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Question adressée à Nicole Grataloup

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Academic year: 2021

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Question adressée à N. Grataloup

« La philosophie n’est pas un temple, mais un chantier » écrit Georges Canguilhem dans une conférence prononcée en 1990 et intitulée « Qu’est-ce qu’un philosophe en France aujourd’hui ? ». Cette phrase, plus qu’un simple leitmotiv, me semble constituer sinon le principe, du moins le « fil conducteur » de vos recherches (comme le suggère du reste sa place d’incipit dans votre article – passionnant ! – « Travail de la langue, travail de la pensée »).

Affirmer de la philosophie qu’elle est un chantier et non un temple, c’est d’abord affirmer que la philosophie déjoue d’avance toute logique du plan (ou de la méthode, si l’on entend par là moins ce qui relève d’un art que d’un ensemble d’invariants procéduraux qu’il s’agit d’exécuter). Une telle qualification fait signe vers une conception ouverte et souple de la philosophie : le temple est ce qui se présente d’un seul tenant, où rien ne manque et rien n’est de trop ; là où le chantier, s’il présente des fondations, est encore en voie de constitution. La philosophie est « activité » au sens fort du terme, puisqu’il y s’agit pour le sujet philosophant d’un véritable « processus de subjectivation ».

Selon vous, ce processus de subjectivation est en particulier à l’oeuvre dans les « activités d’intertextualité », comme l’est, notamment, la forme « colloque ». Or, si ces activités peuvent prendre diverses formes, elles s’ancrent, sinon toujours du moins le plus souvent, dans la pratique de la lecture de textes philosophiques. Lorsque vous affirmez que l’intertextualité « manifeste que penser par soi-même n’est pas penser seul, mais au contraire penser à partir de, dans et contre ce que d’autres ont pensé », on comprend que « d’autres » désigne ici les « grands philosophes ».

Dans l’article consacré aux modèles du colloque et du procès des philosophes, vous concluez en esquissant une brève comparaison – à l’occasion de laquelle vous citez la phrase de Canguilhem – entre la forme « discussion » philosophique (M. Tozzi) et la forme « débat » (dont le colloque et le procès relèvent). Vous notez, à ce titre, que le modèle de Tozzi fait fond sur une conception a priori de la « philosophicité » (sorte de matrice, en somme). Le modèle de Michel Tozzi procéderait d’une compréhension « fermée » de ce que philosopher veut dire ; compréhension qui réduirait le philosopher à un ensemble de « règles », ou de « routines » de pensée susceptibles d’être intégrées et reproduites dans toute discussion, et ce indépendamment de son contenu.

Or réside ici une sorte de paradoxe sur lequel je voudrais vous entendre. Tout se passe en effet comme si les contraintes (et celle, en particulier, de la phase préalable consistant au moyen de la lecture d’un texte à s’approprier la pensée d’un auteur) qu’implique la forme « débat » du « colloque des philosophes » étaient nécessaires pour atteindre à une véritable libération de la pensée – ou, du moins, à une libération plus soutenue qu’une « discussion libre et simplement tenue ». C’est que la forme « débat », expliquez-vous, oblige l’élève par son « contenu » même - de manière interne - et non sur le mode d’une injonction extérieure.

Dans cette perspective et au regard de l’importance que vous accordez de manière récurrente à l’histoire de la philosophie, ma question est la suivante : les supports sur lesquels s’appuient les activités d’intertextualité doivent-ils nécessairement relever des « grands textes » de l’histoire de la philosophie ou peut-on imaginer d’autres pratiques, d’autres dispositifs, permettant également de garantir les effets (notamment le « mouvement de décentration ») que suscitent les exercices d’intertextualité que vous modélisez ?

Plus largement, je souhaiterais vous entendre sur votre rapport à l’histoire de la philosophie, et sur la question de savoir s’il est nécessaire de la faire « pratiquer » dans le cadre d’un cours de philosophie.

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