, un pays dépendant doi t accepter le jeu de "l'interdépendance" 1

mais en étant. da;ns la position du client qui va trouver le banquier. 'Génér'~lement, les clients élaborent des stratégies d'indé~

pendance et peuvent tenter de ,rendt&productives les sommes qu'ils ont empruntées. Mais tlans la

limi~e

bu

i1-y~& frontières structurelles,

ces tentatives ne sont pas automatiquement couronnées de succès; le plus souvent, les

r~gles de" la domination s'en, trouvent '

reriforcée~ et, 'même si les c1épendants sont

un peu moins pauvres après leur emprunt, ils sont toujours obligés d'en contracter un second. Et lorsqu'une économie 'de ce genre s'épanoui t, ses racines se trouvent dans

la poche d'o4'sont sortis les billets. , , ~

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. \ .

1)

En ce qui a trait à la création d'emplois dans les" réqions p~riphériques à main-d'oeuvre abondante et ,bon 1 marché, il suffi t , de~ constater que ce n'est pas vraiment '

le cas. ,~vec le temps, i l est devenu évi/dent qu'en plus d'une main-d'oeuvre à prix réduit, le capital cherchait

1

des con 'tions politiques garantissant des profits élevês, , >\,1

\

-situati n faci1it~e par les tendances monopoliste.s du ciipi tal. 0:):, ces

~ondi

tions vont influencer directement

\ .

le processu dè croissance et d'accumulation capitalistes.

\

"-Se limitant

à:u

contexte does migrations européennes et

22 ,~

dans le cadre des sO,ciêtés de capitalisme avancé, Nikolinakos

\ . . 4

(1973a et 1975) considêre quelques facteurs primordiaux des II)ouve.ments migratoires. De sa théorie, i l est util,e de

retenir l'explicéltion historique interprétant les changements structuraux des marchés de main-d 1 oeuvre et, de' marchàndises

~~ "

0 ' en termes d'accumulation. Celle-çi s'est accrue à partir

des dévelot>p-e~ents' technologiques, de l'expansion des, marchés, de :la de~ande du secteur des services, de la mbdificatfon / du marché du travail et des contradictions du

système çapit.ëüiste . Dans -ce contexte, i l souligne les 1

. aspects suivants:

1.

LO, emploi d'ouvriers étrangers constitue

un

probl~me

structurel du dévèloppement capitaliste avancé.

\

Par conséquent, il....ne s'agit point de savoir si l'irnrnigratiqn

o est un avantage ou une perte pour l'économie. du p'ays d '.accueil,

1 l' . "

..

---

...

---~-~-- -j ,1

\i

1 !

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_1

(34)

,

"

.'

(:.

23

.

\ ,/

ma~s ~lutôt d'identifier les raisons qui ont porté le patronat

des pays capitalistes , ~avoir recours ~ la main-"d' oeuvre importée; 2. Il lest évident que l'importation

ci,

ouvriers étrangers présuppose un départ

\ ,

pour comprendre globalement ce les types d' 7mplois occupés par

des milieux d'origine. Or,

pr~,cessus,

i l faut identifier 1

l,

les immigrants et le rapport

_ f

entre ceux-ci et les raisons

qui

poussent ces ouvriers à

1

s'expatrier; 3.' Il, semble erroné de trop insister sur l'inté-gration des inunigrants puisqu'ils sont déjà objec~ivement

intégrés dans l'économie et la société du pays d'accueil, surtout aux plans économique et soci'al où ils jouent des

rôles semblabLes li <;=e~x dù prolétariat et sous-prolétariat du 'XIXe siècle. Ces ouvriers, en se dépla9ant de sociétés rurales,

o~ ~

peine industrialis€,es, vers les pays hautement.

f

. industrialisés, jouent un rôle double. D'une part, ils diminuent les tensions sociales et politiques et, d'autre part, ils améliorent les conditions économiques des pays où ils trouvent de l' emploi ~~ période de cri,se ou de receSSiOl,1i

"

4. Les pays de la périphérie européenne~ C:;e plUS en plus ~

intégrés au système. capi tal~ste, sont devenus des rés~rves

\ 1

de main-d' oéuvre, mais de nosJOùrs cette 'fonction a été

élargie ~ d'autres pays encore plus périphériques. A frésent, ces processus n'en sent

qu

~ à leur début 1 niais leur m~intien

• es t inévi table. En effet, l' intégra,tien des marchés du \

syst~me capitalist~· et leur é~argissement sont fonction des

\\ \\

c

i

1

(35)

.,

.

"

-•

(

.

(~

1. \ " 24

changements structurels qui aboutiront à une augmentation

t '

, a

de la demande de main-d'oe~vre bon marché (cf. Nikolinakos

1973a et 1975:7-8).

Toujours dans le contexte europ,éen, Castles et Kosack

(1973) se proposent~'analyser le~ fonctions socio-éronomiques

.

\

et politiques de l'immigration, ainsi que ses conséquences

au plan des str'uctures et des ·confli ts de classes. Cette

analyse prend surtout en compte les sociétés d'accueil, bién que les pays d'origine ne soient pas ignorés. L'étude

\

de Castles et Kosack s'ouvre sur une critique acerbe des théories qui, au lieu de s'attacher aux aspects économiques de l'immigration et de'ses effets sur la société globale, mettent l'accent sur une série de problèmes sociaux

soi'-1

disant reliés ~ l'immigration. En perdant de vue la globalité

du phénqmène e:t la lQgique de son insertion dans le capitalisme

p 1

contemporain, les chercheurs ont isolé des manifestations de

surface qu'ils ont reliées ~ des difficultés d'adaptation

ou ~~ration; il en d~coule~ presque inévitablement, des

anflYSeS

psycho~sociologiques

qui masquent les

vrai~s

questions,

1 \

'd' rdre structurel. Aussi CastIes et Kosack vont-ils plutôt

/'

privilégier deux aspects fondamentâux de la société

capitaliste 'contemporaine: sa structure ae classes et les

.; . ~"

conflits ent~e ces,clàsses. C'est ~ l'intérieur de ces

structures que doit être analysée la situation des immi~rants •

1 o~ i , \ 1 1 , l 1 l ; l-')

(36)

.\

t

(

\ ' \ ' r l ,

.

~

..

\ \' . \ 25 , r

Si les difficultês d'adaptation ne sont pas écartêes, elles sont ~ si tuer ~ l' intérieur-d'un contexte j?lus large.

,,'

\

\

Des thêories marxistes, utilisant entre' autres la }lotion

r ~\

de plus-value, ont êté dernièrement utilisêes dans l'étude du phênomène migratoire et des consêquences' né~tives qu'il engendre pour les pays d'êmigratîon (cf. Cinanni 1975;

.

\

Nikolinakos 1973a, '1975). Les ta-ux d'accumulation de capital, exceptionnellement élevês dans les pays d'immigration, c' est-à-dire ceux du centre .dominant du monde capitaliste', peuvent enU'effet être expÜqués ~. l ~ide d'une approche marxiste, étant donné que ces pays réalisent une économie impo±-tante par l'importation d'une main-d'oeuvre déj~ formée dans les

pays périphériques (voir chapitre, II' . Facilitant l ' accumul~tiQn

,

.de capital,' cett~ force de travail est la bienvenue en pêriode

\

'd'expansion économique: mais s'il y a crise d'emploi ou

, ' "

'récession, cette rêserve de main-d'oeuvre est souvent

réexpédiée au pays d'origine.. Il serait possible de mesurer,

\

surtout en Europe 'occidentale et en Amérique du Nord,

l'importance des plus-values produites par la force de travail . immigrée pour' le développement du capitalisme, voire pour

certains

"mi~acies

économiques" (1).

Pour analyser les composantes de ce phénom~ne, c'est-!~dire

la/force de trav.ail immigrêe, sa valeur.et les salaires de

j

1 " , $>

,

,

" i 1 ;. ~ ~ , ~ ~

1

j i î 1 1 ) ,

1

1

(37)

.'

': " 1 \ L

.

,

(

\

(

-,

. , 1 , \

ces travàilleurs, les profits réalisés par ceux qui les

C - .

"

emploient et l' arge~t envoyé - dans les pays d'origine, i l

~ faut] revoir qûelques concepts de base de la théorie

1

marxiste. Considérons tout d'abord la "force de travail".

..

, 26

Marx précise que, "sou~ q,e nom, i l faut comprendre l'el1semble des facultés physiques et intellectuelles qui existent dans, le corps d'un honune, dans sa personnalité vivante, et qu'il

" .

'-doit mettre en :mouvement pour produirè des choses utiles" (1948,

Vo~.

1:170). Cette force de travail, mise

à~l~

i

disposftio~n des 'capitalistes, se présentè dans le marché

du système économique libérql comme' une marchandise qui lia juste la valeur des moyens de subsistance .né~essaires

\ '

" J

~ celui! qui la met en \jeu" (MaJ;}Ç 1948, Vol. 1: 174) • Ces

• j

moyens' de subsistance doivent naturellement être suffisants pour maintenir les travailleurs en conditi~n de vigueur et de santé, tout en satisfaisant leurs besoins naturels, tels que nourri ture, vêtements, chauffage et

l~gemen

t. " 'Ces

bes~

varieDnt' selon les pays

~t

les milieux.

A~nsl,

on constate .

L

un écart-considérable entre ~es salaires payés dans les

pays qui reçoivent de la main-d'oeuvre étrangère et ceux

payés dans les pays d'origine de cette main-d'oeuvre. ,'

..

Un coup

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(38)

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~' ' -\ '0' , , ,'27

~

'oeil sur le Tableau 1-1 sUffija' pour

v~rifier

cet

~art.

,1

TabYeau 1.;-1

sà1a~\e's

horaires dans les

industr\Ï-e~

rnanufacturiêre's.,.

d~elques

pays d' êmigration et d'immigration

1974 '

J

en dO,llars canàdiens *)

"

Pays ~'érnigration . pay~ d' inunig~ation "

~1'4

'

.

, Irlande AllemagI1:e 5,20 Ita~ie l,59 Etats-Unis 4,40 1 1 4,37 ,Espagne 1,10 . canadfl' Gr~ce 1,01 B~lgi9ue 4,32

.

Algérie*;* 0,89 Pays-Bas 4,02 , 1

Source: 'Calculé ~ partir .d'~lêments publi~s dans' l'Annuaire statistique des Nations unies, 1975:631-633 •

*

**

Le taux de change utilisé pour les diff€renteg; II)onnaies nationales était le t'aux officiel du 16 février 1978.

Pour l'Algérie, le cal€ul a été fait d "apr~s des données

deol973.

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Figure

TABLE  DES  MATIERES'
tableau  suivant  illustre  l'évolution  de  l'~umdgration

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