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M A. Andrés Sanz (ed.), Isidori Hispalensis ep. Liber differentiarum [II]

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CHRONIQUES ET COMPTES RENDUS

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Isidori H ispalensis episcopi Liber differentiarum [II], cura et studio María Adelaida

Andrés Sa n z, Tumhout, Brepols, 2006 (Corpus Christianorum. Series Latina l l l A ) ,

323* + 126 p.

Durant les quinze dernières années, grâce à Carmen Codoñer et à María Adelaida Andrés Sanz, notre connaissance des livres des Différences d’Isidore de Séville a fait d’immenses progrès. Jusqu’aux travaux de ces deux philologues, on considérait les traités publiés dans la Patrologie Latine (t. 83, col. 9-98) comme deux parties d’un seul ouvrage, qu’on appelait livres I et II des Differentiae d’Isidore. C. Codoñer, qui a édité le livre I (en 1992, dans la collection «Auteurs Latins du Moyen  ge»), a montré que la transmission manuscrite la plus ancienne de ces deux livres était indépendante : il ne s ’agit donc pas d’une même œuvre divisée en deux livres, mais de deux œuvres indépen­ dantes. Et Ma.A. A. S. a montré que dans les quelques manuscrits où ils sont unis, c ’est Y Inter Deum (celui qui est appelé « livre II» dans la PL) qui est désigné comme «livre I» alors que Y Inter caelum («livre I» dans la PL) porte le numéro II: c ’est ce qui explique le choix d’intituler cette édition critique de Y Inter Deum comme liber differentiarum [II] avec le chiffre « II» entre crochets.

Mais là ne se trouve pas la véritable révélation de cette édition : en collationnant les plus anciens manuscrits de Y Inter Deum (appelons-le ainsi pour éviter toute ambiguïté), Ma.A. A. S. a découvert l ’existence d’une famille, qu’elle appelle y/, qui offre une version du texte très différente des quatre autres familles (la situation est de surcroît compliquée par le caractère hétérogène de y/ : plusieurs passages ne sont conservés que par deux ou trois manuscrits de ce groupe). Certaines additions propres à y/ sont vraisemblablement inauthentiques, mais d’autres pourraient - le conditionnel s’impose - être de la main même d’Isidore. En d’autres termes, il pourrait y avoir deux recensions isidoriennes de Y Inter Deum comme il y a deux recensions de la Chronique ou de Y Histoire des Goths. Ma.A. A. S. est extrêmement prudente sur ce point, et elle semble même pencher pour Y inauthenticité de la seconde version. Il n’en reste pas moins que le réviseur qui est à l ’origine du texte y/ avait une remarquable familiarité avec les sources, le style et l’œuvre d’Isidore... Afin de laisser aux lecteurs la possibilité de se faire leur propre opinion, l’édi­ trice a choisi d’éditer les passages d’authenticité douteuse, qu’il s’agisse de paragraphes entiers ou de simples groupes de mots, en les incorporant au texte même, mais en les mettant entre crochets (on se demande d’ailleurs quel sera le statut de ces fragments dans les bases de données lexicographiques).

Voici maintenant quelques remarques sur le texte, ses sources et ses parallèles isido- riens.

Ch. VIII, 1. 4, naturam : la variante natura non seulement offre un sens plus satisfai­ sant («par nature»), mais surtout elle s’impose d’après le stemma.

Ch. XIII, 1. 2, inrationabilia : la variante inrationabilia rationabilia, adoptée jadis par Arévalo, est pour le moins tentante. Elle est conservée par les familles y/ C, ce qui lui donne un poids stemmatique non négligeable: dans le stemma bifide de Ma.A. A. S., où y/ équilibre l^Xpy réunis, elle a au moins autant de poids que la leçon inrationabilia. En outre, elle est cohérente avec le reste du chapitre (trois couples de contraires non uiuentia / uiuentia, inrationabilia / rationabilia, mortalia / inmortalia ; opposition entre la troisième catégorie, celle des animaux qui «ont de la sensibilité », et la quatrième, celle des hommes qui «ont de la sensibilité et qui pensent»), et elle peut être mise en

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parallèle avec la classification de Lib. num. 7, 31 (texte auquel Ma.A. A. S. fait allusion p. 263* n. 110: non uiuentia, uiuentia, sensibilia, rationabilia, immortalici, Deus). Il est vrai qu’elle présente aussi des difficultés: elle oblige à mettre m ortalia en facteur commun à inraîionabïlia et rationabilia (il faut comprendre inrationabilia m ortalia, les animaux, et rationabilia mortalia, les hommes), alors que dans son énumération Isidore semble attribuer un seul adjectif à chaque catégorie. D e plus, Isidore indique qu’il y a six degrés, or dans le texte de y/ Ç il en énumère sept : non uiuentia, uiuentia, inrationabilia (mortalia), rationabilia mortalia, inmortalia et D eu s\ toutefois, cette incohérence n’est pas aussi gênante qu’elle paraît, puisqu’au ch. XLI Isidore écrit qu’il y a sept péchés capitaux et que cela ne l ’empêche nullement d’en énumérer huit (il faut noter d’ailleurs que le péché suprême, l ’orgueil, est introduit de la même façon que Dieu dans le ch. XIII : nouissimus... Deus, nouissima... superbia). Finalement, le principal argument en faveur du texte choisi par Ma.A. A. S. reste l ’accord des trois familles de manuscrits Xpy.

Ch. XIV, 1. 5, secu ri: encore un passage difficile. Le texte édité par Ma.A. A. S. (et déjà par Arévalo) offre un sens beaucoup plus satisfaisant que celui de ÇÀpy, qui omettent securi et obligent à faire de felicitate le complément de futuri praescii (plusieurs copistes ont d’ailleurs vu la difficulté et ont ajouté un adjectif pour former un groupe avec fe lic i­ tate) ; il présente de plus un parallèle avec les derniers mots de la Laus Spaniae (felicitate secura). Il n’en reste pas moins que l ’adjectif securi n ’est conservé que par y/ (et aussi par m, mais c ’est sûrement une innovation par rapport à l ’ancêtre de la famille p) : comme cette famille porte la trace de divers remaniements, cela ne peut que le rendre suspect. Fallait-il le mettre entre crochets, comme d’autres passages douteux ?

Ch. XVII, 1. 29-32: cf. Dijf. I, 378 (589).

Ch. XVII, 1. 51, genae a genibus dictae : il aurait pu être intéressant de signaler la rela­ tion étymologique inverse dans le même chapitre (genua a genis dicta, 1. 134).

Ch. XVII, 1. 62-63 : Ma.A. A. S. indique le parallèle avec Dijf. I, 380 (336), mais ne mentionne pas leur source commune (selon C. Codofier) : Agroecius 11 6 ,5 .

Ch. XVII, 1. 83, a p e rit: ce verbe n’est attesté par aucun ms. ancien. Il fallait éditer operit, garanti par l ’accord unanime des mss. (qui, il est vrai, sont limités à deux à cet endroit-là) et par le parallèle avec Etym. XI, 1, 59 (texte cité p. 183*).

Ch. XVII, 1. 96, erectum. La tradition manuscrite se répartit ainsi: rectum Ckpy / erectum y/. Ma.A. A. S. a sans doute eu raison d’éditer erectum, car cette leçon est attestée aussi par la source d’Isidore (Lactance, Op. D ei 10, 26). Mais on ne manquera pas de rappeler le caractère suspect des variantes propres à y/.

Ch. XVIII, 1. 1-17 : cf. Lib. num. 7, 31.

Ch. XIX, 1. 78, pueri : cette forme est attestée par un seul ms. ancien (P). La tradition manuscrite oppose encore les deux grandes branches du stemma : pueriae CXpy / p u er y/. Le singulier puer n’ayant pas de sens, il fallait peut-être oser éditer pueriae. Cet hapax pourrait se comprendre comme une création ad hoc, destinée à expliquer puerpera à partir de pu er et de parere. Le sens de la phrase serait donc : « On appelle proprement puerperae celles qui ont accouché pour la première fois, et cela parce qu’elles enfantent (pariant) vraiment en étant pueriae, c ’est-à-dire des jeunes filles (pueriae, id est puellae). » Un tel néologisme ne serait pas exceptionnel chez Isidore : dans les E tym ologiae, voir les exemples donnés par I. Velázquez, «Formación de palabras en las Etimologías de Isidoro de Sevilla: un reflejo de la lengua viva de su época», Aemilianense 1, 2004, p. 601-663 (spéc. p. 653-657), et dans les Differentiae II, cf. m ollier dans ce même ch. XIX (1. 22).

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Ch. XXV, 1. 12-13: cf. Salluste, Cat. 1 , 2 ? (Cette possible réminiscence est signalée par J. Fontaine, Isidore de Séville et la culture classique dans VEspagne wisigothique, Paris, 21983, p. 678.)

Ch. XXVI, 1. 2-7 : cf. Diff. I, 371 (116). Ch. XXVIII, 1. 28-32: cf. Eccl. off. II, 24, 3.

Ch. XXXIII, 1. 10, operibus : la variante operis semble préférable. Ch. XXXV, 1. 22-25 : cf. Sent. III, 28, 1.

Ch. XXXVIII, 1. 17, uoce g e stu : les mss. se répartissent ainsi: uocem £Xpy / uoce y/, gesta Ì^Xpy + 1 branche de y/ (A) / gestu 2e branche de y/ (PfBF). Voce gesta paraît être le meilleur choix.

Ch. XL, 1. 3-4 : cf. Etym. II, 24, 5 et Lib. num. 5, 23. Ch. XLI, 1. 2-3 : cf. Lib. num. 5, 23.

Ch. XLI, 1. 7, maie usae : passage suspect car attesté seulement par y/ (et par Tt, mais il s’agit probablement d’une contamination : cf. p.

233*).

Néanmoins il est renforcé par le parallèle avec Sent. II, 34, 1, qui comporte les mêmes mots.

Ch. XLI, 1. 21-24: cf. aussi A ile g. 164 et Quaest. in Deut. 16, 3-4. Ch. XLI, 1. 46-47 : cf. Syn. I, 36.

Ch. XLI, 1. 52, penitudine : la tradition ms. penche très nettement en faveur de pleni­ tudine. Il est vrai que Cassien (Inst. 9, 10, non mentionné dans l ’apparat des sources) emploie l ’expression paenitudine delictorum, mais rien n’empêche Isidore d’avoir légè­ rement modifié sa source (il se peut aussi qu’il ait eu un ms. de Cassien comportant la variante plenitudine).

Ch. XLI, 1. 65-67 : cf. Diff. I, 124 (504).

Les lecteurs de ce compte rendu auront compris que si j ’ai choisi d’entrer dans le détail des variantes manuscrites, ce n’est pas par esprit chicanier, mais en raison de l ’énorme intérêt de cette édition critique.

Jacques El f a s s i

Scripta de uita Isidori H ispalensis episcopi : Braulionis Caesaraugustani episcopi Reno- tatio librorum domini Isidori, Redempti clerici Hispalensis Obitus beatissimi Isidori H ispalensis episcopi, Vita sancii Isidori ab auctore anonymo saeculis xi-xii exarata, cura et studio Jose Carlos Martín, Tumhout, Brepols, 2006 (Corpus Christianorum. Series Latina 113B), 454 p.

Ce livre comporte trois textes sur Isidore de Seville : la Renotatio librorum domini Isidori écrite par Braulion de Saragosse, qui en donne la première «bibliographie»; Y Obitus beatissim i Isidori H ispalensis episcopi dû à un clerc de Séville par ailleurs inconnu, nommé Redemptus, qui est le principal et presque le seul témoignage conservé sur les derniers jours d’Isidore; et enfin une Vita sancii Isidori anonyme, composée en Espagne au x ie ou x n e siècle, qui utilise à la fois la Renotatio, Y Obitus et la notice consa­ crée à Isidore par Ildefonse de Tolède dans son De uiris illustribus (c. 8). L’édition de la Renotatio reprend, en y apportant trois légères modifications (indiquées et expliquées p. 189-191), celle de 2002 qui a déjà été recensée dans cette revue (voir ALMA 61, 2003,

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