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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Filmer dans l'exposition : un moyen pour l'évaluation ?

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Academic year: 2021

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FILMER DANS L'EXPOSITION :

UN MOYEN POUR L'ÉVALUATION?

Sophie MATHÉ Christian SARRALIE

Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris V

MOTS-CLÉS: EXPOSITION - ÉVALUATION - VIDÉO - PUBLICS - MUSÉOORAPHIE-MUSÉOLOOIE

RÉSUMÉ : Huit caméras, réparties dans l'exposition de préfiguration "On a marché sur la Terre" (Mai 91 - Fév 92), ont permis de préciser les modalités de parcours et de comportement des visiteurs face aux supports présentés. La Vidéo, techniquement maîtrisée, peut enrichir la collecte traditionnelle de données et offrir aux évaluateurs des perspectives de recherche très intéressantes.

SUMMARY : Eight cameras were distributed throughout the exhibition "On a marché sur la Terre" (May 91 - Feb 92), to observe and note visitor's behaviours as they visited each exhibit. Video techniques, which are corrected orientated, can provide new ways of collecting informations, and offer interesting prospects for research and evaluation.

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1. INTRODUCTION

Organisée au Muséum National d'Histoire Naturelle à Paris, de Mai 1991 à Février 1992, l'exposition "On a marché sur la Terre" (conçue sous la direction de M. Van-Praët) constituait l'élément central d'un programme d'évaluation de la future Galerie de l'Évolution du Jardin des Plantes. Dans ce cadre et grâceà des aides du Ministère de l'Éducation Nationale et de la coopération franco-québécoise, une étude des comportements des publics a été développée (Eidelman et al.).

L'exposition visait entre autresàrépondre aux problématiques suivantes: Existe-t-il un lien entre parcours topographique et orientation conceptuelle? Y-a-t-il compétition ou synergie entre certains supports muséographiques ? L'exposition se prêtait particulièrement bien à ce type de questionnement, puisque, en tant qu'exposition scientifique, elle comporte une "trame narrative".

L'étude présentée s'est appuyée sur l'analyse des trajets des visiteurs. Si ceci n'est pas une préoccupation nouvelle, l'utilisation de la Vidéo pour ce genre de travail est peu fréquente (Niquette). Nous tentons d'en préciser ici les avantages et les limites.

2. MOYENS ET MÉTHODES DE L'ÉVALUATION

2.1 Une exposition à lester

L'exposition se divisait en trois salles: la première présentait les pionniers végétaux et animaux, et illustrait les contraintes de la sortie des eaux ; la deuxième développait le cas intermédiaire des Amphibiens, et la troisième regroupait les Vertébrés terrestres.

Les supports de présentation offerts au public étaient nombreux et variés:

échantillons naturalisés, échantillons vivants animaux et végétaux, films vidéo, maquettes reconstituées d'après échantillons fossiles ou vivants et logiciels interactifs.

Pour l'équipe d'évaluation, conduite par Jacqueline Eidelman et Bernard Schiele, il s'agissait donc d'installer un dispositif de prise de vue, permettant d'observer le fonctionnement et l'appropriation de ces différents supports, dans les trois salles.

Huit caméras (4 fixes et 4 mobiles) étaient réparties dans l'exposition, comme le montre la figureàla fin de cet article. Sur les bandes filmées figurent la date et l'heure de l'enregistrement, ainsi que le numéro de la caméra qui a fourni l'image.

2.2 Une stratégie adoptée

Simone Bentsinger suivait, à l'aide des différentes caméras et de deux moniteurs de contrôle, le parcours intégral de visiteurs (seuls ou accompagnés), et cecià des moments où la foule était plus ou moins dense dans l'exposition.

Les personnes suivies étaient soumises,àl'issue de leur visite,àun questionnaire où il leur était demandé (entre autres) de retracer leur parcours sur un plan et de noter leurs principaux

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points d'arrêt... De cette façon, il était possible de confronter le sens de leur visite à la compréhension du discours scientifique, et de repérer les zones plus ou moins fréquentées.

3. UTILISATION DU DISPOSITIF

3.1 Analyse de parcours physiques et conceptuels

Plusieurs types de parcours ont pu être distingués, par exemple: - ceux qui se déplacent d'objet en objet,

- ceux qui longent systématiquement les côtés de l'exposition, - ceux qui s'organisent autour de certains supports,

- ceux qui se construisent en fonction des contenus.

Tout parcours est fait de temps et d'espace. C'est dansladimension temporelle que la Vidéo apporte le plus, puisqu'elle permet de conserver des données en temps réel. Cependant, l'emploi abusif de zooms ou de mouvements de caméra inutiles peuvent noyer l'information et la rendre difficilement accessible.

3.2 Étude de la répartition et des déplacements de la foule

L'identification des principaux points d'arrêtà partir de l'analyse des parcours mémorisés, a permis de mesurer les zones d'impact de l'exposition.

Trois catégories de zones ont ainsi été défmies :

- les zones d'attraction: fortement fréquentées (>50% des visiteurs), -les zones d'intérêt: moyennement fréquentées(20<...<49%des visiteurs), - les zones d'attention: peu fréquentées (<20% des visiteurs).

L'outil vidéo a l'avantage de fournir une information "brute" qui relie ces types de zones au contexte de la visite (densité, durée, accompagnateurs...), ce qui favorise d'ailleurs l'analyse.

D'autre part, les bandes enregistrées révèlent des règles de circulation.

Une étude de flux est donc possible. Plusieurs paramètres peuvent être pris en considération: - l'architecture des lieux, qui occasionne parfois des modifications de trajectoire,

- la motivation de la visite (scolaire, touristique, familiale...), qui influence le type de parcours (long ou court, systématique ou errant...),

- la densité des visiteurs faceàun support, qui peut attirer d'autres visiteurs ou au contraire les repousser.

Pour ce genre d'étude, des caméras "grand angulaire" fixes apparaissent suffisantes.

3.3 Étude des interactions entre les composantes de l'exposition - Interactions "visiteur-support"

La discrétion des caméras permet d'observer comment les publics utilisent les différents supports misà leur disposition, et de quelle façon ils sont attirés puis retenus par ceux-ci (sans interférer

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comme cela se produit lors de suivis en direct). Il est également possible de détecter les difficultés ou les détournements d'utilisation de certains supports (guide/éventail, vitrine/support d'écriture ... ).

- Interactions "support-support"

La Vidéo permet de montrer le passage d'un supportàl'autre et éventuellement les interférences, positives ou négatives, existant entre ces deux supports. Ces interactions entre supports constituaient l'un des objectifs de l'équipe de conception de l'exposition. De la même façon,ilest possible d'étudier les rapports établis par les visiteurs entre les différentes approches d'un même support (panneau écrit, jeu interactif, fiches de lecture).

- Interactions "visiteur-visiteur"

Le dispositif vidéo mis en place était également destinéà suivre de telles interactions. Il permettait de repérer les périodes pendant lesquelles les visiteurs se rencontraient, interagissaient; et de quelle façon ces rapports influençaient leur trajectoire. Des zones de regroupement, de discussion, de décision ou de gêne ont été détectées.

Bien entendu, l'enregistrement des conversations des visiteurs constitue, lorsque c'est possible, un apport considérable pour l'évaluation.

3.4 Observation des "attitudes" des visiteurs

La Vidéo est un moyen particulièrement adéquat pour une observation "indiscrète", à condition d'utiliser un zoom et un matériel ayant une bonne définition image. Postures, gestes et comportements peuvent alors compléter l'étude d'un parcours suivi.

Sans bande-son ou entretien complémentaire, l'interprétation de certaines attitudes reste subjective; la méthodologie incluait de ce fait des enregistrements au niveau de supports particuliers et des entretiens en fin de parcours permettant de comparer parcours réel et parcours mémorisé.

3.5 Analyse de l'utilisation d'un support

Certaines zones (Végétaux, Hormones...) ont fait l'objet d'une évaluation particulière, associant: bandes audiovisuelles, questionnaires, et entretiens semi-directifs.

Les objectifs étaient multiples:

- étudier le pouvoir d'attraction du support et l'utilisation des différentes approches proposées, - rechercher les représentations de la notion exposée,

- mettre en évidence les stratégies d'appropriation du message offert par le support, c'est-à-dire identifier les schémas de lecture des visiteurs, étudier la structure du raisonnement et mesurer la compréhension des concepts scientifiques.

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4. BILAN DU SUIVI ÉVALUATIF À L'AIDE DE LA VIDÉO 4.1 Limites de l'outil vidéo

- Difficultés inhérentes au dispositif

- vitesse de rotation des caméras mobiles: une vitesse lente augmente le risque de perdre les visiteurs suivis,

- nombre de moniteurs de contrôle: la configuration à deux moniteurs se révèle insuffisante, car la visite s'effectue souvent en groupe, et que lorsque les membres d'un groupe se séparent, ils ne peuvent être suivis qu'à l'aide de nombreux écrans,

- console de sélection: une manipulation peu aisée alourdit le suivi de parcours. - Difficultés inhérentes au matériel utilisé

- défmition image du VHS : une mauvaise définition rends la lecture difficile,

- son: une bande audiovisuelle ou un micro-canon, pourraient se révéler utiles à l'interprétation des zones de discussion. Mais il faut toutefois veiller à ce que le fond sonore de l'exposition ou le bruit occasionné par le support testé ne couvre pas la voix des visiteurs,

- couleur: une bande vidéo couleur aurait pu aider les évaluateurs dans l'analyse de la "zone Hormones". (Les trois boules du jeu possédaient chacune une couleur correspondantàune hormone spécifique),

- coût: la sélection d'un matériel adapté à l'étude projetée réduit les dépenses. - Difficultés inhérentes à la manipulation

- mouvements multiples de caméras: fatiguent l'évaluateur en cours de décriptage des bandes vidéo,

- facilité de tournage : l'allongement du temps de bande enregistrée alourdit le coût de la "postproduction",

- piège du plan large : ce cadrage permet la mémorisation d'un très grand nombre de renseignements; mais une image est difficile à lire s'il n'y a pas de hiérarchisation des éléments. Le cameraman doit connaître l'objet principal de son investigation et savoir le cadrer avec les éléments secondaires du contexte qui l'enrichissent.

- Difficultés inhérentes au contexte

- éclairage: l'ambiance sombre de l'exposition, voulue par les scénographes, augmentait la difficulté d'analyse des bandes vidéo; de plus, les contrastes entre les zones plus ou moins éclairées interféraient sur la qualité des prises de vue,

- architecture des lieux : certains supports se trouvant dans le champs de la caméras occasionnaient des zones aveugles,

- densité en visiteurs: plus elle s'élève, plus le travail de suivi est laborieux,

- choix des personnes suivies: les visiteurs présentant des signes distinctifsàl'écran étaient plus facilement choisies, ce qui pouvait introduire un biais dans l'échantillonnage; d'autre part, si l'évaluateur choisissait de suivre un couple,ilrisquait de voir les deux personnes se séparer. Enfin, filmer ou enregistrer des visiteurs à leur insu engendre des problèmes d'éthique, qui, dans le cadre de cette étude, s'appuyait sur un avertissement écrit des visiteurs à l'entrée de

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l'exposition et mention systématique de l'enregistrement aux visiteurs lors de l'entretien en fm de visite.

4.2 Ressources de l'outil vidéo

• Avantages pour la prise de données

- discrétion : les caméras permettent d'observer les personnes suivies de très près, sans les importuner ou intervenir sur leur visite,

- neutralité: l'information collectée ne peut être modifiée ou partialisée,

- vue en plongée: les caméras, fixées en hauteur, offrent des images avec des plans d'ensemble, contenant des informations qui ne seraient pas accessibles à des observateurs au sol.

• Avantages pour le traitement des données

- facilité d'accès: pas besoin d'être expert en Vidéo pour visionner une bande!

- restitution immédiate de l'image: après enregistrement, l'évaluateur peut visionner les bandes sans traitement préalable,

- manipulation possible de l'image: ralentis, accélérés, arrêts sur image... • Avantages pour l'analyse des données

- conservation d'informations en temps réel: ce qui permet de mesurer les temps d'arrêt ou d'interactions par exemple,

- conservation d'informations "brutes" : il est ainsi possible de relire ultérieurement l'enregistrement dans une autre optique d'analyse.

5. CONCLUSION

Une installation vidéo, même modeste, fournit des informations très riches pouvant constituer une base de recherche intéressante. Cette collection de données brutes se révèle le complément pertinent des méthodes d'évaluation traditionnelles. L'outil vidéo permet ainsi aux évaluateurs d'aborder leur discipline sous un nouvel angle.

BIBLIOGRAPHIE

EIDELMAN (J.), SAMSON (D.), SCHIELE (B.), VAN-PRAËT (M.), Elements of a metJwdology for Museum evaluation, Visitor behavior,4, 1992,p.13l-147.

NIQUETrE (M.),"On a marché dans l'exposition", Rapport préliminaire d'évaluation sur les fluxde circulation dans l'exposition "On a marché sur la Terre", Paris, 1991.

MATIIÉ(S.), SARRALIE(C.),film vidéo: Exposition, Évaluation et Vidéo, 16minutes, VHS, Paris, 1992.

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Répartition des caméras dans l'exposition Sortie Herbier

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Entrée

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