( ~"fr~ <. ,1,:r>..,}:;~:\-... ~:ti~œttrN.~ ~it-r:-r 'hl",~"")tl1~~"'Tt<'~;"~~"J~"', ~ , .• \- V ~ ,,:.., .. ..".._. l' • J-.~~~ ... ~ '""r,'~ : ... ~ '<"' \ :.. ... ~.-... " 1 l 't"'-:
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" ,RATIONALITE DES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE EN HAlT!
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, ; ' p.ax: .@)uex Bellanae.
,0 .~ l ' ,1 , \ .' ,.
'These soumise
à
la Faculté des études graduées et de recherche'comme accomplissement partiel des exigencés pour 1~ grade de~
Maîtrise
en
Sciences."
Département des Ressources Renouv'elablEis,
Campus ~1acdonald, "
...
...
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'Université McGill, Hontréal,Qué. Avril 1983.
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1
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" REMERCIEMENTS,
,Ce travail doit beaucoup aux agronomes du Centre de
Madian-.)
Salagnac ainsi qu'à Marc Dufumier, maitre-assistant à 1'-;-,
oInstitut National Agronomique' Paris-Grignon, qui l'ont encadré'
(
sur le terrain et enrichi de leurs critiques durant la phas~
de rédaction. Durant toutes les é~apes de ce projet, l'appui
du Dr. Gérard Millett~ a également été d'un grand appbrt. ,
L'Agence Canadienne de Developpement International est ,ic'i
remerciée pour son soutien financier pendant le~ phases dfen~
quête et de r,édaction deI' étude.
l. .ô, ci , ? 0 JI W ~ (
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9 , -~Q J ç (.
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1-o
Î • ....
, I~ Il','
,-0, ," l, ( o ABSTRACTThis study, oased on a year' long monitoring or three farms in a , ,
,mountain region of Haiti, anal~zes differences iq 0Reration and ~'f" .. 1' ...
"
management of these farms selected at different socio":economic
levels. I~equalities in access to land, labour and seed result
in particular crop and animal production systems and de te r-rnine· . , ,
, dive:rgent processes of: eV'olution for each farm.
l'he first 'Pa,rt of the study describes t~e generai characterist:j.cs
, i:. 1 r"
of: production_. syS'tems in the area. The specifie characteristiçs
of each of the' production systems studied, the performance of
the three farms and t:he p.rocess leading to greater social
differ-, 0
entiation within the 'peasantry are analyzed respectiv~lyoin the
~ • 1 _
"
second, third and fourth parts. The opportunities and conditions
for an increase ip production are treated in;fthe conclusion.
,
,
l ' l ' ... ~.
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, _ -.. _---~~ .. - ""--, i~
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,
'J i, o'.
.:: ' l ,
.
, o \ CIRESUME
L'objet de cette étude, basée 'sur le suivi pendant une année de, ~
o trois exploitations agricoles d 'l.Jne zone de montagne en Haiti, '
.
est de mettre en évidence les. différences dans le fonctionnement
de ces exploitations choisies à des niveaux socio-économiques
dis,tincts. De l'inégalité, dans l'accès au foncier, à la
main-'d'oeuvre et aux semences découlent d~s systèmes de c~lture et d'élevage particuliers, définis par
l~S co~traintes
etpo~sibi-1
lités spécifiques à chaque type d'exptàitation, ainsi que des
voies d'évolution divergentes.
1.a premiè,re, partie de l'étude d,écrit les caractères généraux des
systemes de production .dans la région. Dans, les deuxième,
troi-s~ème' et quatrième parties sont analysés respectivement les par-ticularités de, chacun des.'syst èmes ~e production étudiés', les per-formances des trois -explü>itatidns et les mécanismes condui'sant à
" "
l '
une accentuation de la différenciation au sein de la paysannerie.
"
Les possibilitéS' et conditions d'une augmentation de la production
, "
sont abordées dans là conclusion. Les monographies des trois
ex-ploitations sont regroupées en annexe; elles comprennent, pour
chaque exploitation, l'étude des systèmes de culture et d'élevage,
de l'emploi de la main-d'oeuvre et les transactions monétaires.
CUi)
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1.
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- 1
TABLE DES MATIERES
REHERCI EMENTS ••••••••••••••.••••••••••••••••••••••••• , •• t j. . ABS+tRI1C1I ....•...•••••••••••••••••••••••••••••••• " ••.•• , IÎ4 • / ~ RESt1l1E •.. , .••...••.•.••.••..•••. " l' ••••••••••••••••••••
LIST~ DES TABLEAUX ••.••••••••••..•••• " •••••• ,.,. ,. ,"'.' •
II
LISTE DES FIGURES ••.•••• ,., •••• ".~ •• , ••• , ' , · · •. ···~·~I·'·.
1. 2. ~NTRODUC'l.ION J • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • MATERIELS ET METHODES
.
...
,
.... .
2.1 2.2,
-Méthodologie d'enquête .••.••.•.•••• " " •••••••••••• IlDescription des exploitations suivies ••••••
.
j .•••
, )
3. _ RESULTATS ET DISCUSSION •••..•....•...••.••.•••
3.1 Cara-ctères gé~éraux ?es systèmes de production _ ••
3.1.1 Organisation de l'espace cultivé et
gestion de la ~ertilité . . . .. 3.1.2 Le calendrier cultural . . .
"1"
3 1 • .3 L outill age .••...•...•••....••• ' ~ .1 •• 1 ;;, 3.1.4 L'organisat'ion du travail .••.•...••.. :\ .. 3.1.5 L'élevage...
3.2 Des contraintes et des systèmes de -production
Page i iU VI vii , 1 3 3
.'
7 7 7 11 1'5 15 16spéci fiques à chaque type d' exploi ta t.~on .•••. ~ . • 17
3.2.1 Les systèmes de culture
3.2.1.1 Les assolements
3.2.1.2 Disponibilités en main-d'oeuvre,
surfaces cultivées et l,tinéraires
17
17
techniques . . . 23
3.2.2 Les systèmes d'élevage . . . 3n
3.2.2.1 Rôle de l'élevage .•••• ••...••••... 10
3.2.2.2 Alimentatiôn du bétail... 11
3.2.2.3 Abreuvement du bétail •••.•.•... 18
\
()
L
1 t1..
.
.
Page3.3 Cbmparaison des performances 39
3.3.1 Facteurs agissant sur la rémunération et
la productivité du travail ... . 39 3.3.2 Pr,oduits commercialisés: nature, quantités,
valeur, utilisation des revenus ..•.••... 42
3.3.3 Consommation des trois exploitations .• .... 47
3.4 Les mécanismes de la différenciation ...•••.... 51
3.4.1 Les mécanismes de ] 'accumulation:
l'exploitation 1 ....•...•.••...• 53
3.4.2 Les mécanismes de la paupérisation:
l ' exploi tation 3 •...•.•••...•••••..• 58
4.
CONCLUSION: POSSIBILITES ET CONDITIONS 'D'UNE
AUGMENTA-TION DE ,LA PRODUCAUGMENTA-TION ..•.•••••.••••••...
60
ANNEXES
--A Monographies, des exploitations,ll 2, 3 ..•... ...• 66
B Fiches d'enquête
191
C Affecta tion de la main-cl' oeuvre des trois
t5<"ploitations, par période . . . • . . . : 197
D Rentrées et csorties des trois exploitations
par produit et par période .. , . . . 201
E Méthode de calcul de l'assolement en
jours-mètres carrés • • . . . . • . . . • . . . • . . . • . . . . 218
----.
BIBLIOGRAPHIE
221(
(v).
' '. , \ l 1 ~ r.,,' ( " u o [0,
()
/1 Il
LISTE DES TABLEAUX
, - ,
Tableau Page
1 CARACTERISTIQUES DES TROIS EXPLOITATIONS ... 6
2 ASSOLEMENT EN ESPECES ANNUELL~S 1'1 DES TROIS
E}!:PLOITATIONS ...•... 18
3 EXPLOITANT 3. REMUNERATION DU TRAVAIL
POUR UNE PARCELLE PE HARICOT PRISE EN
METAYAGE ...••. ;.. 20
4 SURFACES EN CULTURES PERENNES DES TROIS
6
EXPLOITATIONS ...•.•..• 23 6 7 8 9 11 12
SURFACES MISES EN CUVrURE - EXPLOITATION[
:~~
:E.
:~~~~~. ~~~. :~~~~. ~~~~~~~:~~~~
... 25
DANS LA PRODUCTION VEGETALE (TOTAL DES ,
HEURES ENTRE OCTOBRE 1979 ET OCTOBRE 1980) ... 21 EXPLOITATIONS 1, 2, 3: SURFACES ET
CARACTE-RISTIQUES DES PATURAGES DISPONIBLES POUR
L'ELEVAGE CAPRIN ... '0 36
EXPLOITATION 3: REMUNERATION DU TRAVAIL POUR L'ASSOCIATION PATATE/MAIS CULTIVEE EN
METAYAGE SUR SOL FERRALLITIQUE ... 39
REMUNERATION DE L'~URE DE TRAVAIL FAMILIAL
PO~ UNE ASSOCIATION HARICOT/MAIS/POIS CONGO
SUR SOL CALCAIRE MELANISE, PARCELLE PRISE
EN FERMAGE ... 40 PRODUCTION COMMERCIALISEE, QUANTITES ET VALEUR
POUR LES TROIS EXPLOITATIONS ....•... ,... 43
II>
VALEUR RELATIVE DES DIFFERENTS TYPES DE PRODUITS COMMERCIALISES SUR LES TROIS EXPLOITATIONS •... 45 CCMPARAISON DES DATES DE VENTE DES PRINCIPAUX
PRODUITS COMMERCIALISES PAR LES TROIS
EXPLOI-\
TATIONS . .' ... .
, 0'
47 '
13 DEPENSES ANNUELLES DES TROIS EXPLOITATIONS ÊN
14
CEREALES', PROTEINES ANIMALES, QLEAGINEUX, AUTRES
~ PRODUITS ALIMENTAIRES, SANTE ET HYGIENE
, (EN GOURDES) ." ... 48
j ,
UTILISATION DU CAPITAL pE L'EXPLOITATION l ... 55
(vi)
"
,
"
1
, , ~J Figure 1 2 3 4 5 '. / 1 ,,
LtSTE DES FIGURES
Page
Sols et pluviométrie dans les différents
étages écologiques exploités ...•...••••.. 8
Schéma précis d'un jardin A
Morphologie de l'exploitation: représentation . '
'schématique des jardins, A, B et C ••••••••••••••••••• 12
Calendrier cultural
14
Réseau de clientèle de l'exploitation 1 et flux
de travail . . . • . . . • • . . . • . . . . • . • • . . . . 56 0 o o () , , o (vii) • i " .'
"
,
.
u o o -'1,
;;,
.
, 1.
11
oo
'{ 1 0," f -1 . , : , , 1. INTRODUCTION ~ •La recherche sur la paysannerie en Haiti s'est
l~gtemps
interessée beaucoup plus aux phénomènes religieux qu'aux condi t ions ma térielles d~la production. Quelques travaux da tan t ,des années soixim te offraient parfois d'utiles descriptions des pratiques agricoles mais l'analyse qui en était faite était nécessairement limitée par s~s postulats: l'organi-sation des jardins paysans était le produit de déterminismes phys.iques
(Wood, 1963) ou relevait simplement d'un "grapillage (. .. ) aux frontières de la cueilleta et de la cul ture" (Moral, 1961).
Une approche plus critique partait de l'hypothèse d'une veritable organisation de l'espace par les producteurs et proposait tin schéma
d'ana-,
lyse plus opérant. Métraux (1948) expliquait le jardin de la Vallée de Marbial à travers une analyse des contraintes physiques, économiques et sociales que confrontaient les paysans. Anglade (1975) montrait comment le paysan y répondait par une organisation verticale, horizontale et tem-porelle des cultures associées à l'intérieur d'un même jardin. AiIleurs dans la Caraïbe et en Afrique, une démarche similaire, quoique souvent cloisonnée, avait permis de définir certaines des contraintes autour des-quelles s'organisait la production paysanne (Innis, 1961; Igbozurike,1971; Norman, 1972, 1974). Nos premières hypothèses ,de travail s'inspiraient de
,cette démarche critique. Au contact de la réalité et d'une réflexion menée
à l'intérieur d'une structure de recherche établie sur le terrain en Haiti, nous avons été amenés progressivement à élargir ces hypothèses.
Ce porograrnrne de recherche, né de l'échec des tentatives de vulgarisa-tion des thèmes techniques tradivulgarisa-tionnels (semis en ligne, mais hybride,tra-vail à la pioche ... ) a pour objectif, à travers des études approfondies du fonctionnement des sys tèmes de produc tion paysans, l'élaboration de propo-sitions plus performantes.
Après une première phase d'étude qui a permis de définir les principes généraux d'organisation de l'espace cultivé et de gestion de la fertilité
,
dans différents écosystèmes du transect MadianSa1agnacAquin dans la pénin:.. -suIe Sud d 'Haiti (Centres de Madian-Salagnac/SERA, 1978), une deuxième .phase comprenait en 1978-1979 l'étude d'une centaine d'exploitations agricoles ré-parties dans cinq écosystèmes de plaine et de montagne. L'inventaire des
..
, \
"
.
r)
l'
moyens de pr9duction et des systèmes de culture et ~'é1evage de vingt
~xp1oita,tions 'voisines dans chacun des ecosystèmes devait, apporter un~
connaissance plus précise des systèmes ~ .production et fournir les élé-ments d'une typologie des expIai tations (Mathü~u, 1982; Michel, 1980; Mondé, 1980).
Partant de cette typologie, notre enquête menée entre septembre 1979
\
et septembre 1980, devait verifier l ' l;lypothèse qu'à l'in\térieur d' tm mêl)le milieu physique, des contlOaintes particulières à la situation socio-écon~:f
mi que des agriculteurs déterminaient des sys tème,s de culture et d' él~vage
différents. Les critères suivants avaient été retenus connne éléments d'une typologie d'expIai tation:
moyens de production: terres, bétail, main-d'oeuvre régime fonder
..,. rapport terre/nombre de bouches à 'no~rrir
- revenus non-agricoles
-achat ou ven te de main-d'oeuvre par l'exploitation.
Il nous semblait donc poss ible d'expliquer, pour chaque type
.'
..
'• 1
, i
~:
agriCU~-teurs, leurs choix d'espèces, de date des opé-rations culturales et de quan-tités de travail investies à partir de ,leurs contraintes ou disponibilités
\
en terres, en main-d'oeuvre et en argen t; celles-ci étant d'autre part con-sidérés comme un ensemble et non pas comme des paramètres indépendants. Ces mêmes' éléments devaient nous permettre d,'expliquer les différents modes d' ali-mentation du bétail et de precis,er les liens entre des systèmes de culture et d' éle~age particuliers.
En même temps, l'étude de l'historique et du fonctionnement des exploi-ta tions servirai t à expliquer leurs trajectoires d'évolution différentes:
• 7
accumulation de moyens de production sur certains types d'exploitation et pauperisation sur d'autres. Sur le plan 'de l'élaboration de propositions techniques, les résultats de'ces enquêtes et d'une étude parallèle sur l'é-volution du système agr~t.ire (Centres de Madian-Salagnac, 1980) devaient per-mettre de mieu~ sérier leS interventions,
1 , 2 " / " l, ~ " 1 l
7'
o
t ....
,.
" 2. MATERIELS ET METHODES 2.1 Mé~hodologie d'enquêteParmi 1es 17 exploitations enquêté es l'année précéden te dans un éco""
~
système de montagne, trois furent choisies à différents niveaux
socio-éco-nomiques selon les critères définis plus hàut. Un suivi détaille des
ex-o •
ploitations apparaissait comme la méthode qui correspondait le mieux aqx
obje~tifs fixes. Les points suivants ont fait l'objet de'relevés~quoti
diene, par observation directe et
par
enquête:- èmploi du temps de chacun des memb,res de l'exploitation (du lever
au coucher, du solpil), emploi 'de, ~ain-d'oeuvre externe
R
l~exploi-,
• ctation
- lieu de pât~rage du bétail, nature des apports de fourrage, pesee
de~ apports aux cochons (pour une exploitation), abreuvement du
troupeau
- rentrées et ~orties d'argent, dons reçus et offerts (en nature et
en argent).
La conn~issance et la confiance des agric61~eurs étant une condition
,de la q~al'ité des données, nous avons effectue des séjours prolongés sur
le terrain, généralement d'une durée de trois semaines, entrecoupes de pé-
..
riodes d'une semaine au centre de recherch~pour les dépouillements de données.
,r
, A partir des relevés jour par jour, nous avons pu établir pour chacune des exploitations:
les séquences techniques et Je calend-rier cultural le calendr~r fourrager
- le calendrier des travàux ag"ri~coles (quan'tité de travail investi)'
- l'affectation de la main-d'oeuvre entre les différentes activités'
~ les flux de travail (travail capté par l'exploitation, travail cédé
à d'autres exploitants)
Le
su~i
des systèmes de cultur:' com ortait également des relevés deden-.
les
f~X
d'argent.~
site et de rendements et des observations periodiques sur l{état'des adventices
sur toutes les parcelles cultivees par
les
trois exploitations.,
.
..
3
'.-- ,
"
()
..
,Ul1e des hypqthèses formulée"s dans l'étude des sys tème~ de culture
0" •
~~~it que certains agriculteurs, avec des moyens plus importants qe
mo-.'l
bilisation de main-cl 'oeuvre externe, avaient plus que les autres, le choix "
•
de la date cle l~ur;8 opératiops de' semis et de desherbage et que, ëes dates se
~approchaient donc de la date "optimale" autor:isant les meilleurs rendements.
Il fallait par conséquent d~terminer d'une part quelles étaient les
ressources monétaires disponibles pour l'achat de main-d'oeuvre à
diffé-rentes périodes de l'.année et l'intérêt de l'acnàt de main-d'oeuvre par
o
rapport à des facteurs tels que taux de la" ren te foncière, les espèces
>.
cttitivées et le risque encour, et, d'autre p~rt, quels étaient les moyens
employés pour se garantir de la'main~d'o~uvre externe pour ceux qui y
fai-saient appel:.
o •
Il" était en effet apparu qu 1 une part importante de la main-d 1 oeuvre
J
externe employée par les paysans aisés' était constituee d'agriculteurs habi-tant le village qui recevaient un repas comme seule rémunération immédiate
,
et' pour lesquels l.e travail était alors rémunéré à un taux largement 'inférieur
au salaire d'une journée de travail. 'Les questions qui en découlaient était
donc aussi pourquoi des agriculteurs cédaient leur main -d'oeuvre à un, taux
dé-1
risoire au moment même où ils auraient dû exe'euter les mêmes opérations sur
leurs propres parcelles et quelle était l' incidenC'e de ces re t~rds 'sur ,leurs
rendemen ts ?
Le suivi des trois "exploitations, dont deux entretenaient entre elles ce
type de rapport de .captage/cess~on de travail~ a permis de mettr~ eh éyidence.
certains rapports de force qui facilitai~nt la mobilisation de main-d'oeuvre
à bas prix. \Cependant, cet échantillon s"'est révélé insuffisant pour léi déter--,
mination des :relations entre la date nes opérations et les ~endements. Malgré l
le fait qu'environ 40 parcelles aient été suivies durant l'année, nous n'avons
pas pu retrouver, pour une même saison de culture, deux parcelles prése"ntant des
cà~actéristiques
identiques de sol, d'expoiition, depe~plement vég~tal
et de durée de jachère ou l'effet date des opérations aurait pu s'exprimer. Des données météorologiques n'étant disponibles que depuis quatre ans, il était également difficile de porter un jugement sur les compQrtements techniques..
des agriculteurs par rapport aux variations climatiques inter-qn~uelles. Nous
avons pu par co~tre déterminer l'effet du type de sol, de végétation et de ~a
date des opé,rations sur les temps de travaux.
4 ,
,
'0 ,.
". \"
,,
" ,
, ,
.
"Le" principal obstacle qui est apparu' dans l' a~lyse des systèmèS
• tI Il
. d' éleyage éta'it que le bét"ai:J. et les fCJrrages locaux ayant été très pé:U ,
,
, étudiés, les besoins alimentaires du bé!uül et la productivité des_R~tura- .b • .. , ~
ges ne sont pas con'hus. Il n'était, pas possible, d'autre part~ de chiffrer
"
les quantités de fourrage ingéré ,au pâturag,e par le gros bétail et les chèvres~
t
ni d'en évaluer Physiquement et écon?miq~ement les pèrformances. L'êvaluation
" I(
des performances du gros "bétail éle~é e~ conditions paysannes, et donç de
croissance lente, aurait d'ailleurs exigé un suivi de plus longue durée. ( ,
L'enquête
sur~~s
systèmesd'él~vage.devait
donc plutôt comporte;,des" ' obs,ervations d' ordré qualitatif, sauf pour les porcs qui étaient nourris
fJ ' J
d'apports au piquet pour lesquelS nous'avons pu effecteur des pesées
d'~p-"
ports et des enregistrements de poids ",Vif. Par conséquent, pour ce 9ui est
de l'alimentat~on du bétail, nous avons dû nous limiter ~ l'analyse des
rap-ports entré les systèmes de culture et les syst~es d'éievage et
'à
l'expli-caÜon des différentes straté&,iesj d' acêès aux pâturages Ç}.àcation~ vol,
droits de.pâturage ••• ). •
&
2.2 _ Description des exploitations suivies , 1
"Les trois exploitations suivies se situent dans ,un village de la
pé-, '
ninsule sud'd'Haiti,
à
700 mètres d'altitude sur le versant nord du plateaudes Rochelois.
L'exploitation 1 cultfve plus de cinq hectares, dont 80% sont
exploi-*
0,, tés en,proprié~é et en fermage." Elle cede des terres et du bétail en
~
*
~~tayage. L'exploitant est aussi menuisier, le niveau relativement élevé de la rémuI).ération "du travaIl dans cette activité lui perm,et de recourir
à
de la-main-d'oeuvre salariée pour la plupart des travaux de productionvegétale. Il est également un de ceux qui réussissent à mobilis~ des
quantités considérables
de
main-d'oeuvre salariés. En plus des revenusde la menuiserie qui représentent près de
4000
gourdes de renteres pourl'année (1 gourde
=
U.S. $0.20),
il tire des revenus'importants de la"v~nte de haricots et d' ign~mes '(environ 800 Gdés au total)'. Le total des
fentrées d'argent de l'eXploitation pour l'année est d'environ
9000
Gdes.,
.
.
.
'*
Employés:selon la,définitign du Laro~sse ngricol~."
'.
5 " " 1.
'-'
"
• J,
.
(j-
)!\
-
()
.
.
.
L'exploitation 2 cultive envirdn quatré'hectares, 90% de la surface
est exploitée en propriété et en indiv~sion (séparation info~elle e~tre
héritiers sans acte juridique), Elle doit cependant nourrir aveé cette
surface deu~adultes et cinq enfants de moins de 14 ans, soit deux bouches
de plus que. l'exploitation 1. La seule activité annexe pratiquée ,ici est
le'petit commerce de la femme, les rentrées d'argent annuell~s~e
l'exploi-, :
tation 2 sont de l'ordre de 1400 Gdes. Ses principales cultures de rente
sont le maIs et l'igname. L'exploitation emploie peu de main-d'oeuvre salariée.
L: exploitant 3 est célibat"ëlire. Il cu~tive un hectare et demie dont
la moitié en métayage. Une part importante de son cheptel est constitué
1
de bêtes prises en métayage. A part d~ petites quantités de, café et de
ha
-ricots, les produits végétauX'de l'exploitation sont auto-consommés, les ,
~
ventes de bétail constituent sa principale source de revenus. L'exploitant
1
vend sa main-â'oeuvre dans l'agriculture et f'artisanat. Les trois èxploitants ont entre 27 et 30 ans.
,"
..
, Tableau No. 1 - Caractéristiques des 3 exploitations
i
2 3 Surface(ha.) " 5.6"4.2
,1.5
% en propriété /54
33 16 ,.
Terres % en fermage 37-
'9 f% en métayage2
.
"-
'" 48 /Il .
1% en indivision 7 '., 67 27 /Bovins4
4
-- -- f t 1 Bétail en ~quins 3 2.
,.
0 1 !Porcins -, propriété 9 10 -(Oct.1979~ ~aprins , 9 3 -IAdulte 2 2 1Main- IEnfan ts 7-15 ans
-
2-cl
d'oeuvre ~nfants -de 7 ans 2 3
-"
"
~ide-Fami1ial 1
-
--("restavek")
-Revenus Menuiserié Petit Commerce Menuiserie
1
.
Nan-agric Speculation Fabrica tion
Petit Commerce Chaux
Nb.de bou-ches à nour- 0.9 -1. 7 0.7 rir/Ha.ex-plaite
--, <--,..
, ".,
,c
..
-, , ).
•(
)
-1L
"
.
,,
3.
RESULTATS ET DISCUSSION
3.1 Caractères généraux des systèmes de. production
3.1.1
Organisation de l'espace cultivé et gestion de la, f~rtilitéLes agriculteurs de la région cultivent différents étages écologiques sur les versants du plateau, allant des sols basaltiques des régions entre 200 et 400 mètres d'altitude, avec une pluviométrie annuelle se situant
entre 1200 et
1400
~., vers les calcaires marneux (sols calciques mélanisésou "terres noires") plus lourds (montmori1lonite) et mieux arr.osés entre
400
et 550 mètres d'altitude, jusqu'aux zones de sols ferrallitiques entre550 et 1000 mètres d'altitude où on enregistre plus de deux mètres de pluie par an (Figure 1).
Ce morcellement des expJ.oitations est le produit des mO,des de
trans-mission de l'héritage foncier et du processus de migration des population~
"
ijes zones basses vers les zones d'altitude durant la deuxième moitié du
l~è siècle (Centres de Madian-Salagnac, 1980) mais il est aussi le résultat
d'uhe stratégie des agriculteurs face à .l'insécurité qu'entraînent une faible
maîtrise du milieu physique et une situation économique précaire (surplus
fai-bles ou inexistants, fortes variations~intra et inter-annuelles des prix des
produits agricoles, difficultés de stockage). Les obj ectifs de ce t'te
straté-gie sont:
1) La minimisation des risques par l'élargissement de la gamme des
es-pèces e~ variétés cultivées (sorgho, pois congo, fruit à pain dans les zones
.'
basses; patate douce, haricot dans les étages supérieurs, différentes variétés d'ignawe et de banane selon l'altitude)
2) Un approvisionnement continu de l'exploitation en produits cultivés
à différentes périodes de l'année dans les différents écosystèmes qui permet
de pallier aux difficultés de stockage et d "fhapper durant certaines périodes
aux variationsfdes prix sur le ma~ché. ~
3) L'étalement de~ travaux agricoles. Des régimes
pluviométriques'parti-culiers à chaque étage écologique permettent un emploi plus régulier de la
main-4
d'oeuvre et une réduction des "pics" de travaux agricoles.
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" , '1,-L'importance de la surface cultivée dans ces divers écosystèmes varie selon les' exploitations, certaines, comme l'exploitation 3, n'ayant
pas accès aux-zones d'altitude inférieure à 550 mètres. Les sols
ferral-litiques constituent cependant la plus grande partie de la surface exploi-tée par les agriculteurs habitant le village où nous ,avons travaillé.
La faible fertilité de ces sols ferrallitiques rouges fortement
lessi-vés et pauvres en matière o~ganique donne naissance ici à une morphologie
\}l'
particulière des exploitations résultant de transferts de matière organique des jardins éloignés veI;s les parcelles entourant les lieux d'e résidence
(Centres de Madian-Salagnac, 1978).
Quatre grands types de jardiùs peuvent être définis selon les flux de matière organique et les espèces cultivées. Nous les désignerons par
- les lettres A, B, C et
D.
Une exploitation est constituée d'un jardin Aj:!t
B
entre
et de plusieurs jardins C ou , ~ ~c_'Lr_. D •.. __ .,_
Le 'jardin A jouxtant la maison d'habitation, d'une surface variant
2
200 et 2000 m , est constitué d'espèces pére~nes cultivées sur sol
ferrallitique profon~ (café et autres espèces fruitière~., bois d'oeuvre)
et de tubercule~, igname (D.alata) et malanga (Xanthosoma sp.), sous
cou-vert boisé (Figure 2). c'est la zone de plus forte fertilité, construite
par un long travail de restitution de déchets de culture en provenance des autres jardins et de cendres de cuisine.
2'
Le jardin B, couvrant de 1000 à 5000 m est une surface en cultures
annuelles entourant le jardin A. A travers les restitutions de fanes de
haricot, de rafles et de spathes de mais et surtout à travers les' porcs
1 qui y sont parqués pour recevoir des apports de fanes de patate douce et
de déchets de cuisine, les taux de matière organique y atteignent jusqu'à
5%. Ceci autorise la culture de l'igname
(D.
cayenensis) exigeante enfer-tilité, à laquelle sont associés haricots (rouge et noir), mais à cycle long
(150-180 jours), manioc (doux et amer), patate douce, pois congo (cajanus
,cajan) et quelques légumes (chou, tomate, cucurbitacée~).
Le jardin'B est la zone de culture la plus intensive en travail, des
temps de travaux de l'ordre de 2000 heures à l'hectare y sont courants.
La durée de la jachère varie entre 12 et 24 mois selon les disponibilités
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en· terres de l'exploitation.
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Figure 2 - Schéma· précis d'un jardin A
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Les jardins A et B autour des maisons sont des surfaces en propriété où la forte sécurité de tenure permet des aménagements fonciers importants:
murs secs, canau~,de contour, '/haies brise-vents.
\
Les jardins C, généralement éloignés, se caractérisent par l'exporta-tion vers les jardins A et B deS déchets et sous-produits des cultures
annuel-les qui y sont pratiquées. Les taux de matière organique dans les jardins C
sur sol ferrallitique sont donc faibles (2%) et,,les jachères durent de 18 mois
à quatre ans. Pour p.allier aux faibles taux de matière organique, les
agri-culteurs y 'pratiquent-'la culture sur buttes en dessous desquelles sont
concen-trées en tas les sarclures. Les associations de culture dans les jardins C à
"
sol ferrallitique comprennent de la patate douce sur la butte ainsi que du haricot et du petit pois ,(pisum sativum) et du mais dans l'entre butte.
Il
Les jardins C sont le plus souvent exploités en faire-valoir indirect
(métayage, fermage) ou en indivision. Le degré de sécurité y est 'dohc plus
faible que dans les jardins A et B.
Les jardins D sont des terrains à forte pente et à sol mince (type
rendzine, développé à partir de la roche-mère calcaire), utilisés surtout
pour le pâturage des chèvres. Une végétation ar9ustive se développe sur la
jachère qui peut durer pl~s de cinq ans après une culture de haricot, de
ma-langa ou de chou local. Ces jardins contribuent aussi à la fertilisation des
jardins B à'travers le parcage d~ nuit des chèvres.
3.1.2 Le ca1endriér cultural
'j Le calendrier cultural d'une exploitation dépend de plusieurs facteurs
que nous analyseron~ plus loin (localisation des terres, disponibilités en
main-d'oeuvre, en semences ••• ). Nous décrirons d'abord les possibilités de'" mise en culture.
Janvier-février:
Dans les jardins B, en fin janvier et durant le mois de février: plan-tation d'igname, de patate douce, manioc; semia de haricot, mais, pois congo.
Dans les jardins C sur calcaire marneux,' entre la janvier et la mi-février selon les pluies, semis de l'association mais/pois congo/haricot.
Une année sur deux, on y rajoute du sorgho en juin, planté entre les po~uets
de mais/pois congo.
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Dâns les jardins C sur Sol ~errallitique, association patate/mais/
petit pois avec ou sans pois congo_selon l'altitude et l'exposition au vent. Mars:
Dans le jardin A, en fin mars, 'plantation de petites surfaces d'ignames
2 '
sous couvert (50 à 100 m de D.Alata, variétés "DIo,", "Ti Josèf", Reyal" •
Dans les jardins C à sol ferrallitique, entre 600 ét 700 mètres
d'alti-~ude, semis de mais et pois congo. Avril:
~ ,
Dans les' jardins
C
s~r basalte à basse altitude, semis demais
et poiscongo.
,
Dans les jardins
C
sur sol ferrallitique, mise en place de l'a~sociationpatate douce/mais/haricot/petit pois. Mai:
Dans les jardins C sur basalte plantés 'en mais et pois congo en mars., semis de sorgho.
Dans les jardins \ sur rendzines, plantation de malanga et patate douce.
Juin-juillet: 1
Dans le~ jardins C\ à sol ferrallitique entre 65,0 et 1000 mètres d" al
ti-tude, associ~tion pata<te -d6uce(haricot/pe tit pois.
Dans les jardins C à sol ferrallitique entre 550 et 650 mètres,
asso'cia-tion haricot/sorgho. Août-septembre:
Dans les jardins C à sol ferrallitique, patate douce en culture pure.
Octobre:
Dans les jardins D sur ren?zines et les jardins C sur calcaire marneux à forte pierrosite, culture pure de haricot.
Novembre-décembre:
Dans les jardins C à sol ferrallitique, plantation de patate douce à
la-quelle pourron~ être associes en février mais et petit pois.
Pour ce qui est des cultures pérennes, le fruit à pain cultivé dans les
zones basses produit entre les mois de mai et décembre, l'avacatier dans les, jardins A, entre septembre et novembre et le bananier dans les jardins A entre
les mois de juin et ja~vier surtout.
13
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Jardin B, sol ferrallitique Jardine,
calcaire marneux Jardine,
sol ferràllitique Jardine,
sol ferrallitique Jardine,
sol sur basalte
Jardin
~,
. rendzine' Jardine,
sol ferrallitique Jardine,
sol ferra11itique 'Jardine,
sol ferra11itique Jardine,
rendzine ou calcaire marneux Jardine,
sol ferra11itiqueFigure 4 - Calendrier cultural
..
JF M A M
JJ A S 0 N 0 J F M A M
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manioc igname ---________________________________ pois congo mais ---__________________ patate haricot ----mais ---__________________________________ pois congo· haricot---
sorgho ____ ~ ___________ patate mais ---_ ---_ ---_ petit pois mais ---~____________________________ pois congo mais ---___________________________ pois congo sorgho ______________________________ malanga ___________________ patate, ____________________ patate _ _ _ _ --J' haricot ____ peti t pois haricot---..
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\ / 3.1.,3 L'outillageLes opérations de sarclage, de buttage et de Bernis sont effectuées
à la houe' sur les sols ferral1itiques et les calcaires marneux. Sur les
sols pierreux on utilise pour le sarclage, le "soko", petite serpette de fa- ' bricatian artisanale. Le sako sert aussi au desherbage dans les jardins qui ont été butés, pour le semis sur buttes et l'enfouissage des boutures. La pioche n'est utilisée que pour le creusement de trous pour la plantation d' ~gnames.
Le travail non-salarié:
3.1.4
Org~nisation
du travail~
"Les différents groupes
d~
travail non-salarié se dstingUen~
par leurcaractère plus ou moins permanent, la durée de la journée de travail et le moment de la journée où est effectué le tr1vail. '
Le "notab" ou "escouade" est une association d'échange de travail
com-prenant entr~ 3 et 5 agriculteurs et f~nctionnant sur la base d'une rotation
•
journalière du travail sur les parcelles de chacun des membres de
l'associa-tion. Cette rotation peut aussi se faire sur une base hebdomadaire quand le
nombre des participants est réduit à trois. La durée de la journée de
tra-vail est généralement de cinq heures, débutant vers neuf heures du matin pour
se terminer vers deux heures de l'après mid i.' En période 'de pain te cependant
i
'la durée de la journée peut atteindre huit heures.
-Tout membre du ~otab, son tour venu, peut vendre l'ensemble de la
main-d'oeuvre du groupe à un autre membre ou à d'autres agricult~urs nan-me~bres.
~
Les membres du notab sont libres de l'abandonner et de le réintégrer à
n'im-porte quel'moment de l'année. Il existe toutefois un noyau d'au moins trois
membres qui assure la continuité du travail en groupe.
z
-La "corvée invitation" comprend entre cinq et quinze membres, réunis
("invité") par un agriculteur pour une opération ponctuelle e:t rémunérés en
nourriture et/ou boisson. Elle est utilisée surtout pour les semis, l~
jour-née de travail dure de 3 à 6 heures. La main-d'oeuvre convoquée dans les
corvées invitation est constituée de la "clientèle" des paysans plus aisés,
contrainte par des rapports de dépendance (métayage, emprunts ... ) à offrir
son travail pour une faible rémunération. La capacité de mobili~er de la
maind-'oeuvre à bas prix est une des expressions de ce que nous appellerons
le IIpouvoir social" des paysans aises.
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L
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o c ' "Le lI~jann" est un! ~~OUpè de utrflvai'l sembl;ble à la corvée invitation
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-',,~is' '~oùr
lequel la journée de travail, n'excède.l pas, trois heures. Letra-vail en djann a lieu t~~ lé matin entr,e six et neuf l,heures. en pérIode de
pointe généralement. Le I~kounàbè", organisé également en période de ?oint~,
,
,est un groupe d'échange de travail large regroupant des agriculteurs
appar-1 tenant à différents notab, ou' même deu~ notab entièrs,. pour eUectuer d.es
travaux entre deux heures de l'aprês midi et le coucher du soleil. Le travail salarié:
"
Le travail salarié peut être rémunéré à la journée ou à la tâche
("anpéyan"). Le
~rix
de ra jpurnée de cinq~eu~es' d~
travail était de2 Gdes en octobre 1979, i l est passé à 2.50 Gdes en juin 198.0 • . Pour,le
\ '
travail à la tâche. les deux par'ties fi~ent une somme à 11 avance, pour :('
exe-,
cution d'un travail sur une surfaC6 donnée •
3.1.5 L'élevage:
.
,
u
La principale caractéristique -des races locales de type créole est
leur grande :usticité. Le gros bét?il est élevé au piquet, il se nourrit
cl' espèces spontanées de ta jachère, la graminée à port rampant Axonopus
c_ompresus principalement ("zèb si"). On change le bétail de lieu de
pâtu-rage deux fois par jour. Les bovins reçoivent occasionelle~ent des apports
de sous-produits de culture (stipes de 'bananier, chaumes de sorgho).- Les porcs sont mis au pâturage également mais ne paturent que le Sida acuta
("balé") et le Boreria laevis ("koupé kolonll") plus dispersés, ils reçoi-' 0
vent des apports plus fréquents de fanes de pataçe et de déchets de cuisine.
Les caprins paturent la jachère buissonante des pentes raides e~ ne reçoi~
vent d'apports qu'après mise bas.
La ligne de sources étant située à 400 mètres d'altitude
et
les lieu~de pâturage étapt éloignés des maisons, la fréquence d'abreuvement est très faible: deux fois par semaine pour les bovins, une fois chaque cinq joùrs .
,
pour les équins, moins d'une fois par quinzaine pour les porcs, les chèvres
ne son t jAmais amenées à un yoin t d'eau.
Le bétail d'une exploitation n'est autorisé à paturer que les terres
qu'elle cultive et les terres indivises appartenant au segment de lign.àge
1-auquel'elle se rattache. To~tefois, à cause de la dispersion et
l'éloigne-ment des parcelles, un agricult.~ur habitant loin de certains lieux 'de
pâtu-rage peut céder ses droits de pature à
d'autr;~
habitant plus près.
-"-,-_._--_
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Les métayers ont généralement le droit de faire <paturer les fanes'de
Ratate demeurées dans les jardins après récolte des tubercules. Un régime
pa"rticulier s'applique auxmétayers'cultivant les "grandes propriétés" des absentéis tes (la plus grande couvre 80 hectares), où les métayers, avec ' autorisation préalable du géran t du terrain, bénéficient de droits de
pâtu-rage sur l'ensemble de la propriété. Cependan t, la pression sur les
pâtura-ges augmentant, les gérants en vierfuent maintenant à exiger le paiement en
espècés des droits de -pature. ~J
Il existe dans l ' élevage égalem~nt uD~ formê'de faire-valoir indirect,
J. •
le "gardiennage" à travers laqueHe l' agriculi:e'ur qui nourrit sur ses pro- Q
pres pâturages Une bête qui lui a été cédée E~r son propriétaire, est
rému-.\
-
.,nere par partage à la tni-C'tbt.t, s'il s'agit d'une femelle (la p,remière
por-tée pour le propriétaire, l~ 'S'uivante pour le "gardien" et ainsi de suite);
_ . 1
pout' un mâle i l reçoit lé quart de la valeur marchande de l'animal qUfnd i l
est vendu. Le gardien peut
égale~ent
être payé en espèces~our
son "ttavailsi la bête est reprise par son propriétaire sans avoir mis bas et san~ être
vendue.
Dans l' éleva,ge porcin et' caprin où le taux de mortali té après naissance
.
est élevé (il se situe entre 30 et 50% cette année pour nos trois
exploita-tions) le gardien assume donc des risques importants tandis que le proprié-taire-qûl reprend un animal après sevrage a de meilleures chances de
rémuné-rer le travail qu'il investit. Le gardiennage .c~nstitue cépendant le
princi-pal mode d'accès au bétail pour les agriculteurs dépourvus de capital' et les jeunes agriculteurs qui veulent monter une exploitation. Dès leur
adolescen-ce adolescen-ceux-ci prennent des chèvres en gardiennage, les faisant paturer les t~tres
indivises, et par une lente épargne passent progressivement _ à
1:
élevage porcin'puis à l ' ~levage bovin.,
3.2 DES CONTRAINTES ET DES SYSTEMES DÉ PRODUCTION SPECIFIQUES A CHAQUE
TYPE D'EXPLOITATION
3.2.1 Les systèmes de culture
3.2.1.1 Les assolements:
,
Le choix des espèces cultivées et' l'importance de la' surface qu'elles occupent sur l}exploitation dépenden't principalement de la localisation et de
la tenure des
terres,~u
rôle d;es cultures dans Itéconomie del'é~pl~itation
f> "
(autoconsoiinlation, ve .te) , des moyens financiers de l"exploitation
1 ) '''' 17 "
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'~ \ \ 1 "t ;,-,
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_ et du degré de. ri,sque qu'elle peut supporter (possibil'it'é~'d'un faible
rende-J
'mimt pour ukcoût élevé en simences et
~n ,main-d'oè~vre). ~.e
Tableau No. 2 'regroupê"'ïès assolements en espèces annuelles dt;.s trois exploitations.
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Tableau No. 2 - Assolement en espèces annuelles des trois exploitations
Es èce EXP
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l T-A-T lo
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1 2 3 2 % 2 % 2 % rs-m rs-m rs-m Patate 1. 221.125 41.6 1.068.525 40.'8 601.700 54.4 Haricot 639.050 21.8 249.425 9.5' , 238.600 21. 6 Sorgho 388.800 13.2 269.300 10.3
.
Mais 368.300 12.5 440.750 16.9 1'23.0255 11.1, Igname 158.400 5.~ 105.600 4 6.600 ' 0.6 Pois congo.
\ 94.400 3.2 314.20012
" \ Malanga 36.000 1.2 9.600 0.4 19.0001.7
Petit pois 18.225 0.6 17.550 0.7 Hanioc 14.4000.5
140.400 5,.4 ,104.400' 9.4 Arachide-
13.200' 1.2.
"Une première distinctiqn apparaît au niveau des espèces dont le coût
en semences ou en piants est élevé, haricot, igname.et petit pois. Pour le
haricot, ia surface cultivée sur l'exploitaÙon l, est deux fois et demie
plus élevée que sur les deux autres exploitations.
Le
haricot est laprin-cipa~e culture de rente de cette exploita~ion. Ses revenus extra-agricdles importants, lui permettent de risquer .. de gro,sses sommes d'argent dans ce,tte
culture (jusqu'à 500 Gdes à certaines périodes) dont il arrive assez fréquem-
.
,'
m~nt que la production ne couvr~ pas les frais en semences et en main-d'oe~vre mais qui en même temps se'situe.parmi les cultures les plus rentables dès'que
le ratio production/semence est supérieur à
1.
1
(1) La méthode de calcul de l'assolement en, 'jours-m~tre carré est décrite
dans l'Annexe E. p. 218. ,
.
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L'exploitation 2, faute d'argent, n'a pu cultiver que ,la moitié' de la surface dont elle disposai~' pour ,la 'cul tur~ ... du ~arico't. j L' e'xploita-tion 3., ',qui ne di'!jlpose què de faibles surfaces en r~ndzïnes et n'a pas
, '
accès aux terres noires pour la cùltute du haricot en février ne pourrait
,
étendre 'sa surfa,èe en haricot qu'en prenant des terres en métayage. Ce-pendant, en
rai~on
du taux élevé de la rentefon~cière(1) ,/c~;te
solution n"autorise qu'une très 'faible rémunération, de son travail pour uninves-, ,
tissement import;lllt- en semences et un risque élevé. Avec un ratio prodl!c-. tion/ semence de 2~ la culture pur~ du haricot en métayage en ~obre a
rémunéré son travail à 20 cen times de gourde Vheure (Tableau No!3): raison pour .laquelle i l a choisi en octobre 1979 de vendre en partie sa ma~n-d' oeu'" vre dans,l'.a,griculture et l'artisanat pour une rémunér<;ltion horaire, de 0,5
~-,
Gde ou' plus. Au mois d'octobre de l'année suivante i l a préféré acheter trois marmites de haricot sur pied en vue du semis du jardin B en tevrier plutôt que de pren'dre de's terres en métayage.
Pour l'igname et le pe~it pois, la cherté des plants explique
égale-f
ment leur faible surface ou leur absence totiüêo- sur l ' e~loita tion 3. Il
,
faudra ~u moin~ cinq ans encore avant, gue par une lente accumulation de plants, la sHrface en igname de cette exploitation n'approche celle des deux autres.
L'~ccès aux terres situées dans d'autres zones écologiques de plus faible altitude constitue un deuxième critère important de différenciation des ~ystè~es de culture. Ces terres per~ettent' d'élargir la gamme des es-'pèces cultivées et d'étendre les surfaces plantées en mais et haricot à dif-'
f~rentes périodes de l'année.
L'exploitant 2 accède âux sols basaltiques et aux calcaires marneux à travers l'héritage de sa mère dont les parents étaient originaires des zones basses ét par son. mariage à une fenune originaire de ce tte même région, ce
i "1 h d d i d h ' " d ' . . (2) ,
qu permet e rac at es 1'0 ts es co- erltlers e sa conJOInte.
(1) Le proprié,taire exige les 2/5 de la rêcol-te' en paiement de la rente
fon-cière pour la pour l'association patate/mais il
pré--lève le tiers de
(2) L'alliance avec des emmes originaires des zones basses est recherchée par les agriculteurs des zones supérieures pour ces mêmes raisons.
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Q 'T,9.bleau .3 Exploitant.3. Rémunération du travail pour
une parcelle
dé
haricot prise en métayageDàte Opération 3/10 Sarclage 10/10 Sarclage 12/10 Semis 24/12 Récolte Séchage 1 Total 1 Coût semence: Valeur récolte: , RJnte ,foncièré: \ Marge nette: Rémunération du 'trayail de l'exploitant '
-Interne Externe Total
11
-
tll10
-
.
ro-12-
12 3 3 6 3 -'3,
39 3 422.5 marmites à 9Gdes/m. ::
22.5
Gdes5 marmites à 9.5Gdes/m.
=
47.5
2
marmites à 9.5Gdes/m.=
19"
Valeur récolte -(semence
,+
rente foncière)47.5
41.5
:: 6 GdesMarge nette/heures main-d'oeuvre interne
6Gdes/39hres = 0.2 Gdes/hre
.
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)
L'exploitant 1 n'a 'pas hérité de jardins dans les zone~ basses, il accède \
aux ~alcaires marneux à travers l'affermage et l'échange de terres grâce
,
à ses moyens finan,~ie,r~ importants et il son réseau de relations sociales (liens de parrainage, demi-frères) dans les terres noires. L'exploitant 3 ne cultive pas de terres autres que les sols ferrallitiques et les rendzines d'altitude supérie,ure à 700 m, n'ayant pas hérité de terres dans les zones basses et n'ayant pas les moyens de payer les fermages élevés exigés pour
ces sols plus fertiles. ,
.
Ainsi, des espèces telles que le sorgho et le pois congo ne sont pas cultiveés sur l'exploitation 3(1) alors que le sorgho occupe entre 10 et 15% de l'assolement des exploitations 1 et 2 et que le pois congo repré-sente respectivement 3 et 12% de l'{SSOlement de ces deux exploitations. La surface en pois. congo 'sur l'expl itation 2 est environ trois fois plus élevée que celle de l'exploitation à cause de la possibilité pour l'ex-ploitation 2 de cultiver du pois congo sur une parcelle de 1600 m2 dans les sols basaltiques (association'maïs/sorgho/pois congo). La surface en sorgho de l'exploitation 1 est supérieure à celle de l'exploitation 2 en 1979/80
.
;:\
parce que la seconde "a dû exclure le sorgho sur des surfaces plus
importan-,
tes dans la rotation pratiquee sur les calcaires marneux; en 1980/81 les surfaces en sorgho devraient être à peu près équivalentes.
Pour le maïs, on observe que l'exploitation 3 qui ne peut cultiver du maïs que sur les sols ferrallitiques d'altitude en février a une surface en maïs équivalente à environ le tiers de celle des deux autres. L'exploitation 2, q u i a la possibilité de cultiver l'association mars/sorgho/pois congo sur les
sols basaltiques en avril et sur les calcaires marneux en février, est celle qui a la plus forte surface en maïs. Cette culture joue un rôle important
(1) Sur l'exploitation 3 le pois congo est cultivé seulement dans le jardin B et à une faible densité, i l n'a pas été pris en c~fupte dans le calcul de l' assolemen t.
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