• Aucun résultat trouvé

Coopératives agricoles et société : le cas bulgare (1396-2001)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Coopératives agricoles et société : le cas bulgare (1396-2001)"

Copied!
429
0
0

Texte intégral

(1)

COOPÈRATIVES AGRICOLES ET SOCIÉTÉ: LE CAS BULGARE (1396-2001)

par

Iordanka Noteva

Faculté des arts et des sciences Département de sociologie

Thèse présentée à la Faculté des études supérieures en vue de l’obtention du grade de Doctor (Ph.D.) en sociologie

décembre 2002

(2)

‘s

••• • *

• • •

••*

(3)

de Montréal

Direction des bibliothèques

AVIS

L’auteur a autorisé l’Université de Montréal à reproduire et diffuser, en totalité ou en partie, par quelque moyen que ce soit et sur quelque support que ce soit, et exclusivement à des fins non lucratives d’enseignement et de recherche, des copies de ce mémoire ou de cette thèse.

L’auteur et les coauteurs le cas échéant conservent la propriété du droit d’auteur et des droits moraux qui protègent ce document. Ni la thèse ou le mémoire, ni des extraits substantiels de ce document, ne doivent être imprimés ou autrement reproduits sans l’autorisation de l’auteur.

Afin de se conformer à la Loi canadienne sur la protection des renseignements personnels, quelques formulaires secondaires, coordonnées ou signatures intégrées au texte ont pu être enlevés de ce document. Bien que cela ait pu affecter la pagination, il n’y a aucun contenu manquant.

NOTICE

The author of this thesis or dissertation has granted a nonexclusive license allowing Université de Montréal to reproduce and publish the document, in part or in whole, and in any format, solely for noncommercial educational and research purposes.

The author and co-authors if applicable retain copyright ownership and moral rights in this document. Neither the whole thesis or dissertation, nor substantial extracts from it, may be printed or otherwise reproduced without the author’s permission.

In compliance with the Canadian Privacy Act some supporting forms, contact

information or signatures may have been removed from the document. While this may affect the document page count, it does not represent any loss of content from the document.

(4)

Dans cette thèse, nous traitons de l’évolution du mouvement

coopératif agricole bulgare dans le contexte de l’économie de marché capitaliste et dans celui du régime socialiste. Nous examinons les défis qui se

posent aux coopératives agricoles, les stratégies que celles-ci adoptent afin de les surmonter et les conséquences de ces stratégies sur les acteurs et les activités de l’agro-économie et surle sociétariat de leurs membres.

Notre objectif principal est d’essayer de dégager la problématique du développement des coopératives 1.- comme associations qui doivent répondre aux besoins des membres et de leur milieu social et 2.- comme entreprises qui doivent fonctionner selon les règles de l’économie de marché soit capitaliste soit socialiste. La poursuite d’un tel objectif nous amène à soulever des questions concernant les stratégies de développement des coopératives et leur impact sur la spécificité de la coopérative et sur le rôle des coopératives dans la transformation socio-économique de la société.

L’originalité de notre étude tient au fait qu’il s’agit de la première tentative d’explorer d’une manière historique, analytique et globale l’évolution

du mouvement coopératif agricole bulgare. Il n’existe pas d’étude contemporaine (publiée en bulgare et en français) sur ce sujet, et nous avons

pour but de combler cette lacune. L’analyse de conjonctures socio

économiques distinctes nous permet de comprendre la naissance et la

transformation des coopératives agricoles d’un type à un autre, et les

stratégies qu’elles doivent adopterpour défendre leurs intérêts.

Notre étude remonte dans l’histoire aux origines du mouvement

coopératif mondial qui influença le développement des coopératives dans la péninsule balkanique et en particulier en Bulgarie. Les formes pré-coopératives ancrées dans la tradition slave d’u aide mutuelle» et les formes modernes adoptées après la libération du joug turc contribuent à la naissance de la coopérative comme forme organisationnelle qui fonctionne encore de nos

jours.

Méthodologie Après avoir révisé les différentes théories de la coopération, nous avons construit notre modèle théorique à partir des

(5)

d’activités et de règles de fonctionnement dans une économie soit capitaliste

(marquée par la concurrence), soit socialiste (marquée par la compétition). Deux techniques de recherche ont été employées: la technique documentaire et la technique de l’entrevue structurée.

Nous avons conclu que l’économie socialiste provoque la rupture de l’équilibre entre l’offre et la demande qui, dans l’économie capitaliste, est

l’élément essentiel qui intensifie la concurrence, moteur de ce type d’économie. Dans l’économie socialiste, la concurrence n’existe pas, elle est remplacée par la compétition. Lorsque l’économie est écrasée par la planification centrale, la compétition a plutôt un caractère quantitatif qui suppose que les vendeurs et les acheteurs, au niveau domestique et international, détiennent le même pouvoir

de marchandage. Toutes les formes de déséquilibre entre l’offre et la demande sont ici réglées par l’administration de ltat qui va dire que la concurrence existe dans l’économie socialiste, mais à une moins forte intensité (dans un degré insignifiant).

Nous avons observé une division hiérarchique du travail entre les coopératives de base, les coopératives régionales et les unions de coopératives agricoles. Cette division révèle la présence d’une relation étroite entre la taille d’une coopérative et son importance en ce qui concerne le sociétariat, les actifs et les revenus du mouvement. Nous constatons que les plus grandes coopératives, qui jouissent d’une meffleure position dans la division hiérarchique des activités, détiennent plus de pouvoir et orientent le mouvement dans la direction qui correspondent à leurs intérêts.

En bref, l’adaptation des coopératives agricoles aux règles de l’économie, soit capitaliste soit socialiste, leur donne une spécificité institutionnelle qui les distingue des autres types d’entreprises.

MOTS CLÉS:

- agriculture - Bulgarie - coopérative

(6)

This thesis focuser on the evolution of Bulganan agricultural cooperali’v’e movement in ifie context of the capita]ist market economy and of ifie socialist one. We examine the challenges agricultural cooperatives have been facing, the strategies they have to adopt to overcome them and the consequences those strategies have on ifie performers and activifies cf an agro-economy and on the “sociétariat” of their members.

Our main purpose is to sort out problems related to the development of cooperatives 1. - as associations which should satisfy the needs of ffiefr members and those of their social background and 2. — as businesses which should be run according to the raies of the market economy, be it the capitalist or sociaiist one. Such a purpose inevitably raises questions about the different strategies to develop cooperatives, about their impact on ifie veiy nature of the cooperafive movement itself and on the mie ffiey play in the socio economic transformation cf ffie society.

The originality of oui study lies in the fact ifiat ours is the lirst attempt te explore, in a historical, analytical and global way, how ifie Bulgarian agricultural cooperative movement has evolved. There is no offier contemporary study published inBulgarian or in French) on the subject and our purpose is to

fil this gap. The analysis of different socio-economic circumstances helps us to understand how cooperatives were boni and have been transformed from one

type into anoffier, and also what strategies ffiey had to adopt to defend their interests.

Oui stucly traces back the origins of the first cooperative movement in

ifie world, that has influenced ifie development of ail cooperatives in the Baikan Peuinsula and in particular those in Bulgaria. The “pre-cooperafive” forms anchored in ifie $lav tradition as “mutual aid” and the more modem ones adopted after the liberation from the Turks, contributed te setting up the organizational forms of cooperalives which are stili running today.

Methodology. After having reviewed ifie various theories of cooperation, we bufit our ideal model on ifie analyses donc by Claude Vienney and Guy Desforges. This model lets us study the cooperative movement as a process of

(7)

research techniques were used: the documentaiy technique and ifie technique of ifie structured interview.

We came to the conclusion ifiat a socialist economy causes a lack of balance in supply and demand. The saine event in ifie capitaiist economy, wouid be ifie essential element to intensi1y competition and becomes the driving force of this type of economy. In ifie socialist economy however, competilion does flot exist, it is replaced by competitiveness. When an economy crumbles due to central planning, the competition is of a raffier quantitative character. It means ifiat salesmen and customers, locally and internationafly, get the saine abffity to bargain. Any lack of balance between supply and demand are regulated here by ifie State Administration. The latter says that competition exists in a socialist economy, but it is less well expressed (Le., iiis insignificant).

We observe a hierarchical division between the basic forms of

cooperatives, namely ifie regional cooperatives and ifie unions of agriculturai cooperatives. This division reveals ifie existence of a close connection between ifie size of a cooperative and its importance toward ffie “sociét2riat” the credits and the income of ffie movement. We realize ifiat larger cooperatives, having a higher position in the hierarchical division ofactivities, have more opportunities and lead the movement in ifie direction whîch smts best their interests.

In short, the adaptation of the agricultural cooperatives to ifie mies of the existing economy, either capitalist or socialist, specifies ifiem as institutions and

this distinguishes ifiem from ail offiertypes ofcompanies.

KEY WORDS: agriculture - Bulgaiia - cooperative - development

(8)

COMMENCÉE EN 1999, ma recherche sur le terrain en Bulgane m’a permis de rencontrer des femmes et des hommes avec qui j’ai créé des liens d’amitié et de solidarité: membres de communautés paysannes et d’organisations de travailleurs, enseignants, fonctionnaires, chercheurs, professeurs d’université, militants d’organisations non gouvernementales. L’objectif de ce travail est d’appuyer leurs luttes et leurs revendications en matière de coopération.

Je tiens à remercier chaleureusement M. Gabnel Gagnon, mon directeur de thèse au Département de sociologie de l’Université de Montréal, de son dévouement, puis le professeur Gilles Houle. Sans leur appui, ce travail n’aurait pu être réalisé.

Je remercie avec chaleur l’Académie des sciences bulgare (spécialement le département de sociologie), l’Union Centrale des coopératives et l’Union des agriculteurs de Sofia, qui m’ont soutenu moralement et m’ont fourni une documentation importante, puis m’ont permis, en discutant avec moi, de clarifier certaines dimensions du mouvement coopératif agricole.

Ma gratitude va aussi à ma fille Radost, qui m’a soutenue et inspirée lors de l’élaboration de ma thèse.

(9)

2.1.10. La Renaissance 65 2.1.11. Le système allemand des Landschaften (1767) 65

2.2. APRÈS LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE 67

2.2.1. En Angleterre: la Société des Équitables Pionniers de

Rochdale (1844) 69

2.2.2. En Allemagne: L’Union de crédit de Hermann Schuize

Delltzsch et Fnedrich WDhelm Raiffeissen 71

2.2.3. Au Québec: Mphonse Desjardins et la caisse populaire 73 2.2.4. En Bulgarie : Todor G. Vlalkov et Todor Ionchev, fondateurs

des coopératives rurales de crédit 75

CHAPITRE UI: MODÈLE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIE 79

3.1. MODÈLE THÉORIQUE DE RÉFÉRENCE 79

3.1.1. La fondation des coopératives 84

3.1.2. La transformation des coopératives 87

3.1.3. Questions préliminaires 95

3.2. MÉTHODOLOGIE 98

PARTIE U: LE DÉVELOPPEMENT DES COOPÉRATIVES

AGRICOLES EN BULGARIE(1396-2001) 104

CHAPITRE IV: (1396-1878) LA PÉRIODE DU FÉODALISME:

LA COOPÉRATION SOUS LE JOUG OTTOMAN 108

4.1. DIMENSIONS HISTORIQUES ET SOCIO-ÉCONOMIQUES 108

4.2. LCONOMIE DU FÉODALISME TURC 110

4.2.1. Les formes pré-coopératives 114

(10)

CHAPITRE V: 1878-1944 LA PÉRIODE DU CAPITALISME t

NAISSANCE DES COOPÉRATIVES AGRICOLES 137

5.1. DIMENSIONS HISTORIQUES, POLITIQUES ET SOCIO

1CONOMIQUES 137

5.1.1. Dimensions historiques 137

5.1.2. Dimensions politiques 138

5.1.3. Dimensions socio-économiques 149

5.2. LA FONDATION DES COOPERATWES AGRICOLES 159

5.2.1. Naissance de la coopérative comme mode d’organisation. L’essor

du mouvement coopératif (1890-1910) 162

A. Fondation de la première coopérative agricole de crédit

Orato (Chai-rue) en 1890 à Mirkovo 163

B. Formation des départements agricoles 174

5.2.2. Développement irrégalier du mouvement coopératif (19

10-1944) 178

5.2.3. L’apport des départements agricoles 184

5.3. LES ORGANES DIRIGEANTS 191

5.3.1. Le syndicalisme agricole 191

5.3.2. LesUnions 194

5.3.3. Les Banques 198

CHAPITREVI: 1944-1989 LA PÉRIODE DU SOCIALISME t FONDATION ET TRANSFORMATION DES COOPÉRATIVES AGRICOLES 208

6.1.DIMENSIONS HISTORIQUES,POLITIQUES ET SOCIO-lCONOMIQUES....208

6.1.1. Dimensions historiques 208

6.1.2. Dimensions politiques 209

(11)

COOPERATIVES TKZS 218 6.2.1. Les traits spécifiques des TKZS par rapport aux kolkhozes...224 6.2.2. 1944-1970: Spécialisation et concentration 228 6.2.3. Fondation des unités dtat: MTS et DZS 230 6.2.4. 1970-1989 : Reconstruction de l’économie agricole et

fondation des entreprises d’Itat, les PAK et les APK 237

CHAPITRE Vil: LA TRANSITION VERS L’ÉCONOMIE DE MARCHÉ....243

7.1. DIMENSIONS HISTORIQUES, POLITIQUES ET SOCIO

]CONOMIQUES 243

7.1. 1.Dimensions historiques 243

7.1.2. Dimensions politiques 244

7.1.3. Dimensions socio-économiques 249

7.2. LA FONDATION DES NOUVELLES COOPIRATWES 253

7.2.1. La privatisation 254

7.2.2. Une reconstruction spontanée 264

7.2.3. Législation et politiques coopératives 268

7.3. LES RESTRUCTURATIONS EN COURS 276

7.3.1. Propriété coopérative 277

7.3.2. Fonctionnement des entreprises coopératives 282

7.4. TENDANCES NOUVELLES 287

7.4.1. Les coopératives de consommation 287

7.4.2. Les coopératives ouvrières de production 291 7.4.3. Apparition de nouvelles institutions coopératives 294 A. Coopératives agricoles et nouveaux fermiers 294

B. La Banque coopérative centrale (13CC) 300

C. La Chaire d’administration des coopératives et des

(12)

7.5. LES POLITIQUES IMPOSÉES PAR LE FONDS MONÉTAIRE

INTERNATIONAL (FMI) ET LA BANQUE MONDIALE (BM) ET LEURS

CONCEQUENCES 304

CHAPITRE Vffi: CONCLUSION 318

8.1. Réponse aux questions préliminaires 318

8.2. La pertinence théorique de notre recherche 324

8.2.1. Le coopératisme socialiste et le coopératisme 325

8.2.2. Le réformisme et l’utilitarisme 330

8.3. Les coopératives face aux nouveaux défis 336

8.4. Perspectives d’avenir 340

BIBLIOGR.A.PIIE 346

ANNEXES I- XXXI

Annexe 1: Lois et dispositions principales concernant les coopératives Bulgares.

(En anglais): The MainLaws and Decrees Conceming Co-operatives I-II

Annexe 2: La Loi coopérative (1991)

(En anglais): Co-operative Law of 1991 III-xxIi

Annexe 3: Ordonnance ° 192 du 1er octobre 1991 du Conseil des

ministres.

(En anglais): Ordinance 192 /1 st October 1991 of the Council of

Ministers )O(III-)OW

Annexe 4 : La transition bulgare )OCVI-)OCX

Annexe 5: Organisations avec lesquelles l’auteure de la thèse a établi

le contact )OOCI

Note: Les documents desannexes n° 1, 2, 3 sont présentes enanglais surInternet au site del’Alliance

Coopérative Internationale (ACE). ICA Studies and Reports: Co-operatives in Eastern & Central Europe: Bulgaria, by Professor Dionysos Mavrogiannis, November 1995.

(13)

1. Évolution historique des coopératives dans le monde 53 2. Historique de la coopération et des coopératives agricoles bulgares

(1396-2001) 106

3. Institutions de crédit (1864-1865) 129

4. Étatdes fonds des caisses communes de crédit pour pour 1867 et

1871 132

5. Possession de la terre parles paysans jusqu’à 1910 156 6. Situations des paysans- coopérateurs en 1910 157 7. Prêts accordés aux agriculteurspar les coopératives agricoles de crédit

pour la pénodedel900-1910 158

8. L’éssor du mouvement coopératif bulgare (1890-1910) 170 9. Utilisation des prêtspar les coopérateurs 173

10. Le mouvement coopératif en 1934 188

11. Organes dirigeants du mouvement coopératif 192 12. Activités de la Banque agricole jusqu’à 1910 199 13. Prêts accordés auxagriculteurs par les coopératives agricoles

de crédit 199

14. Utilisation des prêts pendant les années 1906, 1909, 1910 204 15. Les institutions bancaires en Bulgane et leurs liens avec les coopératives

rurales et urbaines 204

16. Changement dans les règles et les pratiques coopératives en Bulgarie 255 17. Fondation de coopératives agricoles jusqu’à 1994 20 18. Participationdes coopératives de consommationdans la production

nationale et ventes pour les années 1990 et 1991 290

(14)

1. Acteurs, activités et règles .81

2. Renouvellement des facteurs de production $2

3. Agriculture familiale et agriculture capitaliste 83 4. Transfert des facteurs et des produits de l’agriculture aux industries $5

5. Les filièresagroalimentaires spécialisées 88

6. Intégration verticale 90

7. Les acteurs et leurs rapports 92

8. Activités de l’agro-économie 94

9. Règles de fonctionnement de l’économie de marché 94

10. Carte de la Bulgane actuelle 105

11. Structure verticale des sociétés coopératives de consommation 289 12. Structure verticale de l’Union coopérative centrale 292

(15)

MCA Association intrenationale des compagnies d’aviation

ACB Académie des sciences bulgare

APK Agramo-promishlen complexe (Entreprise agro- industrielle 1)

ACI /ICA Alliance coopérative internationale! Union coopérative Internationale.

BAB Banque agricole bulgare

BCC Banque centrale des coopératives BEl Banque européenne d’investissement

BERD Banque européenne pour la reconstruction et le développement

BIRD Banque internationale pour la reconstruction et le

développement, mieux connue sous le nom de Banque mondiale (BM).

BRSDP Balgarska rabotnicheska sodal-demokraticheskapartia (Parti des travailleurs social-démocrate bulgare).

BRP Balgarska rabotnicheskapartia tesni soziatisti (Parti de travailleurs du gauche).

BRPK Balgarska rabotnicheska partia komunisti

(

Parti de travailleurs communiste).

3K? Balgarska komunisticheskapartia (Parti de communiste bulgare).

BSP Balgarska sozialisticheskapartia (Parti socialiste bulgare) BZNS Balgarski zemedelski naroden sajuz (Parti paysan bulgare) BNB Balgarska narodna banka (Banque nationale de Bulgarie) BPC Banque populaire coopérative

CACA Chaire d’administration coopérative et des affaires CAEM Conseil d’assistance économique mutuelle

(16)

CEPDE Comité d’I!tat pour la planification et le développement de l’économie.

CO-OP Coopérative

DZS Darjavno zemedelsko stopanstvo (Entreprise publique d’agriculture).

EOF Edinen otechestven front (Unité du front de la patrie)

EQ 1quipement

EU Union européenne

IPR 1quitables Pionniers de Rochdale FDU Forces démocratiques unies

FMI Fonds monétaire international F1’ Force de travail

07 Groupe des sept pays les plus industrialisés

IFI Institutions financières internationales (FMI, BIRD)

MAF Ministère de l’agriculture et des forêts

MDL Mouvement droits et libertés

MP Matériel premier

MTS Mashinno-traktomistanzn (Stations de tracteurs et de machines)

OCDE Organisation pour la coopération et le développement économique.

OECI Organisation européenne de coopération internationale

OIT Organisation internationale du travail OMC Organisation mondiale du commerce ONG Organisation non gouvernementale

ONU Organisation des Nations unies

PAK &omishleno- agraren kompteks (Entreprise industrielle agraire)

PAS Programme dajustement structurel PIP Programme d’investissement public

(17)

PIB Produit intérieur brut PSB Parti socialiste bulgare

PECO Pays d’Europe centrale et orientale RPB République populaire bulgare

SCA Syndicat des coopératives agricoles

SCPPH Sociétés coopératives de production des personnes handicapéesé SDP $ocial-demokraticheskapartia Parti social-démocrate)

SRC Syndicat régional coopératif

50M Sociétés ouvriers et ménagers des entreprises

SITA Association internationale de communication entre les compagnies d’aviation.

STS Saint Saint

CACA Chaire d’administration des coopératives et des affaires TKZS Tmdovo kooperativno zemedelsko stopanstvo (Fermes

coopératives)

UAB Union d’agriculteurs en Bulgarie

UB Union des banques UE Union européenne

UCC Union coopérative centrale (ZKS- Zenfralen kooperativen sajuz)

UCAB Union coopérative des agriculteurs de Bulgarie UFD Union de forces démocratiques

UGC Union générale des coopératives

UPA Union des producteurs agricoles

UPCA Union principale des coopératives agricoles URC Union régionale des coopératives

URSS Union des républiques socialistes soviétiques (Union soviétique) UNICEF United Nations International Children’s Emergency Fund VOCA Volonteers in Oversseas Co-operative Assistance

(18)

SOMMAIRE .i

REMERCIEMENT À ï

‘l’A.BLE DES .A’J.’LÈfES .fV

LI DES .

LISTE DES SCHÉMAS ET DES CARTES ix

LISTE DES ABRÉVIATIONS ET DES SIGLES z f

INTRODUC’l’ION 1

PARTIE I: LES COOPÉRATIVES DANS LE MONDE 8

CHAPITRE I: LES THEORIES DE LA COOPÉRATION 9

1.1. Le coopératisme socialiste utopiqueet ses précurseurs 13 1.2. Le coopératisme socialiste révolutionnaire 26

1.3. Le coopératisme 31

1.3.1. L’utilitarisme 41

1.3.2. Le réformisme 45

CHAPITRE II: LES COOPÉRATIVES DANS LE MONDE 52

2.1. AVANT LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE 52

2.1.1. L’ère égyptienne 54

2.1.2. L’ère babylonienne 55

2.1.3. L’ère grecque ancienne 56

2.1.4. Les associations de la Chine ancienne 58

2.1.5. L’ère romaine 60

2.1.6. Le début de l’ère chrétienne 60

2.1.7. L’âge barbare 62

(19)

Dans sa forme primitive -chasse, cueillette, agriculture, élevage, fabrication artisanale, etc., - la coopération en tant que forme originale

d’t entraide mutuelle » existe depuis des millénaires. Cependant, c’est au début du XIXe siècle qu’elle s’institutionnalise et se développe en mode d’organisation en Europe. Les groupes exploités- les ouvriers, les artisans, les cultivateurs- se sont regroupés pour fonder des coopératives afin d’améliorer leurs conditions de vie et de défendre leurs intérêts. Ces pionniers voient dans la coopérative une forme organisationnelle collective grâce à laquelle ils pourraient combattre la pauvreté et permettre à toutes les classes sociales d’accéder à une certaine prospérité économique. A son origine, la coopération apparaît donc comme une revendication ouvrière et paysanne dirigée contre les abus du système capitaliste. La coopérative, modèle distinct d’autres organisations, peut coexister avec n’importe quel système socio économique dominant, que ce soit le capitalisme, le socialisme ou tout autre système: le cas des coopératives bulgares viendra appuyer ces considérations.

Les initiateurs des coopératives s’inspirent d’idéologies et d’idéalisme: ils manifestent une richesse d’idées et une multitude d’approches théoriques allant du capitalisme au socialisme. Les militants de la pensée coopérative s’inspirent tous des idées de l’utopisme d’Owen, de Fourier, de Saint-Simon, du coopératisme de Gide, de l’utilitarisme de Schulze-Delitzch et du pragmatisme des pionniers de Rochdale: tous ces auteurs réservent à la coopération un rôle d’importance variée dans leur projet de restauration économique et sociale de la société. Ces penseurs militants ont contribué à la

(20)

formulation des principes coopératifs qui, adaptés aux conditions socio économiques du système dominant, gardent leur particularité qui les distingue de ceux de tout autre type d’entreprises.

Il ne faut pas comprendre ihistofre de la coopération seulement comme l’évolution des idées mais aussi comme l’évolution des expériences et des pratiques, aussi variées que les approches théoriques qui les sous-tendent. L’étude du mouvement coopératif agricole bulgare nous permettra d’examiner certaines de ces idées et de ces pratiques.

Personnellement, j’ai fait le choix d’étudier les coopératives agricoles en Bulgarie pour les raisons suivantes:

Premièrement, mon origine bulgare et ma familiarité avec l’agriculture (mon lieu de naissance est le village de Goliam-Varbovnik) et les traditions bulgares offrent un bon point de départ pour la recherche.

Deuxièmement, l’expérience que j’ai des systèmes capitaliste et socialiste me permet de mieux analyser la fondation et les transformations des coopératives agricoles et de la société bulgare.

Troisièmement ma préférence pour l’étude de l’agriculture et non de l’industrie vient du fait que l’agriculture occupe une place importante dans l’économie bulgare. Plus précisément, E. F.

Schumacher en analysant l’agriculture et l’industrie, écrit:

« (...] R n’y a pas de doute que les principes fondamentalLx de l’agriculture et de l’industrie, loin d’être compatibles, sont toujours en opposition Cependant, c’est w-ai que I ‘agriculture est

(21)

primordiale et 1 ‘industrie, secondaire, c.-à-d que l’humanité peut vivre saiis

l’industrie, mais etie ne peut pas exister sanst‘agriculture»1.

Notre étude couvre plusieurs étapes de l’évolution des idées et des pratiques en matière de coopération: les formes pré-coopératives, l’économie féodale, la fondation de la première coopérative agricole du pays, les coopératives socialistes TKZS jusqu’à l’économie en transition vers le marché. Mais nous avons accordé une attention particulière à la réorganisation des coopératives agricoles de 1989 à 1999. Nous avons non seulement étudié l’évolution historique du mouvement coopératif agricole d’une manière approfondie, mais nous avons exploré ses différentes dimensions: idéologique, économique, sociale, politique, juridique et organisationnelle. En un mot, dans cette thèse nous avons entrepris une étude globale de l’évolution des coopératives agricoles dans le but d’en comprendre la problématique et d’en dégager les caractéristiques distinctives. Ce sont surtout l’ampleur et la globalité de notre étude qui constituent son originalité.

Nous avons compilé nos tableaux à partir de statistiques et de données extraites d’un grand nombre de publications publiques et privées, universitaires ou non. Nous avons été confronté à plusieurs problèmes dans ce processus de compilation, comme par exemple l’incompatibilité des statistiques ou les données mal préparées pour être utilisées comme sources de référence. De plus, dans leur

(22)

majorité, les sources utilisées sont en bulgare, ce qui a posé un problème de traduction. De plus, très peu de données et de statistiques sur les coopératives agricoles sont disponibles pour les années suivant 1990.

Puisque notre recherche est par nature multidimensionnelle-historique, économique, sociale, politique, organisationnelle et juridique-, nous nous appuyons sur plusieurs disciplines universitaires, en particulier: la sociologie rurale, la sociologie des organisations et l’économie politique, la sociologie de la coopération et du développement.

Plan de la thèse

Cette thèse comprend une introduction, deux parties composées respectivement de trois et cinq chapitres.

La première partie explore les coopératives au niveau mondial.

Le premier chapitre consiste en un exposé théorique des différentes approches de la coopération. L’objectif de ce chapitre est de définir la notion de coopération qui, par sa nature, apparaît comme une revendication ouvrière et paysanne contre les abus du système capitaliste en Europe.

Le deuxième chapitre consiste en un survol de l’évolution

(23)

révolution industrielle. L’objectif de ce chapitre est de montrer de quelle manière les théories se réalisent en pratique dans des sociétés distinctes. Notre analyse révèle que la coopérative est d’abord née d’un sentiment religieux/spirituel à travers les siècles et les différentes civilisations antérieures à la nôtre. Elle est devenue un mode d’organisation socio-économique à l’époque de la révolution industrielle: depuis, des générations de coopératives et de coopérateurs retournent aux principes qui ont favorisé l’éclosion du mouvement et y ajoutent leurs propres motivations et idéaux.

Dans le troisième chapitre, nous analysons les principaux concepts à partir desquels nous avons établi notre modèle théorique et la méthodologie de la recherche. Nous présentons plusieurs questions préliminaires auxquelles nous cherchons à répondre le mieux possible. L’objectif de ce chapitre est de mieux définir l’objet de la recherche et de délimiter sa portée théorique et méthodologique.

La deuxième partie traite de l’évolution du mouvement coopératif agricole bulgare de 1396 à 2001.

Le quatrième chapitre consiste en une étude approfondie des formes pré-coopératives élaborées par le peuple bulgare en réaction contre l’exploitation dont il était l’objet lors de la période féodale turque. Après la libération du pays, ces formes ont joué un rôle essentiel pour le développement des coopératives au sein de l’économie capitaliste, puis socialiste.

(24)

Le cinquième chapitre analyse la période de la naissance et du développement de l’entreprise coopérative et du mouvement coopératif au sein de l’économie capitaliste. En Bulgarie, l’agriculture occupait 80 % de la population active et se caractérisait par la faible taille des exploitations (4,3 dekw2 en moyenne) et un équipement désuet, mais aussi par un mouvement coopératif dynamique développant déjà des expériences de travail en commun. Nous analyserons le processus de formation des coopératives-multifonctionnelles et le rôle des départements agricoles dans leur gestion.

Le sixième chapitre décrit la transformation des anciennes coopératives en nouveaux organismes de type kolkhozien fonctionnant dans une économie socialiste. La collectivisation achevée dès 1958, a privilégié la forme coopérative des TKZS (exploitations agricoles de travail coopératif), alors que les fermes dtat (DZS) tenaient peu de place. La collectivisation a permis d’obtenir de rapides progrès en matière de mécanisation et de rendement par l’introduction d’engrais chimiques et surtout le développement de l’irrigation, qui s’est rapidement étendue à 26 % des terres cultivées.

À

partir de 1970, le regroupement des terres en d’énormes blocs d’une taille moyenne de

13 500 dekar, liquidait pratiquement les coopératives TKZS. Les nouvelles entreprises agro-indusbielles de l’État, nommées APK, deviennent dominantes.

Le septième chapitre étudie la période de transition vers l’économie de marché et son impact sur la vie économique et sociale.

(25)

Les entreprises agro-industrielles dtat APK et les coopératives agricoles TKZS ont été supprimées et la Loi de février 1991 a promulgué la restitution des terres aux anciens propriétaires. La réorganisation de la vie agricole et urbaine se fait sous la forme de coopératives librement choisies.

En conclusion, nous évaluons la pertinence de notre modèle théorique par rapport aux différentes approches possibles et nous répondons aux questions préliminaires soulevées dans le troisième chapitre. En systématisant les défis auxquels font face les nouvelles coopératives, nous essayons de dégager les perspectives de leur développement futur.

(26)
(27)

LES THÉORIES DE LA COOPÉRATION

La pensée coopérative existe depuis les civilisations les plus anciennes quand les hommes et les femmes se sont associés et organisés pour réaliser l’activité économique, comme la chasse, la cueillette, l’agriculture, l’élevage, la fabrication artisanale, etc. Bien avant la révolution industrielle (l’ère égyptienne, l’ère babylonienne, l’ère grecque ancienne, l’ère romaine, l’ère bulgare, par exemple) existe même

l’idée de coopérer pour obtenir certains résultats économiques. En Bulgarie, qui se situe dans la Péninsule balkanique, ces associations sont considérées comme des formes pré-coopératives et elles se sont développées surtout pendant le joug ottoman (1396-187$).

En Europe, on parle de coopératives au sens propre à partir de l’avènement du capitalisme industriel qui eut des conséquences désastreuses en particulier sur les ouvriers, les artisans et les cultivateurs. Ceux - ci, exploités et marginalisés, se sont alors regroupés pour former des sociétés coopératives et d’autres associations communautaires afin de défendre leurs intérêts et d’améliorer leurs conditions de vie. Comme le remarque Delman, vers le milieu du XVIIIe siècle, la révolution industrielle fondamentale était accomplie, longtemps retardataire, l’Angleterre devenait un leader. Ce sont les Anglais qui, pour la première fois, ont exploité industriellement la houille et le minerai de fer, qui a joué un rôle fondamental dans la civilisation

(28)

industrielle européenne3. Ce sont des Anglais, les Iquitables Pionniers de Rochdale, qui ont créé la première coopérative (1844) devenue un prototype des coopératives futures. En Bulgarie, la fondation de la première coopérative rurale a été possible en 1890 quand le pays a été libéré des Turcs et a développé des relations monétaires.

A son origine, la coopération apparaît donc comme une revendication ouvrière et paysanne contre les abus du système capitaliste en Europe. D’abord idées et projets utopiques4, écrit Henri Desroche, surgis d’un terreau religieux, communautaire et associationniste (Plockboy, Bellers, Pestalozzi), les projets se sont élaborés, organisés, concrétisés dans cette Europe moderne qui est au coeur de la civilisation industrielle (Robert Owen, Wffiam Cabet, Saint Simon, Charles Fourier, fnedrich Wiffielm Raiffeissen, etc.). Par des expérimentations multiples et après de nombreux échecs, le Mouvement s’instaure, se développe, s’organise dans une inter-coopération locale, régionale, nationale et finalement, internationale avec l’institution de l’Alliance coopérative internationale (ACI) en 1895. L’expérience des 28 pionniers de Rochdale qui forment leur coopérative en 1844 en réponse à la tension conifictuelle du capitalisme industriel typique de l’Angleterre du )UXe siècle, devient le modèle à partir duquel ont été déterminés les principes fondamentaux de l’organisation coopérative pour les coopératives à venir, et de même pour les coopératives bulgares. Les principes rochdaliens démontrent que l’entreprise coopérative doit

(29)

satisfaire à des critères qui ne sont pas purement économiques, ce qui la distingue.

C’est le résultat de ce mouvement que nous appelons aujourd’hui la coopération , avec toute l’ambiguïté que comprend ce

terme très global.

Nous ne prétendons pas faire le tour de toutes les doctrines coopératives nées en Europe. La meilleure synthèse de ces doctrines se trouve dans des ouvrages de Gromoslav Mladenatz et du professeur Paul Lambert 6, comme le souligne Claude Pichette ‘‘

. Nous nous

contenterons simplement de résumer les principaux traits de la philosophie sociale des penseurs européens au sujet de la coopération, qui ont influencé le mouvement coopératif agricole en Bulgane.

Il nous faut d’abord définir ce que nous entendons par doctrine.

Lambert écrit que la doctrine juge le réel et propose différents changements pour l’améliorer8. Selon lui, dans toute oeuvre doctrinale trois éléments sont essentiels: 1.-la critique du régime économique, 2.

(30)

La pensée coopérative s’alimente à des sources doctrinales variées à cause des divergences idéologiques qui séparent les auteurs qui s’en réclament. Ces auteurs confèrent à la coopération un rôle d’importance variée dans la solution des problèmes économiques et sociaux.

Tenant compte de ces variations, nous avons regroupé les auteurs pour distinguer trois approches théoriques principales de la coopération’0, 1.— le coopératisme socialiste utopique: promoteurs et

défenseurs du village coopératif fondé sur la propriété coopérative. Ils ont préconisé le rôle central de la coopération dans la construction d’une société socialiste; 2.- le coopératisme socialiste révolutionnaire”: les défenseurs s’inspirent de l’idéologie marxiste-léniniste et considèrent la coopération comme un passage de la petite exploitation paysanne à la grande exploitation socialiste; 3. - le coopératisme: les défenseurs s’inspirent de l’idéologie libérale. Ils croient que la coopération ne peut pas se substituer au capitalisme, mais qu’elle est capable d’influencer son développement. Dans cette catégorie nous classifions les penseurs réformistes et utilitaristes qui voient le secteur coopératif ou la coopération intégrés à un autre système économique.

Ces approches se distinguent l’une de l’autre par leur traitement des questions suivantes:

(31)

1. Est-ce que la coopération peut être considérée comme un système socfo- économfque distinct des deux systèmes capitaliste et socialiste?

2. Est-ce qu’on peut développer une théorie de la coopération indépendamment des théories économiques classiques?

3. Les coopératives peuvent-eUes se développer dans le contexte des économies planifiées ou concurrentielles sans compromettre leurs principes de départ et leur spécificité Institutionnelle?

4. Les coopératives peuvent-elles devenir des agents de développement socio-économique?

1. 1. Le coopératisme socialiste utopique et ses précurseurs

Le village/ colonie coopérative: on ne peut pas comprendre ce que sont les militants de la coopération ni les théoriciens actuels sans remonter aux précurseurs du village coopératif qui ont ancré les idéaux et les valeurs de la coopération. Les auteurs que nous considérons comme étant les précurseurs des défenseurs du village coopératif, P.C.Plockboy, John Bellers, J.H.Pestalozzi, sont ceux qui ont tracé le chemin aux penseurs considérés comme les « pères de la coopération »: Owen, Fourier, Saint-Simon et leurs disciples immédiats - King, Derrion, les 1quitab1es Pionniers de Rochdale ((IPR)

(32)

Les précurseurs dénoncent loppression des travailleurs par les industriels et rêvent que par la colonie coopérative

/

village coopératif, l’exploitation des uns par les autres va disparaître.

P. C. Plockboy, Hollandais émigré en Angleterre, publia en 1659 une brochure où il dénonce l’oppression des travailleurs par les industriels qui leur imposent de lourds travaux et ne leur offrent que des salaires réduits. Pour mettre un tenne à cette exploitation, il rêve d’une association économique où la propriété individuelle serait conservée, mais où disparaîtrait l’exploitation des uns par les autres. Cette association regrouperait les quatre plus importantes catégories d’individus dont est composée l’humanité selon Plockboy: agriculteurs, artisans, marins et maîtres ès arts et ès sciences.

L’association serait divisée en deux groupes, l’un à la campagne qui produirait les produits agricoles et industriels et l’autre à la ville qui écoulerait les produits du premier. L’adhésion des membres est libre et les dirigeants et employés doivent être élus pour une année par les membres de l’association. Ainsi, dans cette association, la production et la consommation se font sous un régime de coopération, ce qui permet, selon Plockboy, de créer un lien organique entre l’agriculture et l’industrie, de baisser le prix des marchandises, de faciliter le travail et d’effectuer la production dans des conditions avantageuses’2.

On peut résumer la pensée coopérative de Plockboy par les cinq propositions suivantes: 1.- l’Industrie opprime les travailleurs;

(33)

autonome; 3.- l’adhésion à la colonie est libre; 4.- employés et dirigeants seront élus par les membres qui, de plus 5.- décideront du partage des surplus 13•

De son côté, John Bellers (1654-1725) imagine, dans ses propositions pour la création d’une association du travail de toutes les industries utiles et de l’agriculture, un système basé sur des colonies coopératives de travail comme Plockboy mais qui comprendraient entre 300 et 3 000 associés, précise-t-il. Pour Beliers, c’est le travail et non l’argent qui constitue la vraie richesse d’une nation. De plus, le travail créateur émancipe les travailleurs.

Ces colonies réalisent la réunion de l’industrie et de l’agriculture, de la production et de la consommation.

À

la différence des associations de Plockboy, la colonie de Bellers devait produire au-delà des besoins de consommation des associés. On vend les surplus pour attirer et rémunérer le capital dont on a besoin.

Ce système, selon Bellers, permet l’amélioration du sort des pauvres en fournissant à ses membres un travail honnête, mais aussi en éliminant les intermédiaires et en diminuant les dépenses de consommation 14

Les caractéristiques fondamentales de la pensée de Bellers sont: 1- sa proposition de créer des colonies coopératives de

(34)

travail comprenant entre 300 et 3 000 membres afin de supprimer les intermédiaires ; 2- le travail est la vraie richesse d’une nation et 3- lorsqu’il est créateur, il émancfpe les travailleurs ; 4- les colonies devraient produire un surplus de produits pour attirer et rémunérer le capital.

Pour ce qui est de la pensée coopérative du pédagogue suisse J. H. Pestalozzi (1746-1827), Mladenatz la résume de la façon suivante. Pestalozzi, dans son célèbre conte rustique Lienhard und Gertmde (1781- 1787), décrit l’effondrement moral et économique d’un village et montre le chemin à suivre pour revenir à la ve grâce à l’instauration d’un nouvel ordre réalisé par l’initiative du peuple lui-même (idée de l’effort personnel), fondée sur le règne du travail, ne poursuivant pas le profit matériel, mais la formation d’hommes (exclusion de l’idée de profit) qui, par la collaboration, se pénétreront de l’esprit de collectivité humaine (idée d’aide réciproque, de solidarité sociale, suprématie de l’intérêt de la collectivité)15.

Les précurseurs du village coopératif avancent donc de nouvelles propositions que chaque penseur ajoute à la richesse doctrinale.

Nous avons établi cinq approches théoriques comme suit:

1. Le coopératisme socialiste utopique. Les pères de la coopération, Robert Owen, Charles Fourier et Saint-Simon, qui reprennent la pensée de précurseurs, ont développé l’idée de la coopération et de son rôle dans la construction d’une société

(35)

socialiste. Mais il faudra toutefois attendre leurs disciples immédiats pour voir se concrétiser leur pensée : King, Derrion, les Équitables Pionniers de Rochdale et Édouard Vansittart Neale.

Les adeptes de la coopération voient en elle une solution à l’inégalité sociale et une possibilité de transformation socio économique. Ils croient que la coopération, de par sa nature, est socialiste et capable d’abolir le profit et toute forme d’exploitation. Comme le socialisme se fonde sur le principe de la propriété collective et s’oppose à la propriété individuelle tout en considérant l’homme et non le capital comme étant la source légitime du revenu et du pouvoir, les socialistes donnent à la coopération un rôle majeur dans l’instauration du socialisme. Pour les socialistes, socialisme et coopératisme sont synonymes.

La fin du XWIIe siècle, marquée par la révolution industrielle qui remue toute l’Europe durant le )UXe siècle, crée des conditions de pauvreté et de misère intolérables pour les classes ouvrières européennes. Du fait que l’État n’accorde aucune attention à la protection des travailleurs et de leur famille, les pionniers de l’idée coopérative voient dans celle-ci un mode d’organisation collective par lequel combattre la pauvreté et faire accéder toutes les classes sociales à une prospérité économique.

Parmi les représentants du socialisme coopératif, qualifiés d’utopistes, on peut citer:

Robert Owen (1771-1858), ce philanthrope fou, comme le qualifiaient ses associés, forge son plan de réforme sociale en se

(36)

basant sur des «villages d’Unité et de Coopération mutuelle. Ces villages coopératifs spécialisés dans l’agriculture et l’industrie, fondés sur le principe de la propriété collective, sont le type de société idéale vers lequel Owen désire diriger ihumanité. En projetant son plan sur la scène internationale, il écrit que ce premier village d’unité et de coopération mutuelle qui sera construit servira de modèle pour tous les autres dans ce pays et à travers le monde’6.

e Ce projet pennettra aux membres des villages d’atxjuénr

une propriété commune, d’assurer de l’emploi et de supprimer le

profit desintennédiafres qui se placent entre la production et la

consommation»17

Owen précise bien la nécessité d’un monde réglé par une planification centralisée (le rôle de l1tat) par laquelle il croit pouvoir abolir la propriété privée, le profit, le salariat et le mercantilisme.

Owen est dominé par des préoccupations morales et éducatives. Il recherche une solution globale aux problèmes de distribution, de production, de l’éducation et de la vie dans son ensemble’8. Au départ, ses idées étaient favorablement reçues mais ce système, essayé en Angleterre et en Amérique, échoua (entre autres: La Nouvelle Colonie d’Harmonie en Indiana et le Liano Colonie près de Lessviel,

(37)

Owen nacceptait pas la thèse selon laquelle les coopératives capitalistes étaient les vraies coopératives. Par exemple, il s’opposait aux Pionniers de Rochdale de 1844, dont les principes deviendraient ultérieurement la base des coopératives capitalistes. En commentant les Co-op magasins de Rochdale, Owen disait:

«À ma surprise je trouvais teurs six ou sept sociétés

coopératives dans différentes parties de la ville, faisant un certain profit par le commerce de détail conjoint. II est, cependant, grand temps de mettre fin à la notioncourante selon laquelle c’est te système social que nous choisissons, ou qu’il triomphera dans le Nouveau Monde Moral» 20

Peu des principes d’Owen ont été adoptés; ses plans de réforme économique et sociale ont échoué. On peut expliquer sa prééminence dans la littérature sur la coopération par le fait qu’il attirait l’attention sur les abus courants du capitalisme.

Mais, les remèdes qu’il proposait auraient pu détruire le système; donc, son rôle dans Vhistofre de la coopération est désormais terni.

La théorie coopérative d’Owen se retrouve dans les éléments suivants: 1- il propose la création de villages coopératifs regroupant de 500 à 1 500 membres dans le but d’arriver à une réorganisation générale de la société; 2- il veut, comme Bellers, supprimer les intermédiaires; 3- il veut aussi supprimer le profit,

(38)

paieraient un Intérêt au capital; et 5- il est dominé par des préoccupations morales et éducatives.

Charles Fourier (1772-1837) d’origine française, voit dans le coopératisme

t

comme Owen lorsque, à la même époque, il réfléchissait sur les maux causés par la révolution industrielle en Angleterre) une possibilité d’organiser la libre initiative de citoyens dans un collectif de forces qui les conduirait vers une société communautaire et mutualiste. Il se distingue cependant considérablement d’Owen par la proposition de moyens d’action différents. Le système coopératif que propose Fourier se base sur des phalanstères (phalanges), associations strictement démocratiques et volontaires à l’instar du plan des villages coopératifs d’Owen. Le phalanstère regroupe entre 400 et 2 000 associés et sur son domaine sont bâtis le palais social qui abrite la salle à manger, la bibliothèque, les salles d’études, les salons de correspondance, les ateliers de travail et les salles de jeu pour enfants. Tous les membres de la colonie y habitent. Fourrier rejette toute entremise de l9tat dans les affaires des coopératives.

Les propositions de réforme de Fourier consistaient en beaucoup de chose mais essentiellement son plan devait organiser des associations communes couvrant trois miles carrés chacun. Ces associations contenaient des centres sociaux, des centres éducatifs et des commodités, entre autres choses. Chaque membre d’une association avait la propriété de parts dans la propriété commune.

Fourier n’utilise pas le terme coopérative, il utilise comptoir Communal21 Ce comptoir, selon Fourier, permettrait d’éliminer les

(39)

intermédiaires et ainsi de diminuer les prix à leur plus bas niveau.

Le fouriérisme était un plan pour décentraliser les grandes populations des villes, en les amenant à se déplacer vers les campagnes et à entrer dans des rapports de coopératisme, ce quf devait éliminer pour eux les problèmes relatifs à la vie urbaine. C’était donc un projet de création de communautés que nous dirions aujourd’hui utopique et qui, à l’époque, a servi d’exemple à plusieurs pays.

Le projet de Fourier a sa valeur, bien qu’il ait été essayé en France, en Hollande, aux tats-Unis et dans 40 autres communautés, sans succès. La mauvaise gestion, le manque de fonds et la rareté des recrues sont probablement responsables de l’échec de ces projets. Le fouriérisme, comme l’écrivait Paul Eweil Roy22, a plu à beaucoup d’intellectuels du moment de sa création jusqu’à aujourd’hui. Sur le plan pratique, pour l’époque, ce système avait du mérite.

En résumé, Fourier proposait l’association de phalanges regroupant entre 400 et 2 000 associés. Le phalanstère serait une association démocratique et volontaire. Le capital y serait rémunéré de façon variable. Dans le village, la propriété individuelle est maintenue ; cependant, la phalange est propriété collective. Enfin, Fourier proclame le droit au travail et prône l’abolition du salariat.

Saint-Sfmon (1760-1825), qui propose que l’anarchie économique soit remplacée par une organisation collective basée sur le

(40)

sentiment de fraternité et d’entraide parmi les membres de la société, n’a pas d’influence directe sur la coopération. Néanmoins, son idée du travail associé dans le cadre du socialisme, établit le fondement théorique de la coopération de production.

Owen et Fourier eurent plusieurs disciples au XJXe siècle. Parmi

eux je retiens:

Wïllfam King (1786-1865) fut l’un des plus influents disciples d’Owen. C’est lui qui fait le lien entre Owen et les 1quitables Pionniers de Rochdale. Au cours des années 182$ à 1830, King publia un petit journal mensuel, « The Co-operator », qu’il rédigea seul et dans lequel il exposa ses idées sur la coopération. Pour King, l’émancipation de la classe ouvrière doit se faire exclusivement par les moyens de cette classe. La coopération est donc pour lui un acte volontaire. Tout comme Owen, King soutient que la coopération doit contribuer à la transformation morale de Vhomme. C’est pourquoi il préconise la création d’écoles coopératives qui, en plus de cultiver l’inteffigence des enfants, formeront leur âme en leur apprenant à être bons. Cependant, à l’inverse d’Owen, la conception coopérative de King est profondément chrétienne. Selon lui, la coopération permet l’application des principes moraux du Christ .

Dans le même ordre d’idées, on peut mentionner Phflfppe Buchez (1796-1865) qui, ayant élaboré les idées Saint-Simon, a aussi une conception profondément chrétienne du but la coopération puisqu’il considère qu’elle rend possible la réalisation du

(41)

commandement divin qui prescrit d’aimer son prochain comme soi même”.

Il est reconnu pour avoir été le premier à exprimer les principes

fondamentaux des coopératives ouvrières de production25, qui formeront plus tard la base théorique du programme des Pionniers de Rochdale. Parmi ces principes, on peut souligner ceux de la démocratie (un membre un vote), la distribution des ristournes au prorata du travail, la dévolution désintéressée, l’actif net et la dualité membre-usager. Selon sa doctrine, le relèvement des classes ouvrières de l’état de misère et dépendance où elles se trouvent vis-à-vis des classes capitalistes ne peut se faire que par la coopération, qui leur donne la possibilité de se créer une vie indépendante et un bon état physique et moral25. La coopération donne la possibilité aux travailleurs d’organiser leur force de travail pour leur propre intérêt par l’accumulation d’un capital collectif, selon lui.

En résumé, les éléments fondamentaux de la doctrine de Kfng sont: 1- la coopération est un mouvement volontaire ; 2- il est partisan, tout comme Owen, d’une transformation complète de la société a l’afde de villages coopératifs 3- f1 esquisse le programme des trois étapes : consommation- industrie agriculture et 4- pour lui, la coopération permet l’application des principes moraux chrétiens.

En France, Fourier trouva un disciple dissident en la personne de Michel Derrion (1802-1850) qui fut d’abord disciple de Saint Simon. L’essentiel de la doctrine de Derrion se trouve dans le fait qu’il proclame, à la suite de King, la puissance potentielle du travailleur

(42)

comme consommateur. Il écrit dans l’Indicateur, journal industriel de Lyon:

« C’est dans cette qualité de consommateurs que réside (votre)puissance. Comme consommateurs, vous possédez le levier qu ‘Archimède demandait pour soulever te monde. il ne faut plus qu’apprendre à vous enservir»

Du courant qui s’inscrit dans la lignée d’Owen et des différentes expériences coopératives qu’a connues l’Angleterre à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle est née une synthèse originale des principes coopératifs, qui marqua par la suite le mouvement coopératif dans le monde, c’est-à-dire celle des 1quitables Pionniers de Rochdale en 1844. Le plan initial Pionniers, comme le fait ressortir Lambert, était

de créer une communauté autonome productrice groupant les coopérateurs comme consommateurs et comme citoyens28. Les quitables Pionniers de Rochdale s’orientent donc vers le mufti-fonctionnalisme, mais en commençant par la consommation comme le suggérait King. De plus, ils ont la volonté d’aider d’autres sociétés pour réaliser l’organisation économique et sociale du mond&.

Les Pionnfers de Rochdale n’ont pas de préoccupation idéologique. Ils cherchent avant tout à améliorer la situation économique des ouvriers anglais face à la misère causée par le développement de l’économie capitaliste. Us ne voient pas la coopération comme un projet de changement socio-économique.

Le reste de la théorie coopérative à laquelle ont adhéré les

Pionniers peut se résumer dans les huit règles suivantes auxquelles devaient se conformer les membres et la société: 1.- L’autorité

(43)

démocratique (la règle d’un homme un vote, 2.- L’adhésion libre et volontaire des nouveaux membres, 3.-Le paiement au capital d’un intérêt limité; 4.- La ristourne du surplus aux membres au prorata des transactions ou en d’autres mots l’esprit de service, 5.- L’achat et la vente au comptant, 6. - La pureté et la qualité des produits, 7. - La

vente au prix du marché, 8. - La dévolution désintéressée de l’actif net

en cas de dissolution de la société 30•

Ces règles ont été adoptées par l’Alliance Coopérative Internationale (ACI) en 1895, que nous présenterons à la page 32, et révisées par la suite à plusieurs reprises.

Les Pionniers trouvent l’un de leurs plus fidèles disciples en la personne de E. V. Neale (1810-1892). Neale voit dans la communauté autonome de travail, ou le village coopératif, Pidéal de la production coopérative. Comme les Pionniers, il croit que le mouvement doit commencer par essayer de contrôler le commerce de détail et de gros, pour ensuite s’emparer du secteur manufacturier et du secteur agricole. Ainsi arrivera-t-on au triomphe ultime de la coopération.

Pour lui, le socialisme et le coopératisme sont synonymes. Cependant, il s’oppose au socialisme militant sur deux points: les nationalisations et la lutte des classes.

Neale accorde à l’État, dans son plan, le contrôle général de la production et de la répartition des biens. Toutefois, dans ses relations avec l’État, la coopérative devrait préserver son autonomie complète.

(44)

1.2. Le coopératisme socialiste révolutionnaire

Les penseurs matérialistes révolutionnaires affirment avec Marx que les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières et que ce qui importe, c’est de le transformer. «Travailleurs du monde, levez-vous! Vous n’avez rien d’autre à perdre que vos chaînes, et un monde à gagner », disait Marx31 . Marx et Engels,

qualifient leur socialisme de « scientifique » et ils acceptent que la coopération occupe une place primordiale dans le projet du socialisme32.

Cette idée trouve sa réalisation en Russie après la Grande Révolution d’octobre (1917-1918) avec Viadimir Iffich Lénine et Joseph Visarionovich Staline et en Bulgarie après la victoire de la révolution socialiste (9 septembre 1944) avec Georgi Dimitrov, Vaiko Chervenkov et Todor Jivkov. D’après le marxisme, la suppression de la propriété privée des instruments de production constituerait le phénomène essentiel de la Révolution33. Ainsi, l’économie socialiste, et particulièrement l’économie agraire, les coopératives, les kolkhozes et les TKZS, qui sont le résultat de cette révolution, nous permettent de qualifier le coopératisme socialiste révolutionnrzire, ce qui le distingue du coopératisme socialiste utopique.

Parmi les représentants du socialisme coopératif que nous qualifions de révolutionnaire, on peut citer:

Vladimfr Iffich Lénine et son parti unique, en s’inspirant des idées de Marx et d’Engels, met en oeuvre un projet gigantesque, celui

(45)

d’une réforme agraire. Au fond de cette reforme réside l’idée de Lénine que « la terre appartient à ceux qui la cultivent ».

La Révolution visera d’ailleurs la suppression de l’exploitation des travailleurs agricoles et la fondation de coopératives agricoles socialistes. En considérant la coopération comme un passage de la petite exploitation paysanne à la grande exploitation socialiste, Lénine et ses disciples idéologiques veulent transformer l’agriculture en une grande exploitation collective, permettant l’utilisation des machines agricoles et l’organisation rationnelle du travail. La coopération, qui fait partie intégrante du projet socialiste, devra tout simplement faciliter l’entrée des producteurs individuels dans les kolkhozes, forme collective socialiste supérieure de l’exploitation agricole.

A la théorie révolutionnaire de Marx, Engels et Lénine,

Joseph VÏsarionovfch Stalfne (1879-1953) a ajouté une dimension nouvelle: celle de la puissance, d’t<une dureté inhumaine mais efficace », écrit F. Fejtô.

«f...]La dimension de la réussite on peut donc considérer le

stalinisme comme une tendance à légitimer, par des références à l’enseignement de Mwx et de Lénine, te pouvoir exclusif de l’appareil du parti et toutes les décisions de celui-d. »

Staline, homme politique et théoricien, participera à l’évolution de la théorie socialiste sur la coopération. Avec ses adhérents, il assimile le socialisme à un tat à parti unique et dans le projet du communisme, il donne un caractère transitoire à la coopération. Le régime communiste n’est pas compatible avec l’échange monétaire, ni avec la notion de production marchande. Dans sa réflexion sur la

(46)

coopération, Staline s’appuie sur la considération que toute la production agricole doit être intégrée au système d’échange des produits. La coopération et le socialisme, notions qu’Owen, Fourier, Saint-Simon et Lénine35 considéraient comme synonymes, sont devenues contradictoires chez Staline un siècle plus tard, comme le souligne Desroch&.

Sur le plan international, le stalinisme peut être défini comme l’adaptation du marxisme et de l’internationalisme prolétarien aux besoins politiques et économiques du système soviétique. Selon Fejtô, Staline a utilisé le marxisme-léninisme comme autrefois les tsars avaient utilisé l’orthodoxie chrétienne et le panslavisme pour promouvoir et justifier leur règne et l’expansion de la Russie 7.

En Bulgarie, le projet de Lénine, basé sur les principes fondamentaux (le principe de volontariat, de démocratie, d’éducation, de coordination entre les intérêts des coopérateurs, etc.38, par exemple), a trouvé sa réalisation. Pour Dimitar Blagoev, fondateur du parti social-démocrate, les coopératives sont le correctif de l’économie capitaliste. Cependant, le mouvement coopératif peut jouer un rôle encore plus efficace s’il s’engage dans la lutte quotidienne du côté du prolétariat, pour la victoire complète du socialisme. Blagoev défend sa théorie de la lutte des classes:

« La coopérative ne doit pas être seulement le magasin des produits bon marché, l’association des paysans utilise des outils primitifs pour labourer la terre, mais aussi la poudre et la balle (barut I kurchumi — en bulgare ) pour la ruine du

(47)

La conclusion de Lénine selon laquelle l’économie agraire capitaliste devrait se transformer en un nouveau système agraire socialiste 4° a été reprise par Georgi Dfmftrov, le Secrétaire du Parti

communiste et ministre de la République populaire Bulgare (RPB), après 1944. Dirnitrov et le parti communiste, avec la participation du parti agraire, ont commencé la reconstruction de l’économie agraire et industrielle. Dimitrov saisi la puissance potentielle des paysans dans le projet de construction du socialisme, et il écrit:

«Par la cottectivisation des terres et te développement de

l’industrie utilisant hautes technique et technologie, ta Bulgane peut assurer la prospérité (résultats) pour 25 ans, ce que tes

autres nations ont obtei’w pour 50-100 ans

Dans la Conférence Nationale des coopératives agricoles le 4 février 1947, Dimitrov souligne le principe léniniste de volontariat dans la collectivisation de la terre42. Mis en pratique, ce principe rencontre l’opposition des propriétaires fonciers dénommée kulazi qui, dans la première étape de la coopération, ont refusé d’entrer dans le kolkhoze volontairement. Le processus de collectivisation des terres

aboutira donc quand les propriétaires fonciers entreront dans les coopératives nommées TKZS (Trudovo kooperativno zemedelsko stopanstvo) .

Dimitrov n’a pas vécu assez longtemps pour voir émerger, dans la pratique, la modification des principes socialistes de coopération et la contradiction entre les coopératives TKZS (basées sur la propriété coopérative) et les entreprises de l’ltat APK, Agramo-promishlen kompteks, (basées sur la propriété d’1tat), qui en fin de compte achèvera la liquidation des formes coopératives et est lié au nom de Todor Jivkov.

(48)

Après le plénum d’avril 1956 du Comité Central du Parti Communiste (CCPC) qui nomma Todor Jivkov comme dirigeant du

Parti et ensuite ministre de la République Populaire de la Bulgarie)44, a été lancé un nouveau concept au sujet des intérêts matériels des coopérateurs et de la place importante de l’économie agricole dans l’économie bulgare: 1.- la détermination du salaire des agriculteurs doit se baser sur la quantité, la qualité des produits et de bas frais de la production, 2.- l’agro-économie doit se développer comme une partie intégrante dans l’économie nationale, 3.- la concentration et la spécialisation des coopératives agricoles doivent viser non seulement l’utilisation de machineries agricoles et de technologies modernes, mais aussi réduire graduellement le secteur coopératif pour fusionner avec les entreprises dtat. Ces positions trouveront leur réalisation surtout après 1970, quand auront été créées les unités agro industrielles de l’tat, APK.

Pour les coopératives agricoles, cela signifie une reconstruction et une adaptation, c.-à-d. en pratique, leur liquidation.

Une nouvelle politique de la coopération a été possible après la chute du régime socialiste, le 10 novembre 1989. Dans l’étape de transition de l’économie existante vers l’économie de marché, le mouvement coopératif adopte les nouvelles conditions et sy adapte.

Le concept du coopératisme, dit libéral, qui s’appuie sur la propriété

privée et les principes internationaux de la coopération est mis en oeuvre.

Eu résumé, les penseurs marxistes-léninistes ne considèrént pas la coopération comme un moyen par lequel on peut réaliser

(49)

la transition du socialisme au communisme, car elle reste loin de l’action politique.

Cependant, par la nationalisation de la terre et son exploitation collective, fis voient dans la coopération l’aspect économique -la lutte des classes-, et considèrent la coopération ouvrière comme une stratégie unique d’émancipation économique du prolétariat.

Les fonctionnaires marxistes s’appuient sur l’idée que la coopération est tout simplement une étape transitoire dans l’évolution du socialisme. Lorsque la coopération (d’aspect économique) se limite à la lutte contre le système capitaliste elle ne peut pas, en tant que telle, mener à une transition radicale et globale de la société. Une telle transformation est possible par la conquête du pouvoir en premier lieu.

Selon les marxistes-léninistes, la coopération ne peut pas

constituer une théorie économique distincte des théories

classiques, c.-à-d. qu’on ne peut pas développer une théorie de la coopération Indépendamment de ces théories.

1.3. Le coopératisme

La coopération proposée comme mode d’organisation socio économique par le socialisme utopique d’Owen, de Saint-Simon et de Fourier ne pourra se réaliser avant l’expérience des Pionniers de

(50)

Rochdale en Angleterre (1844), prototype qui marque la naissance du coopératisme moderne. Grâce aux principes fondamentaux des « pères de la coopération » et aux idées progressistes d’autres penseurs, la formulation du coopératisme - comme système socio-économique

distinct du capitalisme et du socialisme- devient possible. Les Pionniers, qui ont repris les idées socialistes pour en tirer les célèbres principes de la coopération, inspirent de nos jours le mouvement coopératif international.

Ces principes, adoptés par l’ACI en 1895 et révisés par la suite à plusieurs reprises, sont les suivants: 1.- la démocratie- la règle

« un homme=une voix »; 2.- la répartition des bénéfices au prorata du volume d’affaires qu’effectuent les membres avec leur coopérative; 3.- la dévolution libre et volontaire; 4.- la rémunération du capital à un taux d’intérêt fixe; 5.- l’adhésion libre et volontaire; 6.- l’achat et la vente au comptant; 7.- la neutralité politique et religieuse; 8.-l’éducation à la coopération.

Ces principes sont devenus obligatoires pour tous les pays qui veulent amorcer un mouvement vers la formule de la coopération dans l’avenir. Ils deviennent un prototype du coopératisme moderne. Grâce à ces principes et idées progressistes, la formulation de doctrine du coopératisme, comme un système socio-économique distinct du capitalisme et du socialisme, devient possible.

Lorsqu’on cherche une explication plus précise au coopératisme, on se rend compte que les adhérents â cette approche sont très différents les uns des autres. Ils proviennent en général de deux courants idéologiques antagonistes- le socialisme et le libéralisme - et leur trait commun est qu’ils aspirent tous à une

(51)

Le courant du coopératisme socialiste:

Parmi les socialistes qui adhèrent à cette approche du socialisme, on peut distinguer Edward Pfefffer, fondateur de l’école allemande de la « tendance de Haxnbourg», Charles Gide et Bemard

Lavergne, représentants de l’école de Nîmes en France.

Edward Pfeiffer, dès 1863, opposait au socialisme et au communisme un nouveau système économique, le coopératisme. Au début, il affirmait que la transformation de la société pouvait se faire par les coopératives de production, cependant plus tard, Pfeiffer parvient à l’idée que la réalisation de cette réforme serait possible par des coopératives de consommation qui étendraient leur domination à la production.

En bref, pour luf, la coopération doit permettre de transformer la socfété grâce à une évolution lente et pacifique, mais aussi devenir un moyen de réconciliation des classes sociales 45.

Charles GIde (1847-1932) reprend à son compte le programme de Pfeiffer. Père de l’école de Nîmes, ses principaux disciples sont Bemard Lavergne, Emest Poisson et Georges Lassere. Réformateur chrétien, il considère le coopératisme comme un mode d’organisation des activités économiques d’une société capable de se substituer aux deux modes d’organisation socialiste et capitaliste46.

Il croit que la concurrence libérale est inefficace et le profit, un

élément parasitaire nocif. Il condamne la concurrence parce qu’elle est une lutte et prône son remplacement par la solidarité.

Références

Documents relatifs

Comme souligné précédemment, un élément marquant de notre modèle est l’importance de l’hétérogénéité inobservée pour les coopératives : la forme de la courbe de survie

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des

Triboulet P., Pérès S., 2015, « La répartition spatiale des industries agro- alimentaires dans le secteur coopératif français », Economie Rurale, 346, 49-69.Barraud-Didier

R ESUME : Cet article porte sur les stratégies d’adaptation et de relance de la Coopérative Agricole des Planteurs de la Menoua (CAPLAME) à l’Ouest Cameroun suite à la

Testant ces principales hypothèses, nous développons ici une première approche de la survie des coopératives agricoles françaises, afin de spécifier leur particularité par rapport

Déterminants de la disparition des coopératives en fonction du mode de disparition Les modèles complémentaires log log sont testés sur l’échantillon de coopératives, en fonction

Comparison of pooled observations for muscle strips with mean transpulmonary pressure of cmH2O(circles) and 2.5cmH20 (triangles) for dynamically equilibrated force and

Ensuite, Shah récuse ces deux arguments du fait de leur manque d’utilité pratique. En effet, le fait que des contextes soient plus ou moins propices à la réussite des coopératives